SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 9

 

1-2-3-4 - 5-6-7-8-9-10

 

Janvier – Février - Mars   2004

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

Mot du Maire page 3

Guy BRICOUT

Chronique littéraire page 4

Denise Leprêtre

JEUNES

 

Mon seul amour page 5

Natacha LEROY

Sans toi page 5

Christelle LESOURD

Moi comme un gâteau page 6

Floriane KUROWIAK

L'ourson page 6

LUCIOLLE  *

Si j'étais page 7

Ecole Ferdinand Buisson

Papa étoile de cirque page 8

Ecole St Michel

Au mois de décembre page 9

Fanny CANONNE

HUMOUR

 

J't'en prie Joséphine page 10

Irène CARLIER

Expressions directes page 11

Charles LERICHE

Quand le bâtiment va page 12

Daniel CARLIER

Nostalgie page 13

Max WALLET

Les graines du bonheur page 14

Gisèle HOURIEZ

ADULTES

 

Qu'est-ce que l'amour page 15

Gerro

Chagrin page 15

Joël HERBIN

La caresse des mots page 16

Henri LACHERE

Aquarelle page 16

Geneviève BAILLY

Une souris dans la maison page 17

Jean-Charles JACQUEMIN

Une grand-mère page 18

Jeanne FOURMAUX

Açvine page 19

SAINT-HESBAYE  *

L'amour page 19

Claude SANTER

A deux pas d'ici page 20

Olivier CATIEAU

Trémière était… page 21

Jean-François SAUTIERE  *

Lune perdue page 22

HERTIA-MAY

Extraits de "Eclats d'âme" page 23

Thérèse LEROY

Pourquoi chercher l'or… page 24

Anthony CANONNE

La force des mots page 24

Jean-Luc EVENS

Les quatre saisons page 25

Andrée COUVREUR

NOUVELLES

 

Une vie en bleu page 26-27

Hector MELON d’AUBIER  *

Dans la gueule du lion page 28-29

Denise DUONG

Aux urnes, citoyens ! page 30-31

Paule LEFEBVRE  *

Infos et abonnement    

 

AVIS DE CONCOURS

Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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L'équipe de La Caudriole souhaite

à tous ses lecteurs

de très joyeuses fêtes

et une bonne année

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1

 

MOT DU MAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Madame, Mademoiselle, Monsieur,

 

Entre vos mains, vous tenez déjà le N°9 de la CAUDRIOLE qui vient chaque trimestre nous apporter sa précieuse contribution à l'épanouissement de notre vie culturelle locale.

 

Comme vous pouvez le constater, ce dernier opus fait place à la plus grande diversité en "effeuillant" tous les domaines de la production littéraire. Ainsi au fil des pages vous pourrez avec allégresse surfer sur le champ de la poésie lyrique jusqu'aux confins de l'univers fantastique de nouvellistes de talents.

 

Si vous parvenez à redescendre de cette "vague des passions" je vous invite ensuite à consulter le site Internet de la Mairie de CAUDRY pour y découvrir de belles pages consacrées aux lauréats du dernier concours de poésies organisé par l'Office Municipal de la Culture.

 

J'adresse à nouveau toutes mes félicitations aux nombreux auteurs qui chaque trimestre nous font partager leur intimité créatrice.

 

Enfin, je souhaite à toutes et à tous, d'excellentes fêtes de fin d'années en formulant l'espoir que cette année vous apporte Bonheur, Santé et Prospérité.

 Le MAIRE,

GUY BRICOUT

 

 

P2

 

UN AUTEUR QUI MONTE…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 Il y a quelques mois, Eric-Emmanuel SCHMITT défrayait la chronique littéraire et atteignait des records de vente avec un mince petit roman : "Oscar et la dame rose"…

Un sympathique gamin de 10 ans, Oscar, se meurt d'un cancer… Ses parents, très aimants, mais submergés par le chagrin sont littéralement bloqués… Mais Oscar reçoit également la visite régulière d'une bénévole de l'hôpital, une dame en blouse rose…

- "Pourquoi ne me disent-ils pas que je vais mourir ? " lui demande Oscar.

·    "Pourquoi veux-tu qu'ils te le disent, puisque tu le sais ? "

Des relations de vérité s'établissent entre le jeune garçon et la mamie. Elle l'aide à vivre ses derniers jours comme si chaque "24 heures" était 10 ans… et il écrit quotidiennement à son "cher Dieu", presque jusqu'à la fin.

C'est triste ? ... Non : Plein de gaminerie, et à la limite "jubilatoire" ... Vous n'y croyez pas ? ... Lisez !!! …

Autre petite pièce –de théâtre, cette fois- drôlement bien "ficelée" : "Petits crimes conjugaux"… "Chaque couple, écrit l'auteur, est constitué de tueurs en puissance !"

Brr… cela donne froid dans le dos… mais, lisez ! Il y est question d'amnésie, d'alcoolisme, de tentative de meurtre… et puis, là aussi, la vérité éclate… par la grâce du mari victime… et simulateur par amour.

Car l'amour triomphera.

Magistralement joué à Paris par Charlotte Rampling et Bernard Girodeau.

D. LEPRETRE

 

 

 

P3

MON SEUL AMOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L'amour fait si mal quand on le perd

Que l'on ne veut plus aimer

De peur de souffrir encore

 

Il est

Et il restera

Au plus profond de mon cœur

 

La douceur de ses baisers me manque

 

Les souvenirs de notre amour

Me hantent

Dans mes jours comme dans mes nuits

 

J'en souffre

De ne plus être dans ses bras

Et dans son cœur

 

Mon poème

C'est lui.

 Natacha LEROY

17 ans

 

 

 

P4

 

SANS TOI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 sans toi, mon âme ne connaît pas de repos

la torture est ma seule délivrance

ma souffrance, mon amie

ma seule espérance

l'amour que je te porte

aurais-je rêve ton retour

ou n'etait-ce qu'un

détour ?

Christelle LESOURD

16 ans

 

 

 

P5

 

MOI COMME UN GÂTEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un jour là

Le lendemain pas là

Tu joues à quoi ?

