SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°67
61- 62-63-64-65-66-67-68-69-70 suivant
BD HARDUIN d’AMERVAL n°1 à 63
Illustration BD : ODILON page 2
|
PATRICK MERIC
|
HUMOUR-PATOIS
|
|
Concours d’Ecriture
page 3
|
OMC |
Quelques
Apophtegmes – Ouï Dire page 4
|
Anonyme |
L’accidint page 5
|
Philippe MENET |
L’Tiot Train page 5
|
Léonce BAJART |
Brèves
en Vrac page 6
|
Gérard ROSSI |
Perles
d’Ecoliers page 5
|
Gérard ROSSI |
Pensée page 4-
|
Hector MELON
D'AUBIER |
ADULTES |
|
En APESENTEUR page
4
|
Laena DIVERCHI |
Vole
Papillon … page 6
|
Collectif Trait d’Union |
Aujourd’hui page 7
|
Collectif Trait d’Union |
Inspiration page 8
|
Patricia LOUGHANI |
Vieux
Clocher - Réflexions page 8
|
Henri LACHEZE |
Un Rêve dans l’Univers
page 8
|
Serge LEFEBVRE |
Les Voix – Plus
rien Page 9
|
Pluies Neuves |
MALAURIE |
|
Informatique Amour page 10 |
Jean-François SAUTIERE |
Aimer
encore
page 10 |
Bernard
SIMON |
Il l’Aime page 10 |
Thérèse LEROY |
Paroles de nos Silences page 11 |
DUHIN MARICARMELLE |
Le Petit Muet
page
11 |
Julien
BURY |
Hier et Aujourd’hui - Entretemps page 12 |
Saint
HESBAYE |
Les Matins bleus page 12 |
HERTIA-MAY |
Demande
en Mariage
page 12 |
Reine
DELHAYE-BURLION |
Petit Intermède page 13 |
Franck DEFOSSEZ |
Petite Fille page 13 |
Thérèse LEROY |
Ode
aux métamorphoses de la Lune page 16 |
Monique DELCROIX |
NOUVELLES
|
|
Martin et Martine page 14 |
CHARLES DEULIN |
Corinna page 15&16 |
PASCAL |
Les HARPIES page 17 |
Hector MELON
D'AUBIER |
Paranormal sisters page 18&19 |
Martine
GRASSARD-HOLLEMAERT |
Le Tunnel du temps page 20&21 |
HERTIA-MAY |
L’Antichambre page 22 |
Hector MELON D'AUBIER |
DIVERS |
|
Salon des Arts page 23 |
OMC |
Salon du Livre page
24 |
OMC |
Edition 3°de
couverture |
Claude
COLSON |
* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire |
|
|
|
|
Quelques
apophtegmes & Ouï dire |
|
|
Apophtegme, du grec ancien apophthegma « précepte, phrase », est un mot mis en évidence Les moulins, c’était mieux à vent ? Quand on voit beaucoup de glands à la télé, faut-il changer de chêne ? Si le ski alpin… qui a le beurre et la confiture ? Je m’acier ou je métal ? Que fer ? Un prêtre qui déménage a-t-il le droit d’utiliser un diable ? Est-ce que personne ne trouve étrange qu’aujourd’hui des ordinateurs demandent à des humains de prouver qu’ils ne sont pas des robots ? Est-ce qu’à force de rater son bus on peut devenir ceinture noire de car raté ? Est-ce qu’un psychopathe peut être embauché comme psychologue chez Lustucru ? Si Gibraltar est un détroit, qui sont les deux autres ? Lorsqu’un homme vient d’être embauché aux pompes funèbres, doit-il d’abord faire une période décès ? Je n’ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la journée sans tabac, alors que le lendemain c’est le premier joint. Anonyme « L’ouïe de l’oie de Louis a ouï. » « Ah oui ? Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ? » « Elle a ouï ce que toute oie oit… » « Et qu’oit toute oie ? » « Toute oie oit, quand mon chien aboie Le soir au fond des bois, Toute oie oit : Ouah ! ouah ! Qu’elle oit, l’oie !... » Raymond Devos |
Page 3 |
L’accidint |
|
L’aut’ jour, j’rinte à la maison in arvénant d’l’ouvrache. J’vos min père accoeurir, pus triss’ qu’eun quien perdu, Pus constipé qu’eun’ glain’ qui n’aurot pas pondu. Acoutez, ch’est bin simp’, j’veillos qu’i brayot d’rache. Pis, d’un cop, sins prév’nir, i rouspète et i crache. Et tout in méronnant, i mé traitot d’vindu, I rouspétot sus s’finme. Alors, bin intindu, Mi, pus malin qu’eun aut’, j’laissos passer l’orache. Mais j’busios tout d’minme, et n’ayant rin trové, J’croyos bêt’mint qu’i’avot eun’ séquo d’arrivé. J’ai minme pinsé qu’em’ père étot quéu sus l’daine. Pour mi, à l’vir ainsin, ch’tot pir’ qu’eun accidint. Mais v’là-ti pas qu’i m’dit, in arsaquant s’boudaine : « El’ fouant i’a donné dins l’mitan dé’m’ gardin ! ». Jean-Luc Menet Lauréat Concours de l’Emulation 2022 |
El tiot
train |
|
|
J’ème souverrai toudis du tiot train du Caimbrésis qu’ia souvint été pour mi in bon amus’mint. El tortillar, el trimway comme in l’appeleut aussi aveuc ses wagons intermélés al file ed l’in l’eute, les compartimints d’voyageurs aveuc des wagons querqués d’carbon o bé d’betterafes. Dins l’mitin des compartimints iaveut inne plaque ed fer aveuc in poêle ed’sus pou l’hiver aveuc inne carbonnière et des tisonniers et pi inne buse qu’al dépasseut du teut ! Et pi aussi iaveut inne grinne plateforme pardrère du qu’in poveut s’mette pou ête miux à l’air, aveuc inne tiote porte, treus quate marches d’escalier et inne rimpe de fer. Du qu’in s’agripeut pou monter o bé pou déquinne in marche qu’in l’tron i ralintisseut dans les tournints ! Min frère i m’aveut amoutrer qu’mint qui fauleut faire toudis dins le sins d’el marche et bé s’erquéir ses pieds à terre et jomais à l’inverse d’el marche o bé in éteut réverni ! C’éteut in amusemint pour nous ed monter et pi d’déquinne. Ré n’nos arrêteut : ni l’z’escarbilles dins les yux, ni l’sifflot d’el locomotive, ni les nuoches ed finquière, ni l’dinger ! Quind in est jonne in a peur ed ré ! In poveut croire qu’in éteut, comme au cinéma pouleur, ed z’Indiens partint à l’avinture, tout à la douce, dins les plaines du Far-West du Caimbrésis. Em tiot train du Cambrésis qui souffleut comme quate in montint les côtes, iest cor vivint dins m’tête comme in bo souvenir d’ème jonnesse. L. B. |
Page 5 |
Brèves en vrac |
|
NOSTALGIE Hier, j’ai vu et entendu à la télé Un vieux beau, visiblement maintenant périmé, « Qui cueillait les jeunes filles en fleurs » Quand il était chanteur. Moi, quand j’étais cheval, J’ai gagné dix fois le Derby d’Epsom ! Il ne faut pas hésiter à se vanter en somme Pour ne pas, comme les autres, rester dans le banal. DELOCALISATION En France, nous allons bientôt avoir plus d’énarques Que de services de « verres » en cristal d’Arques ! Et cela n’est pas une image Mais une réalité industrielle, et c’est dommage. C’EST LE COMBLE ! Pour un caviste : toute la journée, enfermé en cave parmi ses bouteilles A goûter et sélectionner pour les autres le bon jus de la treille ! D’être, le soir, réduit sous les combles, à boire son soda Encore seul, dans sa chambre avec vue sur les toits. LA PAIX La paix n’est pas une fille facile, par essence, Que l’on peut trouver à l’apéritif ! Mais bien après le plat de résistance, Au dessert ! D’où l’expression : « boire la paix rétive ! » Gérard Rossi Neuville le 07 Mai 2010 |
Page 6 |
Perle d’écolier |
|
Sujet du cours : « Les églises fortifiées dans le département de l’Aisne » Résumé de l’élève : les églises, pour se protéger dans l’aine, Etaient enceintes d’un mur et de tours comme les châteaux, antan Note de l’instituteur : « Je voudrais bien voir l’enfant ! » Gérard Rossi |
Page 7 |
PENSEE |
|
L’aute jors in m’pronint, èj’ pass’ eud’vint inn pature ! é là, un bidet m’ravis’ é s’mé à rigoleu ! ej’pinse qué j’sus biau é qu’ché por cha ! In voulint l’vérifieu, éj’sors d’eum poche ind’dins eum fiche ed pé qué j’vénos d’archevir é min tiqueu d’éssince é j’y moute ! y s’mé à hennir in grind cop y s’couque pa tière et pis y s’mé à braire ! Traduction : L’autre jours en me promenant , je passe prés d’un pré ! un cheval me regarde et se met à rire ! je pense que je suis beau et c’est pour cela ! Voulant vérifier, je sors de ma poche intérieure ma fiche de paie que je venais de recevoir et mon ticket d’essence et les lui montre ! Il se met à hennir un grand coup, se couche par terre et se met à pleurer ! HMA |
Page 8 |
En Apesanteur |
|
Mon rêve le plus cher, c’est de vivre à la montagne, vivre de ce souvenir. Léana se souvient de son enfance, de cet air pur qui irriguait son corps. Bien sûr, c’est encore dur de porter les deux genres, mais une seule personne se lève : Léana. La montagne est en endroit magnifique, relaxant, où j’oublie tout. Je me balade de village en village, en altitude, jusque très haut, 2000 mètres. Je vois tout de là-haut. Je fais du parapente. En apesanteur, je fais le vide. En bas, le bruit de la rivière qui coule. Quand je vole, la nature ne me juge pas, je ne fais qu’une avec elle, je suis en accord total, je fais partie d’un tout. Léana Diverchy |
Vole papillon |
||
|
Je sors peu à peu de mon cocon et deviens papillon. Bleu, marron avec une touche de rose. Je me déploie comme vivant une renaissance et je me pose sur ma rose rouge. Je sens son doux parfum. Je revis dans mon petit jardin de bonheur. L’écriture est comme la branche sur laquelle s’est posée la chenille, elle m’a fait découvrir une autre façon de m’évader et de faire passer un message fort : Passez au-dessus des préjugés, passez au-dessus du mur, n’ayez pas peur ! Léana Diverchy (Trait d’union) |
