SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°64
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BD HARDUIN d’AMERVAL n°1 à 63Illustration BD : ODILON page 2 |
PATRICK MERIC
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HUMOUR-PATOIS
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Humour, Rêve, Famille recomposée page 3 |
Luc PIPART |
Ils meurent page 3 |
Anonyme. |
Amuseries page 4 |
Jean-François SAUTIERE |
Le paon et le Palais page 5 |
Anonyme. |
Le grand Amour page 5
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Reine
DELHAYE-BURLION |
Dictons Populaires page 6 |
Léonce BAJART |
Pensée page 4-8-9-12 |
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ADULTES |
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Terre en Détresse Page 7
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Lucie DOUAI |
11 JUIN 2020 page 7 |
Thérèse LEROY |
J.F. SENT |
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CONFIANCE page 8 |
Pluies Neuves |
C’est un jardin niché page 9 |
Céline BONNARD |
DANSER page 9 |
Patricia LOUGHANI |
Une Chance page 9 |
Julien BURY |
DEUIL page 10 |
Henri LACHEZE |
Lettre à ma mère page 10 |
Marquise de GRIGNAN |
Aux
Eglantines
page 10 |
Saint
HESBAYE |
Seul le vrai résonne page 11 |
Christelle LESOURD |
Le Souvenir page 11 |
DUHIN MARICARMELLE |
Nos yeux page 11 |
Pluies Neuves |
Papy y balance page 12 |
Gérard ROSSI |
L’Etiquette… Page 13 |
ENCEPHALE |
Tu t’appelles SAHARA
Page
13 |
Albert JOCAILLE |
13 JANVIER 2021 Page 14 |
Thérèse LEROY |
Tout faux pas Page 14 |
Saint
HESBAYE |
Découverte Page 17 |
HERTIA-MAY |
NOUVELLES
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Synchronicité 2058 page 14&15 |
Franck DEFOSSEZ |
Le Bouquet de Persil page 16&17 |
PASCAL |
La
Terrasse page 18 |
Thomas LEROY |
Les HARPIES page 19&20 |
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Paranormal sisters page 21&22 |
Martine GRASSARD-HOLLEMAERT |
Une vie de Chien page 23&24 |
HERTIA-MAY |
DIVERS
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Exposition OMC 3°de
couverture |
SALON DES ARTS |
* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire |
HUMOUR, REVES,
FAMILLE RECOMPOSEE |
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ILS MEURENT |
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La
meilleure des générations est en train de mourir. Celles
et ceux qui sans faire de longues études, ont tout donné pour leurs
enfants. Celles
et ceux qui sans de grandes ressources les ont aidés et ont traversé des
crises financières, Ils
sont en train de mourir. Ils
ont connu des temps de guerre, des restrictions, se contenter de peu, Ils
ont eu des peines et des souffrances mais ne le disaient pas. Parfois,
ils ont travaillé comme des bêtes, On
disait d'eux qu'ils étaient plus vulnérables que quiconque. Comme
ce fut pour leur vie, en silence ils meurent. Ils
n'ont jamais osé penser à soulever le pays et pourtant ! Ils
recherchaient des bonheurs simples comme partager un peu de la vie de leurs
petits-enfants. Ils
s'en vont sans déranger, ils seront toujours celles et ceux qui dérangent le
moins, ils partent sans adieu. Alors pour celles et ceux qui se plaignent tout le temps
d’être confiné(e)s à la maison, parce que leurs salons de coiffure,
d’onglerie ou bien même leurs salles de sports restent fermées... qu'ils ne peuvent pas faire la fête, partir en vacances
et réclament toujours plus d'argent à l'Etat ..... Par RESPECT pour cette génération qui nous quitte sans
bruit, mais avec dignité. Taisez-vous...... |
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AMUSERIES |
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Le requin-marteau a
croisé un poisson-scie. Tony Truand a une
voix forte. Quand il me prend
dans ses bras je sens mon cœur qui bat, je vois l'avion rose. (Édith Piaf) Le boucher a réussi à se faux-filet. Le détrusor n'est
pas un animal préhistorique. Pendu au mur le
saur est. La gentiane c'est quand même pas l'amère à
boire. Une bonne nouvelle
: l'incendie a finalement été circoncis. Si j'aimais les
harengs saurs, ça se sauret. Il ne faut pas
confondre petit alu et grande colline. L'employé du
service des eaux souffre de coliques phréatiques. Aujourd'hui le
clarinettiste a moins mal joué : il n'a fait que des canetons. Sur son toit l'instituteur
a fait installer des panneaux scolaires Jean-Marc de
Bourgogne. La Mer de
Debussy me donne toujours la chair de poulpe. Le quartier-maître
a un vaisseau qui a claqué dans l'œil. Ce faisan mâle est
malfaisant. Jacques Obin était un
révolutionnaire. Sous l'arbre en
fleurs je lis là. Le cow-boy a vu un
pot rouge. Il ne vous a même
pas offert une fleur pour votre anniversaire ? Ça c'est le bouquet ! J'ai toujours eu de
la chance et cette fois encore j'ai tiré le grelot. La bonne sent bon. Jean-François Sautière
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LE PAON ET LE PALAIS |
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Ainsi fut
fait, et contre toute attente, Il prit la
place laissée vacante Par tous les vieux
coqs déplumés Dont tout le
monde s’était lassé. Pour
constituer sa basse-cour Il fit appel
à des vautours Aptes à
tondre la laine, À amasser
toutes les graines. Ses anciens
congénères Qu’il jugeait fort vulgaires
Un jeune
paon, imbu de son plumage Fut pris dès
son plus jeune âge En mains par
une vieille pintade Qui laissa
son vieux coq en rade. Lors, notre
jeune volatile Qui se
trouvait fort volubile Ne fut plus
satisfait de son habitat Et se rêva en
costume d’apparat. Pourquoi, se
disait-il, se contenter D’un simple
poulailler, fût-il doré, Alors que,
sans travailler, Je puis
demeurer au palais. Il me suffit,
si mes calculs sont bons, De prendre
mes congénères pour des pigeons Et, pour les
prochaines élections, De bien jouer
les trublions. .Virent enfin mais un peu tard, Qu’on les
prenait pour des bâtards Fort de son
plébiscite aux élections, Notre
dieu-paon, tel Pygmalion, Favorisa un
jeune sardouk Dont il se
servait comme bouc. Grisé par ses
nouvelles prérogatives, Celui-ci, de
manière fort hâtive, Se crut par
son maître autorisé De jeunes oisons
brutaliser. Las, malgré
la volonté manifeste De celer ces
faits funestes, L’histoire
vint à transpirer Hors de murs du Palais. Devant ce
gros scandale, Notre
apprenti Sardanapale Dut
rétropédaler À son grand
regret. Il envoya ses
janissaires Désigner un
bouc émissaire Mais la sauce
ne prit pas Et l’oisillon
resta sans voix. Moralité :
Même les rois de l’enfumage, Ceux mêmes
qui se voulaient rois mages, Tombent un
jour de leur piédestal Et devront
quitter leur habit royal. Fable de Jean De La Fontaine (1621-1695), revisitée
par un auteur inconnu que l'on félicite au passage pour son talent, et le
régal de cette lecture d'actualité ! |
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LE GRAND
AMOUR |
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Il n’y a vraiment rien de
plus beau, Que de s’aimer toute une vie. Faire toutes les choses en duo, Être
en osmose à l’infini. La première fois que l’on tombe amoureux, On se demande si cela va durer. Mais dans notre cœur, on se sent très heureux ! C’est que l’on a trouvé notre moitié. Savoir écouter est très important, Ne pas avoir peur de se parler, Bien dire à l’autre ce que l’on ressent, Accepter aussi de pardonner. Former un beau couple, c’est merveilleux ! Ensemble la nuit et le jour, Comprendre en se regardant dans les yeux, Voilà ce qu’est LE GRAND AMOUR ! Reine
DELHAYE |
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DICTONS POPULAIRES |
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TERRE EN DETRESSE |
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Assoupie au pied d’un arbre, mon subconscient me projette à des
années-lumière de la Terre. Foulant le sol lunaire, j’observe avec curiosité ma planète
originelle… Jadis resplendissante et dotée de ressources inépuisables, Terre, je
ne te reconnais plus… Qu’es-tu donc devenue ? Tes cris de détresse
résonnent jusque dans la Galaxie. Interpellée, je me penche vers toi de plus près et constate avec
effroi l’impact de la folie des Hommes sur ton visage défiguré. Les océans sont devenus champs d’immondices, les mouettes tentent
désespérément de survivre, engluées sous des nappes de pétrole et les
mammifères marins s’échouent sur les plages, l’estomac rempli de déchets plastiques. La forêt d’Amazonie n’est plus que désert, ravagée par les bulldozers
qui chassent les populations autochtones désemparées. L’ours polaire se sent bien seul sur son iceberg qui ne cesse de
fondre à vue d’œil. Trouver de quoi se nourrir est devenu pour lui un combat
quotidien. Des milliers d’espèces animales et végétales disparaissent sous la
pluie nocive des pesticides. Le chant des oiseaux se fait de plus en plus
rare laissant place à un silence mortuaire dans les pâturages. Les Hommes, eux non plus, ne sont pas épargnés… Leur santé est
devenue fragile à cause de la pollution, je les vois suffoquer sous leur
masque de protection. La vision de ce sinistre tableau m’attriste profondément quand
j’aperçois une horde d’enfants et d’adolescents déterminés, brandissant des
pancartes et interpellant l’opinion publique. Je comprends alors qu’ils
mènent un combat des plus nobles, celui de veiller à ta protection. Dans leurs yeux je ressens de la colère face à l’immobilisme national
mais aussi une furieuse envie d’agir pour faire changer la donne. En
réunissant leur énergie je ne doute point qu’ils parviendront à leur but. La
jeune génération a compris qu’il fallait préserver ton écosystème au risque
de te voir disparaître définitivement dans la fumée macabre de la pollution. Une brise délicate comme un murmure au creux de l’oreille me fait
sortir doucement de ce rêve céleste et, soudainement conscient de l’urgence
d’agir pour ta protection, je me mets en route vers un avenir terrestre
meilleur… Lucie Douay |
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11 JUIN
2020 |
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J’ai rêvé des fleurs odorantes, Des parfums sucrés de fleurs d’orangers, Seringats aux pétales délicats et lys de la madone. Je voyais une eau cristalline Qui venait chanter câline, Caressant la rive amoureuse. J’ai rêvé des couchants flamboyants, Des matins d’or fondu sur l’horizon, Des aubes baignées de rosée. Mais j’ai vu des arbres fous de douleur Qui tordaient leurs longs bras décharnés. J’ai contemplé leurs feuilles qui pleuraient Leurs vertes années sacrifiées Dans les frondaisons des forêts enflammées. Thérèse L. |
Lettre à toi
« Lecteur » mon ami |
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C’est de Caudry que
je t’écris. Dès parution le
30.12.16 dans Voix du nord, du vendredi l’idée de
participer au concours Caudriole émis me vint à l’esprit et nous sommes
aujourd’hui déjà jeudi à l’approche de midi. Alors que le soleil
resplendit, je n’avais aucun souci, ni non plus,
n’avoir encore rien appris, et pourtant suis très surpris de m’en être épris. Je ne dirai point
« si c’est avec qui ? ni si ce fut en très bonne compagnie, ni même à quel
prix ? » Or, pour en être parti,
je m’en suis maudit. Ce n’est pas près
d’elle que j’ai grandi mais d’être accueilli comme un ami. On y fait la pause
dans sa vie jusqu’à ce que l’on ait vieilli puisque c’est ainsi que les bonnes choses ont toujours fini. En recherche de
généalogie… Je ne puis rappeler
ce que d’autres ont déjà dit, mais comme tout
être aime et demeure en son pays la regrette après
l’avoir tant chérie. Le parcourant de
Bertry à Clary en passant par Caullery que d’aucuns
maintiennent être bien des « ch’tis ». De ses fêtes y
avoir souvent ri, ignorant les moqueries, admirant l’organdi
dans ses dentelles et broderies qui en nombreuses
décennies rendirent si jolies toutes jeunes filles d’ici. Est-ce là un souci,
marqué au front par quelques plis, de l’absence en ce
récit des nombreuses valeurs de son histoire et sa géographie truffées
d’anecdotes enrichies dont je me garde d’être génie et n’en sors pas érudit. Pour éviter les
litanies, être assez concis, il me faut faire un tri et songer à un autre
récit. Ma fierté, n’y avoir
laissé une fois parti, aucun regret de qui je suis, effacé à mon tour
dans l’oubli, je me dois aussi de cesser et poser la plume ici. J.F.
