SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°65
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BD HARDUIN d’AMERVAL
n°1 à 63
Illustration BD : ODILON page 2
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PATRICK MERIC
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HUMOUR-PATOIS
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El poule aux œufs
d’or page 3
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Franck DEFOSSEZ |
In aveule page 3
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Léonce BAJART |
La cigale et la fourmi page 3
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Franck DEFOSSEZ |
A tous les jeunes page 4
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Anonyme. |
Le mal être page 5
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Gérard ROSSI |
Réquisitoire contre un silence… page 6
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DUHIN MARICARMELLE |
Pensée page 7-8-9-
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Hector MELON D'AUBIER |
ADULTES |
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Pleurs page 5
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Patricia LOUGHANI |
Clarté Page 7
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Pluies Neuves |
Automne d’antan page 7 |
Jean-François SAUTIERE |
Balade nocturne page 8 |
Thérèse LEROY |
Aimer page 8 |
ENCEPHALE |
Les dimanches de mon village page 9 |
HERTIA-MAY |
Entre-temps & une page du ciel page 9 |
Saint
HESBAYE |
L’Ame damnée page 10 |
Bernard SIMON |
Malgré moi page 10 |
Christelle
LESOURD |
Lettre à la lune page
10 |
Jean
Claude FRETZ |
Cher pépé Gaston page 11 &12 |
Bernadette FOUCARD |
Les fleurs oubliées page 12 |
Jean JACQUEMIN |
La vie page
12 |
Albert JOCAILLE |
Journée de Guerre du 13 ERD page 13 à 15 |
HERTIA-MAY |
Notre tête à tête page 18 |
Virginie
MEURANT |
La neige page 18 |
Reine
DELHAYE-BURLION |
Impression sur le sable Page 24 |
Henri LACHEZE |
NOUVELLES
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Le scintillement des étoiles page 16 à18 |
PASCAL |
Les HARPIES page 19&20 |
Hector MELON D'AUBIER |
Paranormal sisters page 21&22 |
Martine GRASSARD-HOLLEMAERT |
Une vie de Chien page 23&24 |
HERTIA-MAY |
DIVERS
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SALON du Livre 3°de couverture |
OMC
CAUDRY |
* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire |
LE COMITE DE
LECTURE DE LA CAUDRIOLE
ET L’OFFICE
MUNICIPAL DE LA CULTURE DE CAUDRY
VOUS PRÉSENTENT
LEURS MEILLEURS VŒUX DE SANTÉ
POUR LA NOUVELLE
ANNÉE 2022
El
poule aux œufs d’or |
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Eut’ m’a bin
fait rire avec ‘eut’ n’histoire ed’ marolle. Pou’ l’peine, j’vas
t’en raconter eune aut’ :
ch’est celle del’ glaine qui pondo des oëts in or. Ch’est aussi eun’ poésie de La Fontaine. Un jour, dins eun’ tiote
sense, j’avot eun’ glaine qui s’étot mis à pond’ eun’ oët tous les jours au tiot
matin. T’eu vas m’dire que ch’est
normal, pou ché bête là, mais che
qui l’étot moins ch’est
qu’ l’oët là, y l’étot
tout en or, même l’coquille ! Eut’sais bin que
l’sencier y l’étot tout
content de s’baisser pou ramasser un magot parel ! Eh bin non !
ça n’y a pas suffi ! Teu connos
ces gins là : pus radin qu’eux e’t meurs ! Alorrss y
s’dit dins s’caboche « Un oët
par jour, c’est bin, mais si j’y coupos sin corgniolon, ej’ pourros récupérer el
machine qu’elle a dins s’pinche
et je l’fros tourner pu vite ! Sitôt dit,
sitôt fait et v’là qu’il l’plaime et qui lui oufre l’pinche ! Oh !
t’auros vu s’tiête !
y n’avot rien, pas de machine, et pis maint’nant, l’ glaine elle étot morte ! pus d’oëts en
or non pus ! El’ cat qu’y avot
tout r’gardé par el ferniette
du gernier, y s’disot
qu’les gens des campagnes allotent trop vite en
besogne, et qu’il vaut mieux un oët par jour que rin du tout ! Franck
DEFOSSEZ |
In aveule |
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Min grind père i diseut souvint qu’i est aussi difficile ed faire ouvrer in vacabonne qu’ed faire arrêter d’ouvrer in courageux. Mais au prix qu’ça coûte pouleur pou vife peut-on cor ête in vacabonne ? In a beau coper les morcés d’ suque in deux, touquer dins d’el chicorée minape al place ed café ; mier d’el margarine pou rimplacer l’burre ; s’ernettier seulemint tous les quinzonnes pou épargner l’ savonnette et d’ mourer couquer tout t’ qu’à midi pou ne po déjinner, faites comme vo volez, il feut tout d’ même ed l’argint ! I feut dire équ’ quind in n’ wèfe po in a l’timps d’busier et comme in dit al Télévision : in Frince, si in n’a po d’ pétrole, in a des idées. In peut même dire qu’in n’d’a d’trop, si bé qu’in n’y comprind pu ré ! Mais Batisse mo d’lercopette i n’d’a trouvé inne bonne d’idée. Toudis ercrind, n’ayint jommais boco ouvré, Batisse i tronneut ses guettes dins les rues aveuc sin quié, in bé quié noir frisé qui t’neut aveuc in cordé, si bé qu’in s’ edmindeut l’ queu des deux qui tronneut l’ eute ! Dév’nu vieux, acru-i, berloquint, Batisse i aveut acaté inne paire ed linnettes noirtes, mis in capé d’avint quatorze qu’i aveut ertrouvé dins in guernier et, assis su in passet, dins l’ rue d’ Ladrère, sin quié à côté d’ li répéteut toudis l’même : « AYEZ PITIE D’IN PEUFE AVEULE, MONSIEUR, DAME, ayez pitié d’in peufe aveule » Come in a bo couair, i aveut fini pa avoir inne bonne cliintèle. Mais, in diminche, alors qu’inne fimme al veneut d’ li faire l’amone, contrairemin à s’n’habitude ed dire merci, merci, i l’ iaveut dit : MERCI MA BELLE DAME, sou qu’ça veut estomaqué l’fimme ! Voyons Batisse, qu’al li dit, vous êtes aveugle. Comment avez-vous vu qu’aujourd’hui j’ai mis ma belle robe ? Acoutez, qui répond Batisse, vos êtes inne bonne cliinte, j’ène voreus po vo mintir. Mais quind j’ dis : Ayez pitié d’in peufe aveule… heureusemint Madimme, l’aveule ess’ n’est po mi… c’est min quié ! A ai vraimint, in Frince, in a des idées… LEONCE BAJART |
Page 3 |
La
cigale et la fourmi |
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La
cigale, c’est pas un modèle de vertu, t’en conviendras, malgré ton air locquedu, et cette gourgandine, après avoir écumé tous
les bars de Pigalle, épongé quelques michetons, même, tu m’connais :
j’veux pas être mauvaise langue, j’suis pas ta concierge, même, disais-je, il
m’est tombé dans l’esgourde qu’elle avait tâté de la chnouf, bref, c’était
pas sœur Thérèse ! À tel point qu’un jour, elle a eu les perdreaux aux
miches, attention, pas des tendres ! des vrais : les mœurs !