|
|
Aujourd’hui |
|
Je veux vivre aujourd’hui quel que soit mon âge, quel que soit ce qui se passe dans le monde. Oui ! Aujourd’hui, ma vie est une renaissance. Mon passé, depuis ma naissance, était monstrueux, compliqué, très difficile d’avancer et de grandir sans père, ni mère, ni frères et sœurs. Foyers, familles d’accueil. Il n’y avait que la naissance de ma fille chérie qui avait commencé à me donner le Bonheur. Ma vie devenait plus sereine, c’est à cette période de ma vie que j’ai essayé de me reconstruire, seule, avec mon unique enfant. Mais c’était quand même des routes périlleuses alors que pour un enfant il faut absolument une vie correcte, sérieuse, souriante et joyeuse. C’est grâce à ma fille que je m’accroche à la vie maintenant, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, je suis sereine et très heureuse de vivre « Maintenant » et tranquillement. Regarder devant, exploser de joie, mais doucement et sûrement, déplier les ailes de mon cœur. Syssy l’Impératrice (Trait d’Union |
Page
11 |
Inspiration |
|
Souffle le vent, dans mon
corps dément ! Patricia LOUGHANI |
Vieux clocher |
|
|
Quand elle a vent d’une tempête, La girouette perd le Nord, Grince au pinacle et puis s’arrête. L’horloge a tout son temps pour sonner l’heure. D’ailleurs, qui s’en soucie, Qui sait l’attendre en s’arrêtant ? Les vieux labours sont en jachère Et les charrues dorment en terre. Le coq sur le clocher empoigne un dernier chant. En retard, vieux coq, En retard d’une bourrasque ! Le vent tourne déjà A la cassure des chemins. Les mains du temps, crochues, Ahanent, tirent et pantèlent Et poussent l’heure Elle ne veut rien savoir ; Elle est assise paresseuse Au vieux cadran de mon village. L’heure est rouillée, le coq aussi : Il est trois vents et deux orages Au vieux clocher de mon village. Henri Lachèze (Feux du cœur) |
Page 13 |
Réflexions |
|
A la surface quelquefois, des eaux tranquilles, Il fleurit un visage ; il n’a pas de
racines ; Il n’a pas non plus d’âge et pas non plus
d’histoire Et les rides qu’il a, c’est le vent qui les
creuse. Fuient liquides les ans et s’éloigne la vie Imperceptiblement, ne laissant qu’un visage, Que j’ai connu jadis au-delà de la mer Et qui semble sourire au sein des algues vertes. Fragile esquisse d’eau qu’une vague détruit. Ovale frissonnant qui monte jusqu’à moi, Es-tu amour ancien qu’un printemps ressuscite, Ou bien n’es-tu que rêve au long cours des
rivières ? Le miroir est muet et me renvoie des yeux : Sont-ce les siens, profonds et verts dans l’eau
limpide, Ou bien est-ce les miens qui cherchent un regard Parmi les algues et les sables de l’oubli ? Henri Lachèze (Feux du Cœur) |
Un rêve dans l’univers |
|
|
Tombé dans un profond sommeil et métamorphosé par une peur incompréhensible, je rêve d’être sur une autre planète. Je transpire, une peur m’envahit car je me retrouve dans un environnement totalement inconnu. Où suis-je ? Aucun bruit, aucun mouvement de foule pressée, je suis seul. Dans une lettre adressée à mon épouse, je lui fais part de cette angoisse de me retrouver dans cet endroit à la fois magique mais ô combien angoissant. Quelle
réaction devant une situation inexplicable où tout est mystérieux. Il n’y a
pas de route mais des sentiers creusés dans une terre rougeâtre. La
température excessive me donne l’envie de me dévêtir et de tremper les pieds
dans une eau tiède qui stagne dans de nombreux cratères. Nullement effarouchés de ma présence, de nombreux oiseaux de toutes les couleurs viennent s’abreuver auprès de moi. Une clarté intense, une odeur agréable, viennent s’ajouter à ce moment magique. J’ai faim, je ne peux résister de cueillir des fruits inconnus aux branches des arbres qui bordent les cratères. Pour toi
mon épouse, je t’envoie toutes ces découvertes par la magie d’une
distribution postale interplanétaire. Je me réveille, trempé de sueur, et
l’idée de me précipiter vers la boîte aux lettres, pensant trouver le
courrier envoyé de l’espace mais quelle déception. Je pense encore à ce rêve extraordinaire et ce soir depuis la terrasse, j’aurai peut-être la chance d’admirer cet astre rougeâtre qui m’a fait, le temps d’une nuit magique, découvrir l’immensité et mystérieux univers. Serge
Lefebvre |
Les Voix |
|
|
Un moulin exsangue brise les vents les gifle les déchire. Ce sont de rudes accents, ce sont des intimités, des ailleurs perdus. Ces voix enfouies demeurées troublantes, dont les sucs rôdent encore au-delà d’une porte de chêne, ces échos d’anciennes amours se répondent. Ces bisous volés s’égarent. C’est si loin quand ils se disaient je t’aime. La pluie les rapprochait un peu plus l’un contre l’autre, attendant que le soleil les inonde de clins d’yeux sur une mer de blé. Écoutez les griffer les pierres, témoins du flirt des heures et du temps. C’est un lien, un voile bavard sur les gesticulations du présent instruite du passé. Pluie Neuve |
Plus Rien |
|
|
Disparues leurs tendresses leurs bisous passé le carcan du collège. Nous goûtions nos quinze ans, comme on émiette l'écorce d'un horizon deviné, que le regard, furtif ou insistant, tentait d'explorer avec la brillance d'un été brulant. Ont-ils reconnu ces vestiges déchos courant sur de blonds sentiers, oû des pies pianotent en noir et blanc des ombres mélés à des bouts de refrains sur de l'herbe vert bleu. Seul, ému, respire l'audace du rêve sous le menton fleuri d'un fossé rieur. Bref plus rien, ce ne sont que des amourettes de passage à la recherche d'une alcôve chipée au temps. Pluie Neuve |
Seule face au vide |
|
|
Après avoir quitté mon travail, j’ai été hospitalisée. Diagnostic : dépressive, bipolaire. La suite ? Une longue chute : accroc aux médicaments, un cercle vicieux. Ma tante ne pouvait plus me garder chez elle, pas question de retourner chez mes parents au domicile familial. Me retrouver à la rue, dormir dehors était impossible à concevoir pour moi, et encore aujourd’hui. J’ai donc été dans l’obligation d’entrer en foyer. Violée, battue, rejetée, seule face au vide. La seule issue : Sauter ! Malaurie Une autre histoire Jessica est une enfant de cinq ans. Avec l’avenir devant elle, un grand avenir. A vrai dire, je ne sais pas quoi dire sur elle. J’aimerais lui apprendre que la vie ne sera pas toujours rose. J’aimerais la prévenir, lui dire, l’aider. Mais je n’en ai tout simplement pas le droit. J’aimerais la prendre dans mes bras, la protéger, même au prix de ma vie mais je n’en ai pas le pouvoir. Malaurie |
Informatique amour |
|
|
C’était à la saison mi-figue, mi-raisin, Quand l’automne et l’été se tiennent par la main : Tu avais le parfum vif de la vigne, vierge Et belle, astre perdu dans la nuit qui émerge. Je t’avais préparé les mots simples du vent Et d’autres, plus secrets, que l’on dit moins souvent. Ma souris, sous ma main, se fit plus romantique Comme hier, de l’aède, était la plume antique. D’un clic, clouc ! j’ai couché mes rêves sur l’écran : Vingt-deux pouces, c’est bien pour voir l’amour en grand, Et j’ai, sans trop de mal, déposé notre histoire Sur le doux disque dur de la chère mémoire. Désormais, plus question d’oublier ton regard, Ta grâce, ton silence, et quand il se fait tard Je relis ces vers d’or où dort comme une absence Le contour de ton cœur et de ton impudence. Et je pèse mes mots quand, voulant te ravir Un baiser je ne peux, pauvre, que m’abstenir. Et comme à chaque fois mon ange me rappelle Que ta présence, hélas ! n’est rien que virtuelle ! Jena-François Sautière |
AIMER ENCORE |
|
|
J
'ai peur que ce nouvel amour Soit
ma prochaine déchirure. J'ai
peur que de nouveau un jour Revienne
le temps des blessures. J'ai
peur que cet amour naissant Empli
de mille certitudes, Ne
fasse place aux turpitudes Que
sont ces amours flamboyants. J'ai
peur de n'être qu'aventure, Et
d'en subir viles tortures. J'ai
peur de fuir toute promesse, De
te plonger dans la tristesse. Même
si je ne dois rêver, Car
trop de fois je fus leurré. Même
si ce n'était qu'un soir, Puis
plonger dans le désespoir, Je
veux aimer rien qu'une fois, T'aimer
encor, encor plus fort, Je
veux t'aimer mille autres fois, Dans
l'extase, encor et encor. Bernard SIMON |
Il
l’aime… |
|
|
De tout son cœur, de toute son âme il
