SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°71
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BD HARDUIN d’AMERVAL n°1 à 63
Illustration BD : ODILON page 2
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PATRICK MERIC
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JEUNE-HUMOUR-PATOIS
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L’Absinthe page 3
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Jean Luc MENET |
CALE
en BOURG page 3
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Gérard ROSSI |
Viv’ el Bière du Nord page 4
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Léonce BAJART |
AMUSERIES page 4
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Jean-François SAUTIERE |
Les RATS et Pensée page 5/8&9
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Hector MELON d’AUBIER |
NECROLOGIE
page 6
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Jean CASTEL. |
Si j’avais le Courage page 6
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Patrick VENTURE |
ADULTES |
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Un Repos page 4
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PLUIES NEUVES |
MELANCOLIE
de la Nuit page 7
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Lindsay POTENCIER |
Douloureux
Amour page 7
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Delphine W. |
EAU page 7
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Henri LACHEZE |
FLEUR page 7
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PASCAL |
C’est
de CAUDRY page 8
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Henri Kléber
GOBRON |
En ce temps-là
page 9
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Bernard SIMON |
Palette d’Hiver Page 9
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Jean-François
SAUTIERE |
Toutes Folies et Réjouis.
& L’Eclair de Vie Page 9-14 |
Saint
HESBAYE |
Lutte pour l’Espoir Page
10 |
Jean-Marc RIVAUX |
Dis-moi l’Ami & Les Pensées page 6-10 |
Thérèse LEROY |
Cher EUGENE page 11 |
Marie-Claude
GOTRAND MEURIN |
Mon Village &Je veux vivre Aujourd’hui page 11/12 |
Trait
d’UNION |
Ode à la Lune page 12 |
Gérard
ROSSI |
Faire carrière et Syndrome page blanche page 13/15 |
Trait d’UNION |
Mon
cher petit fils page
13 |
Daniel CARLIER |
La forêt qui chante page 13 |
Reine DELHAYE |
ORANGE SANGUIN page 14 |
Dominique
DOLAY |
Je suis en vie page 15 |
Georges
GAVE |
Lettre à MADOUCE page 16 |
Maria
DUHIN CARNELOS |
Ballade Féerique page 16 |
Julien
BURY |
Auto-Portrait à la Lune page 17 |
Robert
BRETON |
On ira très loin page 19 |
MALAURIE |
Ma rivale, la lune page 21 |
Denis
MYRIAM |
NOUVELLES
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Les Mamans page 17 |
PASCAL |
Révélation page 18&19 |
Frank DEFOSSEZ |
Paranormal sisters page
20&21 |
Martine GRASSARD-HOLLEMAERT |
Le Tunnel du temps
page 22/23&24 |
HERTIA-MAY |
DIVERS
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Salon du Livre d’Occasion 3°de
couverture |
OMC |
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LE COMITÉ DE LECTURE DE LA CAUDRIOLE ET
L’OFFICE MUNICIPAL
DE LA CULTURE DE CAUDRY VOUS PRÉSENTENT
LEURS MEILLEURS VŒUX
DE SANTÉ ET DE SÉRÉNITÉ POUR LA NOUVELLE
ANNÉE 2024
L’Absinthe |
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L’aut’ jour, j’tos au bistrot pou y déquinte eun’ pinte Aveuc mes comarat’s Anatole et Lucas. Mais i minquot Gaston ; li, ch’est vraimint eun cas : Il est toudis in r’tard… Tout d’eun cop, v’là qu’i rinte. In l’ravis’ du coin d’l’eul. Il avot les mains jointes, I trannot comme un jon’ qu’i’a eu s’certificat. « J’sus l’pus heureux des homm’s, qu’i disot. J’ai six cats ! ». Nous aut’s, in a pinsé qu’i’avot bu trop d’absinthe. Mi aussi, j’ai des cats, des glain’s et des lapins. J’in fais pas eune histoir’, j’in pale pas aux copains. Pas d’vant m’télé, j’dis pas qu’ej’ sus eun cinéphile. Pis d’eun cop, j’ai r’trouvé tout’ em’ lucidité : Ch’ t’homm’-là, il arvénot juss d’el’ maternité ; Jessica, ch’atot l’nom qu’i’avot donné à s’ file. Jean-Luc Menet |
Cale en bourg |
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Ce genre de calembour Qui cale en ville, comme au bourg, Peut encore avoir de beaux jours Si on arrive à ne pas caler et être à la bourre ! L’émoi, avec les mois : après Avril… Mai ! « Il m’est joint Juillet ! Ou… Septembre, Mais Août Va comprendre Saucisson Les jeunes, filles comme garçons, Sont en manque de bruits : Ils deviennent sots, si son… N’est pas maxi dans les discothèques aujourd’hui. Mariage On a presque tous un conjoint. En un seul mot : c’est supportable ! Mais en deux mots, cela l’est moins. Heureusement, rien n’est irrémédiable. Gérard
Rossi |
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Viv' el bière du Nord |
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–Sur l'air de « Chevaliers
de la table ronde Goûtons voir si le vin est bon... » Mes amis caintons à la ronde L' bièr' du Nord c'est in vrai régal Aveuc inn' brune o bé inn' blonde C'est in bo plaisi sins égal Un demi c'est fameux Inn' boutelle incor' mieux ) L' bièr' du Nord comm' c'est délicieux ) bis Ia longtimps vos povez m'in croire Equ' dins l' Nord ia des cabarets Pou aller bé rire et bé boire Boir' d'el bière et cainter l' couplet Du diminche au simm'di L' bière al couleut toudis ) L' cabaret c'éteut l' paradis ) bis Parmi tous les bons buveux d' bière Gaimbrinus c'éteut li l' pu fort I vidieut inne marmite intière D'in seul co sins mett' sin nez hors Et pour li boir' par nuit Savez-vous ce qu'il fit ) C'est al cav' qui metteut sin lit ) bis Si dins l' Nord in a cair l'ouvroche In sait prinne aussi d' l'amus'mint Pour no-yer tous les arnicroches I feut boire in co bé souvint I feut prinn' du plaisi Du plaisi tint qu'in vit ) C'est du bé qu'in s' fait quind in rit ) bis El bière c'est utilitaire Ça fait pisser ça donn' du lait C'est l' boisson l' pu populaire C'est bé fraich', ça mousse et ça plaît Quind aveuc des amis In va boire in bo d'mi ) El bièr' c'est l' plaisi des ch'timis. ) bis Léonce Bajart |
AMUSERIE |
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Quelques apophtegmes Les moulins, c’était mieux à vent ? Quand on voit beaucoup de glands à la télé,
faut-il changer de chêne ? Si le ski alpin… qui a le beurre et la
confiture ? Je m’acier ou je métal ? Que fer ? Un prêtre qui déménage a-t-il
le droit d’utiliser un diable ? Est-ce que personne ne trouve étrange
qu’aujourd’hui des ordinateurs demandent à des humains de prouver qu’ils ne
sont pas des robots ? Est-ce qu’à force de rater son bus on peut devenir
ceinture noire de car raté ? Est-ce qu’un psychopathe peut être embauché comme
psychologue chez Lustucru ? Si Gibraltar est un détroit, qui sont les deux
autres ? Lorsqu’un homme vient d’être embauché aux pompes
funèbres, doit-il d’abord faire une
période décès ? Je n’ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la
journée sans tabac, alors que le lendemain c’est le
premier joint. JFS |
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LES RATS |
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Les éternels râleurs – et Dieu sait qu’ils
sont nombreux dans ce pays ! – se plaignent que les grandes villes, et
principalement la capitale – soient infestées par les rats. Or nous
savons que le rat, d’après Einstein, est un animal très intelligent
qui, s’il parlait, dominerait le monde. Il conviendrait donc de se réjouir
que le royaume du Marquis de Morveux d’Enarque soit devenu le domaine des rats.
J’admets cependant que, dans un pays qui va à vau-l’eau, où plus rien ne
fonctionne normalement, il soit difficile de comprendre quels sont les bons
et les mauvais rats. Je vais donc (tenter de) vous expliquer tout ça
de façon didactique. À la fin, vous n’aurez sans doute RIEN compris. Ce n’est
pas grave !!! D’ailleurs on ne nous demande pas de comprendre ! Sur ce petit territoire – réduit à un
hexagone depuis sa piteuse décolonisation – vivent des Rats-Cistes
lesquels ne font aucun effort pour cohabiter avec de nouveaux arrivants, de
plus en plus nombreux, les Rats-Tons dont les enfants sont, très
majoritairement, des Rats-Cailles. Pour faire simple et rester dans la
logique binaire (ou la société de « bisounours »)
vue par une gauche « humaniste » les Rats-Cistes sont les
méchants, et les Rats-Tons les gentils. Jusque là
vous me suivez ? Tant mieux ! Mais voilà que ça se complique : Les Rats-Tons
et les Rats-Cailles, qui pratiquent une belle religion « de
tolérance, d’amour et de paix », détestent les Rats-Bins et leurs ouailles. En fait, ils ne tolèrent que ceux qui pratiquent la même religion
qu’eux, celle prêchée par l’imam Rat-Dical (dont
le nom véritable semble être Rat-Hat-Loukoum, mais je n’en suis pas
certain). Bon, vous suivez toujours ? Parfait ! Sans vouloir jouer le Rat-Bajoie, ça se complique ! Dans le pays, tous les médias sont aux mains de Rats-Clures, de Rats-Doteurs
et de Rats-Coleurs qui racontent n’importe
quoi pour caresser les Rats-Cailles dans le sens du poil. Ils ne font
qu’obéir servilement aux Rats-Batteurs d’un futur «ordre
mondial » des rats. Ces derniers ont bien compris qu’il faut
frapper les Rats-Cistes là où ça fait mal : au porte-monnaie. C’est le
Rat-Cket fiscal qui s’en charge, ce qui est
logique car il faut beaucoup d’argent pour loger, vêtir et nourrir tous ces Rats-Tons
oisifs qui arrivent de partout. Les médias télévisuels font pleurer dans
les chaumières en véhiculant à l’envi les images de ces Rats-d’eau
(de la Méduse) ou autres Zodiacs, chargés de passagers jeunes et qui,
pourtant, ne sont pas Rats-Chitiques. Mais
ceci ne suffit pas, hélas, à émouvoir les Rats-Cistes égoïstes. Sans être trop Rats-Mollis du bulbe,
vous suivez toujours ? Alors je continue ! La situation du pays est
devenue catastrophique après l’élection d’un avorton Rat-Bougri.