Elle a eu les pétoches et a couru demander conseil au barbeau du coin. Les
harengs, t’en as toujours qui crèchent pas loin. Les macs, c’est bien connu,
ne cherchent pas de patins avec la Maison Royco,
celui-ci ne faisait pas exception à la règle. « Ecoute, ma gosse, tu
t’es foutue dans la mouise, si j’ai un conseil à te donner, tu
te fais la malle fissa, tu quittes Pantruche en loudecé, et tu vas remuer ton fion à la cambrousse, les
bouseux seront ravis du spectacle, et maintenant tire-toi : j’ai des
compteurs à relever ! Franck DEFOSSEZ |
A tous les
jeunes … |
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Le
mal-être de l’être mâle |
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Comme pour Sartre : « être et
néant ». Quant à Heidegger : « être et
temps ! » Aujourd’hui, c’est pour moi le mal-être… Dans une mallette en hêtre ! Souvent, je pense à « la joie de
vivre » : Le divertissement Télé du regretté Jean
Nohain. Actuellement, ceux qui ont toujours cette
joie, c’est certain, Ne peuvent la trouver que lorsqu’ils sont
ivres ! Alors, la joie : c’est quoi ? En
vérité, une sorte d’ivresse, Si je me rappelle, propre à la
jeunesse ! Maintenant, tout m’agresse. Ma joie de vivre : bouffée par la
vieillesse. Et participer à la joie des autres, commune, Point ne m’intéresse ! Debout, j’ai le vertige, tout en ne regardant
pas la lune ! Assis, j’ai mal aux fesses ! Avec l’avancée de l’âge, quand le mal-être
vous prend, Très peu de joie, par la suite, il vous
rend ! Après l’octo, le nona génère ; le mal-être empire, Avec l’être ou le paraître que chacun
inspire. Traduction : pour les non-initiés à la
« poésie » Tirée par les cheveux, à la Gérard
Rossi ! « Être ou ne pas être » comme pour
W. Shakespeare : mais j’arrête : Dans les vers, même de terre, il n’a jamais
été trouvé d’arêtes. Neuville Saint-Rémy le 05 Octobre 2017 Gérard ROSSI |
Page 6 |
Pleurs, |
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Pleurs, Pour des envols inconnus, Pleurs, Pour des sommeils
apaisants, Pleurs, Contre cet ennemi
invisible, ravageur, Pleurs...Pleurs...
Pleurs... Contre cet invité sans
âme, avide ! Patricia Loughani, copyright, le 21/03/2020 |
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Réquisitoire contre un silence
assommant |
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Page 8 |
CLARTE |
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La brume poussière
d'eau, épouse de l'union du champ retourné avec de la lumière
hésitante, devenant de l'écharpe
blanche à l'infini aux cous des
toitures, s'absente soudain aux premiers traits
du soleil, abandonne des notes
de rosée en rangs d'oignons sur des portées de
fils noirs, où des oiseaux
composent de la légèreté. Cette clarté de
l'ombre cette cambrure de
chat monte sur les épaules
des bosquets, et d'une haleine
frisquette dépose des rides d'or
sur les visages aux fenêtres blanches ouvertes sur
l'avenir. PLUIES
NEUVES |
Automne d'antan et d'à
présent |
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Les loups de l'automne ont passé Sous l'ombre des arbres cassés Et leurs pas, maîtres de prudence, Font furtivement une danse. Le vent gris, bourreau des feuillages, Gouttes d'or pur, larmes de sang, Laisse nus les vieux paysages Qui s'exhibent, corps indécent. Les ondines des sources lentes Bientôt vont gagner leur palais De cristal, trop belles absentes En leur douce blancheur de lait. Craque sous le pas, gland austère, Volez samares dispersés ! L'or cuivré du soleil se terre, Voici le temps des trépassés. Vienne l'automne en ses méandres, De ses rives j'ai fait le tour. La nature s'est faite cendres Mais sans perdre un seul mot d'amour. Le vent gris assèche les larmes, La libellule est aux roseaux Tandis que frissonnent les charmes Et tremblent les chants des oiseaux. Ornez bien, charmantes bruyères Les fiers granits diversifiés. Sur les autels des cimetières Voici le temps des sanctifiés, Le temps des frissons, des délices … Et toi, automne, en nous tu glisses Comme sur l'eau mélancolique Les cols-verts au cri métallique. Jean-François Sautière Le 28
octobre 2020 |
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Balade
nocturne |
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Des
jours comme ça où
tout implose, où tout explose, des
jours où tout bascule, où
tout ce qui semblait certitude se
retrouve réduit à néant. Des
soirs comme ça de solitude et de silence, des
nuits comme ça où rien n'a de consistance que
les brumes qui s'emmêlent dans mon cerveau en déroute. Des
murs, des barrières, des portes, des maisons… et
des ombres, qui se cachent derrière, caressent
les briques une à une, jouent
avec la lumière des lampadaires, courent,
se coulent, se faufilent, subreptices, sœurs
intimes de fantômes aïeux. Devant
mes yeux écarquillés de surprise, halos
tout ronds, tout orange, striés de fins rayons, encerclent
chacun des éclairages au-dessus des trottoirs. Je
marche au milieu de la route déserte, je
marche dans les rues de mon âme, le
cœur oppressé d'être aussi inutile avec
le poids de cette peur en bandoulière. Des
rues vides où résonnent mes pas. Même
les chiens se sont tus dans la ville fantôme. Des
nuits comme ça où tout n'est qu'incohérence Des
soirs comme ça qui éclairent l'indifférence Des
jours comme ça écrasés de solitude où
tout explose, où tout implose…
Thérèse |
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11 |
AIMER |
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Me voici seule, Seule à décider. Seule à diriger Mes pas ralentis par l’âge Et ma vie complètement déboussolée. Me voici seule avant la solitude, Avec toi qui me parles tout bas, Si bas que je tressaute par habitude Dès qu’un peu tu bouges le drap.
Tes mots je les devine Ne te fatigue pas, Cette nuit devient divine Car je me glisse près de toi. Serrés comme à vingt ans, L’un tout contre l’autre, En silence une larme s’étend Car je t’aime et rien d’autre. Seule mais avec toi mon amour Ma main enserre la tienne tremblante, Un baiser sur tes doigts tour à tour Un peu de chaleur aimante. Combien de jours, combien de temps, Je voudrais qu’ainsi dure une éternité Pour que nos lèvres épuisées Epellent encore un instant Les douces lettres du verbe AIMER… Pour Jacques
mon unique Amour Lundi 22
octobre 2018 Encéphale |
Les dimanches de mon village |
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Les dimanches de mon village ont un cri de
tristesse Les rues grises de verglas ont un bruit de
paresse Le soleil, clair soupir au fond de l’horizon, La rue pleine de mots doux a repris sa
couleur Le printemps est venu Comme ça, sans étiquette, sans bavure Et sans les vieilles frusques de l’année
dernière Nuit de mai, l’amour a ton odeur Quand tu fleures tes sentiers de muguet Ton corps fait vibrer en moi Les premiers matins de la désobéissance. La nuit aux mains de nymphe ira fleurir tes
yeux Et le jardin de ta beauté, de son parfum de
rose. Fleur née D’une caresse De lune satinée Déesse De mon amour Des tout premiers jours Le printemps de ses pâles rayons a blanchi L’alcôve de notre amour de tendresse
infinie Nuit d’été, avec tes ombres chinoises et
tes parfums d’Orient La splendeur de tes nymphes capricieuses ne
vaut pas l’ombre de ses yeux. Les filles de l’été Au soleil qui les caresse Se sont laissé bercer Par une vague de tendresse. La nuit s’achève comme un calumet qu’on
repose par terre Et le vent s’en va, chanson triste Soufflant les pissenlits : autant de
voyages de rêve. HERTIA-MAY |
Page 13 |
ENTRETEMPS |
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Dans l’allée des grammes florales En dépit de l’aire caressée Ce corps d’âme boîte sous l’action de levures Pour des raisons de commodités Un animal pas comme nous autres Imparfaitement habillé Passe grandguignolesquement Dans l’allée déshuilée Il lui manque de la chair aux pieds Le vivant involontaire Parmi les morts cinq fois mortifiés Retrouve sa chair certaine Et sa place inoccupée Vingt saisons après vous autres Partout la tranquillité accrochée Il a repris du paysage Un cliché ordinaire Et les sordidités des personnages Dans l’allée ombrée de merisiers bizarres. Saint-Hesbaye |
Une page de ciel |
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Miracle Les lèvres crucifiées Pareilles au glaive du
silence Chantent encore Et la limaille sainte
du poème s’épanche Au pied de nos verrues En dégraffant
le corsage mauve D’une page du ciel L’écriture m’aveugla. Saint-Hesbaye |
PENSÉE |
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Eh ! ché
dinque chou qu’ché gins roultent vite su l’rout’ !
j’armarque cha quind j’vos à queule vitèche j’drot rouleu pou lé dépasseu ! Traduction :
C’est dingue ce que les gens roulent vite sur la route ! je remarque ça quand
je vois à quelle vitesse je dois rouler pour les dépasser ! HMA Trop
de conseils tue : Quind j’intinds tos ché cansels pou feure ed z’économie
obé resteu in banne sinteu, j’eun peux m’impêcheu eud’pinseu : j’connos in home qu’y la arrêteu eud finqueu, eud boère, ed
feure l’amour, eud ripailleu. Y l’étot in banne sinteu jusqu’à qu’y s’chuchite ! Traduction : Quand j’entends tous les conseils
pour faire des économies ou rester en bonne santé, je ne peux m’empêcher de
penser : je connais un homme qui a arrêté de fumer, de boire, de faire
l’amour, de ripailler. Il était en bonne santé jusqu’à ce qu’il se
suicide ! HMA J’eum sus toudis d’mindeu chi ché gins qu’y brayote bécop, pissote moinse ! euch l’adache y dit : Braie teu
pissera moinse ! Traduction : je me suis toujours
demandé si les gens qui pleuraient beaucoup, urinaient moins ! L’adage
dit : Pleure tu pisseras moins !