l’aime. Enchaîné à elle, subjugué par je ne sais quelle sorcellerie, par-delà le temps et l’espace il l’aime. Rien jamais ne pourra le libérer de
son emprise. C’est foutu, c’est plié, c’est perdu d’avance. Captif heureux et
malheureux à la fois, incapable de sortir de cette prison aimantée (mais le
voudrait-il seulement !...), il est papillon inlassablement attiré par sa lumière. Et même s’il se brûle les ailes, sa douleur ne sera jamais aussi forte que celle qu’il ressent pour le glacial désintérêt qu’elle lui oppose. Il la regarde, il l’admire, il la
dévore des yeux. Et quand elle n’est pas là, son souvenir est si brûlant que ses nuits sont remplies d’elle. Telle une nymphe, tel un fantôme, elle promène sa désinvolture dans ses rêves menteurs. Cruelle, elle se moque de lui et
pourtant toujours il lui reste attaché, tel un chien à la fidélité sans
faille. Jamais elle n’a posé les yeux sur lui, si ce n’est que pour le considérer avec un royal mépris. Amusée, elle se joue de lui sans savoir, sans comprendre vraiment l’étendue de son pouvoir et les conséquences désastreuses sur sa misérable vie. Jamais elle ne l’a aimé et il le sait. Je ne peux rien pour lui si ce n’est être là pour l’écouter, simplement lui tenir la main. A travers elle il a aimé d’autres femmes mais ce n’était que de pâles copies qu’il a vite délaissées, oubliées. C’est son credo, son égérie, c’est sa muse, son étoile inaccessible. Il l’aime et il n’y peut rien, il ne sait pas faire autrement. Thérèse |
Paroles
de nos silences |
|
|
Oh, comme je te cherche encore à la maison Mon regard suit le tien jusqu’au mur du salon Pour le surprendre sur un bouquet d’immortelles, Dans l’espoir de te croiser, d’effleurer tes ailes… Je revêts ton chandail pour sentir ta tiédeur Qui se faufile un instant au fond de mon cœur ; Puis entre « Pierre et Flo » le lac Majeur résonne Et dans mes pleurs s’élève ta voix qui fredonne… Je me sens plus près de toi, là, dans notre nid Où je te respire en faisant vibrer ta vie ; Tandis que tu dors au jardin fleuri des Anges, Je te serre contre moi dans un rêve étrange… Ô mon époux que cet Amour devient cruel ! Le marionnettiste a coupé notre ficelle, En reprenant ton existence entre ses mains, Il a délesté la mienne au fond d’un ravin ! Je m’oblige à sourire pour toujours te plaire, Comme au temps où jamais tu ne pouvais te taire, Bonheur aux clins d’œil pétillants de cliquetis. Mais mon âme en berne te cherche à l’infini… Voilà 5 semaines qu’ils m’ont privée de ta présence. Ils s’excusent en racontant qu’ils t’ont soulagé : j’en douterai toujours ! Mais ce dont je ne doute pas c’est que c’est moi qu’ils torturent, ces tortionnaires… Ton absence me déchire, ô Jacques comme tu me manques… Ton épouse qui t’aime avec la même simplicité, la même ferveur… Maria-Carméla (Encéphale) – Samedi 8 décembre 2018 |
Page
20 |
Le petit muet |
|
Sens
ton corps se bercer Par
le souffle chaud des Alyzés Ouvre
leurs ta porte Que toi même tu supportes
Sèche
tes larmes Mais
tes pleurs, t'en fait ton arme Traverse
les jardins De
tes pays enfantins Qui
t'emmèneront Tes
fleurs fanées, elles te suivront Tu
connais le piège De
ce rouge qui t'apaise Courts
le long de la rivière Qui
héberge tes prières Caresse la pierre Qui
t'entaille, te désaltère Danse
au rythme des sapins Qui
bercent tes doux chagrins Ecris
à l'encre de chine Tes
soupirent sur des épines Le
temps fait des ravages Ton
coeur à fait plus d'un
naufrage Balance
toi sur un pêché De
ta voix, ils t'ont coupés Tu
rêves de mélodies Que
tu ne trouveras jamais, içi Tu
espère qu'un jour Le
bon Dieu ne te rendra pas sourds Julien BURY |
Hier et
aujourd’hui |
|
|
Hier j’ai rencontré la fille de la lagune Elle était svelte et ne portait pas de bijoux Seulement vêtue d’une tunique à corolle blanche Détonant sur sa peau ambrée Cette sylphide s’en allait comme nue dans le vent Dans les mouvements de sa marche l’aube complice Auréolait les charmes de son corps Et laissait pressentir un ventre plat et un pubis perlé Parmi l’élan de sa course ses seins de grâce Et de passions cadençaient une danse légère Vers quelles griseries entraînait-t-elle ses pas ? Aujourd’hui ma main caresse son visage parfumé D’iode et je songe à la clarté sélène qui me semble Si loin comme une lune inaccessible J’imagine une clairière où un homme écoute Dessine et peint son calice accessible Il est seul, il est maître, il est son pouvoir Il crie ses joies, ses libertés et saisit ses couleurs Par envies, par amours, par passions À l’image de la vie au mirage des senteurs Ses visions n’ont point de langage sur terre Et chantent l’ailleurs afin de peindre le sosie De l’existence dans le grand miroir du désir intérieur Alors il s’emporte à des rêves millénaires Saint-Hesbaye |
Entretemps |
|
|
Dans
l’allée des grammes florales En
dépit de l’aire caressée Ce
corps d’âme boite sous l’action de levures Pour
des raisons de commodités Un
animal pas comme nous autres Imparfaitement
habillé Passe
grandguignolesquement Dans
l’allée déshuilée Il
lui manque de la chair aux pieds Saint-Hesbaye |
Page
23 |
La demande
en mariage |
|
J’aime lorsque tu es là, Blottie contre mon cœur. Mon cœur, qui bat pour toi, Est rempli de bonheur ! Et si tu n’existais pas, Je t’inventerai. J’ai tellement besoin de toi, Et ça, tu le sais ! Tu es toute ma vie, Tu respires pour moi, Et je suis bien fini, Lorsque tu n’es pas là ! Je ne veux que toi, mon amour, Je veux vivre à tes côtés, Y Rester la nuit et le jour, Alors… Veux-tu m’épouser ? Reine DELHAYE) |
Les
matins bleus |
|
|
Les matins bleus d’impatience Tremblent à la lumière des blés fauchés Les vents coulent, longues processions, dans les torpeurs blotties Les buissons ont peur au pays où je crève pour toi : Mon inconnue fragile La ville rit impudique, néons étoilés Rivière de lumières où les gens s’agitent dans leurs terriers Les trains s’enfoncent dans une nuit fumeuse Colonnes d’espoirs disparaissant dans le brouillard des songes Les chansons s’étouffent vite au pays où je crève pour toi : Mon inconnue adorée Les fleurs troublées par leurs derniers instants Oublient de pavoiser Les images se gèlent dans un dernier concert d’éclaboussures Sur le chagrin irisé Les chiens se font écraser au pays où je crève pour toi : Mon inconnue adolescente Hertia May |
Petit Intermède |
|
|
La voiture
arrivait, bêtement, prenant ses aises , comme si la route lui appartenait .
Le Clif jubilait intérieurement : un client de
choix ! Il bondit hors du taillis, qui , surpris lui lança un coup de griffe,
et se planta au milieu de la route, bien que ce ne soit pas là que ça pousse
le mieux. Enfin, tout le monde ne peut pas être jardinier ! Surprise, la
voiture se cabra et s'arrêta en grondant sourdement. Le clif
s'approcha en se frottant les mains : il ne faisait pas chaud -
Bonjour monsieur, mandargerie départementale ,
coupez votre moteur ,s'il vous plaît ! - Je suis désolé,
monsieur le clif, mais je pense avoir oublié ma
scie, je suis sorti précipitamment ce matin, dit le chauffeur d'un air renault. - hum! ...embarrassant
tout ça ! vous avez les papiers du véhicule. Commençant
à paniquer, le chauffeur répondit - Je ne les ai pas gardés
: la voiture a un an, c'est un cadeau de ma femme , et je ne garde jamais les
emballages ! j'aurais dû ? - Mais
oui monsieur, vous auriez dû ! c'est un délit de jeter les emballages, vous
vous en êtes débarrassé proprement, j'espère ? -
Je les ai mis dans la poubelle, avoua piteusement le chauffeur. - Embêtant,
tout ça ! comment pouvez vous prouver que n'avez
pas volé cette voiture ? - Ah,
ça, c'est facile ! vous avez sans doute remarqué que je suis dépourvu d'ailes
! comment aurais-je pu voler ? je ne suis pas un poulet ! ....Oh, pardon
! - Ce
n'est rien : ça ne mange pas de grain ! mais n'abusez pas de ces réflexions
stupides ! Vos pneus sont limites : vous marchez beaucoup ? - Oui,
je roule pas mal ma bosse , mais ma
roue de secours est en ressemelage chez mon cordonnier, et les autres
suivront sans tarder -
Pourquoi un cordonnier ? s'étonna le clif.
vous n'avez pas de garagiste chez vous? - Si
, mais mon cordonnier fait un meilleur travail : il faut dire que nous avons
beaucoup de routes en lacets , chez nous , alors autant s'adresser à un
spécialiste. - En
tout cas, elle fume aussi beaucoup, votre voiture ! - Oui, je sais : ce sont ces maudits joints,
je lui ai mis des patchs mais l'effet reste inefficace , comme vous pouvez le
constater ! J'ai pris un rendez-vous chez un pneumologue, on verra bien ce
qu'il dira, ajouta-t-il.
