SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°75

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Mai à Août 2025

 

a

 

BD HARDUIN d’AMERVAL  n°1 à 63

Illustration BD : ODILON     page 2

PATRICK  MERIC

Concours Société d’Emulation 2024

 

LE GRAND CHENE    page  3 

Sidoine Lepoivre

LES VACANCES D’ETE   page 3

Léa Laroche

SEPTEMBRE  page 3

Aliénor CENA

SOUVENIR D’UN JOUR  page  4 

Axel LEPLUS

L’AIGLE ET LE SINGE   page 4

Inès Pellicani Lopez

DELICES   page 5

Monique-Marie IHRY

Jules MOUSSERON   page6

Nicolas NIMAIR

HUMOUR - PATOIS

 

QUAU QU’ VOS VOLEZ     page 6

Léonce BAJART

CHES GINS & ECH’ PAON ET ECH COULON   page 6

Maurice CATTIAUX

L’ELECTRICIEN   page 7

Anonyme

PENSEES   page 14&15

Hector  MELON d’AUBIER

ADULTES –POESIES

 

REFLEXIONS   page 7

Famille Allemand-Bracq

VIEILLIR   page 7

Gisèle HOURIEZ

CHAQUE JOUR, SA PENSEE  page  8&9

Gérard ROSSI

LE 4 SEPTEMBRE 1944   page 9

Jany LAURENT

DIX FEES RAMANT   page 10

Marc VINCENT

ÉPITAPHE   page 11

Jean-François SAUTIERE

PETIT POEME & ILPLEUT  page 11&19

PASCAL

UN JOUR J’AI FRANCHI LE PAS  page 12

Patrick VENTURE

LIMACE & EGLANTINE   page 12

Saint HESBAYE

TENTACULAIREMENTpage 12

Didier COLPIN

LE 4 SEPTEMBRE 1944   page 13

Virginie CHAUSSIEZ

NON PLUS JAMAIS !   page 13

Albert JOCAILLE

LE 4 SEPTEMBRE 1944    page 14

Floriane CATTIAUX RAMETTE

VALEURS PATRIOTIQUES REST    page 15

Séverine JOUHANNEAU

MON BOUTON DE ROSE   page  16

Bernard SIMON

L'ATTENTE DU PLAISIR  page 16

Julien BURY

L’ESCARGOT  page 16

Reine DELHAYE

CŒUR VOLCAN    page 17

HERTIA-MAY

INSTANT   page  17

Jean-François SAUTIERE

DESCENTE …& COMMENT DIRE    page 17&24

Thérèse .LEROY

LIBERTE  page 18

Audrey MARTIN

LIBERTE  page 18

Danielle KORNACKI

IL Y A  page 18

Jean-Charles PAILLET

IL Y A  page 18

Philippe DURIEZ

IL Y A   page 19

Richard BENDLEWSKY

NOUVELLES

  

A LA LUEUR D’UNE BOUGIE ETEINTE   page /20/21 22

Blue Lycenne

   LE TUNNEL DU TEMPS    page  /23/24

HERTIA-MAY

DIVERS

 

CROQUE LE VAL   3°de couverture 

VAL de RIO & OMC

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

PREMIER PRIX DE LA CATEGORIE JEUNESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE GRAND CHENE

Oh grand chêne

Tu n’étais jadis qu’une toute petite graine

Enfouie sous la terre à l’étroit

Tu ne savais sûrement pas que tu allais devenir un grand roi

 

Puis un jour, un jour de printemps

Une lumière si espérée t’a illuminé

Comme un rayon de soleil

Les ténèbres du passé.

 

Puis au fur et à mesure des jours et des nuits

Tu es devenu un arbre géant

Dominant quelconque être vivant

La plus petite et ridicule graine était devenue un chêne fort et puissant

 

Après tout ce bonheur se cachait le plus grand des malheurs

Les nuages remplacèrent le soleil et la seule lumière provenait des éclairs

C’est justement l’un d’eux

Qui par sa puissance mit le roi de la forêt à terre

 

Une petite graine échappe à l’accident

Elle ne sait pas encore

Que du Chêne elle est le descendant

Et encore moins qu’elle égalera son parent.

 

Sidoine Lepoivre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

POÈME REMARQUÉ DE LA CATÉGORIE JEUNESSE

 

 

 

 

 

 

 

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LES VACANCES D’ETE

 

Les vacances d’été sont arrivées !

Le soleil brille, la mer est chaleureuse,

Les journées sont longues et savoureuses,

C’est le temps des rires et des amitiés.

 

Les instants fugaces, doux et parfumés,

Dansent avec joie sur notre peau soyeuse,

Les vacances d’été sont arrivées !

Le soleil brille, la mer est chaleureuse.

 

Les soucis s’évanouissent, oubliés,

Comme une brise légère, délicieuse,

Le bonheur se dévoile, majestueux,

Le temps s’étire, heureux et enchanté

Les vacances d’été sont arrivées !

Léa Laroche

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

POÈME REMARQUÉ DE LA CATÉGORIE JEUNESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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SEPTEMBRE

 

Quand meurt la ramée aux yeux des cerfs

Et quand peut se lier le grand Hiver

On voit des âmes

Peut-être de tristes mânes

En tout cas elles prospèrent

Aux portes du grand hiver

Qui se lie langoureusement

A la porte des cieux

De grands visages de pierres

Pleins d’un auguste mystère

Tremblent sous le vent

Tristes monts d’antan

Et souffle la poussière

Aux grands cœurs de cratères

Noirs pour qu’on puisse mieux voir

Y briller la lumière.

Aliénor CENA

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

POÈME REMARQUÉ DE LA CATÉGORIE JEUNESSE

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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SOUVENIR D’UN JOUR

 

Dans beaucoup de films, l’enfance du personnage

Est souvent reflétée avec la nature, le ciel bleu et les nuages.

Ils s’imaginent avoir une vie de rêve

Où rien ne peut passer à travers.

 

Mais chez nous, nous sommes dans les quatre murs de notre maison.

À n’entendre que les sons de la télé sans raison.

Justement, dans cette télé, les nouvelles n’en sont que plus mauvaises.

Notre forêt bien-aimée se meurt dans le feu et les braises.

 

Mon jardin, je ne le connais pas, à quoi peut-il ressembler ?

Aujourd’hui est un grand jour, je vais faire mes premiers

Pas dans ce vaste monde. D’abord, j’ouvre ma fenêtre :

La mélodie des oiseaux et les rayonnements du soleil y pénètrent.

 

Un arbre magnifique tend ses branches vers moi.

Des milliers de fleurs par terre siègent comme des rois.

La vérité de la beauté de la nature n’a rien d’exagéré

Cette vérité a réussi à ce que mon cœur soit percé.

 

La vie m’appelle et ne cesse de m’émerveiller.

Telle une guerrière, j’enfile ma plus belle robe

Et commence mon aventure pleine de joie et de sérénité.

Une seule chose me donne envie : regarder le soleil et l’aube.

 

La nuit venue, le silence arrive.

Comment le ciel peut-il abriter autant d’étoiles ?

Où sommes-nous ?

Pour moi, ce n’est que le paradis.

Axel LEPLUS

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

POÈME REMARQUÉ DE LA CATÉGORIE JEUNESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’AIGLE ET LE SINGE

 

Le majestueux aigle survolait les airs

Avec prudence et bienveillance

Son travail était de voir si tout était carré

Un peu plus tard dans la journée

L’aigle vola au-dessus de la forêt

Soudain il atterrit surpris et énervé

Il vit le singe en train de faire le fou

Qui ne le remarqua même pas

« Eh, attention ça pique, le houx !

-Je sais maître aigle ne t’inquiète pas.

-Tu sais, je trouve que tu es un danger.

-Ah oui, et pour qui suis-je un embarras ?

-Mais voyons pour l’humanité -Pas du tout je rigolais »

Et sur cela chacun repartit de son côté

Les années passèrent et l’aigle se faisait vieux

Il avait passé sa vie à surveiller

Il contemplait malheureusement les cieux

Le singe arriva et lui dit :

« Tu aurais dû profiter de la vie. »

Et il mourut soudainement

Le singe prononça ces paroles en dansant

« Il vaut mieux profiter de la vie

Et ne pas faire attention

Que d’être trop prudent et ne rien profiter du tout »

Inès Pellicani Lopez

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

PREMIER PRIX CATEGORIE ADULTES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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DELICES

 

Jaloux de cette coupe ayant frôlé tes lèvres,

Je suis frustré comme elle, à l’affût d’un instant

Pour rafraîchir ton corps comme tu l’aimes tant

De bulles à foison, de mille et une fièvres.

 

Éros a pris racine au jardin des splendeurs.

Je veux y croire encore, évincer ma détresse,

Sur ta poitrine ivoire, épancher mon ivresse,

M’immoler sur l’autel de tes folles ardeurs…

 

Je veux être la flûte en doux cristal de Sèvres

Pour venir effleurer ta bouche posément,

D’une langueur exquise, ensuite… lentement,

Caresser tes courbes de mes langueurs orfèvres…

 

Ma fougue, avec brio, vaillamment bannira

Tous les vains soupirants de notre noble cause.

Pour mon viril entrain, il ne sera de pause

Tant que, pour tes rondeurs, mon corps fougueux vivra.

 

Succombe à ce délice, à ce verre en attente,

Savoure ce champagne offert à ton désir…

Il me tarde de voir ton visage rosir

Sous le flux généreux de ma coupe envoûtante…

 

Si le ciel le permet, s’il ne peut qu’un moment

Combler mon espérance, ou si cela ne dure

Que le temps d’un soupir, peu importe l’augure…

Je veux mourir d’oser dans les feux de l’instant !

Monique-Marie IHRY

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS DE POESIE SOCIETE D’EMULATION 2024

PREMIER PRIX CATEGORIE ADULTES

 

 

 

 

 

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(Catégorie Langue régionale)

Jules MOUSSERON

Paru dans la caudriole  74

Poème en hommage à Jules MOUSSERON, lors d’une exposition à la médiathèque Simone WEIL, Valenciennes. Jules MOUSSERON

Nicolas NIMAIR

 

 

 

 

 

 

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QUAU QU’ VOS VOLEZ  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ia des gins qui creutent qu’el commerce c’est « tout roses et violettes ». Et pourtint in n’est po toudis al ducasse quind in voreut povoir continter tout sin monne.