HMA |
L’âme damnée |
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L’hiver ! saison tant redoutée du
miséreux. Saison de l’effroi pour cet homme malheureux. C’est le temps de la faim, du froid,
oh ! triste sort. Le temps de la bise pour lui qui vit dehors. Ce vent qui le flagelle, lui blesse le corps. Cette bise qui le paralyse, le mord. À l’aide d’un bâton, à pas lents et
lassés ; Clopin-clopant, le dos voûté comme épuisé, Il s’en va s’abriter près d’un mur délabré. Là, il dépose cartons, musette à terre. Enfin s’assoit en tailleur sur cette litière. Soulagé, satisfait de cet endroit trouvé. Blafard, d’allure moribonde, miséreuse. Vêtu de guenilles déchirées et
souillées ; La barbe hirsute, la peau meurtrie, râpeuse. Un chapeau gris miteux jusqu’aux yeux
enfoncé. Charité ! le bras immobile, statufié. Pitié ! la main tendue pour mieux vous
supplier. La misère est exécrable ! elle avilit. Il craint la mort ! mais redoute encor plus la vie… De son adolescence sans mère, ni père. Il ne se souvient que d’un dortoir morne,
austère. D’un orphelinat lugubre, de sœurs sévères, De brimades, de corvées, genoux, mains à
terre… Cette enfance qui l’a meurtri, anéanti. Oh ! solitude qui annihile l’esprit. Quant à son avenir, c’est la mort annoncée. Qu’a-t-il fait mon
Dieu ? pour avoir l’âme damnée… Bernard SIMON |
MALGRE MOI |
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Mon cœur se
meurt Mes yeux sont en
pleurs Je souris à la
vie Mais la vois
finie En venant à toi, Je ne serai plus
moi. Faut-il perdre
son identité Pour continuer d’aimer ? Un oiseau en
cage Qui ne verrait
que ton image. Une rose sans
parfum Est-ce vraiment
mon destin ? Je t’aime plus
que moi-même Mais, sens ce
chemin mener à la haine Je voudrais
rester celle que tu aimes Mais ce serait
ma perte. Faut-il être sereine Ou dois-je
rester inerte ? Pourquoi l’Amour
a-t-il ce prix ? Pourquoi faut-il
qu’il me meurtrisse ? Être là-bas
serait mon propre deuil Puisque,
enterrée vivante dans un cercueil, J’attendrais mon
heure Celle qui me
donne encore de l’espoir Celle qui
m’aiderait à croire Que ce n’est pas
une erreur Que j’aurais eu
raison De laisser nos
cœurs à l’unisson Même si cela
ressemble à une prison Vu qu’il n’y a
plus d’horizon. Christelle
LESOURD |
Lettre
à la lune |
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Te
souviens-tu de ce jour de1969 où ces astronautes américains descendirent de
leur vaisseau spatial ? J’avais 8 ans ! Il n’y avait qu’une chaine
de télé, la une. L’écran de la télé noir et blanc était plein de neige et sautait.
Rares étaient ceux qui avaient la télé en ce temps là
et mon grand père de Strasbourg n’y croyait pas,
après avoir vécu la première guerre mondiale ! Un gouffre sépare 1919 et
1969, lui qui avait connu les tranchées ! A l’époque
j’étais trop jeune pour comprendre. Je suis né le 25 avril 1961, jour où le
premier homme est entré dans l’espace, Youri Gagarine. Je me demande parfois
si cette date n’a pas d’influence sur mon caractère bien trempé. En fait non,
car je suis taureau 1° décan. Aux dires de certains, c’est le signe le plus
fou et lorsque deux taureaux se rencontrent, cela peut devenir explosif. Jean
Claude FRETZ |
Cher Pépé Gaston |
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C’est
de Caudry que je t’écris… Caudry, t’en souviens-tu ? Bourgade en plein essor au début des années 1900. Les usines de tulles et dentelles tournent à plein. Tu fais partie de la cohorte de tullistes qui travaillent six jours sur sept. Le dimanche tu as plaisir à cultiver ton petit courtil avec Mémé Angèle et ta belle petite Simone. Le 1er août 1914, te voilà mobilisé pour aller combattre les « boches ». A ta jeune épouse et à ta très chère fille, âgée de 5 ans, tu es obligé de dire « Au revoir mes chéries, ne vous inquiétez pas, à Noël, je serai de retour. La guerre sera finie, nous aurons renvoyé l’ennemi dans son pays ». Noël 1914 arrive. Non, tu ne le passes pas à Caudry mais au sein de ton régiment d’Infanterie, tout comme les Noël suivants. Tu connais l’horreur de la vie dans les tranchées : la boue, le froid, la pluie, la neige, les rats et le bruit. Le bruit assourdissant des obus qui rend fou… Des copains tombent autour de toi, peu importe les officiers donnent l’ordre de sortir de la tranchée pour prendre quelques dizaines de mètres à l’ennemi qui les reprendra un peu plus tard. Le 25 Septembre 1917, près de Douaumont, vous partez à l’assaut de la Côte 344 pour la reprendre aux Allemands. Tu es fauché par un éclat d’obus dans le visage avec intoxication par le gaz mortel qui se répand sur le terrain. Tu es évacué pour te soigner avant… de repartir au front le 14 Novembre. Ta blessure n’est pas bien cicatrisée, peu importe, il faut y aller. La guerre enfin finie, tu rentres, mais le gaz pyrite continue à te ronger le visage peu à peu. A l’Hôpital militaire de Cambrai tu vas vivre des mois d’atroces souffrances. Ta petite Simone n’a plus le droit d’aller te voir étant donné la puanteur émanant de ton corps. Le 5 Juin 1919, à 36 ans, tu rejoins là-haut ton frère Henri mort dès 1915 dans les Balkans, ton beau-frère Pierre mort le 31 Août 1918 (à 36 ans aussi) dans les combats de l’Oise, tous tes copains de tranchées et les millions de morts de tous pays. Après ce que tu avais subi pendant plus de quatre ans de guerre, tu voulais croire que c’était la « der des der », que vous vous étiez battus pour sauver la terre de France et que plus jamais des jeunes devraient un jour repartir et mourir pour défendre leur pays. Eh bien non : les hommes sont ainsi faits qu’ils ne savent pas tirer les leçons de l’Histoire. Vingt ans après votre sacrifice inhumain, un dictateur fou plonge l’Europe dans un nouveau bain de sang. Eh bien non : aujourd’hui, 100 ans après, des gaz mortels sont encore répandus par des chefs d’état dans leur propre pays, tuant des opposants au régime mais aussi des femmes, des enfants… Tu te demandes qui t’écrit cette lettre ? La plus jeune de tes petits-enfants. Je me suis plongée dans l’histoire et la généalogie de la famille afin de découvrir mes ancêtres. Centenaire oblige, nous revoyons des images, des films sur Votre Grande Guerre. Plus je vois ces témoignages historiques, plus je suis révoltée par l’incompétence de certains officiers de l’Etat Major, bien au chaud dans leurs bureaux ministériels. Ils semblent n’avoir eu aucune considération pour la vie humaine. Vous avez été envoyés à l’abattoir comme des bêtes. Il y a quelques jours, aux commémorations de la bataille de Craonne sur le Chemin des Dames, j’ai écouté avec émotion et chair de poule la belle chanson de Craonne : « Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes, c’est bien fini, c’est pour toujours de cette guerre infâme, c’est à Craonne sur le plateau qu’on doit laisser sa peau car nous sommes tous condamnés, nous sommes les sacrifiés… » As-tu
entendu parler des mutineries de 1917 ? Si tu as eu envie d’y
participer, sache que je ne t’en voudrai pas, je serai même encore plus fière
de toi. Mémé
Angèle a dû se battre pour faire reconnaître ta mort consécutive à tes
blessures de guerre et donc bien « Mort pour la France ». Ainsi ton
nom figure sur les monuments aux morts et ta fille a été adoptée Pupille de
la Nation en 1920 !... Récemment, j’ai emmené deux de mes petits-enfants visiter les sites de Lorette et de Vimy où là, ce sont des jeunes Canadiens, si loin de chez eux, venus mourir sur la terre française. J’en ai profité pour leur raconter tout ce que je savais sur toi. Par votre sacrifice, vous avez permis à notre belle France de rester libre et indépendante. La vie a repris son cours, mais il ne faut pas que nous vous oubliions. Réjouis-toi, tu as eu une belle descendance : quatre petits-enfants, treize arrière-petits-enfants, vingt-deux arrière-arrière-petits-enfants, et depuis quelques semaines un arrière-arrière-arrière-petit-fils. La vie continue pleine d’espoir. Le seul souhait de la grand-mère que je suis est de ne jamais voir partir à la guerre mes petits-fils. Je te promets d’aller, dès que possible, à Verdun pour voir où était la Côte 344 et te dire merci, toi mon héros familial. Soldat parmi les autres, tu n’as pas eu de médaille, pas de fait militaire à ton actif mais tu es dans mon cœur pour toujours. J’aurais tellement aimé te connaître, toi au regard si doux sur les quelques photos que j’ai, toi à la belle écriture de ta signature sur des actes d’état civil. Je t’embrasse très fort. Ta petite fille Bernadette |