- Chacun fait ce qu'il veut, mais moi, je connais
un bon plombier, en Hollande ! conseilla fort courtoisement le clif. - Vous voulez me chanvrer
! Un plombier, pourquoi pas un dealer, temps que vous y êtes ! je n'aime pas
me faire rouler ! Avouez : vous aimeriez bien me voir en pétard ! s'indigna le chauffeur. - Pas du tout, moi, je cherche à rendre service :
le plombier, c'est mon beau-frère, alors, vous voyez ! se justifia le clif. Dites! elle ne fait pas que fumer, votre guinde,
elle tourne sur trois pattes aussi !
Le chauffeur prêta l'oreille, un pli soucieux barra
son front. - Elle
a dû perdre un fer sur cette mauvaise route, grommela-t-il. Il descend du
véhicule et ouvre le capot. Elle s'est foulé une bielle, en plus, on
l'entend se plaindre, et en plus, elle a une mauvaise haleine.
constata-t-il. Vexée, la voiture lâcha un rot lourd de
remugle. Le chauffeur reprit son oreille . - Bon, vous avez assez d'ennuis comme ça, je vous
laisse partir, de tout façon, je ne peux pas vous dresser de contravention,
j'ai laissé mon carnet à souches dans les bois, et à cette heure, il a dû
prendre racine. Allez! circulez ! - T'as vu, cocotte, on l'a bien eu ! dit le
chauffeur à sa voiture après s'être éloigné suffisamment. Il n'a même pas
ouvert le coffre ! plein de joints ! Franck Defossez |
Petite fille |
|
|
Petite fille, joyeusement, gambadait sur les chemins, emplissant ses poumons de l’air vif de sa campagne natale. Soudain, prenant conscience d’un phénomène étrange, elle s’arrêta, contemplant le ciel pur et le soleil qui commençait à descendre sur l’horizon et elle dit à sa sœur interloquée : « Tu entends !?... On n’entend rien ! Pas même un chant d’oiseau, pas un seul pépiement de moineau ! C’est bizarre ! Le silence absolu… » Et elle éclata de rire. Thérèse L. 7/12/2020 |
Page 26 |
MARTIN ET MARTINE |
|
I. AU TEMPS JADIS,
il y avait bien loin d’ici, au pays des Mores, un petit prince qui était
merveilleusement beau. Il était si beau qu’avant sa naissance on avait prédit
que si jamais le roi, son père, venait à le voir, il en perdrait la vue. Le monarque,
qui tenait à ses yeux, fit élever son fils au fond d’un vieux château dans un
lieu désert ; mais l’enfant atteignait à peine sa dixième année,
qu’ennuyé de sa solitude, il trompa la vigilance de ses gardiens et
s’échappa. Il fut
recueilli par un de ces campénaires qui promènent
leur baudet aux quatre coins du monde, en criant : « Marchand de
blanc sable ! » ou : « A cerises pour du vieux
fer ! » Ce campénaire avait une dévotion particulière à saint
Martin. Il donna au petit prince le nom du patron des francs buveurs et
l’emmena partout avec lui. Il voyagea encore quelques années de ce côté,
après quoi il fut pris du désir de revenir au pays de la bonne bière et des
grandes pintes. Ce n’était
point l’affaire du jeune Martin. Le gars trouvait notre ciel trop gris, les
gens de chez nous trop rouvelèmes, je veux dire
trop vermeils, et il se dépitait de les voir ricaner à l’aspect de sa figure
bronzée. Son père
adoptif entrait d’ailleurs plus souvent que par le passé dans les chapelles
dédiées à son patron, et quand il avait récité trop de prières, autrement dit
quand il avait bu trop de pintes, il lui arrivait parfois de caresser à coups
de fouet les épaules du pauvre petit prince. Cela fit qu’un beau jour, entre
chien et loup, Martin le planta là devers Cambrai et s’enfuit dans la forêt
de Proville. Il marcha
jusqu’à nuit close, tant que, rompu de fatigue et mourant de faim, il avisa
une maison isolée. Il y cogna et une jeune fille vint lui ouvrir. « Serait-ce
un effet de votre bonté, dit-il poliment, de me loger pour cette nuit ?
Je tombe de faim et de lassitude. -Comment
vous appelez-vous ? demanda doucement la jeune fille. -Martin,
pour vous servir. -Comme cela
se trouve ! moi, je m’appelle Martine. -Eh
bien ! ma jolie Martine, ne souffrez point qu’un pauvre abandonné passe
la nuit au soleil des loups. -Je ne suis
point jolie, répondit Martine, mais j’ai bon cœur et je voudrais vous le
prouver. Malheureusement, mon père est un ogre et il va revenir tout à
l’heure. » Le garçonnet
fit un pas en arrière. Martine ajouta vivement : « Bah !
entrez toujours. Ma mère est charitable et nous verrons à vous cacher. » Martin
avait une telle fringale qu’il jugea que le plus pressé était de satisfaire
son appétit, quitte à risquer plus tard d’assouvir celui de son hôte. Il
entra résolument. II. La mère de
Martine l’accueillit fort bien, lui donna à souper et lui fit raconter son
histoire. Il finissait à peine son récit qu’on entendit heurter violemment à l’huis. C’était l’ogre qui revenait. Aussitôt sa femme
ouvrit la caisse de l’horloge et Martin s’y blottit. L’ogre se
mit à table et mangea la moitié d’un veau qu’il arrosa de trois grands brocs
de bière brune. Quand il en fut au dessert, il flaira à droite, à gauche, et
se tournant vers l’horloge : « Tiens !
dit-il, la patraque est arrêtée ! -Ne vous
dérangez point, mon père, s’écria Martine. Je vais la remonter à
l’instant. » Mais l’ogre
était un homme d’ordre. Il se leva et alla ouvrir la caisse : « Oh !
fit-il, le joli moricaud ! C’est donc cela que
je sentais la chair fraîche ! » Martine se
jeta à son cou. « Mon
bon père, épargnez-le, je vous en prie. Il est si gentil ! -Il sera
mieux encore, accommodé aux pruneaux ! » répondit l’ogre. Il saisit
son grand couteau et commença de l’aiguiser. - Je
vous reconnais bien là, dit alors sa femme. Notre fille est tantôt en âge de
se marier et, à cause de vos goûts dépravés, personne n’en voudra que le
grand Guillaume. Il nous tombe du ciel un fils de roi dont nous pourrions
faire un gendre. Monsieur n’a rien de plus pressé que de le mettre à la
broche. On n’est pas plus mauvais père ! à suivre CHARLES DEULIN (Contes d’un buveur de bière) Editions de l’écureuil 2 rue Mignon PARIS |
Corinna
160320 |
|
|
Corinna.
Je suis content de la sortir des méandres tortueux de mon passé ; l’œil
mouillé, bras dessus, bras dessous, ce sera comme une
balade amoureuse sous les vieux platanes de l’histoire ancienne. On va
dépoussiérer nos habits de printemps, on va aiguiser nos sourires connivents,
on va ajuster nos pas sur la marelle des ombres et des lumières des grands
souvenirs, et si caresses il y a, ce ne seront que des gestes de grande
tendresse… Corinna.
C’est le genre d’histoire qui n’a pas eu de vraie fin parce qu’un coup de
vent, parce qu’un grain de sable, parce qu’un imprévu, parce que ça ne devait
pas arriver, mais dont je m’ingénie, encore aujourd’hui, à en trouver une
heureuse, au déroulement du temps passant. Et plus je vieillis, et plus je
l’embellis, et ma boîte de Pandore lui est entièrement dévolue. J’ai sorti
les plus beaux bijoux pour l’harmoniser avec ses moues enjouées ; si roi
j’étais, sur ses épaules, je poserais une cape de reine ; si bouffon
j’étais, je n’aurais de cesse de la faire rire ; si manant j’étais, je
lui donnerais toute mon aumône… Corinna.
