SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°51
Janvier-Février-Mars-Avril 2017
Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES |
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Aller simple pour l’enfer page 3-4
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Ijjar ACHBAD |
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Sur le chemin de mon école page 4
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Skyen |
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Divergence page 4
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Jérémy DESSAINT |
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Mon univers page 4 |
Christelle
LESOURD |
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Dis-moi dix mots (extrait) page 5
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SKYEN |
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Les yeux d’Or page 6
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Nicolas URBAN |
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HUMOUR-PATOIS |
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Léonce
BAJART |
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Seuls les + de 50ans… page 8 |
Inconnu
du net |
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Champ visuel page 9 |
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Les
aventures des Plouque page 10 |
Maurice
MARICHAL |
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Note
pour la Caudriole page 11 |
Gérard
ROSSI |
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Pensée page 5-9-11-19-21 |
Hector
MELON D'AUBIER
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ADULTES |
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Destituer 2014 pour
2015 page 12 |
Maria-Carméla DUHIN-CARNELOS |
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L’Eveil des sens
page 12 |
Bernard
SIMON |
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L’Amitié page 12 |
Albert JOCAILLE |
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Rêveur page
12 |
Henri LACHEZE |
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A
tous ces lâches, ces assassins page 13 |
Lhermitte Dubois Sandrine |
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AÇVINE – En
ces cœurs et ces Aîtres page 13 |
SAINT-HESBAYE
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La
prière du clochard page 14 |
Jean Charles de BEAUMONT |
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Pierre Tombale animale....page 15 |
Julien BURY |
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L’œil rouge page 15 |
Jean François SAUTIERE |
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Pauvre Mère page 15 |
Roger DEVILLERS |
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Sodome et Gomorrhe page 16 |
HERTIA-MAY |
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Un ange sans ailes page
16 |
Christelle
LESOURD |
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L’Automne page 16 |
Anne
Marie IOOS |
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Clapotis page 19 |
Geneviève
BAILLY |
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Bonne Année page 19 |
Reine DELHAYES |
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Cyrille part en vacances sans
Poupette page 18-19 |
Jeanne
TOUBEAU |
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Vendredi noir pour Noël blanc page
20-21 |
Thérèse
LEROY |
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Celui qui doute page 24 |
Marcel LESAGE |
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NOUVELLES |
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MICHEL page 17 |
PASCAL |
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Le secret de la forêt page 22-23-24 |
Gisèle HOURIEZ |
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Je m’appelle Séléna Héra page 25-26 |
MELANIE
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DIVERS |
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CONCOURS LA CAUDRIOLE page 27 |
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Règlement Concours page28 |
OMC |
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Salon
autour du LIVRE page 31 |
OMC |
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LE COMITE DE LECTURE DE LA CAUDRIOLE
ET
L’OFFICE MUNICIPAL DE LA CULTURE
VOUS
PRESENTENT LEURS MEILLEURS VOEUX
POUR LA NOUVELLE ANNEE
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Aller
simple pour l'enfer |
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5 juin 1944 Cela fait déjà trois jours que les hommes attendent un débarquement sans cesse repoussé. Parmi ces hommes, le sergent Ronnie James, un soldat commun à tous les autres, commence à douter de l'éminence de ce débarquement. « Je crois qu'on est partis pour attendre quinze jours de plus ! », lui répétait son ami Carter. Si Carter était quelqu'un d'athlétique par nature, Ronnie était plutôt maigrichon, ce qui faisait qu'il ne supportait pas très bien cette attente sur un bateau qui tanguait en permanence. Le soir du 5 juin, la rumeur se répandit que le débarquement aurait lieu le lendemain, le 6. Ni Ronnie, ni Carter ne prit cette nouvelle au sérieux. Mais la venue de leur capitaine, Goose, leur fit rapidement changer d'avis. « Messieurs, on y va ! » Sur ces paroles, tout le monde se mit en marche vers les nombreux bateaux et toute cette armada prit la direction de la Normandie. L'anxiété montait crescendo ; plus on approchait de la plage, plus les visages se fermèrent. Vers 6 heures du matin, la sonnerie retentit et tout le monde monta sur le pont. Ronnie et Carter faisaient partie de la seconde vague de soldats qui devaient prendre pied sur la plage. Les premiers hommes montaient dans les péniches, direction celle-ci. Après un moment, Ronnie put apercevoir cette plage. Il pouvait voir les explosions qui soulevaient et projetaient en l'air des tonnes de sable. La première vague avait pris pied sur la plage, c'était au tour de la seconde d'y aller, mais avant, les péniches devaient ramener les blessés en provenance de la côte. La première d'entre elles revint au bateau. Et c'est à partir de ce moment que la peur envahit Ronnie et ne le lâcha plus. Dans la petite embarcation criblée de balles, se trouvaient plus de morts et de blessés que d'hommes valides qui y étaient montés. Ronnie et Carter embarquèrent dans une péniche encore toute neuve. L'embarcation prit alors rapidement la direction de la plage. A quelques secondes de la plage, les obus commencèrent à exploser dans l'eau. Les soldats vomissaient dans la barge, le mal de mer ou la peur en étaient les raisons. Ronnie aussi vomit, il avait honte mais il n'était pas le seul. Le conducteur de la péniche annonça le temps restant : « Trente secondes ! » Il était très difficile de l'entendre, les explosions et les balles rebondissant sur l'embarcation couvraient sa voix. « Dix secondes ! » Après ses mots, la tension et la peur qui étaient déjà bien présentes atteignirent leur paroxysme. Le décompte était presque parfait, onze secondes après avoir hurlé, la porte de l'embarcation s'ouvrit. Ils y étaient. A peine eurent-ils le temps de faire quelques pas, qu'une rafale de balles faucha les premiers soldats. Ronnie se mit à courir le plus vite possible dans une mer déchaînée, rouge du sang des hommes blessés ou morts. Après être sorti de l'eau, Ronnie continua de courir, il ne s'arrêta pas de courir. Il courut jusqu'à cette sorte de butée qui offrait un abri, certes sommaire, mais bienvenu dans cet enfer. Carter ne tarda pas à le rejoindre. De tous les côtés, des morts, des corps déchiquetés. Les explosions et les sifflements de balles contrastaient avec les hurlements des blessés. Après un instant à la merci des obus ennemis, des hommes prirent l'initiative de faire exploser les barbelés qui leur barraient le passage. Après l'explosion, tous les soldats, Ronnie et Carter compris, se mirent en marche vers les bunkers. Soudain, alors que Ronnie courait aussi vite que possible en quête d'un abri près de son objectif, une douleur énorme envahit le bras de ce dernier, tandis que Carter, affolé par le cri de douleur de son ami, se retourna vers lui. En un rien de temps, plusieurs impacts de balles, dans le bras et l'épaule de Ronnie, lui avaient fait perdre l'équilibre et tombé à terre. Il était au sol, mais il aurait pu se relever si une autre balle ne l'avait pas touché à la jambe. Ne pouvant plus bouger, c'est Carter qui traîna Ronnie jusqu'à un trou d'obus, où ils restèrent jusqu'à la fin des combats. Une fois les bunkers pris, un infirmier vint aider Carter à transporter Ronnie jusqu'à un hôpital de fortune dressé en haut de la plage.
Un peu après, il reçut la visite de son ami Carter qui venait de parler au médecin. « T'as vraiment de la chance, mon gars. » « Quoi ! J'ai pris quatre balles dans la peau et j'ai de la chance ! » « Tu ne comprends donc pas ? » « Comprendre quoi ? » « Tu rentres en Angleterre, Ronnie ! » Cette nouvelle, Ronnie n'y croyait pas. Il fut tout d'abord ravi, puis plus mitigé. Il laisserait Carter et les autres se battre pendant que lui, resterait bien tranquille en Angleterre. Mais ce sentiment s'apaisa rapidement. Après tout, il n'y pouvait rien, il avait quand même pris quatre balles dans le bras, l'épaule et la jambe. Ronnie fut donc transporté vers une base aérienne, à l'intérieur des terres, conquise peu avant. Il n'attendit d'ailleurs pas longtemps avant de partir, un vol étant disponible tout de suite. Les blessés, Ronnie compris, furent embarqués à bord d'un bimoteur de transport standard, comme il y en a des milliers dans l'armée américaine. Cependant, Ronnie fut impressionné par la pin-up, qu'il portait sur le nez. Après un moment d'attente, les moteurs de l'avion se mirent en marche, et celui-ci commença à rouler vers la piste. Ronnie éprouvait une drôle de sensation, il n'a jamais aimé prendre l'avion. Ce dernier s'immobilisa sur la piste, prêt à décoller. Ronnie pouvait, de sa place, voir l'aile droite de l'appareil et, par la même occasion, l'horizon. Après un moment, l'avion se mit à accélérer, prit de la vitesse et s'éleva lentement. Ronnie commença à se calmer, l'avion s'était soulevé depuis un moment, quand soudain, l'appareil se mit à tanguer à gauche, puis à droite. Ronnie put voir, à cet instant, l'horizon disparaître et le sol se rapprocher dangereusement, à une vitesse ahurissante. Le transporteur C47 qui rapatriait des blessés du front vers l'Angleterre s’écrasa peu de temps après le décollage, des suites d'une panne totale des moteurs. Il n'y eut aucun survivant. Ronnie, ainsi que tous les autres, périrent dans l'accident. Eux, qui avaient survécu à l'enfer du débarquement, moururent dans le crash de l'avion qui devait les ramener chez eux. Hellin Tony |
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Sur
le chemin de mon école |
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Ma tête remplie de rêve, Mon cartable rempli d'espoir, Je marche vers cette même
école Où je continuerai tout au
long de l'année A rassasier cette soif de
savoir Que j'ai encore une fois
en moi. Car mon rêve n'est pas des
moindres. Il n'est pas sans travail Et encore moins sans
bataille. Mais pour le gagner, Je me rends sur mon chemin Qui n'est plus très loin… Marinette |
Divergences |
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Ne me demande pas de
t'aimer, Ça, je ne peux pas te le donner. Je préfère penser à mon
avenir professionnel Plutôt qu'à mon plaisir
corporel. Je préfère tout arrêter, Toi et moi, ça ne peut
fonctionner. Nous n'avons pas les mêmes
envies, Nous vivons dans la
routine et l'ennui. Toi, tu rêves de
nourrissons, Moi, je rêve d'une
promotion. Le monde continue son