LES FLEURS OUBLIEES |
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Beautés des fleurs, folies posées sur un cercueil, votre grâce frivole appesantit le deuil, puisque les fleurs des villes et celles des champs ressemblent à notre corps et vont en se desséchant. En bruissant doucement dans le vent frais elles résistent pour ne pas être froissées. Les fleurs invitent les passants de ce monde à ne pas oublier tous ceux gisant dans une tombe. Passant qui, lentement, erre en ce cimetière, fais pour moi l’aumône d’une humble prière. Ah ! Donne-leur, Seigneur, repos sans inquiétude dans l’éternel bonheur de ta divine béatitude. Au jardin de l’oubli, ces fleurs abandonnées déposées sur mon toit, depuis longtemps fanées, sont bien l’image de tout ce que nous sommes, nous, anciens bons-vivants, hautains et pauvres hommes. Vers les morts en sursis, retourne maintenant, mais ôte ces bouquets qui meurent lentement. |
Au jardin de l’oubli, combien de fleurs encore franchiront le portail, accompagnant les morts ? Pauvres fleurs éphémères dont le destin tragique ressemble à celui des esclaves antiques. D’ibis roses, flamants, à l’ombre des glaïeuls associés, leur lisse et fraîche verdeur des roses et des œillets. Fleurs admirées, coupées par la main des vivants, après l’ultime pause suivant l’enterrement, les arbres ceinturent tous vos beaux ramages et avec immobilité, vous regardez le ciel et les nuages. Très bientôt vous serez renversées par le vent. Pauvres fleurs oubliées, tuées par les vivants. J. Jacquemin |
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20 |
La vie |
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Albert JOCAILLE Mais cruelle, la vie, Pour nous avait décidé. Et, plus rien alors ne
survit, Sinon le souvenir, d’un
rêve trop vite brisé. |
Journal de guerre DU 13°E.R.D. |
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! |
La neige |
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Elle est tombée à gros flocons, Pendant deux jours sans interruption. On se croirait en montagne, c’est
magnifique ! Le paysage est incroyable, c’est
féerique ! Le vent a soufflé d’une force
extraordinaire, Ce qui a provoqué énormément de
congères. Nous avons tous été surpris, Le village paraît endormi. C’est vrai que cette neige est
jolie ! Un rayon de soleil et ça luit. Cette année, l’hiver ne veut pas nous
quitter, Mais il finira bien par capituler. Dans quelques jours, ce sera le
printemps, Et la terre a remis son manteau blanc. Mais bientôt, quelques degrés de plus, Et
la belle neige aura fondu. Reine DELHAYE-BURLION |
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23 |
Notre tête-à-tête |
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Je
t’écris de la lune où ma plume danse avec tant de légèreté. Toi qui scintilles
si délicatement dans mon cœur, tu ne cesses de t’emparer de mes pensées. Aujourd’hui,
crois-moi, tu peux être fière de ton pays, de nous, de moi car la vie nous
offre un incroyable grand pas. Il nous a fallu cependant tant d’années
d’effort et de sacrifice pour réussir à gagner enfin ce magnifique combat. Tandis
que je quitte Apollo onze, la joie, les acclamations et les rires résonnent
sur Terre. Je flotte alors en apesanteur, pourtant tout me semble si lourd,
vide et éphémère. A cet instant, je pense à mon ami Ed, à nos soirées bières
et à nos discussions d’hier. Je souris à l’idée de le savoir près de toi. Une
fois notre drapeau arboré dans le sol lunaire, je procède aux prélèvements
nécessaires. Puis, j’ai un irrésistible besoin de caresser ton bracelet. Je
le serre très fort encore une fois. Ce précieux talisman ne me quitte jamais.
Néanmoins, en ce vingt-et-un juillet, cela pourrait éventuellement changer.
Mais une question persiste, vais-je réellement parvenir à m’en séparer ? Le
livrer à la lune serait un merveilleux cadeau. Surtout qu’elle est aussi
lumineuse que ton sourire. Je garde l’espoir que toutes ses particules de
poussière allègeraient mon fardeau. Cependant, je suis conscient que plus
jamais je ne contemplerais ton regard pétillant dans le miroir, alors je
crains que mon cœur implose à nouveau et là, ce serait un véritable trou
noir. Au
quotidien, je ne peux prononcer aucun mot te concernant, ma douce Karen. Il
m’est impossible de parler de toi. Depuis ton absence, ma vie ressent une
telle souffrance que les jours ne sont plus les mêmes. Seul le travail
s’octroie de l’importance. Je
m’approche du cratère. Aucune caméra, rien que toi et moi. Quelques minutes
pour notre tête-à-tête qui, sur Terre, restera un mystère, même dans cinquante
ans… Je
t’aime VIRGINIE MEURANT |
Le scintillement des étoiles |
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Comme une âme en peine, j’errais au hasard dans les travées du magasin ; je m’étais levé avec le cafard, cette fameuse bestiole qui mine le présent avec des questionnements sans réponse et des réponses sans nulle délivrance optimiste. Alignées dans les vitrines, je regardais les choses aussi inutiles que coloriées ; c’était une échappatoire, une illusion d’optique, un plein des sens au pays des illusions bariolées… Surgi de nulle part, est apparu un personnage franchement bigarré ; il avait l’air d’un vieux clown effronté, tombé d’une roulotte de cirque, ou d’un figurant s’étant trompé de plateau. La gueule un peu patraque, son visage était pourtant celui d’un Cyrano ; sa fine moustache perdurait en filigrane entre ses grimaces apprises et ses silences d’impresario. Il était rasé du dernier dimanche mais comme on était un vendredi, sa figure hirsute ne présageait qu’une mine patibulaire, sans aucun rapport avec une quelconque pitrerie amusante. Il avait les cheveux poivre et sel, rabattus en arrière, un peu comme Léo Ferré au meilleur de sa forme. Avec le temps, il n’avait plus toutes ses dents ; dans sa bouche, c’était un peu comme un jeu de dominos avec plus de carrés noirs que de carrés blancs. Ici et là, quelques taches graisseuses constellaient son tee-shirt et des miettes de pain le décoraient de son dernier sandwich. La ceinture de son jean trop large le serrait en haut du ventre et cela lui donnait l’air imbécile d’avoir plus de jambes que de torse. Il avait un air jovial, de ces visages qui s’ouvrent le plus souvent pour rire que pour grimacer des renfrognements ; c’est pour cela qu’il ressemblait à un clown. Du fait de son pantalon trop remonté, on voyait ses godasses de sport approximatives… Il a commencé à m’expliquer la hausse du prix des bouchons de pêche, au rayon poissonnerie ; que ce n’était plus possible de vivre comme cela, au milieu de cette anarchie galopante et que, dans quelques décennies, on se battrait tous pour bouffer. Sans hésitation, je pouvais le caser dans le tiroir des gentils anarchistes sur le retour, ceux contents de toucher leur pension avec leurs airs de troubadours. Comme c’est avec sa seule jugeote qu’on comprend le monde, il le voyait à sa hauteur et cela lui suffisait bien. Avec ses déductions de soixantenaire, tel un prédicateur de grande surface, il me balançait ses conclusions, ses théorèmes, ses vérités à tous les problèmes qu’il avait rencontrés dans sa vie. Il les avait éludés, ignorés, contrés, franchis ou contournés, et il m’en livrait doctement les aboutissants ; il voulait me raconter comment ça marche, me faire profiter de son expérience d’ancien ; avec sa houppette grisonnante, sa gestuelle de saltimbanque et ses effets burlesques, il avait des airs de Bisounours en fin de compte… On a comparé nos âges ; il me battait d’un mois ; comme nous étions conscrits, il a replié ses doctrines et ses théorèmes ; il a mis quelques bémols à tous ses décibels ; il a vite rentré sa verve