Il est des rencontres futiles, transparentes, insipides, et
d’autres, extraordinaires, qui vous
renversent ; vous faites tilt ; vous êtes sur le cul et vous ne
savez plus dans quelle direction vous alliez ; le jour, la nuit, le
bien, le mal, le vrai, le faux, le ciel, la mer, le nord, le sud, se côtoient
sans jamais trouver l’équilibre, et Corinna, elle était de celles qui font
perdre la boussole. Les sens en ébullition, elle m’a appris à aimer en chamboulant
toutes mes certitudes de fin d’adolescent. Mélange d’attirance, de curiosité,
de trouble, d’enivrement, d’espoir, de folie, je ne vivais plus que pendant
les horaires d’ouverture du minuscule troquet dans lequel elle bossait. En
dehors, je n’étais qu’une apparence sans avenir, une ombre livrée à la
cruauté de la solitude, un reflet de vitrine, une tête basse et au pas d’un
vagabond. Plus inutile qu’un
parcmètre un dimanche, je me faisais du souci pour elle ; quand
j’étais en mer, je voyais son visage parfumé d’embruns dans les remous du
sillage ; quand j’étais de service, je faisais tout pour me faire
remplacer ; quand j’étais taulard, j’ai appris à me glisser le long des
aussières… Corinna.
Plus que sa pure féminité, son charme latent, sa séduction audacieuse qu’elle
mettait en avant, j’étais subjugué par son aura, toutes ces choses qu’on ne
remarque pas à l’œil nu mais seulement dans l’immense imagination qu’on met à embellir plus encore son
sujet. Oui, sans que je le réalise, elle était ma muse. Si j’avais été un
peintre expressionniste, elle aurait été ma Jeanne Hébuterne ; si j’avais été un poète
romancier, elle aurait été ma Julie
Charles ; sans doute la belle Edie Sedgwick de « Just
like a woman ».
J’avais dressé la réalité pour apprivoiser mes vérités virtuelles… Corinna.
Prénom de bataille ou peut-être Corinne ?
À quoi bon vous parler de ses yeux, de la couleur de ses cheveux, de sa
démarche féline et du galbe de ses mollets ? À quoi bon continuer avec la
blancheur de ses mains, ses sourires de connivence et ses hanches en amphore
de galion secret ? À quoi bon insister avec les jeux incessants de ses
cils papillotants, sa voix mélodieuse et sa poitrine si libre ? Bien
sûr, on avait tous attrapé son virus ; les fiers-à-bras vantaient fort
leurs aventures, les friqués montraient leurs billets devant sa
devanture ; la révérence pour chaque majuscule, les romantiques lui
composaient des lettres de belle écriture. Moi, dans mon coin, quantité négligeable,
que pouvais-je lui apporter de plus que ce que les autres avaient déjà mis à
ses pieds… Corinna. Spectateur assidu, qu’elle soit arrogante,
timide, exagérée, volontaire, surprise, j’étudiais chacune de ses postures,
je me gavais de ses mimiques, j’enregistrais les propos de sa voix
musicienne, et ma corde sensible vibrait tout son hymne. Parfois, je récoltais un de ses sourires de passage et
j’y rangeais tous mes désirs, même les plus inavouables ; parfois, le
nez en maraude, les yeux fermés, je capturais son parfum si tendre et si
capiteux ; parfois, elle posait la main sur mon épaule, comme ça, par
une forme d’amitié noctambule. Alors, j’avais l’impression heureuse qu’un
petit oiseau multicolore s’était posé sur moi. Je n’osais plus bouger ;
c’est comme si j’avais apprivoisé l’arc-en-ciel et j’étais plus fier que tous
les médaillés de l’univers. Il y eut un avant Corinna, il y eut Corinna, et
celui d’après fut naturellement différent, avec d’autres couleurs, d’autres
senteurs et d’autres impressions… « Corinna ?... Corinna ?... Que
deviens-tu, si loin ?... C’est bien toi ?... Mais non ! Tu
n’as pas changé !... Allez viens !... Je m’ennuyais de
toi !... Accroche-toi à mon bras !... Je te parlerai du vent qui
ramène les parfums sensationnels des pays les plus lointains ! Il parait
qu’on entend rugir le Pacifique dans leurs gros coquillages ! On dit
qu’avec une seule brassée de leurs fleurs, on respire le paradis ! Comme deux amants, on va marcher le long du quai
Stalingrad ; on regardera partir les navettes comme si elles s’en
allaient au bout du monde ; on écoutera tous les clapotIs
contre le quai comme si c’était la respiration de la mer ; on se
remplira les poumons avec des intenses impressions olfactives, et on traduira
les parfums de café, de bière, du soleil réchauffant les terrasses. Ici et
là, sur un lit d’algues échevelées, j’ai vu des étoiles de mer ! J’en
cueillerai quelques-unes, ce sera ta couronne de reine ! Et puis, on va
laisser briller la lumière dans nos yeux et cela sèchera mes quelques larmes.
Non, ne referme pas si vite la boîte de Pandore !...
Corinna !...
Corinna !... Pascal. |
Ode aux métamorphoses de
la Lune… |
|
|
Les yeux noirs de la nuit ont mangé le Soleil, Le supplante « Artémis » : premier quartier de Lune, Sur son chapeau corné transhume sans pareil, Promène son troupeau d’étoiles, dans la brune… Attentive bergère à la voûte du ciel, Rassemble ses grains d’or, qui lui font une étole, Merveilleux, scintillant drapé, couleur de miel… De sa métamorphose assurément s’affole L’alentour, la nommant : « Séléné » la splendeur Le sombre Ether soudain laisse éclater sa joie ! Depuis qu’il l’attendait… Craquant sur sa rondeur, En majesté l’accueille et partout l’on festoie Nimbé par sa lumière… Aux prémices du jour : Se termine l’agape, un géant se réveille Hélios clame pour lui, maintenant le séjour ! Guettant le crépuscule « Artémis » au loin veille : Son ultime quartier, le règne qu’elle attend Cette nuit… Bientôt qu’une immuable nouvelle Lune remplacera : d’« Hécate » enfin le temps Cette fois… Lunaison : ronde, course éternelle… NB. Les anciens grecs donnaient à la Lune trois noms distincts : Hécate pour la nouvelle Lune, Artémis (« la grande source d’eau ») pour la Lune croissante et décroissante, Séléné, la très pure pour la pleine Lune. La durée moyenne d’une lunaison est de 29 jours 12h 44 mn et 2 s. Monique Delcroix |
LES HARPIES |
|
|
Définitions : Harpies : Monstres
ailés à visage de femme accoutrés d’un bec crochu et au corps d’oiseau de
proie et dégageant une odeur infecte et nauséabonde qui donne la nausée aux
créatures vivantes. Les Grées : sœurs des
Gorgones, 3 vieilles femmes sans yeux qui n’ont qu’un seul œil pour elles
trois. Furies : Êtres venant
des enfers et y emmenant les créatures humaines. Suite et fin - Ché lé deux gins qu’y z’ont fé appel à vos. Y l’argret’tent ach’teur. Y créyotent pon qu’cha pouvot arrifé. Alorse ! Quo qu’in fé ? - J’arvians ! Elle rejoint ses compagnes. Un dialogue muet a lieu
entre elles sans qu’on puisse les voir se parler. Puis elles arrivent toutes
les trois. Elles se placent devant nous et toujours celle du milieu nous
dit : - Vos connaissez l’situatian ? - Oui ! Mais vous pouvez parler le
français, ces personnes ne connaissent pas trop le patois que nous parlons et
ne comprennent pas ce que vous dites. - Bien ! Comme elles ont joué avec le
feu, elles finissent par se brûler. Mais c’est le feu des Enfers et elles
doivent repartir avec nous. - Je pense qu’elles en sont conscientes,
c’est d’ailleurs pour ça qu’elles sont là. Elles ne veulent plus qu’il y ait
d’autres victimes. - Un instant ! Vous avez une preuve qu’il
s’agit des bonnes personnes ? - Oui ! Prenant le livre des mains
de Madame, je le leur montre. - Bien ! En effet ! Qui possède ce livre
est un danger pour lui et pour les autres. Qu’elles se placent de chaque côté
de moi. Monsieur et
Madame DEMONCHAUX rejoignent les Grées, ils se prennent le bras chacun et
chacune. Un court moment de silence pendant lequel je vois des larmes couler
des yeux de Madame. Je retiens un sanglot. Les voilà qu’ils s’élèvent dans
les airs, rejoignent le toit du Pont des Arts et disparaissent. Je tente
d’avancer, mais sept harpies arrivent sur moi, se posent sur le sol. Je les
regarde et soudain elles prennent leur envol et disparaissent à leur tour. Derrière
moi, j’entends des « Ah ! » et des « Oh ! » car une
chose incroyable vient de se produire. Et sinon que les photos et les films
réalisés le prouveront, nous sortions enfin d’un cauchemar. Mais notre
ahurissement n’était pas terminé : le sol venait de libérer les furies
qui, comme telles, tournoyaient et dansaient, c’est tout comme. Des corps se
matérialisaient sur le sol, là où ils avaient disparu, emportés par les
furies. Puis elles s’enfoncèrent de nouveau dans le sol. On pourra faire des
recherches, on ne trouvera aucune trace de leur passage. Les corps se
relèvent tout doucement, les pompiers accourent pour les soutenir. Les
gendarmes resserrent le cordon. Tout le monde veut être tout près et voir,
voir, voir quoi ? Des gens en bonne santé, ne se rappelant plus de rien.
Seuls les trous laissés par les balles dans les murs et vitres rappellent
qu’il y a eu des coups de feu. Les
services de la ville font entrer les pompiers et les rescapés dans le hall du
théâtre pour qu’ils puissent se remettre avant d’affronter la foule, les
parents, les amis. Monsieur le
Maire, Guy Bricout, prend alors une sage décision.