chemin, Je dois tracer le mien. Pars refaire ta vie, Exauce toutes tes envies. Chacun de notre côté, Nous pourrons avancer. Quand je te tiens la main, Il y a comme un frein Qui nous fait quitter La dure réalité. Je te dis à bientôt sans
doute, Peut-être un jour se
recroiseront nos routes. Jérémy Dessaint |
Mon Univers |
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Toi que j’ai aimé Toi qui m’as tant donné Toi qui t’es ouvert Et qui as tant souffert Tu es mon seul univers Christelle LESOURD
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Dis-moi
dix mots (suite) |
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J'ignore ce qui se passe, j'étais perdue dans mes pensées, loin de tout ça, à mille lieues de la réalité. Quoiqu'il en soit, la porte à quelques mètres de moi s'ouvre brutalement, révélant une petite réserve sombre où sont entassés des tas de gens les uns sur les autres, terrorisés. Un homme sort, arme au poing, ne cessant de cibler tout et n'importe quoi, de la sueur coule, de grosses gouttes roulant sur ses tempes, descendant jusqu'à sa mâchoire puis finissant leur course en s'écrasant sur le sol en carrelage beige. Il crie, agitant dangereusement les mains, démontrant une nervosité certaine, ses petits yeux noirs braqués sur moi. Tout à coup, le temps semble reprendre son cours. Ses hurlements me parviennent subitement, comme ceux des autres personnes présentes. -Lève-toi ! aboie t-il. Lève-toi ! Je m'exécute. Tandis que je reviens peu à peu sur Terre, une douleur fulgurante me fait gémir. Je ne sais ni comment ni pourquoi, mais je me trouve au sol, la caméra non loin de moi. Je tente de la ramasser mais m'écroule de tout mon long. Je porte ma main à mon épaule droite, l'endroit d'où la douleur rayonne dans tout mon corps. Je sens un liquide chaud et visqueux qui détrempe mon t-shirt rose pâle. Je me mets à trembler, réalisant qu'il m'a tiré dessus. -Allez, lève-toi ! ordonne t-il de nouveau. J'attrape ma caméra de la main gauche et me traîne jusqu'à la réserve, grimaçant et réprimant mon envie de crier, tant la douleur est grande. L'homme, le terroriste, rentre après moi et ferme la porte. Une odeur de transpiration et de peu fétide me brûle les narines. Une unique ampoule éclaire la petite pièce d'une lueur faible, créant une ambiance malsaine. De suite, une institutrice m'entraîne vers l'arrière et explique au terroriste, qui la menace de son arme, ce qu'elle s'apprête à faire. -Je… Je vais lui faire une écharpe avec un foulard mais il faudrait… Il faudrait qu'elle voie un médecin, elle perd beaucoup de sang. A l'odeur âcre du liquide qui s'écoule de ma blessure, je suis prise de haut-le-cœur. Je continue de penser à Raphaël, mon petit frère, celui qui m'a poussée à ne rien lâcher. Le fait de l'avoir eu à ma charge m'a donné l'envie de persévérer dans mes études. Je ne pouvais pas lui faire vivre la misère dans laquelle j'ai grandi. -Vas-y, je te surveille, crache t-il, l'air vulnérable. Cet homme a l'air tellement dépassé par la situation que j'éprouve presque de la pitié pour lui. Il s'approche à petits pas et scrute la professeure qui plie rapidement son foulard bleu turquoise puis manie mon épaule droite. Lorsqu'elle fait bouger mon bras pour glisser mon écharpe de fortune, un petit cri m'échappe et mon membre se met à trembler sans que je puisse contrôler ses mouvements. SKYEN |
Les yeux d'or |
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Il
était une fois un petit village au pied des montagnes. Dans
ce village ne vivaient que des femmes : la vie n'y était pas facile, car les bêtes
sauvages et les voleurs prélevaient régulièrement leur tribut sur les
récoltes, mais toutes gardaient courage et s'entraidaient du mieux de leurs
possibilités. Toutes, sauf une, qui avait les yeux dorés. Cette
femme aux yeux d'or était d'une grande beauté avec de magnifiques cheveux
d'argent qui ne devaient rien à l'âge; elle vivait à la bordure du village
mais ne se préoccupait que de son bien. On savait peu de choses à son sujet :
elle était arrivée au village il y a deux saisons et n'avait jamais rien dit
de son passé. Certaines disaient qu'elle même ne semblait pas vraiment se
souvenir de sa vie avant son arrivée. Plusieurs
habitantes avaient tenté de l'inclure dans les activités du villages et les quelques
moments de réjouissance qui parfois se produisaient, mais la femme aux yeux
d'or les avaient toujours repoussé, désirant rester seule et ne voulant
partager le produit de son potager avec personne. En
haut de la montagne surplombant le village vivait une magicienne. Sa
gentillesse et ses pouvoirs étaient grands, aussi descendait elle au village
une fois l'an pour aider les habitantes. Certaines auraient désiré qu'elle
vienne plus souvent, mais la magicienne, bien que peinée par la dure vie des
villageoises, souhaitait qu'elles n'aient pas à dépendre de ses dons. Toutes
comprenaient cette raison et bénissaient chaque venue annuelle. Ce
jour arriva bientôt et comme à son habitude, la magicienne descendit le
chemin de la montagne et se rendit au village pour dispenser ses bienfaits :
toutes se rassemblèrent alors pour l'accueillir car plus qu'une bienfaitrice,
la magicienne étaient pour elles une amie, la lueur d'espoir rendant la nuit
moins insupportable. Chaque
femme se présentât devant la magicienne et lui fit part de son souhait :
celle ci l'exauçait selon ses possibilités et son jugement. Le tour de femme
aux yeux dorés vint, aussi s'avança t'elle, la mine renfrognée telle qu'à son
habitude, puis dit à la dame de la montagne : «
Le travail est trop dur et la vie ici est pénible : ce doit être une
malédiction et je veux que vous m'aidiez ! » Les
autres femmes s'exclamèrent, car elles avaient tenté à maintes reprises de
l'aider, recevant à chaque fois un refus orgueilleux; toutefois, la
magicienne la regarda gravement, dessina quelque chose dans l'air avec un
doigt puis répondit à son interlocutrice : «
En vérité, vous êtes la victime d'un sortilège et cette existence n'est pas
celle à laquelle votre naissance vous a destiné. Hélas, le sort est tel que
je ne puis le lever céans. Dans sept jours, prenez seule le chemin de la
montagne et rejoignez moi afin que je vous en libère si vous le désirez
encore à ce moment là. Alors
la femme aux yeux dorés adressa un rire moqueur au reste de l'assemblée et se
dirigeât fièrement vers sa maison, qu'elle ne quitta que sept jours après. Une
semaine après la venue de la magicienne, la femme aux yeux d'or prit un
solide baton pour l'aider à marcher, un sac de provision pour se restaurer en
chemin, et partit sur le sentier de la montagne, à travers la forêt. Après
plusieurs heures de marche, la voyageuse s'arrêta un peu pour se reposer et
s'assit sur un rocher, quand un magnifique loup gris s'approcha d'elle et lui
parla : «
Dame, je me sens si seul et la présence de mes pareils me manque. Ma compagne
s'est perdue et je la cherche : m'aideras tu à la retrouver ? » La
femme aux yeux dorés lui répondit qu'elle n'en avait pas le temps. «
Dame aux yeux semblables aux miens, reprit le loup, les arbres m'ont dit que
ma compagne s'était dirigée vers un village situé en aval de cette montagne :
me guideras tu jusque là ? Je me sens si seul. » Et
la femme lui répondit que cela ne la concernait pas puis reprit son chemin,
abandonnant le loup derrière elle. A suivre by sylesis, Dec 22, 2006, 8:28:26 AM Literature
/ Prose / Fiction / Fantasy |
Poldine |
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-Je disais donc, Poldine, que vous aviez trop de rondeur. Vous pesez-vous, de temps en temps ? -Docteur, mi i n'ème feut po d' balaince, èje m'in r'mets à min cottron. Quind l' çonture al tind trop fort et qu' j' ène sais pu mette l' ablouque, j'ème dis POLDINE ETT' BALLONNE… J' déminnue les portians in tiot momint et j' ème déconfelle ! -Je crois, Poldine, qu'un peu de marche vous ferait du bien. -Quau qu' vo dites, docteur, d'el marche ? C'est bo pou l' z' ertraités qui sont toudis dins les rues et qu'in direut qui sont al poursuite ed l'inne l'eute ! -Cependant vous feriez l' tour de votre quartier une ou deux fois ? -Docteur vo n' savez po sou qu'c'est qu'el linque du monne, i n' a ré d'pu trisse ! I sereut bé timps qu'èje passereus inne paire ed feus au même indreut. In direut POLDINE AL IN CACHE IN… mi qu'j'ai toudis été honnête et qu' jommais j'n'ème su déringée. In n'in direut su min dos ! - Et malgré vos p'tits niquets dans la journée, vous dormez bien la nuit ? -Pou l' dormoche, docteur, aveuc vos PILURES FAIDODO, èje dors comme inne jonne fille. Et pi aveuc çau j' fais des rêves, èje sus toudis dins des marioches. Comme in dévié ! Quin in pinse èqu' dins l' timps, les viux ieteutent rétindus des nuits intières su leu paillasse sins povoir bronquer. Pouleur, in nos indort tertoutes aveuc les pilures ! Docteur vo m'in mettrez treus boîtes ed FAIDODO. Inter nous j'in donne à min cat d' timps in timps. Pindint qui dort i n' a po invie d'aller marouler ! -Et… pas d' douleurs dans les jambes, Poldine ? -Nan, mes guimmes al sont cor bonnes ; vo voyez j' n'ai même po inne évarice, seulemint dins m' n' épeule gueuche j'ai comme in nerfe qui s' ersaque et ça m'piquionne… -Montrez… c'est de la névralgie, Poldine. -Alorse, docteur, j'ai d' el névralzie ! Si vo saveutes el plaisi qu' vo m' faites in m' disint çau ! J' saveus bé qu' vo m' trouvereutes inne saquau. Comperdez-me bé. J' plons les c'tis qui souffertent et heureusemint vos êtes lau pou l' zé songner, mais marchez du qu' vos volez, pa tous côtés, in n'intind d'viser qu'ed maladies qu'in a pa d' vint o bé par drère. Et si vos êtes étimpi comme in bec-bos, et qu' vos n' avez ré à dire, in pinse, al a d'el chince si al n'a ré o bé in vos traite ed murgueut ! Au moins, pouleur, èje porrai m' plonne mi aussi : vos verrez vir comme èje sus arringée aveuc min couair qu'ia in steup tous les six cos et m' n' évralzie piquionneusse ! Nan mais ! -N'exagérez pas POLDINE, vous êtes encore bien et, je le pense, heureuse ? -Docteur, pou ête héreux i feut s'y croire. Mais, pou l' momint, aveuc l' infilure èque ça prind, si in veut avoir ess' terte trinquile et s' sinté, i feut in métier du qui n' po d' chomoche et inne bonne ertraite ; toudis s'erposer avint d' ête ercrind ! Prinne d' el gaieté quind ça s' présinte ; faire sinnint d' ête sourd et aveule, avoir inne mason à li mais po inne ed pusse, aveuc in tiot magot dins s' n'amelle et… Vive la vie, docteur ! -Au revoir, POLDINE, voilà plus de vingt minutes que dure ma consultation, vous avez eu votre compte. -C'est bo, Docteur, mi c'n'est po inne eute et si vos povez vo rattraperez su l' suivint… Léonce Bajart |
LONGEVITE |
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Quind
quéquin i vit viux in veut toudis savir qu’mint qui s’el l’iest pris. Daronnemint
in fêteut in cintenaire et
l’Sous-Préfet qu’i éteut là, il y d’minne : -
Alors, mon brave, comment avez-vous fait pour arriver à cent ans ? El
viux il l’a répondu : -
Bé... Mossieu l’Sous-Préfet... j’ai attindu... Léonce Bajart |
Seuls les + de 50 ans peuvent comprendre ! |
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A la caisse d'un supermarché, une vieille dame choisit un sac en plastique pour ranger ses achats. La caissière lui reproche de ne pas se mettre à l'écologie et lui dit: " Votre
génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique. Seuls les
jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les
ressources ! "
La vieille femme s'excuse auprès
de la caissière et explique : -Je suis
désolée, il n'y avait pas de mouvement écologiste de mon temps. Alors qu'elle
quitte la caisse, la mine déconfite, la caissière ajoute : "Ce
sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à nos dépens.
