SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°55
Mai-Juin-Juillet-Août 2018
Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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ATELIERS
ECRITURE MUSEE
ENFANTS |
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Mystères et Merveilles - La robe de
l'hiver et de l'été page 3 |
Tristan - Céleste - Livia |
Le jardin des merveilles - Les saisons
des robes – les robes page 3&4 |
Rachel
- Philippine |
HUMOUR-PATOIS |
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Pensées réflexions et
méditations (2) page 5 |
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Perles d’Ormesson page6
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Jean
D'ORMESSON |
Dix fées ramant
– Objets Anciens page 7
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HERTIA-MAY |
Bières du
Nord page 8
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Léonce BAJART |
L’Estricité
page 8
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Fernand BEAUVILLAIN |
Dins l’camp à carottes page 9
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MONOPOL |
Pensée page 24
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ATELIERS ECRITURE MUSEE ADULTES |
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Femme fleur page
10
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Thérèse
LEROY |
Être et paraître, les mille et une façons de Sylvie Facon
page 10 |
Marc Nieuwjaer |
Sous votre robe… page 11
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Jean François SAUTIERE |
ADULTES
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Pensée Poétiques page 7-10-18-21 |
Henri
LACHEZE |
Toi, Nature page 11 |
BADAR |
Bon 1° Mai page 11 |
Maria-Carméla Duhin-Carnélos |
Le Chemin de la vie page 12 |
Jean
Charles JACQUEMIN |
Le Goût
du vent page 12 |
Geneviève
BAILLY |
Nostalgie
page 12 |
Christelle LESOURD |
Découvrir Venise page 13 |
Jeanne
BARDÉ |
Les fleurs de mon jardin page 13 |
Marcel LESAGE |
Cœur nordiste page 14 |
Akim BENAOUDA |
Le Bonheur page
14 |
Bernard SIMON |
Ballade pour un clochard page 14 |
André l’Ecrivain |
Un Enfant page 15 |
Thérèse
LEROY |
Pour la moisson page 15 |
SAINT-HESBAYE |
Ma chère Planète … page 15 |
Arthur
HENNIAUX |
Epousailles page 16 |
Maria-Carméla Duhin-Carnélos |
Sur le lac page 16 |
Gérard
ROSSI |
L’Epreuve page 17 |
Roger DEVILLERS |
La vie est une
contradiction Page 17 |
CLARISSE |
Alger, mon passé page 18 |
Patricia LOUGHANI |
Les Maisons page 18 |
Reine
DELHAYE-BURLION |
La deuxième Arche de Noé page 19 |
HERTIA-MAY
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ACVINE page 23 |
SAINT-HESBAYE *
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Une Chance page 27 |
Julien BURY
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NOUVELLES |
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HYPNOSE page 20&21 |
SKYEN |
Maille à l’envers page 22&23 |
PASCAL |
Une drôle de grande tante page 24 |
J.B. CURSANO |
HANS page 25-26-27 |
Charly
LAMBRECHTS |
Qui a volé l’orange de Noël ? page 28 |
GRASJACQS |
DIVERS |
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Sortie page 31
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OMC |
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Atelier écriture enfants – Musée de la dentelle – Exposition Sylvie
FACON |
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Mystères et Merveilles Sa robe fleur de couleur à l'unisson serait rouge comme la couleur de mon coeur. Sa douceur donne de l'expression. Rubans, broderies, paillettes et dentelles, que cachez-vous sous le mystère de votre merveille ? Foncés ou clairs, vos ouvrages sont des merveilles. La force et leur personnalité me touchèrent jusqu'au fond du coeur. L'émotion dans tes robes de chaleur forme un mystérieux tableau de couleur. Tristan Marot SCALORA – 10 ans La robe de l'hiver et de
l'été
La robe de dentelles enchantée m'emmène jusqu'au coeur de l'été. Cette robe est bien jolie avec ses perles jaunies, comme un pays de merveilles, où je retrouve ses roses de dentelles qui ressemblent au rouge des coquelicots. C'est la rose de mes rêves et de mes sanglots. Les colliers de bijoux me donnent l'envie d'aimer et de chanter ta beauté tous les jours de l'été en me donnant l'envie de danser en hiver et en été. Céleste Mollière – 10 ans Le jardin des merveilles Un herbier rempli de fleurs de toutes les couleurs. Robes de printemps, robes d'été, robes d'automne et robes d'hiver. L'argent, l'or, les perles, les paillettes, les rubans, toutes ces couleurs me rappellent un jardin rempli de fleurs. Ces robes me font voyager au pays des merveilles. La beauté de ces robes me touche au plus profond de mon cœur. Je ferme les yeux et toutes ces robes me font voyager autour de la terre. J'ai ces robes comme mon bonheur. Livia Teramo – 10 ans |
Atelier écriture enfants – Musée de la
dentelle – Exposition Sylvie FACON |
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Les saisons
des robes La robe d'été, courte et belle, qui donne envie de danser sous le soleil. La robe d'automne, longue et belle, avec des chanterelles. La robe d'hiver, longue et belle, qui donne envie de faire un bal simplement. La robe du printemps, courte et belle, verte avec un peu de
temps, si on l'enfile on se cache dans le
printemps. Toutes ses robes représentent les
saisons bénies, la joie, la tristesse, la bonne humeur et l'envie. Rachel Lefebvre 9 ans Les Robes je t'emmène pour les jolies fleurs
d'amour. Les robes de la dentelle sont très
jolies. Sylvie Facon fait trop bien des jolies
robes, colliers et tout plein de choses. Le rouge et le noir vont très bien
ensemble. Le vert pour l'été est très bien. Le rouge pour l'hiver. Le noir pour l'automne. Le joli rose pour l'été. Les bijoux, les colliers. Le sac de fleurs est très joli. Les tableaux de fleurs. Une jolie robe à mettre. Philippine 7 ans |
Page 3 |
Pensées,
Méditations et Réflexions (2) |
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Ché in
Bretane qu’ché gros fumeu peuv’te passeu dé vacinches agréapes. Pace qu’in
prénint euch l’omnibus à Lori-int, Brindérion, Lind’vint, Lindeul-Meudon pis
Auray et Sainte-Anne, cha leu permeu d’apprécieu ché chi gares de là à
Vannes. C’est en
Bretagne que les gros fumeurs peuvent passer des vacances agréables. Car en
prenant l’omnibus à Lorient, Branderion, Landevant, Landaul-Meudon, Auray et
Sainte Anne, ça leur permet d’apprécier les six gares de là à Vannes. In sé
d’mindeu pouquo eul Bosnie-Herzégovine ché euch pays à dù qu’y n’a eul moinse
eud maladie vénéri-inne. Ché pace queu ché Yougoslaves l’habitent ! On s’est
demandé pourquoi la Bosnie-herzégovine est le pays où il y a le moins de
maladies vénériennes. C’est parce que les Yougoslaves l’habitent ! Mé à queu ju
pouvote bin joueu Adam et Eve. Y d’vote joueu à ché cartes, pace qu’y z’ont
fé l’Abel. A quel jeu
pouvaient jouer Adam et Eve. Ils devaient jouer aux cartes, puisqu’ils ont
fait l’Abel ! In n’peut
pon in vouloir à Eve d’avir croqueu ch’eul pam. In n’arot fé autint si in
avot eu l’Adam. On ne peut
pas en vouloir à Eve d’avoir croquer la pomme. Nous aurions fait la même
chose si on avait eu l’Adam. Y é très
dingereux d’prin-ne in bon d’solo pacequeu ché s’exposeu au pus grind dé
z’astre. Il est très
dangereux de prendre un bain de soleil car c’est s’exposer au plus grand des
astres In arconnot
in aristocrate à sin bio teint coloreu. Chette coloratian ché çou qu’in appeule
eul bio teint mondain. On reconnaît
un aristocrate à son beau teint coloré. Cette coloration est ce qu’on appelle
le beau teint mondain. In dit
qu’ché finme in tiot peu myopes, all z’ont bocop d’succeus prés d’ché
z’homes. Mé all n’in ont incore puss quind all sont presbytes. On dit que
les femmes un peu myopes ont beaucoup de succès près des hommes. Mais elles
en ont encore plus lorsqu’elles sont presbytes. Quind in dit
ché carottes sont cuites, ché qu’in é dins lé choux et qu’ché eul fin dé
podrommes. Quand on dit
les carottes sont cuites, c’est qu’on est dans les choux et que c’est la fin
des haricots. Tot cheux
qu’y z’ont imagineu pou l’prémian fos inn partie carreu, ch’étot probablemint
dé gins camplèt’mint ronds. Ceux qui ont
imaginé pour la première fois une partie carrée, c’était probablement des
gens complètement ronds. In s’dimne
pouquo ché gaulois portotes dé gints ? ché pace qu’y crégnote l’eur aux
mans. On se
demande pourquoi les gaulois portaient des gants, c’est parce qu’ils
craignaient l’air aux mains. Em finme, pa
momint all m’gin-ne pis à d’aute all râle. Mé jé d’eul chince qu’all so pon
Anastasie, là j’aros eu ché déeux incanvéni-int in minme timps, pace qu’in
dit Anastasie gin-ne et râle. Ma femme par moments me gêne et à d’autres elle râle. Mais j’ai de la chance qu’elle ne soit pas Anastasie, là, j’aurais eu les deux inconvénients en même temps, puisqu’on dit Anastasie gêne et râle ! Ché très innuyeu qu’au bos d’Boulogne, y n’a pond’panneaux permettint d’eus repéreu dans ché allées et ni réverbères. Pace queu ch’eul nuit, cha fé perte ché pédales. C’est très
ennuyeux qu’au Bois de Boulogne, il n’y ait ni panneaux permettant de se
repérer dans les allées et ni réverbères. Parce que la nuit, ça fait perdre
les pédales. HMA |
UNE PERLE DE JEAN
D'ORMESSON |
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Que
vous soyez fier comme un coq, Fort
comme un bœuf, têtu comme un âne, Malin
comme un singe ou simplement un chaud lapin, Vous