comme on rentre son étendard pour ne pas perdre la bataille. Trop tard, il était pris ; il était le confessionnal de ma dépression brûlante ; sentinelle éphémère, il était au mauvais endroit au mauvais moment… Alors, je lui ai tout déballé. Le prix du pétrole, les eaux remplies de mercure, l’air vicié, les fruits et légumes qu’on jette à l’Isère, la grippe aviaire, la fièvre porcine, la vache folle, la tremblante du mouton, les poissons pollués, et tout le toutim. Pansement généreux ou empathique par nécessité, il voulait m’aider ou bien trouver un lieu d’accalmie à toutes mes réflexions défaitistes… Ma famille ?... Mes parents sont morts, mes sœurs sont volatiles, mon frère est sur une autre planète, mes amis sont virtuels, ma copine a mauvaise haleine et mon pote d’enfance se bat contre un mauvais cancer ! Mes relations ?... J’en ai plein ! Des pochtrons de bar, des glandeurs professionnels qui travaillent à la caisse du chômage et des malades imaginaires qui pointent à la Sécu ! Des joueurs invétérés qui cochent, qui grattent, qui jurent, et qui recommencent ! Des vieux aussi, des qui ont tout fait et tout vu ! A les entendre, ils ont tous été champions du monde de quelque chose ! Ils étaient les plus grands, les plus beaux, les plus forts et, à cette heure de punition, ils n’arrivent même plus à tenir leur tasse de café ! Ils ont plein de regrets entre leurs mots, et leurs silences de cimetière en sont des aveux incessants ; ils ignorent leur reflet dans la glace comme s’ils étaient une projection macabre du futur… Mes enfants ?... Mes gosses sont occupées à élever leurs moutards dans ce monde moderne ! Ils se battent entre leur boulot, leurs crédits et les fins de mois difficiles ! Et dire que nous sommes leur unique modèle pour justifier leur réussite parentale… Laissez-moi rire !... La télé ? C’est un véritable poison ! Ce n’est que brutalité, perversité, horreur et manipulation ! Au diable Hanouna, Drucker et Lepers ! C’est bien simple, je ne regarde plus que des dessins animés ! Les infos ? Ce n’est que mensonges, hypocrisie, poudre aux yeux ! Et qu’est-ce que j’en ai à foutre si Lula a détourné du fric au Brésil, si un autobus a sauté en Israël, si un avion s’est abîmé en mer de Chine ?!... Un jour, on nous dira qu’il a fait une tempête sur Mars, moins trois cents degrés sur Pluton ou qu’une météorite s’est éclatée sur Jupiter et on sera content comme si on avait évité ces catastrophes !... Devant mon poste, je ne puis me charger de toutes les peines du monde ! Normalement, du haut de sa Croix, c’est Jésus qui s’en occupe mais il a fort à faire avec tous ces mécréants indigènes !... C’est ce qu’on m’avait dit au catéchisme ! La politique ? Ce n’est qu’ambition, profit, enfumage, fourberie, escroquerie ! Tous, avec leur gueule de premier de la classe, leur pedigree de pseudo-gentlemen, ils ne pensent qu’à s’enrichir sur le dos du contribuable miséreux !... Le sport ? Ce n’est plus qu’une question de fric ! Les sportifs ? Il faut qu’ils soient vraiment blancs pour chanter notre hymne national ! Le drapeau bleu blanc rouge ? La risée du monde, un simple mouchoir tricolore pour cracher sa haine dedans !... La réalité ? Se reporter à la première page du Dauphiné ! C’est grèves, voitures brûlées, drogués hallucinés aux coins des rues, désœuvrés, mendiants, gendarmes et voleurs en éternelles poursuites ; c’est le chien du voisin qui aboie toute la nuit et dont personne ne se plaint, à part moi, comme si j’étais le seul empêcheur de tourner en rond dans ce lotissement !...
Comme si j’étais contagieux, il se reculait, le preux prédicateur des heures ouvrables. Il ne s’attendait pas à toutes ces plaies beaucoup plus dévastatrices que celles de son Egypte de quartier… Avec sa ceinture comme ligne de flottaison, il était lui-même bouchon ballotté par le tumulte de mes maux… Reviens, bonhomme ! Il faut que je t’explique les guerres se rapprochant, le sida, les terroristes, Molenbeek, les djihadistes, les tremblements de terre, les tsunamis, les plaques tectoniques, les volcans, les centrales nucléaires, les impôts, les pensions alimentaires !... Je voulais qu’il me parle d’avenir, je lui aurais donné des idées de concession ; qu’il me parle de son sport halieutique, j’y aurais rajouté quelques fleurs en plastique… Je voulais lui crier que j’avais mal à l’âme, aussi ; ce genre de douleur lancinante qui ne s’en va jamais ; je voulais lui parler de Dame Solitude, cette maîtresse insatiable, et des ombres de silence comateuses, les accaparantes, les précieuses, les soumises, toujours si promptes à me serrer dans leurs bras. Je voulais lui parler des frissons de tristesse insoluble qui s’insinuent sans possible réchauffement ; je pouvais facilement lui raconter tous les délires affables ou belliqueux qui hantent les pièces, ces fantômes avenants ou horribles qui s’accaparent des lieux à la faveur des ombres pendant la journée… Je lui aurais raconté les cauchemars de la nuit, la tourmente inextricable, les peines capitales du petit matin… Il était mal tombé avec moi, ce prêcheur, ce pêcheur de grande surface. S’il avait su, il aurait acheté son bouchon sans me demander mon avis ; ces certitudes d’Univers, je les lui faisais vaciller sur ses fondations. Sa moustache de faux Cyrano avait pris un sérieux coup dans l’aile ; il s’était mis à chercher sa femme comme si elle était une bouée de sauvetage. Il était creux, ce type ; c’est pour ça qu’il flottait si bien dans les travées du magasin. Il a encore remonté son pantalon pour aider sa fuite de dérobade ; avec ses couilles coincées dans l’habit, il ressemblait à un vieux danseur d’apéro… Je voulais lui dire que celle qui fait battre mon cœur ne m’aimait pas, et que seule une crise cardiaque pourrait maintenant m’anéantir d’une tachycardie salvatrice ; que mes SOS désespérés étaient des bouteilles à la mer, que mes cheveux enneigés étaient les prémisses du rude Hiver, que j’attendais la fin du monde comme la délivrance de ce purgatoire infernal ; je voulais lui parler des dérives de l’alcool, de ces châteaux de sable enfin prenables, de ces chimères affamées qu’on apprivoise au fond du verre et de ces oubliettes sans fond qui n’ont que des issues de noyade. Je voulais lui dire que je ne comprenais plus rien de ce monde, que je n’avais plus ma place en son sein, qu’il était temps que je rende mes armes désormais inutiles à toutes ces guerres modernes. Et on n’a même pas abordé le scintillement des étoiles… Pascal |
LES
HARPIES |
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Définitions : Harpies : Monstres ailés à visage de
femme accoutrés d’un bec crochu et au corps d’oiseau de proie et dégageant
une odeur infecte et nauséabonde qui donne la nausée aux créatures vivantes. Les Grées : sœurs des Gorgones, 3 vieilles
femmes sans yeux qui n’ont qu’un seul œil pour elles trois. Furies : Êtres venant des enfers et y
emmenant les créatures humaines. suite J’avais à
peine ouvert la bouche que trois créatures sorties elles aussi de l’Enfer
firent leur apparition. Elles étaient nues, laides, vieilles et toutes
fripées. Une seule avait un œil. Elles se juchèrent sur le haut du Pont des
Arts : c’étaient les GREES. Je leur fis signe de s’approcher sans
grand espoir. Mais celle avec l’œil vint à moi ; les harpies
s’écartèrent. J’avais le cœur qui se soulevait avec leur mauvaise odeur plus
celle du souffre, mais je tins bon ! - Qu’est-ce …… Qu’est-ce que vous voulez ? Est-ce que
vous comprenez ce que je dis ? La Grée me
regarda, lança un regard vers les gendarmes et les pompiers puis vers la
foule en levant sa tête, me regarda de nouveau et me dit : - J’arviens ! - Qu’est-ce
qu’elle a dit ? demande le procureur. - C’est du
patois ! lui répond Guy Bricout. Ça
veut dire : Je reviens ! - C’est
bizarre ! - Peut-être
pas. La Grée
rejoignit ses consoeurs ; l’une d’elles, ayant
reçu l’œil, se rapprocha de moi. - Quoqu’teu veux ? me dit-elle. - Pourquoi
parlez-vous ainsi ? Vous n’êtes pas du coin, plaisantai-je malgré
moi. - Nous parlons
votre langage ! C’est bien ainsi que vous discutez, vous ! - Wai !