SENT |
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CONFIANCE |
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Regarde, le bleu du jour te chuchote à la vitre le temps venu d’une
nouvelle cueillette, celle récoltée en pleine tendresse, dormant encore sur
nos quais aux amarres murmurées. Attendant qu’à nos lèvres ses fruits, ses spiritueux aboutis ne
laissent plus planer de doute sur leur destination prochaine. Attendu qu’en amour, le plus beau jour, c’est celui qui vient. Après une concertation des chuchotements dans la pénombre et à la
majorité de nous deux, nous signons un corps à corps bilatéral dédié à une
infinité de petits jours assortis d’écritures propres à griffonner la vie. Le soleil peut entrer en toute confiance sous nos applaudissements. Pluies neuves |
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11 |
DANSER |
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Danser, ô, langueur des pas... Danser, ô, courbure des corps... Evasion du divin, caresse de l'ultime... Art d'un autre espace où la ritournelle a des ailes et l'abandon se
démène... Avidité, dans l'oubli... Ô, tourbillon des sens... Tout recommence avec démence... Orgueil pendouillant, si subtile ! Danser, danser et danser.... Et... tout oublier... Patricia
loughani, copyright 2/12/2019 |
UNE CHANCE |
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Dans un regard inconnu On peut y mettre son âme à nu Trouver des pansements invisibles Pour se sentir fort, même invincible On peut toujours s'en sortir Il faut garder ce long soupir Il suffit d'un peu de courage Cela peut créer des ravages Donner l'image d'une personne Ecouter son cœur qui résonne C'est important Laisser aller ses sentiments Je n'y arrive pas Il est interdit de se dire ça Foncez tête relevée Montrez votre bon côté Cachez votre peur Ouvrez votre cœur, sans ardeur Tout dans la douceur Un jour viendra, où l'on sonnera votre heure. Julin BURY |
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C’EST UN JARDIN
NICHE… |
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C’est un jardin
niché au cœur d’un village Dans le Nord du
pays où le temps s’attendrit Devant nos jeux
d’enfant les sourires sans âge Accompagnent les
chants qui colorent la vie On y fête le vent
qui s’écoule des champs Au fil du canal,
les souvenirs s’en vont Suivant la ligne
fière du pêcheur d’antan Au visage d’un père
taquinant le poisson L’étang, dès l’aube
claire, nous livre ses secrets Pour qui sait les
attendre en refaisant le monde Le pêcheur
contemple l’âme de Salomé Tandis que les
enfants s’agitent dans la ronde La semaine
s’achève, vient enfin le moment De profiter du temps
avant qu’il ne s’arrête On s’affaire, on
s’apprête à rejoindre l’étang Une journée
parfaite au jardin des poètes. Céline Bonnard |
Au
temps où l'on savait écrire coquin sans être vulgaire |
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Ecrit
en 1660, Poésie de la Marquise de Grignan, fille de Mme de Sévigné.
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PENSÉE |
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Céchil eud France allé bège, Frinços Hollinde y lé frinçeu, Eric
Blinc y lé noère, Michel Noère y lé
blinc et Catherine Denouève all nlé pus ! du keu, j’acoute du véronique
sinson… Traduction :
Cécile de France est belge, François Hollande est français, Eric Blanc est
noir, Michel Noir est blanc, Catherine Deneuve ne l’est plus ! Du coup,
j’écoute du Véronique Sanson… HMA Cha y è ! eum finme à arréteu eud
finqueu ! …. Y vont m’apporteu
euch l’eurne dins lé quoert d’heure ! Traduction : Ça
y est ! Ma femme a arrêté de fumer ! Ils vont m’apporter l’urne dans
le quart d’heure ! HMA . Vu ces
temps-ci : In vier vert s’inva veurs in vierre vert in vierre
poseu à l’inveurs ! Traduction :
Un ver vert s’en va vers un verre vert en verre posé à
l‘envers ! HMA In kévreul, inn vaque, in qviau ming’tent
tertous eul minme quose, ed l’herpe et pourtint el kévreul kie dé tiotes
crottes, el vaque kie des bouses plates et l’bidet eud gros bouleux
vierts ! Mé comint m’expliqueu-vous cha ??? Eun fos, vos ne sarote
pon ! Comint vos expliqueu alorse
chouqu’ ché eul physique nucléant si vos maîtriseu pon in tiot problinme ed
merte ! ché pou cha qu’eul Frince y é jusqu’au cou !!! Traduction :
Un chevreuil, une vache,
un cheval mangent tous la même chose, de l'herbe et pourtant le chevreuil
fait des petites crottes, la vache fait des bouses plates et le cheval de
gros boulets verts ! comment
expliquez vous cela ! Vous ne sauriez pas ? Comment voulez-vous que
je vous explique ce qu'est la physique nucléaire alors que vous ne maîtrisez
même pas un petit problème de merde. Et c’est pour cela que la France y est
jusqu’au cou !!! HMA
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DEUIL |
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Mon
nom a vacillé dans ses yeux entrouverts, Un
sourire a tenté de frémir sur ses lèvres, Ma
mère allait mourir, tout était si banal : Une
mouche agaçait sa main déjà mourante L’automne
lumineux venait battre aux fenêtres ; Très
loin dans un couloir, courait une infirmière, Ma
mère allait mourir, tout était quotidien : Le
froid allait venir, la vie perdrait ses feuilles, Le
silence avançait à grands pas vers l’hiver. Henri LACHEZE |
LE SOUVENIR |
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Le souvenir, c’est la présence invisible Victor Hugo Le souvenir cet autre pays D’où l’on revient
seul Quand s’enferment
les vies Une à une dans un
linceul. Le souvenir cet autre lieu D’où tous les
témoins Qui ont fermé les
yeux Ont desserré les
poings. Le souvenir ce dernier complice Ce compagnon de
route Qui ne peut rien
contre les malices Et qui nous
renferme dans le doute, Le souvenir fait qu’on est deux Dans la solitude
envahissante Un arc-en-ciel des
jours heureux Au cœur de la
dévastation d’une tourmente… Vendredi 13 septembre 2019 Maricarmelle |
SEUL LE VRAI RESONNE |
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N’en veux à
personne C’est faux que tout
sonne Seul le vrai
résonne Et jamais ne
klaxonne N’entends pas le
bruit du vent Celui qui tue notre
serment Lui seul sait ce
qu’on a vécu Puisqu’il a tout
entendu Et pourtant, il en
a survécu Même si je ne
l’aurais pas cru Il soufflait si
faiblement Quand il se
déchaîna brusquement Pour faire face à
la réalité Celle qui reste
dure à avaler Celle qui ne peut
s’effacer Je ne peux
m’aveugler Pour espérer voir
les choses changer Plus loin, je ne
peux t’accompagner Puisque je ne sais
t’aimer Puisque j’ai perdu
la foi Même si les Dieux
m’en condamnent Même si ce semblant
de serment me damne Je ne peux que capituler Quand tu te
réveilleras, Je serai trop loin
pour toi Je ne peux que te
laisser Que tu le veuilles
ou pas Pour ne pas sombrer
plus bas Je ne regretterai
pas ce choix. Christelle Lesourd
|
AUX EGLANTINES |
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Parti à la chute
des feuilles Lorsque les vents
gaulent les noix Aux passages des
grandes oies migratrices Et que les bogues
des châtaignes Fouettent les
hautes herbes meurtries Où chacun profite
des derniers rayons solaires Avant les duvets de
l’absence Je reviens à la
saison des bourgeons éclatants de sève Aux arcs-en-ciel
enchanteurs Aux soudaines
giboulées Je souhaite
retrouver un apaisement Serein dans la
ligne d’horizon de Maurois : Les troncs des tilleuls
immobiles le long de la
chaussée Les ramures
verdâtres et violettes À demi
recroquevillées des pommiers Les innombrables
saules aux rameaux flexibles Que côtoie le
ruisseau des prairies Et le sommet si
bleu Si aérien Si frêle des haies Ce lieu semble
choisi pour goûter Mieux que partout Les mystères de mon
berceau. 1968-1969 St HESBAYE |
NOS
YEUX |
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Dans sa voix le pas des douleurs finissait d'exister, tout était éternel. Puis de
nouveau tout devint
présent quand d'un
ciel gris aux lèvres blanches nous
cherchâmes ce qui pouvait bien perler au coin de
nos yeux. PLUIES NEUVES |
Page
20 |
PAPY… y
balance !! |
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Il y a des réflexions qui « calent en bourg » comme en
ville Mais peuvent aussi jeter un froid, sur un show ! Ne voir là qu’un calembour à la Bernard Mabille ! Moi, un rien ne me déshabille comme un mauvais jeu de mots. ECRITURE Un quidam qui,
malgré tout, a pris le temps de me lire ? M’a fait cette
remarque avec emphase ! « Il faut
respecter un certain ordre pour faire une phrase : Article, sujet,
verbe, adjectif, complément, etc. »… mais il y a pire ! Avec la conviction, du juste de ce qu’il enseigne ! Quand je pense que c’est lui qui en saigne ? Après avoir usé les bancs de l’Ecole Normale Avec son fond de culotte : des hémorroïdes, c’est normal ! VOCABULAIRE Question
sportive ? du journaliste de la Télé ! À un coureur qui
vient de finir sa course, encore essoufflé. En Anglais !
