SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°76

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Septembre à Décembre 2025

a

 

BD HARDUIN d’AMERVAL  n°1 à 63

Illustration BD : ODILON     page 2

PATRICK  MERIC

Concours Nature et Denlelle

 

BELLE AU BOIS DORMANT    page  3 

Jean Claude DEFER

PETALES OFFERTS  page 4

Arnaud KELLER

CAUDRY MURMURE  page 4

Cédric CAFFIAUX

PARURE page  5 

Evelyne MONTENGERAND

SOUS LE SOLEIL  page 5

Michelle HALLUIN-PIENS

CHERE DENTELLE    page 6    

Mathis  PRUVOT

Ô DENTELLE   page 6

Lucie MEURANT

LES MESANGES   page 7

Capucine  FICHAUX

HUMOUR - PATOIS

 

L’ECRITURE   page 3

Hayden Grand

AU-DESSUS DU MUR   page 3

Léana DIVERCHI

DEUX SEPARATIONS   page 4

Guizmo

ENFIN DU CONCRET    page 5

Hayden GRAND

DU BÉ CÉ DU BÉ   page 7

Léonce BAJART

EUL PRISE D’INS EUD COLETTE    page 8

Hector  MELON d’AUBIER

PAIX   page 9

Nicolas MINAIR

EUM GRIND-MÈRE DISOT TOUDIS   page 9

Gérard ROSSI

EUCH CROATE   page 9

Maurice CATTIAUX

PENSEES   page 16&14

Hector  MELON d’AUBIER

ADULTES –POESIES

 

DIX FEES RAMANT   page 10

Marc VINCENT

TEXTE SUR LE BELGE   page 11&12

Anonyme

JE VEUX Y CROIRE & DERNIER ADIEU  page 12&19

Thérèse LEROY

ADIEU   page 12

Saint HESBAYE

LA DERNIERE SAISON  page 13

Gisèle HOURIEZ

MAXIMON & L’HOMME EST VAINCU   page 13&19

Didier COLPIN

BATEAUX AU PORT  page 13

Henri LACHEZE

CE SOIR   page 14

Jean-François SAUTIERE

DE L’ARDEUR  page 14

Anonyme

LE TEMPS DU PARDON   page 15

Bernard SIMON

J’ATTENDSpage 15

HERTIA-MAY

NICOTINE   page 16

Julien BURY

CHERE AMIE   page 16

Reine DELHAYE

LA PAIX    page 17

J.Jacques CHAUSSARD

TEXTE SUR LA PAIX   page 17

Alain COTTEAU

PAPA   page  18&19

PASCAL

MES GRANDS-PARENTS   page 19

Alix

NOUVELLES

  

A LA LUEUR D’UNE BOUGIE ETEINTE   page /20/21 22

Blue Lycenne

DIVERS

 

LES NATURIADES   page 24

VAL de RIO

SALON DES ARTS   3°de couverture 

 OMC

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX DE L'OMC : 1er prix Conte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

LA BELLE AU BOIS DORMANT

ou Alice au pays des dentelles

-Salut Alice ! Bienvenue au pays des dentelles ! Ravi de te revoir. Chez nous tu es comme chez toi.

-Salut Lapinou ! Des dents telles que les tiennes ça ne s’oublie pas. Tu as compris ? Des dents telles… Je t’envoie un code ? Le code est « riz ». Code « riz ».

-Très drôle ton humour ! Changer pour être pire… Je rigole ! Code « riz ». Caudry. Ouf ! Toujours aussi facétieuse notre Alice. Alors ? Tu les admires nos dentelles ? Les araignées n’ont pas cessé d’œuvrer depuis des mois.

-Je reconnais, Lapinou, que leur finesse, le choix de leur décor me laissent sans voix.

-Sans voix, toi, Alice ? Laisse-moi rire : on n’entend que toi ! Nos ouvrières ont beaucoup appris dans les ateliers de la commune qui perpétuent cet art merveilleux. Tu en connais l’origine ?

-Je m’en doutais Lapinou. Tu vas encore me faire une leçon d’histoire. Mais ! Qui arrive ? Taupinette et ses gosses… Ah oui ! C’est dans son trou que je suis tombée tout à l’heure. Et puis… Souricette, Lombrique, Blairot et bien d’autres que je connais à peine.

-Tu remarqueras Alice que nos amis apportent des brassées de fleurs sauvages qui vont agrémenter nos splendides dentelles. Installez-vous les amis ! Ecoutez bien ! En l’honneur de notre invitée : l’histoire de la dentelle de Caudry. Attention ! Interro écrite après la conférence !

-Tu ne changeras jamais Lapinou avec tes manies de maître d’école d’autrefois…

-Il était une fois… Alice, arrête de gigoter. Tu me donnes le tournis. Il était une fois… des Caudrésiens désireux de produire plus vite et en plus grosse quantité des tissus : le tulle, la dentelle, grâce à des machines appelées des métiers. Caudry devient célèbre au XIXe siècle et sa population s’accroît. Malgré les deux guerres mondiales, les destructions d’usines et d’ateliers, l’activité textile reprend et aujourd’hui notre ville, associée à celle de Calais, est fière de sa renommée, notamment grâce à la dentelle dont le musée raconte élégamment l’histoire.

-Bravo Lapinou ! C’est presque du Wikipédia.

« Tu es réveillée ma chérie ! Décidément, l’air du Val du Riot et l’ombre de ses grands arbres ont le pouvoir de t’envoyer dans les bras de Morphée malgré les cancans des canards !

-Oh Maman ! Lapinou et tous nos amis ! Les araignées et leurs magnifiques toiles ! Et cette leçon sur la dentelle que j’ai apprise par cœur !

-Que me racontes-tu là ? Encore un rêve que ma Princesse va me détailler si elle le veut bien. Allez ! En route ! As-tu oublié que nous avons rendez-vous au musée de la dentelle justement pour ton exposé ? »

Jean-Claude DEFER

CAUDRY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX DE L'OMC : 1er prix Poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Caudry, murmure de dentelle

 

Ô dentelle, écho des aubes bordées de rosée,

Sur le métier à tisser Leavers s’éveille ta trame balancée.

Les navettes argentées, telles libellules pressées,

Dansent entre les fils, tissant ton chant feutré.

 

Les lames battantes sculptent l’air comme une averse légère,

Chaque bond de la chaîne résonne tel un appel forestier.

Les motifs de chardons, de feuilles et de ronces fières

Se déploient en arabesques sur ton voile immaculé.

 

L’inspiration de la nature murmure en chaque point,

La brise printanière fredonne un hymne au déploiement.

Mortelle est la mécanique, mais vivace ton écrin joint

La joie d’un jardin secret au cœur du tissage vibrant.

 

Les navettes vrombissent en un murmure de miel,

La ronce exhale un parfum brut de saveur,

Les fils s’enlacent alors dans une vibrante ardeur,

Et Caudry s’élève en dentelle, suspendue au ciel.

Cédric CAFFIAUX

CAUDRY

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX DE L'OMC : 2e prix Poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Quels pétales offrir ?

 

Patiemment, l’araignée tisse œuvre d’art

Inspirée par son instinct en plein air

Elle suspend le temps, les proies au mystère

D’une toile, dentelle à nos regards

 

D’une toile, dentelle à nos regards

J’ai suspendu la finesse du coton

Inspiré par le désir juste et bon

De rendre hommage à la nature et l’art

 

De rendre hommage à la nature et l’art

M’a emporté dans la douceur aérienne

Du temps tissé sous la trame et la chaine

Dentelle de Caudry, toi œuvre d’art

 

Dentelle de Caudry, toi œuvre d’art

Au soleil, tu voles ses fins rayons

Les assembles au métier de l’émotion

Attirée, la fleur arrive plus tard

 

Attirée, la fleur arrive plus tard

Elle hésite, quels pétales donc offrir ?

Une feuille, une tige pour sourire

La nature veut sa place sans retard

 

La nature veut sa place sans retard

Flore, faune, cailloux, en ombre douce

Surgissent sur la dentelle en douce

Patiemment, l’araignée tisse œuvre d’art

KELLER Arnaud

EVRY-COURCOURONNES (91)

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX DE LA BASE DE LOISIRS:

Prix Poésie

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Parure

Fils mêlés

Sous les doigts agiles,

Comme l’araignée

Et sa toile gracile.

Fils blancs

Se mélangeant,

Comme les bordures givrées

Sur les branches dénudées.

Noeuds et espaces

Qui s‘entrelacent

Faisant des rosaces,

Comme les fleurs en ombelles

Ouvrant leurs coeurs aux abeilles.

Dessins légers,

Habillant les corsages,

Comme au ciel d’été

Les cotonneux nuages

De soleil ourlés.

Transparence ingénue

Où l’on devine

Des petits bouts de peau nue,

Rehaussant les voiles satinés.

Parure tendre de dentelle,

Comme aux papillons les ailes,

Tu nous emmènes

Dans les rêveries éternelles

De la pure beauté.

Evelyne MONTANGERAND

DEUX-GROSNES (69)

 

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX de la Ville de CAUDRY:

 Prix Poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sous le soleil

 

Sous le soleil, Caudry se fait toile

Galerie à ciel ouvert, sans voile

La cité s’est faite terrain de jeux

Je marche, je flâne, j’arpente ces lieux.

 

Traits audacieux, ombres dansantes

L’anamorphose s’étire, fresque éclatante

La Rêveuse du Val trompe l’œil

Assoupie entre coquelicots et feuilles.

 

La Dentelle de béton s’étend

L’inattendu, sur un pignon, m’attend

La Dentellière soulève sa blanche mantille

Ombre, lumière jouent sur ma pupille.

 

Accrochées sur un tissu arachnéen intemporel

Dansent la silhouette de l’hirondelle

Les plumes de paon, d’aigrette

Et les délicates fleurs de pâquerettes.

 

Le Street Art a poétisé ma ville

Il ennoblit l’urbain industriel

Les briques vibrent, s’animent de couleurs

L’artiste éphémère s’impose, libre rêveur

 

Deux arts se croisent et se mêlent

L’aérosol siffle, le fuseau file

Graffeurs, Dentelliers, Avenir, Passé

Tissent notre histoire en motifs légers.