Comme un yoyo

Tu joues avec mes sentiments

Comme un gâteau

Tu le picores mais ne le finis pas

Son chocolat pourtant t'attire

Mais tu l'émiettes comme un satire

Chaque fois que tu lui prends un bout

Il tente d'avoir meilleur goût

Mais tu le laisses pourrir

Vous l'aurez bien compris

Métaphore d'une petite vie

D'une jeune fille qu'on fait souffrir

 Floriane KUROWIAK 06/07/03

 

P6

 

 

Si j'étais

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si j'étais une souris

Je me faufilerais dans les trous

Pour aller regarder jouer tous mes amis.

Je cacherais ma nourriture

Pour que les chats ne me mangent pas.

Océane

Si j'étais un chien

Je m'appellerais Léo

Je courrais dans la montagne

Pour faire peur aux oiseaux

Je me promènerais avec mon maître

Et je mangerais des croquettes

Et toutes les oies.

Thomas

 

Si j'étais une poule

Je couverais mes six petits poussins

J'aurais un copain, un poulain.

Je les surveillerais

Je les promènerais dans la basse-cour

Je les nourrirais avec des grains de blé

Des frères et sœurs j'en aurais beaucoup

Je jouerais avec eux sur le tas de fumier.

Amandine BENABBOU

 

Si j'étais un chien

Je serais un doberman

Je m'appellerais Tanes

Je mangerais du pain

Et je serais un petit coquin

Je ferais quelques bêtises :

Croquer des pantoufles

J'aime bien

Ou faire pipi sur la couette

Et éparpiller les croquettes.

Rémy

 

 

 

Si j'étais un ours

Je mangerais du miel

De la viande et du poisson

Je serais très fort

Et très grand.

J'aurais toujours chaud

Avec ma fourrure

Je serais tout doux

Pour bercer mes oursons.

Je dormirais très longtemps

Dans ma tanière

En hiver.

Mais je ne suis pas un ours

Et je m'appelle Laurie.

Laurie LOUCHARD

Si j'étais un lapin

Je croquerais des carottes.

Je traverserais les routes

Pour manger des pâquerettes

Je creuserais un terrier

Pour y vivre caché.

Je mangerais de la salade

Je me coucherais dans la paille

Je me promènerais dans les bois.

Et je sauterais dans l'herbe.

Laly

Si j'étais un chien

Je mangerais des croquettes.

Je ne porterais pas de lunettes.

Je me roulerais dans l'herbe

Je dormirais dans une niche.

Je me promènerais toute la journée.

Et tout le monde viendrait me caresser.

Adeline DELFORGE

Ecole Ferdinand Buisson de Cambrai

(Classe de CE1)

Mme BOULIN

 

 

 

 

 

P7

 

Papa étoile de cirque

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Si mon papa était artiste,

Nul doute, il serait trapéziste,

Pour s'élancer du haut du chapiteau

Sous des milliers de "bravos" !!

Mais moi, mon papa, je le vois

Avec un joli nez rouge

Ah oui ! tu serais le roi !

Et avant que la salle ne bouge,

Tu te cacherais derrière le rideau.

Pour cacher ta peur,

Tu ajusterais ton chapeau,

Un petit pincement au cœur

Tu avancerais sur la piste,

Tu ne serais pas un clown triste,

Mais tu serais joyeux

Pour nous rendre heureux !

Mon petit papa-clown

Ecole privée mixte Saint-Michel

59540 Caudry

CM1 CM2 - Les 9 11 ans

   

 

P8

 

AU MOIS DE DECEMBRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Noël c'est au mois de décembre.

J'achète un sapin au mois de décembre.

Un jour je me suis réveillée, et puis j'ai vu le Père Noël qui était en train de mettre des cadeaux, des surprises pour toute la famille.

Et comme j'étais là il m'a dit :

·                    "tu dois dormir pour être en forme demain pour ouvrir tes cadeaux et tes surprises la première".

Alors je suis partie me recoucher très vite pour être en forme le lendemain.

·                    Et je me lève très vite, et je leur dis : "Le Père Noël est passé" !!!

Et puis ma Maman et mon Papa me disent :

- "tu es bien pressée d'ouvrir tes cadeaux et tes surprises".

Moi , hier soir, j'ai vu le Père Noël… tralala.

Mais ma Maman et mon Papa ne me croient pas.

Il m'a laissé une lettre.

Ah bon !

Oui ! il est venu.

Et après, le reste de la famille arriva.

Et on a pu enfin ouvrir nos cadeaux et nos surprises.

Fanny CANONNE

8 ans

  

 

 

 

 

P9

 

J' T'EN PRIE JOSEPHINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

1er COUPLET

Ma bien aimée, ma Joséphine !

Toi la plus belle entre les belles,

Quand j'admire ta belle poitrine

J' fredonne toujours une ritournelle.

Quand je vois tes jolis mollets,

Ta belle taille et tes p'tits pieds,

Mon cœur ne fait qu'un tour, ma belle,

Je m' sens l' besoin de m'écrier : (Refrain)

 

2e COUPLET

Que je voudrais être chandelle

Pour t'éclairer, ô mes amours,

Je voudrais être une pucelle

Pour m'attacher à toi toujours.

Je voudrais être toutes les choses

Que tu regardes ou que tu tiens,

Des gants qui couvrent tes doigts roses,

Je voudrais être la peau d' lapin. (Refrain)

 

3e COUPLET

Que je voudrais être pantoufle,

Que promène ton pied mignon,

Je voudrais être le vent qui souffle

Dans la filasse de ton chignon.

Je voudrais être la belle robe

Que tu touches de tes doigts fluets,

Je voudrais être la garde-robe

Où tu ranges tous tes effets. (Refrain)

4e COUPLET

Que je voudrais être boucle d'oreilles,

Bonheur qu'on ne soupçonne pas,

Pour me pendre à ta fine oreille

Et te dire des bêtises tout bas.

Enfin, pardonne-moi cette folie,

Si le feu s' mettait dans ton cœur,

A défaut d' pompe pour l'incendie,

Je serais ton pompier sur l'heure. (Refrain)

 

5e COUPLET

Bref, si nous nous marions, mon ange !