C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement
dans votre temps. Alors, un peu
énervée, la vieille dame fait observer qu'à l'époque on retournait les
bouteilles de verre consignées au
magasin. Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées,
stérilisées et remplies à nouveau : Les bouteilles étaient recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement
écologique. Elle ajoute : De mon temps,
on montait l'escalier à pied, n'avait pas d'escaliers roulants et peu
d'ascenseurs. On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer
de deux rues . On marchait jusqu'à l'épicerie du coin. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le
mouvement écologiste. On ne
connaissait pas les couches jetables :On lavait les couches des bébés. On faisait sécher
les vêtements dehors sur une corde. On avait un réveil qu'on remontait le
soir. Dans la cuisine, on s'activait pour préparer les repas ; on ne disposait
pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans
efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit. Quand on
emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait comme
rembourrage du papier journal ou de la ouate, dans des boîtes ayant déjà
servi, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en plastique. On n'avait pas
de tondeuses à essence autopropulsées ou autoportées. On utilisait l'huile de
coude pour tondre le gazon. On travaillait physiquement; on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir
sur des tapis roulants qui fonctionnent à l'électricité. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste. On buvait de
l'eau à la fontaine quand on avait soif. On n'utilisait pas de tasses ou de
bouteilles en plastique à jeter. On remplissait les stylos dans
une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo. On remplaçait les lames de rasoir au lieu de jeter le
rasoir entier après quelques utilisations. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste. Les gens
prenaient le bus, le métro, le train et les enfants se rendaient à l'école à
vélo ou à pied au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi
24 H sur 24. Les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années,
les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs,
gommes, taille- crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient,
pas un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux
crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rue. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le
mouvement écologique ! On n'avait
qu'une prise de courant par pièce, et pas de bande multiprises pour alimenter
toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes
d'aujourd'hui. ALORS VIENS PAS
ME FAIRE CHIER AVEC TON MOUVEMENT ECOLOGISTE ! Tout ce qu’on
regrette, c’est de ne pas avoir eu assez tôt la pilule, pour éviter
d’engendrer la génération des jeunes cons comme vous, qui s’imaginent avoir
tout inventé, à commencer par le
travail, qui ne savent pas écrire 10 lignes sans faire 20 fautes
d’orthographe,
qui n’ont
jamais ouvert un bouquin autre que des bandes dessinées, qui ne savent pas
qui a écrit le Boléro de Ravel… (pensent même que c’est un
grand couturier), qui ne savent pas mieux où passe le Danube quand on leur propose Vienne ou Athènes, etc... mais qui croient tout de même
pouvoir donner des leçons aux autres, du haut de leur ignorance crasse. MERDE à la fin ! Inconnu
du net |
CHAMP VISUEL |
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Aah, mé in vl’a chi inne d’explicatian plausipe ! Mé pouquo donque qu’in n’y avot pon pinseu
avint ???..... Quind
qu’in l’dit in comprind miux ! Eud récintes étutes al confirme : Ché finmes all z’ont in
cimp visuel pus larque qu’euch ti dé z’homes… All votent tot !!! Ch’teu
particulariteu là, à l’armonte, pareu-t-il, à ché timps préhistoriques à dù
queu durint dé millénaires, ché finme , all z’ont dû tot surveilleu dins
ch’el grott ( euch fu, ché mermots, ché prédateurs) pindint qu’euch l’home y
l’allot ach mammouth, lon du fo-ié… Çou qui explique, ach passache, eul raisan
pou l’quelle euch l’home arrife toudis à artreuver eus cahute alorse qu’eus
finme all lé in tiot peu pomé quind in li met inn carte routieure inter les
mons… Ché bin connu… Euch’teu perticularisme peut ossi écléreu
inn questian d’sociéteu ar’venue soudin pa-d’vint l’actualiteu : qui
ché qu’y fé ch’ménache à l’mason ? Euch’ l’home, in raisan d’eul faibleusse eud sin cimp visuel, y souffre d’in hindicap manifeuste… Eud pus l’intiquité, y l’a dû mette eus mon in visière pou arwettier au lon l’état d’eul mer, eul vol dé monié obé l’profil dé nuaches pou sin boulot quotidian… Y l’a insin développeu inn acuiteu eud’lon
donque intelligeinte et qui per ricocheu a diminueu sin cimp visuel
périphérique et s’capaciteu à bin distingeu certins détals eud près… Insin, eul finme all dit à ch’l’home :
« Té vos ch’eul poussieure, là ??? » Et ti z’ote y répand invariablemint :
« D’eul poussieure, à dù ??? » Ché sci-intifiqu’mint prouveu, ch’l’home y
ne vot nan eul poussieure alorse qu’y vot très bin, au lon, eul marque d’eul
novel voture du vosin obé eul stringe d’eul vosine… come au timps qu’y
chasseu l’antilope, jadis… Euch’t’étrotesse du cimp visuel ché ossi el
résan pou laquelle euch l’home y n’é pon feut pou l’vaichelle. 83,67% d’eus
z’assiètte ébrécheu y sont directemint in lian aveuc ch’el incapaciteu ed
l’home à bin distingueu tos ché obstaques ingulaires chitueu inter euch
l’évier et ch’placard… Bling !!! … Et bin sovint ch’el finme drot intervénir : « - Laiche cha, j’va l’feure
mi-minme. » consci-inte d’eul
défici-inche visuelle eud sin cimpagnon chasseu… Eus t’hindicap s’vérifie ossi dins l’test
d’euch frigo… Euch l’home y lé capape ed trouveu eus z’alimints
dant y connot eul pré-positiann’mint dins l’espace, come pa l’eximpe, ché
bieures obé ché glachons… In r’vinche, eul test d’eul lif ed bure y lé
implacable… Ch’l’home y l’oufe eul frigo. Consci-int ed
l’étrotesse eud sin cimp orbital, il ravisse à drote, à gauche, in haut pi en
bas. Mé du cop, y n’pinse pon à ravisé au mitin, là duque justemint el lif ed
bure all s’troufe… Pi y a ch’eul machi-inne à laveu l’linge et
s’programatian réserveu à dé z’êtres qu’y votent ed prés… Euch l’home y vot
lon et ché chou qu’y fé eus puissince… Alorse, pad’vint tint d’évidince, peut-ête
bin qu’y faudrot cesseu d’évoqueu eul machinisme obé el fénéintise in parlint
d’eul réticince eud l’home à éxécuteu chertin-nes tâches ménageures…
sci-intifiqu’mint arconnues aud-sus d’ché forches… Cha n’é juste qu’inn questian eud simpe
cimp visuel inadapteu à l’étrotesse eud sin territoire domestique… HMA |
Les aventures des Plouque Les dangers du chou farci |
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Une douleur soudaine fit grimacer le Plouque… Il contracta son abdomen, se pencha un peu sur le côté et laissa s'échapper un long vent tumultueux qui gonfla son pantalon de velours. - « Ouf ! balbutia l'herbager, ça fait rudement du bien ! ». Il faut dire que la veille au soir, il avait avalé une ventrée de chou farci ! Du chou frisé farci d'épaule de porc, le tout ayant longuement mijoté sur un lit épais de petits oignons rouges. Quel délice ! Ce soir-là, les Plouque et l'abbé Eugène dévorèrent deux choux de Milan et un gros morceau de lard !… Ouais… mais la gourmandise est un péché grave, et le Seigneur punit souvent les coupables dans leur chair. À la Bistoquette, ce fut le bagne… Le Plouque eut droit à une longue série de coliques qui interrompaient ses tâches matinales. Le genièvre n'eut d'autre effet que de précipiter l'expulsion des gaz et cela agaçait le Plouque au plus haut point ! Pour éviter les rires moqueurs et les commentaires de Mémère qui, avec son estomac d'autruche, digérait n'importe quoi ! Le pauvre Victor gagna le large… et, seul dans sa pâture, il se mit à tailler ses haies d'épine noire. Là-bas, Dieu merci, personne ne pouvait entendre ses pétarades, et notre herbager espérait que ses coliques cesseraient avant le soir car, en sa qualité d'adjoint, il devait participer à une importante réunion du Conseil Municipal. Précisons que Léontine n'eut à déplorer aucun trouble digestif car elle mangeait fort peu le soir, contrairement aux autres Plouque qui bâfraient comme des loups. Même les jumeaux ! Leur mère avait beau les raisonner, ils s’empiffraient comme Papa ! Vous pensez bien que le lendemain, à l'école, les petits lascars incommodèrent leurs camarades, surtout leur voisin le plus proche, le grand Divertain qui, exaspéré, s'écria au beau milieu d'une dictée : - « Monsieur, les Plouque i'proutent ! ». Monsieur Lebeau s'approcha mais dut demeurer à distance, tant l'odeur était insupportable. - « Ouvrez toutes les fenêtres, Divertain ! ». C'est alors que les élèves maudirent les jumeaux, car l'air glacial fit éternuer toute la classe ! Virginie, quant à elle, ne souffrit d'aucun désagrément car le fameux soir du chou farci, elle était allée manger chez Camille. C'est l'abbé Eugène qui prit sa place à la longue table. Et il se régala, l'abbé ! Hélas ! Qui aime bien châtie bien. Or, Dieu devait aimer l'abbé Eugène car, le lendemain, l'heure du châtiment sonna et le ventre du saint homme se mit à faire un raffut de tous les diables ! Cela n'a l'air de rien… mais le brave curé maudit cent fois ses boyaux rebelles… surtout quand il dut confesser les pécheresses de la commune. Lorsqu'une paroissienne énumérait ses fautes… les entrailles de l'abbé gargouillaient soudain ! Tantôt ces gargouillis ressemblaient au bâillement d'un gros chien… tantôt on eut juré qu'un dindon glougloutait !… Les pécheresses étonnées interrompaient leur confession et demandaient au prêtre : - « Que disiez-vous, mon Père ? ». - « Mais je n'ai rien dit !, tempêtait l'abbé, Poursuivez ! ». Et ça reglougloutait de plus belle ! La mère Boutrouille fut si impressionnée par ces borborygmes qu'elle raconta partout que le diable se dissimulait derrière le confessionnal ! Quelques jours plus tard Quand le Plouque eut enfin digéré son chou farci, il connut à nouveau la paix intestinale et se remit à apprécier les matins calmes. Ce jour-là il souriait, serein… lorsque Vignoule entra tout à coup : - « Salut Victor ! Dis donc, on vous invite tous à minger c'midi ! ». « Tavine elle fait du chou farci ! ». Maurice
Marichal Humour
et autodérision, convivialité et péchés mignons, les aventures de la famille
« Plouque » et de ses voisins herbagers de l'Avesnois ont réjoui
des générations de lecteurs de notre ami Maurice Marichal. Cette nouvelle publication
les fait revivre et porte témoignage, dans une langue inimitable mais
accessible à tous, d'une part précieuse de notre patrimoine local. |
PENSEE |
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Pour le
mariage d’un homme : Eul mariache ché come in
mirache dins ch’déseurt : Paleu,
cocotieus, chinmeau… Sodin, tot dispareu… Y n’d’meur’ pu qu’eul
chinmeau ! Traduction : Le
mariage est comme un mirage dans le desert : palais, cocotiers, chameau…
Soudain tout disparaît… Il ne reste plus que le chameau. HMA Paradoxe d’âge et de sexe. - Ché tiots garchons y
z’ont quer ché soldats, ché tiotes files y z’ont quer ché popées. Pis pus tard, ché grinds
garchons y’z’ont quer ché popées et ché grindes files y z’ont quer ché
soldats. Traduction : Les petits garçons aiment les soldats, les
petites filles aiment les poupées. Plus tard, les grands
garçons aiment les poupées et les filles aiment les soldats. HMA Pour un Roy - Malgreu eus largeuse
eud vue et eus n’étrotesse d’esprit, in rô eun meura pon pou sé sujeut, mé
leu d’mind’ra eud meurir pou li z’ote. Traduction : Malgré sa largesse de vue et son étroitesse d’esprit, un roi ne mourra pas pour ses sujets, mais leur demandera de mourir pour lui. HMA Pour une boisson - Pouquo qu’in dit queu lé
bossons alcooliseu ché come ché seins d’in
finme ?. - Ché pace qu’in vière ché
pon asseu et que tros ché d’trop. Traduction : Pourquoi
dit-on que les boissons alcoolisée c’est comme les seins d’une femme ? C’est
parce que un verre ce n’est pas assez et que trois ça serait trop. HMA Pour un gouvernement. - J’eum
sus toudis d’mindeu pouquo in avot trinte neuf minisses aveuc no Présidint.
