SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°56
Septembre – Octobre –
Novembre – Décembre 2018
Illustration
BD page 2
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Patrick MERIC
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Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre
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Onze Novembre
page 3 |
Geneviève BAILLY |
Aux combattants des guerres page 3 |
SAINT HESBAYE |
N’oublions pas
page 4 |
Jacques MACHU |
Hommage
Page 5 |
Claude BOISSE |
HUMOUR-PATOIS
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Amuserie page 6 |
Jean François
& Jean Christophe SAUTIERE |
J’ai compris, A
l’gare, Chacun sin gout
page 6&7
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Léonce BAJART |
Dieu sait zou page
7
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Marc VINCENT |
La pompe à bras page 8
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Gina Mario
FRANCISTINEL |
Le Plaisir d’essence page
8
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Inconnu |
Pensée page 9-13-21
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ATELIERS ECRITURE MUSEE
ADULTES
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Comme ton champ d’espérance page
9
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ADULTES
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Inspiration page 10 |
Patricia LOUGHANI |
La Paix page 10 |
Reine DELHAYE-BURLION |
L’été 2013 page 11 |
Gérard
ROSSI |
Le
Voyage Fervent page 11 |
Geneviève
BAILLY |
Maléfices page 12 |
Thérèse
LEROY |
Comme un froissement page 13 |
Jean
François SAUTIERE |
J’avais un camarade page 13 |
Albert JOCAILLE |
L’Automne page 14 |
Marcel LESAGE |
Mes roses page 14 |
Roger DEVILLERS |
Le Mur - Toi page 15 |
SAINT-HESBAYE |
Déserteur page
16 |
Christelle LESOURD |
OVNI page 16 |
HERTIA-MAY |
Tenir la main page 17 |
Julien BURY |
L’Abandon page 17 |
Bernard SIMON |
Les Forêts de septembre page 18 |
Henri
LACHEZE |
AÇVINE 22-23-24 page 15&18 |
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VIVALDI page 18 |
BADAR |
MAI page 19 |
Maria-Carméla
DUHIN-CARNELOS |
Pensées Romantiques
Nuptiales page 19 |
André
l’Ecrivain |
Critique page 25 |
Thérèse
LEROY |
NOUVELLES |
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HYPNOSE page 20&21 |
SKYEN |
La deuxième Arche de Noé
page 22&23 |
HERTIA-MAY |
La poussière page 24&25 |
PASCAL |
Mademoiselle CHLOÉ page -26-27- 28 |
YAN VILLIERS |
Parties de Chasse page 28 |
Hector MELON
d’AUBIER |
DIVERS |
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Salon des Arts page
31 |
OMC |
OMC |
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Centenaire
1° Guerre Mondiale 11 Novembre c’est
le cœur des vivants" (Edouard
Herriot) |
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Voici quatre vingt dix ans c’était la Première, D’une Guerre Mondiale ; Horreur pour nos
poilus. Chacun disait alors : "Ce sera la dernière" … Quatre ans de lourds combats ; combien sont
revenus? Vingt et un ans plus tard s’annonçait la Seconde, Plus meurtrière encore où régnaient les nazis. Les scènes de terreur faisaient frémir le monde, Et d’en revoir le film, l’angoisse nous
saisit ! Aujourd’hui si la Paix semble de porcelaine, L’Europe a commencé sa marche vers l’espoir. A ceux-là qui sont morts sous les feux de la haine Chantons la Liberté, et l’amour du terroir. De Geneviève BAILLY CAMBRAI (59) |
Centenaire
1° Guerre Mondiale 11 Novembre AUX COMBATTANTS DE GUERRE |
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Pensons à tous ces
hommes À ces combattants de l’oubli Pensons à ceux que nous honorons ce jour, Ce jour qui leur est destiné. Pensons à ceux de toujours, et pour toujours, Petits sans
grade, héros d’un jour. Pensons à ceux qui ont laissé leurs vies ; Pour la mère Patrie. Pensons à ceux qui ont subi l’humiliation et
l’horreur Pour un drapeau de cœur. Pensons aux anonymes qui nous ont précédés Pour la paix et pour la liberté. Gardons en mémoire L’action fraternelle de tous ces soldats Que nous n’avons pas connus, Nous leur disons qu’ils ne sont pas morts Pour rien, mais qu’ils nous ont transmis L’Amour de la vie … De SAINT-HESBAYE BERTRY (59) |
Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre HOMMAGE |
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"Ceux qui
reviennent" "Ceux qui ne
reviennent pas" Sur ces tombes, messieurs, Où passe aujourd'hui Comme un frisson de
gloire, Recevons les leçons Qu'elles nous donnent. Soyons unis dans la vie Comme ceux-là l'ont été
dans la mort. Oublions ! Nos querelles anciennes Et nos divisions stupides. Et sur cette terre rougie De notre sang, Où l'on entend "Comme un cristal par
un écho de bronze !" Comme un accord de harpe "Après des airs
guerriers !" Où l'on voit "Comme un lys qui
sans bruit Tombe sur des lauriers
!" "Comme régnera la
paix Que Dieu donne aux peuples
élus" Qui rend les victoires
fécondes et Qui réalisera dans la
justice et dans la liberté Les droits
imprescriptibles De la civilisation. Claude
Boisse |
Amuseries |
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C'est poivré ? Oui, ça
l'est. En voyant arriver l'orage
le cheval a pris la foudre d'escampette. Scandale : le professeur
de skate-board a roulé un patin à une élève. Il est allé au concert,
Tino. Quelle jolie petite fille vous
avez là, madame Estézy. Comment se prénomme-t-elle ? Anne. Tonton Bouctou et tata
Ouine. Après être monté dans
l'avion avec sa classe, le maître décolle. La planète préférée des
astronomes belges est Jupiler. Méfiez-vous, ce bœuf a
l'air d'en avoir deux ! Il était tellement affamé
qu'il tomba d'animation. Un seul hêtre vous manque
et tout est déboisé (devise de l'Office National des Forêts). La terre noire est
déversée dans les bennes. Les habitants du Népal ont
rarement le nez rouge. L'héroïne a pris du crack. Le moral du receveur est
au beau fixe. Demain tu verras ta tata
et ton tonton. Cannage et rempaillage
sont les deux assises de la France. La femme de l'électricien
est prise. Il est parti faire ses
achats, Guitry. Se sentant le cœur d'un
poète Paul, valet, rit. Ce lait est bien beau. Vous sers-je Serge ? Jean-François et Jean-Christophe Sautière |
J'ai
compris |
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In cinsier iaveut in varlet
qu'iéteut inne miette tournis, in peut même dire qui n'd'aveut in gron ! In jour qu'el varlet
iaveut été au bal, v'là ti po qui s'amourache d'inne tiote gadrouillette
qu'al fait si bé d'ses pieds, d'ses mons et pi d'ess bouque, tell'mint qu'al
l'imbrasseut, qu'au bout d' huit jours i s'metteutent à l'affiche pou
s'marier. I feut bé croire èqu'
pouleur tout i marche à l'estricité : treus meus après l'marioche, jour
pour jour, ess' fimme al metteut in infint au monne ! Tout nunu qu'iéteut
l'varlet i n'd'aveut quind même été estomaqué. Avoir in infint au bout
d'treus meus d'marioche, ça l'iaveut sinné inne miette dreule et i n'arrêteut
pos d'busier. In bé jour, n'y t'nint
pus, i s'in va vir sin visin, tiot Hinri mo d'el crimpette, pou li raconter
s'n' avinture. I li dit qu'iaveut toudis intindu parler qui folleut neuf meus
pou acater in infint. Tiot Hinri, qui n'voleut
pos brouiller l' minnoche, i li d'minne : - Ia combé d'timps qu'