Réunion dans la salle du théâtre à l’étage pour faire le point de cette
incroyable aventure d’un après-midi de juillet. Confortablement
installé dans un fauteuil, sirotant une bière et fumant enfin une cigarette ;
je n’y ai pas pensé durant les évènements, comme quoi ! Je sombrais
alors dans une semi inconscience, je ne percevais qu’un brouhaha de sons. - Yvon ! Yvon ! - Oui ! Qu’est-ce qu’il y a ? - Tu me le fais ce reportage ? me
demande Gérard, dit Tubonéon. - Allez, on y va. La suite de
l’histoire sur Caudry-Vision, je crois. Au fait, la
résidence s’appelle : Résidence DEMONCHAUX Hector
Melon d’AUBIER 2005 |
Paranormal Sisters Chapitre 7 suite |
|
|
Comme d’habitude, elle la regarda très longuement, lui parlant, espérant voir un signe si minime soit-il, laissant supposer un retour à la vie de sa jumelle. Tara s’apercevait très bien du changement physique de sa sœur. Son visage se durcissait de jour en jour, son corps flétrissait. La jeune femme avait l’impression que Cendra vieillissait à la vitesse grand V. Mais elle y croyait encore et cela la rassurait. Elle remonta une fois encore les couvertures sur la chair maigre de Cendra, l’embrassa sur le front et sortit de la chambre. Elle croisa dans le couloir une infirmière qui la salua, elle se dirigea vers l’ascenseur qu’elle prit et quitta l’hôpital. Elle marcha lentement vers sa voiture, dehors elle respira à pleins poumons l’air frais. De retour à son immeuble, en haut des escaliers elle se trouva nez à nez avec Amélie qui l’attendait. - Tu es partie de bon matin, dis donc ! - Oui je reviens du centre hospitalier, tu caches quoi dans ta veste ? Demanda Tara en ouvrant la porte. - Je t’ai ramené un cadeau. Dit Amélie en sortant de son gilet un chaton blanc et gris. - Momm qu’il est mignon ! Mais pourquoi tu m’offre un mistigri. - J’ai pensé que tu étais seule et qu’il pourrait partager ta solitude. - Il est beau mais pas très gros ! Est-il vacciné ? - Euh non… En fait je ne l’ai pas acheté. Rétorque Amélie. - Toi tu me caches quelque chose. - Je l’ai trouvé en bas de ton immeuble, il ne faisait que miauler lamentablement. Tu vas le garder hein ! Moi je ne peux pas tu le sais à cause de mon proprio, sinon je l’aurai adopté. - Oui, je le garde, mais il va falloir que j’aille acheter de la litière et des croquettes maintenant. Tu exagères Amélie, tu sais. - Donne-lui du lait en attendant. Je te laisse j’ai rendez-vous chez le dentiste. À plus tard. N’oublie pas de lui choisir un nom. Tara nomma le chaton « p’ti chat ». Pas très original mais cela lui convenait très bien. Après avoir bu son lait, P’ti chat se coucha sur le fauteuil du salon et s’endormit. - Au moins tu es sage toi. Je te laisse, je vais préparer le déjeuner pour nous deux. « Je parle au chat moi maintenant, de mieux en mieux. Pensa Tara. » Alors que la jeune femme cuisinait, elle fut surprise par les cris effrayés du chaton. Elle se précipita pour apercevoir P’ti chat les poils hérissés sur le dos, toutes griffes sorties, soufflant et crachant comme un damné contre un ennemi imaginaire. Tara regarda de tous côtés, il n’y avait absolument rien qui puisse apeurer l’animal. Malgré tout pas trop rassuré, elle prit son arme dans le tiroir du guéridon ou elle le rangeait et fit le tour de l’appartement. Il y a quelqu’un ? Aucune réponse, elle regarda
au Juda de la porte d’entrée… rien. Elle s’inquiétait une fois de plus
inutilement. Quant à P’tit chat, il se calma de lui-même au bout de quelques minutes. - Et bien qu’est-ce qu’il t’arrive minou ? Demanda Tara. Sachant que bien évidemment le chaton ne tiendrai pas conversation. Quant à lui, il se rendormit tranquillement. L’après-midi, la jeune femme
enfila une veste, un orage se déclarait, elle n’avait pas l’intention de
rentrée mouillée. Elle voulait se rendre à la supérette du coin pour acheter
des provisions mais surtout le nécessaire pour son nouvel ami « P’tit
chat ». Au moment de rentrer chez elle, il lui prit l’envie d’aller expliquer à Amélie le comportement du chaton quelques heures auparavant. Tara pénétra dans la quincaillerie. Amélie était perchée sur un escabeau et ranger quelques cartons. - Bonjour Amélie. Dit Tara en regardant le haut de l’échelle. - Ah ! C’est toi. Rétorqua Amélie en se retournant. Tu reviens de l’hôpital ? Tara n’eut pas le temps de répondre que l’escabeau se mit à trembler curieusement faisant chuter la jeune femme. Amélie s’écrasa au sol l’escabeau sur elle. - Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu as perdu l’équilibre ! Dit Tara essayant de relever son amie. - Non, tout s’est mis à bouger tout à coup, de la même façon que si quelqu’un cherchait à me faire chuter. Expliqua Amélie gémissant de douleur. Je crois que mon pied est cassé. Ameuté par le vacarme, l’oncle et patron de la blessée accouru. - Que s’est-il passé ? s’écria celui-ci répétant les mots de Tara et voyant sa nièce au sol. Tu aurais pu te tuer Amélie. Tara lui raconta toute l’histoire et
conseilla d’appeler les pompiers. Un quart d'heure à peine plus tard, ceux-ci
d'emmener Amélie au centre hospitalier. Tara suivit en voiture. Effectivement, Amélie avait le pied cassé, elle quitta l’hôpital avec des béquilles, le pied plâtré. Tara se chargea de la ramener chez elle. Tara restait silencieuse et pourtant son cerveau cogitait à cent à l’heure. Encore des accidents similaires autour d’elle, à chaque moment une chose anormale avait lieu. Le garagiste, une rallonge électrique qui se tend, des conducteurs perdant le contrôle de leur véhicule. Une pancarte qui s’envole sans souffle de vent. Une échelle qui tremble seule, sans compter l’accident dans la piscine. - Ça va Tara ! Demanda Amélie. - Excuse-moi, oui ça va, mais j’ai de plus en plus peur, tous ces malheurs depuis une période me déstabilisent énormément, je n’arrive plus à dormir tant cela me trotte dans la tête. - Je n’osais pas t’en parler, mais moi aussi je suis inquiète. - Je vais te déposer et rentrer, demain je passerai te voir après avoir été faire des achats. Si tu as besoin, appelle-moi ! Tara aida son amie à entrer chez elle et après l’avoir embrassé elle rentra à son appartement. Le lendemain comme prévu, Tara qui voulait s’aérer le corps et le cerveau prit la direction du marché, il se trouvait à dix minutes de l’immeuble et une belle journée ensoleillée se préparait. Aussi c’est avec un réel plaisir qu’elle prit la première allée, elle s’attarda au magnifique étalage coloré des fruits. Elle avança vers celui des primeurs ou les poivrons et les courgettes côtoyaient les carottes et les tomates qui laissaient une jolie touche de couleur sur l’étal. Elle acheta quelques légumes, admira un stand de bijoux et d’objets décoratifs divers. Elle se dirigea ensuite vers un marchand de vêtements, elle regardait une robe lorsqu’une voix la fit sursauter. - Bonjour Tara, cela fait bien longtemps. Tara se retourne pour s’apercevoir que c’est une ancienne voisine qui la salue. - Bonjour madame Lecouve, oui cela fait un moment. Comment allez-vous ? Bien qu’elle ne l’ait jamais beaucoup estimé, Tara fit contre mauvaise fortune bon cœur. Madame Lecouve était une personne par trop médisante. Elle aimait surtout s’occuper des commérages des voisins et n’hésitait jamais à donner son avis. Toujours mal fagotée, elle portait une robe fripée et ses chaussures n’avaient surement pas été nettoyées depuis des années. Elle tenait un sac à main qui avait incontestablement plus de 10 ans d’âge, sans parler de sa coiffure, elle avait certainement perdu sa brosse à cheveux depuis longtemps. - Je vais bien Tara merci, quoi de neuf ta sœur est toujours dans le coma ? - Oui, nous espérons qu’elle en sorte. - C’est sûr, rétorqua la mégère, mais c’est bien de sa faute, elle n’était qu’une petite délinquante ta jumelle. Et je ne parle pas de ses amis. - Elle ne mérite pas cela malgré tout. Répliqua Tara maintenant énervée. Non ! Cendra ne méritait pas d’être dans le coma. - Elle en a quand même bien fait voir à tes parents. Pas comme toi, toi tu es dans la gendarmerie n’est-ce pas. - Peut-être ! Mais la punition est très dure, vous ne croyez pas ! - On a ce que l’on mérite, ma petite Tara. Tara préféra couper court à la discussion avant de lui envoyer à la figure ce qu’elle pensait d’elle. Regardant sa montre, elle prétexta un rendez-vous, si elle avait pu elle aurait étranglé cette ignoble femme. Elle quitta le marché, déçue de devoir abréger sa promenade à cause d’une personne aussi malsaine. Elle rentra donc chez elle, déjeuna et s’installa à son bureau avant d’aller rendre visite à son amie. Elle ouvrit son ordinateur, lut ses emails, répondit à quelques-uns lorsque la sonnette retentit. « Tient ! se dit- elle, c’est peut Lilian cela fait un moment que je ne l’ai pas vu.» Le jeune homme était parti faire une exposition de plusieurs jours en Belgique. Tara se leva de son siège, et se dirigea vers l’entrée et se retrouva nez à nez avec Amélie. - Que fais-tu là ? Tu ne devais pas bouger de chez toi. - Tu me laisses sur le pas-de-porte ou j’entre. - Excuse-moi, mais je ne m’attendais pas à ta visite, répondit Tara. Comment es-tu venue? - En taxi. Amélie pénétra une béquille dans chaque main et se laissa tomber dans le divan. - Alors tu as appris la nouvelle ? - Quelle nouvelle ? - Ton ancienne voisine a eu un accident… Madame Lecouve c’est ça ! Tu sais celle que tu n’aimais pas. Tara, tout à coup, tremblait de tous ses membres, elle palissait à vue d’œil, ce qui n’échappa pas à son amie. - Tu n’es pas bien ! Tu es toute blanche. - Bon sang ! Dis-moi ce qui s’est passé ! Explosa Tara. - Du calme ! Il parait d’après une personne qui l’avait aperçu quelques minutes avant, qu’elle avançait la tête baissée, vraisemblablement cherchant quelque chose dans son sac. En traversant, elle n’aurait pas vu une bouche d’égout dont un idiot s’était amusé à soulever le couvercle. à suivre MARTINE
GRASSART-HOLLEMAERT |
LE TUNNEL DU TEMPS |
|
|
Suite du 66 Les passagers se trouvaient ainsi dans le plein espace,
le temps d’un éclair. Puis des lampes au fludiol s’allumèrent multicolores et zébrèrent l’espace
de rayons verts, bleus, jaunes et rouges, disparaissant au loin comme des
chemins vides. Les particules cosmiques
éclatèrent alors comme des pluies de feux d’artifice se croisant en
une variété de couleurs blanches , violettes ,pourpres ,oranges ,etc. Telle
une immense scène de théâtre quand un éclair rencontrait la fusée pendant une
durée assez longue pour que les passagers puissent apercevoir le ciel .Dans
la « ville volante », les loisirs s’organisaient, les astronomes
étudiant les astres , le spiritologue Zéraz Polianth
émerveillait un public réceptif avec ses tours de magie . Max Vanderlad , le prof de judo initiait des amateurs à la
self-défense et avec un plaisir évident fit mordre la poussière à Adgi Cordoba : hercule bantou , secrétaire de l’humanologue Boroïev . Les journalistes Chantal Orékèt
et Greg Hassan s’affrontaient aux
échecs cubiques .Une troisième dimension avait été rajoutée au jeu classique.