Jour d'ivresse et jour de bonheur,

Je voudrais être fleur d'orange

Pour entendre palpiter ton cœur.

Je voudrais dans un doux mystère,

Je voudrais mon trésor aimé,

Te voir tomber dans la rivière,

Pour savoir si tu sais nager. (Refrain)

 

REFRAIN

J'ai l' cœur qui déraille,

Comme le train de Versailles,

Joséphine, Joséphine,

J' t'en prie Joséphine

J' t'en prie Joséphine,

Arrête ta machine,

Arrête ta machine ou bien

Tu f'ras dérailler l' train (d' Pantin).

 

 

AUTEUR INCONNU

Texte retrouvé dans son grenier par

Mme Irène CARLIERde PREMONT (02)

 

 

P10

 

EXPRESSIONS DIRECTES

EN PATOIS D'ESCAUDOEUVRES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Boulé court :

Allez brulé sin nez :

Avoir eus gamelle pleine :

Fait attintion de ne pas avoir fro :

et d'attraper l'urlure :

I sont la tous au mont qui croque :

Avoir suché l' lavette :

I l'a eine bonne mine :

i l'a eine Figure comme min Q :

Avoir si quère au burre qu'a lôle :

Ecreuper euch' burre :

I cro ni a diu ni ach diap :

Cacher des cartes touillées :

Quint in a pas d' chance eine vaque Al' quiro dins s' poche :

Il est parti avec tout sin frusquin :

Eul pleuve al que a ziu d' vaque :

Ramasser eine teumette :

Té vas r'cheuvoir eine tatoule,

eine Doulle, un papin, eine volée :

Al a sorti tous poulrie (ou poullerie):

Poul' faire séqué au solo :

Par nuit eus su toudi ingélé,

 i saqueToudi eul couverture a li :

 

manque de quelque chose

risque de se faire voir et de se faire malmener

avoir bu

faire attention de ne pas avoir froid

et d'attraper le rhume

ils sont la tous en surnombre ou l'un sur l'autre

avoir bu

avoir l'air de bien se porter,

d'avoir une bonne santé

aimer autant au beurre qu'a l'huile

gratter le beurre

il ne croit ni en dieu ni au diable

chercher des histoires

quand on n'a pas de chance une vache chirait dans sa poche

il est parti avec des vêtements et du materiel

il pleut a grosses gouttes

faire une chute

recevoir une gifle ou une fessée

   « «  « «   « « « « « « 

elle a sorti tous ses draps et couvertures

pour les faire sécher au soleil

la nuit je suis toujours gelé

il tire toujours les couvertures à lui

(à suivre)

Par Charles LERICHE

 

 

P11

 

QUAND LE BATIMENT VA…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Les jalons sont plantés. Excavons, terrassons !

Munis de leur truelle arrivent les maçons.

L'artisan menuisier fignole une emboîture,

Au faîte le couvreur appose la toiture.

Tout blanc, le plâtrier, plafonds et murs, enduit,

A genoux, l'apprenti carrelle le réduit.

Les zingueurs, les plombiers aboutent, canalisent ;

Eau chaude, froide, gaz, en tuyaux s'harmonisent.

Voilà le vitrier, adulé des châssis

Prêts à se pomponner de laques et glacis.

Avec le tapissier, décorateur habile,

Se parent les cloisons ; le fini se faufile.

L'ouvrage terminé, chacun des ouvriers,

A nouveau s'investit parmi d'autres chantiers.

"Honneur aux manuels" dit le commanditaire

Saluant chapeau bas la classe prolétaire.

                Daniel CARLIER

De LAMBRES-lez-DOUAI

 

 

 

P12

 

NOSTALGIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Din min villach' y avo un terril

Din min villach' y avo un fournil

Din min villach' y avo un' boucherie

Din min villach' y avo un' epicerie

 

 Mint'nan y a pu et' terril y a un étang al' plache

Pou les magasins on' arcono pu l' plache

Et' tin zin temps y a l' boulinger qui passe

Y fait comm' mi y passe

 

Ché comm' el' temps faut vir' comm' y passe

Maint'nant y n'a pu q' des grandes surfaces

Quand t'arriv' avec et' petit' carrette

T'en parl' pu c'avec les étiquettes

Ave chés francs chés cott' barres et chés euros

D'un seul cou d'oeul t'en pourro

Pu dir' el' prix du kilo

 

Pu in n'avanch' on n'est pu les mêmes gins

Pour mi les gins it' vienn' té sot

Am' n'idée cha n' sra pu jamais comm' chéto.

 Créé par Max WALLET le 18/11/99

De GRANDE SYNTHE

  

 

P13

 

LES GRAINES DU BONHEUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J'ai tout laissé aller, d' pus qué j' sus au chomache,

Et jé n' m'occupe pus d' rin, j' n'ai pus d' goût à l'ouvrache,

Em' fimme é m' dit toudis qué j'ai beaucop cangé,

Dins l' mason, jé n' fais rin ; si bin qu' jeudi passé

All' s'a mis in colère : "Va-t'in donc au marché,"

Qu'all' mé crie in furie : "cha t' quing'ra les idées !

A forche dé n' pus ouvrer, t' vas dév'nir fainéant !"

J' dos avouer, tout d' même, qu'all' m'a r'tourné min sang !

J'ai attrapé l' pénier, j' sus parti comme un fou…

… Jé n' mé rapp'los même pas qué l'air étot si doux….

J'avinchos, in busiant, à tout c' bruit qu' j'intindos,

Tous ces voix, tous ces cris, tous ces gin qué j' véïos,

Qui riot'nt in d'visant, paraissant si heureux,

Alors qué dins m' pauv' tiète, j'étos si malheureux…

Et j' marchos, drot d'vant mi, lorsqué j'ai rincontré

Just' au tournant d'inn rue, min copain Irénée.

I' déminte, tout contint : "Bin quosqué té fais chi ?"