D’abord i n’ a po deux cliints qui s’ersinnent. Si n’ d’a in qui sait sou qui veut, l’ ti qui suit, in intrint, c’est du bleu qui d’minne et iacate du guinne ; mais, l’pu pire, c’est les cliints qui viètent vir l’air du boutique, qui faitent déballer, déballer et, pou in finir, qui s’in vont sins ré prinne, les bras écouints, parce èqu’ c’est pou in rinsinnemint… inna commissian pou in eute, qui ditent !

Et pi, dans les boutiques, c’est là qu’in a les nouvelles ed pa tous côtés, putôt les méchintes équ’ les bonnes. Au boutique vos sarez, du matin, dû qu’ia eu du feu par nuit ; in vos dira aussi qu’el grind Frinçois d’ el maladrie i s’est brisé ine guimme in dévalint d’ sin gernier ; qu’el fille Tiophile mo du Borne al va divorcer et qu’Adèle mo trouc-et-trouc ess’ vessie al ermonte dins s’n’ estoma et qu’ça li cueupe ess’ n’ halonne !

I feut tout intinne dins les boutiques. Mais si vos avez l’ malheur d’edminder à quéquin –si ça va- alorse vo povez prinne inne caière pou vos assir inne mi-heure parce èqu’ tout i va défiler : les romatiques, les surians, les pilures pou l’ dormoche, el couair qui berleuque, el drisse obé l’ constipation, i vos faura tout savoir ed ses maladies ! Et vos arez cor d’ el chince si in n’ vos fait po mette vo deugt à l’indreut dû qu’in a d’ meu !

Seulemint si, dins les cliints, ia des lainques qu’al sont montées à l’estricité, à l’incontre, il d’ s’ étombis qui n’in saquent po inne et qu’in n’sait jommais aveuc ieusses si in a perdu o bé gongné.

Daronnemint in espèce ed varlet, in grind ploion, iéteut rintré dins in boutique dû qu’in vind des capés, des qu’mises et in tiot peu d’ tous les sortes. El marchind qui v’neut d’ercevoir des novélités iaveut mis des capés al moute su sin comptoir et, veyint qu’el varlet iaveut l’air d’el zé raviser fort, i li met un capé su s’ terte.

-Nondégeu, qui dit l’ marchind, vos n’êtes po mal aveuc. Assoiez cor c’ti cil pour vir. Et pi ravisez-vous dins l’ mireu.

El varlet qu’iaveut l’air d’ête ed nurvoir i s’ laisseut faire, i n’ diseut ré, et l’ marchind aussi subtil qu’in cat parce qui voleut vinne, ialleut toudis cair dins ses amelles. Si bé, qu’ed capé in capé, i n’d’aveut assoié inne dizonne su l’ terte du varlet qu’iéteut toudis là étimpi comme in bec-bos.

Ercrind et n’ veyint po d’about, el marchind i dit au varlet : « Aai o bé n’ non volez-vous m’ dire quau qu’ vos volez comme capé ? »

-Mi… mi… qui répond l’varlet… c’est in croate qu’èje voreus !

Léonce Bajart

 

 

 

 

 

 

 

 

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CHES GINS AL’ FOUFELLE

 

 

 

 

 

 

 

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 Poésie. Monologue en picard

 

Tous ches gins qui sont al’ foufelle

Qu’y ont des rindez vous urgints

Qu’y ermutte « Grin vint mais rin d’dins »

Qu’y racontes plus d’ turlurettes

In dusse qu’y vont, tous ches gins lo ?

 

Pourquoi s’ercranhir, s’ mette in nage

Foere plos d’ tintouin

Ches gins trinquilles, y sont fin pus bénache

Et y erwette passeu l’ timps !

 

Maurice Cattiaux

 Hénencourt, 16 juillet 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ECH’ PAON ET ECH COULON

 

 

  

 

 

 

 

 

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 Poésie. Monologue en picard

 

Mi, dit ch’ paon ach coulon blanque

J’os eune traîne comme ches reines

J’ me mouque pos aveuc eune brique

Je m’ foè toudis ermarquer

 

Mi, dit ch’ coulon blanque

J’os d’ s’ ailes

J’ vole et j’ va dusse que cha m’ plait

Ech su fin bénache

Ch’est biaucoup miux.

 

Maurice Cattiaux

Hénencourt, 16 juillet 2003

 

 

 

 

 

 

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L’ELECTRICIEN

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois un électricien qui voulut brancher une femme qu’il trouvait lumineuse.

Hélas pour lui, celle-ci chercha tout de suite à éteindre ses ardeurs.

-J’suis déjà prise : annonça-t-elle.

-Je m’en fiche, lui dit-il, je ne suis pas du secteur. On pourrait se voir en alternatif ?

-Si vous continuez à me mettre sous tension avec autant d’intensité, je pars en courant.

Et elle se retourna pour s’éloigner.

Reprenant le fil conducteur de son approche, il chercha à l’allumer :

-Mais pourquoi faites-vous de la résistance ? N’aimez-vous pas les Ohms ?

Elle lui fit Volt face. À ce moment-là il y avait de l’électricité dans l’air.

-Watt ? T’Ampère pas une !

-C’est que je ne vous trouve point Led, s’exclama l’électricien.

Son style ampoulé sembla calmer la femme.

-C’est gentil. Mais dites-moi, tous ces jeux de mots, c’est pour briller ?

-C’est pour flatter votre intelligence ! J’adorerais étreindre une lumière de votre genre.

L’électricien imaginait sans doute déjà les va-et-vient…

-Vous me prenez pour une call-girl de Lux ? Je vous dis que je suis déjà prise et éprise !

Elle était sur le point de péter les plombs à cause de cette méprise multiple.

C’est alors qu’arriva le galant de la belle, un macho monté sur pile électrique, qui joua parfaitement son rôle d’interrupteur de conversation en collant une châtaigne au prétendant (ça douille !).

Et c’est ainsi que l’électricien, qui se prenait pour une lumière mais n’était guère brillant, dut accepter de la mettre en veilleuse.

Anonyme

 

 

 

 

 

 

zouave 

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REFLEXIONS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le sergent Braq est un bon gars

Et un rud’ zouave, n’en doutez pas.

Toujours content et plein d’entrain,

Il chant’ le soir et le matin.

Si par hasard il est morose,

Y a une raison, j’ connais la chose :

Il songe à sa femme qu’il aime bien !

Il rêve à son fiu, nom d’un chien !

Si vous saviez qu’il est mignon,

Sin tiot Raoul, sin gros garçon !

J’ai vu sa dernière photo

Et j’ vous jure que c’est un rud’ marmot

Frisé, souriant et pis bâti,

Son père peut être fier de lui.

Vivement que cett’ guerre soit finie,

Que l’Allemagne soit anéantie

Et que l’ami Bracq « Sous-Lieutenant »

Soit près d’ sa femme et de s’ n’enfant.

 

À mon excellent ami Bracq

Rueil, le 12 janvier 1915

Signature illisible

Famille Allemand-Bracq

 

 

 

 

 

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VIEILLIR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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S’avouer à soi-même que tout est moins facile,

Pour n’être point raillé, le taire à ses amis ;

S’interdire en besogne ou en conseil utile

Ce que la veille encor on se croyait permis.

 

Regarder le miroir reflétant un visage

Que l’on voit chaque jour un peu plus se faner,

Et caresser les rides, inoubliable ouvrage

De ce combat si long que l’on a dû mener.

 

Ranger les souvenirs, oublier les rancunes

Mais saisir au passage chaque instant de bonheur,

Même si dans l’esprit s’immiscent les lacunes,

Et que tremble la main en cueillant une fleur.

 

Savoir attendre enfin cette minute ultime

En cherchant un regard pour se réconforter,

Puis refouler sa peur, face à l’immense abîme,

Et vers la paix divine, se laisser emporter.

 

Gisèle HOURIEZ-MACAREZ

 Vertain

 

 

 

 

 

 

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CHAQUE JOUR, SA PENSEE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si haut qu’on monte, on finit toujours par des cendres. (Henri Rochefort 1831-1913, journaliste français)

De deux choses lune, l’autre, c’est le soleil (Jacques Prévert 1900-1977, poète français)

 

Ma grand-mère, qui écoutait la radio pendant le repas,

Comme il était de coutume en ce temps-là.

Dans les années 40, A. Lebrun étant Président de la République

Nous fit part avec malice de cette information à jamais historique !

 

« Grosse crise parlementaire !

Le Gouvernement a mordu la poussière,

Le Cabinet (ministériel) est renversé, mais jusqu’alors

Le brun, lui, reste encore ! »

 

Elle aimait aussi, entre amis, dans les réunions,

Pour agrémenter la conversation, lancer ce défi d’abréviation :

Nabuchodonosor était roi de Babylone, il faut bien l’admettre

Ecrivez-moi « cela » en quatre lettres !

 

Quant à l’autre grand-mère

Qui avait, elle, un humour plus amer :

Sur les prévisions météorologiques,

Comme sur les événements repris par les journaux en rubrique

 

Elle nous disait : « Quand il ne pleut pas, ça goutte ! »

Et là-dessus, il n’y a pas de doute :

En effet, même en salle de restauration

Quand il pleut dehors, plus on goûte à l’abri, par définition.

 

Pour moi, en politique, la France va mal ! Toujours et encore !

Notre Gouvernement nous demande trop d’efforts

Heureusement, il est dirigé actuellement par deux Manuel

Qu’en serait-il s’il n’y avait que Sciences Po et ses intellectuels ?

 

Pour mon pharmacien, « Les paras sont des durs ! » Comme il dit !

Car le para, c’est pas mol ! ou cétamol ? D’après ce que j’ai compris !

Et chez les singes, le mal assis est toujours plus dangereux, après tout,

Que sa femelle debout !

 

Le samedi, au marché : du nouveau sur les étals

Rayon boucherie : la viande Halal

Qui est sans doute garantie, même au détail,

Sans la moindre pointe d’ail ?