Blav Lindston passait son
temps dans les couloirs extérieurs et comptait les étoiles derrières les
hublots, guettant au passage les savants faire leurs relevés de spectres
d’étoiles et de planètes. Au cadran de la salle commune, il était 22 heures
.L’horaire terrien était préservé à bord d’Emeraude V .Cette salle, tout à
l’heure bondée de passagers se trouvait désertée sauf quelques dort-tard
enfoncés dans de confortables fauteuils et lisant de tout. Blav Lindston absorbait son
cocktail par petites gorgées. Il faut croire qu’il admirait la couleur
turquoise de son nepto-lac, mélange d’un quart de Xerros ,
d’un quart de Coriante et d’un demi de vieux pastis ; tant son regard
suivait les bulles qui se brisaient à la surface à la manière d’une
résurgence d’eau chaude dans certaines contrées du monde de la Terre . Il se
leva lentement, d’un air absent et sortit .Il suivit le couloir pour se
retrouver devant le labo des physiciens .Il entra, le professeur Uwe Von Fragten travaillait encore. « Bonsoir,
Prof ! » . –« Bonsoir », répondit le professeur assez
distraitement. --« Voudriez-vous, prof, m’expliquer le principe
du luminon , cette matière qui se transforme
en lumière ? ». --« Mais avec plaisir, monsieur Lindston . Vous savez qu’un atome est formé de
neutrons d’électrons et de protons ? Et la lumière de photons .On a donc
pensé qu’ »on » pouvait créer des éléments nouveaux en remplaçant
les neutrons par des photons. Il a fallu, pour ce faire, utiliser des
cyclotrons doués d’une puissance de
plusieurs dizaines de milliards de kilowatts. Ces éléments sont appelés les luminoïdes .Nous connaissons le luminon
, le fludiol ,le dégammon correspondant à l’hydrogène employé comme
source d’énergie ; l’oxinon : gaz
lumineux ; le ferron utilisé dans la
construction d’objets métalliques ; le carbanon :
combustible très incandescent ; et bien d’autres ! Ces luminoïdes se combinent ensemble : le didégammonoxison qui correspond à l’eau n’est pas
lumineux, mais se présente sous forme d’une poudre rouge servant d’excitant
en chirurgie .En outre, les luminoïdes se combinent
aux atomes. Ex : le Dg2O est un liquide jaune utilisé grâce à sa
phosphorescence pour détecter les sources souterraines. Le H2Ox, par contre,
est un solide cotonneux bleu, mais se
colorant facilement .C’est le principal isolant des combinaisons spatiales.
Comme vous le voyez, ils ont de nombreuses applications. Le luminon , sous l’effet d’un catalyseur ( le l’hétylile) se décompose .Les électrons et les protons se
détachent des photons ,mais par autoattraction
restent à quelques centimètres … » --« moi, mais les photons disparaissent et la
fusée continue … » --« …La fusée suit les photons, tout simplement «. Blav Lindston satisfait ,prit congé du professeur .Blav pensa qu’il n’avait plus qu’à aller se coucher .Les rideaux noirs avaient été tirés devant la porte de la cabine ,il entra et vit dans le lit qui n’était qu’un dispositif de coussins d’air, une gracieuse femme étendue : la sociologue Eva Cordan admirable dans une légère chemise de nuit en tétraacétaîde de vinyloïde transparent .A la lueur verdâtre d’une lampe au fludiol , cette chemise l’enveloppait vaporeusement . Il s’était trompé de cabine ! Après s’être laissé quelque peu envoûté, il quitta la chambrette sur la pointe des pieds et regagna la sienne .Il ne put s’endormir, il sortit dans le couloir : ce dernier était vide, les ténèbres y régnaient .Heureusement, il avait sa torche .Les lumières des étoiles n’étaient pas suffisantes pour traverser la coque de la fusée .Le système solaire tourbillonnait dans le lointain comme un manège ou une toupie. Quelques rayons d’une pâleur lugubre se découpaient dans l’obscurité et sectionnaient sur la cloison phosphorescente des linceuls blafards .Un léger craquement le secoua, ses chevaux se dressèrent .Le bruit suivit le couloir et se fondit peu à peu. L’inconnu marchait dans la salle des machines. Blav s’avança, une ombre se faufila dans l’encadrement de la porte, il entendit des grésillements, des hoquetements et un déclenchement sec .L’ombre glissa vers lui et Blav se sentit soulevé du sol et se retrouva allongé sur le dos dans un chaos d’ombre .Une lampe rouge clignota et un signal retentit. Se relevant tant bien que mal, il vit s’ouvrir une porte et dans la faible clarté, une patrouille l’agressa de prestations. Des spécialistes vérifièrent les dégâts : le
modulateur électrique déréglé, un
compas spatial bloqué et le radar abimé. Déjà la patrouille entrainait
Blav dans la grande salle où tout le monde le
contempla d’un air grave. Svan Vinovitch ,chef de la sécurité d’Emeraude V ,
l’apostropha avec colère : « Mais qu’espériez-vous de la perte de la
fusée ? » --« Vous voulez dire que je suis le responsable de
cet joli travail ? » --« Nous vous avons pris en plein
délit ! » --« Laissez-moi vous expliquer ! ».Déjà,
les gens l’agrippaient, certains crièrent : « Mais qu’est-ce qu’on
attend pour jeter cet individu dans l’espace ? » .Ces idiots
l’auraient fait si le commandant n’était pas intervenu. »Laissez-le
d’abord raconter son histoire ! ». --« Ce soir, j’ai rendu visite chez le professeur
Von Fragten , il m’a aimablement expliqué le rôle
du luminon … ».Le professeur agita la tête
d’un air affirmatif . »Je suis retourné dans le couloir, pénétré par
erreur dans la cabine de mademoiselle Eva Cordan
__Veuillez m’en excuser ___Elle dormait déjà, mais je peux dire et j’espère
qu’elle ne m’en tiendra pas rigueur, qu’elle portait une chemise de nuit en tétraacétaïte de vinyloïde transparent … » .Les voyageurs eurent
du mal à dissimuler un sourire venu naturellement sur leurs lèvres. Eva Cordan rougit sous les regards amusés .Néanmoins, elle
eut le front de reconnaître la vérité. Voyant que son alibi était
infaillible, Blav poursuivit. « Je me suis
couché, puis ne trouvant pas le sommeil, je suis sorti dans le couloir .J’ai
entendu un grincement et ai vu une silhouette se faufiler jusqu’à la salle des
machines .Après quelques grésillements, l’inconnu s’est jeté sur moi et m’a
projeté au sol. Ces messieurs sont alors intervenus. ». Néanmoins, Blav fût enfermé
.Les mécaniciens se mirent à la réparation des objets faussés. Rikaï Andero vint faire son rapport
au commandant. Il semblait inévitable d’atterrir : il n’y avait pas
d’alternative ! »Il faut se poser le plus vite possible pour éviter
une collision avec les météorites énormes qui circulent dans ce secteur en
pleine expansion planétaire. »Le commandant se rendit au carré
.Puis Dagjer Minson, le chef
de sécurité Svan Vinovitch,
l’officier de bord Adsen Oglavl et des navigateurs l’y rejoignirent .Des
cartes spatiales furent déroulées, les planètes étudiées au spectromètre .Les
archives photographiques de l’astronef jonchèrent les tables .L’équipe
s’affaira tout autour .Une planète adéquate fût enfin choisie .Un navigateur
sortit les cartes perforées d’un ordi, il énonça d’une voix distincte : « Atmosphère d’oxygène, d’azote, de vapeur d’eau,
d’anhydride chromique, de chlorure ferrique, pas de trace de gaz
carbonique ! Température : 20°C, végétation avancée mais pas de
civilisation, pesanteur moindre que sur la Terre, g = 5,6. Soudain, les
détecteurs d’ondes rugirent. Ces signaux s’amplifièrent jusqu’à un sifflement
insupportable et sur l’écran : une image grandissait, effrayante.