Pis jé campris, si y n’avot eu quarinte,
i sarot appeleu Ali Baba. Traduction :
Je me suis toujours demandé pourquoi on avait trente neuf ministres avec notre
Président. Puis j’ai compris que s’il y en avait quarante, il
s’appellerait Ali Baba. HMA |
NOTE
pour la CAUDRIOLE |
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L'ECCLESIASTIQUE Quand Mr le curé, à la cure A un problème de serrure : Il va à la boutique Du serrurier : et « les clefs astique ! ». Pour ses déplacements : Pas de vêtements Sacerdotaux : il roule à vélo ! Bien que pour l’Évêché : les sacrements… « Ça sert d'auto ! ». L'ACTU Conflit de génération ? Non, simple constatation ! Comme ils disent « chez les vieux : ça pue ? » « Ça ne sent pourtant pas encore la charogne ? » Il n'y aurait donc que sur les jeunes tondus Que la barbe sente toujours l'eau de Cologne ? REGIME C'est la femme d'un boxeur végétarien Qui, pour le faire maigrir, a recours à l'I-V-G, car avec V-G : t'as rien Sans la viande : il reste tout de même les légumes ! Pour lui faire accrocher la catégorie poids-plume ! MENTAL Le débile : il est souvent pris… « Pour sot ! » pouceau, mais pas cochon ! Même s'il s'en dédit : car sa maison Peut vite ressembler à une porcherie ! LE PRET Le prêt, sans intérêts : ne pas s'y laisser prendre ! Même si on sait attendre Trop souvent considéré comme une offrande On n'est jamais pressé de vous le rendre ! Neuville, le 28 Juillet 2015 Gérard Rossi |
Destituer 2014 pour que
vive 2015… |
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Vieille année nous t'avons
aimée, Malgré tes heurs et tes
malheurs. Nous aurions voulu te
garder : L'horloger décompte les
heures… Tu dois tirer ta
révérence, Ton millésime est écoulé. Pas de lettre de
récréance, Le Nouvel An s'est
constellé. Il est supposé réjouir Notre monde désespéré… Oui, supposé nous étourdir Par sa sublime panacée… Car sitôt son rideau levé, L'An Nouveau verse son
Bonheur Sous l'arc-en-ciel
poétisé, Sous le gui bénit, dans
nos cœurs… Alors… Au revoir vieille
année… Endors-toi, là, dans ce
tiroir, Près des vieux cahiers du
passé, Feuilletés par notre
mémoire… Ce jour-là, nul n'imaginait, une seule seconde, que 2015 eût été si sanglante ! 10/12/2015 Maria-Carméla Duhin-Carnélos |
L'
ÉVEIL DES SENS |
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Je te fais mes adieux, merveilleuse nature. Seringats, lilas blancs, muguet, roses écloses ; Ce nectar de parfum, sous ce ciel bleu, si pur ! Tu me l'offrais en mai sans échange, ni pause. Merles, pinsons, mésanges, vos chants mélodieux M'éveillaient le matin aux premières aurores. Vous clamiez : << liberté ! >> d'un
concert amoureux; Votre bonjour donné vous preniez votre essor... Avril ! admiratif, je contemplais ton œuvre. Le renouveau de la vie, oh ! terre féconde. Cerisiers, pommiers en fleurs en étaient la
preuve, Tout de blanc vêtus à la naissance du monde. Qu'il m'était doux d'un enfant lui tenir la main, Caresser ses menottes, lui faire un câlin. Voir ces petits vieux marcher, noués par le bras, De peur que l'un trébuche ou ne fasse un faux pas. Quatre goûts à nos fins palais tu as donnés ; Le sucré, le plus aimé mais tant décrié. Le salé, par la mer et ses blanches écumes. L'âpre acidité, puis la subtile amertume. . Bernard SIMON |
L’AMITIE |
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Au triomphe renaissant Tout l’espoir est
permis . Quand le cœur débordant Vient faire chanter la
vie. Au hasard de ta route Quand fleurit l’amitié Le temps n’est plus au
doute. Et il fait bon marcher. Où que te mène le chemin Que tu prends aujourd’hui, Mieux vaut tendre la main Que d’aiguiser tous les
soucis. Quand le bonheur des
autres Te rend bien plus heureux, Il n’y a point de faute A te sentir généreux. Albert JOCAILLE |
RÊVEUR |
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Que cherches-tu, Les yeux perdus au ciel, Que cherches-tu ? Au-delà de ce bleu, Un autre bleu, Encore plus bleu. Yeux fermés dans la nuit, Toi qui souris, Que cherches-tu ? Je m’invente un ailleurs Et ses soleils Et leurs demeures. Henri LACHEZE |
À
tous ces lâches, ces assassins |
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S'il est bien une date qui m'agace c'est celle de l'ouverture de la chasse. Quand tu les observes, pour la plupart d'entre eux, ce sont de gros pleins de soupe qui, bien souvent, ne font pas la loi chez eux. Alors, en quête de reconnaissance, ils vont s'imposer, tenter de dominer un monde qui n'est pas le leur. Un monde, à mes yeux, des plus sacrés, celui de la forêt, celui aux embruns puissants, celui aux couleurs éclatantes, telles les contrées d'antan, celui patiné de rosée quand arrive le petit jour, celui parsemé de mousse comme la terre vierge du tout premier jour. Dans ces lieux merveilleux, vivent des êtres majestueux, ils dégagent grâce et souplesse dans leurs sauts emplis de finesse. Comme il fait bon contempler tant de délicatesse et de liberté ! Au cœur de ces forêts, l'horloge du temps s'est arrêtée. Quoi de plus émouvant que d'entendre le cerf bramer, courtisant sa femelle aux aguets parmi les parfums de cèpes, de girolles et bolets. C'est ce tableau de maître qu'ils sont venus voler, ces assassins violeurs de leur liberté. A chaque détonation, j'imagine un cerf qui se couche. Les yeux fixes, implorant le ciel, le cœur battant au ralenti et, émanant de ses naseaux, une chaleur toute douce, celle de son dernier souffle. Mon cœur se brise, se retourne, je suis outrée, je suis révoltée. Chaque fois que je les entends tirer, dans ma tête, j'aime à imaginer que le coup porté fut un accident, que le fusil s'est enrayé ou mieux ! Que le chasseur n'ait pas eu le temps de voir que, contre lui, le fusil s'est retourné. Qui, depuis la nuit des temps, a traversé les saisons ? Qui est à même d'être maître en ces lieux ? Posez-vous cette question, messieurs les assassins. Puisse la nature, un jour, reprendre ses droits et voir les hommes à genoux lui demander miséricorde. L'homme détruit tout aussi bien la faune que la flore, et dame nature, elle, de sa très grande bonté, continue de donner, et c'est sans égard que vous la piétinez ! Sandrine Lhermitte Dubois |
En
ces cœurs et ces aîtres |
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De l'arbre à l'ombre du
rivage La femme des venelles Jette un regard
d'étincelles Sur un cheval sans mors Qui traîne la lumière du
silence. Les prunelles éclatées de
l'animal Voient filer le sens de
l'homme Comme un souvenir du
savoir Où la brise s'appelle
mémoire Dans une osmose de
résonances. Ce petit arbre de pactoles Ensemence ses symboles Puis le messager des airs Officie dans la rivière Aux branches de l'âme. Les racines de mirage Ont fait d'amour et de
sang L'étalon et la nymphe Qui s'échappent du bocage En ces cœurs et ces
aîtres… Saint-Hesbaye |
La
prière du clochard |
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Du fond de cette église, je viens vers toi Seigneur, je viens te raconter ce que j'ai sur le cœur. La misère est mon lot, je gîte où je peux, je suis un pauvre hère, un misérable gueux. Et de plus, on me fuit, je fais peur aux enfants, mais toi tu le sais, je ne suis pas méchant. Je viens me réchauffer car, dehors, il fait si froid, et pour te dire bonjour. Tu es là, je le crois. Chaque jour, tu attends au fond du tabernacle, tu nous regardes tous, de ton saint habitacle. Il m'arrive parfois d'entrer dans une église, sous la pluie, dans le vent et sous la bise. Dehors, je fais la manche à ceux qui te disent qu'ils t'aiment : Messieurs, dames d'élégantes mises. En somme, c'est par toi, s'ils me font l’aumône quand ils viennent ici dès que la cloche sonne. Mon bon Jésus, merci, tu diriges leurs mains, ainsi je peux manger saucisson sur mon pain. Certains viennent ici parce que c'est l'habitude, et d'autres, c'est pour prier, meubler la solitude. Moi, c'est pour te parler ; te crier ma misère. À qui le dire ? Mais à toi ! N'es-tu pas mon frère ? Pardonne au pauvre gueux qui, parfois, fait effort pour remonter la pente, mais je retombe encore. Tout jeune, j'ai perdu ma très bonne maman, papa se mit à boire, j'étais seul à dix ans. Maintenant, c'est mon tour, je bois plus qu'il faut, mon Dieu, je le sais bien, tout cela n'est pas beau. Que veux-tu que je fasse ? Avec d'autres clochards, sous le pont on partage pain, sardines et pinard. Ah ! Que les jours sont longs ! Les nuits plus encore. Puis ça recommence, une nouvelle aurore paraît à l'horizon nébuleux, la grisaille des jours m'enlise, vautré sur la paille. Parfois sur un chemin, au coin d'un carrefour, tes mains, clouées au bois, crient, clament ton amour pour moi. Ah ! Donne-moi la sainte espérance qu'un jour je te verrai dans une aurore immense. Maintenant, je m'en vais, mais à ta douce mère permets que j'adresse une ardente prière. Bonne dame, entends-moi, n'es-tu pas ma maman ? Écoute la prière de ton pauvre enfant. J'ai mené triste vie ; j'ai roulé dans la fange, mais je me souviens des paroles de l'ange. Quelquefois dans la nuit, en mon cœur je te prie et comme l'ange, je dis : je vous salue Marie. Ô toi porte du ciel, ah ! Viens, viens m'accueillir. Du grabat de clochard, dès mon dernier soupir ouvre-moi tes deux bras, comme ton fils en croix ; pour me conduire enfin dans l'éternelle joie. Lieu de paix, lieu d'amour, dans l'unique lumière parmi les choeurs des anges en la maison du Père. Jean Charles de BEAUMONT |
Pierre Tombale Animale |
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On en fait des fourrures Ce sont les êtres impurs Qui les condamnent à mort Souffrir vivants voilà leur sort Mais pourquoi tant de faiblesses ? Pauvres animaux, qu'on les laisse Laissez-les respirer Laissez-les vivre en paix Quand ils partent à l'abattoir Ils sentent bien que c'est la fin de leur
histoire Ils n'ont rien fait pour mériter ça Le droit de vivre tout comme vous et moi Ce crime n'est pas assez puni Condamnons ces pauvres abrutis Ce sont des êtres vivants Qui aimeraient rester là le plus
longtemps Qu'on leur laisse une chance De reprendre leur vengeance Des associations ce n'est pas suffisant Il faudrait leur faire subir le même