J'y dis qu' jé n' sus pas bin : i' m' ravisse tout surpris,

Et pis, j'y déballe tout : qué jé n' sais pus rin faire,

Qué j' n'ai pus d' goût à rin ; j'y confie mes misères…

-"Bin tiens", qui m' dit, "prinds cha, plinte tout dins tin gardin,

ch'est d'el graine ed bonheur, et té peux ête certain

qué dins tros quat' sémaines, té vas t' sintir bin mieux,

intre nous, ch' t'un secret, pou' n' jamais dév'nir vieux."-

in s' quitte - Mé v' là r'parti, avec min tiot paquet,

em' fimme étot bizarre, quand j'y 'ai tout raconté,

mais j' sus bin vite sorti, et pindant des journées

j'ai foui, j'ai rét'lé, et pis j'ai tout plinté,

in m' démindant vraimint, chu qu' j'allos récolter.

Tous les jours, à six heures, j' mé l'vos pou' surveiller,

Pou' supprimer l'ordure qui poussot dins les routes,

J'in étos arrivé à oublier l' casse-croûte.

Infin, un biau matin, j' vos quédcosse qu'y est sorti,

J'appelle min blanc-bonnet : "viens vite, viens vite ichi,

Viens donc vir el bonheur, j' cros bin qu' jé m' sins d'jà mieux !"

Em' fimme all' mé répond : "eh bin, té vos min vieux,

Ej cros bin réell'mint, qué c' coup-chi t'es guéri !"

Pis all' ajoute alors : "l' bonheur, sais-tu chu qu' ch'est ?

Ch'est l' salate qué t'as s'mée, et pis qui va tourner,

Ch'est les radis tout roses, qu'in va pouvoir croquer,

Ch'est les patatess qui poussent, et qu' té viendras buter ;

Ch'est cha, vos-tu "l' bonheur", quand in a la santé,

Et ch'est l' plaisir d'ouvrer, qu' tin copain t'a r'donné,

N' l'oublie donc pus jamais !"

 

Busiant : pensant D' visant : parlant

Quedcosse : quelque chose

Gisèle HOURIEZ-MACAREZ

59730 - VERTAIN

2ème prix "Plume et Amitié

Calonne Ricouart Octobre 1999

 

 

 

P14

 

QU'EST-CE QUE L'AMOUR ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

S'aimer c'est s'améliorer mutuellement,

Car nous sommes tous si différents.

Il est inutile de vouloir modeler

La personne que vous chérissez,

Chacun a son propre caractère

Heureusement, ce serait triste sur terre.

Il faut être capable d'assumer

Ses erreurs, ses défauts et ses qualités

Ainsi que ceux de votre partenaire

Afin d'éviter de rentrer trop souvent en guerre.

Il ne faut pas être pressé

Et savoir accorder du temps

A tout ce qui pourrait le ou la blesser

Car rien n'est évident

Surtout quand les bases ne sont pas solides,

Comme celles des vastes pyramides.

L'amour n'est pas le fruit d'un jour,

Ni l'acte d'un vautour

C'est le mélange, l'alchimie

De deux êtres très épris

Le sexe est seulement la conclusion

De cet amour, c'est la fusion

De deux corps réunis,

Pour peut-être, ensuite donner la vie.

Alors avant de critiquer

Essayez de comprendre et de parler,

N'oubliez pas que l'honnêteté

Vous permettra peut-être de ne rien gâcher.

GERRO de CAUDRY

 

 

P15

 

CHAGRIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 Perdu dans la foule,

Je devine ta détresse,

Ton cœur n'est pas en liesse,

Tu n' sors pas du même moule,

Manèges, tombolas.

Si la fête bat son plein,

Toi, tu caches ton chagrin.

Merguez, frites et nougats.

Refrain

Mugissent les sirènes,

Clignotent les néons,

Résonnent les flonflons.

Tu me fais de la peine !

 

Rien qu'avec tes vingt ans,

Ton mètre quatre-vingt-dix,

Tu d'vrais être le phénix

L'égal d'un président.

Mais tu t' sens tout petit !

Dans ce monde étranger,

Tout doit se monnayer.

Et tu t' sens tout petit !

Refrain

Observateur discret,

J'aimerais t'aborder,

Pouvoir te conseiller,

Te disculper, t'aider.

A vingt ans, je n'étais

Moi aussi qu'un paumé

Solitaire et fauché.

Puis la chance a tourné.

Refrain

C' n'est pas drôle d'être chômeur,

De dépendre des parents,

De vivre sans argent,

D' ruminer son malheur.

Dans cette fête foraine,

Tu ne fais que passer

Pour ne rien dépenser.

Je crains que naisse la haine !

Joël HERBIN

 de CREVECOEUR/ESCAUT

 

 

 

P16

 

LA CARESSE DES MOTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Je relis ce soir votre lettre,

Pour la centième fois peut-être ;

Je vous avoue ne plus compter.

Votre billet me touche

Des mille mains de la tendresse ;

Mon imagination frissonne,

Ouvre ses bras et vous accueille,

Dans la pénombre de l'absence,

En de câlines rêveries.

Je suis la feuille de papier

Où votre cœur a déposé

La caresse aimante des mots.

Je suis la plume si légère,

Entre vos doigts qui la cajolent,

Guidant ses pleins et ses déliés.

Entre les lignes, je perçois

L'haleine des secrets que vous n'osez m'écrire,

Qui hésite et m'effleure à l'orée d'un aveu.

Vos mots sont des baisers,

Vos mots sont des étreintes,

Et vos silences des murmures ;

Et je suis une plage où s'étreignent les vagues,

Un infini désert où s'enlacent les dunes,

Tout un grand ciel la nuit où s'aiment les étoiles.

Et vous, si loin, vous êtes pourtant proche,

Voluptueusement offerte,

Parmi les pages de la lettre,

Que je relis, pour la centième fois peut-être,

Pour sentir, qui me frôle, amoureusement tendre,

La caresse des doigts qui ont semé ces signes.

H. LACHERE

 

 

 

P17

 

AQUARELLE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 Ah ! Peindre avec des mots,

De mon cœur à ma plume !

Et les enluminer de paillettes d'argent,

Dans un cadre doré,

Sous un croissant de lune,

Venir les illustrer

Aux couleurs du printemps.

Ah ! Peindre avec des pleurs

La complainte de l'âme !