Les imbéciles Rats-Finés lui trouvaient
toutes les vertus car il entendait flagorner les Rats-Tons et les Rats-Cailles «
et en même temps » donner du pouvoir d’achat aux Rats-Cistes.
À peine élu, il a distribué portefeuilles, mandats et prébendes à
ses amis, fussent-ils des incapables notoires : au perchoir du Palais Bourbon,le
Rat-fut qui parle fort, au budget de l’Etat, le Rat-Fistolage, à l’Education Nationale, le Rat-Trappage, au Fisc, le Rat-Bot, à
l’Intérieur le Rat-Dar, ainsi que le Rat-Patrié
et même, aux relations avec la lointaine Chine, le gros Rat-Farin. L’honnêteté m’oblige à dire que, pour
accueillir toujours plus de Rats-Tons, l’avorton est fortement
encouragé par les instances européennes et par le Rat-Dieu, un
vieux prélat béat qui siège au Vatican. Certains naïfs pensaient que ce
pontife pontifiant représentait la religion des
Rats-Cistes, le catholicisme, religion ô combien cruelle, méchante,
injuste et violente qui fit tant de ravages lors des Croisades, de
l’Inquisition et des guerres de religion. Celle-là même qui a si méchamment
chassé les Rats-Tons de Grenade en 1492. En réalité, l’avorton est, en
quelque sorte, le joueur de flûte de Hamelin mais il souhaite que seuls les
Rats-Cistes le suivent pour qu’il puisse les noyer et les remplacer par des
Rats-Tons. Elémentaire
mon cher Watson ! Même si cette logique suicidaire nous échappe... Mais
comment des Rats-cistes, brutes au front bas, réfractaires au
changement, pourraient-ils comprendre ? Habitués aux Rats-Courcis simplistes, ils n’entendent rien aux visées
mondialistes qui appellent à des solutions Rats-Dicales. Si je prends mon propre cas, j’avoue
humblement ne rien comprendre. Au motif que je suis né dans ce pays,
que j’y ai fait ma carrière, que j’y paie mes impôts, que je suis
hétérosexuel, catholique, et que je m’indigne de l’invasion de mon pays, on
m’a classé dans la « Fachosphère ». C’est
une sorte de Goulag idéologique pour tous ceux qui ne partagent pas la doxa
socialisante du système. Du coup, d’aucuns me traitent de facho et de «Rat Noir » or, que je
sache, je suis blanc. Dois-je avouer que j’y perds mon Latin
(contrairement aux curaillons progressistes qui, eux, ne l’ont jamais appris)
? Certes, j’admets que, par atavisme cévenol, je suis Rat-Din, et même Rat-Leur impénitent, mais en
aucun cas je ne suis un « Rat Noir ». Diantre, me
prendrait-on pour un Taubi-Rat ?
Après tout, dans un pays aussi raciste, être traité de « Rat noir
» est un compliment. Enfin, comme je ne comprends rien à rien, je le
suppose ! Et de grâce, ne me demandez pas comment il se fait que le pays
compte autant de rats alors qu’il y a de plus en plus de « tapettes
» ? C’est la même énigme qu’à l’Opéra de Paris ! Cependant, je peux comprendre
les Rats-Leurs qui ne supportent plus d’être gouvernés par un avorton
arrogant, une Rat-clure de bidet mal fini où
on va finir Rat-Tiboisé. Surtout prenez tout ça au
second, troisième, quatrième degré : ce n’est que de l’humour ! D’ailleurs c’est une fiction car chacun sait que les rats – les vrais –
ne pullulent que dans les égouts, tout le reste n’est que RAT-Got ou RAT-Contar… Quoique… HMA |
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UN REPOS |
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Revenues les eaux bavardes le cliquetis des heures et dormant sur tes épaules, un champ de rumeurs. Elles balancent tes paupières, ces chemins rebondis au destin creux, qui dessinent des poissons
d'or sur le pas de tes
portes. Alors vivant, les paumes de tes mains s'étirent sur le dos du chat. Avant de dormir surtout
n'oublie pas de dire aux enfants que partager est nécessaire prendre son temps en impose, dis-leur que chanter c'est
respirer. Ou bien ne leur dis rien tais-toi si tu es sourd aux dires des
oiseaux ! PLUIES NEUVES |
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PENSEE |
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Te sé min tiot, eun danne nin
d’consel à ch’ti z’aute qu’y neu ta l’in d’mindeu ! du cop n’achepteu
pon d’consels chi teu n’l’a nin d’mindeu ! Traduction : Ne donne pas de conseil à celui qui ne te le demande pas ! et donc n’accepte pas les conseils si tu ne les as pas demandés ! HMA L’aute jor, jé
rincantreu min chosi parfeu, mé j’drot l’dir’ qu’ché asseu impréssionint
eud s’artrouveu fache à quéqu’in d’auchi bio qu’mi ! Traduction :
J’ai rencontré mon sosie parfait, mais je dois le dire que c’est assez
impressionnant de se retrouver face à quelqu’un d’aussi beau que moi ! HMA Euj’sus chi in tron d’pinseu qu’ché bétot févrieu é qu’y a déeus fiètes : el Cind’leur à du qu’ché crèpes y s’font sauteu é pis eul Sin Valintin à du qu’lé filles
à s’font …. Ban infin, y a déeus fiètes en févrieu ! Traduction :je suis en train de penser
que c'est bientôt février et qu'il y a deux
fêtes : la Chandeleur où les
crèpes se font
sauter et la St Valentin où les filles
se…..bon enfin, il y
a deux fêtes en février ! HMA |
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Nécrologie |
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Staline est mort, bon débarras. Torrents de larmes ! Niagara ! Drapeaux en berne et cetera Mais la liberté renaîtra. Johnny parti, son feu s‘éteint Tant de motards pleurent le défunt. De sa fortune, le fisc a faim Car ses succès n’ont pas de fin. Le père Hamel assassiné Dans son église du Chardonnay C’est tout ce que Daech a trouvé Pour le prestige de Mahomet. Quentin-Latour et ses pastels Maupassant et ses nouvelles, Ce fol héros de Ravel, Ont tous reçu leur part de ciel. Que sur la tête le fiel me tombe, Qu’on vienne cracher sur ma tombe Je n’ai, hélas, rien en ce monde. Mon espoir en Dieu seul, je fonde. Car sans faucille et sans marteau Sans or et sans boléro Sans goupillon et sans pinceau Je n’ai que pauvres madrigaux. Jean Castel |
Si j’avais le courage |
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Si j’avais le courage Je voguerais sur l’onde par tous les océans Guidé par les étoiles et le souffle du vent J’irais de port en port au gré de ma fortune Et n’aurais pour ami que mon grand mât de hune. Si j’avais le courage Je partirais sans peur faire le tour du monde Au gré de mes envies. Mon âme vagabonde Franchirait les frontières et je m’enivrerais De toutes les merveilles dont j’ai toujours rêvé. Si j’avais le courage J’écrirais sans vergogne à ces grands de la terre Pour qu’ils décident enfin de vaincre la misère Je leur dirais aussi de renoncer aux armes Qui n’apportent ici-bas que destructions et larmes. Si j’avais le courage Je rallierais à moi sous la même bannière Tous ceux qui sans faiblir font la même prière De sauver la nature léguer à nos enfants Un monde préservé pour encore mille ans. Si j’avais le courage si j’avais le courage Je ferais tout cela et même plus encore Les projets les plus fous je les verrais éclore Et si la force un jour venait à me manquer Je lutterais sans fin avant que d’abdiquer. Si j’avais le courage. Si j’avais le courage… Patrick Venture |
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Dis-moi… |
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Dis-moi l’ami,
est-ce que tu vois encore ces nuées d’oiseaux qui se rassemblaient en nuages
bruyants dans le ciel de nos campagnes ?... Je ne vois que des
nuages de pluie qui se bousculent en cortèges, longues processions assidues. Ami, dis-moi si le
parfum des fleurs appelle encore les abeilles affolées, bourdonnant à leur
festin de pollen… Je ne vois qu’une terre
aride où les plantes ont oublié de pousser. Pas le moindre murmure d’insecte,
pas un seul pépiement d’oiseau. La terre est à l’agonie, les cieux sont vides
et l’homme ne le voit pas. Les dieux en colère ont enfourché les vents pour
guerroyer entre eux. Ami, dis-moi si nos
fidèles hirondelles sont enfin de retour chez nous... Les anciens nids sont
vides et tombent en poussière depuis tant d’années d’absence. Je me languis
des longs trilles, des chants victorieux et des vols planants et gracieux. Je ne vois que des
gens en colère qui hurlent dans les rues et j’entends les pleurs des enfants
à la recherche de leurs parents. Je n’entends que le
bruit des canons qui détruisent remparts et maisons et je vois des gens
affolés qui se terrent au milieu des décombres. Dis-moi, l’ami ! Pourquoi l’homme a
laissé faire tout ça, laissé mourir ce qui était beau ?… Je ne sais.. Thérèse L |
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11 |
Mélancolie
de la nuit. |
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Il
se faisait tard ; la nuit
venait de tomber ; inconsciemment je
marchais sur le boulevard effrayée par
l'obscurité. Mon
esprit était vigilant ; mes
sens étaient désormais décuplés ; mes
iris relataient la brillance de l'argent ; quant à
mon coeur il pleurait à en crever. Rien
ne me rattachait à cette vie indigne ; mon coeur étant beaucoup trop pur pour ce monde ; je
retraçais le cours de ma vie sur des lignes avec les
mauvaises ondes. J'aimerais
être cette personne solitaire qui
étouffe sa peine à l'abri des regards et
puis dans cette nouvelle ère ; je
chercherais ce moment rare. Lindsay |
Douloureux Amour |
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Au
profit d'un bel âge, aux idées d'amour fort confiez-moi madame, votre peine brûlante j'offrirai à vos joues une caresse
aimante Qu'avez-vous
donc perdu pour désirer la mort J'entends
en vos sanglots la perte d'un amour j'aime dire ma belle, qu'amour ne meurt guère nouvelle graine semée en vos rondeurs