dont on ne retiendra que l’accent et les cheveux frisés ? Traduction
« que vous a-t-il manqué, pour gagner ? » Réponse du sportif : « j’avais de bonnes sensations :
voilà ! » J’ai tout perdu en route : « donc que » plus de
moral ! Mais « je pense » ? que ce n’est pas normal ? Pour aller si vite : les autres sont dopés… « ou
pas ? » DIVERS Hervé Villard nous
chantait déjà hier « Danger pour
l’étranger » sans en avoir l’air, Aux Saintes-Maries
de la Mer ! On y passe toujours
pour un étrange hère ! Même genre de réflexion pour Gérard : Si, en deux syllabes : le connu Peut attraper froid dans le « Nooord » en plus ! Pas assez vêtu : ce n’est plus du hasard ! Gérard Rossi Neuville Saint Rémy, 1er septembre 2017 |
L’ETIQUETTE |
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Combien je regrette
de ne t’avoir embrassé davantage Tout ça pour trôner
derrière mon uniforme d’épouse sage ! Pourquoi dans mes bras
ne t’ai-je pas plus souvent serré Comme je le faisais
dans mes élans du passé ? Et trop je m’en
veux d’avoir tant de fois retenu mes sentiments Sous prétexte qu’on
n’était plus que des vieux amants… Oh combien je
souffrirai désormais Sanglante et profonde
restera cette plaie ! Il viendra un jour,
ô jeunes couples du moment, Où vous aussi
deviendrez « vieux amants » Ne délaissez pas
alors vos étreintes En imaginant que
votre flamme est éteinte Car les braises de
votre sincère Amour Sommeillent toujours
dans vos cœurs de velours Laissez autant
qu’avant vos bouches s’attirer Aussi fort que des
aimants, et s’embrasser. Oubliez la pudeur
de la vieillesse Laissez à leur
guise vos mains à leurs caresses Car les ans
sournois qui s’amusent à s’ajouter Vous font rire pour
mieux vous leurrer… Un jour le temps,
comme un traître, s’arrêtera, C’est là que vous
regretterez de n’avoir fait tout ça ! Tout ça ! Je
veux dire ce que je pleure à présent C’est de n’avoir
pas assez aimé mon amant !!! Mercredi 16 octobre
2019, 23h, la pleine lune. L’étiquette de la société me donne à présent la
nausée ! Elle a balisé notre
bonheur, voilà pourquoi je m’en veux de ne pas t’avoir assez aimé, Jacques
mon époux adoré. Cette complainte de
mon couple brisé s’adresse comme un conseil à tous les couples existants. Jeunes ou moins
jeunes, quels qu’ils soient ! Car qui dit COUPLE dit AMOUR ! Jeudi 17 octobre 2019, 22h. ENCEPHALE |
Tu t’appelles SAHARA |
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Sous ton soleil brûlant Qui invite aux mirages J’ai vu les hommes bleus Qui n’ont pas de visage. Tout au long de la piste Ton sable est souverain, Mais rien ici n’est triste En ton silence sans fin. Car en tes paysages Merveilleux et bleutés, Tout
au long du voyage Rien
ici ne peut s’oublier. Oh !
toi immense et majestueux Sahara Ici
l’ombre du père de Foucauld Semble
planer encore sur moi ! Tu
restes pourtant impénétrable Mais
toujours aussi beau, Tout
est secret en toi Car
tu t’appelles : SAHARA Albert JOCAILLE . |
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Synchronicité 2058 |
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La fusion nucléaire est enfin au point, et on
peut voir, un peu partout dans le monde, s'ériger des centrales propres,
parait-il : il reste toujours des méfiants, aigris, qui regrettent presque
l'ancien monde. Les sites atomiques désormais inutiles sont
voués, à plus ou moins long terme au démantèlement, l'humanité semble avoir
écarté pour un temps, la menace des accidents nucléaires tant redoutés
quelques décennies plus tôt. Il faut avouer que l'homme avait pris conscience
que le pillage des réserves de la planète nous conduisait, tout simplement, à
la disparition de la race humaine, sachant que nous sommes au bout de la
chaine alimentaire et nous nous ingurgitons toutes les pollutions que nous
créons. La mise au point d'une énergie abondante, propre, et bon marché,
permit d'envisager des progrès considérables dans des technologies, qui
certes existaient depuis longtemps, mais n'étaient pas exploitables, vu leur
coût. Par exemple : le dessalage de l'eau de mer devint monnaie courante, ce
qui permit l'irrigation de nombreuses zones désertiques : en Afrique les
hommes purent conquérir de grandes parties du Sahara pour la culture. De même, la production d'hydrogène en
quantité massive, fit que les voitures utilisant ce gaz devenu commun,
inondèrent le parc automobile, et il ne fut plus question d'utiliser le
pétrole comme carburant. Ce même pétrole, dont les réserves se tarissaient,
servit uniquement à l'élaboration d'engrais pour l'agro-alimentaire. Le soja,
par sa facilité d'exploitation, devint l'alimentation de base des hommes.
Dans ce contexte optimiste, Gérard Meister occupait le poste envié de
directeur de recherche en modélisation avancée, étudiant la place de l'homme
dans son éco-système. Fonction qui regroupait toutes les interactions entre
la bio-diversité et son environnement, y compris le cosmos. Son attention était pour le moment retenue
par la disparition des gallinacés. Ce n'était pas un scoop : la volaille
n'avait plus sa place sur terre en l'an 2058 : il y avait longtemps que la
production de viande était élaborée en usine. En fait, le mot viande depuis
une vingtaine d'année, ne correspondait plus du tout à de la chair animale,
les " Végans " avaient réussi à imposer le " tout végétal
", aidés en cela par les Ecologistes, pour qui, le pet des vaches, et le
lisier des porcs, consistaient une grave menace pour la couche d'ozone. A
vérifier ! Quoi qu'il en soit, plus de vaches ni de bɶufs sur terre
: la viande était fabriquée dans de vastes usines, découpée, colorée et
conditionnée, avant d'être présentée sous forme de poulet ou de rôtis de porcs,
le choix n'étant pas exhaustif. Bien entendu tout était à base du sacro-saint
soja, même le lait et les ɶufs. La disparition du cheptel qui
nourrissait l'homme depuis la nuit des temps ne choquait, à priori, personne,
sauf peut-être Gérard Meister. Justement,
ce chercheur était en proie à des réflexions qui le taraudaient de plus en
plus, chaque jour qui passait, il se demandait quelle conduite tenir. Son
poste ne lui autorisait aucune bourde, aucune erreur : à la moindre faute, il
savait qu'il pourrait compter sur de lourdes sanctions qui ruineraient à coup
sûr sa carrière. Devait-il se risquer à faire part de ses intuitions, de la
future catastrophe qu'il pressentait ? Pour
ne pas voir réapparaitre la pandémie des années 2020, le Gouvernement Mondial
avait décidé l'éradication de toutes formes de volatiles, pensant ainsi
supprimer toutes les variantes des coronavirus. Inutile de préciser que cette
décision ne faisait pas l'unanimité dans les milieux scientifiques, certains
pensaient que la réduction massive de la biodiversité allait se payer, un
jour ou l'autre, très cher. Delbart faisait partie de ceux-là, et en plus, il
présidait l'assemblée des conseillers gouvernementaux l -"
C'est lui qu'il me faut convaincre !" réalisa Meister. Plus facile à
dire, qu'à faire, Delbart n'était pas abordable par le commun des mortels.