êtes tous, un jour ou l'autre, Devenu
chèvre pour une caille aux yeux de biche. Vous
arrivez à votre premier rendez-vous Fier
comme un paon et frais comme un gardon Et
là... pas un chat ! Vous faites le pied de grue, Vous
demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin. Il
y a anguille sous roche Et
pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard, La
tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon, Vous l'a
certifié : Cette poule a du chien, une vraie panthère ! C'est
sûr, vous serez un crapaud mort d'amour. Mais
tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous
êtes prêt à gueuler comme un putois Quand
finalement la fine mouche arrive. Bon,
vous vous dites que dix minutes de retard, Il
n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf
que la fameuse souris, Malgré
son cou de cygne et sa crinière de lion, Est
en fait aussi plate qu'une limande, myope comme une taupe, Elle souffle
comme un phoque et rit comme une baleine. Une
vraie peau de vache, quoi ! Et vous, vous êtes fait comme un rat. Vous
roulez des yeux de merlan frit, vous êtes rouge comme une écrevisse, Mais
vous restez muet comme une carpe. Elle
essaie bien de vous tirer les vers du nez Mais
vous sautez du coq à l'âne et finissez par noyer le poisson. Vous
avez le cafard, l'envie vous prend de pleurer comme un veau (ou
de verser des larmes de crocodile, c'est selon). Vous
finissez par prendre le taureau par les cornes Et
vous inventer une fièvre de cheval Qui
vous permet de filer comme un lièvre. C'est
pas que vous êtes une poule mouillée, Vous
ne voulez pas être le dindon de la farce. Vous
avez beau être doux comme un agneau sous vos airs d'ours mal léché, Faut
pas vous prendre pour un pigeon Car
vous pourriez devenir le loup dans la bergerie. Et
puis, ç'aurait servi à quoi de se regarder comme des chiens de faïence. Après
tout, revenons à nos moutons : vous avez maintenant une faim de
loup, L'envie
de dormir comme un loir et surtout vous avez d'autres chats à fouetter. Billet d'humour de Jean D'ORMESSON En hommage à la langue française |
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Dix fées
ramant |
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Quelle prise de becs lors de la remise de la palme d'or au festival de canes ! On l'opéra d'un cancer de la rate pendant le concert des petits rats de l'opéra ! Le groupe de hard-rock « ASSEZ D'ESSAIS », très engagé dans le mouvement écologique, prend la défense, en particulier, des « C'est assez » ! Le prof de maths avait cours avec les sales gosses dans la salle Gauss ! Les mégalithes de Brière ou les mégalitres de bière ? Nous avons mangé des frites Ostende de la Belgique. Champ de basilic ou chant de basilique ? Non comique ou mont conique ? Le saigneur des agneaux ou le seigneur des anneaux ? Des égouts et des couleurs. Vénus de Milo ou vélo de minus ? L'effet Joule ou les fous gèlent ? Hulot le malin ou Alain le mulot ? Les services du saucier ou les sévices du sorcier ? La sentinelle donna la larme ! Chicorée du nord ou Corée du Nord chic ? Il
n'est que commis de l'état et non comique de l'état ! Hertia May |
Objets anciens
et métiers désuets |
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Emporte-pièce à conviction Couteau à beurre sur les épinards Fusil à tirer dans les petits coins Amuse-gueule d'amour Ligne de tire-laine Videur de boîte à bac Pense-bête de somme Serpent à sonnette de vélo Niveau à bulles de savon Casse noisettes de beurre Lance-pierre à fusil Tireur des litres Gonfleur de ballons d'Alsace Avaleur de sabre au clair Réparateur de matelas de billets de banque Montreur d'ours mal léché Casseur d'assiettes à charcuterie Mangeur de pissenlits par la racine carrée. Hertia May |
Une Vie |
A contre-temps |
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Un instant une main Un instant une bouche Et la vie pour se souvenir. H. LACHEZE NUAGE Petit nuage gris dans le
ciel un peu rose, A quoi bon te hâter dans le
vent du matin : Avant ce soir tu vas crever. H. LACHEZE |
Midi Chaleur Un lézard sur un mur Paresse Pourtant En vain, (mais le sait-il ?) S’agite Un homme. H. LACHEZE TOILE L’araignée, artiste, attend : La mouche mettra Du bleu sur sa toile. H. LACHEZE |
Viv' el bière
du Nord Sur l'air de « Chevaliers de la table ronde Goûtons voir si le vin est bon... » |
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Mes amis caintons à la ronde L' bièr' du Nord c'est in vrai régal Aveuc inn' brune o bé inn' blonde C'est in bo plaisi sins égal Un demi c'est fameux Inn' boutelle incor' mieux ) L' bièr' du Nord comm' c'est délicieux ) bis Ia longtimps vos povez m'in croire Equ' dins l' Nord ia des cabarets Pou aller bé rire et bé boire Boir' d'el bière et cainter l' couplet Du diminche au simm'di L' bière al couleut toudis ) L' cabaret c'éteut l' paradis ) bis Parmi tous les bons buveux d' bière Gaimbrinus c'éteut li l' pu fort I vidieut inne marmite intière D'in seul co sins mett' sin nez hors Et pour li boir' par nuit Savez-vous ce qu'il fit ) C'est al cav' qui metteut sin lit ) bis Si dins l' Nord in a cair l'ouvroche In sait prinne aussi d' l'amus'mint Pour no-yer tous les arnicroches I feut boire in co bé souvint I feut prinn' du plaisi Du plaisi tint qu'in vit ) C'est du bé qu'in s' fait quind in rit ) bis El bière c'est utilitaire Ça fait pisser ça donn' du lait C'est l' boisson l' pu populaire C'est bé fraich', ça mousse et ça plaît Quind aveuc des amis In va boire in bo d'mi ) El bièr' c'est l' plaisi des ch'timis. ) bis Léonce Bajart |
L'estricité |
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I. Avez-vous intindu parler D'çou qu'iest quessian d'installer Nan celle-cil al est trop raite Larirette, larirette In nos mont' l'estricité Mi j'in sus tout épaté Paraît qu'al s'ra bétot prête Larirette et dé lon lon la (bis) II. C'est cor des dreul's d'invintions V'là qu'in met su nos pignons Des grinds supports à crochettes Larirette, larirette Dins les rues qu'ia po d' masons In plint' des ap's au savlon Ia pou croir' qu' c'est bétot l' fête Larirette et dé lon lon la (bis) III. Et tout du long d' ces affaires In va tinn' des fils ed fer Qui pass'ront d'vint nos fernêtes Larirette, larirette In inverra d' el limmière Paraît qui f'ra tell'mint clair Qu' personn' n'ara pu d' linnettes Larirette et dé lon lon la (bis) IV. In ara dins les masons L' forc' motrice sins trinsmissions Po b' son d'ess creuser la tête Larirette, larirette Apoyer su in bouton Et ça donn' d'el rotation Çau vraimint ça n'est po bête Larirette et dé lon lon la (bis) V. V'là qu'aveuc l'estricité Vos povez tout fair' marcher Mi j' dis saperlipopette Larirette, larirette J'ai inn' idée qu'a m' boul'verse Faites un peu marcher l' commerce Et rappliquer les pépètes Larirette et dé lon lon la (bis) VI. Mais v'là l' pu méchint côté J' sarai çou qu' ça va m' coûter M' fimm' al dit : apprête ett' galette Larirette, larirette J' vas fair' mett' l'estricité A min meulin au café J' vas povoir fair' des rincettes Larirette et dé lon lon la (bis) Fernand Beauvillain (1907 |
A ch' camp à
carottes (Air du Macchabée) |
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1er couplet Malgré tous chés soins E' d' béqueu d' médecins Un jour bin malade J'em' sintois morir Malgré tout l' panade Et tout l' limonade Min sang din mes veines Il arétoit d' queurir Min père et pi m' mère I' s' métoitent à braire Mes frères et mes sœurs Cousins et cousines Et toutes mes voisines Crioittent in débine Va falloir qu'in l' porte A ch' camp à carottes. (Amen) 4e couplet J'arrive à ch' l'église L'messe y feut qu'in dise Ch' bédeu prind un' prise I' s'met din un fauteul J'intind braire in somme Chès femmes come chès hommes Ch'curé cante des psaumes Autour d'm'in cercueil In s'ermet in route In momint in' m'broutte Aussi dur qu'inn' croûte J' m'allonge din m'roideur Au bout d'vingt minutes Ej'sins qu'in culbute Heureux qu'em' cahute Al' est juste d'em' grindeur. (Amen) 7e couplet Et v'là mes amis Ch'est mi qui vos l'dit Quant'in est su' l'terre I' n'feut jamais s'in faire A chès nouvieux riches |
2e couplet Tout près d'inne capelle Inn' voisine fidèle Prépare in' quindelle Et un bénitier Un homme d'un grand geste I tire sin capieu, s' veste Il intortille mes restes Din un drap intier Un autre y prind mésure Des pieds à m' figure I met m' n'ossature Din un grand cercueil L'lindemain in' brouette D'vant m'mason s'arrête Tout l'monde y s'apprète In vient poser ch'deuil. (Amen) 5e couplet J'arrive à ch' cimetière Ch'curé dit s'prière In' m'déchint din l'terre Din un treu profond I n'feut pont qu'in l'cache Chacun y ia s'plache Inne mason sins étache Et même sins plafond Ch'curé prind s'marmite I jette ed'lieu bénite V'là tout l'mond' qui m'quitte Au r'voir mes z'amis Ch'fossoyeux y débouche In trois quatre'queux d'louche El v'là qu'il r'bouche Ech' treu où ech'qu'in ma mis. (Amen) Y feut qu'es' leu diche Malgré leu tas d'billets Et tout leu chiqué I z'éront bieu faire I poront même braire Quant el' grande
feuqueuse |