guerrières porterait à ce cœur l'élan fougueux du
jour Ecoutez
donc ma voix, cette peine faiblira cessez de larmoyer, priez l'amour naïf et offrez à vos nuits la couleur d'un bleu
vif alors d'une main chaude votre sein frémira vos courbes délicates, j'effleurerai par cœur finissez d'implorer, de rouge souriez-moi
! séchez ces yeux aimants, pitié voyez ce roi puisque toute mon âme désire votre cœur. Delphine. W |
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Eau |
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Qu’une seule fois une fois J’emprunte un vol à cet oiseau Pour connaître le poids des plumes Et la taille du ciel Qu’une fois une seule fois J’emprunte au chien son flair Pour sentir ce que ça sent vraiment Cette chienne de vie Et qu’une fois une seule Je sente dans mes veines couler l’eau De toutes sources à la fois Pour me sentir ouvert à tout l’amour du monde Et limpide comme l’œil d’un enfant. Henri Lachèze |
Fleur |
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Si une fleur penche sa tige, pour se laisser respirer, Découvrir son parfum, m’enivrer de ses couleurs, Alors oui, je veux bien me baisser pour la caresser. À genoux, à son pied, j’admirerai toute sa candeur. La sentir. Je ne peux la couper, elle est trop belle Dans sa robe de prés, dans ce bal des fleurs d’été. À la boutonnière de ma veste, ce serait trop cruel, L’effeuiller comme la marguerite serait un péché… Sans vergogne, le bourdon posé près de son cœur La butine, ses pattes collées de pollen, la piétine Et la tendre fleur plie sous l’assaut, sans pudeur Ses pétales frissonnent encore à l’ardeur mutine. Ses effluves, ses odeurs, ses parfums font la fleur. Sa fraîcheur, ses couleurs, dans sa douce fragilité Sont le bouquet sauvage, c’est pour notre bonheur. La femme, sans doute, se voit dans toute sa beauté. Pascal |
C’est de Caudry |
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C’est de Caudry que je t’écris, Caudry, tu t’en souviens, où les lys aux roses mélangés engendrent un parfum enivrant, un azur éblouissant de bonheur au tiède soleil de cette belle journée d’automne. Au chemin des moulins, près d’un buisson, les oiseaux, sentant ma présence, se sont sans doute méfiés et se sont arrêtés de chanter. Tout en mâchonnant ces gourmandises merveilleuses que tu m’as offertes, je te revois encore dans cette chapelle allumant les cierges, remplissant d’eau les bénitiers, savourant la beauté des vitraux. La cité est tranquille, paisible comme une eau dormante. Ce matin, tante Cunégonde se leva et descendit. Je la vis allumer le feu en jetant dans l’âtre quelque menu bois. J’ai dû lui dire la vérité, avec le ménagement que tu me connais. Elle poussa un cri vif, écailleux, fripé. Elle retint son souffle, porta ses mains à ses oreilles et murmura des paroles instantanées, fugitives, agitées et incohérentes. Le chat, d’habitude goguenard et railleur, redressa la tête et poussa un miaulement avec la même énergie désespérée qu’un naufragé accroché à son épave. J’arrive au croisement des cinq chemins. Le ciel est bleu, tout bleu, plein de lumière et d’air pur. Un bruit sourd et saccadé fait trembler la terre. Quentin, notre forgeron, prépare sans doute la toilette des sabots d’un cheval. Encore quelques pas, un petit détour sur la droite, quelques flaques boueuses à éviter et je distinguerai ton « chez-toi », cette noble façade avec sa petite fenêtre faisant saillie dans la muraille. Il y a trois jours, le vent a commencé à te secouer. Tu étais déjà bien fatiguée et tu tremblais dans tout ton pauvre être. Puis le vent s’est fâché. Il a soufflé. Le ciel s’est chargé de gros nuages. La pluie t’a mouillée, la grêle s’est abattue. Ta belle robe bleue et blanche est devenue terreuse, graisseuse, rouge et brune. Ton manteau s’est glacé. Il faisait noir. Les oiseaux se sont tus. Je suis resté seul. La nuit tombait sur mes espérances. Pieds nus, je me lançais vers la grande salle où m’attendait tante Cunégonde. Le petit chat, au pelage brun clair, presque jaune, dormait paisiblement. Je sentais mon cœur partagé entre tout dire de suite à tante Cunégonde ou retrouver mes esprits et attendre un peu. Dans l’état où je me trouvais, je ne pouvais me résoudre à briser l’ambiance de quiétude et de paix régnant dans cette salle. Peut-être lâchement, peut-être heureusement, je sortis enveloppé dans ma profonde nuit. C’est ce matin seulement que, souffrant la honte et la douleur, je sortis de mon mutisme, guérissant ainsi une plaie qui me dévorait. Cunégonde, après l’instant de stupeur, se reprit et fut touchée de voir avec quelle peine je me traînais. Ses paroles de réconfort m’invitaient alors à t’écrire cette lettre teintée d’espérance. Trois jours sont passés, Maxellende ! Depuis ce 13 novembre 670. Harduin est en fuite. La muraille, le château vont périr ! Mais ton amour est toujours présent, imposant, princier, brillant et fort, défiant les limites de la mort. Le vent fredonnant dans les branchages m’apporte ta présence en écho. (Parchemin déposé près de ton caveau le 16 nov. 670) Henri-Kléber Gobron |
En ce temps-là |
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Du rocher aux
hanches fluides L’argile des bois étranges Oublie sa flûte
écorchée Au roseau de ma main Qu’un morceau d’écorce Se détache de l’onde et se replie
À l’éperon
de grès rose La nappe d’automne Lèche dans la mélodie De profonds échos
Une âme
de fugitif Au cheminement d’un
nuage Et les sentes Où l’herbe lépreuse Transmue la pierre
en mousse Héberge en
témoin La vasque nourricière Et son sexe À bouche de sirène. Bonne conscience vous avez Puisqu’à la messe vous allez, Satisfaits de votre générosité, Puisque de beaux billets Dans la corbeille vous mettez. Oh ! Messieurs les nantis, Vous dont la vie, c’est pain bénit. Soyez un peu miséricordieux, Ne mettez plus ces miséreux, Ces êtres meurtris par la solitude, Accablés par la vie et ses turpitudes, Ces hommes anéantis, plus bas que terre ! Car ces gens-là savent ce qu’est l’enfer ! Vous les méprisants, les dédaigneux, Vous les seigneurs de l’indifférence, Vous qui aimez étaler votre suffisance, Vous qui croyez aller sans jugement aux cieux, Vous serez peut-être leurs valets devant Dieu ! Bernard
Simon |
Palette d’hiver |
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En écus sonnants et trébuchants L’argent de l’hiver sur nous se pose, Rêve de glace aux crêtes des champs, Souvenir froid d’été pour la rose.
La nuit large à nos
désirs offerte S’allume en diamants galactiques, Purs trésors de Saba et d’Ophir Aux pays des rêves féériques. Pas de croissant de lune ce soir. Le temps s’accorde à l’espace noir Que seul un fin silence illumine. C’est le moment de fermer sa porte À double tour ou plus pour, qu’en sorte, L’amour à contre-jour se dessine. Jean-François
Sautière |
Toutes
folies et réjouissances |
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Tout est folie et réjouissances effrénées Le grand bal de la vie crie au loin Ses espérances D’un horizon plus fol et plus beau Le merle à la touche d’ambre Le rossignol à la couronne pourpre Égalisent de joie Dans un duo empreint de sauvage liberté Jusqu’aux frêles rameaux nouveaux nés Aux teintes d’enfer Dont les yeux hagards S’ouvrent sur les sentes circonspectes de la vie Le voile céruléen participe également à la fête Son regard vigilant et majestueusement dominateur Embaume les cœurs libres d’azur cajoleur Et de visions fugaces Aux fiers sourires d’ange. Saint-Hesbaye |
Lutte pour l’espoir |
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Ah !!! Ce qu’il est bon de vivre chaque journée, En espérant, à nos proches, que le bonheur Dure autant que possible, voire l’éternité. Vivre chaque moment sans penser au malheur. Tu es entré subrepticement dans nos vies, De cette façon que je dirais sournoise. Nous ne pouvions pas t’empêcher d’entrer, tant pis !!! On ne voulait pas de toi, mais tu pavoises. À l’instant, nous t’avons déclaré la guerre. Avec prétention, tu te croyais le plus fort. C’était sans compter sur le nombre de nos pairs Qui ont lutté sans fin pour te montrer ton tort. Une armée s’est levée dans les forces « Santé », Afin de lutter contre tes dégâts causés. De très nombreux malades tu as provoqués, Qui, très souvent, ont dû être hospitalisés. Devant ta force, beaucoup n’ont pas survécu, Provoquant un grand chagrin dans leur famille. Mais, sans baisser les bras, nous nous sommes battus, Pour qu’à nouveau, dans nos cœurs, le soleil brille. Un grand nombre de corporations s’est levé. Caissières, éboueurs, facteurs, combien d’autres, Au péril de leur vie, se sont mobilisés, Pour que continue, sans changement, la nôtre. Grâce à ces guerriers, parfois dépourvus d’armes, Nos vies ont pu continuer tant bien que mal. Oh bien sûr, ce ne fut pas toujours sans larmes, Mais, grâce à eux, nous avons gardé le moral. Grâce à nos masques, gants, gel et prières, Nous nous sommes protégés par tous les moyens. Avec ce qu’on appelle : Gestes barrière, Nous avons lutté pour poursuivre le chemin. Ce chemin qui, des autres, nous a isolés, Confinement oblige, pas vraiment le choix. Mais ce choix, nous n’avons pas à le regretter, Car il était essentiel pour garder la Foi. Actuellement, nous sommes déconfinés, Et nous nous sentons beaucoup plus libres, bien sûr. Mais attention, l’ennemi n’est pas maîtrisé, Et il faut éviter la « déconfiture ». Pour que, de jour en jour, la vie soit meilleure, Continuons à nous protéger sans répit. Car de cela, dépend notre futur bonheur. Il faut prendre patience. Que cela soit dit !!! Espérons qu’un jour, les hommes trouvent un vaccin Qui nous protégera de ce sacré virus. Un médicament, aussi, ne sera pas vain, Pour donner à notre vie un peu de bonus. Pour terminer, je ne dirai qu’une chose. Un très grand merci à tous ceux qui ont œuvré Pour que notre vie ne soit pas trop morose. Nos efforts, sans cesse, doivent continuer. Que notre corps soit pourvu de cette force, Afin qu’il soit alimenté d’un sang tout neuf, Et que, de notre France, jusqu’à la Corse, Nous puissions crier fort : Adieu Covid Dix-Neuf. Jean-Marc Rivaux (Neuville St Rémy) |