 

De même qu’avec les ordinateurs :

« Il faut suivre ! » : et que cela est un vrai bonheur !

Quand la truie se meut,

C’est pour que le Véracruz un peu !

 

Alors là, si ce n’est pas de la poésie, peuchère !

C’est tout de même un cas cher !

Et ce n’est pas faire de l’altruisme

Que d’adhérer aux idées des autres, sans pessimisme.

J’ai appris à mentir :

Je mens tellement durant le jour que, la nuit,

Je m’ennuie…

A mourir, sans dormir !

 

Si ces histoires ne vous ont pas plu

Que vous les trouvez trop crues,

Patience, ne jugez pas trop vite !

C’est qu’elles n’étaient pas encore tout à fait cuites.

 

Gérard ROSSI –

Neuville Saint Rémy,

le 03 Août 2016

 

On dit d’un accusé qu’il est cuit quand son avocat n’est pas cru.

(Pierre Dac, 1893-1975 – humoriste français)

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE 4 SEPTEMBRE 1944

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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« Le 4 septembre 1944, moi, Louis M…, petit Caudrésien de 8 ans, je me retrouve juché sur un blindé américain et défilant rue de St-Quentin au milieu des cris de joie des habitants… »

 

Quelle fierté ! C’est le défilé de la libération de Caudry. Tous les Caudrésiens sont dans la rue. C’est l’effervescence générale. Les cloches résonnent au clocher de l’église Sainte Maxellende. La foule endimanchée est en liesse. Les hommes ont sorti leurs chapeaux ou leurs bérets, les petites filles leurs rubans de cheveux et leurs plus jolies robes. Les galoches résonnent sur les pavés. Des hommes ont glissé à leurs bras le brassard FFI. La rue a un air de fête. On accroche des drapeaux bleu blanc rouge et je découvre la bannière étoilée, le drapeau américain me fascine, il a les mêmes couleurs que le nôtre, mais pourquoi toutes ces étoiles ?

Lorsque nous écoutons la TSF en secret le soir, Maman m’a expliqué que des soldats américains ont débarqué sur les plages de Normandie depuis le mois de juin et qu’ils libèrent les villes en remontant vers le Nord. Un voisin m’a précisé que c’était la 5ème division blindée américaine. Les soldats portent un insigne en forme de triangle à 3 couleurs avec un char et une sorte d’éclair rouge dessiné dessus. Pourquoi cet emblème ? Encore un mystère à éclaircir…

Dans les rues, la foule pousse des cris de joie et d’allégresse. Sous les clameurs, les soldats jettent des chewing-gums et du chocolat aux enfants qui se pressent autour des chars. J’observe ce spectacle, je vibre au contact du char. Un soldat me donne une friandise, un chewing-gum et m’explique, par des gestes et dans un drôle de français, qu’il ne faut surtout pas que je l’avale. Alors je mâche, je mâche… Cela me donne déjà un goût de liberté. J’en ai marre des restrictions alimentaires, de manger des rutabagas et du pain noir. J’ai tout le temps faim.

Le char roule lentement, tellement la foule est nombreuse mais nous arrivons quand même sur la Grand’ Place. Je suis tellement fier de trôner en haut de ce char, je suis assis à la tourelle, j’ai une vue grandiose pour profiter de cette ambiance extraordinaire. Mais j’ai une pensée pour mon père, comme il jouait avec moi. Ma mère si triste depuis tout ce temps où il a été fait prisonnier. Chaque soir devant sa photo, Maman me parle de lui, elle évoque la vie d’avant… Et tous les soirs avant de m’endormir je pense à lui. Le plus beau jour de ma vie sera celui de son retour.

Les Allemands étaient les maîtres depuis de longues années. Les soldats allemands partis, nous pourrons sortir sans peur. Les Américains vont nous rendre la liberté que nous avions perdue.

 

Jany LAURENT

 

 

 

 

 

 

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DIX FEES RAMANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Léporidés d’un côté,

les peaux ridées de l’autre…

Rien à voir !

 

Para, mari, beau :

il est surinamien ou surinamais.

 

Une chenille processionnaire

boudant seule dans son coin,

c’est rare et c’est triste… C’est gai

 

à force de home-trainer

(traîner à la maison),

on est au bout du rouleau.

 

Catherine de Midicis est en retard :

il est midi dix.

 

Tu peux couper ta salade :

le vinaigre n’abîme plus les couteaux

 

Anne Hidalgo : « Passage à 50 km/h ! »

sur le périphérique :

il faut aller vite

 

Daech : le Coran saignant

 

Gabrielle Oliveira-Guyon :

« Demain, c’est moi qui vous piégera. » Magnifique !

 

Quand vous choisissez de devenir

pompier, c’est que vous avez

la flamme ou le feu sacré.

 

Ici, il n’y a pas de réseau…

on peut donc dire n’importe quoi.

 

Violaine… c’est joli !

viol… haine : c’est pas joli joli !

 

Aussi vrai que je vous vois :

il existe des voyants aveugles.

 

Les ennuis s’accumulent

à ne plus savoir qu’enfer.

 

Jésus passait toujours

entre les clous…

même le jour où il a passé.

 

En ce moment la voile

a le vent en poupe.

 

Du fait que j’étais à l’hôpital,

ma facture d’électricité a baissé.

 

Parking réservé aux usagers

de la chambre mortuaire.

 

Ne nageant que sur le dos et sans

rétroviseur, je me suis fracassé la tête

contre un brise-l’âme.

 

La mère de Galilée se baignait

dans le lac de Tibériade.

 

Douce heureuse.

 

À propos ! quand j’eus une liaison,

comme deux beaux vers,

nous rîmes ensemble.

 

Au passage piéton, attention !

les enfants déboulonnent

sans regarder.

 

Le rapace et le rat passent.

 

Mon amour pour la lune va croissant

 

En Suisse, ça se fait à Saas Fee.

 

Il est riche avec sa planche habillée.

 

Laisse le sculpteur faire la tête.

 

Je préfère le zani au nazi.

 

Il faut mettre un peu d’orgue

dans tout ça.

 

Bienvenue dans notre espace de vente.

Cet espace est réservé aux voyageurs

munis d’un titre de transport SNCF.

 

Louis braille

parce qu’elle est très sourde.

 

Coup de soleil : le gosse pèle.

 

Marc Vincent

 

 

 

 

 

 

Page 16b

 

ÉPITAPHE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

ÉPITAPHE AU COVID 19

 

C’est un grand souffle poétique

Qui me fit descendre au tombeau.

De cet incident pathétique

Seul me reste ce quatrain beau.

 

ÉPITAPHE DU TEST

 

Afin d’en ressentir l’effet

Sur ma future sépulture

À la Toussaint, je vous l’assure,

J’ai déposé un gros bouquet.

 

ÉPITAPHE D’UN COUVREUR

 

J’étais un couvreur perché sur les toits,

En haut ou en bas, le travail commande.

Mais aujourd’hui c’est la dernière fois

Qu’on m’a dit « Descendez, l’on vous demande ».

 

ÉPITAPHE AU TEMPS

 

Un peu plus tôt ou un peu plus tard, l’heure sonne.

Pour moi elle a sonné à cent quatre printemps.

« Ô temps, suspends ton vol ! » Oui, mais pas si longtemps :

À mon enterrement il n’y avait personne !

 

ÉPITAPHE D’UN VOYAGEUR

 

J’ai bourlingué toute ma vie

Changeant toujours de place, preste.

À présent je n’ai qu’une envie :

C’est décidé, j’y suis, j’y reste.

 Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

 

 

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PETIT POEME

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Raconte-moi un texte bien adroit

Prends le tout au fond d’un tiroir

Parce je commence à avoir froid

À l’attendre sans le grand Espoir.

 

Accorde au plus près deux rimes

Plante sur l’écritoire cette plume

L’encre n’en fera point un crime

Quelques taches pour ma brume.

 

Renverse les mots pour cet hiver

Allume la flamme dans ce papier

Pour ce poème tu emplis les vers

Mais il se meurt dans son panier.

 

Sans être lu lui soupirer et écrire

Petit poème tu seras lettre morte

À quoi bon continuer en souffrir

Elle est l’aveugle bien trop forte.

 

Je peux épuiser tous ces encriers

Tous les mots sont ici les mêmes

Pour le réciter enfin pour le crier

Lui faire comprendre : Je t’aime.

Pascal Dupont

Romans sur Isère

 

 

 

 

 

 

Page 17

 

LE 4 SEPTEMBRE 1944

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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« Le 4 septembre 1944, moi Louis M…, petit Caudrésien de 8 ans, je me retrouve juché sur un blindé américain et défilant rue de Saint-Quentin au milieu des cris de joie des habitants ».

 

J’entends des cris, « vive les américains ! », « la guerre est finie ! », des applaudissements, des femmes embrassant des inconnus car ce sont des soldats américains, elles leur lancent même des fleurs, j’ai la tête toute embrouillée, je ne comprends pas, je me retrouve sur un char à devoir faire la fête, la fête ! Mais pourquoi ? Je me sens perdu au milieu de toute cette foule !

 

Pourquoi tout le monde est heureux, alors qu’il y a eu tant de morts ? Je ne suis pas à la fête, je pense à certains de mes camarades tués par les frappes allemandes, ces personnes tuées pour s’être cachées, s’être défendues contre ces méchants, à mon papa qui est blessé, je sais bien que cette guerre est enfin terminée, je ne sais plus combien de temps elle a duré, maman me dit que j’étais jeune, ça m’a semblé interminable !

 

Pour l’instant, tout ce que je sais, c’est que je me retrouve sur un char américain, les soldats sont très gentils avec moi, ils m’ont donné de la pâte à mâcher, ça s’appelle « chewing-gum », c’est marrant comme nom de bonbon et c’est trop bon ! Mais je ne sais pas si je peux être content, j’ai encore peur, de plus quand je regarde autour de moi, je vois énormément de monde que je ne connais pas, j’ai peur mais me voilà enfin rassuré lorsque enfin j’aperçois, en regardant bien, quelques copains qui eux aussi mâchent des chewing-gums sur les chars avec les soldats américains. Ils leur apprennent à faire des bulles, c’est marrant !