Bon, quoqu' vos faites ichi ?
Et pourquo ché
morts ? - Ohhh ! Inn questian
à l’fos. Pou ché morts, ché pon d’no faute. Y faut bin qu’ché
z’harpies y s’amus’tent
in tiot peu. Et, y sav’tent
faire qu'cha. - Et lé z’y-aute, alors ? - Euss ! Ché pou
s’amusé in Infer. Y n’a pus
bocop d’gins qu’y z’y
vont. - Wai !
Cha n'meu rinsin-ne pon grindmint. Infin in va feure aveuc. Et pou l’aute questian ? - Ché m’comarate qu’y
va t’réponte ! Et l‘arv’là arpartie. Pardon !
La voilà repartie rejoindre ses commères. J’attends ! Elles se parlent
par le cerveau, car elles restent impassibles. Puis celle qui venait de me
quitter donne son œil à la troisième. Elle
s’approche de moi. - Quo qu’teu veux savir, ti ? - Çou qu’vos faites chi ! Ch’né pon original eud’vos vir chi. - Chi in
né chi, ché pace que quéqu’in
l’a voulu ! - Mé z'incore ! - Quéqu’in y la fé
appel à no-z’aute pou s’vingé.
Eus teu gins y volot qu’ech’Maire du villache y lé peur
et pis qu’y l’lèch trinquile
à s’mason. Té contint ? - Wai !
Mé ché qu’y, eus teu gins ? - T’attindras tin tour. J’m’in vas vir
mé comarate. Et la voilà
repartie à son tour. J’ai toujours cette envie de rendre, je me serre le
ventre pour ne pas gerber devant elles. Après un
autre conciliabule, la première revient à la charge. - Teu vodros bin savir qu’y ché, hin ! me lance-t-elle. - Bin wai ! Cha m'frot plaichir. - J’vas
d’abord èt’dire in séquoa.
Tin Maire y veut mette à l’cour d’leu mason déeux vieils gins. Inn fimme qu’all a v’nu au monte dins s’mason. All a vécu là tote eus vie. All é née in mille neuf chint
vingt. Sin papa, y lé mort in trinte. All sa marieu in quinrinte. All a eu déeux z’infints pindint la guerre qu’y sont morts in bas z’age. Pis all a toudis habiteu là aveuc és n’home. Tin maire
y l’a dit qu’ch’étot inn
vieille cahute et qu’y fallot qu’all s’in aille giteu ailleurs. All
veut nan ! Pace qu’y va l’crouleu et arfeure in résidince pou d’autes gins. - Mé, quoqu’teu racante là ! Cha s’fé pertout cha ;
minme dins dé viux z’immeupes. Et pis, all
s’ra miux logeu, teu y a pon dit ! Mé qui ché, ché
gins là ? Elle ne me
répond pas et rejoint ses amies haut perchées. J’entends des murmures de
réprobation derrière moi. Il semblerait que la foule ne saisisse pas toujours
ce qui se dit. Mais une chose est sûre pour eux, c’est le Maire qui est
responsable directement ou indirectement. Et il va falloir qu’il s’en
explique dans les jours à venir. Mes pensées
se stoppent là. La Grée du milieu me rejoint de nouveau. - Alorse ! T’as pon
compris qu’in va chi s’amuser ossi longtimps qu’in veut. - P’t-ête bin qu’wai !
P’t-êtes bin qu’à nan ! Alorse
qu’y ché, chel gins
là ? - J’eum douteu bin qu’t’allos pon tin ralleu come cha ! J’vas
chi t’eul dire. (En faisant bouger ses épaules
et ses mains, ça me rappelait quelqu’un qui parle ainsi aux français) Mé cha m’étonn’rot fort qu’cha nos fasse
débuqueu d’ichi ! - Mé z’incore ? - Y fodrot qu’all arvienne aveuc nos, d’à dù qu’in é v’nu. - Bon !
Ché qu’y ? In verra après ! dis-je, un
tantinet énervé. - J’vas
d’allé vir mé copines, in
parleu aveuc euss. Ché sérieux in affaire
parelle !! De nouveau
j’attends le bon vouloir de ces dames. Qu’est-ce qu’elles vont core m’annoncer. Et ces gens ont bien quatre-vingt dix ans. Ils sont peut-être impotents, malades,
handicapés, j’dis ça mais j’en sais rien. Et comme à
l’accoutumée, c’est la troisième Grée qui m’apporte la nouvelle. - J’vas
t’dire qu’y ché : Ché
dé gins qu’y z’habit’tent dins
l’rue Fourier. Teu cacheras l’n° de l’mason. Y sont viux, teu peux pon t’trompeu. Eul grind-père d’el fimme y l’étot propriètaire ed l’impasse. - Ché inn dévinette
qu’teu posse là ! - In n’a
ré sins mal, min tiot !
A pus. Et la voilà
repartie reformer le trio de Grées. Toutes les trois assises sur le toit du
Pont des Arts. J’attends je ne sais quoi. Puis elles reviennent toutes trois
se poser devant moi sans un mot, mais comme pour me faire comprendre : Va-t’en !
L’interview est terminée ! Je pars en
marche arrière, sans les quitter des yeux, on ne sait jamais avec ces
créatures infernales et puantes. J’arrive au
cordon des pompiers, je m’appuie sur l’un deux et enfin je me soulage. Je
gerbe de bon cœur. Ce dernier me prête un mouchoir pour m’essuyer la bouche.
Un gendarme me débarrasse du gilet et du casque. Je rejoins ensuite mon trio
de personnalités. - Alors
Guy, qu’est-ce que tu en penses ? dis-je au Maire. - Je
n’étais pas au courant de ce drame. Les gens rechignent bien souvent
lorsqu’ils doivent abandonner leur habitation. Mais ensuite ils apprécient leur
nouveau logement. -
Qu’est-ce que tu comptes faire ? - J’ai
envoyé Gérard, Boury mon 1eradjoint, dit-il à l’intention de Xavier Villain
et du Procureur, avec les responsables voirie et logements dès que j’ai
compris ce qu’il se passait. J’ai demandé au Commandant d’y adjoindre
quelques gendarmes pour éviter un débordement de la foule. - J’ai
envie d’y aller aussi ! Ça peut se faire ? - C’est
une bonne idée. Je vous y emmène, dit le Procureur avant que le Maire et le
Député-maire puissent avancer une autre idée. Ma voiture est la plus près.