LES PENSÉES |
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Les pensées fusionnent, les idées foisonnent, les mots tourbillonnent, les phrases s’organisent. Mais… le temps de se lever, le temps d’avoir le temps, le temps de prendre la plume, de trouver le papier, les mots se désemparent, les mots s’évaporent, les phrases se délitent, la mémoire abandonne. Plus rien n’a de sens. Ces mots qui auraient pu, qui auraient dû se rassembler en guirlandes de phrases, raconter des histoires, ces mots venus d’on ne sait où, soudain, s’éloignent en ricanant et s’éparpillent à tous les vents pour retourner on ne sait où. Thérèse L |
Cher Eugène |
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C’est de Caudry que je t’écris, j’aspire à prendre l’air, à arpenter les rues, à rencontrer les Caudrésiens, à vibrer aux sons des rythmes carnavalesques. J’ai besoin de me dépoussiérer, de me dégourdir les jambes, de me sentir adulée, moi la petite raccommodeuse. Cet hiver, alors que je tombais en léthargie, j’ai posé mon regard sur ce coupon de dentelle que je tiens à la main. Et je pensais à toi Eugène qui as fondé en 1890 le syndicat « des tullistes et similaires » afin que nous, ouvriers, soyons justement rémunérés et que notre temps de travail soit limité. Mais en 1891, nos espoirs d’obtenir une tarification homogène du travail sont restés vains et c’est la grève. Je me souviens de l’intervention des gendarmes et des troupes, j’en tremble encore. J’avais perdu foi, j’étais résignée mais pas toi mon Eugène, tu fondes un nouveau syndicat réservé cette fois aux dentelliers. Tu obtiens un tarif acceptable en 1897 mais contesté en 1898, les ouvriers que nous sommes entrons en rébellion, c’est à nouveau la grève. Mais ton cœur bat pour les Caudrésiens et tu deviens notre maire en 1900, puis député, pour tirer ta révérence en 1910. Tu ne connaîtras pas la Première Guerre mondiale, ta chère mairie devient une Kommandantur, vingt mille soldats envahissent Caudry, si tu avais vu ça Eugène ! J’ai la chance d’être éternelle et de pouvoir te raconter tout cela, suis-je bête de là-haut tu as tout vu : -1918 : libération de Caudry (la reprise difficile à cause des destructions, du manque de matières premières, du manque de transports, d’énergie et de la concurrence suisse). -1922 : l’arrivée de nouvelles usines avec du matériel moderne. -1929 : la crise économique. -1933 : la vente des métiers pour tulle pour ferraille ou expédiés en Belgique, en Italie ou en Espagne. -18 mai 1940 : à nouveau l’Occupation allemande. - Printemps 1942 : le groupe de résistants autour de Gaston DASSONVILLE. Ouf ! Il y a tant de choses que je voudrais partager avec toi. Tout comme toi, je suis fière de Caudry, elle a su se relever après ces deux guerres. Certes en 1953, 60 % des usines existantes en 1914 avaient disparu. Mais aujourd’hui, environ trente entreprises résistent, 80% de produits raffinés sont exportés dans le monde entier pour habiller des célébrités (Michelle OBAMA en 2009, Kate MIDDELTON en 2011 et Madame CLOONEY en 2014), c’est grandiose ! Chut ! Je te laisse à présent car Batisse se réveille et s’impatiente, régale-toi mon cher Eugène, regarde ce qu’est devenue ta ville chérie. Laïte (ta petite raccommodeuse qui t’embrasse). Marie-Claude Gotrand-Meurin |
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Mon village |
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Je m’appelle Guizmo, j’ai 45 ans, mère de quatre enfants et grand-mère d’une petite fille. Que dire de moi ? Je viens d’un village situé entre Douai et Somain, s’appelant Rieulay. Ça va faire quinze ans que je suis arrivée sur Caudry avec mes deux fils aînés. J’ai vécu quatorze ans avec le père de mes deux enfants. Menteur, manipulateur. J’ai toujours gardé en mémoire les trente années passées dans ce magnifique village qui a vu naître et grandir mes fils A. et M. J’aimais le matin boire mon café dans le jardin de mes parents, avant de mener mes garçons à l’école. Après les avoir déposés, faire le tour du stade en marchant et regarder l’eau apaisante du lac, écouter les clapotis. Là, je me sentais bien, j’étais mère célibataire et femme, j’avais des amis, rien ne m’atteignait. Guizmo |
Je veux vivre aujourd’hui |
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Maintenant que ma vie est plus sereine joyeuse je renais avec la planète entière. Ma personne s’ouvre grandement admirative envers le monde vivant ou neutre. Mon cœur a de grandes ailes comme l’oiseau. Syssy l’Impératrice |
Ode à la lune |
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C’est de Caudry que je t’écris, Madame la lune ! « Luna rosa, reine des nuits » qui jamais ne nous importune, Que d’envolées lyriques as-tu déjà dû écouter Pour qu’aujourd’hui ce modeste écrit arrive à te toucher ! En effet, qui n’a pas un jour vanté la beauté du clair de lune Sous lequel « chacun aime retrouver sa chacune » ? Jusqu’en chanson : mettre en parallèle les toits des habitations De Maubeuge, qui brillent sous la clarté de tes rayons ! À la plage de sable fin d’un lagon émeraude, « Sous le soleil des tropiques », filtré par les cocotiers ! Destination pour les vacances à la mode Même si réservées encore, il est vrai, à certains particuliers ! Pourtant il semble que peu, sur tous tes bienfaits, N’ait encore été dit, en fait, Tant ton influence pèse sur le quotidien de nos vies, Jusque la lumière froide qui éclaire nos nuits. Ne t’attribue-t-on pas, expérience de nos anciens, Le fait d’influer sur la germination des graines au jardin Ou de déterminer… le sexe des bébés Suivant le « quartier de lune » sous lequel ils ont été semés, ou procréés ? Qui n’a pas essayé un jour de « décrocher la lune » Pour l’offrir à sa dulcinée : joyau fragile comme la bulle… Celle de savon, qui éclate Dès que, la mettre en boîte, on se flatte ! Lune, toi l’astre satellite de la planète Terre qui est la nôtre Pardon pour l’obstination de nos astronautes Qui n’ont eu de cesse, pour se prouver leur virilité, Que d’aller, les premiers, violer ta tranquillité. Gérard Rossi |
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Faire carrière |
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Je voulais faire carrière dans l’Armée, obéir aux ordres pour défendre une cause juste. Mais tous mes projets se sont écroulés car j’ai été empêché dans mon parcours. On m’a vu comme une personne supérieure à tout le monde et on m’a rabaissé car j’ai déjà un cadre de vie. À chaque fois que je rencontre des personnes, je voudrais qu’elles s’intéressent à moi, pour moi, pour mes valeurs. On est tous humains et je ne veux pas blesser les autres. On m’a reconnu handicapé, je ne suis plus comme avant, j’ai peur de souffrir à nouveau, de m’accrocher à une personne et qu’elle parte, ou de rencontrer quelqu’un et qu’il me zappe comme une merde. Car j’ai vraiment une fierté et j’ai à 100% confiance en moi. Parce que je suis normal et j’ai une très bonne mémoire. Alexy Massy |
Mon cher petit-fils |
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« C’est de Caudry que je t’écris… » Et c’est en vers que je décris Notre rencontre dans un rêve Où ta parole se fit glaive. En dormant je voyais un monde sans frontière Où chacun bannissait toute conduite altière ; Une terre amicale où les êtres humains Ensemble bâtissaient devoirs et droits communs, Voulaient favoriser l’échange, le partage, Répartissaient les biens d’une façon très sage, Divulguaient sans mesure, tant par monts que par vaux, Les différents accords internationaux. J’entends hurler soudain, puis vient une critique Qui m’oblige à rejoindre une place publique Au côté d’un tyran venu d’un univers Dans lequel sont loués malfaisance et travers. Immensément déçu, déconfit, mal à l’aise, Je cherche une réplique autre qu’une fadaise …Et pour me soutenir, toi, mon petit enfant, Tu le chasses criant : « Décampez mécréant, Je peux vous garantir que sur cette planète Grand-père et ses amis rendent la sphère nette, Exempte de méfaits du pôle à l’équateur, L’amour sera toujours leur brave serviteur ». Cette belle épopée en mon cœur se prolonge ; Mon petit doigt m’a dit : « Était-ce bien un songe ? » L’onirisme est bizarre, il faut en convenir, Mais son pouvoir existe… il aide à réfléchir. Ton grand-papa qui t’aime. Daniel Carlier |
La forêt qui chante |
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Je
suis bien près de toi, Je
sens ton cœur qui bat. Chante
belle forêt, Livre-moi
tes secrets. Les
oiseaux font leurs gazouillis, Et
les lapins, des clapotis. Le chevreuil court
à travers toi, Tu le
caches et tu aimes ça ! Les
insectes grouillent un peu partout, Ils
rampent, ils volent, ils font les fous. Il
traîne partout le sanglier, Attention !