 

Je me sens mieux, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ces gens qui sont morts, tués lâchement et sauvagement par les nazis, tout ça pour une étoile jaune ou pour avoir voulu aider des êtres vivants qui ne demandaient rien sauf la liberté d’exister. C’est ignoble, j’en ai des frissons d’horreur rien qu’à y penser. Les soldats voient bien que je ne suis pas trop rassuré, un soldat qui s’appelle James, me fait rire et me rassure, il me dit avec son accent américain « ne t’inquiète plus, tout ça c’est fini, tu vas pouvoir revivre »…

 

Tout ça est encore très flou pour moi, je suis encore un peu dans le brouillard, mais maman me dit que c’est normal, qu’elle me comprend car elle aussi, mais que tout va bien se passer maintenant et que mon papa va bientôt revenir, je n’arrive pas à imaginer que je vais le revoir, je suis très impatient.

 

Jamais je ne pourrai oublier ces horribles années, mais maintenant, je sais que je peux vivre au lieu de survivre, et grandir dans un monde de paix, de liberté et d’espoir.

Virginie CHAUSSIEZ

59500 DOUAI

 

 

 

 

 

 

 

 

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NON PLUS JAMAIS !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

En tous ces hommes qui grandissent

Et qui devraient tant apporter

Aux humains que nous sommes

Près des folies que subissent

Les chemins de l’humanité

Près des rancœurs qui résonnent.

Non ! plus jamais de combats âpres et inutiles

Pour les heures de demain.

Non plus jamais de haine meurtrière,

Et de guerriers qui défilent.

Pour tous ces enfants qu’on tient par la main,

Et qui ne peuvent vivre de guerre.

Au seuil de leurs matins

Si près du bonheur qu’ils espèrent.

Albert Jocaille

(Préférences)

 

 

 

 

 

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UN JOUR J’AI FRANCHI LE PAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Soudain sans crier gare un rêve m’est venu

De libérer les mots qui sommeillaient en moi.

Poussée par une vague la digue s’est rompue

Charriant sur la page le fruit de mon émoi.

 

J’aurais voulu –quel fou !- ressusciter Verlaine

Pour glisser sous ma plume la brillance des mots.

Mais je n’ai pour trésor dans mon vieux bas de laine

Que pauvre poésie et bien pâles émaux.

 

Si je n’ai pas trouvé de pierres précieuses

De vertes émeraudes ou d’incarnats rubis,

J’ai malaxé sans cesse jusqu’à la rime heureuse

Ces mots qui déferlaient sur ma blanche copie.

 

J’ai malmené les règles de sainte prosodie,

Hardiment rudoyé l’orthodoxe césure,

Mis à mal les hiatus et autres harmonies,

Mais j’ai pris le chemin d’une belle aventure.

 

Faut-il avoir les codes pour composer des vers

Ou bien s’en affranchir et écouter son cœur ?

Je me suis élancé tel un oiseau de mer

J’ai biffé, j’ai rayé mais touché au bonheur.

Patrick Venture

 

 

 

 

 

 

 

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LIMACE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

La limace

De son pouce une traîne d’argent

 

Traîne d’argent

Vernie du soleil tumescent

 

Soleil tumescent

Des nuages épluchés de liqueurs

 

Epluchés de liqueurs

Aux feuilles tatouées de vents

 

Tatouée de vents la limace chasse

La limace chasse sans voile de pudeur.

Saint-Hesbaye

 

220px-Arion_subfuscus

 

 

 

 

 

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TENTACULAIREMENT…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Les rêves érotiques

Sévissent méthodiques…

 

Quelquefois enfouis

Parfois épanouis

Parfois dans les extrêmes

Et leurs lots de problèmes

Vases communicants

Débridés/ suffocants

Eros à la manœuvre

Agit telle une pieuvre…

 

Boulimique ou bloqué

Mais jamais révoqué…

Didier COLPIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 20

 

ÉGLANTINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

 

 

 

Vocabulaire chanté du vertige des chairs

Seriez-vous la larve de sable étrange

 

Sous la gloriette des paupières centaurées

Qu’une ariette hallucine en sexe d’ange

 

Comme fille d’une nuit d’inaccoutumances

Sur toutes lèvres de naissances ?

 Saint-Hesbaye

OIP

 

 

 

 

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LE 4 SEPTEMBRE 1944,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 moi, Louis Marette, petit Caudrésien de 8 ans, je me retrouve juché sur un blindé américain défilant rue de Saint-Quentin au milieu des cris de joie des habitants. Une foule immense, impressionnante, se tenait sur les trottoirs, brandissant des drapeaux Français et Américains tout en criant « Merci ! Merci ! »

Je me sens tellement fier mais en même temps tellement impressionné et apeuré, entouré de tous ces soldats.

Libres, nous sommes libres ! Après tant de souffrance, de peurs…

 

Le blindé sur lequel je me trouve arrive enfin sur la grand-place, une place où même une petite souris ne saurait se faufiler.

Il continue son chemin, entouré, telle une haie d’honneur jusqu’à la mairie où l’attendent les autres véhicules militaires, les gradés et les politiques.

La foule hurle, rit, applaudit, une douce « Marseillaise » résonne dans la ville.

Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas été aussi heureux, aussi libres.

Un militaire américain, très grand, très costaud, la casquette de coin et la cigarette dans la bouche, me tendit les bras et m’installa sur ses épaules.

Son odeur, celle de l’essence du blindé, cette odeur de cigarette qui me remplit les narines, cette vue impressionnante, cette sensation d’apesanteur, de voler était incroyable. L’émotion remplit mon petit corps, quelques larmes coulèrent de mes joues toutes rosées et salies par la poussière. À cet instant précis, je sais que ce moment restera gravé en moi pour toujours, un moment que je ne pourrai jamais oublier comme un dessin à l’encre indélébile, une cicatrice sur mon corps, dans mon esprit, qui me rappellera ce jour.

J’entends tout autour de moi des gens m’appeler « Louis ! Louis ! » et me faire signe. Ma famille tellement fière, mes amis en admiration me sourient. Du haut de mes 8 ans, je me sens comme ces soldats qui ont combattu l’ennemi et qui ont gagné, comme cette partie de billes que je joue et que je gagne, je me sens tellement fier et invincible.

 

La journée se déroule dans la joie, le bonheur s’écrit sur tous les visages. C’est assez difficile à décrire, tellement de mots me viennent en tête mais en même temps tellement de sensations, d’émotions se mélangent.

La lumière du coucher de soleil annonce la fin de cette belle journée, la fête retentit dans tous les coins, dans toutes les rues, dans toute les maisons. Les éclats de voix des hommes, des femmes et des enfants résonnent telle une merveilleuse musique dans ma tête.

Ce soir, pour la première fois depuis longtemps, je vais pouvoir m’endormir paisiblement en me disant que ça y est, nous sommes enfin LIBRES ! ».

 

Floriane CATTIAUX RAMETTE

 59540 CAUDRY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Un philosophe à une personne déprimée !

-Si vos vos suicideu, vo finme all va artroveu in aute home é euch’ti chi y va eutiliseu eut voture, y va vive dins t’mason é y déormira dans tin pieu !

-Y m’a arriveu ell minme quose mé sins morir !

Traduction : -Si vous vous suicidez votre femme va trouver un autre homme, il va utiliser votre voiture, il va vivre dans votre maison et il va dormir dans votre lit !

-Il m’est arrivé la même chose mais sans mourir !

 HMA

-Hé tiot, teu veu pon eum donneu in cop d’man pou laveu em voture, putot qu’eud joueu aveuc tin téléphane !

-Euj vas putôt d’mindeu à Michey Maousse, à Mario Brosse é pi à Bob l’Eponge !

Traduction : Eh, petit tu veux pas donner un coup de main pour laver ma voiture, plutôt que de jouer avec ton téléphone !

-je vais plutôt demander à Mickey Mousse, à Mario Brosse et puis à Bob l’Eponge !

HMA

 

 

 

 

 

 

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VALEURS PATRIOTIQUES RESTAUREES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Le 4 septembre 1944, moi Louis M., petit Caudrésien de 8 ans, je me retrouve juché sur un blindé américain et défilant rue de Saint Quentin, au milieu des cris de joie des habitants.

 

Quelle liesse de retrouver notre liberté, de déambuler dans les rues caudrésiennes sans ressentir la boule d’angoisse, la crainte de croiser l’occupant Nazi.

 

Il règne comme un parfum d’ivresse dans ces rues, un soulagement enivrant qui nous ferait presque oublier qu’hier encore ces mêmes rues étaient traversées par l’impitoyable ennemi.

 

Mon petit cœur d’enfant en garde les traces indélébiles : peur, angoisse, crainte permanente, faim et humiliation ont frappé ma famille de plein fouet. Mais aujourd’hui nous avons triomphé et, juché sur ce blindé américain, je défile fièrement rue de Saint Quentin en ce matin chargé d’espoir.

 

Dehors, les cloches de la basilique Sainte Maxellende retentissent joyeusement.

La foule caudrésienne a envahi les rues, les cafés, les terrasses… C’est comme une grande fête où le cidre coule à flot, les rires retentissent, les femmes ont revêtu leurs jolies robes ornées de dentelles et les hommes refont le monde en d’interminables discours patoisants.

 

Une gigantesque fête qui fait soudain ressurgir des pensées nostalgiques et des images angoissantes… Je replonge dans le passé… 18 mai 1940… Ce jour-là je devais fêter mes 4 ans… Pas de gâteau d’anniversaire… Mais un défilé de tanks allemands, des bâtiments dévastés, une ville rationnée… et ma famille dévastée par l’inquiétude.

 

Ma petite mémoire de garçonnet se souvient d’une longue période de privation et d’humiliation… Dominés et opprimés par l’ennemi, il n’était plus question d’égalité de l’Humanité…

 

Quatre longues années se sont écoulées, moi, Louis M., du haut de mes 8 ans, je trône fièrement sur ce char américain.

La liberté a triomphé grâce à la résistance, la résilience, la solidarité et la fraternité.