t'es marié ? - Bé, qui répond l'varlet,
ça fait jusse treus meus. - In bé, qui dit Hinri
sins béguer, ça fait ti pos l'compte : ia treus meus qu' t'es aveuc ett'
fimme… treus meus qu'ett' fimme al est aveuc ti, ça fait six… et pi treus
meus qu'vos êtes insinne… ça fait ti pos les neuf meus !!! - Ah bé, qui dit l'varlet,
feut i qu'èj' suche bête… j'ai compris à c' t'heur. Et d'puis c'timps-là, vos
m' crérez si vos volez, pou indormir l'infint, c'est li qu'iallotte el berce
à tirelarigo !!! Léonce Bajart |
A
la gare |
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In viux cheminot, in marté
d'inne mon, inne linterne ed l'eute, i tape su les reues d'in tron qu'i est
in gare. - Eh l'homme, i a
longtimps qu' vos tapez comme çau su les reues ? - J' creus bé, i a pus d'
quarinte ins. - Et pourquo qu' vos tapez
d'sus ? - Acoutez, qui répond,
j'ène sareus pos vos l' dire. J'el saveus quind j' sus intré au qu'min d'
fer, mais vos comperdez, d'puis si longtimps… j' l'ai oblié !!! Chaquin
sin goût Diminche passé, Frinçois i
va à mo tiot Quinnette, dins l' rue Quinnonne, li d'minder s' fille in
marioche. - Bé sûr, qui dit
Quinnette, mais… as-tu vu m' fimme ? - Aai, j'el l'ai vue, qui
répond Frinçois, seul'mint… j'ai pu cair ett' fille !!! Léonce Bajart |
Dieu
sait zou : Deuxième extrait de Marc Vincent |
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La
pompe à bras |
La chanson
« La pompe à bras » a été interprétée par Andrex ) |
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Chez nous, pour faire
l'exercice Les pompiers se réunissent Et s' font la chaîne sans
malice Ils discutent à tour de
bras Poumpapa poumpapa Poumpapoum comment qu' ça
va ? Mais l'autre jour, à la
fontaine L' caporal Bouju s'amène Et leur dit : La
s'maine prochaine On aura une pompe à bras Poumpapa poumpapa Poumpapoum pompe à bras. Quand la pompe fut arrivée Chacun se dit : Je m'
demande Maintenant comment faut
s'y prendre On n' sait pas la faire
marcher Poumpapa poumpapa Comment qu' ça marche, ce
truc-là ? Et vive les pompiers de
chez nous Et leur chef convaincu Le caporal Bouju Et les gars qui en fichent
un coup Et vive les pomp' Et vive les pompiers de
chez nous. Mais voilà une ferme qui
flambe Et les pompiers, à toutes
jambes, S' mettent à galoper
ensemble |
En traînant la pompe à
bras Poumpapa poumpapa Pompe à hue et pompe à
dia. Mais Bouju dit : Ça
m' consterne Y a pas d'eau dans cette
citerne Ma foi, dans c'te pompe
moderne C'est du lait qu'on y
mettra Poumpapa poumpapa Du lait dans la pompe à
bras. L'caporal empoigne la
lance Et tout l' monde pompe en
cadence Ils ont mis tellement
d'ardeur Qu'ils ont fait trente
kilos d' beurre Poumpapa poumpapa Du beurre dans la pompe à
bras. Et vive les pompiers de
chez nous Qu'ont fait griller un
soir Le patelin au beurre noir C'est parce qu'il leur
manquait surtout Le mode d'emploi Pour faire marcher la
pompe à bras. Mais si vous passez par
chez nous N' les vexez pas N' leur parlez pas D' la pompe à bras Ils
n'aiment pas ça ! Gina Mario, Francis Linel |
Le
plaisir d'essence |
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Qu'en termes bien choisis
ces choses-là sont dites !… Il y a des poètes sur tous
les sujets, même les plus… inattendus : Dans ce monde de brut de
moins en moins raffiné, nous passons Leclerc de notre temps à faire l'Esso
sur des routes pour, au Total, quel Mobil ? On se plaint d'être à sec,
tandis que le moteur économique, en ce temps peu ordinaire, est au bord de
l'explosion, dans un avenir qui semble citerne. Il conviendrait de rester
sur sa réserve, voire jauger de l'indécence de ces bouchons qu'on pousse un
peu trop loin. Il y a des coups de pompes
ou des coûts de pompe qui se perdent. La vérité de tout cela
sortira-t-elle du puits de pétrole ? Qu'en pensent nos
huiles ? Peut-on choisir entre
l'éthanol et l’État nul, voilà qui est super inquiétant ! C'est en dégainant le
pistolet de la pompe qu'on prend un fameux coup de fusil. Je vous laisse réfléchir
sur cet axe-là ou sur ces taxes-là… Bonne route ! |
PENSÉE |
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Étint tiot,
j’allos aveuc min grind-père ach cim’tieure. In jor, j’y d’min-ne : mé
quo qu’y n’a d’écrit su ch’eul plaque, su l’crox du Christ. Y
m’dit ! : ché écrit INRI et y s’met à rire, pis mi ossi du cop. Inn
vielle finme, all nos ingueulle et dit qu’cha s’fé nin d’vint inn crox.Inn
s’monne pus tard, in n’y artourne et quo qu’in vot d’écrit :
« INRI. » Min grind-père y n’riot pon. Pouquo qu’in n’rit pon
aujord’hui ? T’as pon lu ! Ché marqueu d’sus. « INRI
point » !!! Ché ch’eul vielle qu’a la du mette in point
pace qu’y n’avot pus d’plache pu l’écrit in lette. Traduction : Étant petit,
j’allais au cimetière avec mon grand-père. Un jour, j’y demande : qu’est
ce qu’il y a d’écrit sur la plaque sur la croix du christ. Il me dit :
c’est écrit INRI et il se met à rire, moi aussi du coup. Une vieille femme
nous dispute et dit que cela ne se fait pas devant la croix. Une semaine plus tard, on y retourne et
qu’est-ce qu’on voit d’écrit : « INRI. » Mon grand-père ne
riait pas. Pourquoi qu’on ne rit pas aujourd’hui. Tu n’as pas lu ! C’est
marqué dessus. INRI point !!! c’est la vieille qui a dû mettre un point
parce qu’il n’y avait plus de place pour l’écrire en lettre. HMA Pensée Pour une petite poitrine -
Mé quo qu’y là, euch viu meusieu là, à raviseu aveuc insistince, eum
poitrin-ne come cha ? -Y fé come ti, y cache apreu té sins ! Traduction : Mais qu’est-ce qu’il a ce vieux monsieur là, à regarder avec insistance, ma poitrine comme ça ? Il fait comme toi, il cherche après tes seins ! HMA Pensée Et … Le
seigneur regarda notre
travail ! Cela
lui plut beaucoup. Il
demanda alors, à
voir notre salaire! Il
se retourna et
… se mit à pleurer... HMA |
Comme ton chant d'Espérance |
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Le cœur
lourd, je me balade tristement dans les rues de notre ville si belle. J'ai
besoin de lumière. Et par un pur hasard, comme guidée, mon âme égarée se
retrouve devant notre musée, à contempler un « Jardin des
Merveilles ». Une tendre
dédicace, vivante et pleine de grâce spécialement imaginée pour toi. Toutes
ces beautés, ces dentelles travaillées tout en douceur plongent mon être dans
un profond émoi. Les nuances
de chaque saison, les fleurs qui dansent au diapason et ces odeurs du temps
allant de la rose au jasmin, chantent à ma mémoire tes notes estivales, que
je partageais avec lui sous un arbre, comme un doux refrain. En flânant
discrètement parmi ces magnifiques créations, j'admire les aquarelles. Leurs
teintes lumineuses me font rêver… Avec elles, Tu me transportes vers l'un de
tes merveilleux arcs en ciel entouré d'oiseaux heureux de liberté. Les
échantillons de dentelles quant à eux, soulignent la délicatesse de tes
bourgeons odorants qui vibrent au vent et s'épanouissent dès le jour levé.
Toute cette richesse caudrésienne s'allie à la tienne, nous offrant ainsi une
promenade aux mille et une couleurs dont la sérénité nous allège et nous
berce sous un somptueux coucher de soleil. En cet instant,
Tu es si présente dans mes pensées. Et lui aussi : Lui, que j'aime
tellement lire bien installée sur ton plaid de verdure, blottie contre toi.