Meister et lui s'étaient pourtant déjà rencontrés à un colloque et ils
avaient alors échangé quelques considérations sur l'avenir de la politique
scientifique menée par le gouvernement. Il lui avait semblé que Delbart
partageait ses idées, peut-être se souviendrait-il de lui ? De fait, il reçut une réponse favorable à
sa demande de RV. Delbart
était plus petit que dans le souvenir qu'il en avait gardé, c'est du moins
l'impression qu'eut Meister en entrant dans le bureau du conseiller
présidentiel. "Asseyez-vous M. Meister, je me souviens vous avoir
effectivement rencontré, il y a quelques années me semble-t-il ? En quoi
puis-je vous être utile ? " -
" Tout d'abord, merci de me recevoir aussi tôt le matin. Vous connaissez
mes fonctions au sein de l'Etat ? je me suis aperçu de changements presque
imperceptibles dans le rapport qu'entretiennent les planètes de notre système
solaire entre-elles." -"
Je vous écoute " -"
Je suis intimement convaincu que la suppression drastique et l'élimination de
pans entiers du Vivant nous conduit à une catastrophe cosmique ". Delbart
leva les bras au ciel -"
Et c'est pour me dire ça que vous me dérangez ! Je veux bien admettre ne pas
être pour cette éradication des espèces dites gênantes, mais de là à penser
que nous allons vers un cataclysme, il y a, me semble-t-il, un pas énorme que
vous n'hésitez pas à franchir ! Comment cette idée a-t-elle germé en vous ?
" -"
Si, Monsieur le conseiller, je vous parle de synchronicité, ou d'intrication
quantique, cela me rendra crédible à vos yeux ? -
" Je ne pense pas vous suivre sur ce terrain, est-ce suite à l'ordre
mondial d'anéantir toutes appartenances au type "Gallus galus
domesticus" qui vous met dans cet état ? " -
" Non !... Mais je ne suis pas au courant !... C'est une catastrophe
!... J'étais venu vous voir pour justement empêcher cela ! ...Vite ! vite
!... Téléphonez au président !" Delbard
haussa les épaules -
" Pour lui dire quoi ? que son directeur de recherche a des vapeurs ? Je
n'ai pas, personnellement, constaté de catastrophes mondiales ! De toutes
façons, même si j'intervenais, et à supposer que j'arrive à convaincre le
président, il serait trop tard : le mal est fait : vos gallinacés ont disparu
du globe ! j'en suis désolé, mais on n’arrête pas le progrès " Meister
balbutia : -"
le coq ne chantera donc plus le matin ? " -"et
non, en quoi est-ce important ? -"
Monsieur Delbart, s'il vous plait, ouvrez la fenêtre, et dites-moi ce que
vous voyez ! "Après
un moment d'hésitation, Delbart fit ce que Meister lui demandait -"
Mais je ne vois rien : on est le matin et en hiver ! " -
" Monsieur Delbart, pouvez vous me donner l'heure, s'il vous plait
" -
" Mais ... il est 10h15 ! Je ne comprends pas, il devrait faire clair !
" -
" Voilà, Monsieur Delbart, un exemple de synchronicité, voilà où la
folie des hommes nous a conduite ! " -"
Que voulez vous dire, bon sang ! soyez clair ! " -"
La vérité est pourtant simple : le soleil se lève au chant du coq ! plus de
coq, plus de chant, plus de soleil ! effet quantique ! nous sommes condannés
à une nuit perpétuelle ! " Franck
DEFOSSEZ |
13 JANVIER 2021 |
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C’est une sensation étrange que ces bribes de souvenirs qui
tournoient là dans ma tête comme des morceaux de films brisés. Ce fossé si
large entre ma vie d’avant et aujourd’hui. Je pense à toi, je pense à nous en
me posant tant de questions. Et si tu étais encore là… Et si… Et si… Comment
serait notre vie aujourd’hui ?... J’aurais tant aimé que tes parents
soient encore là, et ta sœur partie si vite, si injustement... Tu sais, je
les aimais… C’est un monde étrange où tout part à vau-l’eau : les pays
chauds deviennent froids, les pays froids se réchauffent, les glaciers
fondent, les océans submergent les terres, Soleil se révulse sur la planète
qui gronde, c’est un monde fou où les hommes se révoltent autant que les
éléments. C’est une vie étrange que cette maladie qui envahit le monde, nous
mettant sous camisole et en semi-prison, nous privant de notre liberté, nous
transformant peu à peu en troupeaux de moutons dociles et peureux. Ce que toutes
les guerres des siècles passés n’ont pas réussi à faire, c’est un virus
microscopique qui est en train de le réussir. C’est un soir étrange rempli de questions insolubles et
de douloureuse tristesse. Thérèse L. |
TOUT FAUX PAS |
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Tout faux pas dans la
faulx L’herbe à graines égrène
du blé Pique d’ainsi la pie Tic toujours tac entre
trois pics Pour deux ou quatre
graines d’épis. St HESBAYE |
Le bouquet de
persil 160420 |
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Je sors très peu ; confinement ou non, je ne fais
pas la différence. Quand je dois mettre le nez dehors, ravitaillement oblige,
c’est toujours avec l’appréhension de faire une mauvaise rencontre.
Malheureusement, comme si le fait divers m’attendait au coin de la route, je
n’y échappe pas… C’était à Grand Frais. Un peu en avance, je profitais des
rayons de soleil pour me réchauffer, avant d’entrer dans cette glacière.
Surtout en têtes blanches couronnées, les gens arrivaient ; ils allaient
chercher leur chariot, ils prenaient des poses d’attente, ils
réfléchissaient, sans doute, au contexte si décalé, si hallucinant, dans ce
beau début de journée printanier. On se dévisageait, les uns les
autres, comme pour tenter de se reconnaître, derrière les masques, ou
comme pour deviner qui était potentiellement porteur de cette saloperie
ambulante. L’épaisseur du masque, s’il était fait maison ou
estampillé pharmacie, le col remonté jusqu’aux oreilles, les gants ajustés au
plus près, en y repensant, dans une forme de jalousie, cette attention
voyeuse, je crois que c’était plutôt pour voir qui était le mieux protégé
contre l’ennemi invisible. Je-m’en-foutiste, sans doute négligent, plus
désabusé que désinvolte, je ne portais rien de tout cela ; aussi, je
faisais naturellement office de paria ; les gens m’évitaient, ils
« m’espaçaient », mieux, ils m’ignoraient et, moi, ça
m’allait… À neuf heures au cadran horaire, les rideaux se levèrent
et les gens processionnaires commencèrent à rentrer dans le magasin
alimentaire. Je savais ce que je voulais, ça irait plus vite, d’autant plus
que ceux qui disposent leurs étalages ne sont plus pris par le virus de tout
chambouler, chaque jour. À l’intérieur du magasin, si le sens d’entrée s’était
inversé, je ne voyais rien dans le protocole de prophylaxie rigoureux qui
m’empêche de m’introduire plus avant vers les achalandages ; la tête
dans le guidon de mon empressement, je fonçai en avant… J’étais content ; il y avait des belles asperges.
Juste à côté, un couple faisait son plein de pommes de terre, des petites,
celles qui sont à la mode, au printemps ; celles qu’on jure qu’elles
étaient bonnes parce qu’elles étaient chères. Bien entendu avec leur caddy
dans la place, il était impossible d’approcher, Ni une, ni deux, j’écartai
leur chariot, je tirai de son rouleau un pochon d’emballage, et j’allai me
servir. Dans leurs cagettes, arrosées par des petits jets de
vapeur, elles semblaient fraîches ; étant grand (par la taille), j’en
profitai pour aller cueillir celles qui se trouvaient le plus éloignées.
Forcément, j’en ratai une ou deux parce qu’elles me glissaient des
doigts ; je les récupérai « aussi sec » et je les fourrai dans
mon sac… « C’est comme ça que vous faites vos
courses ?... ». Je ne relevai pas cette réflexion ; avec tous
les vieux alentour, les séniles, ceux qui tournent en rond, l’émetteur de cette
réflexion avait le droit de soliloquer avec sa station nébuleuse… « Vous
allez toutes les tripoter ?... », répéta la voix… Je compris qu’il
s’adressait à moi. « Je prends celles que je peux !... »
dis-je, un peu dérouté qu’il ait fait intrusion dans le silence de ma
tranquillité… Il ne parlait pas fort, et ce qu’il me dégoisait, c’était
dans le sens, « je ne l’ai pas dit mais je le dis quand même… ».
Avec son accent de campagne profonde et ses yeux dans le vague, il renchérit
comme quoi il y avait des gants à disposition dans l’entrée. « Au lieu
de me gendarmer comme un maton, vous ne pouviez pas me le dire d’une
autre façon ?... ». Affublé de son masque et de ses gants, il ressemblait à
un extraterrestre échoué sur une mauvaise planète. « Et puis, de quoi je me mêle,
bonhomme ?... Occupez-vous plutôt de vos petites patates !...
Vous êtes jaloux ?... Vous ne pouvez pas vous payer quatre
asperges ?... C’est pour cela que vous me sermonnez avec des
approximatives observations d’hygiène ?... Entre « troisième âge »,
je pouvais me permettre cet affront ; j’en rêvais de remettre en place
un vieux con ; depuis tant d’années qu’ils me font ch… avec leurs
cheveux blancs, leur canne en avant et leur « de mon temps », comme
s’il leur appartenait… Ma colère enflant, je ne pus m’empêcher de le tutoyer.