 Michelle HALLUIN PIENS

CAUDRY

 

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX JEUNE POESIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Chère dentelle

Chère dentelle,,

Tu es bien plus que de la simple ficelle,

Tu es un patrimoine inestimable.

Tes dessins dignes de ce beau spectacle qu’est le printemps,

Sont tout bonnement

Incroyables !

Il n’y a pas d’autres mots

Pour décrire tes reflets si beaux,

On pourrait même qualifier les tullistes

Comme des artistes

Pour savoir te créer

Tel que tu l’es.

Représentante du savoir-faire de Caudry,

Tu es la fierté de notre ville,

Un symbole de cette vie,

Cette vie tranquille

Où bourgeonnent les fleurs

Qui sont dans mon cœur.

Tu es si fragile

Mais tellement utile.

Les métiers sont des machines magiques

Malgré qu’elles procurent tout l’inverse de la musique,

Elles savent te fabriquer,

Toi, dentelle bien-aimée !

Tes motifs merveilleux

Nous transportent dans un monde joyeux,

Un monde où le Soleil réveille les feuilles vertes sans peine

Des grands chênes.

Chère dentelle, tu me fais oublier tous mes problèmes

Et ainsi, me fais écrire ce poème.

Mathis PRUVOT

TROISVILLE

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX JEUNE POESIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ô dentelle à la fois frivole et taciturne

 

Ô dentelle à la fois frivole et taciturne

Car on peut y retrouver en tes dessins fleuris

Le printemps qu'y fit naître une Parque nocturne

À Caudry ta beauté resplendit

 

Tes ourlets, tes dentelles feuillues,

Tes nappes ourlées de verdure chatoyante

Tes créations de papillons tels que la nature les enfante

Résonnent et transcendent Caudry et ses jolies rues

 

Toi dentelle enchanteresse qui inspira tant de créativité

Qui fit le bonheur et le quotidien de nos mulquiniers

Aujourd'hui et en toute saison

Illumine nos paysages et nos maisons

 

La nature d'une éternelle beauté

Toi qui es si bien représentée dans nos ateliers

Tes métiers et tes leavers pluricentenaires

Encensent Caudry et son savoir-faire

 

Notre commune, notre région et notre pays

Restent devant tant de créations

Enchantés et ébaubis

Tant de trésors précieux pour notre nation

 

À travers les siècles et les générations

Se transmet cet art avec passion

La nature, sempiternelle source d'inspiration

La dentelle, fierté de notre bastion

 

À Caudry, la nature s'épanouit

Et la dentelle prend vie dans les mains de Sophie

Tant de trésors nous honorent

La dentelle, ton âme bat dans le cœur des gens du Nord.

 

Lucie MEURANT

15 ANS

St BENIN

 

 

 

 

 

 

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CONCOURS NATURE ET DENTELLE OMC 2025

PRIX JEUNE CONTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les mésanges

 

Les mésanges réveillèrent Alice, allongée sous le vieux chêne, elle découvrit ses bras recouverts d’un magnifique tissu blanc. Des papillons tissaient des fleurs de cette étoffe. Curieuse, la jeune fille décida de se lever pour se promener autour de l’étang, elle vit des lapins. Ces lapins couraient en faisant voler de longs morceaux de tissu blanc derrière eux. Ils élaboraient de tels mouvements qu’Alice pensa voir un spectacle de tissage. En entrant dans une ancienne bâtisse, la demoiselle crut rêver : la réflexion de la lumière passant à travers les motifs du tissu blanc faisait penser à un splendide paysage d’hiver, de tout petits flocons se posant sur les fenêtres ensoleillées. En avançant plus loin, Alice vit de jolies petites marguerites qui finalisaient une robe ornée d’une longue traîne digne d’une de l’époque de la chevalerie. La fillette s’approcha et vit toute l’agitation autour de cette étendue de tissu qui formerait bientôt une magnifique robe à mettre sous ce soleil d’été. Alice s’assit sur une vieille chaise en bois avec ses yeux toujours rivés sur cette agitation. Alors la jeune fille commença à s’imaginer dans cette robe, elle la pensa toute blanche, collant au corps avec de jolis motifs floraux. Pourquoi pas pour mon mariage ? En effet, un beau mariage au début du printemps, tout serait fleuri jusqu’à son accoutrement. Alice eut soudainement soif, elle regarda autour d’elle une dernière fois pour garder en mémoire cette pièce. Elle alla au petit café en face de l’étang pour y prendre de l’eau au citron. Elle fut surprise de découvrir les motifs que les papillons créaient plus tôt en guise de verres. Ce monde est magique, pensa-t-elle. Une fois désaltérée, la jeune fille continua sa promenade et vit un petit musée, aussi petit que le café. Prise d’une grande curiosité Alice s’invita à l’intérieur et découvrit une pièce remplie de toiles blanches, celles qu’elle avait tant observées, tant adorées au cours de cette après-midi. Elle regarda de partout, dans chaque recoin, en haut, en bas, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle les vit alors, ces petites bêtes que personne n’aime regarder, que tout le monde écrase. Des araignées, par centaines, voire par milliers, faisaient des mouvements coordonnés, si gracieux grâce à leurs pattes. Derrière elles, des robes de princesse, de reine, même, des voiles de mariée, de la vaisselle. Avec ce tissu tout était possible. Alice ne voulant pas leur faire peur tourna son dos pour continuer sa visite. Elle se retrouva face à un cheval aussi blanc que cette mystérieuse étoffe. Il se salua en tant que gardien de ce parc enchanté. Il parle ? Il lui expliqua tout sur ce mystérieux tissu, qui venait d’une ville bien réelle, celle de Caudry. Puis Alice ouvrit les yeux, elle était toujours sous ce chêne, entourée d’une belle couverture en dentelle. Elle sourit, ce rêve n’était pas si irréel.

Capucine FICHAUX

FONTAINE-AU-PIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’ECRITURE

 

 

 

 

 

 

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Je mélange mes mots dans ma passion de l’écriture

Mon histoire commence avec l’écriture

Sept ans

Aucun repère à cet instant

J’écrivais ce que j’entendais

Et ce que je voyais

Sans arriver à poser mes mots

Sur ce que je ressentais

Tout a basculé quand

J’ai compris que je n’aurais pas d’enfance

Je n’étais pas l’enfant qu’elle voulait…

Hayden Grand

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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AU-DESSUS DU MUR

 

 

  

 

 

 

 

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Je passe au-dessus du mur des genres

Je m’appelle Léana

C’était mon secret

Au jour d’aujourd’hui

Elle découvre tout cela chez Amaury

Son rêve le plus cher

La montagne

Ce souvenir de Léana

Cet air pur qui irriguait son corps

Je m’appelle Léana

Au grand jour

D’aujourd’hui.

Léana DIVERCHI

 

 

 

 

 

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DEUX SEPARATIONS

 

 

 

  

 

 

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Puis il y a eu deux séparations avec lui. La première était dure mais sans plus car nous nous sommes remis ensemble. Mais il m’a menti, me proposant le mariage que j’ai dû annuler à la date de la cérémonie.

Mais conne comme j’étais, j’ai cru ces belles paroles, on s’est remis ensemble et il m’a manipulée et obtenu la garde de mes enfants. Et pour moi, le chaos, j’étouffais, je voulais quitter la ville où l’air pollué m’asphyxiait, où j’ai perdu mes repères où j’ai tout perdu.

Ce duel constant en moi me sépare du véritable endroit où je me sentirais chez moi. Si ce n’est pas la campagne, c’est la ville. Là où est véritablement ma place, la campagne dans la ville.

Guizmo

 

 

 

 

 

 

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Enfin du concret

 

 

 

 

 

 

 

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Aujourd’hui, un de mes projets s’est concrétisé.

Au début, comme pour tout le monde on a des doutes, on se pose beaucoup de questions. J’ai douté, j’ai cogité mais tout bien réfléchi, je savais que je prenais la bonne décision et que je voulais être avec cette personne.

Maintenant il nous faut trouver un appartement.

Maintenant, je le vis bien, je suis heureux, nous sommes heureux.

J’ai besoin de voir où cette histoire peut nous amener où elle peut nous guider.

L’écriture est faite pour moi, je dois continuer et écrire ma propre histoire.

Hayden GRAND

 

 

 

 

 

 

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DU BÈ C’EST DU BÈ, IN N’PEUT PO L’LAVER

 

 

 

 

 

 

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In a ses parints et pi s’famile et quind in s’marie in a des bès-parints.

In l’z’a cair tertoutes, bé sûr, seulemint in a beau faire,

esspreupe famile al passe toudis avint l’eute.

Si vos volez el loïen iest pu fort, c’est du rindoublé,

tindis qu’el belle famile ça n’tié po si fort.

Donc du bé c’est du bé, in n’peut po l’laver, ça porreut détinne.

C’est çau qu’ça veut dire aussi dins in eute dicton :

El qu’misse al est pu près qu’el cottron.

 Léonce Bajart

 

 

 

 

 

 

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. EUL’ PRIS’ D’INS EUD’ COLETTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Y a just treus semonnes aujord’hui

Sergio y m’a d’mindé d’in saqueu inne in patois

J’eun’pouveu pon y ar’fuser cha !

 

J’aveu d’abord pinseu

D’y arfeure inne eute adaptation

D’ « in dit toudis : qu’no pu bé timps »

cha commincerot a ête du récoffé

Et pis Grind Serge y n’veut pu m’intind’… kinter

Alorss’ j’vas ch’y« philosopheu »

Quind in prind z’ins

Seurtout quind y a in zeuro ad’bout

Ché l’occasian ed busier su l’timps

 

J’vas d’abord vos parleu d’in timps

Que les mons d’vint‘ins, y n’ont pos connu

Dins l’timps in avot l’timps

Eul’timps d’prinne sin timps

Eul’timps d’grindir

Eul’timps d’marcheuseurtout qu’in n’avot pos d’votur

Eul’timps d’rire, d’ s’amuseu, d’kinteu

Eul’timps eud’s’avir quer

Pou ch’ti qui creu, eultimps d’alleur al’messe

In avot du timps pou pinseu

Du timps, aux viappes, pou d’viseu

D’sus l’passeu aveuc ché visins

Du timps pou raconteu souv’nirs

In in mot… l’timps d’vif’ !