Qu'allons-nous faire sans nouvelle de lui ? Pour réponse, comme par
magie, une robe m'attire et illumine mon cœur. Sous une
clarté printanière, de superbes fleurs accompagnées de feuilles colorées,
valsent ensemble sur le bustier. Puis, des perles de broderie glissent
lentement avec complicité et bonheur. Cet herbier si élégamment décoré
m'entraîne dans mes souvenirs d'enfance et Tu m'envahis alors d'une apaisante
chaleur. Pourtant en
ce début de décembre et avec son départ, mon esprit marche mollement dans la
neige heure par heure. Mais tes secrets murmurent en moi comme un chant
d'Espérance. Et grâce à Toi je m'aperçois que rien ne s'éteint vraiment
jamais, que ton univers est immense. Dans ton monde végétal, tout peut
s'arrêter une fois, mais dès que ta force et tes trésors réapparaissent, la
vie fait loi. Tu
tourbillonnes dans ma tête comme une fête en larmes. Ces moments de bonheur,
ces midis d'incendie que j'ai vécus avec lui, maintenant je le sais,
resteront gravés dans mon souffle et dans mon audace. Je quitte ce
jardin en te remerciant, Toi, oui Toi, car tu nous prouves que la vie est un
perpétuel renouvellement et que chaque arôme a sa place. Nos douleurs, nos
peines, rien ne les efface mais avec Toi, nous allons de l'avant, doucement
mais sûrement. Avec toute ta générosité, on peut renaître en souriant. Au revoir et
merci à toutes les plumes amoureuses de la nature à l'Immortel monsieur Jean d'Ormesson (Participant concours du Musée) |
Inspiration |
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Souffle le vent, dans mon corps dément ! A jamais dans l'infini de l'avant, Feuilles et poussières s'étalent Dans l'air des survivants... Femme-enfant, fille du silence, Vêtue de tes mots, sans non-sens, Couvre le monde d’innocence ! Oublie les sauvages et l’invraisemblance.... Femme-sœur, fille de cœur, Dénudée des apparences en fleur, Crie ton amère rancœur Et pointe les hommes sans cœur... Souffle sur les larmes des enfants ! La lune pleure les draps blancs. Dieu n'a jamais voulu la mort des sourires ! Dieu n'est pas responsable du pire ! Femme-poète, fille qui pleure ! Porte ton manteau aux belles couleurs. Dessine avec tes mots, une vie plus belle ! Gomme la guerre et la grisaille sur les
ailes.... Femme-créatrice, fille d'un autre temps ! Arbore tes rêves, tel un étendard cinglant, Donne de la lumière aux chimères ! Eclipse la Haine et la Guerre ! Patricia Loughani, copyright, le
02/10/2013 |
La paix |
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Pourquoi
toujours de la violence ? Rien ne vaut une belle alliance. On en a assez de ces guerres, Assez de toute ces colères. Peu importe la couleur de la peau, Nous méritons tous d’être égaux. Si tous les hommes pouvaient se donner la main, Et marcher ensemble sur le même chemin. Se laisser vivre sans avoir peur, Aspirer à une vie meilleure. Pour vivre heureux à chaque seconde, Et pouvoir voyager dans le monde. Picasso a peint un tableau parfait, Celui de : La colombe de la paix. Cet oiseau symbolise la pureté, Et surtout LA PAIX pour l’éternité. Reine DELHAYE-BURLION |
L'été
2013 |
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Vingt et un juin : on
vient de passer, En cette année deux mille
treize, du printemps à l'été. Sans regrets, car la
saison écoulée Des plus agréable, pour
son climat, n'a pas été ! Sans réel beau temps
depuis la sortie de l'hiver, A l'image de la vie
actuelle : le temps a ses revers ! Mais comme la nature, pour
son réveil Nous les humains, pour sourire,
nous avons besoin de soleil ! Beaucoup : poètes ou
chansonniers, ont chanté l'été « Soleil, plages de
sable et crustacés ! » Il semble que ce soit là
des souvenirs du passé ; Pour le moins, concernant
notre littoral Nord, cette année ! Et pourtant ! Il y a
à peine dix ans, en effet, La région a même connu… la
canicule ! Et personne, vu de
maintenant cela semble ridicule, N'était préparé à en subir
les effets. La faculté de l'homme est
de s'adapter A notre climat dont les saisons
ne sont plus tranchées ! Tout le monde en
parle ! On y perd un peu ses repères. Mais faut-il vraiment en
faire toute une affaire ? En attendant, on écoute
Evelyne Delhiat Qui nous présente les
prévisions Météo. « Nous subissons les
effets de la perturbation : il ne fera pas beau ! » Cela nous fait passer le
temps : c'est toujours ça ! Gérard Rossi |
LE VOYAGE FERVENT |
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Sur les sentiers de la vie la pente est dure. Mais lui, en dépit de son grand-âge et de son
veuvage, veut repartir à
l’aventure là
où tous deux, d’un pas complice, en pèlerins, vers
la Galice, avaient vécu
d’intenses heures. Comme une promesse c’est l’adieu au Puy- -en – Velay, l’ultime périple vers
la lumière. Si sa besace pèse un peu son bâton semble avoir des ailes sur les chemins de Compostelle… Geneviève BAILLY |
Maléfices |
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Lune ronde et large s’étale dessus l’horizon Méfie-toi de la lune ronde quand elle brille à nouveau sur le monde. Lune inconsciente s’égratigne accrochée dans les
branches Méfie-toi de l'astre moqueur quand il joue à t'induire en erreur. Lune sanguinole sur le bord de la route Détourne-toi de sa froide lueur sa lumière ne te réchauffera pas le cœur. Lune s’écarlate et puis soudain s’élève, mauvaise
conseillère Elle te fera prendre des chemins détournés qui te perdront dans des voiles d'obscurité. Lune maudite exacerbe nos sens Mystérieuse, malicieuse, méfie-toi de ses maléfices quand elle baigne dans un halo de tranquillité. Lune sournoise exaspère nos nerfs et bouscule
notre perception Prends garde à elle quand ses yeux te regardent elle te fera perdre la tête si tu n'y prends
garde. Lune méchante embrouille notre esprit Un peu sirène, un peu sorcière, complice attentive du poète qui lui adresse ses prières. Lune ricane, triomphante,
se moque de nos bévues et des cœurs chamboulés Éblouissante, fascinante, Lune se rit de notre
infortune. Aussi sournoise que belle, elle est perfide et
cruelle. Lune satisfaite se dore
dans sa poussière d’étoiles. Thérèse |
Comme un froissement… |
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Comme un froissement de murmures En la nuit du bois étoilé Le parfum chaud des mûres mûres S’offre au vent noir immaculé. Choisis ta route vagabonde Riche en verdure et en chansons Et fais tien le souffle du monde Pour en accueillir les leçons. Le temps de mouiller l'ancre est :
Terre ! Arbres, hissez vos grands pavois ! L'apesanteur de l'atmosphère Transforme en silence les voix, Les voix du temps, les voix de l'âme, Bonheur spiritualisé. La paix du cœur s'est faite flamme Et te voici tout embrasé. Jusqu'au nu de la feuille glabre L'amour a posé ses trésors. Pour moi, je vais le pas retors, Priant Saint Benoît-Joseph Labre. Jean-François Sautière |
J'avais un camarade |
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J'avais un camarade Venu de sa proche Picardie Faire la guerre, non par
bravade, Mais pour défendre sa
patrie. J'avais un camarade Ardent et généreux Au seuil de ses vingt ans, Et qui semblait heureux. Pourtant le feu et la
mitraille Ne nous épargnaient point, Et nos cœurs meurtris par
l'effort qui tiraille De repos seul avaient
besoin. Au cœur de la bataille, Quand vers nous le Boche
affluait, De l'Argonne à Montmirail Et de la Somme jusqu'à
Givet, C'est la peur et la mort
en nous qui rôdaient. Je le revois encore du
fond de la tranchée Attendant sans impatience
le signal, Avant de pouvoir s'élancer Superbe comme vers un
idéal. Pourtant un jour il est
tombé ! C'était à l'aube d'un
clair matin, Et sans un cri il m'a
quitté. Semblant encore me tendre
la main Pour toute une éternité. Il repose à jamais
maintenant En ce grand cimetière, Auprès de ceux de son
régiment Fauchés un jour par la
sale guerre. Non, plus jamais il ne
reviendra Lui le meilleur de
l'escouade, Mais en moi son souvenir
toujours restera Albert
Jocaille |
L'automne |
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Après l'été, voici
l'automne, La vie devient plus monotone, Le soleil fait grasse
matinée ; Le soir, il rogne les
journées. La terre a donné sa
moisson, Elle s'ouvre à de nouveaux
sillons ; Les hirondelles sur les
fils Nous disent :
« Au revoir en avril ». Les bois se couvrent de
dorure, Avant de perdre leur
parure ; Les derniers vols des
martinets Dansent la valse des
regrets. Après l'été, voici
l'automne, J'espère qu'il ne manquera
personne Autour des tables
retrouvées Du jeune foyer des aînés. Qu'importe ce qui nous
réunit : Cartes, tricots ou bavardages C'est d'abord notre
compagnie Qui nous met la joie aux
visages. Nous allons revoir nos
amis, Leurs yeux remplis de
sympathie ; Parler de nos petites
misères, Des personnes qui nous
sont chères. Nous avons vécu notre été, De notre vie, voici l'automne Aux souvenirs du temps
passé Il ne faut pas qu'on
s'abandonne. Les jeunes continuent de
changer La terre que nos pères ont
laissée, Gardons-nous de les
critiquer, C'est nous qui avons
commencé. Nous avons chacun notre
tour Connu la joie et la souffrance, Il nous faut apporter
toujours Beaucoup d'amour et
d'espérance. Car jamais le temps ne
s'arrête : Pensons à ceux qui ne sont plus, Comme à tous ceux qui n'ont pas su Nous rejoindre en ce jour de fête. Après l'été, voici l'automne C'est tout mon cœur que je vous donne. Marcel Lesage |
Mes roses |
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Ma fille, de ses menottes
roses, Dans le jardin, avait
cueilli Dans un panier toutes mes
roses, Les belles, comme les défraîchies, Car dans la candeur de son
cœur N'étaient-elles pas toutes
des fleurs… Légère… gracieuse… elle
allait Regarde papa, me
disait-elle Mes roses, comme elles
sont belles… Et un nouveau bouton
cueillait, Rejoignait l'autre dans le
panier. Sanglantes, ses petites
mains étaient Par les épines des
rosiers. Elle vint vers moi et puis
me dit : « Ne dis rien, ne
gronde pas, N'est-ce pas ta fête, mon
papa ! » Je ne dis rien, mais je
fis Oh ! Et le vallon se fit
l'écho, L'écho de ma grande
surprise Car dans ce merveilleux
panier Qu'elle m'apportait dans
un sourire Elle avait mis, grand
Dieu ! mes Roses, Ma collection, toute ma
joie, ma fierté ! En moi-même, je dis
« Petite rosse ! » Ma joie, ces fleurs… Ô
fatuité ! Ma joie, n'était-ce
cette poupée Qui, dans sa naïve
candeur, Avait mis dans le panier Son petit cœur. Roger Devillers 1944 |
MUR
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TOI |
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Tu es là, A vingt mètres A dix, peut-être, A quelques pas encore Vague contemplation ! J'entends L'archet d'une voix Qui s'impose être toi. J'emporte confidentiel Le regard de ta personne Dans l'étincelle de mes
yeux Sur la berge d'innocence. L'amour de toi dans la
caresse de nos doigts, Un mur nous sépare, Un sillon nous cicatrise
peut-être la pensée, Ce mur patrie Ce mur timidité Ce mur tant haï et à haïr Ce mur
anfractuosité : Cette cloison n'a plus
recul ni frontières. La marée noie mes pensées. Je ne me situe plus sur
cette terre. J'ai dépassé ce monde
paupières Où une vie m'eût suffi. Saint-Hesbaye |
Rien,
non, rien Que
trop aimer emporte Suave
symphonie. Trop,
oui, trop …
Et je cherche mon âme En
regardant tes yeux ; Monde
déliquescent Par
trop inexprimable, Je
te pressens sans rien comprendre Oh
mes joyaux de larmes Que
j’aime la nuance de l’univers aimé Qui
se veut être TOI… Saint-Hesbaye
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Déserteur |
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Je regarde ses yeux, Christelle Poussier
Lesourd |
OVNI |
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J’étais sur mon tracteur,
je labourais mes champs Lorsque dans la nuit
noire, je vis un drôle d’engin Je m’approchai un peu pour
voir ce que c’était Je me demandais ce qui
allait se passer.