« C’est parce que tu es avec ta chère et tendre que tu joues les
Armageddon, les sauveurs de la planète ?... T’as eu envie de faire le
beau, façon prince charmant, redresseur de torts en tous genres, et grand combattant
des hydres ?... Déjà, je croyais qu’on devait faire les courses,
seul !... Ensuite, comparons la couleur de nos slips et, après, on
reparlera de prophylaxie !... Bien qu’il n’ait pas été démontré, jusqu’à
maintenant, que le virus se transmet par les légumes*, admettons ; si
tant est que j’ai le Corona, pas de bol, j’ai toussé dans ma main, je le
dépose sur une asperge : avant de les préparer, tu ne laves pas tes
légumes, toi ?... Épluchées, rincées, bouillies, dis donc, elle est sacrément
résistante, la petite bête !... Tu vois, le pire sur cette planète, ce sont les gens
comme toi, les qui sont sûrs de leur ignorance et qui la hissent bien haut,
comme une bannière proclamant des lendemains meilleurs !. » C’était décalé, cette colère matinale ; avec tout ce
confinement, je n’avais pas parlé depuis plusieurs jours, et ma salive
balançait ses salves assassines à la vitesse d’un lance-flammes ratiboisant
une tranchée ennemie. Comme elle est infinie, c’était pourtant dommage d’user
mes mots pour argumenter une diatribe sur la connerie humaine ; j’aurais
préféré parler de l’azur bleuté, des petits oiseaux, des fruits rouges et…
des asperges !... « Si on te disait de te mettre une plume au c… pour
repousser le fléau du Covid, la tête dans le sable, tu ressemblerais à une
autruche !... Tu es le genre de personnage à avoir des réserves de
chloroquine plein ta maison, comme des barricades de salut !... Et pour
être complètement immunisé, tu as poussé ton crucifix et mis la photo de
Raoult, grandeur nature, au-dessus de ton lit !... Une tonne de
médocs, deux Dieux, pour te prémunir du même fléau, pour augmenter tes
chances, trois raisons d’espérer !... » J’étais intarissable… « Qui es-tu pour policer les
gens ?... Es-tu de ceux qui pratiquent la délation comme le sport
national français de civisme occulte ? Allez ! Je le sens, t’en
meurs d’envie : va vite me dénoncer à l’entrée !... Fais venir le
vigile musclé pour qu’il constate ma faute d’empoisonneur !... C’est le genre de type comme toi qui me fait monter la
fièvre ! Et s’il fallait me fusiller, tu serais le premier à appuyer sur
la gâchette ! Et s’il ne restait que des gens de ton acabit, sur cette
terre, on repartirait mille ans en arrière !... Hé, Dugland, mes mains sont plus propres que les tiennes,
avec les gants ! Avant de rentrer dans ce magasin, je les ai
copieusement ointes avec du gel hydroalcoolique ! Si ça se trouve, tes
gants gratis, ils viennent de Chine !... Ha, ha !... Saint Covid et
les dix-neuf autres, priez pour lui !... » Mais non, je ne lui ai pas balancé tout cela à la figure
; pris de court, je le gratifiai pourtant d’un édifiant : « Je vous
emmerde, monsieur !... », package, espérais-je, pour tout ce que
j’avais pensé si fort. Il rentra les épaules et il repiqua la tête dans ses
petites patates, tout en continuant de marmonner ses réflexions
d’instituteur… Un peu contrit, arrivant devant la caissière, je lui dis
que j’avais oublié de prendre une paire de gants, à l’entrée. Elle me répondit
simplement avec un petit sourire philosophe, une gentille moue compatissante,
que je traduisais comme « Ce n’est pas bien grave… » Avec tout ça,
pour mes asperges de ce midi, j’avais oublié de prendre un petit bouquet de
persil… Pascal. |
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DECOUVERTE |
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Bleu le ciel au dessus du toit de la cuisine, Vu depuis ta voiture d’enfant. Vert le bouquet, première image de ta vie, Après le tunnel noir. Hertia May |
LA TERRASSE |
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Elle
désirait une terrasse, pour profiter des beaux jours, disait-elle. Lui
n'était pas très bricoleur, pas très motivé non plus... Pas qu'il soit
fainéant, enfin peut-être un peu mais il était plein de bonne volonté pour
faire plaisir à sa belle. Alors il s'y est mis, pas très sûr de savoir où il
allait ou ce qu'il allait faire ; puis, après mûre réflexion, il s'est
décidé pour lui faire une terrasse en carrelage, parce que c'est joli du carrelage,
et ça dure dans le temps, paraît-il. Et c'est ainsi qu'un beau jour du mois
de juin il s'est lancé dans ce projet ! La première
règle pour un beau carrelage c'est de tracer une ligne et de toujours la respecter,
de toujours filer droit, car le moindre écart de conduite pourrait avoir de
graves répercussions par la suite ; ça peut sembler facile de suivre
aveuglément une ligne droite mais respecter une consigne, aussi simple
soit-elle, demande de la rigueur, de la concentration et ne fait pas bon
ménage avec la distraction ou les tentations ; mais par amour on peut
respecter cette règle simple qui vous évitera bien des surprises. Carreaux
après carreaux, le voilà qu'il construit son ouvrage, respectant également
les écarts de joints, ni trop ni pas assez, toujours 5 millimètres :
c'est facile, il y a des croisillons pour cela ; c'est confortable, les
croisillons, ils sont tous de la même dimension, ils se ressemblent tous,
c'est une routine agréable, carreaux, croisillons, carreaux croisillons,
carreaux.... Vous connaissez la suite… c'est assez chiant finalement mais ça
permet de rester droit et tant pis si ça manque de "fun".
Cependant, et là c'est important de le souligner, le sol n'est pas vraiment
plat, parfois un peu trop haut, quelques petites bosses par ci par là, et
parfois des trous ou des fissures à combler. Notre
bricoleur du dimanche s'est dit que ce n'était pas très grave, que la vie
c'est comme ça, qu'il y a des haut et des bas et qu'il suffirait de compenser
avec un peu plus de colle par endroit ou d'en mettre un peu moins mais il
n'est pas inquiet, tout va bien se passer. Mais voilà, difficile de
juger : en mettre un peu plus, beaucoup plus ou pas trop ce n'est pas
toujours aisé de trouver la bonne quantité, des mots un peu plus forts que
d'autres, un ton un peu trop rude ou pas assez compatissant, et le carreau ne
sera pas droit, il dépassera ou s'enfoncera et sera marqué à vie, comme un
stigmate, une blessure qui sera toujours apparente, toujours un peu à vif, un
défaut qui fera mal à chaque fois que l'on appuiera dessus ou qui sonnera
creux, qui aura l'air normal en apparence mais qui sera fragile au fond. Mais le
bricoleur du dimanche ne se décourage pas ; il persévère, il s'accroche
car il s'est engagé pour aller jusqu'au bout et tant pis si ce n'est pas
parfait, il s'évertue à faire de son mieux. C'est au bout de 2 jours d'effort
sous un soleil de plomb que le BDD (appelons-le ainsi, c'est plus court) a
enfin posé tous ses carreaux... Tous ? Non pas vraiment en fait, car il reste
les côtés à combler, les finitions. Parce que oui, ça serait trop facile
sinon. Parce oui dans la vie tout n'est pas tout blanc ou tout noir et qu'il
faut parfois nuancer ses propos, savoir prendre des demi-mesures ; parce
que la vie, voyez-vous, ce n’est pas simple, ce n'est pas juste des je t'aime
/je te déteste, tu me manques /tu me fais chier, parle-moi/ferme ta
gueule...... Alors le BDD
prend des mesures ; il sait se servir d'un mètre quand même, il n'est
pas complètement con ! Mais voilà, il faut les couper, ces p.... de
carreaux, et même avec le bon outil et toute la bonne intention du monde ce
n'est pas forcément aisé ! L'enfer est pavé de bonnes intentions. Il mesure et
coupe mais il a beau prendre toutes les précautions, il ébrèche le
carreau ; ce n'est pas parfait, ce n'est pas toujours droit, il a
pourtant mesuré mais il dévie parfois, et il lui arrive même d'en casser....
Il ne voulait pas, il s'excuse, il ne l'a pas fait exprès mais c'est trop tard.
Pourtant il continue, il essaye de s'appliquer, de trouver les mots justes,
de prendre les bonnes mesures, les bons gestes et il s'améliore au fil des
coupes mais il lui arrive encore parfois de faire quelques erreurs mais il
continue. Enfin tous
les carreaux sont posés : c'est fini, se dit-il, c'est terminé ; il
se voit déjà en train de siroter un cocktail sur cette terrasse mais non il
manque maintenant les joints ! Les joints, c'est ce qui permettra de donner
un bel aspect final à la terrasse et surtout de consolider l'ensemble, et
accessoirement aussi de permettre de camoufler les défauts. Un peu comme un
pansement sur les petits bobos ou les gros chagrins de la vie, les petites
attentions au quotidien pour continuer à alimenter cette flamme qui vacille, qui
faiblit parfois mais qu'on s'évertue à maintenir. Alors notre
BDD commence à faire ses joints, il a regardé des vidéos sur internet,
qu'est-ce que ça a l'air facile ! il se dit que ce n'est qu'une
formalité, que ce n'est que l'affaire de 2 ou 3 heures, il est confiant....
Et tellement naïf… L'opération lui aura pris toute la journée !!!! Il a même pensé abandonner ou au mieux de
reporter au lendemain mais c'est un sprint final, la dernière ligne droite,
c'est marche ou crève ; et c'est donc au bout d'une dernière journée
d'effort que notre BDD termine enfin sa terrasse. La terrasse
pour sa belle qui l'a soutenu durant cette "épreuve". Il regarde
son ouvrage accompli avec un sentiment de fierté : même si ce n'est pas
parfait, même si ce n'est pas très droit, même s’il y a eu quelques écarts,
quelques blessures et parfois un peu de casse il se dit qu'il a construit une
terrasse qui lui ressemble, qui leur ressemble, et voir sa belle heureuse est
pour lui la plus belle des récompenses. Thomas
Leroy |
LES HARPIES |
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Définitions : Harpies : Monstres ailés à visage de femme
accoutrés d’un bec crochu et au corps d’oiseau de proie et dégageant une
odeur infecte et nauséabonde qui donne la nausée aux créatures vivantes. Les Grées : sœurs des Gorgones, 3 vieilles
femmes sans yeux qui n’ont qu’un seul œil pour elles trois. Furies : Êtres venant des enfers et y
emmenant les créatures humaines. L’histoire que je vais vous conter s’est déroulée, dans mon
imagination, dans la ville de Caudry, dans le Nord ; un certain jeudi du
mois de juillet 2005. Il faisait, ce jour-là, un temps splendide. La chaleur pour une fois
n’était pas suffocante et la météo n’annonçait pas de pluie avant plusieurs
jours, voire des semaines. Je me trouvais avec mes amis de l’association Caudry d’hier et
d’Aujourd’hui, en permanence, à l’exposition que nous tenions concernant «
les postiers du rail ». Très belle exposition comme les autres
d’ailleurs qui ne demandent qu’à être vues. Les fenêtres de la salle étaient à demi entr’ouvertes, ne laissant qu’une
petite ouverture par laquelle un léger courant d’air venait aérer la salle. Une vingtaine de personnes occupait la salle, les unes regardant les
objets, en l’occurrence des wagons postaux, les autres des panneaux sur
lesquels se trouvaient accrochées nombre d’affichettes relatant le travail
des postiers, et d’autres encore les explications d’un ancien facteur du
rail. Vers 16 heures, des coups dans les deux premières fenêtres qui donnent
sur le toit de la salle des fêtes, firent se retourner tout le monde, le
regard dirigé vers les dites-fenêtres et vers les autres par la même occasion
où il ne se passait rien. Deux bestioles affreuses donnaient des coups d’ailes et de bec dans
la vitre et tentaient par la suite de passer leur tête par l’entrebâillement.