Ne pas le déranger ! S’il
y a du bruit, il se fâche, Il grimpe
la queue en panache. C’est
bien sûr l’écureuil énervé, Qui
file vite dans le houppier. Tu
sens bon, tu me fais rêver, En
toi, je me sens protégée. Tu
es si grande, tu es si belle ! Ton
feuillage, c’est de la dentelle ! Tu
grandis, tu parles, tu chantes, Tu
es tout simplement vivante. Tu
fais partie de notre vie, Cela
depuis des décennies. Reine DELHAYE |
L’éclair de vie |
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L’éclair de vie, Puissance évasive, S’interpose pétrifié A une danse de cris Qu’un souffle pervers
réveille Aux galops d’holocauste. Captation sollicitée Par l’anxiété Aux plénitudes d’un mythe. L’âme nue somnole, Cils d’une statue. L’insecte nu dort. Sous la paix perdue. Susceptibilité… Saint-Hesbaye |
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Syndrome
de la page blanche |
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Je ne sais pas pourquoi
j’écris, mais quand j’écris je me sens mieux, je ne pense pas. Je suis actuellement dans une
formation qui m’a été donnée, j’essaie de rester stable pour une fois dans ma
vie, mais rien n’y fait parce que je n’ai plus envie d’y aller. Je n’ai plus
envie de rien, j’ai besoin de quelque chose qui me prenne aux tripes, qui me
passionne. Certes, on ne peut pas
tout avoir, ni faire ce qu’on veut dans la vie, je le dis parce qu’on me le
répète tous les jours, sans savoir le fond du problème et moi voilà, je suis
là ! Je n’arrive pas à me
confier, je n’arrive à rien, je suis de nouveau inutile… On va me dire prends
tes traitements, etc. cela m’aide, je ne dis surtout pas le contraire, mais
il y a beaucoup de choses qui font que c’est dur de tenir, dans tout. J’ai toujours le malheur
d’avoir envie que les choses aillent vite, que ma transition se concrétise ;
mais non, il faut que j’attende ! J’ai envie de trouver une stabilité,
reprendre mon indépendance, je dois attendre. Après, je sais que c’est
ma faute, je n’arrive pas à m’en donner les moyens et pourtant je peux le
faire, mais je ne suis bon à rien. Je ne sais pas ce que je fais, je suis
épuisé mentalement comme physiquement. J’ai besoin de renouveau,
j’en ai marre de revenir au même point de départ, me faire traiter comme un
gamin. Hayden Grand |
Orange sanguin (Concours de poésie 2021 de la Société d’Emulation de Cambrai . Poème de : Entendre, écouter. |
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Janvier. Crépuscule entre chien et loup, Les ailes rentrent leur cou dans l’air flou. Le jour finit dans le jardin transi, Saupoudré de gel ; l’hiver a durci Les terrains, noirci les silhouettes Des arbres tristes, que le vent maltraite. Dans l’herbe figée, une forme s’avance, Menace furtive, toute en patience. Dans le soir brillent deux émeraudes, Signaux silencieux de la maraude. Pattes griffues, dents pointues, corps tendu, D’un bond fulgurant l’espace est fendu, La capture brise l’oiseau d’effroi… L’agonie ternit les yeux de la proie, Une queue féline, fouet nerveux, Bat le rythme furieux d’un long adieu. Rouge-gorge embrase l’horizon, Son trépas parcourt la haie d’un frisson. À présent, la nuit étend son drap lourd Aux replis violets, son noir velours ; Dais profond parsemé de glacis nus, Insondable étoffe aux larmes tenues, Grande ourse cousue de laminette, Ténébreuse, funeste charrette, Cortège muet d’amères pensées Qu’un mince croissant épie en secret. Car la lune cache sa trahison : Retranchée derrière un sombre œilleton, Disque assombri par l’ombre terrestre, Son clair ne passe plus la fenêtre Pour révéler au volatile, en bas, L’affût du chat cruel qui miaule le glas. Je crache mon mépris à l’astre qui fuit L’aurore, et le frottement fortuit De sa robe de rayonne aux plis d’or, Dont les envols légers ma vue dévore, Lorsqu’ils dévoilent l’ocre de ses jambes Qui cisèlent l’obscur afin que flambe L’incendie céleste d’un jour nouveau, Qui pointe de son doigt, trait de ponceau, La toile où l’oiselet, nature morte, Cadavre raidi sur mon pas-de-porte, Éclaboussante sanguine incarnat, Eau-forte hachurée de sillons grenat… Tous ces funèbres tableaux me harcèlent, M’infligeant sans vie mon ami fidèle : -« Georges ! », l’avais-je appelé. Lui, si vif, Qui gagnait les lilas d’un vol hâtif, Dès que dérangé. Petit emplumé, Sentinelle de mes activités, Visiteur assidu de la mangeoire, Mélodiste dont je fus l’auditoire. Je cherche là-haut ton fier plastron vermeil Mais le trouve au sol, la rouille le veille… Alors je t’emmène, car il m’incombe, Sous les groseilliers, de creuser ta tombe. Là, je t’y dépose, au fond du trou, Tandis que paraît un curieux matou : Je le connais, il partage ma vie, Je lui ai permis la nuit sa sortie. N’est-ce pas moi qui lui ai ouvert la porte ? Voilà pourquoi ce meurtre m’insupporte, Complice infortuné du criminel Qui réclame maintenant sa gamelle. Dominique Dolay Raillencourt Sainte Olle |
Je suis en vie, j’ai des
envies, c’est la vie… |
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Envie de toi… C’est du désir… C’est du plaisir… Envie de joie… Envie d’sortir… Envie de rire… Envie d’jouer… Envie d’rêver… Envie d’gagner… Envie d’savoir… Envie d’espoir… Envie d’y croire… Envie d’vacances… D’reconnaissance… Envie de chance… Envie d’créer… De procréer… Et de danser… Je suis en vie… J’ai des envies… C’est la vie… C’ n’est pas une vie… Une vie… Sans envie… Avoir envie… Ça donne un sens… À la vie… Avoir envie… C’est du talent… Dans une vie… Envie d’bonheur… Envie d’richesse… Envie d’ivresse… Envie d’chaleur… Envie d’tendresse… Envie d’caresses… Envie d’amour… Envie d’mamours… Envie d’humour… Avoir envie… Envie d’jouir… D’une longue vie… Envie d’envies… Et sans caprices… Sans jalousie… Envie d’envies… Avoir envie… Oui c’est la vie… Je suis en vie… J’ai des envies… C’est la vie… C’ n’est pas une vie… Une vie… Sans envie… Avoir envie… Ça donne un sens… À la vie… Avoir envie… C’est du talent… Dans une vie… Georges Gave (Bantigny) |
Lettre
à Madouce |
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C’est de Caudry que je t’écris, Madouce, assis au soleil sur un banc de pierre en attendant d’entrer. Au loin un ronronnement de tondeuse croît et décroît, rythmé par le souffle intermittent du vent. J’inspire à fond l’odeur d’herbe coupée, parfumée comme celle de mes grandes vacances, trésors de mon enfance… Les chants mélodieux des oiseaux qui jouent à « question/réponse » égaient notre attente. Dans ce coin lumineux, juste sous le rayon chaud, je m’imprègne de ce bien-être dans lequel je me laisserais bien choir mais papa me tapote le genou gauche collé au sien. « On y va ! », dit-il en se levant promptement. Je l’imite aussitôt, je prends son bras et lui ma canne. Dans cette ville aux architectures médiévales remarquables, père et moi sommes venus visiter le musée et ses ateliers de confection… La dentelle, pardi, reste une affaire d’hommes, contrairement à ce que l’on croit. D’ailleurs, Jean Bracq en a séduit plus d’une avec sa nouvelle création, summum de l’élégance ! Hillary Clinton et Michelle Obama, pour ne citer qu’elles comme clientes exceptionnelles ! Tombée sous le charme de cette collection, Marquise a dessiné elle-même sa robe d’un jour, alliant la dentelle à l’organdi, elle a ensuite sollicité des dentellières caudrésiennes pour la confection. Un dédale de salles étirées comme des longs couloirs nous promène au bon vouloir de notre guide. Les plafonds, hauts, happent les rares sons masculins et font résonner ceux de la gamme des aigus dont les détails prolixes se font parfois couper par une remarque du genre « Quel gâchis de figer des tenues CHICissimes sur des êtres inanimés, le mouvement valoriserait le chatoiement des moirures ! », plaisante papa… « Je vous donnerai les dates des défilés », embraie la conseillère toujours souriante. Quelle leçon ! J’ai touché, palpé, tâté autant de fois qu’il m’a été permis. Je distingue le macramé de la guipure, le motif floral du géométrique, le point de bourdon du point de croix, grâce à la finesse de mon toucher qui, à l’instar des pulpes de chiots, détient la douceur d’une peau de pêche. Marquise voulait retarder la date du mariage, attendre que tu émerges de ce long sommeil. Papa s’y est formellement opposé, refusant de modifier l’organisation que tu avais si minutieusement agencée. Ô Madouce, j’ai confiance, je suis sûr que dans dix mois tu seras parmi nous. J’en suis sûr, maman bien-aimée, car je vais de ce pas me prosterner à la Basilique. Sainte Maxellende, patronne des non-voyants, rallumera l’étincelle de ta vie et me fera recouvrer la vue… Ton unique fils qui t’aime… Maria-Carmela Duhin-Carnelos |
Ballade Féerique |
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Immensité,
bleutée Prenez le
temps Dame
nature à des enfants Laissez-la
vous les présenter Écoutez le
silence Le chant
des oiseaux Admirez
comme ils volent haut Des
branches qui se balancent Des ombres
se dessinent Sur
l'herbe verdoyante C'est
comme une mésentente Qui se
surligne Marchez à
pieds nus Sentez la terre
qui s'ouvre Elle vous
montre son musée du Louvre Elle vous
salue, de sa simple vertu Fermez les
yeux Ecoutez
les sons La rivière
qui coule au fond Vous
emportant peu à peu Les
oiseaux vous offrent un concert Magique,
si touchant Oubliez
vos sentiments Profitez
de votre univers Julien BURY |
Autoportrait à la lune |
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Oh toi blonde Phoebé Tu berces mes nuits étoilées Complice de mes sombres nuits Comme si je tombais au fond d’un puits. Tu es là soir après soir Toute perdue sur ton fond noir Et moi perdu et si seul Couché sur mon drap, blanc linceul. Telle une belle mamelle blanche Vers toi toutes les étoiles se penchent Les enfants de la Terre te sourient Et t’accompagnent en esprit. L’astre du jour te poursuit De ses feux tu te languis Mais hélas rarement te rencontre Dans cette course contre la montre. Heureusement parfois tout de même Cette rencontre enfin t’emmène À une rencontre improbable Que seul lui et toi sont capables. Alors la nuit vient Avec le froid comme copain Hommes et bêtes, tous font silence Tous émus de cette expérience. Mais bien vite vous vous séparez Votre union ne pouvant durer Pour que dans la lumière revienne Moi enfant, je me démène. Robert
Breton |
On ira très loin |
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A présent, tout va pour le mieux avec mon compagnon. Pour une fois dans ma vie, j’ai eu le courage de faire ce dont j’avais