C’était dans la nuit noire, ça je vous le jure C’était une drôle d’histoire, ça je vous le jure Je vis quatre étrangers sortir de la soucoupe Je n’ai pu m’enfuir et je fus enfermé Une fille aux cheveux blancs vint me retrouver Je compris alors ce qu’il fallait lui faire C’était dans la nuit noire, etc. C’était une… etc. Elle me reconduist en dehors de l’engin Et ils partirent, me promettant de revenir Depuis, je les attends la nuit sur mon tracteur Fixant le ciel et les étoiles, en rêvant d’elle. C’était dans la nuit noire … Hertia May |
Tenir la main |
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L’ABANDON |
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À pigeon vole, notre grand amour s'envole. Touché en plein vol, le corps vacille et
s'affole. << Pourquoi tant de haine ? Moi, j'ai
le cœur qui saigne. >> À tire d'aile, sous mes pieds mon corps
chancelle. La vie est bien trop belle, alors je fais
appel ! << Pourquoi me condamner ? Je dois
être acquitté... >> À pigeon vole, tous mes beaux rêves
s’étiolent. Alors je survole et fuis cette chose folle. << Pourquoi blasphémer ? Nous nous
sommes tant aimés... >> À tire d'aile, nul bonheur n'est éternel. Ni peine cruelle, que la grâce soit belle ! <<
Pourquoi t'enfuir ? De ce mal, je veux tant guérir... >> Bernard SIMON |
Les forêts de Septembre |
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Chœurs du soleil, harpe du temps, vent
musicien ! Que j'aime les forêts lorsque Septembre vient, Quand l'été finissant allume les merveilles Des feuilles hésitant au seuil des morts
vermeilles ! Forêts déjà d'automne où je m'en vais laissant Les foules et l'angoisse et marche sur la mousse, N’éveillant nul écho, paisible et lent passant, Sous les grands dômes d'ombre où ma fuite me
pousse ! Ah ! Courir, le matin, d'épais sous-bois
mouillés, Soulever du bâton fougère et herbe folle Et débusquer le cèpe et l'or de la girolle, Dans un parfum d'humus et de saison
rouillés ! Ou suivre du regard, vagabond de l'instant, Ces vaisseaux lourds de pluie dans leur lointain
voyage Et ces vols d'oiseaux blancs laissant dans leur
sillage, Cette plainte, ce cri, que longtemps l'on
entend ! Ô forêts de Septembre et orgues de lumière, J'aime perdre mes pas en vos halliers secrets, Sentir la vie, soudain, jaillir de sa tanière, Monter comme une sève, et la boire à longs traits. Henri Lachèze |
V I V A L D I |
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C'est une belle explosion
BADAR |
MAI |
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Comme un vol d’hirondelle Mes vingt ans sont partis Des chœurs de ritournelles Pleins de Fa Sol La Si… Courant sur l’herbe molle À travers les cités L’alouette grisolle Sans même être effrayée. Gaîment nos vocalises Mêlées aux gazouillis, Emmenées par la brise Allaient prier Marie Fillettes, garçonnets À l’heure à la chapelle Où Monsieur le Curé Nous donnait le Missel. Mais voilà ma jeunesse Ainsi que mon enfance Sans signe de détresse M’ont laissé leur silence. Mai parfumé de fleurs Cultive mes pensées, Ce mois fleurit mon cœur Que je sens se faner… Maria-CarmélaDuhin-Carnélos Décembre 2017 au gré de mes souvenirs… Bribes en escapades |
PENSÉES ROMANTIQUES
NUPTIALES |
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Je me
souviendrai toute ma vie, du jour et de l’heure Où mon regard, tu croisas, trouvant ton bonheur. Au point, de déverser, un torrent de pleurs. Je ressuyais tes larmes, avec de jolies fleurs. Chacun oeuvrant, suivant les pensées de son cœur Pour quand Amour, rester digne de ses valeurs Contre moi, très fort je t’ai serrée, et pris tes
mains Espérant te faite oublier ce gros chagrin Mon amour pour toi, je l’ai de suite idéalisé Ne restait qu’à nous deux, à le réaliser. Tu allais devenir mon beau soleil. A te contempler, je m’émerveille, Pour preuve, j’essaie d’arrêter les heures du jour Pour vivre pleinement, notre histoire d’amour. Au point que si devant nous, un mur se dresse. Pas grave ! J’y taguerai le mot
« Tendresse » Et que j’adore très fort, ma petite princesse. Car à toi, je ne fais que penser sans cesse. Que si un jour de ma vie, tu t’égares, envoie un
sms Je t’imagine lire et relire ce poème, dans ton coin Comme
l’impression, que je t’invente du baratin Mais c’est ma pensée de toi, j’en suis
certain et sûr, Et sur mon honneur, je te dis qu’elle
est sincère et pure. Union de Christophe et Halina 2013 André Ecrivain |
Critiques |
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De critique coup de lance en vexation coup de
poignard mots douleur comme une pierre qui coule à pic. Des mots jetés comme bouteille à la mer des mots écrits comme un cri dans le désert des cris muets qui résonnent dans le vide vide vertige ouvert sur un abîme d'incompréhension des mots lancés comme un point d'interrogation des phrases qui courent comme caillou qui ricoche, le ventre noué par l'angoisse dévoreuse. De petits grains en petits grains qui s'amassent
en tas de poussière, de caillou blanc en caillou gris qui s'amalgament
en blocs, de minéral en pierre tombale qui s'assemblent et
s'entrechoquent, de petits mots aiguisés en longues phrases
douloureuses qui s'enroulent dans les méandres de mon esprit, s'érigent en un mur de larmes et de lamentations dans un silence assourdissant. Thérèse |
Hypnose (suite) |
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19 Octobre Tic tac, fait l'horloge. Cent quatre
vingt. C'est le nombre de « tic tac » que j'ai entendu et que j'ai
commencé à compter il y a environ deux ou trois minutes. Deux ou trois
minutes… Ce temps a largement été suffisant pour permettre au tireur
d'assassiner Gabriel Vasseur et Karen Deveaux. Je les connaissais tous les
deux. Gabriel était un camarade de classe. C'était un type drôle, soucieux de
bien faire, il s'amusait toujours à me piquer mes affaires et les cacher.
Sous son faux air de garçon désinvolte se cachait un être sensible. Quant à
Karen… C'était ma meilleure amie depuis près de six ans. Nous avons partagé
tant de choses ensemble. Elle était toujours souriante. Certes elle avait
quelques défauts, mais je l'aimais quand même. Elle était comme une sœur pour
moi. Il m'a fallu un petit moment pour saisir qu'elle était partie et ne
reviendrait pas. J'ai eu le déclic durant l'enterrement. D'après les
enquêteurs, ce fut la première à être assassinée. Pourquoi ? Il y a
forcément une raison à cette fusillade. - Agathe,
vous souvenez-vous de ce dont vous discutiez avec votre amie, devant les
casiers, peu de temps avant la fusillade ? Madame
Roland, la psychologue, attend patiemment une réponse. Mais je n'en donne
pas. Croyant certainement que je ne l'ai pas entendue ou que je suis perdue
dans mes pensées, elle agite sa main devant moi afin que je réagisse. Oui, je
me souviens. Je ne pourrais pas oublier ses derniers mots, notre dernière
conversation. Cependant, je n'ai pas envie d'en parler. Peut-être devrais-je,
pourtant. Elle pourrait m'aider, m'écouter. C'est son travail, après tout. - Écoutez
Agathe, il y a une option possible pour que vous retrouviez la mémoire. C'est
important, vous avez peut-être vu l'assassin, mais votre mémoire aura décidé
à votre place de l'occulter. C'est une possibilité. Auquel cas, si vous
arriviez à vous remémorer, les enquêteurs pourraient mettre le criminel
derrière les barreaux. Je suis persuadée que c'est tout ce que vous
souhaitez. Et pensez aux parents de la victime. Les forces de l'ordre se
reposent sur votre témoignage, l'enquête est au point mort, vous êtes leur
dernière chance. Je songe à
ce qu'elle me dit. Mais si elle se trompe ? Si je n'ai pas vu le
tireur ? Alors je serai obligée de vivre avec ces moments gravés dans le
marbre de ma mémoire. Ce sera insupportable. Depuis que je ne suis plus dans
le déni, j'ai peu à peu repris une vie normale mais si tout me revient, je
n'aurai plus qu'à recommencer de zéro. Je pense également aux parents de
Karen. Et à mon envie de connaître la vérité. -
Pourrais-je savoir quelle est cette option ? la questionnai-je
timidement. La
psychologue prend quelques notes, ce qui a le don de me mettre mal à l'aise.