Quelle peur ! Elles hurlaient de plus belle si on approchait.
Certaines personnes, les plus courageuses sans doute, non paralysées par la
peur prirent la décision de quitter les lieux. Les responsables que nous
étions, ont décidé de rester pour tenter de refermer les fenêtres, éteindre
les lumières et partir ensuite. Quelques minutes plus tard, on vit revenir nos visiteurs. - Pourquoi revenez-vous ? - Elles sont en bas à la porte, on ne peut pas sortir. Et regardez
par la fenêtre du couloir, des gens sont morts, allongés à même le sol. Notre président Aimé qui se trouvait parmi nous, prit la décision
d’évacuer par l’arrière, l’issue de secours donnant sur une autre rue. Les lumières bien qu’éteintes, les bestioles s’agrippaient toujours
aux fenêtres. L’une d’elles avait même réussi à passer sa tête. Une tête de
femme avec un bec crochu qui hurlait tant qu’elle pouvait. Elle avait le
corps d’un oiseau avec des ailes pour bras et de petites jambes et elle était
dotée d’une poitrine comme une femme. Dans le brouhaha, le président avait du mal à se faire entendre.
Finalement après quelques haussements de voix, le silence qu’il réclamait
survint enfin, bien qu’entrecoupé de
petits sanglotements dus à la peur pour certaines. - Je vais descendre, par la sortie de secours, avec Julien pour
voir comment ça se passe de ce côté. Si tout va bien, vous descendrez
doucement, l’escalier est assez raide et vous pourrez partir là où il n’y
aura pas de danger. Quelques secondes ou minutes plus tard, quelqu’un décréta : - On peut y aller ! Là où nous étions, les bestioles ne pouvaient nous voir. Ce qui eut
pour effet de les calmer mais elles étaient toujours accrochées aux fenêtres. Je m’étais chargé de fermer la marche. Alors que la dernière personne
s’apprêtait à descendre, j’entendis une porte claquer. Je me retournai et je
vis une jeune fille, Laura de son prénom, tétanisée à la porte d’entrée de
l’Espace de Vie : elle criait de l’attendre. Et ce fut de nouveau la
cacophonie des bestioles. Je décidai d’aller à sa rencontre, ce qui me permit de voir que cette
chose mi-femme mi-oiseau avait passé son corps et ses pattes, ne restait que
ses ailes et sa tête. La hargne fit sans doute qu’elle put s’amincir. J’étais près de Laura. Il me fallait la traîner vite fait si on ne
voulait pas se faire dévorer. Alors que je la tirais et l’entraînais derrière
le comptoir ancien qui équipe un coin de la salle, l’animal, d’un claquement
d’ailes, se posait sur un meuble à trois mètres de nous, suivi de la
deuxième ; une odeur nauséabonde envahit alors les lieux. Nous étions
perdus. Un étrange dilemme m’assaillait. Si on reste là tous les deux, elles
nous dévoreront. Si je fuis assez vite, elles dévoreront Laura. Si elle fuit
elle ne saura où aller, elle n’a pas vu la sortie de secours, et se fera
dévorer et moi ensuite. Etrangement, les bestioles ne bougeaient plus, elles attendaient
quoi ? Que nous sortions ! Donc nous étions provisoirement à
l’abri. Prudent, je saisis le téléphone et tentai de joindre mon amie
Angélique, secrétaire à la Maison des Associations. Je lui expliquai le
problème en lui mentionnant que les bestioles pouvaient être des « Harpies »
et qu’elle cherche sur Internet ce qui les caractérisait sur leur présence
ici, à Caudry, sur la place des Mantilles par surcroît. Les harpies nous surveillaient toujours, elles savaient que nous
étions là et ne bougeaient pas, sauf quand le téléphone se mit à sonner.
Elles se remirent à hurler, à battre des ailes sans quitter leur perchoir.
Laura restait prostrée, cachée sous la table, tenant des propos
incompréhensibles, elle avait très peur et je ne savais comment la consoler. C’était Angélique qui me confirmait qu’il s’agissait bien d’Harpies
et que leur rayon d’action est long de cinq à six mètres à partir de leur
chef. Voilà pourquoi elles ne bronchaient plus. Elles ne faisaient
qu’attendre. Je sortis Laura de sa torpeur et lui expliquai que nous n’avions rien
à craindre : nous ne courions aucun danger si on restait éloignés
d’elles. Qu’il nous fallait partir tout doucement vers l’issue de secours et
sortir de cette antichambre de l’Enfer. Lentement mais sûrement, nous atteignîmes l’issue de secours sous les
bruissements d’ailes et quelques braillements. Nous rejoignîmes Julien qui
m’attendait en bas pour fermer la porte. J’entrepris de lui expliquer alors
qu’il n’y avait aucun danger pour aller fermer toutes les issues de notre
salle d’expo. Il suffisait de se tenir à distance. Je confiai Laura à des
personnes compatissantes qui attendaient avec Julien puis nous repartîmes
vers l’entrée principale. Une harpie attendait, juchée sur un véhicule en
stationnement. Elle poussa des cris et fut rejointe par deux autres
congénères mais elles restaient à distance, ce qui n’empêchait pas d’exhaler
leur odeur désagréable. On put ainsi refermer toutes les issues et rejoindre
ensuite la foule qui s’agglutinait sur le parking, tenue à distance par des
gendarmes casqués, et armés au cas où, ainsi que des pompiers en tenue
d’intervention. Le Maire Guy Bricout et ses adjoints tentaient de calmer ces gens et
donner des explications qu’ils n’avaient pas. Je le pris en aparté et lui
rapportai ce que je savais. Ne pas s’approcher à moins de six mètres. Après
discussion avec le Commandant de Gendarmerie, le cordon pompiers-gendarmes
put avancer de quelques mètres. Le maire se trouvait confronté à deux
problèmes, celui des harpies et derrière lui la foule qui voulait en
découdre, en les tuant par fusil interposé. Car l’odeur se ressentait de plus
belle et nombre de gens rendaient leur dernier repas. Plus loin,
deux voitures tentaient de se rapprocher. Elles durent stopper devant la
foule qui ne voulait pas bouger. Le Député-maire de cambrai François-Xavier
Villain descendit de l’une d’elles et le Procureur de la République de
Cambrai Philippe Vincentini de l’autre ; ils rejoignirent Monsieur Bricout. Il ne manquait que le
sous-Préfet de Cambrai qui était retenu par ailleurs mais qui viendrait dès
que possible. De longues minutes s’écoulèrent, un très long conciliabule
s’engageant entre les trois hommes. Puis on vit des gendarmes mettre la jambe au sol, et ajuster leur
arme. Un ordre fut donné et une salve de tir crépita en direction des
harpies. Celles-ci restèrent de glace. Rien n’y fit, les balles traversaient
leur corps et finissaient dans les murs et les vitres. Le Maire stoppa les dégâts. Un long silence s’ensuivit. Puis on vit, dans une odeur de souffre, sortir du sol d’autres
bestioles ; elles tournoyaient dans l’espace des harpies et elles
ramassèrent les corps déchiquetés par ces dernières. Puis elles s’enfoncèrent
de nouveau dans le sol. La foule n’avait pas dit un mot, sidérée par le fait.
Elle reprit ses esprits et ce fut un brouhaha indescriptible. Mon ami Jean
François qui semblait bien connaître le sujet m’apprit qu’il s’agissait des « Furies ».
- Ce sont des Divinités sorties
des Enfers et qui se trouvaient certainement là par esprit de
vengeance ; on ne retrouvera donc jamais les corps. Je ne serais pas
étonné de voir apparaître les « GREES », précise-t-il encore. - Les GREES, c’est
qui ça ? lui demandai-je. - Ce sont trois sœurs qui n’ont qu’un seul œil pour elles trois et
se le prêtent quand elles parlent. Elles sont laides à mourir. - Et que viendraient-elles faire ici ? - À mon avis, quelqu’un a dû les appeler pour se venger de quelque
chose ou de quelqu’un qui pourrait se trouver parmi les morts. - Tu penses qu’elles vont partir ? - Je ne sais pas. On ne sait pas pourquoi elles sont là. - Bon ! Je vais voir le Maire et lui en parler. Je dus me frayer un passage pour atteindre le lieu où se trouvaient
les trois hommes. Je leur donnai mon explication et les informai qu’il
fallait quelqu’un pour discuter avec elles. Et ce quelqu’un serait moi ! Ce ne fut pas chose facile de leur faire accepter la chose. Mais
seule condition, il me faudrait porter un gilet pare-balles et un casque
ainsi que des gants, également m’équiper d’un micro pour entendre et
enregistrer une éventuelle discussion. Lorsque je fus accoutré, je me dirigeai vers la plus proche harpie
qui fut rejointe immédiatement par deux autres. Me tenant à distance, je
tentai le dialogue, seul possible puisque les balles n’y faisaient rien. A suivre Hector Melon d’AUBIER |
Paranormal Sisters |
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Suite
du Chapitre 4 - Avez-vous signalé notre présence ? questionna Amélie inquiète - Non, je n’ai parlé de rien. - Ouf ! s’exclama Amélie Lilian revint sur le
deuxième meurtre, si meurtre il y avait. Il ne comprenait pas ce qui se
passait et ne croyait pas trop à un homicide. La femme soi-disant
assassinée était une amie, elle n’avait pas d’ennemie, elle buvait bien un
peu. Mais son mari était un bon époux, il passait au-dessus de ses frasques,
« sa femme s’ennuyait » aimait-il à dire. Ils avaient fait un
mariage d’amour et ni l’un ni l’autre n’avait de liaison extra-conjugale.