Puis amoureusement,

D'un sonnet, d'un rondeau,

Dénoncer un chagrin,

Célébrer une flamme,

Sous le jet de ma plume

Aux lyriques sanglots.

Ah ! Repeindre d'humour

Une joie défaillante !

Ma poussière de rimes,

La renvoyer au ciel ;

Et sous les retombées

D'une onde scintillante,

Mon poème d'amour,

Prendra des tons de miel.

 Geneviève BAILLY

 

 

P18

 

UNE SOURIS DANS LA MAISON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Une souris merveilleuse et gaie hantait la maison,

Apparemment tout le monde l'aimait avec raison.

Chaque jour chacun y pensait dans l'appartement,

Les enfants surtout qui la caressaient doucement.

Elle était très sage, grâce à toute son intelligence,

Ses amis la faisaient parler souvent dans le silence.

Docile et coquette, elle se laissait manipuler,

La jeunesse l'adorait, et venait toujours l'interroger.

Elle leur racontait sa vie et des tas d'histoires

Dans tous les domaines, ils étaient sidérés par sa mémoire.

Elle faisait un petit cri, tip ! lors d'une difficulté,

Mais aussitôt avec gentillesse, tip ! tip ! pour vous rassurer.

Lorsque les enfants parfois se la disputaient,

Elle ne faisait rien voir, elle était très futée.

Pour se faire pardonner, ils lui caressaient le museau,

Elle les fixait toujours du même regard, ils étaient tout petiots.

Au bout de sa longue queue, des fois elle se cachait,

Les filles, les garçons ne la voyant pas la cherchaient.

Vous aviez beau rouspéter, être en colère,

Elle ne répondait jamais au mauvais caractère.

Par contre, si vous étiez toute amabilité,

Avec joie, elle vous faisait vos quatre volontés.

C'était vraiment une souris très savante,

Avec philosophie, elle devenait votre servante.

Un peu plus loin : assis, le chat persan,

La regardant en laissant vagabonder son esprit.

Parfois, dès qu'elle était libre, comme un amant

Lui faisant un bisou et la caressant, fut surpris,

Les enfants émerveillés et joyeux vibrèrent,

Sautillants et heureux en rigolèrent.

Elle aidait énormément les enfants pour leurs devoirs,

Ils étaient tous très satisfaits de leur sort,

Préféraient mieux cela que cent transistors.

N'oubliant jamais de faire leurs prières pour toujours la voir.

Elle dégageait un mélange de bonheur et le repos des nerfs,

Une corbeille de fleurs embaume, entouré d'êtres chers.

 Jean-Charles JACQUEMIN

Alias Jean-Charles de BEAUMONT

 

 

 

P19

 

UNE GRAND MERE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Une Grand-Mère, c'est une provision de câlins,

D'espiègleries, de joyeux rires enfantins.

On lui parle de cœur à cœur,

Sans recul, ni fausse pudeur.

On lui confie des petits secrets

Qu'elle doit surtout bien garder.

On lui pose un tas de questions

Qui restent parfois sans réponse.

Et lorsque l'on a un petit bobo,

C'est elle que l'on réclame aussitôt.

Il y a aussi les bêtises, les bouderies,

Qui ne lui font pas souvent plaisir.

Toujours active et très disponible,

Elle vous offre beaucoup de son temps libre.

Une Grand-Mère se donne à vous sans compter,

Car son cœur n'est qu'Amour, Dévouement et Bonté.

Jeanne FOURMAUX

de HONNECHY

 

 

 

P20

 

L'AMOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

L'Amour, s'il est vrai,

ne peut-être qu'un humble amour.

C'est cheminer main dans la main,

Se regarder en s'enlaçant, oui,

Mais vivre aussi la quotidienneté ;

Comme les vagues, se caresser ;

La tendresse est si douce

Qu'elle rend le cœur gonflé d'amour.

Mme Claude SANTER

De CAMBRAI

 

 

 

P21

 

A DEUX PAS D'ICI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Dans une cour d'école,

Tu t'alignes en silence,

J'ai le cœur qui s'affole,

On ne vit qu'une enfance,

 

Je lis sur ton visage

Des romans d'innocence

Tu n'es pas toujours sage,

Je manque de patience.

 

Tu es un ange,

Que rien ne change !

Le paradis

Est à deux pas d'ici,

Tu es mon ange,

Ce souffle étrange

Qui rend la vie

Tellement plus jolie.

 

Septembre qui fredonne

Des airs de fin d'été,

Une voix qui résonne,

Et toi qui disparais,

 

Tu oublieras ce jour,

Je n'oublierai jamais,

Il y a de l'amour

Dans tout ce que tu es.

Tu es un ange,

Que rien ne change !

Le paradis

Est à deux pas d'ici,

 

A deux pas d'ici…

Olivier CATIEAU

de CAULLERY

 

 

P22

 

Trémière était…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Trémière était la rose,

De Bengale, le feu

Et de paume le jeu

Dans ma main que je pose.

 

Si de jais est le noir

Et de lance le fer,

La lune, elle, est au clerc

Dans l'étude, le soir.

 

Mais comme elle de miel

La Grande Ourse la guette

Souvent par sa lunette

Qui n'a rien de soleil.

 

Vrombissant en silence

Les mots, tard dans la nuit

Brouillent par leur fréquence,

De fond, le moindre bruit.

 

Et là-bas, de Béring,

Le détroit se resserre.

Coup de sonnette, dring !

De rêve, plus de terre.

Jean-François SAUTIERE

 

 

P23

 

LUNE PERDUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Lune perdue

Dans la brume

C'est un phare

Qu'on oublie un peu

Et la rue de Mai

Sans chagrin,

Embaumée de lilas,

Coule dans le village,

Accompagnée par la musique du Printemps.

 

Lune perdue

Dans la brume

C'est un talisman

Auquel on croit un peu

Et la rue de Mai

Sans remords,

Encombrée de muguet

Coule infatigable

Accompagnée par tout un parterre de douceurs

 

Mais la lune

Qu'on croyait perdue

Dans la brume

Est là qui nous fait signe

Tel un guide

Elle nous montre le chemin

D'un monde

Auquel on croit de plus en plus.