envie, d’aller vers la personne qui m’attirait, je suis prête à faire de mon
mieux pour que ça marche. Est-ce que ça durera toute la vie ? Mais promis, main dans la
main, on ira très loin. Et puis, continuer l’écriture ! Malaurie |
Ma Rivale, la Lune |
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Tous les soirs tu la
regardes Tu colles ton œil et tu la
regardes jusqu’à l’aube Plus rien ne peut t’en
distraire On dirait que le filtre spécial
que tu utilises est devenu celui de l’amour Le combat est trop inégal Elle est si belle Je suis devenue jalouse Même quand elle est
presque transparente Car que tu aimes plus que
tout sa face cachée On dirait que j’ai perdu
tout mystère Elle a pris toute la
place. Alors je suis partie la
voir Ma rivale On a parlé Je me suis installée chez
elle Comme ça tous les soirs tu
me regarderas aussi Je t’écris de la lune Ainsi toutes les nuits
dans ton télescope Tu nous regarderas et
peut-être même alors Nous rejoindras-tu, Muriel ! Denis Myriam |
Les Mamans |
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Levées à cinq heures, couchées à minuit, parfois plus tard, parfois nuit blanche, parce que la fièvre du petit dernier, parce que l’inquiétude envahissante, toujours en train de repriser, de repasser, de tricoter, d’économiser, elles courbaient l’échine, ces femmes d’un autre temps. Dans des cuisines exiguës souvent sans fenêtre, aux ustensiles d’un autre âge, elles étaient capables de sortir des grands repas avec pas grand-chose ; sans trembler, elles nourrissaient leur famille en passant souvent leur tour devant le plat du jour. À six à table, le midi et le soir, il fallait être à l’heure pour l’homme et les pioupious affamés. « Au four et au moulin », ce sont elles qui ont inventé l’expression. Toujours sur le pont, toujours en tablier, toujours la plus mal chaussée, ses seules médailles étaient des épingles à nourrice piquées sur les bretelles. Pas de dimanche, pas de jour férié, pas de vacances, toujours à la limite de l’esclavage, si je dois traduire le mot sacrifice, sans une seconde de réflexion, c’est maman qui me vient à l’esprit ; si je dois expliquer le mot courage, c’est maman qui s’affiche en grand dans ma sentence ; si je dois interpréter le mot souffrance, vous savez à qui je pense… L’homme ? Il faisait ses cinquante heures par semaine, et quand il ramenait la paie, des fois, un peu chancelant, petites souris, loyer, bouffe, vêtements, etc., elles s’arrangeaient pour faire durer cette maigre paie tout le mois. Sur leur peau, on voyait des cicatrices, sans doute des rides déjà, mais ne cherchez pas des tatouages, vous n’en trouverez pas. Nos mamans, elles ont placé la barre si haut que personne n’arrive à leur cheville. La mienne s’autorisait une cigarette de temps en temps, qu’elle éteignait trop vite comme si elle avait honte que ses aïeules s’en aperçoivent, et si elle buvait un verre de vin en cachette, c’était celui de la condamnée à son effroyable labeur journalier. M’man, dans sa cuisine, elle chantait, parfois ; c’était pour cacher ses larmes ; petit soldat, toujours dans ses jambes, je m’en étais aperçu. Elle croyait en Dieu et en Jésus parce que les Verts Pâturages seraient forcément mieux que son présent. Comme son passeport composté pour le Ciel, chaque année, elle n’oubliait jamais le buis béni derrière les crucifix… Les mamans, malgré leur accablant emploi du temps, elles avaient toujours une place sur leurs genoux, un bout de mouchoir pour étancher nos larmes, une histoire pour nous endormir, un verre d’eau pour noyer nos cauchemars, et nous n’étions même pas désirés. Elles sont parties très vite, épuisées par cet asservissement de chaque jour et de chaque nuit. Et quand je vais voir la mienne, au cimetière, je suis toujours mal à l’aise de n’avoir été qu’un petit égoïste, qu’un petit profiteur de son incommensurable amour. Des mamans comme ça, il n’y en a plus… Pascal |
Révélation |
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1re
partie Le centre
spatial aéronautique de Toulouse, le prestigieux CNES, n’a pas la réputation d’être
un lieu de détente où l’on rigole à gorge déployée, et où on peut entendre
les bouchons de champagne sauter en rafales. Il faut avouer que rares sont
les événements qui autorisent ce genre de débordement dans cette prestigieuse
enceinte. Avait-on
découvert une forme de vie avancée sur une planète voisine ? croisé un
véhicule extraterrestre ?... Lecteur curieux, il te suffira de pousser
la porte du bureau directorial, et de surprendre ainsi l’équipe de cadres
hors catégorie, une coupe à la main, commenter dans un brouhaha coupé
d’éclats de rire, la promotion de l’un des leurs au poste suprême de
Directeur Général. Christophe
Maillay, à la vue des regards qui convergeaient sur
lui, sut que le moment de prendre la parole était arrivé. Tapotant sa coupe vide
d’une petite cuillère énergique, pour obtenir un peu d’attention, il se
lança : -Mes chers
amis et collègues, vous vous doutez que je ne puis qu’exprimer ma
satisfaction d’avoir été choisi pour cette fonction. Fonction que je dois
aussi à votre travail, à votre esprit d’équipe, à cette rigueur qui fait
notre force et notre renommée. Je n’oublierai pas que ce siège que je vais
occuper, je le dois à vous tous, et j’espère rester pour vous le collègue qui
partageait vos recherches, vos joies, nos joies et, bien souvent, hélas, nos
déceptions. Mes attributions, dorénavant, seront plus administratives, mais
sachez que pour toujours, vous resterez de fidèles compagnons, et croyez-moi,
nous n’avons pas fini de travailler ensemble ! Les applaudissements crépitèrent : Christophe Maillay était réputé pour sa chaude camaraderie, et personne ne pouvait se plaindre de lui, en tant que responsable de la petite équipe ici présente. Bien sûr, ses nouvelles responsabilités le projetaient à un autre niveau, mais tous étaient assurés qu’il saurait garder cette simplicité et cette gentillesse qui le caractérisaient. Il se fraya un chemin vers la porte du bureau. -Un peu d’air me fera du bien ! Une fois dehors, il s’aperçut qu’il n’était pas le seul à avoir besoin de respirer. -Ah Michel, toi aussi tu supportes mal les pièces trop chauffées ! Michel Lardain, ami de longue date de Maillay, sourit : -Je ne sais pas si c’est la chaleur ou le champagne qui me donne chaud, mais ils ont fait fort ! Sois prudent en rentrant : j’ai appris qu’il y avait des contrôles d’alcoolémie sur la Nationale. Si j’étais toi, ajouta-t-il, je passerais par l’ancienne route, on y voit moins de képis ! Ça la foutrait mal si tu étais contrôlé positif un jour de nomination ! -Dis tout de suite que je suis bourré ! s’exclaffa Maillay. Blague à part, tu as raison : il commence à se faire tard, et je rentrerais bien chez moi. Ils sont sympas mais je n’ai plus l’âge de les suivre. Je retourne dans l’arène pour faire mes adieux et je me tire ! Michel Lardain n’avait pas tort : l’ancienne route était nettement moins fréquentée que la nationale, déserte même à cette heure de fin d’après-midi. Maillay pouvait se laisser aller à contempler le coucher de soleil dans un ciel particulièrement pur, si ce n’était cet avion dans le lointain. D’ailleurs était-ce bien un avion, se demanda Maillay : pas de sillage blanc caractéristique. Il grossit, dirait-on, et à cette distance, on devrait entendre le bruit de ses réacteurs, se prit-il à penser. La route, bien droite, restait déserte, peu utilisée depuis la construction de la quatre-voies plus adaptée à la circulation qui ne faisait que croître, et Maillay en vint à regretter de ne pas avoir d’autres témoins que lui… Le Ciel devait l’avoir entendu car là-bas, au loin, une voiture était arrêtée, le conducteur ouvrait son capot et se penchait sur le moteur. Son attention n’était pas sollicitée par l’objet dans le ciel, mais plutôt par cette panne soudaine de moteur. Maillay stoppa son véhicule à hauteur de l’homme : -Je peux vous aider, vous êtes en panne ? L’inconnu se retourna et dit en souriant : -Je ne sais pas ce qu’elle a, elle s’est mise à hoqueter et finalement s’est bloquée comme un âne têtu ! Rien à faire pour la relancer ». L’homme était grand, blond aux yeux bleus, et dégageait une aisance naturelle, renforcée par un bronzage qui ne devait rien aux instituts de beauté. Il ne semblait d’ailleurs pas prendre le problème de sa voiture comme quelque chose d’important. -Si vous voulez, on peut pousser votre véhicule sur le bas-côté, et je vous conduis au village, il y a environ dix kilomètres. -Je ne dis pas non ! Merci pour votre amabilité. -Vous auriez pu attendre longtemps que passe une voiture, l’ancienne route n’est plus trop empruntée. L’homme ouvrit la portière, côté passager, et s’installa souplement dans l’habitacle. Maillay à son tour monta dans sa voiture, passa la première, et s’arracha en douceur de l’accotement. -Je me nomme Christophe Maillay, et je travaille au CNES de Toulouse, d’où ma présence ici ! -Ah oui, l’aérospatiale, répondit son interlocuteur. Mon nom est Michel Hendler, et je travaille pour une société internationale, je suis un de leurs attachés aux relations humaines. J’ai un rendez-vous pas très loin d’ici, et vous me tirez d’une situation qui allait me mettre en retard, ajouta-t-il avec un clin d’œil espiègle. Maillay reprit : -Vous voyez cet objet dans le ciel ? Il me semble plus volumineux que tout à l’heure, j’ai cru que c’était pour ça que vous étiez arrêté. -Non, je n’avais pas fait attention, effectivement, c’est curieux ! Une étoile filante ? -Non, il n’y a pas de traces derrière… un satellite qui s’écrase… Maintenant le point dans le ciel s’était mué en un objet sphérique qui grossissait à vue d’œil, toujours silencieux. D’une couleur métallique, il semblait tourner sur lui-même, et une espèce d’aura tourbillonnante le rendait un peu flou. Il se dirigeait vers l’horizon, longeant la route. -Ce n’est pas loin de notre direction, je serais d’avis de jeter un œil en passant, c’est pour le moins étrange, qu’en dites-vous ? -C’est votre voiture, et je ne suis qu’un passager accidentel ! répondit Hendler, mais j’avoue que ce serait bête de passer à côté de cette anomalie sans essayer d’en apprendre un peu plus. Les deux hommes parcoururent les quelques kilomètres qui les séparaient de cet objet mystérieux. Maillay se gare, coupe le contact. La voiture étant dissimulée par une haie d’aubépine, ils peuvent voir maintenant un vaisseau, d’une taille gigantesque, plus grand qu’un A 380, posé sur huit pieds articulés. -Heureusement que vous êtes témoin de cette apparition, articula laborieusement Maillay, la bouche sèche, sinon je passerais pour un illuminé ! -Non, pas de soucis à vous faire de ce côté. Un sas s’ouvrit silencieusement, sous le disque, et un escalier télescopique descendit lentement, s’arrêta dans sa progression dès qu’il eut touché le sol. Maillay écarquillait les yeux, mais rien ne bougeait, l’escalier déroulé semblait être une invitation à l’emprunter, entretenant une tension que le silence de l’opération rendait exacerbée. À suivre… Frank Defossez |