3e couplet A dix heures du matin Chétoit l'interremint J'vois tout l'monde qui s'presse J'pinse qu'in va sortir D'in ch'mitant d'min rêve J'sins qu'in m'inliève J'intind inn voix brève Qu'al dit feut partir Tous chès gins à l'porte I z'attindintes qu'jè sorte Ch'curé d'inn voix forte I crioit comme un phoque Tout' ein' parinture A' l'marchoit en in' m'sure Derrière el'roulotte Pour ech'camp à carottes. (Amen) 6e couplet Quant'in est du reste D'ins s' mason modeste Personne i'n' proteste Et n'vodroit partir D'pus trois mois à peine Qu'in m'a mis d'ins l'mienne J'sins m'panche qu'al déclinne J'em' sins dépérir Mes yeux y rintent din m'tête Ej's'rai vite s'quélette Tous chè sortes d'bêtes I viennent em'faire risette Ch'qui m'diminue m'bile Ch'est qu'chès riches familles I portent aussi leurs cottes A ch'camp à carottes. (Amen) A' l'vinra comm' in'gueuse Taper à leu porte I faura qui sortent Pour qu'in les apporte A ch' camp à carottes. (Amen) Paroles de Monopol |
Atelier écriture Adulte– Musée de
la dentelle Exposition Sylvie FACON |
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Femme fleur Sur le secret du papier courent des lignes épurées, naissent des arabesques légères venues d’un autre temps. Muse s'amuse et se joue des tissus. Subtile magicienne, sous ses doigts s'éveille une fleur. Et puis sur la dentelle, afin que tu sois belle, elle assemble, elle mélange organza et broderies, elle entrelace des rubans de tulle et de soieries, elle entremêle, minutieuse, peinture et pierreries. Femme lutin ou fée espiègle, femme oiseau ou troubadour, c'est un monde irréel peuplé d'elfes et de fées. Des perles de rosée scintillent et s'éparpillent, s'égrènent doucement en poussière de diamants. Surpris dans son envol, Papillon bat des ailes. Alors se lèvent des voiles éthérés pour t'habiller de rêve. Sublimant ta beauté, de tendres feuilles émergent, de délicates fleurs de nacre se diluent sur une robe de brume, des fleurs sauvages conquérantes partent à l'assaut de ton corsage, boutons de rose éclosent et s'enroulent sur ton épaule. Femme diaphane, femme liane, femme fleur. Thérèse Leroy (Maretz) Prix du musée |
Atelier écriture Adulte– Musée de
la dentelle Exposition
Sylvie FACON |
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Être et paraître, les mille et une façons de Sylvie Facon… Je connais à Caudry un jardin merveilleux, Embaumé de senteurs de roses et de jasmin, Aux allures d’Éden, un monde prodigieux, Où tout est conjugué au mode féminin. Tel Adam dans son temps, je parcours ses allées, Tous les sens en éveil, les yeux écarquillés, Subjugué que je suis par tant de minutie, Pour magnifier ici La Femme et son génie. Sa dentelle floquée en fait un royaume, Où peut s'épanouir la Femme-fleur d'un soir. Guipure et Chantilly forment un binôme, Parées de leurs rubans aux vifs reflets de moire. Préraphaélites, ses multiples couleurs Déclinent les saisons, sur le tulle illusion D'une robe ennoblie par un semis de fleurs, Peint d'un vert printanier ou d'un rouge passion. Mêlant les matités et les transparences, Hymne à la Nature et son évanescence, Sa tombée de métier vient habiller Eve, De son fil de sisal, aux confins des rêves. Orné de dentelle, décoré d'organza, Savamment rehaussés de jolies broderies, S'il est un paradis, il n'est que celui-là, Où
se laisser bercer, jusqu'à l'ataraxie. Marc Nieuwjaer (Villers-en-Cauchy) Prix de la municipalité |
Atelier écriture Adulte– Musée de
la dentelle Exposition Sylvie FACON |
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Sous votre robe… Sous votre robe de dentelle, Qu'il doit y avoir de printemps ! Voici la saison toute belle Aux adorables passe-temps. Sous votre robe de sourire Je risquerai des mots d'amour, Des phrases sans point, même pire, Avec du parfum tout autour. Sous votre robe de princesse Où votre royaume s'étend Offrez donc autant de richesse Et de beauté qu'on en attend. Et sous la robe de votre âme Montrez, s'il vous plaît, par pitié, Ce doux jupon qui vous fait femme A moins… Que vous ne l'ôtiez ? Jean-François Sautière (Caudry) Prix de l'OMC, La Caudriole |
TOI
NATURE |
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Ô quel beau réveil, ce chant d'oiseaux, Douce symphonie miraculeuse, Enchante mon âme, fais rire mon cœur ! Prodigieux concerto sans appeau, Comme Dame nature est heureuse ! Je ne vis que des instants bonheurs. Seuls les anges comprennent leur langue. Ô perles de rosée matinale, Éclats de diamant étincelants Reflets magiques qui me narguent Comme la pureté du cristal, Quel fabuleux trésor, ce levant ! Fragrance unique des beaux sous-bois, Extraordinaire parfum de vie. Jolies petites fleurs de forêt : Digne palette du grand Seurat. Merveilleuse terre que je chéris, Je l'adore et ne veux que l'aimer. Je veux marcher comme la nature, Jouir et profiter de la vie. Que mon cœur regarde vers demain ! Puisse-t-il construire un beau futur, Mariant les couleurs à l'infini De l'homme, ce bon Samaritain ! La Badarine Marchons,
encore et encore ! Ensemble,
main dans la main, Oui,
mélangeons nos cultures, Vivons tous
à l'unisson, Cultivons
notre demain, Vivons un
amour en démesure ! Dominique Schreinemacher Alias BADAR |
Le chemin de la vie |
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J.C. Jacquemin |
Le goût du
vent |
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Ce gastronome de Cancale entame un périple gourmand d'île en îlot, artistement, chercheur de plante à chaque escale. Pour lui l'assiette est comme un ciel où s'esquissent des paysages au gré de ses herbes sauvages fleurant les embruns et le miel. De moissonner la salicorne, la flore rare, et le pourpier, trésors marins de fin limier, c'est s'offrir un régal sans borne ! Il crée, il rêve en cuisinant ; sa découverte l'émoustille dès qu'une savante papille y reconnaît… le goût du vent ! Geneviève Bailly |
Nostalgie |
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C'est dans cette rue Que je t'ai reconnu Nul doute de mon amour Mais qu'attendre en retour ? Te voici volage Et je demeure l'otage Enchaînée à cette flamme Qui dévore mon âme Nul doute de mon amour Mais que me reste-t-il en retour ? Je regarde une dernière fois ton visage Je me dis : quel dommage D'avoir passé l'âge De croire encore à ces mirages. Je pensais la vie finie Mais voilà qu'elle me sourit. Rien ne t'effacera, Personne ne te remplacera, Rien ni personne ne nous réunira Et jamais, tu ne m'aimeras. Je garderai ces images Comme celles d'un beau voyage. Christelle Lesourd |
Découvrir Venise au printemps |
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Quand midi nous attend sur la place Saint Marc De flèches de soleil Apollon tend son arc. Dans un gai clapotis accoste la gondole. Un tapis rouge et chaud s'étire près du môle. Le silence surprend… Des trésors fabuleux Apparaissent partout, éblouissant nos yeux. Étonnés et ravis, nous restons sous le charme. La cloche retentit donnant pour tous l'alarme. Les pigeons s'envolent en frôlant les passants. Les temps du carnaval se disent très galants. Une valse de Strauss, dans le vent qui la porte, Berce l'air de douceurs en agréable escorte. Canaux s'enchevêtrant près des étroits « calli » Ruelles s'étalant pour former des « campi ». On entend les cœurs battre à l'instar de l'horloge Depuis la nuit des temps près de l'ombre du Doge. Sur les bras de la mer les ponts prestigieux Forment des bracelets de la couleur des cieux. Un vieil arbre noueux, à l'abri du vent frais Repose dans la cour non loin du vieux palais. Regardant les maisons et leurs belles arcades Admirons de nouveau les lueurs des façades. Un étalage blanc de tulles et satins Présente des coraux très pâles ou carmin. Près des chevaux cabrés dont le métal scintille, L'emblème du lion à la force tranquille. Le ciel d'un bleu saphir, la tiédeur du printemps, La légende des lieux, font oublier le temps. Nos pas vont vers la nef de cette basilique D'où s'élève le chant d'une voix angélique. Les tracés byzantins d'une nativité Nous parlent de Jésus dans sa Divinité. Jaillissant du bougeoir, une légère flamme Porte tous les espoirs des prières de l'âme. Sur la « Palla d'oro » s'animent les émaux, Les regards étoilés et les très fins joyaux. Dans l'instant en repos nous découvrons Venise, Délicieusement dans un rêve qui grise. Jeanne Bardé |
Les fleurs de
mon jardin |
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Il y a des fleurs dans mon jardin Qui m'attendent tous les matins. Les perce-neige, le forsythia Me disent que l'hiver s'en va. Puis les narcisses et les jonquilles Sans cesse étendent leur famille. Les boutons d'or sans permission Envahissent mon estragon. Je vois s'élever côte à côte Les tulipes et les échalotes. En haut du mur, la giroflée Embrasse le lilas d'à côté, Au creux de leurs grandes collerettes. Je sens l'odeur des violettes Et du muguet qui n'est jamais Au rendez-vous du 1er mai. Viendront les roses, le seringa, Le chèvrefeuille et les dahlias, Et quand il y aura du soleil Vont bourdonner dix-mille abeilles. J'aime les fleurs de mon jardin. Y a pas seulement ce qui nourrit, Il faut aussi ce qui est joli. Quand souvent je rétends mes reins, Je me repose à les regarder. Et quand le vent les fait bouger, Elles me font un petit câlin, Toutes les fleurs de mon jardin. On a chacun dedans son cœur Une réserve de bonheur. On y met ses bons souvenirs, Ses grandes joies, ses petits plaisirs. C'est près d'eux qu'on se réfugie Quand on éprouve de l'ennui, On y retrouve son entrain ; Ce sont les fleurs de son jardin. Quand je remonte à la mairie Tous les mardis et les jeudis Pour la belote, s'il en manque un, Ou pour le 8 américain, Quand je revois comme aujourd'hui Vos bons sourires, vos yeux amis, Je dis tout bas, mais c'est certain, Vous êtes les fleurs de mon jardin. Marcel Lesage |