châtiment A ces hommes sans raison L'argent c'est leur seule passion Aidez les à surmonter leur faiblesse Aidez ces animaux en détresse ! Julien BURY |
L’œil
rouge |
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L’œil rouge de la perdrix tel
un soir d'automne Ouvre des horizons de terre
sauvageonne. L'air est d'or et s'endort,
rose quasi mystique, Bien loin de l'internet ou de
la robotique. Cela est triste et beau dans
l'ombre qui s'allonge. Que ferai-je de toi, morne
plaine ? Et je songe : Je n'irai plus fouler les
herbes de septembre Ou celles des autres mois, de
vert, bleu et d'ambre. Ma course s'est brisée ainsi
qu'un rêve étrange Et des teintes du temps je
conçois le mélange. Il ne me reste plus qu'un monde
imaginaire Froid ainsi que pourrait l'être
un vieux Frigidaire. J'aimais tant m'élancer à
l'assaut des collines, Ou dévaler joyeux la pente des
ravines ! A présent, faux dandy, ma canne
dare-dare M'aide, pauvre canard
claudiquant vers la mare. J'ai hâte que le jour referme
ses demeures, Que le soir doucement allume
enfin ses leurres Et que la nuit me prenne,
inaccessible amante, Dans un sommeil profond
fleurant l'odeur de menthe. Jean-François Sautière |
AÇVINE |
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14/24 D’une aube d’alouette
ta bonde se dévoile À l’ivresse des
passions Et se mêle d’ignition Le cristal de bals À travers le prisme
des sauterelles S’érige parmi les
vitraux des frênes Dans le bosquet de
Cybelle S’embrasent nos
fluides en copulations de
pores Jusqu’aux yeuses des
fontaines Et d’haleine sans
déveine Qu’illuminent leurs
vertiges SAINT-HESBAYE |
PAUVRE
MERE |
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Je
me souviens de toi, pauvre mère éplorée Avec
tes cinq petits, à ta jupe accrochés Ils
voulaient manger, et toi tu n’avais rien. Alors
le cœur joyeux, je t’ai donné mon pain. Je
fis la grosse voix et je te vis pleurer Car
dans ta grande joie, tu voulus me payer Embrasse-les,
dis-tu, car ils n’ont plus de père Alors devant mes camarades, j’ai pleuré comme une bête. 1940 Roger Devillers |
Sodome
et Gomorrhe |
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La nuit s'ouvre entre les oripeaux de la guerre Les gens s'entassent dans leurs rêves mal fermés Malin qui saura dire combien de gens vivront Les volcans réveillés crachent le soufre en feu Quand le jour pointera La bombe sautera Quand le jour pointera La bombe sautera Dans le ciel, d'étranges chars volants se
déplacent Les gens de Sodome et Gomorrhe dorment déjà Seule une petite famille sera sauvée Elle est partie dans la montagne avant l'aurore. Refrain : Quand le jour pointera, etc. Pourquoi se préparer dans le noir à partir ? La fin de Sodome sera la nôtre demain Refrain La nuit s'ouvre entre les oripeaux de la guerre Les gens s'entassent dans leurs rêves mal fermés. Refrain et fin. Hertia May |
Un
ange sans ailes |
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La vie, que
représente-t-elle ? Serait-elle un ange sans
ailes Emprisonné par les flammes Ou serait-ce par les
larmes ? Faut-il en venir aux armes Pour apaiser nos
âmes ? Dans nos esprits, trop de
barrières Pour laisser pénétrer la
lumière. Faut-il espérer en ce
sauveur Pour effacer la
Terreur ? Celle que je ressens dans
vos regards. Mais ne m'en tenez pas
égard Cessez de faire la moue Ceci restera entre nous. Nous croyez-vous
différents de notre ombre Alors que nous sombrons
dans la pénombre À force de prévoir le pire Nous ne pouvons que
survivre Au lieu de joie être ivre Ayons le sourire Conservons que les bons
souvenirs Et même pour les années à
venir… Christelle Lesourd |
L'automne |
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Quand vient l'automne, la nature revêt sa plus belle parure. Bois, forêts ou arbres isolés deviennent magnifiques à contempler… Harmonie de somptueuses couleurs, feuilles jaunes, rouges ou or avec bonheur se marient et se mélangent somptueusement. Décor que l'on contemple avec ravissement, ultime beauté en cette fin d'année… Elle nous prépare doucement avec sérénité aux rigueurs de l'hiver qui approche, comme une maman, toujours très proche prête à apaiser nos tracas assurant que le printemps reviendra… Saison toute de douceur et de mélancolie mais ô combien si jolie. Anne Marie IOOS |
Michel |
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Michel, c’est un être à part. Quand il arrive, il a toujours les yeux hallucinés comme s’il avait vu quelque chose d’extraordinaire. En fait, c’est parce qu’il vient jusqu’en ville en scooter et qu’il ne met jamais de lunettes. Les flancs de son casque battent encore l’air comme des oreilles de cocker quand il pénètre dans le bar. Un peu hirsute, un peu voûté par la position sur son cyclomoteur, on pense qu’il arrive de loin, d’une autre planète ; ses habits sont toujours propres mais ils ne sont jamais repassés et, été comme hiver, il porte à ses pieds une paire de mocassins bien usés. Il lui manque quelques dents sur le devant et quand il sourit, on imagine tous les courants d’air s’infiltrant dans sa bouche. Il a toujours un mégot accroché entre les lèvres, une sorte de cigarette en papier roulé qu’il tète, même éteinte. Par transparence, on voit le tabac mouillé et toute sa salive sucée, collée le long de sa clope. Le cheveu en bataille, le front rougi par l’étreinte du casque, le blouson entrouvert, il serre quelques mains, en civilités ordinaires, échange quelques propos matinaux et capture le journal dès qu’il se libère. Il s’assoie à une table et épluche toutes les infos avec un grand intérêt. Socialiste par nécessité mais cocardier par hérédité, il s’accommode de ses contradictions en cherchant les articles qui siéent le mieux à ses intérêts de laborieux. Souvent, à sa lecture, il se révolte, il s’emporte ; d’un revers de main, il tape sur la feuille du journal ; il voudrait tout rationaliser pour tout ranger dans son esprit cartésien. Il traduit les mots qu’il ne comprend pas avec les siens pour en extraire sa synthèse la plus plausible. Tout à coup, il voudrait que tout le monde soit d’accord avec lui pour être certain de tout comprendre des articles du journal. Malheur à celui qui le contrarie, à celui qui raisonne différemment, à celui qui conteste ses vérités avec d’autres arguments !... Il s’énerve, il postillonne, il vitupère, il blasphème… Il a des grands éclats de voix, des embryons d’emphase, des répliques de prêcheur, comme s’il était soudainement en colère à la lecture dudit article. Il se lève, prend à partie les consommateurs qu’il connaît pour justifier ses commentaires d’exégète. En vrac, il fustige la politique des riches, les capitaux qui s’en vont, les immigrés qui s’incrustent, le match de rugby de la veille, le temps, l’horoscope, la météo !... Il est à la fois premier ministre, entraîneur, cartomancien, garde des sceaux et président de tribunal ; dans le bar, il fait alors les cent pas comme s’il préparait sa sentence ! Il est le bourreau de ceux qu’il envoie à la guillotine !... L’âme guerrière, celle conquérante d’un passé glorieux, il guerroie l’enfer des autres, avec l’étendard de ses souvenirs heureux, comme seule réalité loyale. Il travaille un peu partout et surtout nulle part. La misère le guette mais il maintient toujours sa tête hors de l’eau avec des acrobaties et des pirouettes. La corde est raide à Romans sur Misère et, sans filet, il saute chaque jour dessus avec une maestria d’équilibriste. Il n’est affilié à rien ; nulle doctrine ne pourrait le plier, nulle contrainte ne pourrait l’asservir, nulle puissance ne pourrait le museler, nulle autorité ne pourrait le domestiquer. Il est têtu comme un chêne avec l’intelligence d’un roseau. Il ne suit que le vent et les saisons, Michel. Au vent d’est, il va caler ses lignes sur quelques étangs secrets de sa connaissance pour taquiner carpes et gardons ; au vent du Midi, il va du côté du Vercors pour déloger dame truite cachée dans ses torrents et ses cascades. A l’automne, il a ses coins secrets à cèpes, ses forêts à trompettes et autres versants à girolles. Il ne connaît pas la bredouille ; il emporte avec lui une forme de sixième sens, celui des nuages, des pluies et des éclaircies pour guider son chemin et son flair. Dans ses yeux bleus, on voit le ciel, ses ombrages et des oiseaux de passage. Moitié libre, moitié sauvage, il sent la campagne et la terre, Michel. Il transpire la Nature. Sur ses genoux, il y a toujours des traces de verdure. Il sait le temps à l’avance comme un devin éclairé et il fait ses cueillettes comme un druide patenté. Il se penche bien bas ou il fait des prières ; il déchiffre les messages des champs et des collines. Des brassées de jonquilles sauvages jusqu’aux bouquets de muguet, des fleurs pour tisanes jusqu’aux racines pour onguents, il sait remplir sa musette des mille trésors de notre région. En hiver, pour quelques billets, il fait des corvées de bois, ramasse des châtaignes pour les uns et, aux premiers jours d’avril, il va bêcher les jardins alentour pour les autres. Il sait tailler les arbres fruitiers, manier un tracteur, rentrer le foin ou soigner une chèvre malade mais il discute avec les Saints de glace en observant le ciel et ses derniers flocons de neige. Michel, il boit son café en vitesse comme s’il avait peur de la cruelle contagion citadine des autres. Pourtant, ils restent son seul contact avec la modernité. Il vient y chercher sa dose de foule pour apprécier mieux encore la Nature. En le repliant, il chiffonne le journal contrariant avec des gestes brutaux comme si ce qu’il avait lu perturbait son entendement et il repart se cacher dans ses coins de montagnes les plus discrets, les plus secrets, les plus édéniques… Pascal |