Que marque-t-elle ? A-t-elle senti que je suis sur le point de
céder ? Est-ce cela qu'elle inscrit dans son cahier ? - L'hypnose,
annonce-t-elle calmement, ses yeux noisette plongés dans les miens. Je pousse un
long soupir, tiraillée entre l'envie de savoir la vérité et la peur de ce
qu'elle pourrait être. Mais ma curiosité s'avère être plus forte que ma
frayeur. Je décide d'accepter. Sans attendre, madame Roland me fait allonger
dans un divan à la housse d'un vert délavé très laid. La psychologue me
demande si je suis prête. Je lui affirme que oui puis elle m'ordonne, d'une
voix douce mais néanmoins ferme, de me détendre. Je clos mes paupières tandis
qu'elle abaisse les stores de la pièce pour faire un peu d'obscurité. Elle se
met à égrener les secondes en partant de cent-vingt. A soixante, elle me
demande de chercher après cette sensation de flotter lorsque l'on est sur le
point de s'endormir. Mes muscles se détendent petit à petit et autour de moi
se dessinent des murs. Je me retrouve au lycée, presque un mois plus tôt. - J'étais
frigorifiée, tu vois, et il m'a donné son blouson puis m'a embrassée en me
disant qu'il m'aimait comme un fou. Il était tellement mignon ! Tu te
rends compte Agathe, lui, Hugo Klein, le plus beau, le plus populaire, il m'a
embrassée ! Une
jalousie dévastatrice m'envahit soudain. Sans réfléchir je plonge la main
dans mon sac de cours. Je frôle un objet en métal, dur, froid, menaçant. Le
couloir est désert, la sonnerie annonçant le début des cours a sonné depuis
déjà plusieurs minutes, Karen et moi sommes en retard. Ses paroles et son
sourire radieux tournent en boucle dans ma tête. Il m'appartient. Hugo
m'appartient. Je pointe le canon sur Karen et tire, sans hésiter. Je n'ai
même pas le temps d'apercevoir l'expression fugace d'horreur se dessiner sur
son visage. Rien. Je ne lui en ai pas laissé le temps. Je réalise mon geste
monstrueux alors que ma meilleure amie se vide de son sang sur le carrelage
en damier du couloir, avachie contre les casiers gris ferraille. Je cours,
paniquée, faisant comme tous les élèves qui se sont mis à courir dans tous
les sens, sortant des salles de classe malgré l'ordre de rester, donné par
les professeurs. Je me réfugie dans les toilettes, terrorisée et prise par
une émotion enivrante, un bien fou, une délivrance. J'ai pris
ce revolver dans la vitrière de mon père, il s'en sert pour le tir, son
activité favorite. Je me sentais observée et je recevais des messages
étranges. Cela m'a poussée à devenir paranoïaque. J'avais la sensation d'être
épiée en permanence et il y a trois jours, alors que je rentrais du lycée,
une personne m'a prise par surprise, me bâillonnant d'une main, m'empêchant
de parler et de respirer. Dans la rue il y avait quelques personnes et un
homme s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas et est venu vers nous
pour m'aider. L'inconnu s'est enfui. J'ai donc volé ce revolver pour me
défendre, j'avais peur que cela se reproduise. Ce n'était pas avec
l'intention d'ôter la vie pour de la jalousie à l'état pur. Quelqu'un frappe
à la porte de la cabine où je suis. La voix de Gabriel résonne dans la pièce. -
Agathe ? C'est moi, Gabriel. Laisse-moi entrer… On peut parler, tu n'as
pas voulu le faire, c'était irréfléchi, je le sais. J'ouvre
la porte de la cabine, le revolver là, juste sous mon sweat gris et rose à
capuche. Je le pointe à la hauteur du torse de Gaby et tire. Il m'avait vu.
Gabriel était malade le 21 septembre. Il était sorti de cours avec une envie
de vomir. Il se dirigeait vers les toilettes lorsque le coup est parti. Il
était un témoin gênant. Il aurait pu détruire ma vie, m'envoyer en prison.
Pour toujours. Je n'aurais pas pu revoir Hugo. Il fallait qu'il parte, que
Gabriel s'écarte, me laisse passer, tout comme Karen, il prenait trop de
place. Passée l'enivrante sensation d'être puissante et d'avoir le pouvoir,
je me sens affreuse, déprimée. En un mot : Mal. Je me mets à courir, passant
devant les casiers. Karen est là, au sol. Mais je l'ignore. Je ne veux pas la
voir. Mes jambes flageolent, tout mon corps est épuisé. Je m'affale contre la
rangée de ferraille, inconsciente. Tout va très vite, la police, les
ambulances… J'oublie. J'oublie que j'ai tué deux personnes ce 21 septembre. - Agathe ?
Mademoiselle Wagner ? Il est temps de sortir de vos souvenirs. Je pense que nous devons
discuter. Je me redresse, ébahie, troublée par cette vague de flashs qui me
submerge. Des émotions diverses m'atteignent. J'ai peur. Je me sens comme une
criminelle en cavale. Je ne comprends pas mon geste. Qu'est-ce qui m'a
pris ? La psychologue me jauge. Dans ses yeux, je lis une peur
innommable. Alors qu'elle se lève et se dirige vers le téléphone posé sur son
bureau, je comprends. Elle m'a fait parler. Je lui ai raconté ce que j'ai
fait. Instinctivement, je me lève brusquement et me précipite sur elle. - Si vous osez dire, ne serait-ce qu'un seul mot, à propos de ce
qu'il vient de se passer, à qui que ce soit, vous finirez comme eux, la
menaçai-je. Sa main se retire du combiné, elle la pose sur le coin du bureau. Je
soutiens son regard, sûre de moi. Je ne veux pas la tuer, je veux seulement
qu'elle se taise. Si elle a compris cela, alors elle ne dira rien. - Il semblerait que quelqu'un vous attende, avance madame Roland,
pâle comme un linge, en désignant l'encadrement de la porte contre lequel il
est appuyé. J'esquisse un sourire. Je le reconnaîtrais entre mille. Ses yeux
bleus ombrageux, les courbes de sa bouche rouge… Hugo. La raison de mes
actes. Je le rejoins. Il m'enlace tendrement. Depuis la fusillade nous nous
sommes énormément rapprochés. Il a perdu la fille qu'il aimait, moi, ma
meilleure amie. Nous avons fini par tomber amoureux l'un de l'autre. Rectification,
il a fini par tomber amoureux de moi. Car en ce qui me concerne, il paraît
évident que c'était déjà fait. - Tout va bien, mon ange ? - Oui, je me disais simplement que, pour toi, je ferais n'importe
quoi, articulai-je dans un souffle. - Figure-toi que moi aussi, parce que je t'aime comme un fou. fin Skyen |
La deuxième arche de Noé –
suite |
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M.V. et sa
guitare se virent happés par une « tornade » blanche, près des
remparts de St Malo. De rares témoins se souvinrent d'une sphère grise,
bizarre, un peu plus grosse que Vénus, s'éloignant vers le large ! St H.
rentrait de Belgique après une entrevue avec son éditeur. Il profitait de
cette sortie extra-territoriale pour faire un crochet et proposer des textes
de chansons à de jeunes artistes francophones. Pris dans une véritable purée
de pois (smog), son moteur tomba en panne. Il se retrouva entouré de petits
personnages frappant à ses portières ! Il perdit connaissance. La navette Le réveil
fut particulier ! Un sentiment d'abandon, d'incompréhension semblait les
tarauder. Ils étaient assis ou affalés sur des banquettes d'un plastique confortable.