Cœur nordiste |
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J'écris pour toi, Cœur nordiste… Toi, mineur au grand cœur, Qui descend dans la pénombre, Pour gagner le pain de ta famille. Tu sais qu'elle t'attend, là-haut, Dans la lumière de ton coron. Le boulot terminé, le visage tuméfié, La musette, sur le dos, chargée du dur labeur, Avec le pain d'alouette, toi, le mineur de fond, Toi, le Galibot si droit, tu remontais… Marqué… à jamais, mais heureux… Comme si ta fierté était ton étendard… J'écris pour toi, Cœur nordiste… Toi, mineur de terre noire et de suie, Toi, dont la douleur était tout un symbole ! Toi, qui avais la valeur des tiens… Les voir emplissait ton sourire d'amour Malgré tes poumons remplis de charbon. De jour, comme de nuit, tu vis dans l'obscurité, Mais, dans tes yeux noircis, la lumière brille ! Toi, seul, vois ce bel éclat se tisser là-haut, Pas celui des gaillettes caressées par les lueurs… Tu sais que les silences ne sont pas creux, Les anciens t'attendent, toi le cœur du Nord ! Akim Benaouda, le 29/08/2017, en hommage à Fernand Lancelle |
Balade pour un clochard |
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Si l'on prenait un peu, sur notre temps, Pour lui consacrer un tout petit moment Devant lui, s'arrêter, le regarder, dialoguer, Lui dire des choses pour le rassurer, Seul, il est là, avec tout son désespoir, Allongé, sur un carton, à même le trottoir Posée, à même la terre, Une boîte d'un vieux camembert Sur lui, le regard des gens le fuit en vain Dans une main, un bout de pain Dans l'autre, une bouteille de vin Dans son écuelle, quelques pièces d'euros L'orgueil respectable, de jadis un héros Il a dû perdre, la valeur d'un lingot Il savoure simplement le temps Pour nous il doit sembler différent Si on lui tendait la main Il aurait moins froid, moins faim S'il avait de nous un peu plus de soutien Sûr, beaucoup, mais besoin de rien Notre regard sur lui a pris froid Et lui, il est heureux comme un roi Un jour en sa compagnie, et pour toujours Nous marcherons sur le sentier du vrai amour Plus besoin de temps, d'argent, de clefs Nous qui le jugions sans intérêt, Le regret trop tard de l'avoir aimé. André Ecrivain Histoire authentique d'après
une rencontre avec un directeur lillois, devenu clochard à Cambrai |
Le bonheur |
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Le bonheur chez l'enfant est pur. Quand il lui est donné, il est géant. Il ne demande qu'amour et tendresse. La pauvreté, la richesse, il s'en moque éperdument. Le bonheur chez l'adolescent est fou et troublant. Il est comme ce bouton de rose cherchant la volupté, Impatient de s'épanouir, de découvrir et de brûler la vie. Le bonheur chez l'adulte n'est qu'un méandre fait De périodes heureuses entrecoupées de moments de peine. Le bonheur chez l'homme âgé est peu donné. Heureux qui le connaît et peut continuer à rêver. Bernard Simon |
Un enfant |
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Un enfant, c'est un morceau de soleil qui vient réveiller tes jours gris quand nostalgique tu sombrais. Un enfant, c'est de grands yeux étonnés de découvrir le monde, à petits pas prudents. Un enfant, c'est doux et chaud entre tes bras quand, tout confiant, il s'abandonne pour te livrer tous ses secrets. Un enfant, c'est une partie de toi qui déverse son innocence et ravive tes souvenirs. Un enfant, c'est un rire en plein cœur qui reste en héritage quand tu n'as plus que ta mémoire en partage. Thérèse |
Ma chère planète |
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C’est de Caudry que je t’écris pour te dire que je suis triste. Avec toute cette pollution qui te
couvre, je pense que ça doit être nul d’être couverte comme ça ! Avec tous ces gens qui jettent des
papiers sans faire attention et en plus toutes ces voitures qui polluent. Et
puis tous ces massacres, cette nuit il y a encore eu un
attentat en Angleterre… C’est triste, je voudrais que tout ça
s’arrête : la pollution, les attentats. Si tu voyais les fonds marins, dedans
il y a tous les vieux filets et tous ces coraux morts. Et les forêts, ils les
rasent pour faire des immeubles, des maisons ou des parkings. Il y a plein de nouvelles choses, le
président par exemple, nous avons Emmanuel Macron, avant,
c’était François Hollande et il y avait toujours de la pluie quand il
sortait. Arthur Henniaux (10 ans) 2017 |
Pour la moisson |
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Saint-Hesbaye |
Epousailles « La révolte » |
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Sur le lac |
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L'été, quand l'aurore naissant Se perd sur la surface de l'étang, La frontière fragile, entre l'eau et le ciel, Semble effacée. Le jour s'éveille ! Les rayons pâles du soleil Essayent de percer à travers la brume matinale Et donnent sur l'eau des reflets de miel : Le calme des lieux en semble anormal, La sérénité nous descend des cieux. C'est l'heure que l'on apprécie le mieux. Soudain, une cane pourfend l'eau, Entraînant derrière elle, formation en V, Digne de la Patrouille de France, toute une nichée. Et tout semble beau ! Le héron, perché sur un tronc, Ouvre un œil qui ne dit rien de bon. Ainsi, passe le temps autour du lac. Calmement, loin du stress que provoque le tic-tac Des horloges de pointage Même si on enrage Qui, au travail, comptabilisent Nos moindres actes. Le bonheur n'a pas de balises ? Heureux sont ceux pris par l'esprit du lac. Gérard Rossi |
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L'épreuve Elle allait dans la vie, joyeuse, insouciante, Des boucles folles volaient au vent du soir Je la voyais grandir, sans soucis dans la vie, Pareille à l'oiselet volant de branche en branche Elle était notre force, notre joie, notre espoir. Nous faisions pour elle mille et mille rêves d'or Elle venait vers nous, heureuse et ravie Ses grands yeux disaient… Je vous aime encor' Notre âme vers les cieux s'élevait joyeusement Pour te louer, ô Dieu, toi qui nous l'as donnée Nous disions : Seigneur, elle t'aimera toujours Et sera ta servante, et fidèle et heureuse… Mais Lui, dont les voies sont insondables de nous, A changé le chemin, tout de fleurs semé, L'a rempli d'ivraie, de ronces et de pierres L'épreuve est dure et la coupe est amère Tu veux, Seigneur, selon ta volonté, Que nous la buvions chaque jour, Que nous portions la croix, comme le fils, à genoux, Que nous acceptions tout, Seigneur, de ta main, Qu'avec toi, nous puissions dire « Tout est bien ». A ma fille Christiane, 18 mois Bertry, 3 septembre 1943 – Roger Devillers |
La vie est une contradiction |
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Couplet 1 La vie est une contradiction Hier encore tu te disais « Qu'est-ce que j'ai été con ! » Et maintenant te v'là qui penses « Finalement j'ai peut-être eu raison » Un soir tu t'es accroché à un garçon Et aujourd'hui tu te rends compte que ce n'était pas le bon.
Couplet 3 Un jour t'as rêvé d'être Céline Dion Le lendemain je te découvrais menuisier et puis maçon Hier tu étais passionné de violon Et aujourd'hui te v'là à jouer de l'accordéon Tu veux que je te dise, mon p'tit Lusson ? La vie est franchement une sacrée contradiction. Clarisse |
Alger, mon Passé |
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Ô Ciel, toi, le Regard de mon Passé... De ce temps où défendre son pays Était une hérésie... Une folie, un Honneur ! Ô Souvenirs, dans mon coeur lourd... A jamais rempli de ces Larmes asséchées ! Raison ou Déraison, baignées dans
l'Amertume ! Choisir sa patrie...Évidence à jamais
bannie... Choisir de vivre ou de mourir... Comme
si... Choix des survivants, Semeurs de l'Histoire
.... Faits d'armes sans Vérité aux yeux des
Oubliés ! Mon camp a des valeurs sans mémoire... Le Désert m'en est témoin… Je ne suis qu'un homme qui rêve ! Un homme, démuni, qui veut Hurler ! Ô Ciel, toi le Regard de mon Passé... De ce temps où défendre son pays Était une hérésie… Une Folie, un Honneur !
Ô Souvenirs, dans mon coeur lourd... A jamais rempli de ces Larmes asséchées ! Raison ou Déraison, baignées dans
l'Amertume !
Pour la Libération, Soldat, je le suis
devenu ! Pour mes Valeurs, Patriote, je l'ai montré
! Expatrié, exilé des Miens, j'en ai payé le
prix ! Aujourd'hui, je ne sais plus qui je suis !
Ma vie, un amas de Batailles pour une
guerre... Pour une cause qui m'a condamné à survivre,
A faire de ma Famille, mon Univers, ma
Dignité, Contre vents et marais, moi, l'Homme si
Fier ! Patricia Loughani Lancelle, décembre 2017 pour Yacoub Benaouda |
Les Maisons |
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Sur terre, il y a toutes
sortes de maisons, Sur l’eau, elles sont
montées sur pilotis. Les igloos sont faits avec
de très gros glaçons, Ce sont les Inuits qui les
ont construits. En Afrique, on vit dans
des cases ou des huttes, Qui sont faites de
feuilles, de paille et de bois. Ces constructions sont
bâties dans un seul but, Se protéger de la chaleur et
aussi du froid.
Erreur ! Signet non défini. Les yourtes sont fabriquées par des nomades, Ce sont des tentes en toile, de formes rondes, Pour les monter, ce n’est pas de la rigolade ! On en voit de plus en plus dans le monde. Les indiens font des tipis en peau de bisons, Cela leur suffit pour vivre heureux. Ils sont vraiment très fiers de leurs habitations, Pour eux, c’est ce qu’il y a de mieux !