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Cyrille part en vacances sans Poupette Poupette venait d’avoir un an. Elle restait la compagne fidèle et complice des jeux de Cyrille. Le jour des vacances approchait, un grand remue-ménage se produisait dans la fermette. Seul dans un coin de la salle à manger, Cyrille boudait car ses parents refusaient d’emmener Poupette. « La voisine va la garder et bien la soigner ! », lui disait sa maman. « Tu la retrouveras à ton retour ! », lui disait son père. Mais malgré toutes ces paroles réconfortantes, Cyrille, très malheureux, n’entendait rien et ne pouvait apaiser son chagrin. Tapie au sol, l’œil inquiet, Poupette regardait son jeune maître. Elle comprenait que son compagnon était triste et qu’elle en était la cause. Aussi, dès que Cyrille la caressait, elle se faisait toute câline, lui léchant les mains. Le jour du départ arriva. Tous les bagages mis dans la voiture, la petite chienne fut donc confiée à la voisine. Tristement, le cœur gros, refoulant ses larmes, Cyrille, par la vitre de la voiture, lui envoya de la main de petits baisers. Tandis que la chienne tenue en laisse par la voisine bondissait, jappait, voulant rejoindre son ami. Lorsque la voiture démarra et eut tourné le coin de la rue, Poupette parvint à s’échapper et courut, courut, mais en vain : la pauvre chienne s’était égarée. Et pendant plusieurs jours, plusieurs nuits, sans boire ni manger, elle erra sur les routes. Puis, épuisée, elle attendit longtemps sur le bord d’un chemin. Tout en gémissant elle pensait à son jeune maître, son meilleur ami, qu’elle aimait tant. La pauvre bête n’arrivait pas à comprendre pourquoi il l’avait abandonnée alors qu’ils étaient si heureux. Un matin, un clochard vint à passer par le chemin et trouva la malheureuse à demi morte de faim qui, tout en pointant son museau interrogateur, la regardait craintivement, avec une grande souffrance dans les yeux où l’on lisait l’attente et l’espoir. Comme c’était un brave homme, il la prit dans ses bras et l’emporta. La pauvre Poupette tremblait de tous ses membres. « Allons ma belle, ne crains rien ! J’entends ton cœur battre dans ta poitrine. Tu es dans un bien triste état : tu es maigre à faire peur ! Voilà plusieurs jours que tu n’as rien mangé, dis ? Rassure-toi, je ne te veux pas de mal ! Tu ne seras plus seule désormais, car nous allons devenir de très bons amis. » Poupette se retrouva dans une vieille maison délabrée en bordure du bois. Le clochard était très bon pour elle : il la nourrissait, essayait de la distraire en jouant avec elle. Mais Poupette au regard triste, dont on lisait l’attente et l’amour, ne lui rendait pas sa tendresse : elle mangeait à peine, ne pouvant oublier son ami. Cela peinait beaucoup le clochard qui comprenait bien qu’elle attendait quelqu’un d’autre et qu’elle finirait par mourir de chagrin. Les vacances terminées, Cyrille et ses parents rentrèrent à la fermette. Cyrille était tout heureux : il allait enfin revoir sa Poupette. Mais son chagrin fut immense, ne retrouvant pas sa chienne chez la voisine. Ses parents, pour le consoler, voulurent lui offrir un autre chien, mais il refusa. « Je veux ma Poupette, ma Poupette si gentille ! », disait-il en sanglotant. Ses parents entreprirent des recherches, mais Poupette restait introuvable. Vint la rentrée scolaire. Comme la saison était encore très ensoleillée, la maîtresse d’école décida un jour d’emmener les élèves dans le bois. Les enfants étaient joyeux quand, soudain, ils entendirent les aboiements répétés d’un chien qui surgissait brusquement et qui approchait de plus en plus près. Effrayés, les enfants n’osaient plus bouger tandis que Cyrille, muet d’étonnement, la gorge serrée, regardait ce chien qui accourait vers lui et qui ressemblait si étrangement à Poupette. « Poupette ! Poupette ! », s’écria-t-il, lorsqu’elle s’élança comme un éclair dans ses bras. Pendant longtemps, ils restèrent ainsi l’un contre l’autre. Serrant sa chienne tout contre son cœur tout en la berçant et pleurant, Cyrille lui murmurait des mots tendres d’enfants. Poupette, toute heureuse d’avoir retrouvé son ami, manifestait sa joie en lui léchant le visage. Elle frétillait de la queue en poussant de joyeux jappements qui voulaient dire : « Te voilà enfin, mon maître ! Je savais bien que tu reviendrais. » Tandis que Cyrille s’écriait devant ses camarades médusés : « C’est Poupette ! Poupette, ma chienne. » Cyrille n’a pas oublié le clochard qui est devenu son ami. Souvent, avec sa chienne, ils vont lui rendre visite. Désormais, dès qu’elle aperçoit le clochard, Poupette, reconnaissante, saute dans ses bras et c’est avec grand plaisir qu’elle accepte les quelques friandises qu’il a toujours pour elle. Jeanne Toubeau |
Clapotis |
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Un doux murmure en la fougère c'est la ballade du ruisseau tel un luthier plein de mystère dans la roche et les arbrisseaux. Au plus secret de la falaise né des assauts du ciel breton, lutinant la mousse et la glaise il se devine à sa chanson. Et du frais sous-bois qui frétille monte un concert de chuchotis, l'onde serpente et va tranquille entre soupirs et clapotis. Voici la mer, l'ultime image où le ruisseau ce farfadet achève un périple sauvage dans le varech et les galets… Geneviève Bailly |
Bonne année |
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Au
seuil de cette nouvelle année, Je
voudrais à tous vous souhaiter, De
passer une très bonne année, Qu’elle
vous apporte joie et santé. Qu’elle
exauce tous vos désirs, Qu’elle
vous apporte du plaisir. Et
surtout, soyez très heureux ! Du
bonheur, on en a trop peu. Passez
une bonne soirée, Profitez
de vous amuser. Buvez
et régalez-vous bien, Ici,
vous ne manquez de rien. Jeunes
ou vieux, petits ou grands, Aujourd’hui,
c’est le nouvel an. Je
vous ai fait ce court poème, Pour
vous dire combien je vous aime. Reine
DELHAYES |
Vendredi
noir pour Noël blanc |
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Le vent avait soufflé toute la nuit, bousculant mon sommeil entre deux rêveries. Il neigeait encore ce matin-là de la poussière d’argent en bourrasques assidues. Tout était blanc : les champs, le ciel, la route. Tous les contours se confondaient, adoucis en courbes voluptueuses et changeantes. Plus rien ne ressemblait à rien, c’était une merveille, un paysage vierge de carte de vœux pour un Noël blanc. Oui mais voilà, le devoir m’appelait. Il me fallait sortir du village coûte que coûte et parcourir dans la tourmente vingt et un kilomètres pour aider une dame à prendre ses repas. J’avais averti sa famille que j’arriverais certainement en retard mais je ne me doutais pas, en partant, que j’allais passer six heures sur les routes, au lieu des trente minutes habituelles, pour arriver enfin à mon but, au bout de quarante-huit kilomètres. Mes voisins m’avaient dit « Vous ne pourrez pas passer par la route de Clary, elle est recouverte par des bancs de neige. D’ailleurs, elles sont toutes infranchissables, il n’y a pas moyen de sortir de Maretz. » Pourtant, vaille que vaille, je suis partie au volant de ma voiture, non sans avoir chargé dans mon coffre la lourde pelle qui allait bien me servir par la suite. Je pensais à cette vieille dame alitée et seule qui attendait ma venue et cela me motivait plus encore que l'idée du devoir accompli. J’avais déjà roulé bien des fois sur des routes enneigées et même sur des chemins verglacés qui ressemblaient à de véritables miroirs. Je savais comment faire et j’étais confiante. Surtout ne pas freiner, rétrograder pour ralentir peu à peu sans jamais vraiment stopper le véhicule, un peu comme un film au ralenti. Jouer des deux pieds sur les pédales d’embrayage et d’accélérateur comme le ferait un jongleur avec ses balles, anticiper chaque virage et prévoir les réactions de la voiture d’en face, en quelque sorte conduire comme on marcherait sur des œufs. Comment décrire cette vision d'apocalypse ? Toi tu en aurais fait une histoire palpitante mais moi je ne sais pas. A droite de chez moi, pour aller vers Busigny, la route s’était rétrécie, engloutie par d’énormes congères, jusqu’à ne plus laisser le passage que pour une seule voiture. Et je me disais qu’en dernier recours, je tenterais de passer par là pour ensuite faire le tour, quitte à dévier par Le Cateau. J’ai dû essayer toutes les rues du village, aux quatre points cardinaux, pour finalement rebrousser chemin, dépitée, avant de pouvoir enfin en sortir. Une déneigeuse avait en effet déblayé la route de Clary. Je ne me souviens pas aujourd’hui quelles routes j’ai pu parcourir, quels villages j’ai dû traverser. Des bribes me reviennent pourtant, tellement ce jour m’a marquée, dans mon esprit comme dans mon corps. J’étais arrivée tant bien que mal à Caudry. Je me dirigeais vers Beauvois, croyant pouvoir tourner à droite pour passer par Bevillers. Hélas, toutes les issues de ce côté étaient fermées. Je n’avais pas d’autre choix que de continuer tout droit. Or, devant moi, ainsi que derrière, s’allongeait une file de voitures telle que je n’en avais encore jamais vue. J’appris par la suite qu’un camion s’était renversé à l’entrée de Cambrai, fermant inexorablement la chaussée Perdues dans cet enfer blanc entre blanc du ciel, de la route et des champs où plus rien n’avait de limite, les voitures s’échinaient à trouver leur chemin. Des camions en perdition stagnaient sur le bas-côté, acculés dans les fossés dissimulés ou s’étalaient en travers des routes, immenses colosses blessés et impuissants. On croisait parfois des tracteurs, munis de godets, venus à la rescousse mais tellement impuissants face aux éléments. Poussière de neige soufflée par le vent mauvais comme tempête de sable, volutes de fumée immaculée, spectacle hallucinant... Je ne compte plus combien de fois j’ai dû faire demi-tour, croyant pouvoir passer, arrivée parfois si près du but, quand des méchants panneaux dissuadaient les automobilistes de poursuivre leur chemin ou quand nous croisions de longues files de voitures dans lesquelles les conducteurs nous faisaient de grands signes pour nous conseiller de retourner en arrière. Que de dépannages en tous genres en cette journée épique ! Moi-même, plusieurs fois, je me suis arrêtée pour aider des gens en leur prêtant la pelle que j’avais dans mon coffre. D'un commun accord avec la famille de la dame chez qui je me rendais, nous restions en contact par des appels téléphoniques réguliers pour savoir où j’en étais mais je voyais avec angoisse la batterie de mon portable baisser en même temps que la jauge du carburant. Les muscles tendus par la concentration, les membres endoloris, épuisée, je suis enfin parvenue à mon but en début d’après-midi, après six longues heures au volant de ma voiture. J’ai pu