Alors pourquoi ? - Nous recauserons de tout cela plus tard. Je dois malheureusement
vous quitter j’ai un rendez-vous avec un amateur d’art. Tara que penses-tu
d’aller nager demain ? - D’accord si tu veux. répondit celle-ci. - Zut ! Je travaille, je serais bien
venue avec vous, rétorque Amélie - Mince ! dit Tara en lançant un regard à Lilian,
dommage, ce sera pour une autre fois. - Oui ! Vraiment dommage. rétorqua le jeune homme qui malgré tout était ravi qu’Amélie ne
puisse venir avec eux et cela se voyait nettement à son sourire de
satisfaction. - On se retrouve devant la piscine vers
quelle heure ? demanda
Tara. - Non, je viendrai te chercher ! Vers quinze heures et nous irons chez moi. Lilian parti, Tara
s’adressa à Amélie. - Habille-toi donc, nous partons faire quelques
courses. - Ok. Contente hein ! Pour la
natation de demain, n’est- ce pas ! -Oh ! Ça va, dépêche-toi, et arrête de
ricaner. - Je ne ricane pas, je constate. - Ah ! Ah ! Ah ! bien sûr. Tara ayant pu récupérer sa voiture quelques jours avant, une demi-heure plus tard elles étaient
en ville. Les emplettes faites, le
reste de la journée pendant qu’Amélie se rendait chez son oncle, Tara fit une
courte visite à ses parents. Puis elle fila à l’hôpital se renseigner sur l’état
de sa sœur. Au centre hospitalier, dans le couloir une femme de ménage
nettoyait les sols, Tara respira l’odeur de frais du détergent, plus loin une
infirmière faisait sa ronde en essayant d’éviter de gêner la femme de ménage.
Tara la connaissait, puisque chaque semaine, elle venait voir sa jumelle. La
jeune femme l’interrogea. - Excusez-moi,
dit-elle, puis-je avoir des nouvelles de ma sœur ? - Et bien, répondit-elle,
l’appareil s’est emballé hier en fin de soirée, vers vingt heures, je
crois, nous avons été de nouveau surprises par le fait, mais à part cela
aucun changement. Tiens ! Vers vingt
heures, se dit la jeune femme c’est justement l’heure où Alexandra est
décédée. Tara resta une
demi-heure, parlant sans cesse à sa Cendra, elle lui raconta sa soirée de la
veille, espérant toujours voir un signe si minime soit-il que Cendra
entendrait. Mais rien… Tara la regarda, elle
était allongée sur le lit, les bras le long de son corps de plus en plus
décharné, le drap remonté sur sa poitrine. Le tube de la perfusion laissait
apparaître les gouttes de liquide tombant une à une. Et toujours le bipbip de
l’électroencéphalogramme. Le visage en était blafard, des cernes venaient
d’apparaître sous ses yeux avec une telle dureté qui s’en dégageait, que cela
en fit peur à Tara. Cela ne ressemblait pas à de la souffrance, mais plutôt…
à de la haine. Combien de temps sa sœur vivrait-elle encore
ainsi ? Chapitre 5 Quelques jours pourtant s’étaient passés dans
la tranquillité. Amélie était repartie chez elle et avait repris le travail.
Tara était sortie plusieurs fois avec Lilian, leur entente était parfaite. Cette après-midi-là, vers les quatorze
heures, Lillian était venu chercher Tara, il l'avait invité quelques jours
auparavant dans sa magnifique demeure En descendant de
voiture, la jeune femme fut suffoquée par la beauté de l’habitation. Celle-ci
se situait dans un quartier résidentiel à l’entrée de la ville. Les murs
blancs lui donnaient une remarquable esthétique, le toit était recouvert de
tuiles en terre cuite. Des rosiers, disposés le long du pavillon,
agrémentaient le tout. On parvenait à la maison
par une allée de marbre beige, sur les côtés deux jardins plantés d’arbustes,
de seringua et de fleurs variées. De grandes marches faisaient aboutir
directement à la porte de bois massif. En entrant, un long
couloir très lumineux permettait d’accéder aux différentes pièces. Le salon, situé à côté
de la salle à manger, était assez moderne, des canapés aux couleurs vives et
chaudes où des coussins rouges avaient été posés, étaient installés l’un en
face de l’autre, sur les côtés, deux fauteuils. Au milieu, entre les divans,
des bibelots étaient disposés sur une table de verre. La magnifique cheminée
Louis XVI au Linteau cannelé était ornée de deux jolies rosaces finement
sculptées. Dans un coin de la
pièce, un guéridon de jeu attendait patiemment les joueurs. La salle à manger était
spacieuse et richement décorée. De très grands pots remplis de lys étaient
installés devant les fenêtres enjolivées de doubles rideaux bordeaux. Un vase, contenant lui aussi lys et roses
rouges, était posé sur une table en cerisier clair, placé dans le centre de
la salle, autour douze chaises. En face le long d’un mur, un bahut et
quelques meubles comblaient le lieu. Dans le hall, un escalier menait à
l’étage, la rampe et les marches étaient en bois vernis. Le premier étage
était constitué de cinq chambres à coucher et deux salles de bains. Après que Lilian eût
fait visiter la maison à Tara, tous deux se rendirent sur l’arrière du
bâtiment où s’étendait une magnifique terrasse. Le sol était recouvert de
carrelage de marbre blanc. Au centre sous une immense tonnelle trônait une
table de jardin entourée de sièges. Sur la gauche un salon gris en résine
tressée invitait au repos. Des pots en terre contenant des palmiers et de
somptueux lauriers roses ornaient l’endroit. Puis, enfin, près de la piscine,
des serviettes de bain blanches avaient été disposées sur des chaises
longues. Tara était stupéfaite de tant de beauté. - Installe-toi, lui-dit Lilian. - Oui merci. - Mets-toi à l’aise pour nager, c’est le moment, le temps s’y
prête à souhait. Tara avait opté pour un maillot deux pièces
jaune. Celui-ci mettait en valeur sa superbe silhouette longiligne. Elle s’était
étendue sur une chaise longue près de la piscine, Lilian était à son côté, la
jeune femme profitait maintenant du chaud soleil. - Veux-tu un verre de jus de fruit frais, lui demanda
Lilian. - Avec plaisir. Le peintre se dirigea
vers la cuisine. Lorsqu’il entendit un grand plouf derrière lui, il se
retourna pour voir Tara qui venait d’effectuer un magnifique plongeon dans le
bassin. Il resta quelques instants à la regarder, sourit puis continua son
action. Tara nageait depuis un
moment quand tout à coup, elle eut l’impression d’être happée vers le fond du
bassin. Elle essaya de remonter à la surface, mais impossible, comme si une
puissance inconnue la retenait, elle se débattit, puisa toute la force
qu’elle avait en elle. Elle tenta de crier, mais l’eau lui entrait dans la
bouche, dans le nez, elle étouffait et croyait mourir. Lilian à l’intérieur
de la maison ne voyait rien de ce qu'il se passait. Il ne vit Tara en train
de se noyer qu’en revenant nonchalamment avec un
plateau contenant une carafe et des verres. Stupéfait, il le lâcha et n’hésita pas une seconde à plonger au secours de
son amie. Il était temps, car la jeune femme lâchait prise. Lilian la remonta
à la surface, la hissa sur le bord de la piscine et
la sortit de l’eau, il se saisit d’un peignoir de bain posé sur une
chaise longue et en enveloppa Tara qu’il frictionna ensuite. Tara ne comprenait pas
ce qui lui était arrivé. Elle se sentait fatiguée tout à coup. Que se
passait-il ? Perdait-elle la raison ! Pourtant, elle seule nageait dans
le bassin. Lilian ! Si c’était Lilian ! Tout cela lui arrivait depuis qu’elle
avait fait sa connaissance. Impossible, elle était
entrée par hasard dans l’exposition de peinture donc cela ne pouvait être
lui. Son regard se porta sur
le plateau et les verres écrasés au sol, il préparait des boissons dans la
cuisine, s’il avait voulu la tuer, il ne l’aurait pas sortie de la piscine.
Ce n’était définitivement pas lui. Ou alors un
complot ! Tout cela semblait tellement ridicule ! Un complot… et de
qui ! Et pourquoi ? Non c’était d’un burlesque. Mais alors que lui
arrivait-il ? Tara était épuisée par la bataille qu’elle
venait de mener entre l’indéfinissable et elle. Par chance, Lillian l’avait
sauvée de la noyade mais s’il avait mis plus de temps à revenir, que se
serait-il passé ? Tara sous le choc,
blanche comme un linge et dans un état second, décida de rentrer chez elle.
Lilian la voyant ainsi décomposée, lui proposa de la raccompagner. Tara
reprit sa voiture et Lilian la suivit avec la sienne. Arrivés sur le parking
de l’immeuble, Tara se sentait un peu mieux. En descendant de son véhicule,
elle avait repris un peu de couleur. Lilian se gara près de la Clio,
descendit à son tour de sa Mercedes. Il s’approcha de la jeune femme qui
s’apprêtait à fermer ses portes. - Vas-tu mieux ? - Oui ! dit-elle en se retournant. Lilian se trouvait si près d’elle qu’il
saisit l’occasion de lui voler un baiser, mais il n’en eut. à
suivre MARTINE GRASSART-HOLLEMAERT |
UNE VIE DE CHIEN de Hertia May |
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Véra me dit
doucement : - Ne
dirait-on pas des soldats de chez nous ? Une hôtesse passe
devant eux et soulève des commentaires admiratifs. Le groupe s’éloigne en
riant. - Je
crois que les Schnoffs ont su assimiler notre langue. - Et
ce fait renforce mon hypothèse. Ils vont bel et bien envahir la Terre sous
notre propre forme ! - Je
ne crois pas, Jim ! Jim me
regarde, douteux. En face de nous, Glen me montre des cadres sur le mur.