Je me souviens des réunions nocturnes de mon père avec les oncles et les voisins…

Maman m’avait confié que c’étaient des « résistants », c’était notre secret… Ses yeux brillaient et une belle lueur d’espoir vacillait dans leurs prunelles…

Je ne saisissais pas le sens de ce mot « résistance », du haut de mes quelques années, mais je compris immédiatement que c’était primordial pour la libération de notre ville chérie…

 

Ce soir, juché sur ce char américain, continuant de défiler dans la rue de Saint Quentin, je proclame haut et fort nos belles valeurs jadis bafouées : « Liberté, Égalité, Fraternité », plus que jamais je vous défendrai pour que vous puissiez à jamais coexister !

Sévérine  Jouhanneau

 

 

 

 

 

 

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MON BOUTON DE ROSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Elle était belle, rayonnante et joyeuse.

Elle courait, chantait, dansait,

Elle dévorait la vie,

Elle était si heureuse,

Dix ans ma petite fille avait…

Le fil du bonheur ne tenant qu’à peu de chose,

Est venu l’instant où mon bouton de rose,

Le long de l’allée s’est évanoui

Parmi les enfants de son âge et petites amies.

Débuta ce jour noir, ce long couloir ;

La hantise de ne plus la revoir.

Puis ce moment répugnant,

L’heure des résultats qui vous glace le sang.

Ces analyses éhontées, je les ai rejetées.

Je me suis dit qu’une erreur était plus que possible,

Qu’à son âge, c’était inadmissible.

Que c’était un cauchemar que je vivais là !

Que le bonheur ne pouvait s’arrêter là !

Mais cette chose répugnante a pris ses droits ;

Devant ma détresse, mon désarroi,

L’on m’a donné espoir,

L’on m’a fait même croire

Que cette chose abominable allait être vaincue ;

Que la maladie pouvait avoir vécu…

Mais ce fut la rechute,

De nouveau la lutte.

Ses cheveux si longs, si blonds

Ont disparu en un tourbillon.

La tête dénudée, le visage sur le côté,

Si anguleux que l’on ne voyait que ses yeux,

Si grands, si bleus, si merveilleux…

De ce regard qui m’implorait, me suppliait,

Et me disait :

« Pourquoi moi, maman ? Pourquoi moi ? »

Que pouvais-je répondre ?

Je me retournais, de peur qu’en pleurs je m’effondre.

Puis peu à peu l’on m’a fait comprendre

Que mon petit ange, on allait me le prendre,

M’enlever le fruit de mes entrailles,

Me mettre l’esprit, le cœur en tenailles.

Alors j’ai imploré Dieu…

Laissez-la-moi ! laissez-la-moi ! Mon Dieu…

Je vous offre mon corps !

Que les flammes brûlent mon âme !

Mais votre grâce à genoux je réclame

Pour que de ce lit s’enfuie la mort…

Bien qu’implorant jusqu’au dernier instant sa pitié,

L’essence de ma vie s’en est quand même allée…

Ma propre existence

Est désormais sans importance.

L’avenir, pareil à un ciel d’orage noir,

Me plongeant dans la tristesse, le désespoir…

Bernard Simon

 

 

 

 

 

 

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L'ATTENTE DU PLAISIR...

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Etre mortel

Sculpter mon coeur au scalpel

Qu’y-a-t'il de l'autre côté ?

La vie m'a abandonné

Ange de la mort

Viens me reprendre, si c'est mon sort

Je dois partir

Puisque le Dieu me laisse souffrir

C'est si tentant

J'en lèche mon sang

A genoux je t'implore

combien de temps ? attendre encore ?

Pour que la mort vienne emporter

Mon petit coeur tout désséché

Mais qui osera me sauver

Sera avec moi, en enfer, brûlé

Laissez mon âme partir

Mon plus grand souhait est de mourir

La rose aux épines pour m'ouvrir

Les veines qui me font tant s'ouffrir

Je veux partir...

Julien BURY

 

 

 

 

 

 

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L’ESCARGOT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Lorsqu’il pleut, pour moi,

c’est une fête !

J’adore l’eau et je sors ma tête.

Regardez bien au bout de mes tentacules,

Vous pourrez voir deux petits yeux minuscules.

 

Comme vous le savez, je n’ai qu’un pied,

Et je dois baver pour mieux glisser.

En automne, je m’enfonce dans la terre,

Et je dors jusqu’à la fin de l’hiver.

 

Au printemps, je me reproduis et ponds des œufs,

Dès qu’il fait très chaud, je suis un peu malheureux.

Je rentre dans ma coquille pour me protéger,

Et sors le soir, dès que le soleil est couché.

 

On me trouve dans la nature ;

Car j’adore la verdure !

Je suis un animal bien rigolo,

Qui porte sa maison sur son dos.

Reine DELHAYE

 

 

 

 

 

 

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Page 26

 

CŒUR VOLCAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Fournaise aux yeux en charbons ardents

Explose en torrents de désir

Tu te consumes en chagrin de soufre

Je te consomme à peine allumée

 

L’espace-temps se bouleverse quand tu jaillis :

Fontaine phosphorescente… gestes arcboutés… cheveux-feu

 

CŒUR VOLCAN

 

Tu t’éteins au matin après une longue joute

Tes torrents ont recouvert ton lit de bataille

D’une quiétude assouvie

 

Téméraire d’être sur tes bords

Je n’attends qu’un geste pour être calciné

 

CHEMINÉE NOIRE

 

Où baigne la vie en gestation et en énergie

 

CŒUR VOLCAN

L’instant-lumière où s’entrouvrent tes entrailles

Je m’abrite en ton sein chaud…

Odeur de soufre

Ondulant sur tes cheveux-feu

Yeux de braise

Etincelant à chaque pulsation

 

CŒUR VOLCAN

 

Je me chauffe à tes désirs…

Hertia-May

 

 

 

 

 

 

 

Page 27

 

INSTANT

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

Quand ton cœur carillonne

Comme un clocher de printemps

D’abord ne le dis à personne,

Viendra le temps.

 

Si ton esprit voyage

Hors des sentiers rebattus

Conserve bien ce trésor sage

Et puis motus.

 

Sur l’aiguail de l’aurore

Où tu poses un baiser

Qu’importe que l’on glose encore,

Laisse causer.

 

La chanson des voyages

Donne-lui de converser.

Au loin s’amassent les orages ?

Vois-les passer.

 

S’élève la lune verte

Dans le soir de joli vent…

Tu peux tenir ta porte ouverte

Dorénavant !

Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

 

 

Page 28

 

DESCENTE AUX ENFERS

 

 

 

 

Haut 

 

 

Fatiguée, épuisée, la tête remplie de pensées contradictoires. Le pour, le contre se baladent, se cognent, se disputent, s’entrechoquent.

Des espoirs, des doutes et encore des doutes, et puis de nouveau cette descente aux enfers qui occulte joie et bonheur, qui recouvre la lumière de ces obscures peurs, de ces angoisses abjectes qui font qu’on ne veut plus, qu’on ne peut plus croire à un avenir meilleur, serein, normal simplement.

Comment, après tant d’échecs accumulés, après tant d’années consécutives, comment croire encore que le bonheur puisse exister réellement !?

Thérèse  L.

Lundi 18 Avril 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

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LIBERTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Il y a tes rives piégées

Il y a ta source d’étoiles

Tes frontières tant piétinées

Sur lesquelles déposer un voile

 

Est entreprise aisée et fugace

Qui, instaurée par ces malandrins

Reste à franchir d’un amour pugnace

Aux limites à portée de nos mains

 

Puis il y a ta force

Ton envie, ton courage

Ta sève, ton sel, l’écorce

Le baume qui nous soulage

 

Les murs dressés qui se soulèvent

Les chaînes d’acier qui se rompent

Les cris cachés qui se libèrent

La folie des hommes qui se dompte

 

Un flot nourri de vibrations

Des ondes puissantes et rondes

De l’air, des chants à l’unisson

Une colère, un souffle qu’inondent

 

Les rives piégées, la source d’étoiles

Les frontières bornées, la lourdeur du voile

Qu’enfin, à l’aune des temps prennent place

Les mains libérées et l’amour pugnace.

Audrey MARTIN

 

 

 

 

 

 

 

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LIBERTE

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

Il y a tes rives piégées

Il y a ta source d’étoiles

Et toutes ces pierres érigées

Pour ceux qui dorment sous des toiles

Il y a ton passé muet

Il y a tes jours à venir

 

Et des pétales de bleuet

Sur les jardins du souvenir

Il y a ta terre écorchée

Il y a tes plaines meurtries

Et toutes ces sombres tranchées

Qui sont le sang de la patrie

 

Il y a l’ombre des poilus

Sacrifiés au Chemin des Dames

Et toutes ces croix vermoulues

Sont pour le repos de leurs âmes

Il y a ceux qui sont tombés

Sur les plages de Normandie

 

Et qui sont à jamais nimbés

D’une auréole au paradis

Il y a ces chemins de croix

Toutes ces occasions ratées

Afin d’arriver jusqu’à toi

Et te gagner, oh liberté.

 

Danielle KORNACKI

02 Saint-Quentin

 

 

 

 

 

 

 

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IL Y A

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Il y a tes rives piégées

Il y a ta source d’étoiles

 

Mais dès la naissance

La liberté vit naturellement en toi

 

Comme le vol majeur de l’oiseau

En surplomb du monde.

 

Jean-Charles PAILLET

 83 Le Camp du Castellet

 

 

 

 

 

 

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IL Y A

 

 

 

 

Haut 

 

 

Il y a tes rives piégées.

Il y a ta source d’étoiles.

Il y a tes méandres capricieux.

Fleuve de vie, de ton lit perpétuel, s’écoule ce courant aux murmures entraînants, guidant tes eaux dans cet océan d’espoir.

Cette immensité dans laquelle tu t’épands, en toute liberté, quels que soient les tumultes auxquels tu es confronté.

Tu continues de lutter et t’épanouir, afin de ne pas te faire engloutir, dans l’obscurantisme de ses abysses.