enfin rassurer cette vieille dame, informée de mes déboires par sa fille au téléphone, et lui préparer son repas. Mais ensuite il me fallut retourner chez moi. À 15 heures, je repartais d’Avesnes les Aubert sans être sûre du chemin qu’il me faudrait reprendre. Je ne savais rien de ce que me réserveraient les prochaines heures. Après avoir essayé d’emprunter toutes les routes possibles aux alentours, j’ai dû me résigner à prendre la direction de Cambrai, c’est-à-dire complètement à l’opposé. Une fois arrivée en ville, voilà que les agents de police défendent l’accès aux ronds-points, interdisant toute issue en direction de Caudry. « Revenez dans une demi-heure, disaient-ils, le dépannage du camion accidenté devrait être terminé... » Bien sûr je n'ai pas voulu les écouter. Je voulais savoir si je pouvais passer de l'autre côté, par Séranvillers, Esnes, puis Walincourt. Jamais je n’avais vu autant de circulation sur des routes enneigées. Nous étions le 24 décembre 2010 et chacun se pressait pour préparer le fameux réveillon. As-tu déjà vu des colonnes de fourmis ? Voilà, c’est ça ! Nous roulions au pas dans de longues processions, les uns derrière les autres. Les lumières de Noël, c’était les multiples feux de détresse qui palpitaient comme des cœurs à l’unisson. C’était comme un cortège lent et funèbre à travers le brouillard neigeux dispersé par le vent, comme les guirlandes clignotantes d’un sapin de Noël. Je me mis à suivre ceux qui me précédaient et je ne suis même plus certaine du chemin emprunté. Je me souviens juste de cette impression de sécurité qui m'envahissait. Devant moi, derrière moi, s'étirait une multitude de voitures à l'infini. Mais savoir que je n'étais pas seule me réconfortait au plus haut point. De temps en temps, un compatriote tombait en rade et chacun, alors, s'arrêtait pour lui venir en aide. C'était des appels téléphoniques, des joyeuses clameurs et de joviales plaisanteries. On déneigeait à coups de pelles, on poussait les voitures enlisées ; l'un d'entre eux s'est même mis au volant de la mienne pour la manœuvrer quand elle s'est retrouvée bloquée, ne voulant plus avancer ni reculer. Oui je me souviens de l'entraide mutuelle de ces fêtards en devenir qui essayaient de rejoindre leur point de ralliement pour célébrer dignement le réveillon de Noël quand, enlisés en pleine campagne à force de détours et de retours en arrière, ils s’arrêtaient bloqués par les blancs éléments triomphants. Je me souviens de ces agriculteurs qui avaient sorti leurs tracteurs pour déneiger la chaussée. Je me souviens de cette chaleur humaine au milieu de la tourmente. C'était tellement bon et réconfortant ! Je me souviens de cette atmosphère unique, c'était un autre monde, une autre dimension, Bien des journées après, on verra encore en plein centre-ville des gens hilares sortir leurs skis sur la neige durcie, et des enfants joyeux essayer une luge au milieu de la route blanchie. Longtemps, bien longtemps après, la neige gardera son paysage de banquise, régnant en maîtresse assidue. Thérèse Leroy |
Le
secret de la forêt |
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Le temps est superbe ce dimanche de Juin ; les pluies de printemps ont essoré le ciel du Nord, l'été s'annonce chaud et sec : déjà s'estompe la brume du matin. Après une semaine de travail pénible, je décide de passer la journée en forêt : j'adore le pays de Mormal, ses troupeaux immenses, ses Helpes claires, et surtout sa forêt, si belle l'hiver dans son manteau de cristal, parfumée de muguet aux premiers jours de Mai, et plus belle encore quand l'or de l'automne embrase ses essences si variées… Au volant de ma vieille voiture, j'emprunte donc les petits chemins où la verdure de l'été colore les enclos tandis que paît tranquillement le bétail. Des bouffées parfumées de foin sec promettent une journée chaude et ensoleillée. Déjà de nombreux estivants s'installent pour le pique-nique à l'orée de cette forêt magique, et c'est le cœur joyeux que je pénètre dans le sous-bois profond d'où me parviennent les rires heureux des promeneurs, tandis que chênes et charmes crépitent sous l'ardeur du soleil. Vers midi, des effluves alléchantes me chatouillent les narines : les barbecues sont en action. Assise sur la souche d'un vieux chêne, je décide de me restaurer avant de poursuivre ma promenade ; j'écoute le coucou, tantôt à droite, tantôt à gauche, dans l'impossibilité de le localiser - puis le roucoulement des tourterelles, le martèlement d'un pic-vert sur un orme tout proche ; toute la forêt est en fête : une journée de rêve ! Mon repas frugal terminé, je reprends ma promenade, heureuse, n'ayant plus pour horizon que la cime des arbres. En traversant une clairière, je remarque cependant que le soleil se ternit ; le ciel couleur de cendre annonce un passage nuageux, je poursuis mon « exploration », ayant pris la précaution d'emporter un imper ; les arbres gigantesques ne me permettent pas de découvrir le ciel menaçant, et je m'enfonce toujours plus loin glanant çà et là fleurs et herbes à sécher pour mes bouquets d'hiver. Bientôt cesse le concert d'oiseaux, la forêt devient silencieuse et sombre – trop tard pour revenir en arrière : un souffle brutal fait frémir les arbres, un éclair fulgurant m'éblouit ; l'orage imprévisible s'abat sur cette forêt si joyeuse l'instant précédent. J'enfile mon imper à la hâte, mais où me protéger ? Un vent violent ploie la cime des hauts peupliers devenus menaçants : terrorisée, je me blottis sous un chêne énorme, perdue par ce déchaînement si rapide des éléments. Le vent redouble de violence, l'orage s'étant localisé au-dessus de la forêt – je connais la violence des orages du Nord, mais en général, ils sont brefs. Il s'agit ici d'une tempête impressionnante qui secoue dangereusement la forêt, et soudain un craquement sinistre m'annonce la chute d'un arbre foudroyé près de mon « refuge » ; une odeur de bois brûlé me pique les narines. Paniquée dans la pénombre, j'assiste, impuissante, à ce déluge, mes pensées restant paralysées autant que mon corps. Où suis-je ? Comment sortir de cet enfer ? Moi qui me croyais capable de faire face à tout danger, je reçois une leçon d'humilité cuisante, incapable de maîtriser ma peur, alors que l'orage devient de plus en plus violent. Je crois revivre les bombardements de Mai 1940 qui m'avaient tant traumatisée. Et je sanglote, seule, au milieu de cet enfer. Je suis ruisselante, j'ai froid, j'ai peur, les éclairs m'aveuglent, les branches tombent autour de moi, les feuilles s'envolent en tourbillons incontrôlés, le vent hurle sa désespérance. Je ferme les yeux pour ne plus voir, et me bouche les oreilles pour ne plus entendre, recroquevillée contre cet arbre ; et brusquement, ce souffle chaud sur mon visage, cette arrivée inattendue qui me fait ouvrir les yeux, et ce monstre noir près de moi. Je hurle d'effroi et je m'évanouis… Quand je reprends connaissance, un animal est contre moi : cette bête immonde que j'avais aperçue entre deux éclairs n'est autre qu'un chien, égaré sans doute. Je me surprends à le caresser, à lui confier mon désarroi pour extérioriser ma peur ; il pose sa tête sur mes genoux, ses yeux remplis de bonté me rassurent malgré sa taille impressionnante. Et nous restons là, l'un contre l'autre, longtemps sans doute, tétanisés, mais à certains moments, quand le tonnerre fait trembler la terre, sa langue tiède vient me lécher la main, comme pour me dire : « Ne crains rien, nous sommes deux ». Quand l'orage s'éloigne enfin, je me redresse dans un suprême effort, ankylosée par l'humidité, la peur et le froid ; et le chien, satisfait de mon comportement, me rassure encore à sa façon, se frottant contre mon imperméable dégoulinant. Je le caresse doucement ; ensemble, nous partons pour trouver une issue et sortir de ces lieux sinistres. Péniblement, nous retrouvons un sentier qui nous mène à la sortie de la forêt ; curieusement, c'est le chien qui me guide, évitant les amas de feuilles glissantes et de branches brisées. La nuit tombe mais je ne crains plus rien, grâce à cette présence providentielle. Je retrouve enfin ma petite voiture, mais mon compagnon manifeste le désir de m'accompagner. Je le repousse gentiment, il s'assoit en me regardant tristement, et après une dernière caresse, je démarre. Il regarde la voiture s'éloigner. Il fait nuit lorsque je rentre au village ; les cinquante kilomètres parcourus me paraissent plus longs qu'à l'aller ; la fatigue et le souvenir de ce chien m'accablent de tristesse : d'où venait-il ? Va-t-il retrouver son logis et son maître ? Mon enthousiasme du matin a disparu. Après un bain chaud et un repas léger, je me sens mieux. C'est alors que je remarque une enveloppe glissée sous ma porte d'entrée, découvrant avec stupeur le message suivant : « Nous sommes obligés de partir pour Dakar, maman étant gravement malade, et sommes passés chez toi pour te confier notre chienne DIXY que tu connais mais qui a beaucoup grandi. Elle reste très douce, et tu es la seule personne capable de t'en occuper durant notre absence ; nous l'avons attachée dans ta petite remise près du garage en attendant ton retour. Nous t'appellerons dès que possible mais te connaissant si bien, nous sommes certains qu'elle te reconnaîtra et sera très heureuse chez toi. Merci, bisous, à bientôt – Tes amis DENIS ET THERESE. Mais alors ? Ce chien ? Ce regard désespéré lorsque je l'ai quitté… C'est LEUR chienne, c'était DIXY ? Comment a-t-elle pu me rejoindre dans cette forêt perdue ? Affolée, je cours vers cette remise pour y découvrir une laisse brisée, et tout le matériel nécessaire de cette pauvre chienne que j'ai lâchement abandonnée. Sans perdre un instant, j'appelle JACQUES, vétérinaire, mon ex-compagnon – nous avons vécu ensemble quelque temps mais sommes restés très proches malgré notre séparation. Ce dernier me rassure : « Ne crains rien, si cette chienne a su te trouver, elle saura te rejoindre : ces animaux ont un flair et un instinct incroyables que nous n'arrivons pas toujours à expliquer. Sois patiente. De plus, cette chienne connaît ton parfum, ton arme de séduction à laquelle on ne résiste pas ; va te reposer, Elle reviendra. » JACQUES ! Pourquoi