Ce matériau moulait parfaitement leur corps. Aucun mouvement ne les affectait
dans cette salle demi-circulaire, la cloison courbée luminescente semblait se
poursuivre par une coursive. Les prisonniers se présentèrent tour à
tour : une première constatation se fit jour ! Ils étaient tous
français ! Comment s'organiser ? Qui parlerait pour le
groupe ? Avaient-ils un point commun ? Les deux ufologues
connaissaient indirectement le chanteur breton, les poètes et l'astronome. De
la musique leur parvint de partout et de nulle part ! Ils reconnurent « Across the universe » des Beatles,
« Eight miles high » des Byrds, « 50 000 miles beneath my
brain » des Ten Years After, « 2000 light years from home »
des Rolling stones, « Space oddity » de David Bowie, « I
should turn to the moon, turn the tide » de Jimi Hendrix. Se pourrait-il que nos
gardiens aient capté nos émissions des années 60 et 70 ? « Nous
sommes confrontés à un parfum d'éternité, de spiritualité proche du
ciel ! Les yeux tournés vers les étoiles, nous sommes sûrs maintenant de
faire partie d'un tout ! » Le journaliste scientifique se lâchait à
coups de phrasés, de traits de philo ! O.I. s'extasiait ! Le poète
St.H. intervint à son tour : « Car l'homme vert a confiance, ce que
les hommes blancs, noirs, rouges ou jaunes n'ont pas. Peut-être parce qu'ils
ignorent Le Grand Soleil Rouge ». Le chanteur M.V. vérifia sa guitare et
décida d'entonner l'histoire de la planète « Fadidouda ». Était-ce
une réponse à leurs efforts : de la musique plus contemporaine leur fit
écho ! Ils reconnurent « Sweet lullaby ». Ce qui fit
intervenir F.N. : ils nous connaissent, ils ne nous ont pas abductés par
hasard ! Les ufologues en convinrent. Le
disc-jockey spatial leur expédia alors : « Starway to heaven »
de Led Zeppelin. Ils connaissent au moins un bon répertoire ! Espérons qu'ils ont
prévu la « bouffe » ! Un écran tactile fit son apparition sur
une paroi : des aliments variés s'affichaient ! Les compagnons
d'infortune testèrent avec plus ou moins de succès les propositions
alléchantes ou non du tableau. Une table vintage des années 60 sortit du mur
et toutes leurs commandes s'étalèrent ! « Attaquons ! A notre
premier repas interplanétaire ! » Cette désinvolture feinte tendait
à rassurer les deux jeunes qui restaient prostrés dans leur coin malgré les
plaisanteries et les chants lancés par leurs aînés. Un poulet-frites bienvenu
apparut, arrosé de bière (Jenlain !) et de cidre pour le chanteur breton. Le
dessert choisi à l'unanimité satisfit les plus difficiles : de la mousse
au chocolat ! Les ufologues affirmèrent qu'ils voyageaient dans une
sorte de « navette » chargée de les « translater » dans
le vaisseau-mère. Le journaliste haussa les épaules : il ne trouvait
rien à y redire ! Le disc-jockey interstellaire lança sur la
« platine » un nouveau tube : F.N. annonça
machinalement : « Dark Side of the Moon » du Pink Floyd. Le
morceau suivant balançait plutôt : « I'm gonna change the
world » des Animals. « Un café pour tertousse ? »
intervint H.M.d'A. « D'accord, mais avec un pousse-café ! De la
mirabelle par exemple ! » rétorqua D.O. « Vaut-elle celle
qu'on nous sert au club astro ? » « Il va quand même falloir
que nous réfléchissions à notre situation ! », proposa K.N.C., tout
en lorgnant vers les jeunes, évitant de les déstabiliser. « Qu'attend-on
de nous ? Qui nous a abductés ? Et pourquoi ? Sommes-nous une
sorte de zoo interplanétaire où des « dieux » nous élèvent dans un
but non avouable ? Charles Fort se demandait si des entités plus
avancées que nous ne pêchaient pas des créatures inférieures ! Y a-t-il
un conservatoire des êtres vivants de la galaxie ? Une sorte de musée,
d'Arche de Noé ? » St H. leva
les bras avec véhémence : « Il faut s'organiser ! » F.N. et les
jeunes firent l'inventaire de la salle afin de découvrir des capteurs, des
commandes de fonctions. Cet exercice leur prit plusieurs heures avant de
tomber sur un cadran muni de multiples touches lumineuses. Les jeunes, férus
de jeux vidéo, firent apparaître des images au milieu de la pièce circulaire.
Un hologramme de vaisseau se révéla au centre de la pièce ! « Notre
vaisseau ! » D'autres
corps firent leur apparition : le soleil, la terre, Mars, etc. puis la
ceinture d'astéroïdes ! Une représentation de notre système planétaire
prit place au milieu du groupe ! « C'est
bien une navette, notre carrosse se dirige vers le vaisseau-mère. Ribes avait
montré, dans son livre, que les envahisseurs s’installaient d'abord dans la
ceinture d'astéroïdes de l'étoile convoitée, puis envoyaient des navettes ou
vaisseaux d'exploration vers les différentes planètes appartenant à la zone
habitable » intervenait K.N.C. « Les entités atterrissent
ensuite... » En jaune,
notre taxi se mouvait sur un fond étoilé, dans le plan écliptique ! Dans
un chaos peuplé d'astéroïdes, se distinguait, en bleu, un immense
cercle : notre but. Le vaisseau-mère possédait une taille un millier de
fois plus vaste que notre canot interplanétaire ! Mais surtout, voilà
que figuraient sur cette fresque étoilée des dizaines d'engins roses qui convergeaient
vers le vaste engin ! Des milliers de personnes s'étaient fait
« pêcher » comme nous, d'autres régions de la terre. Toutes ces
sélections, ces échantillons convergeaient vers un point de cette carte
spatiale ! Le
vaisseau-mère Le mouvement
se fit plus irrégulier, comme hésitant. Des bruits emplirent notre univers
cloîtré. Notre petite "embarcation" sembla s'immobiliser dans une
sorte de hangar, bien que nous ne percevions de l'extérieur qu'une vague
lueur jaunâtre. Les parois de notre "taxi" devinrent transparentes,
nous pûmes ainsi admirer les cohortes de petites navettes se rangeant dans
des cases de l'immense garage qui se déroulait devant nous jusqu'à des
milliers de mètres ! C'est alors que nous vîmes pour la première fois notre
guide ou mentor ! Personnage d'un mètre trente, il se tenait dans une
combinaison gris-sombre, son visage restait humain, malgré son nez très
effacé, sa bouche réduite et ses yeux très étirés et noirs. Les ufologues
murmurèrent d'une voix à peine audible : "Les voici donc, ces fameux
gris !" Le journaliste scientifique se coupa d'une belle envolée :
"L'homme est d'autant plus grand devant l'adversité qu'il admet son
humilité !" St.H. répondit : La rencontre vaut bien un poème en vers !
"et une chanson à la postérité", compléta le troubadour ! Le guide
les conduisit sur une esplanade où un rayon blanc sorti de nulle part les
aspira ! Cet ascenseur était en pure lumière : leur poids était neutralisé et
ils voyaient l'immense gare sous eux : aucun bruit ne leur parvenait, aucune
impression de chaleur aussi ! Le rayon-ascenseur les conduisit dans une vaste
salle en forme d'amphithéâtre où des milliers de délégations se pressaient à
leur place. Ils se trouvèrent assis sur un matériau à mémoire de forme qui
épousait parfaitement leur corps. "Ce tube de lumière blanche fait
penser au conduit d'air comprimé qui transportait les fameux
"pneus" entre les différents bureaux des anciennes administrations
! Il s'agirait d'un "guide d'onde", ajouta le journaliste. « Ils
savent donc manœuvrer la lumière, intervenir sur sa vitesse et sur sa
direction ! Ils possèdent pas mal de décennies d'avance sur
nous ! » Dans leur navette, ils s'étaient largement exprimés sur ce
phénomène lumineux ! Comment un champ d'ondes électromagnétiques peut-il
influencer la masse ? Était-ce vraiment de la lumière ?