 

ASTEUR

 

Tot l’timps

In queurt apreus ch’timps

In queurt, in queurt

In n’a pu l’timps d’prinn’ sin timps

Et ché dur d’feure autermint

In n’ prind pu l’timps d’raviseu ché gins

Dins ché « grinnes seurfaces » comme in dit asteur

In queurt dins tos ché coins

Et comm’ in n’a pos l’timps eud’ bé raviseu

In prind minme çou qu’in n’a pos b’son

 

El pire, ché les « mieus d’terre »

Vite y feut alleu achgardin :

Saquer ché méchintes z’herpes qui n’arreutent jinmais d’pousseu,

Coper ché verts des truches pou leu éviteu l’mildiou

Feurché p’lous’s avint l’pleuf’ 

O bé passeu tot sin timps

A arouser, si y n’pleut pon.

In ch’momint y feut ramasseu ché mocheus d’feulles mortes

 

ET POURTINT

 

PourtintColettel al prind du timps

All prind l’timps d’eus’jouké pou raviseu l’télé al coïete.

All prind l’timps d’eus’proumener aveuc sin quien

Quind in né in tron d’mier d’el terrdins ch’gardin d’Marie,

Souvint in vot passeu Colette aveuc Yako

« In a éteu jusqu’à Ligny » qu’all dit

Qu’all dit… in n’vérifie pon !

 

Et pis tous ché lundis

All prind eul’timps ed’feure d’eulgymnastic

Ché l’grind momint d’ l’semonne !

Après all dit qu’all est fort arcrin

Mais mi j’ eun leu creus… qu’à mitimps

In ceup, j’l’é vue… Yvon y lé témoon

All étot joukée su in tapis

Appoyée su sin ceute

All accouteu d’el musique

Pis trinquill’mint al faiseu bougeu s’gimbe

Frinchemint, j’pinse qui y a pu dur !!

Pis y a miu… y a des feus qu’all fait surtout

Marcheu sin ceut’… pou boèr’ du chimpagne !!!

 

POU FINIR

 

In dira qu’Colette all a bin raison

De pinseu à prinne du timps

J’ souheute qu’tot l’monte y in fasse autin

Pou qu’in puisse core, tertous,

S’réeunir pindintchinquintins.

 

Colette, j’ t’ar’seuhaitinne bonn’ pris’ d’ins……

HMA

Le 18/06/2025

 

 

 

 

 

 

 

 

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PAIX !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Paix ! Qu’alle soupire l’ forêt au fusil. Té m’fais tran.ner et j’in perds mes feulles bin pus rate.

Paix ! Qu’ i dmante l’amoureux à s’ cœur. L’amour i-est pas fait pou s’faire de l’bile.

Paix ! Qu’i soupire l’infant à l’ tank à l’ intrée du villache. vas acravinter ches fleurs que j’ cueulle pou m’ manman.

Paix ! Qu’i sohaite l’ tiot Rouche Capron au Leu. M’ taionne alle est mate d’ ches contes à dormir étampé !

Paix ! Qu’ alle implore Marie à l’crox. N’agrindis point les souffrinches ed min fieu !

Paix ! Qu’i gémit l’défuncté dins s’tompe. L’cros gammée su l’marpe alle s’grafe dins l’tierre pou toudis

Paix ! Qu’ i-annonche l’aréoport à l’bompe. Laiche ches gins daller vir leu famile pou Noë.

Paix ! Qu’ i somme el lit a ches visins.. Ej veux partacher les rêfes de l’tiote file qu’alle dort.

Paix ! Qu’alle revindique l’affique syndicale. A forche ed m’arracher, l’z’idées alles vont s’involer.

Paix ! Qu’ alle intinte el bibliothèque au marphone. Laiche-me lire in silinche.

Paix ! Qu’ i réclame l’chintre commerchial. Achteure, ch’est l’ 11 Novempe. J’voudros m’arposer ech jour-chi.

Paix ! Qu’alle gronde el Tierre in rache. J’intinds pus em’cœur faire douc-douc.

Paix ! Qu’i tonne Diu. J’vous ai mis créés pou smer l’discorte dins l’monne !

Paix ! Qu’is murmurtent l’z’inges dins l’ciu. Nou Seigneur i s’conchintre pou réponte à vos prières.

Nicolas MINAIR

 

 

 

 

 

 

 

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DIX FEES RAMANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Salle d’attente du dentiste :

à gauche, les cabinets,

à droite, le cabinet.

 

Si 50 civils sont dans 56 villes,

cela fait au moins 6 villes de garnison.

 

Le coureur cycliste Raymond Delisle

est mort à (50180) Hébécrevon.

 

Au marché, j’ai pris un bon avocat ;

attention ! il y en a de véreux.

 

Au volant, je prends souvent le genou

de ma femme pour le levier de vitesse.

 

En se jetant par la fenêtre,

il a mis fin à son séjour :

ça me tue.

 

Les ions, liaisons, lésions.

 

Les jours de grève, sur France

Musique, au lieu de passer de la

musique, ils passent de la musique.

 

Amas des housses.

 

— Jean-Paul Delevoye ?

Jean-Paul II le voit.

— Tu plaisantes, ou quoi ?

 

Si,  : noires ; ciré noir.

 

Vive la Bretagne et son air iodé,

et vive le Tyrol et son air iodlé.

 

La paire de gants élégants de Claire

n’est pas l’affaire de la guerre

des clans de Gand, c’est clair.

 

Quelle différence y a-t-il

entre une prune et une amende ?

 

Qui se consacre à l’oculométrie

y va au culot, mais trie.

 

L’infirme dément

ce que le dément infirme.

 

Les gorilles aiment les girolles.

 

Le temps : vigilance orage.

 

ValeursMutualistes, écriture

inclusive : « les assuré.e.s seront

moins bien remboursés. » Bravo !

 

Il fait un temps de cochon

dans les champs de coton.

 

Inutiles deniers.

 

Ça fait longtemps que c’est le bazar

en Afghanistan.

 

Pétain : « Veni, vidi, Vichy. »

 

Un kadi pousse un caddie.

 

Moins pour moi,

au temps pour toi,

plus pour lui.

 

Il a monté une boîte d’ascenseurs.

 

Confinement :

les moutons de Panurge

souffrent énormément.

 

Je suis allé voir en Zodiac sous

quel cygne était né le cygneau.

 

À Fort-de-France, faut y aller !

(humour martiniquais).

 

Je vivrai jusqu’à la fin du moi.

 

Paterne, austère,

pas terne… austère !

 

Ne touchez pas à la Touchétie :

elle est inscrite au patrimoine mondial

de l’UNESCO. C’est dit.

 

Pour éviter le coronavirus,

portez une burqa !

 

Les taches ménagères.

 

Beaucoup de bleus :

chromatisme du traumatisme.

 

Marc Vincent

 

 

 

 

 

 

Page 16b

 

Eum grin-mère, al disot toudis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Pou ête un vrai Camberlot

Y faut avoir reçu ch’coup d’ martiau,

T’avoir eine fois sul place, à midi t’arrêter 

Pou vire chez Mamelouks sul cloche, buquer !

 

Et savoir qu’au pied d’euch beffroi, la nuit,

Y faut avoir un bon parapluie !

Car euch guetteur a la prostate.

Et à chaque fois, y peut pas dévaler ches escaliers quate à quate !

 

Al diso aussi : y a midi qui sonne,

Vla Martin qui s’ déboutonne,

Mais midi sonné,

déjà raboutonné !

 

Pou cha,

Y a rin à attendre deuch’ ti là !

 

Souvenirs d’enfance,

Durant les vacances.

La vie y était belle,

A Estourmel.

        Gérard ROSSI

(Thun Saint Martin, le 22 Avril 2025)

 

 

 

 

 

 

 

Page 16c

 

Ch' CROATE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Y est pon ordinaire

Ch'croate

Ed grind' père

Rouche

Aveuc des tiots pos

Verts

 

Ch' contraire

Y est pon possible

Y a qu' dins chelle mer

Qu' les tiots

Pos sont

Rouches

 

Erreur ! Erreur !

Y a qu' dins cheulle mer

Qu' ches tiots pichons

Rouches

 

Maurice Cattiaux.

Rieux en Cambrésis . 6 juin 2022

 

 

 

 

 

 

Page 17

 

Les 4 choses à savoir sur le « Belge »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

1.  Les indispensables septante et nonante

70 = septante

90 = nonante

C’est simple, clair et net… et grammaticalement plus correct que les ersatz du type quatre-vingt-dix ou soixante-quatorze…

D’ailleurs, pour faire un parallélisme avec d’autres langues, en anglais, 70 se dit seventy et pas sixty-ten.

Même le néerlandais, qui se rapproche pourtant plus du Klingon (cfr Star Trek), fonctionne de la même façon : 90 = negentig.

 

2.  L’accent

L’accent, ou plutôt les accents… car en Belgique, il y autant d’accents que de villages. Vous n’êtes pas obligé de prendre l’accent pour converser avec un Belge. Ce n’est pas un mongolien et vous pouvez être sûr qu’il comprendra votre français de Marseille, Strasbourg ou Laval.

Quelques dialectes :

-le liéééééégeois (Liège)

-le namuuuurois (Namur), proche de l’accent suisse du Valais

-le tournaisieeeeennn (Tournai), proche du Picard

-le brusselaire : l’accent bruxellois est le plus connu et le plus (mal) imité… Alllleï, dis, fieu !

Pour parfaitement l’imiter, il faut se mettre dans la peau du personnage, c’est-à-dire avoir une grande gueule et faire son malin avec sa Rolex/ son autoradio/ Son « G » (GSM = portable, portable = laptop) acheté à crédit qui a coûté 3 mois de salaire. En bref, il faut être un gars de la capitale.

D’ailleurs, n’oubliez pas le dicton :

Parisien, tête de chien, Bruxellois, même combat !

De plus, le vrai Bruxellois utilise 50% de mots français et 50% de mots « flamands » ou flamandisés, juste pour faire bien.

Ex : Ah, fieu, waar heb je de velo gelaisseerd ? Ah, ja, in de camionnette !

Traduction : Eh bien, mec, où as-tu laissé le vélo ? Ah, oui, dans la camionnette !