Chez nous, ce sont d’autres constructions, Vous les connaissez bien puisque vous y vivez ! Elles sont en briques, en bois ou en béton. Beaucoup plus solides, elles durent une éternité. Reine DELHAYE-BURLIONErreur ! Signet non défini. |
LA DEUXIEME ARCHE DE NOÉ |
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Julie,
Jérémy et les Autres… Rêvait-elle ? Des rayons lumineux pénétraient la chambre à travers les interstices des volets et sculptaient l’espace de sa chambre de formes blanches ou sombres ! Un théâtre d’ombres chinoises ? La lumière découpait des personnages ou des arbres sur les murs et le plafond. S’agissait-il d’une hallucination ? D’un orage lointain ? Julie devrait percevoir les roulements sourds du tonnerre ! Elle se redressa sur le lit et se dirigea, toute tremblante vers la fenêtre et ouvrit les volets. Une lumière éblouissante l’agressa, un mouvement d’air agita la chambre. Un bruissement lui parvint derrière le magnolia du petit jardin en contrebas de la chambre. Une forme circulaire se dessina à travers le feuillage de l’arbre : voilà d’où venait le bruit ! Elle se pencha vers le bas et frémit en voyant deux personnages de petite taille au pied de l’arbre qui la regardaient. Elle se fit violence pour dévisager ces êtres ! Leurs yeux étaient ovales, voire allongés. Leur visage disparaissait derrière une capuche sombre associée à une sorte de combinaison noirâtre. Elle vit alors un tube de lumière sortir de l’engin circulaire et se diriger vers elle. Elle se sentit alors aspirée par lui à travers la fenêtre. Elle vola à trois mètres du sol et intégra l’engin. Quand il se leva, Jérémy se dit qu’il était à la « bourre », une fois de plus, alors que ses coéquipiers du club de foot comptaient sur lui ! Il but un bol de chocolat, tout en croquant quelques bouchées de pain grillé. Il bondit vers l’extérieur, avec son sac, dans la ruelle qui traversait les prés avant de rejoindre une petite vallée, puis finalement débouchait sur la route où l’attendait le bus. Enfin, il l’espérait ! Sa course l’approchait de cette dépression creusée par la route de campagne : lieu où les enfants jouaient aux cow-boys et aux indiens ! Il vit un trait ou une forme blanche traverser le ciel entre les deux talus ! Arrivé dans la dépression, un chuchotement lui fit dresser l’oreille vers la droite où deux petits êtres dévalaient le talus dans sa direction. Il resta comme pétrifié. Ils lui arrivaient au thorax. Ils lui saisirent le bras et il lui sembla qu’ils lui enfonçaient une aiguille ! Il se dit que ses amis devraient se passer de lui pour ce match aussi important et perdit connaissance. Autre continent : une équipe s’aventure sur la canopée, prélevant échantillons dans des boites répertoriées avec soin. Les chercheurs européens suivaient la cime des arbres, se déplaçant sur une sorte de canot, glissant à l’aide de cordes tendues entre les troncs. Insectes, petits mammifères, plantes faisaient l’objet d’un répertoire minutieux, rigoureux. O.I. ne vit pas tout de suite l’engin gris argent se glisser à travers la canopée, derrière lui. Un tube de lumière blanche parvint jusqu’à lui et l’aspira. Les chercheurs virent le journaliste s’évaporer dans l’espace ! K.N.C. et D.O. se penchaient sur un crop circle taillé dans un champ de maïs du Cambrésis : le propriétaire du terrain les guidait et répondait aux questions incessantes des ufologues. Quelle heure ? Quel était l’état du ciel ? Y avait-il du bruit ? Et les lumières ? Le cultivateur avait alarmé H.M.d’A, poète patoisant et voisin. Une boule blanche fit son apparition vers le fond. « Tiens, il y en a une qui revient ! » s’exclama le paysan. L’agriculteur, qui s’était attardé sur un détail du terrain et s’était ainsi éloigné du groupe, aperçut une forme de lumière s’extirper de la boule (plus tard, il la compara à un tuyau) et tourner en trombe autour des trois autres personnages, avant de les avaler ! Le poète aurait dit : « Cocké k’cha ? ». F.N. réglait son télescope sur le plateau du Périgord Noir où il avait jeté son dévolu pour installer son observatoire. Le ciel limpide de cette soirée promettait ! Il mit son œil au niveau du cercle oculaire pour un dernier test avant de rentrer derrière son ordi. Une étoile remplit le champ de l’appareil : cela occupa sa réflexion avant de s’endormir ! A suivre : Hertia May |
Hypnose |
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21 septembre Un bruit sourd se fait entendre, faisant trembler les murs, se répercutant dans les couloirs et les salles de classe. Je regarde autour de moi, des élèves s'affolent, s'interrogent. Puis la confusion cède sa place à la panique. La rumeur qu'il y a un mort se répand comme une traînée de poudre. Tout le monde veut sortir. Ils se précipitent tous dans l'entrée du bâtiment principal. Imaginez un peu, plus de six cents élèves réunis dans un même couloir, criant, jouant des coudes pour se frayer un chemin jusqu'aux doubles portes. Au début, je fais comme eux, je suis bêtement le troupeau. Mais il commence à y avoir des émeutes et je me rends compte que m'engouffrer dans la cohue n'est pas la meilleure des idées. Alors je fais demi-tour, courant jusqu'aux toilettes. Le cœur battant la chamade, je m'enferme dans la troisième cabine, la plus éloignée de la porte. Je me recroqueville dans le fond de cette dernière, serrant mon sac de cours contre moi comme s'il s'agissait du trésor le plus précieux qui puisse être. De mon refuge tout semble calme, très silencieux. Mais bientôt, cette tranquillité est rompue par l'arrivée d'un individu. J'entends ses pas lourds sur le carrelage, son souffle irrégulier, effrayé. Les portes de chacune des cabines s'ouvrent, allant claquer contre les parois en aggloméré. Je me redresse, tous les sens à l'affût et prie pour qu'il ne force pas la porte de la cabine dans laquelle je me trouve. Je voudrais tellement avoir le courage de me mettre debout pour m'agenouiller sur les toilettes de sorte que l'on ne voit plus mes pieds de sous la porte. Mais je suis paralysée par la peur. La porte est enfoncée. Un deuxième bruit sourd se fait entendre. Il n'y a plus le moindre doute à avoir, il s'agit de coups de feu. Le jeune homme s'écroule sous mes yeux, une large tache de sang imprégnant peu à peu le dos de son pull gris, dessinant une auréole marron foncé sur celui-ci. Je ne peux m'empêcher de hurler, cherchant à m'enfoncer le plus loin possible dans la minuscule pièce. Je reconnais les traits doux de Gabriel, mon voisin de table en sciences appliquées. Mes cris redoublent d'intensité et je vois le sang grignoter chaque petit carreau de carrelage, glissant dans les interstices. Ma voix s'éraille tandis que je réalise que la vie ne tient qu'à un fil. Soudain, je me tais. Le tireur, le tueur, va m'entendre si je continue. Il va me faire taire si je ne le fais pas moi-même. Je me mets une main sur la bouche, m’empêchant ainsi de crier quoiqu'il arrive. Désespérée, je me frotte les yeux, me pince, mais il n'y a rien à faire. Gabriel gît toujours là, à mes pieds. Ce n'est pas un rêve. Mais j'aimerais tellement que ça en soit un. Je serre mon sac tout contre moi puis, prenant mon courage à deux mains, j'enjambe le corps sans vie de mon camarade et cours telle une dératée à travers tout le lycée. Il n'y a plus personne, je suis désormais libre de sortir. Alors que je passe devant les casiers, je réalise que j'ai perdu de vue ma meilleure amie lors du premier coup de feu : Karen. Où est-elle ? Nous nous tenions là, devant mon casier, et nous discutions. Elle me racontait sa soirée de la veille. - J'étais frigorifiée, tu vois, et il m'a donné son blouson puis m'a embrassée en me disant qu'il m'aimait comme un fou. Il était tellement mignon ! Tu imagines, Agathe, lui… Coup de feu. Dans la panique, j'avais laissé Karen aux casiers, seule, livrée à elle-même. Je l'avais lâchement abandonnée. Karen, mon amie, ses longs cheveux vénitiens lui tombant dans le dos, ses yeux verts d'eau et sa bouche fine de couleur rosée. Qu'est-elle devenue ? Je suis inquiète. Les larmes coulent à flots le long de mes joues. Je tremble comme une feuille, j'ai la sensation d'avoir été vidée de mes forces. La tête me tourne et je me laisse aller contre les casiers, fermant les yeux, tentant de faire le vide, me convainquant qu'elle s'en est sortie, qu'elle a rejoint sa famille dehors. A mon réveil, un policier est à mes côtés avec ma mère et un ambulancier. D'emblée, je cherche mon sac à dos. Je ne sais pas exactement pourquoi mais je sais que c'est important, qu'il me le faut à côté de moi. Un médecin teste mes signes vitaux, établissant que je n'ai rien. Du moins, physiquement parlant. Je tourne la tête dans tous les sens, encore sous le choc. Je cherche des personnes que je connais. Parmi elles, j'espère voir Karen. Mais elle n'est nulle part. - Mademoiselle, est-ce que vous allez bien ? m'interroge l'ambulancier, remarquant ma nervosité. Il jette un œil à ma mère, visiblement inquiet devant mon agitation. - Oui, je vais bien, déclarai-je froidement. C'est vrai, mais uniquement sur le moment. Ensuite, un flot de souvenirs m'assaillent, perturbants. Je saute sur mes pieds en voyant la BMW des Deveaux se garer sur le trottoir face au lycée. Je dois aller les voir, leur demander s'ils ont eu des nouvelles de mon amie. Mais les médecins me forcent à me rasseoir. Je m'exécute, comprenant que les contrer ne fera qu'aggraver la situation. - Combien de doigts voyez-vous, mademoiselle Wagner ? Je regarde furtivement ce qu'il me montre. Le chiffre sept. Mais je suis bien plus préoccupée par la radio du policier qui grésille et dont une voix féminine sort, apparemment bouleversée, qui fait une annonce terrible. - Bruno, nous avons… Nous avons deux morts. Je répète, deux morts. L'homme, les cheveux grisonnants, se montre impassible. Son visage est un masque d'indifférence. Platement, il répond à sa coéquipière. - Je t'envoie Thomas et Julien. Deux morts. Il y a Gabriel, je l'ai vu mourir… Mais qui est le deuxième ? Pourvu que