Philippe DURIEZ

 

 

 

 

 

 

Page 33

 

IL Y A …

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Il y a des rives piégées, il y a ta source d’étoiles

Il y a ton chemin à trouver, il y a ta route embusquée

Il y a ton idéal imaginé, il y a ta pensée dévoyée

Il y a ton désir rêvé, il y a ton réveil imposé

Il y a ta réalité obligée, il y a ton courage à développer

Il y a ta volonté fixée, il y a ta persévérance à travailler

L’espérance de cette quête de liberté parcourt le cœur de toutes ces mouvances

Emancipation d’émotions, d’influences que l’on voudrait partager

Cette inspiration pour être inscrite et crépite au plus haut degré de notre sphère

De ce souffle de paix extraordinaire, d’une atmosphère d’apesanteur qui vient de l’intérieur

De notre être véritable espace de liberté qui prend place

Pour s’évader d’un monde peut être carcéral

Onde de conscience de notre pouls radial d’une vraie liberté.

Richard BENDLEWSKY

 59 Cambrai

 

 

 

 

les-types-de-précipitations 

 

 


Page 34

 

IL PLEUT

 

 

 

 

 

 

 

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Les flaques se gonflent du désespoir des nuages noirs qui défilent en rangs inorganisés et désespérés de la retraite d’un vent de défaite… L’armée de ces ombres s’effiloche en désordre de bataille perdue. Les traits se plantent pourtant au sol comme un martèlement de bottes conquérantes sur une terre soumise aux sillons débordés… C’est le deuil du ciel bas. La pluie lacère le présent, découpe la faible clarté d’un reste de jour, inonde de pleurs le mouchoir de la terre sans se calmer.

Le temps est triste. Il se libère de son trop-plein de lassitude en dégoulinant sur les chemins ruisselants son eau si froide. Les timides moineaux des champs ont déserté leur espace et se cachent dans des nids de peur. Les vitres suintent la tristesse, de gouttes en ruisseaux et de rivières en fleuves sombres et tourmentés. Rien ne peut calmer cette tempête. L’étang conquis, bombardé, mitraillé, s’auréole sans cesse de cratères éphémères avalant ces milliers de météores fondus… Le plan d’eau martelé s’inonde, se remplit, s’approprie de nouvelles terres, recouvre de nouvelles frontières. Des rigoles et des ravines vomissent leur trop-plein, abreuvent cet étang devenu lac.

Il pleut et les balles froides s’éclatent sans joie dans le tintamarre, dans un brouhaha de déluge à noyer le plus fervent Noé, à lui faire douter des arcs-en-ciel, en futur de couleur. Tous les instruments de la nature participent à cette exécution. Les arbres frémissent de toutes leurs feuilles secouées, mutilées, déchirées. On dirait qu’ils vêtent une autre parure plus claire ou plus sombre de revers de feuilles dans le bruissement d’éclats assassins de cet orage sans tonnerre. Les champs s’aplatissent sous cette gifle cuisante. Il pleut et je sais des larmes plus froides pour des joues creusées de sillons d’impuissance où ne dévalent que l’amertume et la déveine, où le chagrin et la peine alliés noient des restes d’espérance dans le brouillard le plus épais. Il pleut et ma respiration tourmentée dessine sa buée sur la vitre, sans plus réfléchir qu’une vague ombre incertaine, fragile et inutile.

Pascal Dupont

Romans sur Isère – 31.12.2006

 

 

 

 

 

 

 

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COMMENT DIRE…

 

 

 

 

 

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Comment dire « Je t’aime » à quelqu’un ? C’est tellement intime, tellement difficile à exprimer ! Impression de se dénuder. C’est comme un secret enfoui en soi qu’on n’arriverait pas à formuler.

Dire « Je t’aime » à un ami. Comment lui dire sans qu’il se fourvoie ? Tellement de significations dans ce verbe tout simple !

Comment le dire sans que cela lui procure une gêne, sans qu’il s’enfuie, se retrouvant piégé, prisonnier par ce simple mot ?

Et puis dire « Je t’aime » à ses propres enfants quand on ne l’a jamais fait, habitudes (« inhabitudes » plutôt !) familiales inculquées de parents à enfants, formatage malheureux.

Comment oser dire « Je t’aime » sans être terrassé par la peur ou la pudeur ? Peur d’être rejeté, peur d’être mal compris, se mettre à nu devant l’autre, on ne nous a pas appris…

Thérèse L

07 Février 2023

 

 

 

 

 

 

 

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A LA LUEUR D’UNE BOUGIE ETEINTE

Suite du n°74

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Parfois un peu dans la lune, l’elfe avait pourtant un don inné pour la médecine, notamment pour les soins à base de plantes. Il puisait avec sa magie dans les ressources de la terre pour concocter nombre de potions et de remèdes, ce qui lui avait valu une place parmi les guérisseurs de la cité, auprès desquels il poursuivait sa formation.

Pourtant, ses méthodes uniques et parfois hors des cadres prédéfinis de cette profession lui avaient valu quelques blâmes et remontrances, mais Imasu était formel sur ce point : la médecine magique était un art, non une science, et chacun devait être capable de laisser exprimer sa propre individualité. Les mots de son amie arrivant jusqu’à son cerveau qui les analysa rapidement, l’elfe hocha la tête en prenant cet air sérieux et concentré qu'il arborait chaque fois qu’il pratiquait son art. Il s’en alla dans sa réserve, adjacente à la cuisine, et en ramena le nécessaire pour confectionner une potion de réveil, souvent utilisée au sortir d’un coma, mais plus souvent encore après une méchante gueule de bois. Au vu de l’état de choc de Mae, il valait mieux en préparer une double dose.

 

·                       Je suis désolé pour votre tante, chuchota le jeune guérisseur en écrasant des pétales de mauves avec de la poudre d’argent. Je l’aimais bien. Je me souviens quand on était tout petits et qu’on allait prendre le goûter chez elle avec les copains… Elle nous faisait toujours sa tarte spéciale ! À quoi elle était, déjà ?

 

·                       La fameuse tarte aux bleuets de tante Sihir, sourit Lysaëlle d’un air mélancolique en laissant échapper quelques larmes. Il n’y avait qu’elle pour la rendre aussi bonne. Et maintenant elle a emporté le secret de sa recette dans la tombe…

 

Avec un soupir triste, la jeune femme eut un geste vague de la main et les changea, son frère et elle, pour une tenue identique, mais d’un violet plus sombre : le violet du deuil. La sorcière détourna le regard et s’affaira à préparer du thé. Elle devait s’occuper l’esprit, n’importe quoi pour ne pas craquer et s'effondrer. Elle avait toujours été la plus solide, la plus réfléchie. Elle se devait de protéger son frère et d’être à ses côtés, lui dont le cœur débordait de tant d’amour depuis toujours. Le jeune homme aux cornes immaculées, par ailleurs, avait commencé à se bercer d’avant en arrière sur sa chaise, le collier de sa tante décédée toujours fermement serré entre ses doigts crispés, la main rabattue sur son cœur comme pour le mettre à l’abri. Imasu remarqua sa peine, mais se décida à garder le silence et à ne pas faire de commentaire. Chacun gérait le deuil à sa façon, après tout. Tout en préparant sa potion, il laissa son esprit dériver jusqu’à remonter loin, loin en arrière, à une époque qui était à présent révolue pour toujours, jusqu’à se perdre dans ses souvenirs qui venaient, avec l’annonce du décès de Sihir, de se teindre d’un goût amer. L’enfant des fées se remémora ces doux moments où il allait, avec leur bande d’amis, chez Sihir pour prendre le goûter et aller jouer dans son immense jardin peuplé de parterres de fleurs. Leur petit groupe se connaissait depuis leur plus tendre enfance. Dans une cité aussi petite que Mutiara, il n’était pas difficile de se faire rapidement des amis. Au total, ils étaient huit. Il y avait Mae et Lysaëlle, bien évidemment, qui formaient le cœur de leur groupe. Imasu, bien entendu, le sage guérisseur, mais aussi Zaya et sa petite sœur, de cinq ans sa cadette, Émeraude, ainsi que Neela. Venaient ensuite Dehanayst, la petite amie de Neela, et Jaden, le compagnon d’Imasu. En parlant du loup, et ce n’était pas rien de le dire, ce dernier arriva à peine quelques minutes plus tard, tout sourire et passant la porte comme une tornade. L’elfe releva la tête à l’entrée de son cher et tendre qui dévoila ses canines quelque peu pointues.

 

Coucou c’est moi ! lança-t-il à la cantonade en venant capturer les lèvres de son aîné. J’espère que je t’ai manqué, susurra-t-il tendrement à l’oreille de l’elfe qui se sentit rougir, comme de coutume.

 

Jaden n’avait jamais eu beaucoup de retenue, et les mots discrétion, patience et quiétude ne faisaient pas partie de son vocabulaire. Il semblait même en ignorer totalement le sens. À vingt-deux ans, soit l’âge des jumeaux, le jeune homme était aussi vif et énergique qu’une bille de flipper et personne n’avait réussi à trouver le bouton “off” de son enthousiasme débordant. Même dans les pires moments, il était capable de rendre comique une situation désespérée. Lysaëlle se souvenait de la fois où, alors qu’ils n’avaient que cinq ans à peine, Mae et elle avaient suivi Jaden en forêt pour une chasse au trésor et qu’après s’être perdu et avoir tourné en rond pendant des heures, le petit garçon avait tout simplement décidé d'édifier un Mutiara bis, constitué d’un tipi bringuebalant et d’un chemin de cailloux, où ils avaient vécu pendant quatre heures avant d’être retrouvés par les parents de ce dernier. Ce moment figurait parmi les meilleurs souvenirs de la jeune sorcière, et elle ne doutait pas qu’une fois encore, Jaden saurait leur faire oublier leur chagrin. Lycanthrope originaire d’une meute qui avait élu domicile à Mutiara peu avant sa naissance, le jeune homme était fier de ses origines qu’il arborait par un tatouage de griffes blanches qui semblaient taillader son dos et qui contrastaient avec sa peau mate. Ses longs cheveux blancs régulièrement attachés en queue-de-cheval et ses yeux d’argent aux pupilles en croissant de lune lui donnaient un côté mystique qui n’était pas pour déplaire à son petit ami. Imasu et lui étaient rapidement tombés amoureux et avaient décidé de s’installer ensemble chez l’elfe pour débuter comme il se devait leur vie de couple.