 

3.  Avoir une bonne prononciation

Un bon conseil : bossez un sérieux coup là-dessus :

-Bruxelles se prononce Brusselle (et pas Brukselle)

-Anvers se prononce Anverssss (et pas En Vert, le « S » est là, alors il faut l’utiliser)

-Rembrandt se prononce Rembrandt (et pas Rang Bran)

-Le célèbre « W » : en France, on préfère le prononcer (souvent erronément !) comme un simple V. En Belgique, on préfèrera le prononcer « ouhé ». Ex : wagon : ouhagon – huit : ouhit – BMW se dit Bé Em Ouhé – idem pour un VW et les WC. (qui me rappelle : « aller à la toilette » et non « aux toilettes » : une à la fois, s’il-te-plaît bien !).

-Les noms flamands : à apprendre au cas par cas. Mais en tout cas, oubliez la prononciation française !!

Ex : Maastricht : le ch ne se prononce pas « ch », ni « k », mais dans une espèce de râle comme si vous vouliez cracher.

Quant au double aa, cela allonge la prononciation : Maaaaaaaaaaaaastricht (et non pas Maistrick).

 

4.  Les spécialités régionales

Vous ne trouverez jamais d’endives blanches et pointues en Belgique, mais des chicons.

Vous ne mangez pas des sandwichs mais des pistolets ; pas de petits pains aux raisins, mais des couques aux raisins ; pas de chaussons aux pommes, mais des gosettes.

On déjeune le matin, on dîne à midi et on soupe le soir.

En Belgique, on « preste » des heures de travail ou service.

Et on aime aller à la kermesse (fête du village) manger des caricoles (des espèces d’escargots de mer).

On va s’acheter un cornet de frites à la friture.

Et si vous croisez des friteries, ce sont soit des français immigrés, soit des belges complexés qui ont changé leur enseigne parce qu’un crétin leur avait dit que friture n’était pas français 

 

Eh ! On est en Belgique !

Et encore : En Belgique on tire son plan (se débrouiller), même quand on ne sait pas le chemin (à court d’idées). On boit des pils (bien prononcer le s) (bières) en demi (0.25 litres et non 0.5 litres)…

On s’essuie les mains avec des essuies (serviettes).

On attend famille quand on est enceinte (enfin les femmes en tout cas ; les hommes, c’est plus grave), et les portes s’ouvrent avec des clinches.

Et à ce propos, en Belgique, une porte a 3 états : « ouverte », « fermée » et « contre ».

« A tantôt » signifie à tout à l’heure (et ne fait pas référence à un moment passé, ni à l’après-midi !).

On utilise les torchons (serpillières), voire les loques à r’loqu’ter pour nettoyer par terre et non pour essuyer la vaisselle.

Pour nous, un crayon est toujours en bois avec une mine en graphite (…et jamais un crayon à papier !). En effet, les « bics » sont des stylos à bille et un stylo, un porte-plume.

Nous aussi, on sait qu’on est les meilleurs. Mais nous, on préfère « faire semblant que non » pour que personne ne s’en doute…

Et ce ne sont pas des carabistouilles !!!  

Auteur inconnu

 

 

 

 

 

 

 

 

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NON PLUS JAMAIS !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

En tous ces hommes qui grandissent

Et qui devraient tant apporter

Aux humains que nous sommes

Près des folies que subissent

Les chemins de l’humanité

Près des rancœurs qui résonnent.

Non ! plus jamais de combats âpres et inutiles

Pour les heures de demain.

Non plus jamais de haine meurtrière,

Et de guerriers qui défilent.

Pour tous ces enfants qu’on tient par la main,

Et qui ne peuvent vivre de guerre.

Au seuil de leurs matins

Si près du bonheur qu’ils espèrent.

Albert Jocaille

(Préférences)

 

 

 

 

 

Page 18a

 

ADIEU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Dans la brume

Nous nous sommes quittés

Par-dessus la ville natale

A l’appel de la lune…

 

Comme d’une cérémonie

Les pleurs silencieux célébraient

La contradiction des pas

 

A l’amertume des bruits de mains

Nos paroles rares

Ouvertes par les doigts

Se perdaient

 

Dans l’haleine de nos cœurs gonflés

Les yeux de buée se confiaient

Une dernière fois

 

Et ces voyages d’amour

Pour qui les avons-nous faits ?

SAINT-Hesbaye

 

 

 

 

 

 

 

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JE VEUX Y CROIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

Se dire « J’ai gagné ! », oui j’ai gagné

Contre l’adversité, contre le malheur,

Faire abstraction de cette entité noire et visqueuse

Qui peut à tout moment s’agripper

Puisqu’elle est toujours tout autour de nous.

Se rendre transparent

Pour qu’elle passe sans nous voir,

Pour éviter qu’elle ne s’accroche à nous,

Se dire « J’ai de la chance ».

 

Oui, la chance, le bonheur

De voir une rose éclore,

D’être en meilleure santé que celui-là alité,

La chance d’être entouré d’amis,

De voisins et de sa famille.

Pompeusement, ils appellent ça la pensée positive.

Oui j’y crois

Ou du moins je veux essayer d’y croire.

Thérèse L

 

 

 

 

 

 

Page 19a

 

LA DERNIERE SAISON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’emporterai les soirs de nos étés fleuris,

Quand la brise en silence incline la ramure,

Quand Juin suspend le temps pour que le jour perdure

Et que le crépuscule se pare de rubis.

 

J’emporterai le feu des saisons automnales

Qui pourpre le feuillage et brunit les rameaux,

Quand la noix écalée nous offre ses cerneaux

Pour combler les soirées que l’on veut conviviales.

 

J’emporterai le vent, ce vent d’hiver glacial

Qui cogne dans la nuit, présageant la tourmente,

Et la plaine neigeuse, superbe et impudente

Qui fascine l’enfant dans un décor nuptial.

 

J’emporterai enfin l’image temporelle

De la terre qui s’ouvre aux bourgeons du printemps,

Et tandis que le grain germera doucement

Je partirai sans bruit vers la paix éternelle…

 Gisèle HOURIEZ-MACAREZ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 20

 

MAXIMON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

 

 

Oh mon Enfant mon tout petit comme je t’aime

Depuis toujours jusqu’à jamais jusqu’à l’extrême

Jusqu’à ma mort plus que ma vie et que moi-même…

 

Je t’ai rêvé dans la couleur brisant le gris

D’un ciel futile aux lendemains plus qu’assombris

Qui vivotait qui survivait dans ton attente

Sans cesse là d’une façon déconcertante

 

Je t’ai voulu dès mon « jeune âge » étonnamment

Je n’avais pas celle à qui tu dirais « Maman »

J’ai su garder un bon espoir –tu le devines-

La suite à l’œuvre est un bonheur que tu dessines

 

Je veux te dire aujourd’hui que tombe le jour

Que « vite fait » au clair futur je serai sourd

Que ces années sont au final plus qu’une aubaine

Que ces années sont pour mon âme une fontaine…

 

Beau souvenir certes bateau très anodin

Peut-être vu par un quidam avec dédain

Il sait pourtant être La fleur de mon jardin…

 

Notas :

-Le titre est né de la contraction du prénom de mes deux enfants, Maximilien et Simon.

-Ce poème est dans le sillage d’un autre écrit il y a « fort longtemps », à une époque où Dame prosodie ne m’avait pas encore révélé ses charmes : « Je ne suis plus le papa de mes enfants… »

Didier COLPIN

 

 

 

 

 

Page 20a

 

BATEAUX AU PORT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Les bateaux prisonniers gigantesques barrissent

Dans des forêts de mâts

Et leurs trompes s’estompent

Dans les brouillards bleutés

Le soir

Ombres au ciel dressées et panaches au vent

Ils fument loups de mer

Dodelinant aux quais

Des ports

 

Rêvent aux bastingages

Et le métal frémit

Des futurs coudes lourds

Demain

La mer autour clapote et goutte à goutte conte

Les départs des matins vers des ports exotiques

Si loin

Le bateau partira un monde me sépare

De lui.

Henri Lachèze

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

-Pourquoviu, pépé ?

–Bin quind eut dernian hoère all’a sonneu, teu n’as qu’a pon alleu ly ouvreu !

 ché pon can, cha !

Traduction : Pourquoi tu es vieux, papy ?

– Et bien, quand ta dernière heure, elle a sonné, tu n’as qu’a pas aller lui ouvrir !

 C’est pas con, ça !

HMA

 

- tiot ! Teu connot el diférince inter cancarneu !

        -Bé nan !

            – é bin ! in cancarneu pas dé gins, ché pon l’minme qu’in can carneu pas des gins ! teu vos eul diférince ?

Traduction : hé, petit ! tu connais la différence entre concerné !

–Et non !

–Eh bien ! un concerné par des gens, ce n’est pas la même chose qu’un con cerné par des gens ! tu vois la différence ?

 HMA

 

 

 

 

 

 

 

Page 22

 

DE L’ARDEUR, DE L’ARDEUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Aux bornes de la vie l’ardeur se manifeste

Du cri du nouveau-né à celui du vieillard

Et si elle faiblit par des temps de brouillard

Elle revient souvent après des jours funestes.

 

De l’ardeur de l’ardeur non je n’en manque pas

Pour coucher sur la page la rime d’un poème

De l’entrain de l’élan j’en ai lorsque mes pas

Me font prendre parfois des chemins de bohème.

 

Si quelquefois surgissent au-dessus de ma tête

D’obscurs nuages gris qui ombrent mes envies

Je guette l’éclaircie pour reprendre la quête

De ce qui fait le sel et le prix de la vie.

 

Je ne cours pas après d’improbables chimères

Ou des rêves trop vains qui brisent ma ferveur

Mais je poursuis sans trêve ces plaisirs éphémères

A l’indicible goût et l’unique saveur.

 

Lorsque je les côtoie ou tantôt les étreins

Mon ardeur frêle esquif se pose sur la grève

Et contemple sereine le port qu’elle a atteint

Avant qu’un vent nouveau ne survienne et se lève.

 

Si au fil des années l’ardeur parfois s’émousse

Elle renaît toujours au détour d’un sentier

Lorsque je vois revivre un matin sur la mousse

La plus belle des fleurs tombée d’un églantier.