ce ne soit pas Karen. Mon Dieu, pourvu que ce ne soit pas elle. Je ne m'en remettrai pas. Maman me serre la main, en pleurs. Je l'embrasse sur la joue en tentant de la rassurer. Curieusement, les rôles sont inversés. Le dénommé Bruno se tourne vers moi, un bloc-note en main. - De quoi vous souvenez-vous, mademoiselle Wagner ? De quoi je me souviens ? De tout un tas de choses. Mais les souvenirs se mélangent et quelques éléments m'échappent. Je ne veux ni les voir, ni les comprendre, ce qu'ils me racontent me paraît impossible, complètement dingue. Je dévisage ma mère, scrutant sa bouche et ses yeux avec insistance, espérant secrètement qu'elle me souffle quoi dire. Bien sûr, elle ne le fait pas. Elle n'était pas là-bas. C'est une chance qu'elle n'a pas eu à voir ce que j'ai vu. - C'est très confus, monsieur… Je ne sais plus très bien. Je mens. En vérité, je sais très bien, je suis juste terrorisée. Là maintenant, tout ce que je souhaiterais c'est savoir l'état de Karen et où elle se trouve. Regardant ma mère, le médecin qui a tout écouté explique que ma mémoire a bloqué les souvenirs, comme une barrière pour m'empêcher de dire quoi que ce soit, pour me protéger de l'horreur de la situation. D'après lui, c'est un phénomène courant lors d'événements graves. Il envisage de me faire consulter une psychologue pour que je me souvienne. Mais je ne veux pas. Je ne veux pas me souvenir. Pourtant, étant la dernière à être sortie, les policiers comme les médecins pensent que je sais qui est le tueur. Mais déjà je ne prête plus attention à ce qu'ils racontent. Au loin, je vois sortir un brancard recouvert d'une housse en espèce de caoutchouc noir. Puis un deuxième. Je panique. Qui est-ce ? Gabriel, je le sais. Mais l'autre ? Je me lève précipitamment de la chaise pliante où l'on m'a installée en urgence et cours derrière les policiers qui emmènent les corps. - Qui est-ce !? m'exclamai-je, au bord de la crise de nerf. Je n'en peux plus de cette incertitude. Un policier costaud me repousse et me darde d'un regard noir sans rien me répondre si ce n'est que je devrais retourner auprès de mes parents. Mais je ne lâche rien. Je le bouscule et fais face au brancard. Durant un instant j'hésite puis je me jette à l'eau, découvrant le corps de la victime. Les cheveux blonds vénitiens de la jeune fille entourent son magnifique visage fin, figé à jamais dans l'année de ses seize ans. Sa bouche rosée est entrouverte et du sang séché forme des croûtes aux coins de celle-ci. Ses paupières closes sont pâles, trop pour qu'elle soit encore en vie. Mais je ne veux pas le croire. Ça ne peut pas être Karen. Je refuse que ce soit elle. Je me sens happée en arrière, on me sermonne mais je n'écoute rien, fixant l'autre côté de la route. Les parents de mon amie accourent et je vois Isabelle qui s'effondre à la vue du cadavre de son enfant, son bébé. Je recule, m’éloigne. A la maison, j'appelle les Deveaux, souhaitant parler à Karen. Ils me soutiennent qu'elle n'est plus là. Mais c'est faux. Pas vrai ? Elle est là, quelque part. Seule. Je l'appelle sur son téléphone portable, lui envoie des textos. Mais ils restent sans réponse. A suivre… Skyen |
Maille à l’envers |
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Pour préparer ta naissance, avec tout son enthousiasme de grand-mère, m’man t’avait tricoté un véritable assortiment de brassières ! Pastel et saumon, blanc et azur, parme et lilas, tu en avais de toutes les couleurs ! Du bonnet de laine aux petits pantalons, avec les bretelles harmonieuses, du manteau avec les boutons nacrés, aux robes à liserés, du chandail mimi aux jupes à volants, tu avais ton trousseau en belle layette !... M’man et la laine, cela a toujours été une grande histoire d’amour ; coincée entre les murs de notre maison si étanche, c’était plutôt son échappatoire, sa seule façon de s’évader. Une maille à l’envers, une maille à l’endroit, inlassablement, son ouvrage passait d’une aiguille à une autre, pendant ses interminables travaux de tricot. Comme le fil conducteur de sa vie, peut-être qu’elle voulait connaître le bout du bout de ses pelotes de laine ; avec une autre heure, et une autre, et une autre, entièrement dévolue à son ouvrage, elle ne pensait plus à sa pénible condition ; m’man tricotait le temps… Quand elle ouvrait son placard, les parfums capiteux de naphtaline me sautaient au visage ! Moi, je liais cette odeur envoûtante aux parfums du passé. Dans cet antre secret, les étagères étaient remplies de ses pelotes de laine ; elles étaient placées en hauteur pour que je ne les attrape jamais. M’man cachait ce qu’elle trouvait précieux et quand elle n’arrivait plus à remettre la main dessus, elle me demandait où c’était… M’man, quand elle recevait son colis de pelotes de laine, c’était comme si le père Noël était passé ! Au déballage, devant chaque pelote, elle était émerveillée ; vérifiant la texture, l’onctuosité, la légèreté, la solidité, elle se voyait déjà crocheter ce fil aux desseins de ses travaux les plus émérites. Comme si elle tenait un petit animal entre les mains, elle me laissait caresser les plus douces ! Elle les approchait de mon visage et me frottait délicatement la joue ! Rentrant le cou, j’en avais des frissons tout neufs d’une volupté aussi intense qu’innocente ! Quand la maison était silencieuse, maille à l’envers, maille à l’endroit, on entendait le cliquetis incessant de ses aiguilles au duel d’un nouveau pull-over… Parfois, quand je rentrais en courant dans sa petite pièce pour lui parler, d’un geste sévère et péremptoire, elle m’ordonnait de me taire ! Elle recomptait ses mailles… Alors, je repartais sur la pointe des pieds comme si l’avenir de mon pull en dépendait… M’man tricotait pour toute la famille, même pour les poupées et poupons de mes soeurs ! Grosses côtes, petites côtes, grandes aiguilles, petites aiguilles, small ou XXL, rien ne l’arrêtait ! Je dirais même qu’elle adorait les difficultés rencontrées sur ses livres de tricot ; elle réussissait toujours ! Quand, une fois de plus, elle vainquait les torsades, les diminutions, les ourlets, au milieu de toute sa laine et de tous ses challenges de comptage abscons, avec un petit sourire entendu et des crampes dans les doigts, elle disait sobrement : « C’était coton »… Pendant ses travaux, m’man prenait tout le temps des mesures avec son mètre ; elle avait peur qu’on grandisse plus vite que son ouvrage ; c’est pour cela qu’elle n’arrêtait jamais de tricoter. Quand elle l’oubliait sur une table ou sur une chaise, j’en profitais pour mesurer la maison. Au moment des essayages, elle me courait après pour juxtaposer un pan de son tricot contre mon torse ou mon dos ; elle me faisait plier le coude pour vérifier la longueur de sa manche ; elle tirait doucement sur sa réalisation pour ne pas avoir à recommander d’autres pelotes. Maille à l’envers, maille à l’endroit, m’man faisait la course avec les aiguilles de l’horloge de la cuisine… Parce qu’elle était pointilleuse, perfectionniste, passionnée, assidue, quand elle n’était pas satisfaite de son travail, résolue mais jamais abattue, elle défaisait toute sa création en tirant nerveusement sur le fil de laine ; moi aussi, j’avais parfois le droit de tirer sur ce fil. Comme un tour de magie extraordinaire, c’était amusant de voir l’ouvrage diminuer à vue d’œil. Mais, comme toujours, c’était pour récupérer la laine dans le but de confectionner bientôt un autre vêtement d’hiver : bonnets, capuches, chaussettes, gilets, passe-montagnes, écharpes, m’man relevait tous les défis. Après avoir lavé sa laine, quand elle m’attrapait au vol, occupé à mes jeux de gamin, je devais mettre les bras parallèles devant moi et elle tissait, de l’un à l’autre, des guirlandes bleues, rouges ou vertes, comme des colliers de polynésiens. Ensuite, avec un coup de poignet adroit, elle fabriquait ses belles pelotes, toutes rondes, et prêtes à resservir. C’est pour cela qu’il n’y a jamais eu de chat chez nous, c’était pour qu’ils ne viennent pas perturber le travail de ma mère… Couvertures en patchwork, châles, plaids, ou gilets de Starsky, maille à l’envers, maille à l’endroit, m’man suivait la mode ! Elle avait même gagné un concours de tricot en envoyant, dans un livre spécialisé, des photos du pull de Jean Marais, quand il jouait dans « L’Eternel Retour » ; elle avait reconstruit le patron à la perfection. M’man élevait ses efforts de tricotage jusqu’à l’œuvre d’Art… Maille à l’envers, pendant l’élaboration d’un poncho, elle visitait le Mexique, m’man, elle traversait la Cordillère des Andes ; elle survolait le volcan Popocatépetl et ses frasques d’éruption. Le tricotage d’un pull irlandais ? Maille à l’endroit, c’était les paysages du Connemara, le Comté de Galway et ses moutons, le musée des Ecrivains à Dublin. Quand je portais un de ses pulls, forcément, j’étais un peu irlandais… Moi, je jouais avec les bouts de laine, les restes de pelote ; en mélangeant les tissages, c’était idéal pour mes planques de soldats, dans cette forêt inextricable. Je me souviens de ses livres d’échantillons de laine qui débordaient des pages ; je caressais les couleurs pour savoir si l’une était plus chaude que l’autre ; je tâtais les épaisseurs pour apprécier le moelleux ; certains avaient des filaments d’or et d’argent dans leurs torsades, d’autres avaient des effets vaporeux qui les rendaient encore plus rembourrés et plus soyeux. Les aiguilles à tricoter ? C’était mes flèches pendant mes épiques combats de cow-boys et d’indiens et, la jeannette, c’était la diligence !... Comme un trésor inestimable, m’man avait ses réserves de pelotes de laine ; sans trop nous faire gronder, on pouvait faire un accroc, filer une maille, arracher une poche, grandir, elle avait toujours de quoi réparer l’outrage. Quand mes parents ont déménagé à Saint-Bardoux, ma mère avait doté la moitié des têtes du village avec des bonnettes, toutes plus belles les unes que les autres !... De maman, j’ai encore mon pull-over de pêche et un grand gilet complètement hors de mode mais dont je subodore l’immense travail accompli dessus ; tu comprends bien pourquoi je ne peux pas m’en séparer. Oui, ma fille, pour préparer ta naissance, ta grand-mère t’avait tricoté tout un assortiment de brassières. Tu en avais de toutes les couleurs. Maille à l’envers, maille à l’endroit, c’est elle qui t’a donné tes envies de grands voyages… Pascal. |