N'étaient-ce pas plutôt d'autres bosons que les photons ? On connaissait
depuis peu le boson de Higgs qui transmettait la masse aux particules
classiques. N'y aurait-il pas un boson qui annulerait cette masse et
permettrait aux corps de s'affranchir de la pesanteur ? Un autre avait
remarqué que si la masse disparaissait, les corps devraient se
dissocier ! On en était revenu au même point ! Quelqu'un avait même
avancé l'idée d'autres bosons : les gluons ! Les gluons, d'après
certaines théories, se trouvaient au sein des fermions : tels les
protons et les neutrons. Ils seraient
responsables de la cohésion de ces particules, base de la matière que nous
connaissons. D. intervint : « Dans certaines brochures physiques,
on évoque la notion de laser d'atomes froids ! Les atomes sont refroidis
et font appel au principe du condensat de Bose-Einstein ! Ce laser peut
être manipulé comme un faisceau lumineux, séparé, réfléchi mais avec
l'avantage de la matière classique, confiné dans un champ
électromagnétique ! Ne me demandez pas plus de détails ! » Le lieu
tenait de la salle de boxe, avec une estrade entourée de gradins. Le réflexe
de regarder vers le haut se traduisait par un sentiment de malaise ! On
n'y voyait aucun plafond. Un éclairage furtif, sans origine connue, plongeait
l’ensemble dans une lumière blanche uniforme. Quelques personnages, ou plutôt
leur hologramme ?, se tenaient sur la scène. Deux types d'êtres purent
être distingués : des grands et minces aux pommettes saillantes, leur
chevelure étant plutôt blonde ; les autres étaient nettement plus
petits, aux yeux en amande très étirés, au nez presque absent, à la bouche
fine. Deux personnages étaient du premier genre et quatre du second. A suivre Hertia-May |
La
Poussière |
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|
Depuis que
tu es partie, le dessus est dessous, le haut est en bas, les abscisses sont
des ordonnées, elles sont désordonnées ; les points de repère
sont flous, les distances sont chimériques, l’heure est inutile, les desseins
sont sans avenir, les couleurs sont aléatoires. Il n’y a que mes rêves qui
soient à peu près réels et encore, l’aube est sentencieuse au gibet des
furieux cauchemars redondants. Comme seule
véritable amie, il me reste la Poussière ; elle donne du volume au
Temps, de l’emphase au motus. Quand, vers dix-sept heures, le soleil de la
véranda la fidélise dans le trouble de ses rayons de lumière, elle prend des formes
bizarres de princesses tourbillonnantes. C’est fou comme son pouvoir est
grand. J’aime bien la regarder. Elle déniche les ombres, les décadentes, les
peureuses, les obséquieuses, elle les anime avec des reflets d’or et
d’argent. Comme des oiseaux de paradis, elle s’envole au moindre courant
d’air mais elle se pose sur les bibelots d’interlude en les recouvrant avec
ses caresses adipeuses. Provocante
ou pour faire table rase, elle voudrait bien que je l’entreprenne, que je la
maltraite à coups de balai, avec une éponge humide, un torchon virevoltant.
J’en connais, des preux, des méticuleux, des pugnaces, qui la combattent pour
reculer ses échéances d’envahissement. L’aspirateur en bandoulière, le
chiffon à la main, ils guerroient dans les coins, derrière les meubles, sur
les étagères. Ils ménagent, ces déménageurs, ils cirent, ces valets ;
ils astiquent, ces « encaustiqueurs », ils shampouinent, ces
chafouins, ils frottent, ces fantassins ; finassiers, ils la refoulent
hors de leur foyer comme on boute l’ennemi hors de ses frontières. La sueur
au front, l’âme proprette, tout auréolés de leur victoire passagère,
narcissiques, ils s’observent dans la brillance de leur propreté éphémère en
secouant leur chiffon à la fenêtre, comme s’ils l’avaient définitivement
répudiée. J’aime bien
ma poussière et ses effets de nymphe maquillée ; c’est un vrai tintamarre
multicolore aux myriades de particules disparates. Ici et là, j’y imprime mes
empreintes pour qu’elle les comble et je mesure le temps incertain de ses
finitions cabalistiques. Quand je m’assois, je la pousse de la chaise avec
des gestes d’éventail ; jamais elle ne s’éloigne, elle est
grégaire. Elle sait son importance de passagère clandestine dans ma maison. La poussière
est ensorceleuse ; elle s’accapare de ses sujets et les recouvre de son
linceul de poudre aux yeux. Sur la table, avec un doigt promeneur,
je trace une route illusoire ; avec un autre, mélancolique, j’imprime
des initiales de vieux souvenirs ; avec un autre, rédempteur, je les
efface pour ne laisser nul témoignage de cette faiblesse passagère. A l’heure du
couchant, quand le soleil abandonne ses compétences d’enlumineur, la
poussière retombe dans l’oubli, elle se tasse dans l’anonymat, elle disparaît
des incertitudes avenantes et se recouche dans l’ombre revenue. La poussière,
c’est l’or des pauvres et à cette heure de couperet, je suis misérable. Les toiles
d’araignées m’accompagnent au quotidien. Grises, blanches, poivre, elles
sont comme des oriflammes de malveillance aux courants d’air de mes
éternelles balades de somnambule. L’Ennui est vertébré ; il est l’alter
ego des silences, la sentence des malentendus, le trophée des maladresses, et
mes quelques vérités d’ascète sont des mensonges de solitaire. Je survis dans
un sablier de sortilèges et la poussière m’ensevelit jour après jour. Ici, le
Hasard est sans envergure. Il est relégué aux choses du dehors. Les jours se
ressemblent tellement qu’il me semble que je vis toujours le même ;
c’est affreusement sécurisant, cette lancinante ambition de statue.
Heureusement que la poussière moutonnière s’incruste partout pour m’indiquer
l’avancement du temps. Cette
condition d’esseulé est sans avenir, mais qui a de l’avenir,
ici-bas ? Pourtant, elle ne manque pas de piquant ; j’abuse sans façon
du pinard, du sucre, du sel et de tout ce qui fait normalement mal. C’est
presque bon d’en finir à petit feu ; c’est un pied de nez lancé à
l’Adversité, une rigolade de dompteur de camouflet, un tour de magie de
collectionneur de photos ratées. La vie, c’est une croisière en solitaire sur
un frêle esquif, entre les tempêtes insatiables, les escales coupe-gorge, les
récifs acérés, et gare aux sirènes… La
déréliction est hallucinante ; les vessies deviennent des lanternes,
les enfoncements du canapé sont des formes allongées invisibles, les
tremblements du frigo sont des frissonnements de cuisine, les craquements du
plancher sont des constats de présence. La chasse d’eau des chiottes est
franchement fuyante. Elle a sculpté une stalactite de calcaire d’une
étonnante fabrication. Selon les moments de la journée, comateux, j’y perçois
une figure de proue, un rostre d’animal mythique, une œuvre d’exalté, une
montagne à la neige éternelle. Un jour, il faudra bien que je l’ascensionne à
coups de piolets… Le vent dans
les volets a aussi son bruyant tempo pendant ses chansons d’automne ;
les rideaux dansent ! Il soulève ma poussière ! Un jour,
j’attraperai le fantôme qui rôde dans la maison ; j’ai vu
ses traces de doigt dans la vitre de la fenêtre, des miettes de pain
illicites, les marques de ses pas dans ma poussière. Je suis sûr qu’il
m’observe quand je me regarde dans la glace de la salle de bain. Le soir,
dans un coin du salon, bouge une image ; je n’arrive pas à me concentrer
sur la moindre histoire cathodique. Il me semble qu’on ne me serine que
des conneries sidérales. Les publicités sont mensongères, les minois
sont hypocrites, la météo est malveillante, il n’y a que la poussière qui
soit véritable. Elle est rassurante. Dans la cuisine, elle se
caramélise ; dans la chambre, elle somnole ; sur les photos, elle
cache les rides ; sur les ampoules, elle rend l’ambiance opaque. Sur la
table basse, les pétales du bouquet de fleurs se sont noircis à force
d’accoutumance. Je n’arrive pas à me résoudre à les jeter tant elles me
rappellent encore l’été. La poussière les vampirise avec son opiniâtre
linceul d’Éternité. L’Ennui et la poussière vont bien ensemble ; ils se
complètent. Moi, quand je veux me réchauffer d’une compagnie, j’allume le
radiateur et la poussière a même son parfum. Dans la rue,
des ombres s’activent à de vagues besognes ; avec cette lumière
blafarde, on dirait des poissons rouges pris dans la nasse de leurs
obligations. Ils sont visqueux, ils sont glauques, ils ricochent, ils
glissent le long des fenêtres en respirant la poussière du quartier.
Aujourd’hui, le temps malmène ma piteuse œuvre d’existence. Plus rien n’a
d’importance que de soupirer aussi vite que les battements de l’horloge. Sans
toi, là, dans l’opacité galactique, j’apprends à vieillir. Bientôt, moi
aussi, je deviendrai Poussière… Pascal |
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Mademoiselle
Chloé |
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Elle doit avoir
dans la quarantaine, peut-être un peu moins. Elle raccourcit ses longs
cheveux et porte des tailleurs que certaines citadines qualifieraient de
stricts, surtout les habitantes de la petite ville de Die ; petite mais
néanmoins la capitale du Diois et du Pays de la Clairette. Selon les anciens,
Die eut sa comtesse. Une coquine à ce qu'il paraît. Mais jusqu'où allait
cette coquinerie dans l'esprit de ces Diois bien pensants, sans doute jaloux
de ne l'avoir pas connue ou de n'avoir pu succomber à ses charmes ? Faut dire
que, sous le Glandasse, on y est plutôt joyeux. Tout y est prétexte à
s'amuser, tant à l'occasion des fêtes religieuses – comme la Fête-Dieu – qu'à
celles du pays, tels les feux de la Saint-Jean et la fête de la transhumance
lorsque les brebis traversent la ville avant de monter dans les drailles. Coquine,
libertine cette comtesse ? En tout cas appréciée par les Diois qui lui ont
érigé une statue, sous la forme d'un buste drapé à la grecque, curieusement
installée sous le jaillissement de la fontaine, au mitan d'une vasque. « J'étais
pourtant en grand'folie Au lit comme
toute vêtue, » confessait-elle,
toute aussi pétillante que son vin renommé de Clairette, indispensable
accessoire à l'amour… sans omettre les ravioles, petites pâtes fourrées de
fromage et de persil tant agréables au palais ! Ah
l'amour ! Ici, il pénètre l'âme, comme à l'Abbaye cistercienne de
Léoncel – fondée en 1137 par des moines venus de Bonnevaux – qui surgit entre
le col de Tourniol et celui de… Bacchus, toute proche du hameau appelé…
« La Vacherie »… l'éternelle lutte entre Dieu et le Diable !