J’aperçois quelques touches en-dessous. - Des
écrans vidéo ? - J’en
ai l’impression. Ne pourrait-on pas essayer de les faire fonctionner ? - C’est justement ce
que je compte faire ! Nous nous
dirigeons à pas comptés de l’autre côté du hall. Pas un geste de ces soldats
bavardant ne nous l’interdit. L’indicatif
du haut-parleur sonne : - Ennemi entrevu,
patrouilles de scaphandriers 3 et 4, rendez-vous à la zone 4-E. Stop… Alors une
centaine d’êtres, équipés de combinaisons sous-marines, de rayons laser et de
bouteilles d’oxygène sortent d’un couloir pour s’engager dans un ascenseur. - Les
artilleurs des canons ouest sont priés de rejoindre leur place. Stop. Réunion
de l’état-major dans cinq minutes. Stop… Glen appuie
sur les touches. Pas un soldat n’intervient. L’écran s’allume
progressivement. Une salle semblable à celle des androïdes. Glen enclenche
une autre touche. Une image des fonds abyssaux apparaît. Un passage dans un
rocher s’entrouvre. Une escouade d’hommes-grenouilles se libère du roc.
Certains sont tractés par des torpilles à propulsion. Une autre touche
appuyée et les guerriers font place à notre sous-marin immobile. Je consulte
mon chronomètre : - Encore
50 minutes ! - Il
n’est pas encore trop tard pour tenter quelque chose. - Non,
Jim. Cette guerre ne nous appartient plus… L’écran nous
montre maintenant le ciel orné de soucoupes vertes : celles des
Nors ! - Nous
avons appuyé sur le détonateur, ignorant des forces que nous libérerions. Le
sort de la Terre est en train de se jouer et aucun terrien n’en saura rien à
jamais. Et je parle
un moment, essayant de calmer mes compagnons. Je leur raconte la fondation de
l’Ordre des Initiés. D’abord une poignée de chercheurs perdus dans la masse
des incrédules, nous voulions alarmer l’opinion : tout le monde se moqua
de nous. Je créai Florine. Je rencontrai Jim Lamont et Glen Dupond. Sam Tanteur
et Dicken Glasmore se joignirent à nous. D’autres spécialistes scientifiques
nous donnèrent ensuite leur concours. André Monty casse mon exposé. - Je
réalise soudain que nous avons des chances d’être condamnés comme traîtres
par la cour de justice Schnoff ! - Et
d’être empoisonnés, électrocutés, soit… peut-être quelque chose de plus
raffiné, de plus technique ? - Non,
je persiste à croire qu’il ne nous sera fait aucun mal. Nous serons
considérés, au plus, comme défaitistes. Le double
sillon enlaidit le visage de Glen. Il a sans doute une hypothèse à nous formuler.
- Les
Schnoffs vont-ils nous considérer comme des leurs ? Nous n’avons pas ou
n’avons plus leur aspect. - Très
bonne remarque. Peut-être devons-nous notre aspect actuel à la science des
Nors et dans ce cas, eux-mêmes auraient changé leur apparence. Dans le
deuxième cas, nous avons l’allure première des Schnoffs qui, sous l’effet
d’une mutation génétique, sont devenus ce que nous voyons aujourd’hui. - L’aspect
de celui que nous appelons le « Tuméfié » va dans le sens du
deuxième cas. - …Nous
avons donc quelque chance d’être considérés comme des Terriens. Notre
position intermédiaire doit donc nous faire adopter une neutralité dans ce
combat… « …Et
le sous-marin ? » intervient Véra. Je lui
réponds en lui lissant une mèche. - Il
me suffit d’appuyer sur un petit bouton de cette boîte. J’extirpe
d’une poche une petite boîte verte munie de différentes touches bleues et
vertes. - …pour
entrer en contact avec Hardwed et lui demander d’éloigner le sous-marin.
Jim me
regarde, perplexe. - Pourquoi ne l’as-tu pas déjà fait ? - …Hé, il faut être sûr de pouvoir se sauver au moment
propice ! Je me tais alors tandis que trois soldats passent derrière notre dos
en sifflant « Ma planète », du groupe « Usine ». L’un
d’eux demande en nous indiquant à son camarade : - Qui sont ceux-là ? - Ils sont venus dans le sous-marin. - …OK ! Ils s’éloignent tous les trois, sifflant de plus belle. Par le haut-parleur, divers appels sont effectués. - Cinq cents appareils Nors détectés..., dans vingt minutes,
opération déblayage. Stop … La femme Schnoff de tout à l’heure revient avec deux collègues, l’une
d’elles en tenue violette avenante, l’autre en mini-jupe rose. Elles nous
sourient avec un air aimable. - Veuillez nous suivre, s’il vous plait ! Ne voyant aucune raison de faire autrement, nous prenons leur suite.
Un couloir est abordé, la lumière blanche diffusée du plafond voûté crée un
défilé d’ombres sur le sol carrelé en blanc. La voûte elle-même est formée de
petits carreaux de porcelaine blanche, longs et étroits. Les lampes sont des
cylindres de vingt centimètres, d’une matière un peu opaque. La lumière
semble s’exhaler de tout l’intérieur. Juste derrière nos guides, je peux mieux examiner leur peau noire
comme l’ébène. Les jambes sont de type terrien, leur galbe est parfait. Elles
possèdent des cheveux noirs, châtains et blonds ; leur consistance
paraît la même que celle des cheveux de Véra, de Florine ou de Marie… Marie,
te reverrai-je un jour ? J’espère que nos guides nous la rendront !
Les cheveux blonds de celle à la mini-jupe contrastent curieusement
avec son visage noir éclairé par deux grands yeux jaunes. Leurs yeux,
tout-à-fait ronds, ne possèdent pas comme chez nous de « blanc
d’œil ». En fait de pupille, ils ont un tout petit point noir au milieu.
Nous tournons dans une autre travée éclairée de vert et aux parois
bleues. Les nombreuses portes portent un numéro et qui souvent aussi
désignent une salle spécialisée. -bibliothèque, projection, examen clinique,
etc.-. Le couloir s’élargit jusqu’à former un
hall aux murs d’un verre opaque bleu turquoise. Les portes sont à deux battants, elles sont aussi taillées dans de la
silice. Leurs coloris divers diffusent une atmosphère gaie et aérienne. Il y
règne une certaine animation. Des gardes circulent, des officiers entrent et sortent. Des
scientifiques en blouse blanche discutent autour de petites tables –genre
guéridon- parfaitement achalandées en boissons et amuse-gueules. Des
personnalités –on peut légitimement le penser– en costume vert, comme dans
les années 1960, conversent et rient en compagnie d’élégantes techniciennes.
Des écriteaux sur les portes indiquent les bureaux des capitaines Noffo,
Tant, Glas, Mink, Oru, etc. Les gens se taisent en nous voyant et se lèvent, restant dans une position
rigide. Sans doute une sorte de garde-à-vous ? Mais pour qui, mais
pourquoi ? Les hôtesses s’arrêtent devant une double cloison verte avec une
indication : « Capitaine Tom ». Curieuse impression, pas un
bruit dans le couloir ! Dernier hommage aux prisonniers ? Deux gardes armés ouvrent les battants sur une grotte aménagée en
bureau. Des stalactites et stalagmites, décors inattendus dans cette
forteresse, se pressent en un rideau de dentelle, éclairés par des dizaines
de spots placés sur la voûte, haute d’une dizaine de mètres. Sur le sol, des
tapis de laine (ou de polymères) cachent les aspérités du sol. Des tables, un
fauteuil à l’envers, deux Schnoffs debout de chaque côté du siège. Je
reconnais le « Tuméfié » à gauche, assez grand, cheveux châtain
clair. À droite, un scientifique en blouse blanche, la quarantaine, portant
lunettes. Oui, je l’ai vu dans mon rêve sous-marin. L’hôtesse en mini-jupe
nous les présente avec amabilité. - Professeur Ram, professeur Glen et capitaine Tom. Sur ces derniers mots, le fauteuil pivote et laisse apparaître le
capitaine tout en noir, la tête recouverte d’une cagoule noire. Curieuse discipline Schnoff où les scientifiques restent debout en
présence d’un simple capitaine ! Le capitaine Tom se lève. Il s’agit d’une femme : la combinaison
moule parfaitement son corps. Elle marche le long de la grotte avec élégance.
Elle ne dit rien, mes compagnons me regardent de plus en plus étonnés. Ils
attendent de moi un geste, un ordre qui les précipiterait sur nos
« ennemis ». J’analyse calmement la situation. Il va se passer quelque chose, mais
quoi ? …La femme attend, marchant avec une allure féline. S’ils avaient
voulu nous tuer, les deux gardes l’auraient fait. Une sorte de guerre des
nerfs s’installe. Je sais que Véra ne tardera pas à craquer. Les
scientifiques ne bougent pas, ils nous épient. Je repasse toutes les images rêvées et les événements de ces
dernières journées. Un écran descend de la voûte tandis que vers l’arrière,
un projecteur sort d’une paroi. Je crois deviner qu’ils veulent nous
apprendre une chose capitale. Un éclair jaillit dans mon cortex. Je bondis
sur Véra et lui plonge la main dans le haut de son bustier, sous les regards
hagards des compagnons. Je retire un objet brûlant que je jette au loin
devant moi. Une explosion décolle les stalactites. Une pluie de pierres
s’abat. À travers la poussière, je vois mes compagnons se précipiter vers une
galerie. La femme cagoulée s’est affaissée sous la table, Ram est blessé à une
jambe et le professeur Glen a été assommé. Je cours vers eux en compagnie des
deux gardes. Une sirène hurle. A suivre |
Salon
des arts |
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