Évidemment, leur chaumière était devenue le quartier général de leur bande qui s’y donnait rendez-vous presque tous les week-ends qu’ils passaient à s’amuser comme autrefois et à concocter de nouvelles aventures à vivre ensemble. Par ailleurs, la jeune sorcière à la peau bleue comprit qu’ils étaient vendredi en voyant la tenue de patrouille de son ami. Ce dernier portait un pantalon serré de cuir brun, des bottines renforcées et un gilet à longues manches qui collait à la peau, fait de la même matière que son pantalon. Comme beaucoup de lycanthropes, il avait suivi le chemin de ses parents et avait été affecté à la protection de la cité. Chaque jour, il patrouillait en collaboration avec les Urduja, chargées de protéger la cité.

 

J’ai croisé les copains sur la route, informa-t-il son compagnon en abaissant légèrement la fermeture de son col pour mieux respirer. Je les ai invités à venir, comme c’est le week-end. Il me reste à chercher Mae et Lysa et on sera tous au complet ! Et… Oh bah ! Vous êtes déjà là ? s’étonna-t-il sans cesser de sourire en avisant les jumeaux. Mais c’est génial ça !

Jade…, souffla Imasu en caressant sa joue délicatement, les yeux bas. Ils sont là à cause de leur tante… Sihir vient de mourir.

Le loup aux yeux d’argent ouvrit la bouche plusieurs fois comme un poisson hors de l’eau, cherchant les bons mots, mais se retrouva incapable de dire quoi que ce soit. Défait, son sourire envolé, il se contenta d’enlacer Mae en douceur, bien que le sorcier fût incapable de lui rendre son étreinte, toujours en proie à son chagrin qui l’avait plongé dans un état de catatonie profonde. Il se dirigea ensuite vers Lysaëlle qu’il serra à son tour contre son cœur et la jeune fille se laissa à pleurer quelque peu dans son cou, noyant son col de larmes. La sorcière avait toujours pu trouver du réconfort auprès de son ami qui, encore quelques années plus tôt, se transformait sous sa forme lupine pour qu’elle puisse se rassurer en caressant sa fourrure. Mais aujourd’hui, elle pleurait tout autant de chagrin que de culpabilité, car il en fallait beaucoup pour que Jaden perde sa bonne humeur et son sens de la répartie, et elle s’en voulait profondément de la tristesse qu’elle infligeait à son ami, bien que ce ne fut en réalité pas totalement de sa faute. Cela n’empêcha pas le lycanthrope de la garder contre lui et de lui chuchoter à l’oreille des mots tendres de consolation pour l’aider à traverser cette épreuve. De son côté, alors que Lysaëlle relâchait un peu de lest sur l’épaule de son ami, Imasu terminait sa préparation en y incorporant la sève d’un lisianthus bleu. Après avoir fluidifié son mélange avec un peu d’eau de rose, il versa le tout dans une fiole qu’il glissa contre les lèvres de Mae, une main posée sur sa nuque pour guider ses gestes et l’aider à boire. Le sorcier aux yeux vairons se laissa faire et but docilement jusqu’à la dernière goutte. Une fois la préparation avalée, Imasu décida de ranger son matériel, le temps que les premiers effets se fassent sentir et que Mae sorte enfin de sa torpeur. Jaden, qui avait délicatement relâché Lysaëlle, aida cette dernière à leur servir à boire et ils n’eurent qu’à peine le temps de s’installer que la porte s’ouvrit une nouvelle fois à la volée pour laisser apparaître tous leurs amis sur le seuil. Zaya et Dehanayst ouvraient la marche, suivis par Émeraude et Neela, les cadettes de leur groupe, à peine âgées de dix-huit ans, qui riaient en bavardant.

Les regards de Jaden, Lysaëlle et Imasu convergèrent vers les quatre arrivantes qui se figèrent dans l'embrasure de la porte. Elles cessèrent de parler et de rire, et un silence de plomb s'abattit dans la petite chaumière de l’elfe. Dehanayst, une jeune femme à la peau brune et aux cheveux sombres tressés, plissa ses yeux ambrés dont la pupille était fendue comme ceux des serpents, et son regard se fit blanc laiteux. La jeune femme avait, depuis toujours, la capacité à lire les esprits, bien qu’elle n’exerce jamais son don sur ses amis. Pourtant, au vu de leurs visages fermés, elle savait qu’il s’agissait d’une situation grave et, dans ce genre de cas, elle savait qu’il n’y avait pas une minute à perdre. Quelques secondes plus tard, ses orbes reprirent leur couleur d’origine et le simple nom de Sihir glissa de ses lèvres entrouvertes comme une question muette. Lysaëlle, Jaden et Imasu hochèrent la tête de concert, ce qui lui valut la plus efficace des réponses.

 

Sa petite amie, Neela, une enchanteresse aux yeux lilas et à la peau rose nacrée, glissa une main dans la sienne et entrelaça leurs doigts dans un geste qui se voulait réconfortant. Zaya et Émeraude échangèrent un regard interrogateur et Imasu les invita à prendre un siège pendant que Jaden leur servait à boire et que Lysaëlle leur contait tout ce qui s’était passé depuis le matin même. Zaya et Dehanayst étaient des Urduja, les femmes guerrières qui protégeaient la cité de Mutiara. Âgées de vingt-trois ans toutes deux, elles s’étaient engagées l’année précédente et portaient encore leur uniforme, leurs bijoux et la lance sacrée qui leur avait été confiée. Les Urduja, elles aussi, possédaient leur propre magie. En plus d’un grand courage et d’un sens de l’honneur à toute épreuve, certaines d’entre elles étaient dotées de pouvoirs particuliers.

Quelques rares parmi elles, dont Zaya, étaient capables de se métamorphoser en sirènes, ce qui n’était pas négligeable lors de certains combats ou pour échapper à un ennemi. La jeune femme, pourtant, ne donnait pas l’impression de posséder ce genre de talent, avec sa peau pâle, ses longs cheveux noirs et ses yeux noisette. Elle aurait même pu passer inaperçue. Ce qui était, là encore, un avantage certain.

Sa sœur cadette, Émeraude, était quant à elle une métamorphe. Née avec la peau d’un magnifique vert forêt scintillant, elle avait acquis avec le temps la capacité de changer son apparence à volonté.

Aujourd’hui, ses cheveux étaient noirs, comme ceux de son aînée, mais coupés en un carré mi-long, et ses yeux, eux aussi, étaient noisette. Son prénom lui avait été donné en l’honneur de sa peau, et elle ne changeait cette dernière de couleur que très rarement, lorsqu’elle n’avait pas le choix. Autrement, elle arborait sa différence avec fierté, bien qu’il lui eût fallu des années avant de s’accepter pleinement. La métamorphe avait, en outre, le talent de se changer également en animal. Malgré tout, elle n’avait pas souhaité suivre les traces de sa sœur et ne s’était pas engagée auprès des autres Urduja, préférant garder un contact plus doux avec la nature en s’occupant des animaux de la cité. Elle passait souvent ses journées avec Neela, sa meilleure amie et petite amie de Dehanayst. En tant qu’enchanteresse, elle était elle aussi proche de la nature et possédait un don pour la magie d’invocation et de soins. Bien que profondément gentille, sa timidité et son manque de confiance en elle la faisaient souvent se sentir mal dans sa peau, ce qui était encore le cas aujourd’hui. Cependant, elle était avant tout préoccupée, comme chacun d’eux, par le récit que leur faisait Lysaëlle du décès de leur tante. La sorcière à la peau bleue leur parla de ses derniers mots, de cette histoire de lune et de soleil, de Chant et de prophétie, et du fait que tout cela n’avait, pour elle, ni queue ni tête. À la fin de son histoire, la jeune femme soupira lassement et se laissa tomber sur sa chaise en se prenant la tête entre les mains, attendant la réaction de ses amis qui lui témoignèrent leurs condoléances, chacun y allant de sa petite théorie sur ce qu’avait souhaité leur transmettre Sihir, mais aucun d’eux ne sachant véritablement ce que la vieille femme avait voulu signifier. Alors que le silence retombait peu à peu, seulement interrompu par le murmure de leurs voix basses, Mae sembla sortir enfin de sa torpeur et se leva d’un geste brusque. Avec un hurlement de rage, il lança le collier de sa tante de toutes ses forces à l’autre bout de la pièce et le bijou alla s’écraser contre le mur dans un cliquetis sonore.

 

Oh, Mae…, souffla sa sœur dans une plainte avant de venir le prendre dans ses bras, le jeune homme, fou de rage et de chagrin d’avoir perdu sa seule parente, fondant en larmes une nouvelle fois.

Elle ne peut pas être morte, c’est impossible ! hurla-t-il en désespoir de cause. Elle n’a pas le droit de nous abandonner, pas maintenant ! Elle avait promis de ne jamais nous laisser !

Je sais, Mae, je sais… Je suis désolée, pleura sa jumelle avec lui. Je suis désolée…

Qu’est-ce que c’est ? demanda Neela au reste du groupe en s’approchant du collier pour aller voir s’il était cassé.