Également les corps, n'est-ce pas chère et tendre comtesse coquine ? Cette autre
et encore jeune personne frisant la quarantaine, les intimes et le voisinage
la surnomment « Mademoiselle Chloé ». Pourquoi Chloé, qui n'est pas
son vrai prénom ? Nul ne saurait l'expliquer. Bien que née
Dioise, elle ne parle pas le patois local. Aussi, lorsqu'on lui
demande : - Ça va
Mademoiselle Chloé ? Elle
répond : - Ça va, ça
va… Je vais faire un tour pour m'aérer… ...comme si
elle avait besoin de s'extraire de la petite ville et de ses habitants pour
respirer, penser librement, retrouver la nature dont elle se sait être une
fille, partie intégrante de ces paysages de plaines et collinaires, tous aussi
extraordinaires les uns que les autres ! Inlassablement, jamais
fatiguée, elle parcourt à cheval un lacis de chemins, parfois abrupts et
vertigineux comme le sont ceux du proche Vercors. Elle encourage sa monture à
grands claquements de joie que lui renvoie l'écho, active sa jument qui
semble toujours prête à galoper jusqu'au bout du monde. Quelle est
la réalité ? Pourquoi court-elle ainsi après des chimères,
s'accroche-t-elle à cette histoire comme à une bouée de sauvetage dont
dépendrait sa vie ? Quelle histoire ? Dans sa
chambre-belvédère, papiers, coupures de journaux, lettres, cahiers s'étalent
sur le plancher en un désordre, pour elle ordonné. - Demain, je
ferai un grand nettoyage, se commande-t-elle. Un nettoyage
qui ne se produisit jamais. Chacun de ces documents représente pour elle
comme de vieilles cicatrices. Un tremplin qui devrait la lancer, tête
baissée, à la conquête de la seconde partie de son existence. Ces papiers et
photographies, doit-elle les détruire pour effacer le gâchis que furent ces
presque quarante années passées, ou bien les entasser dans un placard comme
de précieuses reliques ? Assise en
tailleur sur le parquet, « Mademoiselle Chloé » s'interroge sur sa
vie, une fatalité, une quelconque hérédité maladive chronique qui lui fait
traverser l'existence sans jamais y trouver sa place, sans que personne ne
s'intéresse à elle en tant qu'être humain, en tant que femme. En feuilletant
des magazines, elle y voit des couples qui étalent leur amour – peut-être
factice ou de circonstance – Tout de même leur amour. Pour elle l'amour, même
factice, ne s'est jamais soucié d'elle. Pourquoi, puisqu'elle est jolie,
intelligente, possède une demeure héritée de ses grands-parents maternels,
ses parents ayant été stupidement tués lors du déraillement de leur train
près de Manosque ? Intelligente ?
Nous y sommes ! Voilà ce qui est intolérable, tant pour les hommes qui
pensent avoir la suprématie en cette matière, que pour les femmes qui
imaginent en elle une rivale potentielle, elles qui ne possèdent pas tous les
atouts de « Mademoiselle Chloé ». Intelligente ?
C'est indéniable. Aussi psychologue, car elle lit sur les visages, sur les
lèvres, la vérité que cachent de douces paroles, miellées de phrases acérées
de lames mortelles. C'est à cause de cela qu'on se méfie d'elle, cette
« Chloé » que personne ne réussit à leurrer. Il en a toujours été
ainsi, dès le pensionnat des religieuses de Valence où ses parents la firent
entrer, tout comme parmi ses compagnes infirmières militaires lors de la
seconde campagne d'Indochine. Bien sûr, elle aima. La guerre ne
favorise-t-elle pas de telles amours alors que la mort frappe à tout instant,
en tout lieu ? Lieutenant saint-cyrien, il paraissait sincère, fortement
épris. Tous deux bâtirent de beaux projets qu'ils mettraient en œuvre dès
leur rapatriement en Métropole. Un presque voisin, puisque originaire de
Roussillon, dans l'Isère. Hélas, deux grammes de métal y mirent fin, non pas
au combat, mais tout bonnement sur un marché de Tourane, rayé du monde des
vivants par un éclat de grenade viêt. A son retour
elle s'installa dans la propriété dont elle était l’héritière universelle… et
le petit dieu Éros ne s'intéressa plus à elle dont le cœur demeurait toujours
disponible. Seule sa jument lui donnait sans compter de l'affection, sûrement
davantage, écoutait attentivement sa maîtresse tout en la fixant de son bon
regard. Jusqu'au
jour où, par hasard, elle décide d'assister à la messe dominicale de Chatillon-en-Diois.
Toute imprégnée en sa prière fervente, dédiée aux siens et à celui qu'elle
aima en Annam, le Malin pénètre son cœur. Non pas de façon fracassante, mais
tout doucettement, subrepticement selon sa stratégie habituelle. L'Abbé
Marie-Joseph Cambert devient alors, pour elle, l'objet de sa joie et de son
amour, emplissant de bonheur ses pensées. Mais la vie continue, avec ses
merveilles, ses déceptions et humiliations gratuites et quotidiennes. Mais
aussi avec ses promesses qui seraient peut-être, un jour, tenues. Pourtant
elle ne se fait guère d'illusion. Comment le Seigneur pourrait-Il les lui
accorder, elle la pécheresse dont le but inavouable consiste à séparer un
prêtre de sa vocation, à le faire renoncer à ses vœux normalement immuables ?
Au contraire, ne devait-elle pas s'attendre aux pires maux, à une punition
fatale ? Pour l'heure, l'amour est le plus fort, efface d'éventuelles
représailles du Ciel jaloux et vengeur. Des questions se
bousculent dans la tête de « Mademoiselle Chloé » auxquelles elle
ne sait répondre autrement qu'en s'accusant de perversion. Devant son
indécision – car elle n'a pas encore confié au prêtre les sentiments qu'elle
éprouve pour lui – elle s'installe à nouveau dans une routine qui lui donne
l'impression de la stabilité. Le temps
passe, les saisons, sans savoir comment il lui faudrait procéder pour
atteindre cet homme indifférent aux battements de son cœur qui s'accélèrent
chaque dimanche. Elle n'a pas le courage d’abandonner la messe de
Chatillon-en-Diois, au profit de celle de Die ou d'ailleurs. D'une semaine à
l'autre, sa vie s'en va ainsi en fumée, s'éloignant imperceptiblement de son
idéal, de cet amour qu'elle voudrait tellement concrétiser, car unique selon
elle. Pourquoi l'Abbé ne lit-il pas dans son cœur, ne comprend-il pas que
cette paroissienne-ci ne se déplace que pour lui, non pas pour son
prêche ? Ah ! Cette voix qui la retourne, qui s'enfle, s'élève haut
sous la voûte de la nef que les rayons du soleil irisent en traversant les
vitraux des bas-côtés ! Sa voix seule compte, l'envahit toute entière.
Au point de ne pas remarquer cet homme, élégamment vêtu, qui ne cesse de
l'observer, messe après messe. Lorsque le sermon se prolonge, il penche la
tête en arrière pour aussitôt fixer son regard sur cette jeune femme
distinguée et inconnue. Osera-t-il l'aborder ex-cathedra ? Il n'en a
jamais le temps, car elle repart immédiatement vers Die dans son cabriolet.
C'est vrai, il est tenté de la suivre : ce serait grossier, indélicat et
lui ferait perdre toutes ses chances auprès d'elle. Il choisit de demeurer
discret, attendant la messe du dimanche de plus en plus anxieux, à bout de
patience. « Mademoiselle
Chloé » ne revint plus jamais à Chatillon-en-Diois. Elle n'assista plus
à l'office en la cathédrale de Die. Désormais on ne l’aperçut que rarement,
le visage dissimulé derrière un voile de tulle, portant une robe lèche-bottes
mauve. Sourde aux bonjours qu'on lui adressait. Statue mouvante, elle ne
s'animait qu'au crépuscule, partant à cheval parmi les collines du Diois.
Alors, on se désintéressa d'elle. Elle n'intriguait même plus. Par la
suite, plus personne ne la revit. Ni elle, ni sa jument. Nulle gazette locale
ne cita sa disparition, aucune tombe de Die ne porta son nom. C'est ainsi que
débuta la légende de « Mademoiselle Chloé », cet esprit fait femme
qui s'en retourna au Ciel en éperonnant son cheval ailé, tel Pégase.
Toutefois, on la croit toujours présente dans l'air de Die, surtout dès qu'un
fait divers anormal ou répétitif inexpliqué se produit. Serait-elle une
sorcière, comme celles qui hantent nos campagnes, ou bien une fille de Dieu,
pourquoi pas de Lucifer, l'un et l'autre se disputant les âmes ? A.
P. Roussel (Yann Villiers) |
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