AÇVINE |
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Une drôle de
grande tante |
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Jules Mesnard, manutentionnaire dans un hypermarché, vit une vie dépourvue de fantaisie. Il vit dans un petit immeuble, dans une grande tour de banlieue où tout est gris et sale. Mais Jules rêve à une vie meilleure. Si seulement il avait plus d'argent, il pourrait faire des tas de choses. Il voyagerait, aurait des tas d'amis, enfin il s'amuserait car pour le moment ses modestes moyens ne lui permettaient pas de vivre comme il le voulait. Un soir en rentrant de son travail, il trouva dans sa boîte aux lettres un courrier lui annonçant l'héritage d'une grande tante et pour lui cet héritage allait lui permettre de vivre comme il voulait. Sans même connaître le montant de son héritage, il décida de changer de vie. Il déménagea, acheta des meubles, il habita désormais dans un grand appartement, dans une super résidence. Il eut, du jour au lendemain, des tas d'amis, il fréquenta les beaux restaurants, les boîtes de nuit à la mode. Un seul problème, il acheta tout à crédit, mais il ne s'inquiéta pas, l'héritage couvrirait toutes ses dettes. Au bout de trois mois enfin, le rendez-vous qui allait changer sa vie arriva. Il était fou de joie et c'est très excité qu'il se rendit chez le notaire. Durant la lecture de l'acte, il écouta à peine, il attendit le moment où il allait connaître le montant de la somme que lui avait légué sa grande tante et là, tout s'écroula : le notaire lui annonça qu'il avait hérité du secrétaire. Pour lui, la descente aux enfers commença, il fut expulsé de son appartement et se retrouva avec ses vieux meubles dans une toute petite chambre dans un quartier mal fréquenté, tous ses amis lui tournèrent le dos, sans travail il ne put payer ses dettes et il se retrouva dans une vie qu'il détesta. Fou de rage il se leva et se mit à donner des coups de pieds dans ce secrétaire. Il ne s'arrêta que quand ce meuble fut réduit en un petit amas de bois. Soulagé, il regarda ce tas de bois et son regard fut attiré par un petit sac en velours noir. Il se baissa et il trouva à l'intérieur un gros diamant. Il ne sut que penser, fût-ce un vrai ? La vie allait-elle lui sourire ? Il se rendit chez un joaillier et fit estimer ce bijou. Sa grande tante ne s'était pas moquée de lui, il était d'une grande valeur. Mais ses multiples déboires lui avaient servi de leçon. Il paya toutes ses dettes, habita une jolie maison, mais il vécut de façon modeste. Son héritage l'aiderait à aider des gens dans le besoin, il savait trop que quand on n'a plus rien, tout le monde vous tourne le dos. Enfin, il trouva un sens à sa vie. Jean-Baptiste Cursano
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PENSÉE |
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Dans la vie, il existe deux types de voleurs : 1-Le voleur
ordinaire : c’est celui qui vous vole votre argent, votre porte-feuille,
votre montre, votre téléphone, etc. 2-Le voleur
politique : c’est celui qui vous vole votre avenir, vos rêves, votre savoir,
votre salaire, votre éducation, votre santé, votre force, votre sourire, etc.
Une grande différence entre ces deux types de voleurs,
c'est que le voleur ordinaire vous choisit pour vous voler votre bien, tandis
que le voleur politique, c’est vous qui le choisissez pour qu’il vous vole. Et l’autre grande différence, qui n’est pas des moindres,
c'est que le voleur ordinaire est traqué par la police, tandis que le voleur
politique est le plus souvent protégé par un convoi de police ! HMA |
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Hans Cette
musique céleste qui n'en finissait pas de jouer à l'infini de nos
étonnements, avec ces lumières orange, ces lumières bleues, ces lumières
blanches les plus assourdissantes d’entre-elles. Et puis les rouges, cette
lumière rouge partout et toujours. Le rouge des arbres qui se consumaient, le
rouge des toits qui s'écroulaient, le rouge que vomissaient les canons, le
rouge du sang de mes compagnons qui s'éteignaient dans des hurlements
apocalyptiques. C'est cette
nuit-là, que je me décidai enfin. Cela était trop pour moi. Mon ami Otto, mon
frère depuis deux ans qui ne me quittait pas, que je ne quittais jamais. On
ne voyait jamais l'un sans l'autre. Nous nous sommes saoulés au même schnaps,
nous avons bouffé à la même gamelle, pleuré les mêmes femmes, lu les mêmes
lettres de nos pères, obéi aux mêmes ordres stupides, étreint les mêmes putains.
Mon ami Otto venait de maculer ma vareuse du meilleur de lui. Son sang
bouillant a jailli de sa tête en un feu d'artifice humain, brûlant mes joues,
mes yeux, ma bouche, sa cervelle glissait mollement le long de l'étoffe de
mon manteau perclus de boues raides et froides. Je ne pouvais en supporter
plus. J'ai calmement déposé mon fusil contre la paroi de la tranchée de terre
infecte. J'ai réuni
les restes d’Otto qui collaient encore sur ma capote et les ai délicatement
mis dans la poche intérieure du manteau. J'ai alors
très lentement enlevé mon casque à pointe et je l'ai jeté au loin vers les
lignes françaises. Les tirs des mitrailleuses ont un peu repris. Qu'est-ce
que cela pouvait me faire finalement ? J'ai enjambé la rambarde censée
nous protéger des balles ennemies, et rampé je ne sais combien de temps entre
les lignes adverses. J’avançais
crâne nu, en silence, au rythme des mitrailleuses qui se répondaient
méchamment de part et d'autre du chemin. Enfin tout
s'est tu, et l'aube est venue. J'étais au milieu de nulle part, exténué,
suant et tremblant, puant la merde refroidie dans mon pantalon de serge
déchiré. Otto était toujours contre mon cœur. Je me suis relevé. Un merle m'a
salué, je lui ai souri au travers de mes larmes. J'ai regardé mes mains. Mes
dix doigts étaient là, bien à leur place et bien mobiles. Alors je suis tombé
à genoux et j'ai pris mon visage entre mes doigts précieux. Et j'ai pleuré
encore et encore et crié, hurlé, vociféré toutes mes peurs, toutes mes rages,
toute ma haine. Et crié encore: non je ne retournerai plus sauver la patrie.
C'est fini. Je suis mort. Je n’existe plus. Je ne suis plus Hans Frédéric Von
Muller. Oublié le
lieutenant du quatrième peloton du dix- septième régiment d'infanterie. La
guerre est finie. Adieu le chemin des dames. - Hé là toi!
Viens ici! - Oui, j'arrive monsieur. - T'es qui
toi? Je ne t'ai jamais vu par ici. - Non,
monsieur. Je suis soldat. Tout le régiment a été détruit. Mes camarades sont
morts. Depuis dix jours je marche dans la campagne. Je suis seul et perdu. - T'as un
drôle d'accent mon garçon. Tu ne serais pas allemand? - Non, je
suis de Riquewihr en Alsace. - Et les
vêtements que tu portes? Ce n'est pas très militaire. Où est ta tunique?
Approche un peu que je te regarde de plus près. Ce n'est pas du bleu, pas du
rouge tout ça. - Mon
uniforme était en loque. Hier une dame bien gentille m'a donné cette chemise
et ce pantalon. - T'es pas un peu déserteur, mon gars? - Non, je
vous le jure. Mon régiment a été détruit et je suis alsacien. - Tu l'as
déjà dit. T'es de Colmar. - Non de
Riquewihr. - Bon, viens
là. On va régler ça avec la femme. On va voir ce qu'on va faire de toi. C'est comme
ça que je me suis retrouvé prisonnier français au bout d'une fourche d'un
fermier atrabilaire et colérique. Je ne me plains pas. Les obus, la mitraille
ne me concernent plus. Mes mains sur la tête, la fourche menaçante au creux
des reins, je précède, soulagé, mon tortionnaire. Nous sommes entrés dans la
ferme. Il m'a poussé sans ménagement dans la cuisine. Une formidable chaleur
irradie la pièce chaulée. Sur une table de chêne carrée, deux bols et deux
assiettes attendent les convives. Mon tourmenteur m'invite à m'asseoir. - Henriette,
j'ai quelque chose pour toi. - Quelque chose
pour moi? Tu as bu, Hector ? - Non, viens
voir par ici. C'est du solide! - Mazette,
c'est quoi cette chose. D'où c'est qui vient celui-ci? - Y traînait
à l'entrée du bois, l'avait pas l'air ben courageux le garçon. - Qu'est-ce
qu'on va en faire? - C'est des
bras. Il remplacera Léon. - Mais
qu'est qu'y vont dire à Fontaine ? - Pas obligé
de le montrer sur la place. Parait qu'il est alsacien. - Un schleu,
c'est humain ça ? - Henriette,
c'est des bras. Et je crois qu'il n'a pas envie d'y retourner, à la guerre,
le garçon. Trésor de guerre, y va trimer pour deux. - Oui, mais
si le maire l'apprend ou le curé ou le notaire ou monsieur l'instituteur.
Qu'est-ce que l'on va leur dire? - On ne leur
dit rien à Fontaine au Pire. Y va retourner les champs du marais et s'occuper
des vaches et de la basse-cour. Là personne jamais ne vient. Laisse-moi faire
Henriette. - T'as quel
âge bonhomme? -
Vingt-quatre ans madame. - L'âge de
notre Léon. Voilà comment
je suis devenu garçon de ferme. Moi le fils unique du comte Gustaf Von
Muller. J'ai appris à manier la faux, le sarcloir, la bêche, à tirer les
bœufs qui enfoncent le soc dans la terre tendre. Mes belles mains se sont
usées, se sont calées sous les manches, les cognées, sous les fagots de blé
que je portais de plus en plus lourd, de plus en plus haut, de plus en plus
vite, mes mains qui s'adoucissent aux petits matins sous les pis généreux des
vaches aux regards tendres, qui se sont cassées les ongles à distribuer tant
de grains, qui ont recueilli tant d’œufs, qui ont nettoyé si souvent la cour,
qui ont récolté tant de fientes de ces maudits gallinacés. Mes mains, je ne
leur demande plus si elles joueront encore, ni pourquoi elles sont faites. Cela fait
bientôt deux ans que je suis le prisonnier personnel d'Hector et d'Henriette,
à Fontaine-au- Pire. Personne ne s'inquiète plus de ma présence stupéfiante.