Paranormal Sisters |
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Chapitre 9 suite
et fin Le couvert
mis, il retourna au salon, il caressa doucement le front de Tara, la secoua
un peu, mais la jeune femme dormait à poings fermés. Tara récupérait ses
nuits sans sommeil et de stress, inconsciemment elle se sentait protégée par
Florian. Le médium
ouvrit alors la porte de la chambre de Tara, puis la prit à bras le corps et
la déposa sur le lit. Il lui ôta ses chaussures et la recouvrit d’une
couette. Sans faire de bruit, il quitta la chambre. Florian
mangea légèrement, se dirigea vers la salle de bain, après s’être déshabillé,
il pénétra dans la douche. Il se versa du gel sur la tête, mais curieusement
le flacon se déversa de moitié, Florian tenta bien d’évacuer le savon de
trop, mais les yeux lui piquaient, il ne voyait plus rien. Pour combler le
tout, l’eau s’était arrêtée de couler. À tâtons il se risqua à attraper une
serviette qui, elle, avait disparu. Le médium se
hasarda alors à quitter la cabine, mais vlan, il s’affala sur le sol
glissant. Il réussit
néanmoins, au bout de plusieurs minutes, à se sortir de cette fâcheuse
situation. Heureusement Tara, encore au pays des songes, sommeillait toujours
et n’avait rien entendu. Épuisé,
d'avoir enfilé un caleçon, il se coucha dans le canapé, après avoir ressassé
tous les faits anormaux connus, il s’endormit à son tour. Jeudi matin,
Florian, déjà bien réveillé, avait préparé le petit déjeuner, dans les
tasses, un café fumant embaumait la cuisine, quelques croissants et pains au
chocolat attendaient sagement dans une assiette, ce fut le moment que choisit
Tara pour se lever. En pénétrant dans la pièce, elle fut agréablement
surprise par cette petite gentillesse, elle appréciait beaucoup le médium, un
peu trop peut-être. Lui aussi d’ailleurs. La collation avalée, leur toilette
faite, une fois habillés, ils étaient prêts à se rendre au centre
hospitalier. Sur le
parking, Tara coupa le contact de sa Clio, ils se dirigèrent vers le bâtiment
de pierres grises, montèrent au deuxième étage. Tara voulait,
auparavant, rendre visite à Lilian et le présenter à Florian, en entrant dans
la pièce quelle ne fut pas la stupeur de Tara, assisse à côté du peintre et
lui tenant la main, Amélie ! - Tu es
là, toi ! - Comme tu
vois,
répondit son amie gênée. - Tu ne
t’ennuies pas, je remarque. - Toi non
plus, on dirait, rétorqua Amélie. Tara embrassa
son amie en riant, puis Lilian. Le jeune homme allait nettement mieux, il en
avait certainement encore pour un certain temps, mais il était sur le chemin
de la guérison. Ils discutèrent un moment puis Tara et Florian quittèrent
leurs amis. Ils longèrent
le couloir pour arriver à la chambre de Cendra. Rien n’avait changé, le
visage de Cendra était toujours aussi dur. Le médium se saisit d’une chaise
et s’approcha de la jumelle. Tara restait debout attentive à ce qui allait
suivre. Florian
articulait lentement. - Bonjour
Cendra. Je me nomme Florian. Je suis
médium, j’aimerais vous parler, votre sœur qui vous aime énormément est
affligée par ce que vous provoquez, car je sais que c’est vous. Je vous
demande donc de cesser. Vous n’avez aucune raison d’être jalouse de votre
jumelle, vous avez tort. Florian
regarda quelques instants le visage de Cendra afin de percevoir un signe
quelconque, mais… rien. Alors il continua. - Les
bêtises que vous avez pu faire sont terminées. Si vos parents vous ont mis en
pension, c’est aussi votre faute. Ensuite la drogue n’a pas arrangé vos
affaires. Ni Florian ni
Tara ne s’attendait à ce qui allait se passer. Tout à coup, le médium se
retrouva le cou entouré par le flexible de la perfusion, serrant de plus en
plus. Tara essayait en vain de le détacher, mais cela était absolument
impossible. La jeune femme, ne voyant aucune solution, débrancha tout le
matériel retenant en vie sa sœur. Le tuyau se détendit. Il se passa alors une
chose horrible, Cendra, le visage relevé, tourné vers sa sœur, ouvrit les yeux juste un instant pour lui dire : - Je t’ai
toujours haï ! Elle retomba
ensuite sans vie sur le lit. Tara pleurait
maintenant à chaudes larmes. Le professeur arriva en courant, accompagné de
deux infirmières qui essayèrent de rebrancher la jeune fille sans succès. - Sortez
donc Mesdemoiselles, demanda le professeur aux soignantes. Expliquez-moi
Tara ! Celle-ci ne pouvait
parler, c’est Florian qui raconta toute l’histoire. Le médecin, quoique un peu sceptique, accepta pourtant le phénomène,
heureux certainement de s’être débarrassé d’une patiente aussi encombrante.
Il signa l’acte de décès. Florian emmena Tara toujours en pleurs, il fallait
maintenant qu’elle prévienne ses parents. Un an plus
tard eut lieu le même jour les mariages de Tara et Florian, d'Amélie et Lilian. Cendra
n’était bien sûr pas là, mais une si belle journée ! Y a-t-il
besoin d’un ange et d’un démon… non, un ange suffit ! Fin MARTINE GRASSART-HOLLEMAERT |
LE TUNNEL DU TEMPS |
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Suite du 70 « …La
teinte en est rouge ! Me permettez-vous de passer à la vitesse 4/3 pour
le rattraper. Nous pourrions ainsi envoyer une patrouille vers cet
engin ! » Scott :
--« Je vous y autorise dans l’intérêt de la science ! » Dzwet :
--« Dites aux radiologues de déporter le rayon dans 5 secondes, je passe
à v 4/3 ! » Scott fit
un geste vers Nicolas qui mit le doigt au-dessus du bouton. « Top » Et le B-5
se lança à la poursuite de l’objet inconnu. Dans
Emeraude, le télé-récepteur suivait l’engin, mais on ne le voyait pas. Une
chose les stupéfia ! Les inconnus de l’engin restaient muets, ils se
pressaient pourtant à une dizaine dans leur véhicule. Le B-5 parvint très
vite à sa hauteur et trois patrouilleurs en scaphandre serrèrent la main
de leurs 7 compagnons. Leur matériel se composait de smothon,
matière fibreuse résistant à la chaleur, leur casque devait sa transparence
au thermoflix. Ils portaient sur le dos des
bouteilles d’air solide leur permettant une autonomie de 10 jours, des
réacteurs Folas (avec du Cormat
comme carburant : il n’était pas question de Luminon,
ils partiraient sans eux !). Il était entendu que ces engins ne
serviraient qu’au déplacement latéral : la vitesse du B-5 les lancerait
vers la nef inconnue. Un vecteur électromagnétique les scotcherait à la paroi
et il s’agirait d’entrer. Ces gens-là n’avaient aucune raison de repousser
leurs sauveteurs. Les trois volontaires entrèrent dans le sas. La porte
s’ouvrirait lorsque le B-5 serait à même de dépasser l’engin. Une autre forme
d’aventure commençait. Ça devait chauffer horriblement dans le sas : les
trois gars suaient, à croire que toute l’humanité se cristallisait sur leur
visage mais ils ne perdaient pas leur sang-froid. Ils fixaient la porte de
sortie, la vitesse suffirait à les faire sortir sans un mouvement de leur part.
» Prêts ? ». La lampe rouge clignota frénétiquement. Les trois ne
virent même pas la trappe s’ouvrir, une poussée vertigineuse les entraina
dans un décor où flottaient des lignes de couleurs différentes : sans
doute le choc ! Ils volaient maintenant comme trois flèches, devant
eux : un point lumineux s’éloignait, B-5. Un autre se précisait :
l’engin ! Ils fixèrent leur réacteur sur ce point verdâtre. Tout était
obscur autour d’eux, pas une étoile : un vrai tunnel. « Ça va ? ».
C’était Dzwet qui les contactait. Drack : --«
Tout va bien, nous ne sommes éloignés les uns des autres que d’une dizaine de
mètres ». Loldar qui était
en tête : --« Nous y sommes presque, nous apercevons l’objectif, je
suis attiré par sa coque. Drôle de métal ! je suis collé comme une
moule, Drack est à quelques mètres mais Alt est
entrainé dans le vide : son électro n’a pas fonctionné ! Il
s’éloigne de plus en plus, il agite les bras, il est perdu ! NON, une
espèce de filet sorti du véhicule l’a attrapé au vol. Maintenant, une paroi
s’ouvre : nous sommes aspirés vers l’intérieur par une force de
gravitation, un éclairage vert nous environne, une lumière qui sort des
cloisons ». Puis plus rien : les signaux s’absentèrent : on
n’entendait plus de grésillement dans la fusée Emeraude. Trois mots surgirent
du télé-récepteur : « Mo Ira Ifrac ».
Le B-5
freina, permettant à l’OVNI de le dépasser et se contenta de le suivre.
Qu’était-il arrivé aux trois gars ? Actuellement, les voyageurs
n’avaient pratiquement rien à faire. Dans Emeraude, on restait à l’écoute et
on étudiait les signaux. On restait surtout en contact avec les3. Et le
C-8 ? On attendait. (Je vous dois une explication : j’étais dans
« l’engin » comme certains le nommaient. Je ne suis pourtant aucun
des « trois ». Qui suis-je ? Patience, vous le saurez. Le C-8 se
posa bientôt sur l’« astre doré ». Des
découvertes assez sensationnelles avaient été faites : ils étaient
descendus dans un drôle de monde. Des montagnes d’or massif, quelques vallées
avec des filons de différents métaux rares sur Terre. Cela représentait une
fortune colossale ! C’est qu’il y en avait des
« briques » ! Et il y avait de la végétation : des arbres
verts aux troncs lisses, aux racines tortueuses et aux feuilles dentelées.
Approximativement comme ceux de la Terre : mais les feuilles étaient
terriblement lourdes. La pesanteur étant à peu près celle de notre
planète-mère, on y chercha une explication. L’atmosphère se composait
d’oxygène, d’hydrogène, de sels d’or (peut-être des chlorures ?), et
d’autres gaz rares. Il ne fallait pas s’y risquer longtemps sans casque.
Quelques échantillons végétaux furent ramenés au laboratoire de la nef. Le
biologiste Y Gadaï plaça une feuille sous le
puissant atomascope, appareil fournissant la
formule chimique de la substance étudiée, les cartes perforées tombèrent
lentement. Y s’y pencha avec une note d’étonnement : une molécule était
formée de 15 atomes d’oxygène, 27 d’hydrogène, 5 de chlore et 4 d’or !