 

Il faut très peu de choses pour nourrir l’énergie

Attiser l’étincelle qui brûle dans le cœur

Capturer le désir quand il devient vigie

Et scruter l’horizon pour cueillir le bonheur.

Auteur inconnu

 

 

 

 

 

Page 23

 

CE SOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ce soir l’eau de lune

Calme et opportune

Mouillera les prés,

Tranquille fortune.

 

Ta robe coquine

Tout en mousseline

Frôlera de près

Les lueurs divines.

 

Poursuis bien ta course

Ma petite source

Où j’irai puiser.

 

Sur l’aube naissante

Calme et flavescente

Se pose un baiser.

Jean-François SAUTIERE

 

 

 

 

 

 

Page 24

 

LES MURS

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Les murs de briques rouges transpirent de souvenirs

qui s'écoulent en larmes sales et grises.

Le sang des briques s'est caché derrière une peinture brouillard,

couleur nuage, teinte de brume, gris terre, gris poussière.

Thérèse

 

 

 

 

 

 

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LE TEMPS DU PARDON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Mon frère ! Qu’avons-nous fait ?

Tant d’années sans se voir, ni même se parler.

Comme si de notre enfance, de ce passé,

De tous nos souvenirs, nous avions fait un trait…

 

Mon frère ! Qu’avons-nous fait ?

Souvent tu fais partie de mes douces pensées.

Dans mon cœur une larme se met à couler.

Je ne peux t’oublier, tu me manques, tu sais…

 

Mon frère ! Qu’avons-nous fait ?

Chassons ces reproches qui nous ont séparés.

L’horizon de nos vies est si court désormais.

Toutes ces broutilles en moi s’en sont allées…

 

Mon frère ! Si tu venais ?

Tant de liens, de complicités nous unissaient.

De mon lit, j’entends cette voix tant espérée,

Tu es là, je te tends les bras, viens m’embrasser !

 

Mon frère ! Nous l’avons fait !

Vois-tu, je vais sur ce dur chemin, l’âme en paix.

Le pardon nous avons fait ; les cloches peuvent sonner,

Je sais que tu seras présent à mes côtés…

Bernard SIMON

 

 

 

 

 

 

 

Page 26

 

J’ATTENDS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Les mathématiques sont un cimetière

Où les chiffres sont des oraisons

Et les symboles des cathédrales.

 

Les matins viendront : longs cortèges frimas,

Barricades gelées dans un ciel vert de stupéfaction.

 

LA VERITE VRAIE,

 

Enchaînée dans les soirs vertueux,

Dans les nuits pesantes,

Dans les chemins fermés.

 

Les satins douillets des nuits blanches tournent :

Manège

 

De symboles de victoires d’apesanteur de regrets aussi.

 

J’ATTENDS

 

Les matins blêmes où la vérité se fera

Sans sourciller

Sans se croiser les bras au coin du chemin,

Sans taper des pieds au bord des tables fumantes.

 

L’odeur partira, pluie de volupté

ETOILE GELEE…

HERTIA-MAY

 

 

 

 

 

 

Page 27

 

Nicotine

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Ça laisse un goût amer

Dans la bouche et dans l'air

C'est un moment de détente

La fumée appuie sur la détente

Mais l'on risque nos vies

Pour un petit moment de folie

Cendres dans le cristal

Un cendrier signe d'un geste fatal

C'est comme allumer la mort

Qui s'évappore peu à peu dans notre corps

Ça commence très tôt

Du lever jusqu'au dodo

C'est tellement dur d'arrêter

Ça ne sert qu'à s'empoisonner

Mais l'on risque nos vies

A chaque moments que l'on veux d'accalmie

Composée de tabac Burley

C'est seulement si elles viennent de L.A

66 000 personnes meurent à cause de la cigarette

Pendant que d'autres se font vomir dans les toilettes

Ça peux paraître idiot

Cigarette, métro, cigarettes, boulot, cigarettes, dodo

C'est une addiction

Dont on perd la notion

Julien BURY

 

 

 

 

 

 

 

Page 28

 

CHERE AMIE

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Tu es pour moi, une vraie amie,

A qui je peux parler sans soucis.

Tu es toujours présente en cas de besoin,

Et c’est réciproque, tu le sais très bien.

 

Tu es une femme formidable !

Jolie, active et très responsable.

Tu manques parfois de confiance en toi,

Mais surtout, ne te sous-estime pas !

 

Je veux dire que tu n’as que quatre décennies,

Mais beaucoup de choses, tu as déjà accomplies !

Tu as épousé un homme gentil et courageux,

Avec qui, tu as conçu deux enfants merveilleux.

 

Tu sais gérer parfaitement ton travail et ton foyer,

Avec les jeunes, tu sais faire preuve de créativité.

Au boulot, tu maîtrises les ordinateurs,

Ce n’est pas facile mais tu le fais de bon cœur.

 

Je n’ai pas de gros cadeaux,

Seulement ces quelques mots,

Pour te montrer mon amitié très sincère,

Et te souhaiter un joyeux anniversaire.

Reine DELHAYE

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 29

 

LA PAIX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Le 4 septembre 1944, moi, Louis Marchand, petit Caudrésien de 8 ans, je me retrouve juché sur un blindé américain et je défile rue de Saint-Quentin au milieu des cris de joie des habitants. C’était une sensation incroyable et je m’en souviendrai toute ma vie.

Les Américains avaient débarqué dans l’orphelinat où je vivais. Nous ouvrions des yeux ahuris devant ce déferlement. Les sœurs qui nous gardaient nous avaient informés que le débarquement avait eu lieu, mais nous étions loin de nous douter qu’ils viendraient chez nous. Nous étions en salle de classe et le vacarme de tous ces engins nous avait projetés vers les fenêtres. Même sœur Marie-Odile, notre professeur, avait suivi le mouvement.

Des Jeeps, des camions avec des soldats dedans, et des chars étaient rentrés dans la vaste cour de notre édifice. De là où nous étions, on pouvait voir le grand perron. Les sœurs et la mère supérieure étaient sorties pour observer. Nous avons quitté la salle de classe précipitamment et sommes descendus dans la grande pièce du rez-de-chaussée et nous avons ouvert les fenêtres pour regarder. Un officier français qui était avec ces Américains est venu discuter avec les sœurs. Il traduisait au fur et à mesure auprès du responsable du détachement. Il s’est avéré que les dépendances importantes serviraient aux soldats et les cadres et officiers ont demandé s’ils pouvaient bénéficier de pièces pour se réunir et de chambres pour y dormir. Il y avait de la place dans cette grande bâtisse et ce remue-ménage s’est calmé.

J’en ai profité ainsi que mes camarades pour aller dans la cour. Nous avons eu droit aux traditionnels chewing-gums et certains nous ont même offert du chocolat. Quelle aubaine ! Ce produit avait définitivement cessé d’exister depuis longtemps et le goût de cette friandise est encore dans ma bouche lorsque je me remémore cet instant. Les chars stationnés dans la cour étaient impressionnants. Il y avait dans la salle de classe un petit dictionnaire anglais-français. J’y suis retourné à toute vitesse et, muni de ce viatique, j’ai essayé de me faire comprendre du chef de char, car j’avais remarqué que les autres soldats lui obéissaient. Je lui ai demandé si je pouvais monter sur le char dans un charabia qu’il a compris. J’étais aux anges et pendant que je regardais l’intérieur du char, celui-ci a commencé à se mettre en route pour aller en ville. Je n’ai pas eu le temps de descendre. C’est comme cela que je me suis retrouvé, dans la tourelle avec le chef de char, à saluer la foule de la rue de Saint-Quentin. A Caudry ??

Un sentiment de plénitude me portait, pendant que je saluais la foule qui nous acclamait.

Jean-Jacques Chaussard

alias François Cash 49800 TELAZE

 

 

 

 

 

 

 

Page 30

 

Texte sur la paix

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

 

Priorité première des peuples,

A l’’est comme à l’’Ouest.

Illusions perdues face au Far West !

Xénophon déjà n’était pas en reste.

 

Unis vers elle par le ciel

Nimbé d’une mandorle d’or.

Il en rêve toujours le vieux Thor.

Viens Colombe chasser le fiel.

 

Elle vole par intermittence mais

Revient toujours à l’appel du scalpel.

Sans elle, la concorde ne vient en mai.

Elle a besoin de son prix Nobel.

Loin du Mahatma Gandhi,

La graine s’envole sans avoir grandi.

Elle court et jamais ne se repaît !

Alain Cotteau

 

 

 

 

 

 

 

Page 31

 

PAPA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut 

 

 

Mon père, Papa, il est bien temps pour moi de t’écrire ce petit mot. Je ne voudrais pas en faire une funeste oraison mais aux couleurs de l’horizon, je crois bien que cette nuit va être terrible. Il a plu des tonnes de bombes entre les nuages de gaz et la mitraille qui découpe tous les élans vers notre avancée. L’ennemi est bien planté devant, au fond des mêmes tranchées que nous. Il pousse même plus vite et se renouvelle sans cesse. On dirait qu’ils sont une infinité. Nous avons tenu la place toute la journée au prix de grandes pertes. Ici, c’est une grande boucherie organisée pour que personne ne revienne en entier.

Je crois que je perds confiance dans tous ces gradés qui regardent leurs cartes dans tous les sens, à savoir si on avance du bon côté. Ce soir, on va donner l’assaut. Encore un…

Tu sais, Jojo, le fils de Mathieu, à la ferme d’en haut, a perdu un bras et une jambe quand un obus a roulé sur nous comme une boule de jeu de quilles à la fête foraine. Il gueulait tout ce qu’il savait, le pauvre. Il est mort la tête sur mes genoux, quand je lui parlais de notre village. Il a fermé les yeux tout seul comme pour s’endormir dans un autre rêve. J’ai encore du sang de son corps vidé, plein les mains.

Il reste un bout de mine sur mon crayon et tu peux être fier de moi, Papa. Mon fusil est encore brûlant pour toutes les balles perforantes que j’ai décorées à ceux d’en face. Je voyais des éclats de manteau saignant, des morceaux de figures explosées, des casques pointus arrachés quand je tirais sur ces ennemis fugaces. Je préfère casser les pipes en plâtre à la foire du bourg pour gagner la bouteille de mousseux ou même aller chasser avec toi dans nos forêts sauvages.