Venez avec nous, dit-il à leur intention. Nous nous
frayons un passage sous les quolibets des gens qui n’avaient toujours pas
compris l’essentiel de la situation. On pouvait entendre :
« Assassins, meurtriers de vieux, on devrait t’en faire autant, c’est de
ta faute, des hou etc, etc… » - T’en
fais pas, lui dis-je. On va essayer d’arranger ça. - Je
l’espère, sinon ça va être chaud pour les prochaines élections. - Ils n’y
penseront plus, dit Xavier Villain, avec un
sourire en lui tapant sur l’épaule. Après avoir
rejoint la voiture du Procureur et s’y être engouffré, nous roulons en
direction de la rue Fourier. Des gens n’avaient pas perdu le nord. Ils s’y
trouvaient déjà, empêchés de pénétrer dans la rue par trois gendarmes. À la
force du klaxon, on a pu se frayer un passage et nous sommes arrivés à
l’endroit défini. Gérard Boury nous attendait. - Ils ne
veulent pas ouvrir. J’ai sonné, dit qui j’étais et ils ont refermé la porte à
double tour, en nous insultant et en
nous disant de partir. Quel était le
fruit des pensées de mes compagnons à ce moment-là ! Je ne le sais pas
et je pris de nouveau la parole. - Je vais
y aller et leur parler, même à travers la porte, ils m’écouteront. - Allez-y !
m’encouragea le Procureur. Arrivé devant
la porte, je frappe quelques coups avec la main. La réponse ne se fait pas
attendre. - Partez !
Foutez le camp ! On ne veut pas vous voir, dit une voix aigrelette. - Je ne
suis pas de la mairie. Je m’appelle Yvon Olivier et je viens de m’entretenir
avec des amies à vous qui ne sont pas contentes
de ce qui vous arrive et l’ont fait savoir sur la place. Laissez-moi entrer
que je vous explique ce qu’elles m’ont dit. A suivre Hector Melon d’AUBIER |
Paranormal Sisters |
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Chapitre 6 Le lendemain, dès le réveil, elle fit sa
toilette, avala rapidement une tasse de café, se saisit des clefs de voiture
que Lilian avait laissées et sortit enfin du logement. Exceptionnellement,
elle prit l’ascenseur. Au volant de la Mercedes, elle se dirigea vers la
maison de ses parents. Elle devait mettre certaines choses au point avec eux.
Elle se gara dans la petite allée en grès. Elle sonna, c’est sa mère qui vint
lui ouvrir, elle fut étonnée de voir sa fille de si bon matin. Tara suivit Blanche dans la cuisine où son
père finissait de prendre son petit déjeuner. Tara s’assit sur un des hauts
tabourets de l’ilot central et s’adressant à son paternel. - Papa ! J’ai à te parler. - Mais je t’écoute mon enfant. - C’est très sérieux, je vais donner ma
démission. - Mais pourquoi ? Et ton
concours ! - Terminé ! J’ai voulu faire ce métier
pour te faire plaisir, parce que toi tu étais gendarme, je t’ai menti, je
n’aime pas ce travail. Et puis en ce moment, je n’en peux plus, j’ai
l’impression de devenir folle. - Enfin ! s’écria sa mère qui s’était tue jusque-là. Je
vais pouvoir respirer et ne plus trembler à chacune de tes missions. - Que se passe-t-il Tara. Tu es
malade ? rétorqua son père
déçu. Tara relata à son paternel l’histoire de
ces derniers jours. Celui-ci eut la même idée qu’Amélie. - Ne serait-ce pas quelqu’un que tu aurais
appréhendé ? - Honnêtement, papa je ne sais pas. Toi, tu
as su tenir, moi non. C’était la profession que tu aimais. - Je te comprends, dit son père. À toi de voir, je ne
peux pas t’imposer un métier que tu n’apprécies pas. - Ce n’est pas cela ! J’étais heureuse et
fière de faire ce travail, mais depuis tous ces ennuis, aujourd'hui j’ai
peur. Tara, en buvant son thé que sa mère lui
avait servi, regardait ses parents en silence. Albert comme d’habitude était habillé d’un
pantalon sobre et d’un tee-shirt bleu. Blanche avait revêtu une tenue jaune aux
fleurs gigantesques, elle ne mettait que des robes, elle disait toujours
« il n’y a rien de plus rapide qu’une robe à enfiler » puis
elle riait. Tara les trouva vieillis, ils avaient l’air fatigué, peut-être à
cause de Cendra et maintenant elle, cela lui faisait mal de les décevoir,
mais elle n’avait pas le choix. De toute manière il fallait qu’elle
réfléchisse calmement. Tara les remercia et les quitta après les avoir
embrassés. Sa mère l’accompagna à l’entrée, elles discutaient encore sur le
pas-de-porte, lorsqu’un craquement se fit entendre. Tara releva la tête
et eut à peine le temps de repousser Blanche à l’intérieur du logement avant
que la gouttière ne s’écrase avec fracas dans le parterre de fleurs qui longeait
la façade, entrainant avec elle plusieurs
tuiles. Son père alerté par le bruit se précipita. - Qu'est-ce qui se passe ? vous n’avez rien ? - Non,
mais c’était court, dit sa femme. -
Bon sang ! Le couvreur va m’écouter je vous le dis, il y a à peine un mois
qu’il est venu tout remettre en état. Regardez-moi ce chantier, même des
tuiles sont tombées. -
Pourtant c’est un artisan sérieux je ne comprends pas, rétorqua
Blanche. Tara
ne répondit pas. Une fois encore, il était clair que pour elle, cet accident
n’était pas anodin. En quittant ses parents, elle fixa de nouveau le toit,
espérant une réponse qui n’arrivait pas. Cela ne servait à rien d’expliquer
de nouveau à ses parents ces phénomènes. Ils resteraient de toute manière
sceptiques. En
rentrant chez elle, Tara eut la surprise de voir Amélie patientant devant sa
porte, assise sur la dernière marche de l’étage. -
Que fais-tu là ? demanda Tara. -
Je voulais de tes nouvelles. Je m’inquiétais. - C’est
gentil, mais je vais te donner mon double de clef, cela t’évitera de
m’attendre devant l’entrée. Allez ! entre. - Comment
te sens-tu ? - Ça va, mais toute cette
histoire me travaille. - Oui je te comprends, mais
je crois que tu t’en fais un peu trop. Tu ne peux pas te renseigner ? - Si justement, je me
rends de ce pas à la brigade voir une collègue. Je vais essayer de savoir si
une enquête est en cours. Tu me suis ? Sur les lieux, Tara demanda à Amélie de l’attendre
quelques minutes. Puis, une fois entrée, elle se dirigea directement dans les
vestiaires sachant que sa collègue et amie terminait son poste. - J’ai à te parler, lui dit-elle. Tu
viens je t’offre un verre. - Si tu veux. Je prends mon sac et j’arrive. -
Ok, je suis au café en face. - D’accord. Installées tranquillement devant leur
limonade bien fraiche, après avoir parlé de chose et d’autre, Tara enchaina
sur les supposés meurtres récents. - Vous avez du nouveau sur le
garagiste ? - Pas grand-chose. Le garagiste n’avait pas
d’ennemi, un homme très droit, rangé, heureux en ménage, avec deux enfants,
sa maison lui appartenait, pas de dettes connues. Non vraiment l’enquête est
au point mort. - Il s’en est sorti. - Pour l’instant il est dans le coma. - Bizarre, et la femme électrocutée dans sa
piscine ? - Comment tu sais cela ? demanda sa collègue. Tara faillit se trahir. - J’ai
lu dans les journaux, se rattrapa-t-elle de justesse. - On
soupçonnait un meurtre, car elle avait un coup à la tête, mais cela pourrait
être aussi dû à sa chute. D’après l’interrogatoire des invités, ce serait
plutôt un accident. Elle avait un amant parait-il, on enquête là-dessus, une
vengeance du mari ! Mais pas sûr non plus. Il n’avait pas l’air d’être
au courant des escapades de sa femme. - Je reprends bientôt le
boulot, on verra. - Ah ! Elle tenait
aussi une petite licorne dans sa main. - Une licorne ? - Oui, une licorne rose en porcelaine,
personne ne sait d’où elle provient ! Un cadeau certainement. Tara n’avait vu aucune licorne dans la main
d’Alexandra, une coupe d’un côté, une rallonge dans l’autre, mais pas de
licorne. Tara blanchit, une pensée venait de lui
traverser l’esprit, non ce n’était pas possible. Au début de leur rencontre
son ex-fiancée avait offert à Tara une licorne rose identique à celle que
Tara avait offerte quelque temps plus tard à Cendra. Tara avait expliqué à
Frank que les deux sœurs, étant petites, se disputaient souvent un cheval
rose avec une corne sur la tête. Non elle se trompait sûrement, ce ne pouvait
être Frank, et puis, comment aurait-il découvert où Tara se trouvait ce
jour-là. Impossible. La jeune femme se ressaisit, ces histoires
la dépassaient. Pourtant elle était certaine que son intuition était bien
réelle. - Je vais essayer d’en savoir un peu plus
par un collègue, dit Eva. Je
t’appelle demain. Pourquoi
t’intéresses-tu autant à ces accidents ? -
Merci Eva, j’apprécie. Le garagiste était mon garagiste. J’y vais maintenant.