HERTIA-MAY

Mai 1971

 

 

 

P24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Extraits de "Eclats d'âme"

30/04/73

Couples se croisent dans la rue

Se tiennent chaud malgré l'hiver

Et moi je reste là dans l'ombre

Les yeux pleins d'eau, que vous importe !

Et la détresse au fond du cœur

Couples se lient, se désunissent

Feuilles s'affolent dans les branches

La terre bouge, ma vue se brouille

Les feuilles tombent, le monde croule

Folles pensées, idées sans suite

Qui s'acheminent lentement

Et se bousculent dans ma tête

Indifférence des gens heureux

Et vérité de mes pareils.

 

 

 

22/05/73

Le temps passe et les gens vieillissent,

Les amis se séparent

Et dans la foule personne ne se connaît.

Les mal-aimés demeurent et désespèrent.

Les mal-aimés pensent et rêvent sur leur destin maudit.

Les mal-aimés pleurent la mort qui ne veut pas d'eux.

Les mal-aimés aiment le vent, aiment l'orage et puis la nuit.

Mais ils ont peur quand vient le jour

Car c'est la lutte qui recommence avec l'aube.

Ils ont peur et ils ont froid,

Et pourtant brûle en eux un feu étrange et inconnu :

Le feu intérieur de la révolte et de la haine.

Certains apparaissent le souvent amorphes aux yeux des autres,

Mais en eux se livre un combat singulier entre le rêve et la raison.

Car leur vie est surtout intérieure.

La plupart ne croient plus en l'espoir

Et n'ont d'autre raison de vivre

Que la peur de quitter ceux qu'ils aiment.

Leur souffrance intérieure est une longue peine

Qui les ronge et dure toute une vie.

O Vie : Théâtre où chaque acteur joue un faux rôle !

Toile tissée de mensonges et de faux espoirs !

Quel est donc le peintre qui t'a créée ?

 Thérèse LEROY –

 

 

 

P25

 

POURQUOI CHERCHER DE L'OR

QUAND L'AMOUR EST À PORTÉE ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Certains s’obstinent à chercher de l’or,

Moi, je t’aime encore et encore.

Et une chose est sûre,

C’est que cet Amour vaut l’or le plus pur.

Je veux te ôter tous tes doutes,

En prenant, avec toi, à bras le corps,

L’amour et son autoroute.

En ta compagnie, je perds le Nord,

Mais le million d’étoiles illuminant ton visage,

Me ramène vers le rivage.

Anthony CANONNE

 

 

P26

 

LA FORCE DES MOTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je voudrais te dire des mots.

Des mots simples, des mots doux,

Des mots qui n’existent pas,

Des mots qui reviennent d’écho

En écho et font la roue,

Des mots qui donnent le la.

Je pourrais te lire des mots

Sans suite et un peu fous,

Des mots qui sentent le lilas.

J’aimerais sans dire un mot

Te dire tant de choses, si floues

Et si limpides à la fois.

Et chemin faisant, de mot

En mot, en phrase, jusqu’au bout,

Je te conterais ma foi.

Et les mots seraient de l’eau

Qui irriguerait tes joues

Et t’amènerait la joie.

Et les mots seraient si beaux

Qu’une rivière à ton cou

Les porterait à ta voix.

J’inventerais cent un mots,

Avec force et avec vous,

Pour lire dans tes yeux l’émoi.

Enfin, j’écrirais des mots

Et les mettrais bout à bout

Pour te les clamer mille fois.

Jean-Luc EVENS

Extrait de "Des Lieux et Des Rêves"

 

 

 

P27

 

"LES QUATRE SAISONS"…

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Haut

 

Dans le halo grisâtre, un pâle soleil gît.

Un éventail secret, en branche dénudée,

Embase l’horizon et la neige surgit

Dans le petit chemin à l’ivraie arc-boutée…

 

Noce de feu, de glace, enchantant les bosquets,

Mon pays en hiver, est un paysage ivre,

Quand le vent le tourmente, il assume, aux aguets,

Tout le long des moulins, des canaux pleins de givre.

Dans un air singulier, fâcheux et fascinant,

Quand la pluie est tenace aux aurores pressantes,

Ce qui fait peur aux gens, le sachant lancinant,

Et peut-être, un peu lâche, aux bises très blessantes…,

 

Coins d’orbe recherchés sous un arbre, ma foi !...

Mon pays au printemps est tapissé de fauve,

Sur ses pavés luisants à l’ombre d’un beffroi,

Il renaît doucement sous un ciel couleur mauve.

 

Dans une plaine où passe un chant plein de passions,

Quand l’abeille survole une pelouse hâtive,

Que le jardinier aime avec précautions,

La glycine amusée, acquiesçant, attentive…,

Ducasses rieuses qu’on savoure un instant !

Mon pays en été, c’est une douce image,

Des moissons si blondes et d’azur si tentant,

Que même les terrils sont grimpés sans dommage.

 

Sous un sapin de rêve, il arrive souvent,

Qu’on désire instamment arrêter une lutte.

C’est si bon d’être là, mais soudain, éprouvant

De la peine, entendant d’une feuille, la chute…,

 

On souhaite peut-être un souvenir pressant !...

Mon pays en automne, a donc ma préférence.

Je m’y plonge en souffrant de délire puissant.

La nature s’endort…, je fais ma révérence…

De la COTE d’OPALE aux sentiers langoureux,

De cet ESCAUT qui part vers l’immense eau glacée,

De ces bateaux de pêche, aux marins vigoureux,

Je t’aime…, mon pays, dans la joie espacée !...

 

Tu m’avais vue, enfant… Ô REGION du NORD !...

Dans les grands champs de lin, j’avais couru, contente !

Et toi…, fier peuplier, resté jusqu’à la mort,

Tu seras mon rempart dans ma dernière attente !...

Andrée COUVREUR

 

 

 

P28

 

DANS LA GUEULE DU LION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Depuis toujours ce galet dormait sur une étagère de la lutherie, parmi les ébauches de violon commandées à mon père. Un jour il devint pour moi plus qu’un symbole : une pièce à conviction !