Voilà pourquoi les feuilles étaient si lourdes ! Des êtres vivants
contenant de l’or : voilà qui pouvait faire rêver. Il y avait bien de
l’or dans les cheveux ! Mais vraiment en petite quantité. Ici, c’était
même la base de la structure moléculaire. Dans notre environnement, il y
avait sûrement d’autres combinaisons possibles et on avait omis de chercher
des formes de vie sur Mercure, Saturne, etc. La lune n’avait été explorée que
sur une petite profondeur ! Sur quelques planètes extérieures à notre
système planétaire : le silicium prenait le pas sur le carbone comme sur
la Jungle du Ciel, mais pas encore les métaux classiques ! Ces résultats
furent retransmis aussitôt sur Emeraude. La patrouille continua ses pérégrinations sur Aura, ainsi que la patrouille l’avait baptisée. Lors d’une sortie, ils furent attaqués par une armée d’animaux dotés d’une cuirasse luisante comme les pangolins et de longs piquants verts dignes des porcs-épics. Une centaine de ces bestioles formèrent un cercle bouclant les visiteurs et sur un grognement perturbé d’halètements, ils lancèrent avec habilité des piquants sur les intrus. Ces derniers répliquèrent avec leur laser. Lorsqu’un animal était touché, les gaz de l’infrastructure de ses cellules se libéraient en sifflant et il ne restait bientôt qu’une flaque d’or. Deux patrouilleurs avaient été éliminés. Les survivants rentrèrent à la chaloupe. Bloss Mac Wint était aux abonnés absents. Kraf : » Où est-il passé ? Ce Bloss ! ». Mo : --« Il a sans doute déniché une belle Aurasienne ! » Djo : --« Dans ce cas, nous filons à sa recherche avec Sam » Et les deux compères filèrent chercher leur camarade. En guise d’Aurasienne, les trois rapportèrent toute une famille de petits animaux d’une taille intermédiaire entre le rat et le lapin. Ils portaient un pelage soyeux, des pattes de singe, un peu semblable à des ragondins. Ces « rat-lapins » avaient des peaux de différentes couleurs : jaune, rouge, bleu, vert, etc. Ils s’étaient vite apprivoisés ! DJo : » Mo disait que tu avais déniché une Aurasienne ! » Bloss : --« j’en ai trouvé toute une tribu dans la rivière, mais elles tenaient bien plus de place que ces petites bêtes ! ». Dans la soute du C-8, s’entassèrent arbres et minerais d’or et d’autres métaux. La fusée quitta le sol d’Aura et retourna vers Emeraude. La chaloupe pénétra directement dans la soute à travers la trappe ouverte et ses passagers retrouvèrent avec joie le vaste amphithéâtre. Dans leur rôle de journalistes, Greg et Chantal relataient leurs connaissances sur leur cahier. Scott : » Etes-vous satisfaits de votre voyage sur Aura ? », s’adressant aux gangsters. --« Notre curiosité est en tous cas satisfaite ». Blav, ayant surpris cette conversation, s’approcha. —« Eh, les gars de Chicago, allez-vous retourner auprès de votre chef , à votre retour ? ». Djo : --« Nous avons pris conseil de nos 15 collègues : nous ne serons plus sous les ordres d’Ali Gorax ! » Blav : --« A la bonne heure ! » Mo : » En fait, nous avons rapporté un assez joli magot et tout un élevage. De l’or qui court sur pattes ! » Blav : --« Croyez-vous qu’ils vont se reproduire ? L’or est plus rare sur Terre que sur Aura ! » Mais Y Gadar assura que l’eau de mer contenant le précieux métal, les petites bêtes filtreront l’eau et en retiendront les éléments nécessaires à leur croissance ». Scott : --« Avec toutes les plantes ramenées et les pierres collectées, tous les passagers auront un joli pactole ! ». L’intermède fini, il fallait reprendre le cours des écoutes. Une lampe au fludiol clignota, puis d’autres, donnant un spectacle coloré. L’atmosphère faisait place à un spectacle bariolé dans la salle d’écoute. Certains pensaient : « C’est comme une foire, ces chenilles tournant dans une musique endiablée, mais nous n’étions plus des gosses ! Le temps passait, ce tyran de temps ! ». Les visages se teintaient de rouge et de bleu, puis de jaune et de vert, puis s’obscurcissaient. Les faces blafardes à la lumière jaune reprenaient leur gaieté à la lumière blanche. Merveilleux ! Mais les voix de la B-5 claquèrent comme les doigts de l’hypnotiseur devant son client endormi. Une foire où Monsieur Loyal en smoking présentait le programme, hurlant dans son micro… mais ces voix, ces voix, bon sang ! Blav sortit de sa torpeur, sans doute la fatigue l’avait exterminé comme les autres, il réveilla Scott, Dagjèr et les radiologues. Dzwet parlait ! « Allo ! Allo : Commandant » Scoot : --« Reçu cinq sur cinq ! Qu’y-a-t-il ? » Dzwet : --« L’engin ralentit : vitesse 5/8, vite, faites rectifier au radio si vous ne voulez pas le perdre. Cette manœuvre s’est produite depuis 3minutes et 10 secondes. Je dois ralentir à v = 5,1/8 afin de pouvoir le serrer. Dans dix secondes, je le collerai ». (Quel mal se donnent-ils, ces gens, j’allais dire : ces Terriens, mais j’en suis un !) Dzwet : --« Top ! ». Et Kalekio appuya sur le bouton. Quelque trois mois et demi s’étaient passés. Les saisons, les années passaient dans un vaste tourbillon ! (Le temps, non, c’est nous qui passons ! comme déclamait Ronsard ! En fait : ce n’est qu’une histoire de déplacement corpusculaire entrainant les atomes !). Le B-5 devait arriver aux abords de la planète, si planète il y avait ! On commençait à parler de plus en plus d’un espace-temps (Vous allez voir que nous allons y arriver !). Une joie sans borne éclata dans la B-5. Dans la fusée, on croyait que ces pauvres gens étaient devenus fous ! (Malgré leurs fantaisies, on ne peut pas leur en tenir rigueur, c’est à des hommes comme ça que je dois la vie. Mais qu’est-ce qu’il raconte, l’auteur ? doivent se demander le lecteur ! MAIS JE NE SUIS PAS L’AUTEUR DE CE RECIT !) Dzwet intervint : « Commandant,
l’engin ralentit : v = 0,0001 /8, depuis une minute et cinq secondes.
Nous approchons du but, lorsque nous serons à 60 km/s, nous serons ainsi en
vue de l’engin ! Dans 5 secondes, parés au top ! » Scoot : --« Parés » Dzwet : --« Top » Et le B-5 fila le train derrière l’engin alien. Le plus extraordinaire était l’apparition, dans une auréole bleuâtre, d’une planète encore dissimulée en partie par l’épaisseur de son atmosphère et par les nuages. Un satellite auréolé de même lui tournait autour. Une étoile jaune brillait avec chaleur dans le vide criblé d’étoiles. L’engin entrait dans le champ de gravitation et le B-5 se mit en station. Dzwet : » Commandant, nous avons trouvé la planète. Nous espérons que le télé-récepteur a capté les derniers millions de kilomètres ! Nous retournons auprès de vous ! » Scott : --« N’ayez crainte, tout est dans les « tuyaux ». Nous serons à même de retrouver l’emplacement de cet astre. Relayez-nous les infos que vous avez glanées. » Kart : --« Je vous les communique ! » « …Edéeus, Secouréeus, …Eus peupl è son décli. Edéeus… » Dagjèr : --« Champagne pour tout le monde ! » Mo : --« Du champ de Reims ? » Djo : --« Pourrons-nous nous saouler ? » Sam : --« Et comment donc ! » La conversation prenait un tour charmant, malgré l’air d’un des vingt éclaireurs ! --« Du champagne de Reims, fait à Lille ? Où avez-vous vu cela ? Regardez l’étiquette ! » Un autre des vingt intervint : --« Il n’y a pas de vigne dans le Nord ! » Blav stoppa court le débat : --« Des vignes sont productives depuis longtemps dans cette région, depuis le réchauffement climatique ! Il s’agit, en l’occurrence, de champagne synthétique !... » Et devant la mine déconfite de ses interlocuteurs, il ajouta : --« Sans alcool ! » Mo— « Cruel ! » Vingt-quatre jours après, le B-5 rencontrait l’Emeraude. Il restait quarante-huit jours pour que la fusée atteigne la planète. Les éclaireurs décrivirent ce qu’ils avaient vu. Le télé-récepteur continuait à suivre l’engin. Après une pause, l’objet étranger repartit en suivant le « réseau » et dépassa la planète. Blav : --« Où va-t-il ? » Greg : --« Peut-être n’est-il pas de cette contrée ? » (Je ne suis pas de cette planète. Plutôt, je suis de cette planète, mais éloignée à des dizaines d’années-lumière. Comment un astre peut-il se trouver à plusieurs endroits ? Ce n’est qu’une histoire de déplacement corpusculaire. Au niveau humain, contentons-nous de l’image d’une autre… Je n’en dis pas plus ! Ils trouveront la clef du problème devant la planète !) Toutes les sources d’info étant regroupées, on procéda à la synthèse. Nicolas : » D’abord un réseau d’ondes confuses où les mots évoluent : ce système étant entre la Terre et la mystérieuse planète que nous nommerons Zeta ... ! » Kalekio : --« Le message prend naissance sur Zeta et se perd dans le vide et réapparait sur la Terre ! Hop, aussi mystérieusement qu’un lapin dans la poche d’un prestidigitateur comme Zéraz ! ». Dzwet : --« Dans le réseau, on ne capte plus rien de l’extérieur, un vrai tunnel... » Eva : --« Vous avez bien dit comme un tunnel ? » Dzwet : --« Exactement ! » Blav : --« Au fait, avez-vous vu ses occupants ? » Jorga-No : --« Ils étaient une dizaine : d’allure humaine » Greg : --« Passez-nous la conversation de nos trois ambassadeurs à bord de l’engin ! » Kart : --« Voici le texte ! » Et on entendit : Darck : --« Tout va bien... » Scott : --« Passez plus loin ! » Loldar : --Ca y est : nous y sommes, on aperçoit la chaloupe. Je suis attiré par la coque, collé comme une moule. Drack est collé à quelques mètres mais Alt est entrainé dans le vide, son électro n’a pas opéré ! Il s’éloigne de plus en plus, il bat des bras. Non, il est attrapé au vol par un filet sorti de l’appareil. Etc. Le compte-rendu était déjà connu ! Scott : --« Et ensuite ? » Kart : --« Plus rien, les inconnus ne parlaient pas ! Dolld : --« Mais si, rappelle-toi, Kart ! Les trois MOTS ! » Kart : --« Je les passe... » à suivre HERTIA-MAY |
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