Chacun vaque à ses occupations. Aucun ne m'ignore, mais aucun ne fraternise
non plus. Je suis l'homme le plus jeune du village. Cela éveille quelques
convoitises, quelques jalousies aussi. Alors je me tiens à distance, terne et
taciturne. Seule Élisabeth, la veuve du boulanger connaît mon secret, moi je
connais les siens. À la nuit
tombée dans ses bras, j'oublie un peu les rires d'Otto, les colères d'Hector,
les leçons de français de piano de maman. Le château de Coblence. Moi, le
futur concertiste le plus prometteur d’Allemagne. Moi, promis à une brillante
carrière de pianiste, je suis le garçon de ferme de Fontaine-au-Pire. J'ai
pris la place du fils, voilà tout. Et puis il y
a eu ce jour de septembre. Le vingt-huit septembre mille neuf cent dix-huit.
C'était un lundi. Une lettre est arrivée. Elles sont rares les visites du
facteur. On a peur de cet homme. Ce n'est pas
de sa faute. C'est la fonction. Il faut bien quelqu'un pour apporter les
nouvelles, bonnes ou mauvaises. - Bonjour
facteur. - Bonjour
Henriette. - Quel vent
t’amène? Un café? Une prune? - C’n’est
pas de refus Henriette. Hector n’est pas ici? - Suis là,
le Firmin. T'es pas vraiment le bienvenu pendant les heures. Tu le sais bien. - Je le sais
bien l'Hector. Ce n’est pas moi qui décide des noms sur les enveloppes
l'Hector. - C'est bien
vrai. Mais viens au fait, puisque t'es là. - C'est une
lettre d'Allemagne. -
D'Allemagne ? Le kaiser veut récupérer l'alsacien ? - Peut être
bien ! Mais elle ne vient pas de Berlin, la lettre. - Ah ! D'où
qu’elle vient alors ? - Coblence. - Connais
personne à Coblence et toi Henriette ? - Bon
Hector, tu la prends cette lettre ou je dois le faire moi-même. - Oh tout
doux l'Henriette. Je vais te l'ouvrir, cette lettre. - Oui,
ouvrez-là ! C'est peut-être des bonnes nouvelles. Les vraies mauvaises ne
viennent jamais comme ça. - Si tu le
dis, facteur. « Mes
chers parents, C'est moi
Léon, je vais très bien. J'ai été fait prisonnier sur le chemin des dames en
seize. Je suis en Allemagne depuis, d'abord dans une usine à Munich où on
faisait des douilles pour les obus de cent quinze. Mais depuis le mois de
janvier dix-sept, je suis à Coblence chez des gens très gentils. Je dois
entretenir le jardin du château et je fais l'intendance. J'ai une chambre
pour moi tout seul. Madame la comtesse m'apprend l'allemand et le piano. Je
ne manque de rien. La guerre est loin d'ici. D'après monsieur le comte c'est
très calme, chez vous aussi ? L'autre jour, il m'a dit que les allemands sont
en train de perdre la guerre. Que bientôt ce sera fini, tout ça. Que le
kaiser va démissionner. Enfin je n'en sais rien de tout ça. Je vous donne une
photo que monsieur le comte a fait devant le château. Je suis au milieu entre
eux deux. Je vous
embrasse très fort Léon. »
- Mon Léon,
mon Léon, comme il est beau! Il est vivant! Mon Léon est vivant chez les
allemands! Moi, j'étais
là dans l'encadrement de la porte, pâle et transparent. Je n'avais pas besoin
de voir la photo. Des comtes à Coblence, il n'y en a qu'un. Je ne pouvais
rien dire. Je suis parti ramasser les fientes de ces maudits gallinacés.
Puis, je suis descendu traire les vaches alors que ce n'était pas l'heure. Je
voulais être seul. Et j'ai regardé mes mains, mes mains toutes calleuses. Et
j'y ai déposé mon visage et j'ai pleuré. Je ne pouvais plus m'arrêter de
pleurer. J'ai crié toutes mes peurs, toutes mes rages, toute ma haine. Les
six vaches m'ont entouré de leurs souffles protecteurs et j'ai cessé de
pleurer. Je me suis endormi, lourdement, dans leur chaleur. Je ne
pouvais rien dire. Juste me taire. Me taire jusqu'au soir. Soir où dans les
bras d’Élisabeth, je dirai mes chagrins, mes peurs, la lettre incroyable.
Elle m'écoutera, me consolera, m'apaisera par son écoute, par son amour. Charly
Lambrechts. |
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Une CHANCE |
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Dans un regard inconnu On
peut y mettre son âme à nu Trouver des pansements invisibles Pour se sentir fort, même invincible On peut toujours s'en sortir Il faut garder ce long soupir Il suffit d'un peu de courage Cela peut créer des ravages Donner l'image d'une personne Ecouter son cœur qui résonne C'est important Laisser aller ses sentiments Je n'y arrive pas Il est interdit de se dire ç a Foncez tête relevée Montrez votre bon côté Cachez votre peur Ouvrez votre cœur, sans ardeur Tout dans la douceur Un jour viendra, où l'on sonnera votre heure Julien BURY |
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Qui a volé l’orange de
Noël ? |
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Noël approche
à grands pas. Au-dessus du Larzac, balayé par une bise atrocement piquante,
une myriade de constellations scintillent chaque soir dans le ciel
rougeoyant. Sur le seuil entrouvert de sa pitoyable chaumière, Alphonse se
plaît à les contempler avant la veillée. Il tire de sa vieille bouffarde
cabossée de généreuses et enchanteresses volutes qui s’élèvent vers l’étoile
du Berger. Hélas, mille fois hélas, leur embarquement pour Vénus converge
immanquablement vers la cheminée d’où s’échappent en larges circonvolutions
les fumées de l’âtre en incandescence. - « Ce
n’est pas demain la veille que mon brûlot ira fêter Noël avec le Bon
Dieu », se lamente-t-il. L’œil larmoyant, son bouc Gaspard, l’enfant de
la maison, acquiesce d’un furtif mouvement de sa barbichette mal soignée.
Veuf depuis une dizaine d’années de sa Victorine bien aimée, Alphonse n’a pu
se résoudre à descendre du plateau pour finir ses jours en maison de
retraite. - « Qu’est-ce
que j’irai m’enfermer dans cette prison dorée à taper la belote avec des
vieux croulants ? Autant profiter ici du grand air avec mes chèvres et
mon bouc »… Une attitude de pur et dur que n’approuve pas son fils
Théodore ! Et si jamais il mourait là-haut sans personne à ses côtés
pour l’aider à faire le grand saut ! Combien de fois a-t-il entendu à
ses oreilles ces futiles remontrances… - « Si je casse ma pipe, Gaspard
connaît le chemin… Il ira prévenir le fossoyeur ! »… Seul, son
petit-fils Guillaume approuve son obstination à vivre comme un vieux loup.
Qui ne mange pas les chèvres ! Le jeune homme lui rend souvent de
furtives mais appréciées visites. - Tu fais mieux que tes parents… Ils
m’appellent car ils n’ont jamais le temps. Mais quelque chose me dit qu’ils
retrouveront le chemin du Larzac sans GPS quand j’irai embrasser les souliers
de Saint Pierre…. - Au fait, qu’est-ce que tu as demandé au
Père Noël, grand papy ? - Moi tu
sais, je n’ai pas des goûts de luxe. J’aurais simplement voulu que par
miracle ma Vénus bien aimée se transforme en sorcière pour faire pousser un
oranger sur le sol aride de mon Larzac… - Oh là,
grand papy, tu es sûr que tu n’as pas croisé dans tes rêves l’âme du docteur
Alzheimer au moment de tes souhaits… C’est vraiment trop peu, ce que tu
demandes, au siècle où nous vivons… _ Mais non,
mon petit Guillaume ! De mon temps l’orange de Noël c’était sacré. On
avait intérêt à être sage dans cette époque de privations sinon on avait un
vulgaire morceau de charbon dans notre bas de laine… Et toi au fait,
qu’est-ce que le Père Noël pourrait t’apporter ? - D’abord je
n’y crois plus depuis belle lurette mais bon, il est question que mes parents
m’offrent une voiture. Après je verrais bien aussi un caméscope, un appareil
photo GRAND FORMAT, avec les enveloppes que la famille va me donner ! _
Diantre ! Voilà en fait des cadeaux. Où les gens ont-ils l’argent pour
financer tout ça. Surtout en période de crise… Et une voiture quand même… On
ne trouve pas l’argent sous le sabot d’une chèvre ! - Je ne
voudrais pas te faire de peine mais mes parents ont leur petite idée. Ils se
sont dits qu’à ton âge tu ne devrais pas tarder à fumer ta pipe sur l’étoile
du berger. Tu en rêves tous les jours…
Du coup ils ont fait un crédit REVOLVING… Le temps qu’ils remboursent
tout ça, ce n’est pas demain la veille… Et puis avec ton héritage, la petite
maison, le troupeau, comme papa est fils unique, ça devrait s’arranger ! - Tu leur
diras que le vieux a encore bon pied bon œil… Il pourrait bien avoir comme
Michel Serraut des GASPARD 1, 2, 3, 4 ! S’ils avaient fait un bas de
laine comme moi, on n’en serait pas là… Pour ça ils auraient dû aller au
charbon au lieu de se la couler douce… À ce train-là, c’est moi qui vais leur
porter des oranges derrière les barreaux pour les prochains Noël ! L’humoriste
Grasjacqs Texte
interprété sur scène aux ateliers culturels |
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