Il me faut pour cela remonter bien loin dans mes souvenirs. Dès que je fus en âge de voyager seul, j’allai passer mes vacances chez mes grands-parents, retirés aux environs d’Etretat. Alors que je me penchais à la portière du train pour admirer une vieille demeure cachée dans les sapins, un gros insecte se jeta sur mon visage, me blessant à l’œil, et j’ai cru voir un signe dans cette agression que les ans ne m’ont pas permis d’oublier !

Je semai bientôt la pagaille dans ce bourg paisible où mon naturel turbulent m’attira, outre de nombreuses amitiés, quelques cuisants démêlés. Je troquais rapidement mon sage prénom, Jean-Philippe, contre celui de Bertrand Du Guesclin : tout un programme ! Je levais comme lui des bandes armées, et nous partions en expédition contre les gars des hameaux voisins où nous sévissions sans vergogne, comme un raz de sauterelles !

Notre plus grand plaisir était d’envahir la propriété abandonnée dont j’avais remarqué la tourelle à mon arrivée ; sous nos assauts, le muret entourant le domaine s’écroula plus d’une fois. Nous tenions conseil dans les écuries en ruine et bivouaquions dans les communs. Si le château délabré fut souvent le théâtre de nos aventures imaginaires, l’intérieur, solidement verrouillé, nous demeura toujours inconnu.

Devant la cour d’honneur, une grille défendait l’accès de notre royaume ; le portail en était flanqué de deux lions de grès à la gueule menaçante ; le tailleur de pierre leur avait même façonné une langue que l’un des cerbères avait perdue au cours des ans ; j’ai bien souvent tenté de dérober la langue de l’autre monstre, mais jamais je ne parvins à extirper le galet de son antre. Dans ce paradis, nous entrions en fraude par une poterne nichée dans les clématites sauvages ; le garde nous y surprenait parfois et me ramena plus d’une fois par l’oreille chez mes grands-parents ; indulgents, ils me pardonnaient mes fredaines à condition que je n’aille jamais rôder du côté de l’étang aux nénuphars.

Avec la rentrée scolaire prenaient fin nos exploits dignes de la chevalerie dont nous brandissions hardiment oriflammes et code d’honneur.

Dès l’ouverture de la chasse, Monsieur Berthier, propriétaire des lieux venait tirer le perdreau avec ses amis parisiens, puis il repartait vers la capitale jusqu’à l’automne prochain, laissant le champ libre aux garnements du village. J’avais moi-même déjà repris le train pour mes Vosges natales. L’hiver me semblait interminable et je devenais songeur en rêvant à mon château, à sa façade offerte aux vents marins…

Ces souvenirs d’enfance demeurèrent en moi si vivaces que, plus tard, devenu journaliste, j’entrepris d’écrire pour mon quotidien un feuilleton inspiré par le domaine mystérieux, décor privilégié d’une intrigue au contexte historique.

La tendresse que j’éprouvais pour ces vielles pierres me donna la grâce et l’enthousiasme de mener à bien cet ambitieux projet. Faute de connaître l’intérieur du bâtiment, je dus imaginer ce que devaient être l’agencement des pièces, le nombre de cheminées, la teinte des boiseries et la forme des escaliers.

Afin de rendre plausible mon sujet, je consultai les archives locales. J’y appris que le ci-devant marquis d’Yberville, propriétaire du château, mourut sur l’échafaud le 3 septembre 1791 ; comme moi, il se prénommait Jean-Philippe. Un détail me troubla davantage : avant de tomber aux mains des sans-culottes près de la frontière prussienne, il avait pu confier son jeune fils à un luthier.

J’oubliai bientôt cet épisode et cette étrange coïncidence car mon feuilleton venait d’obtenir un succès inespéré ; encouragé par le directeur du journal, je fis éditer l’œuvre qui m’apporta notoriété et fortune !

Quelques années plus tard, je revins à Etretat pour l’enterrement de mon grand-père ; aux grilles du château je remarquai un écriteau délavé : propriété à vendre. Je reçus un coup au cœur ; il me fallait ce domaine ! Je demandai à visiter les lieux ; monsieur Berthier me fit faire le tour du bâtiment. Si les abords m’en étaient familiers, je ne lui en laissai rien deviner ; quant aux pièces du château, elles étaient semblables à celles que j’avais imaginées dans mon roman ; la cheminée de marbre noir, les pilastres du vestibule décorés d’ancolies, les trumeaux du salon rehaussés de pampres et de gibier ; rien n’y manquait.

Monsieur Berthier, souriant septuagénaire, me proposa des arrangements financiers qui me comblèrent ; et comme je venais de toucher de substantiels droits d’auteur, j’acquis la propriété sans difficulté.

En quittant les lieux, je caressai au passage les lions qui veillaient à l’entrée : ils allaient devenir les gardiens de mon rêve fabuleux.

Il me souvint alors de cette pierre grossièrement marquée d’un Y et qui traînait chez nous depuis des lustres, parmi les caisses de résonance et les galbes de violon. Mon premier soin fut de replacer le caillou poli entre les mâchoires de mon lion ; le galet s’adapta aisément à la gueule du monstre qui me parut reconnaissant de lui avoir restitué cet attribut.

Dès lors, ce qui n’était qu’affabulation devint, à la faveur de cet intersigne, une certitude : j’étais le descendant de Jean-Philippe, dernier marquis d’Yberville et, suprême ironie, je venais d’acquérir à prix d’or un domaine dont j’étais l’héritier légitime !

Avec orgueil, opiniâtreté, je m’employai désormais à rendre tout son prestige à mon fief bien-aimé. Je fis restaurer la bâtisse ; bientôt je la décorai et la nantis d’un mobilier de style. Dans la galerie des portraits me souriait le marquis : l’aïeul eût été fier de son unique descendant… mais comment prouver l’authenticité de ma filiation ?

Pour ce château qui me revenait de droit, je me suis ruiné ; et la réfection du toit d’ardoise engloutit mes dernières économies. J’empruntai. Je me suis battu car j’ai aimé cette demeure jusqu’au délire ; je lui ai tout sacrifié, ma fortune, mon temps, ma santé, mon bonheur même !