Papa, il coule du sang à mes pieds, il *rigole, il ne s’enfonce pas dans la boue et il ne se mélange à rien. On dirait de l’encre rouge pour maître d’école communale en colère de mes fautes d’orthographe. Je sais que le sang d’en face est de la même couleur et il gicle aussi facilement.

Dis-moi, Papa, est-ce qu’on fait une bonne guerre ? Des wagons, plein de fleurs aux fusils, qui nous ont emportés jusqu’à nos frontières, ici, je ne vois qu’une grande désolation. On dirait une inondation sans eau, une déforestation sans arbre. Il ne pousse rien, dans les champs de bataille, que la mort et son lot de funeste destruction. Ce soir, j’aimerais bien bêcher tous nos champs, à la main, sans m’arrêter, pour le plaisir de respirer notre terre encore une fois. Je crois que ces parfums vont me manquer.

Ce soir, c’est baïonnette au canon, c’est l’assaut. Il me reste du courage, alors ne t’inquiète pas. Ce n’est pas dans mon habitude de me plaindre. Si tout va bien… si tout va bien, nous pourrons faire les moissons ensemble, j’ai ta force avec moi et j’ai le désir de rentrer au Pays. Il me reste un peu de notre tabac et on peut fumer quand on se repose pour faire refroidir les armes. J’ai perdu la plupart de ceux qui étaient dans le train pour ce grand départ. On croit se faire des amis avec, ce qui est le plus important de notre vie, et ils disparaissent sans ton avis. J’avais de la peine au début, mais plus maintenant. Je n’arrive même plus à pleurer, c’est comme si j’étais tari. Je n’arrive plus à penser droit. Je crois que je suis devenu une bête à tuer.

On a tous la couleur de la boue et, du capitaine au simple soldat, on se passe la bouteille de ratafia et on boit au goulot quand un, qui tremble trop, fait tomber le godet dans la tranchée lugubre. On boit pour oublier le goût de la cendre tiède qui colle les gosiers.

Papa, ce sont les morts qui poussent ici. Ils se mélangent à la boue et on ne les ramasse même plus. On marche dessus sans plus s’en rendre compte. Je crois que je n’arriverai plus jamais à sourire, je ne sais plus faire. J’ai encore parfois l’envie de vomir quand je vois un corps en morceaux, je voudrais tout remettre en place comme avant et le secouer pour le faire repartir. Je crois que je deviens fou.

Les étripés, les estropiés, les mutilés, les cris de douleur et de souffrance, viennent visiter mes cauchemars quand j’arrive à fermer les yeux un moment. La guerre fait des héros, je crois, mais elle fait beaucoup plus de morts allongés sans pouvoir et sans nom. Elle fait des morts qui voulaient rester vivants jusqu’au bout de leur vie, dans leur lit blanc.

Papa, mon crayon s’épuise et je ne voudrais pas empiéter sur ton temps des labours.

Mon frère est encore jeune pour les travaux de la ferme mais il est trop jeune aussi pour les devoirs de la guerre. C’est mieux. Il va faire nuit et on va se lancer dans la grande offensive, jusqu’à la tranchée suivante. Le sergent m’a proposé pour une petite décoration en jaune, celle du courage, cet après-midi. J’aimerais bien que cela me fasse plaisir. J’espère que cela te fait plaisir. Papa, si le destin fait de moi un mort, dans un futur pressant, tu pourras faire graver mon nom sur la pierre du monument avec Joseph Mathieu et les autres. On sera les enfants du village. Ils te porteront bien ma médaille, comme mon dernier souvenir, pour que tu puisses garder la mémoire de ton fils, sous notre drapeau tricolore, avec fierté. Je sais que je reviendrai enfin à ma terre, pour le grand sommeil.

Ne mets pas de fleurs, elles coûtent cher, dis à mon jeune frère d’en cueillir dans les champs alentour, ce sont celles que je préfère.

Papa, j’ai envie de te serrer dans mes bras à cette seconde, pour faire le plein de courage, pour espérer le faire en vrai, un jour, bientôt, et pour t’écrire encore, pour que tu saches combien je t’aime.

Pascal

 

 

 

 

 

 

 

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MES GRANDS-PARENTS

 

 

 

 

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Du côté maternel, je n’ai connu Mamie que les derniers mois de sa vie. Elle ne s’est jamais plainte malgré le cancer qui la rongeait de l’intérieur. Elle a toujours gardé sa bienveillance envers les autres.

Papy, je ne me rappelle pas car il est décédé peu de temps après ma naissance, je n’ai jamais eu la chance de le connaître vraiment, bien que ma mère me racontait des histoires. Comme le jour où elle m’a dit que bébé, même endormie, je savais à quelle heure il rentrait et je commençais à pleurer pour qu’il me prenne dans ses bras.

Du côté paternel, je dois descendre de Napoléon 1er. D’après les recherches de mon grand-père pour faire son arbre généalogique, nous avons découvert que l’on descendait de Napoléon. Nous avions un titre de noblesse, une particule que mon grand-père a été obligé de vendre pour payer la faillite de mon arrière-grand-père.

Alix

 

 

 

 

 

 

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L’Homme est vaincu

(D’ailleurs existe-t-il ?)...

 

 

 

 

 

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Pseudo lauriers

Pour vrais guerriers…

Avec ivresse

Avec largesse

Morts à gogo

Pas d’embargo

 

Déliquescence

Obsolescence

De l’être Humain

-Triste destin--...

 

Pseudo-victoire

Pour sombre gloire...

Didier COLPIN

 

 

 

 

 

 

 

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DERNIER ADIEU

 

 

 

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Tout près un coucou s'est mis à chanter

comme un clin d’œil adressé à l'assistance

alors qu'allait commencer l'hommage auprès du cercueil

j'ai vu de blancs nuages qui agitaient leurs

chevelures dans un bout de ciel bleu

j'ai vu des anges qui jouaient espiègles et rieurs

ils venaient au plus près pour recueillir nos larmes.

 Thérèse  L.

 

 

 

 

 

 

 

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A LA LUEUR D’UNE BOUGIE ETEINTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Suite du n°75

Une fois son message délivré, le panache de fumée s’éleva dans les airs et fila en huit rayons lumineux pour traverser leur cœur avant de disparaître dans le même crépitement qui avait précédé son apparition. La lumière revint alors, comme si rien de tout cela ne venait de se produire, et les amis s’entre-regardèrent d’un air hagard en tâchant de comprendre ce qu’il venait de leur arriver. Dehanayst, quelque peu sonnée, fut la première à reprendre parole et à briser le silence qui les assourdissait.

·     Par Mayari, c’était quoi ça ?!

·     Ça, c’était une prophétie ! rétorqua Jaden avec flegme.

·     Et comment tu peux en être sûr ? s’étonna Neela en secouant la tête.

·     C’est super beau et on ne pige rien. Conclusion : c’est une prophétie ! expliqua le jeune avec la même évidence dont il aurait fait preuve en expliquant que deux et deux font quatre.

 

Les filles regardèrent le lycanthrope avec une moue dubitative, comme s’il venait d’essayer d’avaler un canard en plastique pour le dîner. Heureusement pour lui, Imasu vint à la rescousse de son petit ami.

·     Jade a raison, c’est une prophétie. J’en ai étudié à de nombreuses reprises quand j’étais enfant, ça ne trompe pas. En revanche, je ne sais pas ce qu’elle signifie. Mais… Lysa, tu as dit que votre tante vous avait demandé d’écouter son Chant… Elle devait parler du message dissimulé dans son collier. Son sens, même s’il nous échappe, doit avoir son importance.

·     Ma tante vient de mourir, elle n’avait plus toute sa tête, rétorqua Lysaëlle en secouant la tête. C’est peut-être simplement une farce ou le fabricant qui a enchanté le collier, tout simplement ! se dédouana-t-elle en soupirant.

·     Tante Sihir allait parfaitement bien et tu le sais, rétorqua son jumeau en croisant les bras sur son torse. Elle nous a dit que quelque chose, ou quelqu’un l’avait retrouvée. Elle nous a confié son collier alors qu’elle l’a toujours gardé précieusement avec elle. Il faut qu'on comprenne ce qu’elle a voulu nous dire, de quoi ça parle ! On pourrait comprendre de quoi elle est morte et qu’est-ce qui a provoqué tout ça !

·     Mae, notre tante est morte d’un cancer ! commença à s’emporter Lysaëlle en serrant les poings, sa magie virant de doré à rouge, comme à chaque fois sous le coup de la colère. Alors quoi, tu veux aller essayer de réaliser une stupide prophétie ? Pourquoi ?

Elle ne reviendra pas parmi nous, ça n’arrivera jamais, quoi qu’on fasse, on l’a perdue pour toujours, tu comprends ?! hurla la jeune femme en commençant à pleurer, le chagrin la submergeant à son tour.

 

Lysaëlle se laissa emporter par sa peine et fondit en larmes, son visage niché dans le creux de ses mains tremblantes. Ses épaules étaient secouées de soubresauts et elle se retrouva rapidement blottie dans les bras protecteurs de Jaden qui, malgré son côté pétillant et foufou, faisait souvent office de grand frère protecteur. Mae, se sentant coupable d’avoir fait pleurer sa sœur, s’approcha timidement et lui prit la main délicatement tandis que Zaya secouait la tête en examinant le collier.

·     De toute façon, avant de se précipiter et de foncer tête baissée, il faudrait tâcher de comprendre ce que signifie cette prophétie. Je suis d’accord avec Jaden sur ce point, ce n’était rien de plus que du charabia !

·     Merci de le reconnaître, sourit le loup avec fierté. Et si on commençait par comprendre où il faut aller ? “A la croisée de l’antique forêt”, où est-ce que ça peut être ?

·     La Noble Cour, répondirent Imasu et Neela d’une même voix, les faisant rire tous deux nerveusement.