Heureuse d’avoir pu boire un verre ensemble. Tara
embrassa sa collègue. -
A bientôt. -
C’est quand même bien étonnant, tout cela, rétorqua Amélie lorsqu’Eva les eût
quittées. Je n’y comprends plus rien. -
Oui, vraiment. Puis elles rentrèrent à l’appartement après
être passées au super marché faire quelques emplettes. Pendant qu’Amélie commençait à préparer le
repas du soir, Tara était maintenant installée dans son fauteuil. à
suivre MARTINE
GRASSART-HOLLEMAERT |
Page 26 |
UNE VIE DE CHIEN de Hertia May |
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Les deux militaires relèvent les
deux gars par terre. Je m’offre pour les aider. L’un d’eux crie à travers le
fracas : - Ils n’ont presque rien,
occupez-vous vite d’elle. Les quatre hommes se dirigent
tant bien que mal vers le souterrain. Je me sers d’une table comme d’un
bouclier et me dirige du côté d’un tas de pierres où gît le capitaine. Je
dégage les blocs. La table a résisté en partie, la protégeant un peu. Heureusement, les chutes de
pierre se font moins violentes. J’extrais la malheureuse : des traces de
sang apparaissent un peu partout sur sa combinaison. Je la porte dans la
galerie menant à un petit réduit où Véra et les trois hôtesses pansent les
blessures des deux scientifiques. Dans un coin, Tanteur et Glasmore sont
penchés sur le corps de la femme en noir. Jim et Glen viennent vers moi. Je
la dépose à même le sol. - Je crois qu’elle s’en
tirera ! Ram se tourne vers nous. - Portez-la à côté ! Il nous montre une petite
entrée. Flanqués de Véra, Jim et Glen, nous entrons dans un petit cabinet de
médecine... Les deux gardes retiennent Jim et Glen. - Restez ici !
Visiblement contrariés, ils
rejoignent Santeur et Glasmore.
Je dépose la blessée sur une table d’opération. Véra trouve tout un attirail
de premier secours. Je retourne la Schnoff sur le côté pour que Véra puisse avoir accès à la
fermeture éclair dans le dos. La combinaison est ouverte jusqu’aux reins. Je
regarde Véra : - La peau est
blanche ! Je découvre le dos en écartant
les deux pans de la fermeture. La peau est recouverte d’hématomes, mais elle
est blanche ! - Bon, j’enlève la
cagoule. Je la relève au-dessus de la
nuque. Des cheveux châtain clair, libérés, jaillissent. Ma main hésite. Je me
revois dans l’atelier éclairé par des projecteurs rouges, devant un cercueil
de verre (ou un sarcophage) où une femme se forme. Véra dévoile le buste,
puis les jambes, en retirant la combinaison comme une chaussette. Elle valse
maintenant avec les flacons et les pansements. - Rien de cassé :
elle a eu de la chance. Une voix résonne alors dans la
salle. - Vous avez très bien
réussi cette créature, professeur Tom ! Je plonge la main dans le coffre
et caresse tendrement le visage inachevé. Le professeur Ram se rapproche. - Allez-vous lui
transmettre votre nom ? - Je crois, George, que
je peux ! Elle me ressemble beaucoup… Elle me ressemble… beaucoup !
- Qu’attends–tu, William,
pour retirer cette cagoule ? Je relève alors cette capuche de
par-derrière la tête. Je découvre le haut de la tête et les cheveux, je
découvre les yeux turquoise, puis le nez envahi de taches de rousseur. - Marie ! Elle sort de son sommeil peu à
peu, ses paupières battant sous la lumière trop forte, me regarde avec un
léger sourire. - C’est toi,
William ? Je l’enveloppe dans une
couverture bleue, je la prends dans mes bras et reviens près de mes
compagnons. Ils ne paraissent pas trop ébahis ! - Bonjour,
Marie ! Ils m’entraînent auprès de Véra.
- Elle avait été
neutralisée par les Nors qui lui avaient placé
cette bombe miniature. - Comment as-tu
su ? - Lorsque nous avons quitté
la base pour la réalisation du plan … - Excuse-moi de
t’interrompre ! Mais de quel plan parles-tu ? - …Oui, je sais, Jim, que
tu n’es pas au courant, ainsi que les autres, de ce plan élaboré par George,
Max et moi. Pour t’éclaircir, sache que ce plan avait pour but de nous faire
tomber aux mains des Nors et de les attirer à Hap-Gar. - C’est donc par hasard
que tu as retrouvé ta fille biologique et que tu l’as épousée - Exactement, les Nors nous ont fait subir un lavage de cerveau exemplaire
et m’ont même donné un autre nom que Tom. Il a fallu plusieurs suggestions
hypnotiques et certains réflexes pour me faire retrouver la mémoire. Ça a
marché heureusement au moment crucial. Les Nors
avaient greffé des petits appareils sur Marie et Véra, diffusant des ondes
d’oubli en permanence. Les Nors avaient ainsi des
atouts sérieux : la bombe cachée sur Véra, le sous-marin et notre
témérité. Si je ne m’étais pas enfui de la fusée, je crois que le plan se
serait produit plus facilement… - Pourquoi Max t’a-t-il donné un corps de chien ? Max Glen sourit à la
question : il répond en riant. - N’oubliez pas, Jim,
que les rayons mutants nous ont donné un vilain aspect ! Parallèlement
au déroulement du plan, George et moi, nous nous sommes donné beaucoup de mal
pour chercher la parade. William a découvert le moyen de retrouver notre
forme première juste avant de partir en soucoupe, mais il n’a pas eu le temps
de nous le révéler... - Si ! Max, je l’ai
dit à George… - Qu’importe !
Lorsque nous avons eu William à bord de la fusée, j’ai dû détacher son esprit
pour étudier son corps. Je n’avais qu’un chien Bouffh
comme compagnon ! Je pensais que le remède aux rayons mutants serait
décelable sur son enveloppe corporelle… - J’avais dit que ce
remède était sur mon portrait ! - J’ai ramassé tout ce
qui était relatif aux photos, vidéos, etc., de William et je n’ai rien trouvé ! - Pourtant, ce n’était
pas difficile. Mon portrait est ce que je tiens maintenant dans les bras ! - J’aurais dû y penser,
sacrebleu ! - Véra, va chercher une
trousse chirurgicale. Véra revient peu de temps après.
J’allonge Marie sur le sol. Véra
lui fait boire du forbed. Je dégage le buste
de la couverture et lui fends sa peau veloutée. Je fouille avec les pinces et en
retire un petit tube. Jim trouve encore quelque chose à ajouter. - C’est fou ce que l’on
peut planquer de choses dans cette partie-là ! Ce sont les mots qu’il faut pour
détendre l’atmosphère. Ce tube contient les techniques d’annulation des
effets des rayons mutants. George Ram y a en partie
échappé, son visage a été tuméfié. Il a retrouvé mes traces à Frégies, petite ville côtière française, en
réalité : tête de pont Nors sur la
Terre, et a volé mes documents. Je sors pour visiter mon domaine
retrouvé. Dans le hall, j’aperçois le professeur Max Glen avec un petit homme
chauve à lunettes qui n’est autre que le professeur Debarre.
Je suis le chef Schnoff. Nous sommes des terriens initiés. George Ram,
Max Glen, Debarre, Sancourt
et bien d’autres m’ont suivi dans cette retraite sous-marine pour combattre
les Nors venus de Mardzog.
Nous avons créé des humains doués d’exceptionnelles qualités. Jim, Glen, Sco, André et Nec, Véra, Marie et Florine ont été conçus
artificiellement. Véra est ma
« première » fille. Souvent, nous transmettons nos
propres noms à nos « enfants » les mieux réussis ! Hertia May 20 août 2019 |
Impression sur le sable |
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La vie, la vie cruelle autant
que l’est la mer Le sable de la nuit Passe interminablement entre mes
doigts Ô soleil amers des sourires
absents Sur les photos lointaines L’Ocean
de tes yeux où se perd mon navire Sur le sable des plages Le long cheminement De nos années Henri LACHEZE |
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