Au soir de ma vie, épuisé, pauvre et solitaire, je contemple avec sérénité l’œuvre accomplie et je ne regrette rien ! Devant la façade rénovée, mes deux lions fidèles garderont longtemps encore le château de mon enfance !

Et pourtant, je le sais maintenant, et je le dis sans amertume en contemplant les arches d’Etretat, je ne suis que le fils du luthier : avec le marquis d’Yberville, je n’avais en commun que le prénom… et les rêves. A mes pieds, sous le ressac, roulent des milliers de galets semblables à celui que j’ai placé jadis avec tant d’orgueil dans la gueule du fauve… et beaucoup sont gravés de l’entaille en forme d’Y !

 Denise DUONG

 

 

 

P29

 

AUX URNES, CITOYENS !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

On l’aperçoit de la route. Et c’est un beau village ! Une sorte de Mont St Michel juché là, sur sa butte, au milieu des lavandes. Imperturbable, et pourtant plein d’effervescence. Les élections approchent. Il y aura cent électeurs et onze élus, avec parité quant au sexe si possible… seulement si possible, pour cette fraction de population.

Naturellement, l’équipe sortante se représente. Une équipe " apolitique " de tendance gauche tranquille. En face, une nouvelle formation dite " d’alternance ", " apolitique " bien sûr, à tendance droite modérée.

Tous de fort braves gens, mais qui se cherchent des poux inlassablement et tentent de régler leurs comptes. On se connaît si bien !

Le bilan de la liste A, les sortants, est établi avec enthousiasme. On a tout fait au mieux ! De quoi être fier. Il y a bien eu la fermeture des deux classes de l’école et celle de la cave coopérative. Mais il y a eu un Projet, présenté dûment à Monsieur le Préfet. Avec réponse à l’appui. Une réponse quelque peu tronquée pour les électeurs. En fait l’accueil de M. le Préfet avait été fort réservé. Chut… quel besoin avait-on d’inquiéter les populations !

La liste B, qui a bien l’intention d’alterner, fait ses propositions. Elle va créer… de multiples commissions. Les problèmes sont évoqués, les solutions suivront.

Il y a un rebelle dans la liste A. Il va faire des révélations ! Mais on le fit bien taire. N’était-il pas complice ?

Ces messieurs des deux camps se réunissent abondamment. Dans des maisons isolées de préférence. Avec les voitures camouflées par mesure de précaution. Ce n’est pas que l’on conspire, mais enfin la discrétion est de mise.

Les professions de foi s’élaborent avec soin. Les candidats ont bien des vertus et attestent de diplômes insoupçonnés, eu égard aux allusions voilées de certain passage en université.

D’aucuns sont à la retraite, donc disponibles. C’est un argument. D’autres sont originaires des lieux depuis des générations, c’est une preuve d’attachement. Quelques jeunes ont cédé aux sollicitations et symbolisent un avenir qu’ils feront brillant. Le 11 mars peut venir, tout est fin prêt dans l’école désaffectée.

C’est fait ! Les dés en sont jetés ! Le score, maintenant connu, est peu surprenant. Il va pourtant donner à penser !

La liste A l’emporte, brillamment, un seul postulant est éliminé. Il s’agit du rebelle qui avait eu des velléités de délation.

 

La liste B mord la poussière, sauf une femme, élue avec un nombre faramineux de voix, compte tenu de la nature effacée de la récipiendaire. Un transfert sans aucun doute, et bien orchestré ! Dieu qu’on se régale à commenter l’événement ! D’où pouvait venir le mot d’ordre ? Sûr qu’il fallait éliminer le dangereux bavard, mais était-ce le bon moyen ?

Sûr que cette bonne Josette ne ferait d’ombre à personne, même pas en tant que taupe de l’opposition ! Trop naïve, et roulable à merci.

Mais, il y a quelquefois, pour réconcilier l’homme avec lui-même, et avec les autres, des sursauts d’honnêteté, des rejets de tacite complicité. Trois membres de la liste A, par solidarité avec leur ancien condisciple, donnèrent, par le même courrier, leur démission concertée. Ils ne mangeraient pas de ce pain-là ! Leur exaltation fit plaisir à voir. Ils troquaient allègrement les galons de conseiller municipal contre de solides poignées de mains chaleureuses.

On allait donc gouverner à huit, pensèrent les apprentis sorciers un peu dépités. Oui mais, à filou, filou et demi. Il semblerait qu’avec une quatrième démission le conseil disparaîtrait d’office, et les élections seraient à refaire… A vérifier !

C’est chose faite. On faxe tous azimuts la référence administrative. Et le petit monde de la liste B se remet en campagne.

Qui serait disposé, spontanément ou non, à abandonner le gâteau ?

Et bien mais la dame, bénéficiaire innocente de la magouille, qu’on influencerait facilement. Ou cet autre de la liste A, écoeuré par l’opération, copain de l’évincé, qui éventuellement rejoindrait les trois démissionnaires, sachant qu’il aurait, lui, une chance de revenir.

Il faut tâter le terrain…

C’est incroyable ce que cela stimule, une élection, du moins ceux qui sont dans le bain ! Car pour ce qui est de l’intérêt porté généralement par le Français moyen…

Tout ce qu’il y a en nous de combinard, de pervers, de revanchard, d’amour du jeu aussi, rentre en action. Savez-vous qu’on s’accommode très bien de devoir tenter de rouler l’adversaire ? C’est une véritable volupté que la manigance et l’attente angoissée des résultats. A fortiori quand il s’agit d’un retour de bâton.

Nous n’attendrons pas les résultats nouveaux. Il y avait déjà deux sociétés de chasse et deux équipes de football. Il y aura le clan du maire et celui d’en face.

Le soir du 14 juillet il y aura le banquet officiel et les brochettes minoritaires. Mais le feu d’artifice du 13 aura été unique.

Et le temps " qui, sur toute ombre en jette une plus noire " fera son œuvre de temps, et aura vraisemblablement raison de la déraison des hommes.

Jusqu’aux prochaines élections…

PAULE LEFEBVRE