Le collier de tante Sihir, renifla le sorcier aux yeux vairons en essuyant ses larmes. C’est tout ce qu’elle nous a laissé…

L’enchanteresse acquiesça pensivement et ramassa le bijou en fronçant les sourcils. Apparemment, son fermoir semblait avoir été endommagé par le choc et, lorsqu’elle tenta de le soulever pour le remettre en place, il céda définitivement. Un crépitement sourd rappelant une mèche qu’on allume se fit entendre et un panache de fumée turquoise sortit du bijou comme un diable hors de sa boîte et la pièce fut plongée dans l’obscurité. Les garçons toussèrent, les filles cherchèrent à rallumer la lumière, Mae resta blotti dans les bras de sa sœur et Jaden promit à quiconque rallumerait la lumière qu’il payerait la prochaine tournée de verres. Comme une réponse à sa promesse, une boule lumineuse flotta au milieu de la pièce, mais le loup comprit rapidement, comme chacun d’eux, que personne ne l’avait invoquée. Elle venait d'apparaître là, simplement, comme par enchantement. Elle semblait constituée de fumée qui se mouvait d'elle-même, comme mue par une volonté propre. Cette fumée fluide et légèrement opaque les enveloppa tous de ses reflets bleutés et dorés et des silhouettes émergèrent de son centre. Mae et Lysaëlle échangèrent un regard surpris en les reconnaissant : il s’agissait des mêmes que faisaient autrefois apparaître leur tante, lorsqu’ils étaient enfants, pour leur conter l’histoire de Mahina et de Matahari, les divinités de la lune et du soleil. Reportant leurs regards vairons sur la fumée, les jumeaux virent les deux silhouettes se mêler pour n’en former plus qu’une, différente cette fois. Celle-ci se teinta de reflets orangés comme les feuilles des arbres en automne, et une voix s’éleva dans l’air. D’un timbre calme, doux, et pourtant puissant et captivant, elle récita les paroles de ce qui ressemblait à une chanson, ou à une comptine d’un autre temps :

 

À la croisée de l’antique forêt, Sous une pluie incandescente dorée

Gravée sur le sceau du gardien, Réunis la magie des sept en son sein

 

À l'orée de l’ombre et de la lumière, Là où la lune et le soleil prospèrent

Rougeoyante à la lueur d’une bougie éteinte, Éclatante, la lune marque de son empreinte.

 

Au cœur harmonieux se séparer d’un adieu Par la foi aveugle confiée aux cieux

La lame de sang comme les feuilles immaculée, Au mois d’automne la saison achevée

 

Et le portail automnal révélé, Délivre le protecteur du secret.

 Sous les couleurs chaudes s’enfuit. La dernière nuit d’automne reprend vie.

 

à suivre    Blue LYCENNE

 

 

 

 

 

 

 

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LE TUNNEL DU TEMPS

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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SUITE DU 74

 

Ils pourraient ainsi vivre sur des planètes infestées de microbes ! La Lune serait ainsi leur nouvelle patrie, et ils prirent la décision de se nommer les Lunorgs !Leur étoile du Verseau explosa en supernova. Un éclat intense signa dans l’espace la fin d’une civilisation !

« Combien de civilisations furent ainsi détruites ? » demanda Dzwet sans attendre de réponse.

Blav : --« Une quantité incommensurable ! Sur la Terre, peut-être des centaines ! »

Eva : --« Réduites en cendres ou immergées ! »

Les Lunorgs construisirent des villes : Emeraude, Dadanrika II, Paris II, Luna, etc. Dtzovt devint président, Ludax et Sarodux super-ministres. Les autres postes de responsabilité se partagèrent entre les autres équipiers. Les terriens de l’an 2512 s’apprêtèrent à les quitter. Ce fut le robot, celui de la caverne du Roc Rouge, qui envoya le rayon télé-porteur. Au fait, qu’était le Roc Rouge ? Un laboratoire installé par les Terriens de l’an 10000, une merveille de la technologie !  Le rayon blanc jaillit, entrainant les fusées vers le monde 2512. Ils reprirent le contact avec le président de la Terre, juste avant le départ. Cela avait donné le dialogue suivant.

Le président : « Comment sont les ressortissants de la planète Zéta, comme vous l’avez nommée ? » Scott n’avait pas pensé de préciser au représentant de leur monde qu’ils étaient sur Terre !

Scott : --« Ce sont des Terriens comme nous ! »

Le président : --« Emeraude est le premier vaisseau terrien à avoir exploré l’espace aussi loin ! »

Dagjèr : --« Ces hommes sont des Terriens de l’avenir, de l’an 4921 ! » Il n’en pouvait plus de cacher la vérité ! Les villes de leur époque (2512) n’étaient pas aussi bien conçues qu’en 4921, mais quel fût leur plaisir de survoler paris ! La ville s’étalait avec ses monuments majestueux, sa tour Eiffel se dressant sur ses membres pourtant plusieurs fois centenaires. L’équipage y atterrit, les voyageurs prirent des voitures à coussin d’air et parcoururent la cité, l’ancienne Lutétia !  Uwe Von Fragten pensa à ce que ses ancêtres avaient pensé en arrivant à Paris ! La tour Eiffel, les Folies Bergères, Montmartre, le Quartier latin, etc.

Un grand banquet parisien fut servi en l’honneur de ces aventuriers. On célébra les mariages de Blav et Eva, de Greg et de Chantal, de Dagjèr et Bora. Un soir, lors d’une réunion où tous les Emeraudiens étaient conviés, Blav proposa de faire une partie de « À travers les âges ». Ce jeu fait intervenir les talents musicaux, les connaissances historiques, etc. ; avec une part de hasard non négligeable !

L’auteur de ces écrits (en fait l’historien !) est Greg Hassan. Je vous ai fait connaitre les aventures de ce célèbre voyage. Ces documents sont entreposés au Musée des Voyages, Bloc 714, Etage 36, Couloir 5, Porte 28. Une nouvelle salle a été inaugurée depuis le temps que je vous parle (celui qui intervient entre parenthèses). Cette salle contient toutes les infos relatives à la naissance de la supernova ORGON de la constellation du VERSEAU. Nos archives ont été déplacées de la porte 27 à la 28, à Tourcoing !

Hier, nous sommes allés voir les Lunorgs, leur civilisation est très brillante, nous avons bu un pot avec un certain Bradasor Bélox descendant d’un soldat Org de Dtzovt. Ce Bradasor est devenu un ami. Nous voyageons souvent à travers les siècles, nous avons construit le laboratoire de la caverne du Roc Rouge. C’est lui qui a soufflé à son ancêtre la formule secrète pour mettre le robot au service de celui qui la connait.  Son aïeul n’a pas compris où il avait pêché cette expression : DO I GACHA ! Nous aimons souvent intervenir dans les autres époques ; en soufflant une théorie, une technique ou une simple connaissance. Mais nous n’intervenons jamais physiquement. Nous pourrions ainsi bouleverser notre époque !

Pourtant, nous avons un cœur, on s’apitoie facilement sur le sort d’autrui. C’est moi qui ai sauvé Eva avec une piqûre de Vitalos 4, je n’ai pas pu résister au malheur. Nous voyageons en « Soucoupe Volante », comme on disait au XXème siècle ! Les ressortissants de ce siècle nous prennent pour des Martiens, alors que nous sommes leurs propres descendants ! Il n’y a jamais eu de Martien, mais des Vénusiens venus plusieurs fois sur la Terre, dans l’empire Maya, chez les Egyptiens, etc. Certains sont peut-être leurs descendants, bien qu’ils l’ignorent ! Je suis de l’an 10000, notre vie s’écoule en plaisirs et bonheur. Nous ne sommes pas des hommes réduits en automates comme ils le pensaient au XXIème, en parlant de leurs descendants ! Nous pensons beaucoup. J’habite Dréfon, une petite ville de 5 millions d’habitants, c’est la 15928e ville de France. Elle se trouve dans le Midi, chacun sait que c’est moins peuplé que le Nord ! Pourquoi ne sommes-nous pas intervenus en 4021 ? Alors que les Terriens de 2512 sont intervenus ? Ce voyage était « préinscrit » dans le destin, nous aurions alors « détraqué » l’horloge céleste. L’Univers aurait peut-être été détruit ou furieusement modifié. Cela s’est bien passé. Qui suis-je ?

Je suis Yador Godbelzd, j’ai cinquante ans, je mesure 1,90 m. Tout à fait le type moyen. Ma compagne est Galia, elle est âgée de 47 ans, sa taille est de 1,70 m.  Elle a les yeux noirs alors que chez moi, ils sont gris. En l’an 10000, il n’y a que trois couleurs d’yeux : noir, gris ou marron ! Une fille nous est née, quelque temps après le départ des Terriens de 2512. Nous avons décidé de la nommer Emeraude, ça lui correspond, d’ailleurs !

Moi, hommes du XXIème siècle : qu’est-ce que les pays, les nationalités ? Que veut dire le mot race, les guerres fratricides et civiles ?  Que veulent dire le mot : prison, le mot tribunal ? Chez nous, nous n’avons rien de tout cela !

Serions-nous arriérés à certains points de vue sur nos ancêtres ? Peut-être, mais nous sommes HEUREUX ! Cependant, nous avons gardé les traditions, les habitudes. Ce soir, nous irons au cirque ! Les bistrots existent encore, mais on n’y sert plus d’alcool ! Toutes les associations se réunissent encore, en toute amitié ! L’aspect social et sanitaire d’un côté, l’individu de l’autre sont les atouts principaux de notre temps.

Des vieux quartiers ont été préservés pour respirer « l’air » des siècles antérieurs. C’est à la mode de passer des vacances à Paris qui est resté dans son ambiance comme il y a… ! (Vous compterez pour moi) Des embouteillages ont même été préservés, la pluie tombe encore à Paris. Tout comme avant, Marseille, Lyon, Toulouse, etc., ont su garder leur vieille « surface » d’époque ! Mais dans les profondeurs du sol, des immenses édifices ont été construits, des rues modernes, des colonies humaines gigantesques. Paris a cinq milliards d’habitants.

Question travail ? Je travaille une heure par semaine, je suis installateur de laboratoires de communication. Le reste est occupé en loisirs, en séances de gym, en voyages ! Cette année, nous sommes déjà allés à Paradis du Ciel dans la nébuleuse 18 521 X-Z… Attendez, je dois prendre les vitamines ! Voilà…

Revenons au cas d’Eva Cordam. Je l’ai sauvée. En principe, je n’avais pas le droit d’intervenir dans une autre époque que la mienne. Cela peut se traduire par des conséquences irrémédiables dans les siècles suivants. Je savais donc que cet événement se réfléchirait dans mon temps. J’ai sauvé le bonheur de deux personnes. Mais que s’est-il passé comme bouleversement ?

Notre fille est née avec les yeux VERTS !

                                                                     Fin

HERTIA-MAY

Ecrit en 1967

 

 

 

 

 

  

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