·     La Noble Cour ? répéta Dehanayst sans comprendre. Jamais entendu parler…

·     La Noble Cour, qui a existé il y a bien des siècles, était le premier royaume des fées. Elle avait été bâtie dans un lieu reculé par un homme tombé amoureux fou d’une femme, qui s’était avérée être une fée. Elle lui avait offert le don de son peuple en lui partageant son sang, et il s’est retrouvé elfe à son tour, devenant ainsi le premier roi de la Noble Cour. On raconte qu’il avait été chassé de la terre des Hommes, jugé pour un crime qu’il n’aurait même pas commis, et que la Noble Cour avait été son refuge dans ce monde sous le monde où il aurait rencontré sa femme, Suliram.

·     Et ensuite, qu’est-ce qu’il s’est passé ? s’enquit Émeraude avec intérêt, pendue aux lèvres de l’elfe.

·     La suite est confuse. Tout ce qu’on sait, c’est que la reine a été assassinée par l’une de ses suivantes et que le roi a disparu pour toujours. En partant, il a jeté un sort sur la Cour, interdisant l’accès à quiconque ne disposerait pas d’un droit de passage. C’est tout ce qu’on sait. Mais son emplacement n’est pas secret, elle est restée intacte, comme figée dans le temps au dernier jour d’automne. Elle se trouve à plusieurs kilomètres au nord de Mutiara.

Les sept amis échangèrent des regards perplexes, pleins d’interrogations, de questionnements, de doutes et de peur. La tentation d’aller jeter un œil à la Noble Cour était grande, évidemment, mais ils avaient, pour la plupart, des responsabilités à honorer au sein de la cité, et un départ pour l’antique royaume des fées serait loin de passer inaperçu. Et pourtant…

 

Pourtant, chacun d’eux espérait sincèrement que tous les autres acceptent de partir à l’aventure. Cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés, qu’ils n’avaient pas suivi une quête tous ensemble. Comment pouvaient-ils résister quand une telle opportunité se présentait à eux comme ça sur un plateau d’argent ? Les circonstances étaient bien évidemment malheureuses, mais la possibilité de se rendre dans la célèbre Noble Cour était alléchante. Même Lysaëlle, pourtant dubitative, avait fini par sécher ses larmes et venait de se blottir contre son jumeau qui les berçait tous deux. Jaden fronça les sourcils subitement aux dernières paroles de son petit ami et releva la tête.

·     Le dernier jour d’automne, tu dis ? lui fit-il répéter avec précipitation.

·     Eh bien, oui, la Noble Cour s’est retrouvée figée le dernier jour d’automne par le roi, mais je ne vois pas…

·     C’est après-demain, lâcha le lycanthrope comme une bombe. Croyez-moi, je connais le cycle lunaire par cœur : la dernière nuit d’automne, la pleine lune brille dans le ciel.

 

Cette année, ce sera une lune rousse. Elle tombera dans la nuit du trente novembre au premier décembre, soit…

·     Soit le dernier jour d’automne. Et c’est dans deux jours, comprit Zaya en soupirant.

·     Et la prophétie est très claire : “au mois d’automne, la saison achevée, la dernière nuit d’automne reprend vie”, rétorqua Émeraude.

·     Tante Sihir voulait qu’on découvre cette prophétie, souffla Mae avec foi. Elle voulait qu’on le comprenne et qu’on la réalise. Il faut qu’on aille là-bas. Il faut qu’on se rende à la Noble Cour d’ici deux jours et suivre les instructions de la prophétie, c’est ce qu’elle aurait voulu… Qui est avec moi ?

 

Tour à tour, ses amis sourirent en hochant la tête, et ne perdirent pas une minute pour lui confirmer qu’ils le suivraient jusqu’au bout, peu importe où cette histoire de prophétie pourrait les emmener. Lorsqu’il ne resta plus que Lysaëlle, le sorcier se tourna vers sa jumelle.

·     J’ai besoin de toi, avec nous… S’il te plaît, Lys’... Je n’y arriverai pas sans toi.

·     Tu es sûr que le jeu en vaut la chandelle ? soupira la jeune femme sans grande conviction.

·     Je le pense, oui. J’avais confiance en tante Sihir. Et si tu n’as pas confiance en elle, alors aie confiance en moi. S’il te plaît

·     Très bien, accepta-t-elle après une pause silencieuse. Je te suivrai aussi, quoi qu’il arrive. Dis-nous ce que tu attends, exactement.

·     Si on ne comprend pas toute la prophétie, ce n’est pas grave dans l’immédiat, commença le jeune homme d’un ton déterminé. On connaît l’essentiel : on doit se rendre à la Noble Cour dans deux jours.

·     Demain, préparez vos affaires et organisez-vous pour que votre absence ne se fasse pas remarquer. Dans deux jours, à l’aube, on se retrouvera ici et Imasu nous guidera jusqu’à la Noble Cour. Ensuite, on fera ce qu’on fait le mieux…

·     On improvise ? résuma Jaden avec un sourire ravi.

 

Mae n’eut pas besoin de répondre : son sourire parlait pour lui. Enfin… Improviser n’était pas le terme qui s’appliquait à ce qu’ils avaient fait le jour qui avait suivi leur discussion dans la chaumière d’Imasu et de Jaden. Zaya et Dehanayst avaient été voir leurs supérieures pour leur annoncer qu’elles ne pourraient venir à la patrouille du lendemain soir pour des raisons familiales. Les générales avaient été surprises, connaissant l’assiduité profonde des deux jeunes femmes, mais avaient fini par accepter la situation et leur avaient donné la permission de lever le camp. Après tout, si elles s’absentaient, ce n’était pas sans motif valable. Jaden, de son côté, n’avait pas eu ce genre de soucis puisque les loups avaient droit à un congé les jours de pleine lune, ce qui coïncidait parfaitement avec la date de leur départ. Certains lycanthropes, en effet, avaient du mal à supporter les changements lunaires, ce qui n’était pourtant pas le cas du jeune homme. Lui avait la chance de ne voir que quelques changements mineurs s’effectuer en lui, comme le fait de se transformer partiellement sous sa forme lupine. Ce n’était pas pour déplaire à Neela et Emeraude, les cadettes, qui adoraient lui gratouiller les oreilles lorsque l’occasion se présentait. Les filles, justement, avaient prétexté une nuit à la belle étoile chez leurs amis comme excuses auprès de leurs parents respectifs qui étaient, fort heureusement une fois encore, tombés dans leur piège. Imasu eut plus de mal à convaincre les guérisseurs qui ne laissaient que rarement, pour ainsi dire jamais, leurs élèves manquer des classes. L’elfe dut user de ruses et de charmes pour arriver à leur faire entendre raison, et ce n’est qu’au bout de plusieurs heures de négociation qu’il avait fini par les faire céder. Quant à Mae et Lysaëlle, la question ne se posait même pas. Ils étaient tous deux majeurs, sans tuteurs, et d’une certaine façon leur tante leur avait déjà donné l’autorisation de partir à l’aventure lorsqu’elle leur avait confié son collier contenant la prophétie. Après cette dure journée, les amis avaient préparé leur barda chacun de leur côté et s’étaient couchés de bonne heure. Le rendez-vous était fixé à l’aube, le lendemain, chez l’elfe et le loup, et ils comptaient bien être à l’heure et partir tous ensemble…. ou pas !

Mae et Lysaëlle, qui n’avaient pas réussi à fermer l'œil de la nuit, avaient été les premiers arrivés devant la petite maison couverte de lierre. Ils avaient longtemps discuté à voix basse en admirant les étoiles, somnolant à peine de temps en temps quand l’un ou l’autre était trop fatigué pour parler ou n’avait plus rien à dire.

 Le frère et la sœur avaient été rejoints une heure avant l’aube par Dehanayst et Zaya, toujours en tenue de patrouille. Les deux guerrières avaient l’habitude de se lever avant le soleil lui-même et semblaient parfaitement reposées. Derrière elles, Neela traînait les pieds en bâillant longuement, peu habituée à un réveil aussi matinal. D’un geste tendre, sa petite amie l’enlaça et lui offrit un doux baiser pour la récompenser de son effort et les trois autres sourirent en pouffant gentiment à la vue d’une Neela plus ragaillardie que jamais. Les filles s’installèrent alors en compagnie des jumeaux et partagèrent un petit déjeuner improvisé en attendant l’arrivée de Jaden, Imasu et Emeraude. Excellente cuisinière, Zaya leur avait confectionné la veille au soir un véritable buffet de viennoiserie qu’ils s’empressèrent de déguster, leurs estomacs gargouillant bruyamment. Neela, en amatrice de bonne chère, se régalait en soupirant d’aise dans les bras de Dehanayst qui la serrait d’un air protecteur, ses yeux semblant hurler “pas touche !” à quiconque s’approcherait de trop près. Non, elle n’était pas jalouse. Comme l’Urduja aimait elle-même à le dire, elle était territoriale, point final ! Mae et Lysaëlle, eux, n’avaient rien pu avaler de consistant depuis le décès de leur tante et mouraient presque littéralement de faim. Heureusement qu’ils avaient leurs amis pour les aider dans cette période difficile, auquel cas, ils ne savaient pas comment ils s’en seraient sortis. Alors qu’ils mettaient quelques petites brioches et autres tartelettes de côté pour plus tard, bien que Zaya ait déjà prévu tout le nécessaire à leur survie alimentaire, Imasu et Jaden sortirent enfin de chez eux et n’eurent pas trois pas à faire pour les rejoindre. L’elfe semblait relativement en forme et Lysaëlle remarqua qu’il avait eu, cette fois, le bon sens d’enfiler des chaussures. Comme tous les enfants des fées, le jeune homme aux cheveux rouges pouvait marcher pieds nus en forêt sans se faire mal. Toujours est-il qu’il valait mieux avoir de bons souliers pour endurer tous les kilomètres qu’ils devraient parcourir. Jaden, de son côté, semblait complètement à côté de la plaque.

 

Ses longs cheveux blancs étaient emmêlés et attachés à la va-vite en une queue de cheval tordue, et le croissant de ses pupilles s’était arrondi pour former un cercle parfait, identique à une lune pleine dans un ciel nocturne. Après tout, ce soir une lune rousse et pleine devrait les éclairer. Le groupe d’amis remarqua aussi, avec quelques sourires attendris, que les instincts du lycanthrope s’étaient réveillés. Ses oreilles, apparues au sommet de son crâne, étaient celles d’un loup, et une magnifique queue duveteuse et douce dont la fourrure d’argent battait l’air était soudée à sa chute de reins. Son visage laissait transparaître toute sa fatigue et il eut toutes les peines du monde à retenir un bâillement sonore en frottant ses yeux endormis.