« Un météore ! ».Dans un halo qui le rendait encore plus
sinistre, il s’approchait de la fusée. Sur tous ces visages, l’émerveillement
avait fait place à un désespoir prégnant. Le compas déréglé, les ondes de
choc ne pouvaient plus être utilisées
. Le pilote ne pouvait tenter qu’une manœuvre directionnelle qu’à la
dernière seconde. Des passagers
voulaient se précipiter dans les fusées de secours. A quoi bon, pour
mourir de toute façon, mieux valait le
faire ensemble .Dans ce voyage vers l’aventure, la mort prochaine les avait
rendu tous amis ! Tous ne se trouvaient pas dans la salle, mais tous
participaient aux derniers instants. De profonds cratères et des cavernes
mouvementées cicatrisaient la surface de l’astre errant. Ses montagnes de
cristal resplendissaient sadiquement. Il éblouissait ceux qu’il allait tuer ! Chantal
voulait figer ses derniers instants dans les bras de Greg Hassan .Leur baiser
en fût plus passionnel .Le sifflement devint intolérable, tout le monde ferma
les yeux instinctivement. Le choc ne venant pas, on se risqua à regarder : le météorite s’était
volatilisé dans une explosion avant le choc prévu avec la fusée. Des débris
planèrent un moment dans l’espace immédiat. Le mécanicien Ho-Tsou-Yong, resté en bas jusqu’ alors, surgit avec
triomphe. Il était sorti en scaphandre et tiré sur le bolide .Il brandissait
avec joie, son pistolet à rayon laser
.Héros du jour, il fût moult fois
congratulé. On n’en perdit pas
pour autant de vue les manœuvres d’atterrissage .La fusée déréglée,
par plusieurs fois passa en-dessous de la vitesse de la lumière. Les moteurs
stoppèrent .La fusée balança et présenta sa partie inférieure à l’attraction
planétaire. Les rétrofusées allumées, la planète grandit par les hublots.
D’immenses forêts jaunes, rouges, brunes bleues et vertes paonnaient
au soleil de cette terre. Une clairière minérale jaune s’ouvrait comme
une plaie. Une
mer rougeâtre semblait lécher le pied
des arbres. L’atterrissage fût amorti par les pieds télescopiques .Les hommes
déchargèrent quelques véhicules à l’aide de poulies .Dagjèr
alluma un visiophone devant lui, sembla demander conseil à Scott
Birman : « Bon, j’envoie une patrouille de reconnaissance. Patrouille
J-L-U, soyez prêts dans 5 minutes ». La dite expédition partit en
terraplane : merveilleux engin à coussin d’air. Le nouveau monde était une vieille planète rongée par endroits par l’érosion de multiples ruisseaux .Les
cinq éclaireurs s’enfoncèrent dans la forêt .Les écorces prenaient un aspect
métallique et aquatique à la lumière verte
du soleil .Les plantes s’entremêlaient dans un désordre artistique,
la planète méritait bien son surnom de
Jungle du Ciel ! --« Regardez ces roches ! » s’écria Jorga Dal .Le terraplane s’approcha de ces roches où un
filon jaune et métallique brillait de mille feux. « Des
cristaux d’or massif, très rares de cette grosseur ! », répondit Dzor Vénol en en examinant un.
Ils en ramassèrent plusieurs échantillons. A suivre Hertia May |
L’ANTICHAMBRE |
|
|
Jean
Philippe, c’est un brave homme, la quarantaine, svelte, sportif, doué d’une bonne
intelligence. Il réfléchit plus vite que son ombre, paraît-il. Cependant, ce
jeudi soir de novembre, il n’a pas vu venir l’accident. Le soir tombait à
peine, il pleuvinait et sa voiture s’est déportée sur la gauche et il a fini
sa course dans un camion chargé de betteraves. Sa voiture s’est encastrée
dans l’avant du camion et il sombra dans un profond coma. Lorsque les
secours sont arrivés, il était toujours coincé, inconscient dans son
véhicule. Après sa désincarcération, il fut emmené au Centre Hospitalier où
son état fut jugé très grave. Cela faisait
cinq jours qu’il se trouvait en réanimation aux urgences et qu’enfin il
reprit conscience. Mais il ne
comprenait pas où il se trouvait. Il se souvenait à peine de l’accident, se
demandant ce qu’il lui était arrivé. Il regarda
autour de lui. Il était seul dans une petite pièce. Debout, au milieu. Il n’y
avait ni porte ni fenêtre. - Mais où suis-je donc atterri ? se demanda-t-il. Il tournait
sur lui-même, mais ne voyait que des murs blancs. Levant les yeux, il vit le plafond également
blanc ; baissant les yeux, il s’aperçut que le sol était de la même
couleur uniforme. -Mais où diable suis-je donc ? Il se mit à réfléchir et s’arrêta de
tourner. Et
cette fois il eut l’impression que c’étaient les murs qui tournoyaient. Ils
tournaient, tournaient … Si vite qu’il se sentit défaillir et tomba à même le
sol, inconscient. Lorsqu’il se
réveilla, il scruta autour de lui et vit enfin une porte. Il se leva et se
dirigea vers elle. Il n’y avait pas de poignée. Il la poussa et celle-ci
s’entrouvrit. Il distingua une autre pièce, plus grande. Il entra. Appuyée
contre un mur, il aperçut une jeune femme assise, tenant ses genoux dans ses
bras. - Bonjour ! s’adressant à elle. Elle leva
les yeux, le regarda tristement, puis un sourire se dessina sur son visage. -Bonjour ! dit-elle dans un
souffle. - Qu’est-ce que vous faites ici ? - Je ne sais pas ! Et vous ? - Je n’en sais rien. J’arrive. Vous êtes là depuis
longtemps ? - Depuis hier, peut-être. Depuis une heure, une
semaine, un mois. Je ne sais pas. - C’est bizarre ce lieu. Il n’y a pas de fenêtre,
la porte par où je suis entré a disparu. Il fait clair comme en plein jour et
il n’y a pas d’éclairage. - Vous l’avez dit, c’est bizarre. - Comment vous appelez-vous ? - Mylène, et vous ? - Moi c’est Jean Philippe. On m’appelle Jean-Phi.
Mais il y a bien longtemps. - On va rester longtemps ici ? - Je ne sais pas. Brusquement,
il fit noir. Ils ne parlèrent plus. Jean-Phi tenta de percevoir des bruits.
Rien, le silence complet. Combien de
temps resta-t-il ainsi, il n’en sait rien. Même lorsque la lumière revint. Une porte
vient de s’ouvrir, un homme entre. Il n’est pas difficile à Jean-Phi
de découvrir la profession de cet homme. À coup sûr un prêtre. Mais que
vient-il faire ! Donner l’absolution ? - Bonjour mes…. Amis ! Que faites-vous
ici ? -Bonjour, réplique Jean-Phi. Nous n’en savons rien. Et si vous êtes dans le même cas que nous,
nous sommes trois à l’ignorer. Cette
boutade devait servir à détendre l’atmosphère. Mais rien n’y fit. Mylène
restait toujours prostrée et le nouveau venu se présenta alors. - Je m’appelle Jean et vous ? - Moi, c’est Jean-Phi et voici Mylène. Ce serait
mentir que de dire qu’on vous attendait, mais on espère un éclaircissement
sur notre situation ? Vous paraissez être dans le même cas que nous. - Effectivement, j’arrive et ne sais rien de ce
que je dois faire ici. La lumière
s’éteignit de nouveau et le silence s’installa lui aussi. Puis un homme
apparut après le retour de la lumière. - Qu’est-ce que vous faites ici ? Et
pourquoi on m’envoie ici ? dit-il d’une voix sèche et dure. Mylène ne
dit mot. Jean le dévisagea et Jean Phi tentait de percevoir le métier de cet
homme. Pas facile, mais il avait le temps. - Ma tête
ne vous
revient pas ? renvoie-t-il à Jean en se dirigeant vers lui. - Si, si ! J’ai la vague impression de vous
connaître. - Et alors ! Je vous demande l’heure qu’il
est. Instinctivement,
Jean releva sa manche, Jean-Phi en fit tout autant, quant à Mylène, elle fixa
le mur devant elle dans l’espoir d’y trouver une horloge.
à suivre Hector
Melon d’AUBIER |
|
|
|
|
|
|
|
|
EDITION |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|