·     On a du mal à sortir du lit ? se moqua gentiment Zaya en lui lançant un paquet de chouquettes qu’il rattrapa au vol.

·     C’est vrai que c’est dur de se lever de bonne heure et de parcourir… Attends voir… Trois mètres, pour arriver à destination ? renchérit Dehanayst en lançant un clin d'œil complice à sa camarade guerrière.

·     Z’êtes méchantes, râla mollement Jaden en venant se nicher dans les bras de Lysaëlle pour laisser sa meilleure amie lui gratouiller les oreilles pendant qu’il prenait son petit déjeuner.

·     La pleine lune est toujours éprouvante, même si Jade est plus coriace que la plupart des lycanthropes, leur rappela Imasu en grignotant pensivement un croissant chaud. J’ai préparé quelques potions avant de me coucher hier soir pour lui donner de l’énergie et j’en ai d’autres de soin pour nous, au cas où. Au fait, Émeraude n’est pas là ? remarqua-t-il en avisant chaque visage autour de lui.

·     Elle a dit qu’elle avait quelque chose à faire et qu’elle nous rejoindrait, répliqua la sœur de cette dernière en secouant la tête. Je lui fais confiance mais j’espère qu’elle ne va pas tarder, elle peut vraiment être tête en l’air quand elle s’y met…

 

L’Urduja aux longs cheveux noirs soupira et se leva en s’étirant, et les autres échangèrent un regard entendu. Certes Zaya s’inquiétait pour sa sœur, mais ils ne pouvaient qu’être d’accord avec elle : ils avaient du chemin à parcourir avant de rejoindre la Noble Cour, et chaque minute de retard cumulée les éloignait un peu plus de leur objectif. Pour ne pas perdre plus de temps que nécessaire, les sept amis décidèrent de vérifier les sacs contenant leurs provisions, potions et éventuelles armes et se préparèrent au départ en remballant déchets et petit déjeuner entamé. C’est alors qu’un cri perçant déchira l’air autour d’eux. Chacun stoppa net, relevant la tête en quête d’un quelconque indice sur ce qu’ils venaient d’entendre. Jaden, dont les yeux de loup étaient plus perçants et plus affûtés qu'aucun d’entre eux, regarda en l’air et vit un oiseau fendre le ciel dans leur direction. Non, pas n’importe quel oiseau. Il s’agissait d’un aigle orné aux ailes déployées, majestueux. Ce dernier piqua vers le sol et, juste avant d’atterrir, se transforma dans un éclair couleur bronze pour dévoiler Émeraude dans sa tenue de voyage. Toute souriante et fière d’elle, la jeune fille à la peau verte observait ses amis en écartant les bras comme un magicien venant de réaliser un tour de prestidigitation. Les autres sourirent, connaissant assez la métamorphe pour lui pardonner ses écarts et ses retards, mais sa grande sœur, elle, se montrait souvent plus ferme. Elle se tourna d’ailleurs vers elle en croisant les bras sur sa poitrine, un sourcil haussé, attendant des explications quant au fait qu’elle ait préféré se balader en plein ciel plutôt que de rester à leurs côtés.

·     Je sais ce que tu vas dire, plaida la jeune femme en levant les mains devant elle pour couper Zaya avant même qu’elle ait eu la possibilité de lui faire des remontrances, mais j’avais une bonne raison ! Hier j’ai entendu les Urduja annoncer que comme Dehanayst et toi seriez absentes, elles iraient patrouiller en priorité au secteur nord puisque vous n’y seriez pas, or c’est là qu’on va !

·     Et ça explique pourquoi tu t’es transformée en aigle orné ? Que j’ai trouvé magnifique d’ailleurs ! s’empressa d’ajouter Jaden en lui lançant un clin d'œil.

·     Je suis allée mettre un peu de pagaille du côté sud, expliqua Emeraude en haussant les épaules. Rien de bien grave et je n’ai fait aucun blessé, mais les Urduja auront de quoi s’occuper là-bas pendant plusieurs heures, au moins le temps pour nous de filer au nord et de rejoindre la Noble Cour.

Zaya soupira en fixant sa sœur, écoutant cette dernière raconter son histoire puis, au bout de longues minutes, finit par abdiquer et elle la serra contre son cœur en embrassant son front. Malgré sa contrariété de leur retard, la guerrière avait été soucieuse de savoir si sa cadette allait bien, et elle était aussi reconnaissante de son aide précieuse qui leur avait évité de perdre plus de temps encore. Rassurée, l’Urduja la relâcha doucement et se tourna vers ses amis qui étaient tous prêts à prendre le départ. Une fois les dernières vérifications terminées et la porte de la maisonnette fermée à clef, Imasu prit la tête de leur groupe, puisqu’il était le seul à connaître l'emplacement de la Noble Cour. En tant qu’elfe, et issu du royaume des fées, il avait une connaissance parfaite, si ce n’est encyclopédique, de l’histoire de son peuple. Lui qui un jour s’était promis de partir en pèlerinage dans ce lieu considéré comme aussi sacré que maudit avait enfin la chance de pouvoir s’y rendre. Et en très bonne compagnie, qui plus est. Le jeune homme, donc, avait pris la tête de la marche, en direction du nord. Il avait, dans la main, une feuille qui avait l’air d’avoir été façonnée d’argent et de bronze et qui oscillait par moment de gauche à droite, des petites étincelles rosées s’échappant d’elle chaque fois qu’elle changeait de direction. Mae, qui se tenait juste derrière lui aux côtés de sa sœur, comprit qu’il s’agissait d’une sorte de boussole, bien qu’il ne l’ait jamais aperçue auparavant. Peut-être était-ce un bien uniquement réservé aux fées ? À ses côtés, Lysaëlle ne semblait pas avoir remarqué l’objet. À dire vrai, elle se contentait de marcher en fixant le lointain, plongée dans sa bulle, là où même son jumeau ne pouvait l’atteindre. Pourtant, le sorcier ne pouvait pas dire qu’il se sentait seul : c’était même tout le contraire ! Il n’aurait pas pu se sentir plus soutenu et en sécurité qu’en cet instant. Neela avait rejoint Imasu, qui marchait d’un pas décidé devant eux, Jaden et Emeraude, qui s’étaient tous deux transformés, avaient pris un peu de distance pour les entourer et inspecter les environs en prévision de leur avancée, et Zaya et Dehanayst, les deux guerrières Urduja, fermaient la marche pour assurer leur sécurité à tous. En théorie, rien n’était censé les attaquer, mais au moins seraient-ils à l'abri en cas de besoin. Bien qu'entouré, donc, Mae était pourtant bel et bien seul avec sa sœur, d'une certaine manière. Prenant sa main dans la sienne, il pressa ses doigts délicatement pour la ramener vers lui et attirer son attention.

·     Lys ? chuchota-t-il en l’appelant par ce vieux surnom qu’il lui avait trouvé bien des années plus tôt. Est-ce que… Tu m’en veux ?

·     Je ne suis pas fâchée après toi, Ma’... Je suis en colère contre tout ça, toute cette situation… Je suis venue parce que tu me l’as demandé, mais ça ne me plait pas vraiment d’aller à cette Noble Cour. Et si c’était un piège, tu y as pensé ? Après tout, Ima l’a dit lui-même : l’endroit est maudit ! Honnêtement, tu ne trouves pas ça étrange que tout s’enchaine étrangement rapidement ? Tante Sihir meurt et on découvre une prophétie qui, comme par hasard, va se dérouler ce soir même ? Si tenté qu’on y arrive à temps ?

·     C’est vrai que c’est soudain, admit le sorcier à la peau bleue en se grattant la corne gauche dans un tic nerveux. Mais ça ne veut rien dire : la prophétie a parlé de la dernière nuit d’automne, mais elle n’a jamais précisé d’année. On aurait pu faire ça dans dix, quinze ans, ou même jamais.

·     Je maintiens que c’est louche, se renfrogna la jeune femme en secouant la tête. Quoi que tu penses, je n’ai pas confiance en cette prophétie. Je préfère rester sur mes gardes. Si tante Sihir nous a caché ça jusqu’à sa mort, qui sait ce qu’elle a pu nous cacher d’autre…

 

Avec un soupir défaitiste et résigné, Lysaëlle détourna le regard et continua d’avancer sans plus prononcer un seul mot. Alors que sa sœur jumelle se murait dans le silence, Mae pensa tout d’abord qu’elle exagérait, qu’il n’y avait aucun danger, qu’ils allaient simplement accomplir les dernières volontés de sa tante, qui s’avèreraient être une prophétie. Pourtant, le doute venait de s’implanter dans son esprit, et ses graines commençaient déjà à germer, amenant avec elles d'innombrables questions auxquelles il ne pouvait apporter aucune réponse pour le moment. Leur tante leur avait-elle réellement tout dit avant de mourir ? Pourquoi leur confier cette prophétie ? Et surtout, qu’avait-elle voulu dire en parlant de leurs parents ? Le frère et la sœur, pendant la nuit, avaient évoqué les silhouettes apparues avec le message contenu dans le collier.

Ils étaient tombés d’accord pour dire qu’il s’agissait de celles de Matahari et de Mahina, les divinités de la lune et du soleil, bien qu’ils n’aient aucune idée de l’identité de la troisième. Mais alors, quel rapport avec leurs parents ? Ils maîtrisaient la magie élémentaire, certes, mais ça ne faisait pas d’eux les enfants de la lune et du soleil. Après tout, cette histoire n’était qu’une légende, un conte qu’une vieille femme avait autrefois raconté à son neveu et à sa nièce… N’est-ce pas ? Mae secoua la tête en soupirant. À présent, il n’était plus sûr de rien et commençait lui aussi à regretter de s’être lancé à l’aventure jusqu’à la Noble Cour. Peut-être sa sœur avait-elle raison ? Peut-être que tout ceci n’était qu’un piège, une vaste supercherie pour leur faire du mal ? Pourtant, si tel était le cas, quelle en était la raison ?

 

à suivre    Blue LYCENNE

 

 

 

 

 

 

 

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