n'est-t-il plus près de moi ? Trois jours d'angoisse et de remords durant lesquels je dois rassurer mes amis par téléphone, baratiner, et leur inventer que DIXY va bien, qu'elle a beaucoup grandi depuis notre dernière rencontre, etc. etc. Que de mensonges ! Puis un soir, ELLE est là, allongée, dans un état pitoyable, le pelage taché de sang marquant de nombreuses blessures. J'appelle Jacques qui arrive rapidement ; après examen, son diagnostic est rassurant : blessures superficielles. DIXY a dû faire de mauvaises rencontres et se défendre contre ses agresseurs. « Je passerai chaque soir jusqu'à sa guérison », me promet-il. Bientôt la chienne reprend des forces, son poil retrouve souplesse et brillance grâce à nos soins attentifs, surtout ceux de Jacques. ...Et le temps passe : promenades dominicales remplies de joies partagées, DIXY s'avérant douce et intelligente, jusqu'à ce dimanche d'orage violent ravivant ma peur et celle de la chienne : Jacques reste pour la nuit… et pour les suivantes. Thérèse m'annonce un soir son retour prochain ; j'en profite pour lui faire part du retour de Jacques sans autre commentaire. C'est alors que je retrouve la chienne, chaque soir, le museau sous le porche ; son accueil est moins chaleureux, et plus les jours passent, plus elle devient nerveuse, impatiente, l'oreille attentive au moindre bruit, se promenant même la nuit en gémissant parfois. DIXY n'est pas dans son état normal et son comportement change à notre égard. Arrive enfin le retour de nos amis. DIXY n'a pas quitté le portail depuis le matin, et sa joie lors des retrouvailles me fait mal ; elle nous oublie durant toute la soirée, se blottissant entre Thérèse et Denis : elle a retrouvé ses parents, « sa » famille, et rien d'autre ne compte, ses caresses ne sont plus pour nous. Le repas se passe dans la bonne humeur, heureux de nous retrouver et d'apprendre la guérison de la Mamie. Au dessert, Thérèse m'offre un ravissant coffret : « C'est ton parfum préféré, me dit-elle, ce sera le souvenir et le merci de DIXY. » J'ai peine à retenir mes larmes, et croise le regard de Jacques qui sourit et semble me dire : « Ne dis rien, seule DIXY partage notre secret qui restera notre plus beau souvenir. » Puis arrive le départ : DIXY saute dans la voiture, y retrouve sa place, impatiente de nous quitter. Je laisse exploser mon chagrin dans les bras de Jacques. Le lendemain, je retrouve quelques jouets oubliés qui ravivent ma peine. Jacques m'explique qu'il soigne les animaux, mais malades ou pas, ils reconnaissent leurs maîtres, toujours avec joie. « Mais alors, pourquoi DIXY est-elle venue me sauver dans cette forêt ? » « Simplement parce qu'elle s'est trouvée désemparée, et qu'elle a ressenti que tu courais un danger. Elle a reconnu ton parfum également, mais c’est aussi grâce à elle que nous nous sommes retrouvés : nous devons la remercier. De toute façon, nous la reverrons prochainement, c'est chose promise. » Quelques semaines plus tard, nous recevons à nouveau nos amis et DIXY, cette fois, nous manifeste sa joie de nous revoir, courant de l'un à l'autre, et ces retrouvailles sont merveilleuses. Je comprends alors que DIXY a dû souffrir terriblement lors du départ de ses maîtres, tout comme l'est un enfant abandonné par ses parents. Ma blessure se referme doucement, mais Thérèse et Denis ne connaîtront jamais le SECRET DE LA FORÊT… Gisèle Houriez Macarez |
CELUI QUI DOUTE (LOURDES
1976) |
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Il y a l’univers ; déjà je suis perdu Dedans cet infini sans Avant ni Après Où, seuls des mots terribles : « Toujours ou Plus Jamais ». Dans ce vide insondable où la Lune, la Terre, Le Soleil, les Etoiles ne sont que poussières. Notre Terre qui tourne, accrochée au soleil, Pour en faire le tour : un tour toujours pareil, Pour se chauffer partout, qui se tourne, elle aussi. Mais elle présente au feu toujours les mêmes places Alors elle a les pôles enfouis sous la glace Et sur son ventre rond de grands déserts roussis. Et il y a la Vie ; et je suis confondu Devant cette existence des êtres et des plantes, Sans cesse molestée et toujours renaissante, Qui source de partout si ardente et si belle, Et qui se régénère Victorieuse et Cruelle. Du fond de l’Océan aux cimes radieuses Ordonnée pour toujours par des lois rigoureuses. Et il y a les Hommes qui se veulent les maîtres Parce qu’ils ont l’Esprit, qu’ils pensent tout connaître. Mais il leur manque un bien, ce bien c’est la Sagesse. Dilapidant la Terre et toutes ses richesses, Ils se laissent aller à leurs seuls sentiments, Cultivant côte à côte : la Haine, le Dévouement, Amour et Calomnie, Jalousie et Pitié. Capables de détruire autant que de créer, Qui deviennent puissants quand l’argent les aime, Qui peuvent des miracles quand l’amour les sublime, Quand ils ont ce bienfait qui calme les souffrances, Qui donne les Victoires, ce bien c’est l’Espérance. Et il y a le temps qui coule à flots pressés, Qui va nous engloutir dans la mer du passé. Heureux celui qui peut laisser sur le rivage, Parmi tant de coulées, trace de son passage. Derrière tout ce monde, faut-il y mettre Dieu ? Je ris de m’être pris cinq
minutes au sérieux. Marcel
LESAGE |
Je m'appelle Séléna Héra Chapitre 5 : Amélioration |
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De retour chez ma famille d'accueil, je montai directement dans ma chambre. J'avais besoin de faire le point sur cette matinée. Le seul moment où je n'avais pas paniqué, c'est quand je me suis concentrée dans ce qu'ils appellent les mathématiques. J'espérais que les autres professeurs savaient se faire respecter comme Mme Watson car sinon je risquais de tuer en essayant de me contrôler comme en anglais. En bas, j'entendis la porte s'ouvrir. Je reconnus la démarche hésitante de Betty. -Séléna tu es là ? Je me fais un café et après on va au magasin de bricolage pour ta chambre. Je t'attends dans 5 minutes. -J'arrive, Betty ! Je venais de répondre avec un peu trop d'euphorie dans la voix mais au moins ça devrait lui plaire. Je l'entendis soupirer d'aise au bas de l'escalier et aller d'un pas pressant dans la cuisine. Rapidement, j'attrapai alors une feuille blanche afin d'y noter ce dont j'avais besoin, histoire de ne pas trop traîner dans les magasins : -peinture noire -peinture rouge -quelques nouveaux habits -petit cahier de couleur -stylos. Ce n'était pas grand-chose mais je ne voyais rien d'autre. Je descendis donc l'escalier afin de rejoindre Betty. -Bonjour Séléna, tu as passé une bonne matinée ? Je ne sais pas si tu as mangé, sinon on peut aller au resto bar en allant faire les boutiques. -Non merci Betty, j'ai mangé quelques gâteaux et sinon oui, ça a été. Par contre, c'est normal que les élèves me paraissent aussi hostiles ? -Hostiles comment ? -Disons que je n'ai pas l'impression qu'ils aiment les bonnes têtes. -Si ce n'est que ça, ce n'est rien, il faut le temps de te faire des amis et ça passera tout seul, tu verras. Tu es prête ? Dans ce cas, en voiture !! Je n'étais pas convaincue pour mes camarades mais le temps me le dira. Betty avait l'air contente de parler avec moi et me concernant, je n'avais pas envie de prolonger les hostilités avec ma famille d’accueil. Ils étaient gentils. À mon tour de leur montrer que je pouvais être sympa. Après être montées en voiture, nous sommes allées au magasin pour les fournitures scolaires dont j'avais besoin puis j'ai été chercher ma peinture. Pour les vêtements, Betty m'emmena dans une petite boutique tranquille avec des habits foncés et quelques jeans. Ces derniers me plaisaient. Autant l'odeur que la matière très pratique. Je pris, avec la permission de Betty, 5 jeans différents, quelques hauts bleus et violets ainsi qu'un foulard noir et blanc. -Pourquoi le foulard ?, voulut savoir Betty. Tu sais, il fait chaud ici. -J'ai des problèmes de gorge depuis toute petite. Il fallait bien que j'invente un truc car je ne pouvais pas lui dire que c’était pour cacher ma peau des rayons du soleil. -Dans ce cas, il faudra te faire retirer les amygdales, tu auras moins mal. Quoi !!?! Je ne voulais pas me faire charcuter !! En plus ça reviendra la nuit tombée et dans ce cas tout le monde comprendrait que je suis différente. -Je ne préfère pas, j'ai peur des opérations et je m'évanouis à la vue du sang. -On attendra un peu et on ira voir le médecin. On décidera après, ne t'en fais pas. En rentrant à la maison, Betty m'aida à ranger mes achats dans mon armoire et, vu l'heure tardive, on décida de mettre la peinture demain. Il était 17h et comme il était encore tôt pour manger, Betty me proposa de regarder un film avec elle, ce dont j'acceptai. Nous avons donc regardé le film « la soupe aux choux ». Ce fut la première fois que je regardais la télévision. Et oui, on ne trouve pas de prise de courant dans une forêt ! Il était vraiment extra. Je n'avais jamais ri de si bon cœur depuis longtemps. En regardant Betty, je compris que quelque chose venait de la secouer. Maintenant que j'y repense, je crois que c'est la première fois qu'elle venait d'entendre un rire aussi bizarre que le mien. Pour des humains, c'est un peu comme entendre des cloches tinter. -Betty, ça ne va pas ?, demandai-je penaude. -Si si, ça va. Mais est-ce qu'on t’a déjà dit que tu avais un rire vraiment unique ?, dit-elle complètement déroutée. -Oui, je sais. Il est un peu mélodieux. Mon médecin disait qu'il changerait à l'adolescence. Je suppose que je n'ai plus longtemps à attendre ! En essayant d'être ironique, je venais de lui rendre le sourire. -Oui je suis bête, excuse-moi. Ça arrive à tout le monde, ce genre de choses. Je suis contente que tu commences à m'apprécier. Avec le temps, je suis sûre qu'on deviendra amies. Son sourire était radieux et je sentis au fond de moi un sentiment d'allégresse. Moi aussi, j'étais sûre qu'on apporterait beaucoup l'une à l'autre avec notre amitié. Peter arriva à la fin du film. Il avait l'air éreinté. Betty se leva du canapé et alla l'accueillir avec un grand sourire. Peter eut l'air étonné mais ne dit rien. Il alla à la cuisine et s'assit à la table pendant que sa femme réchauffait le gratin de pâtes qu'elle avait préparé pendant le film. Sans rien dire, je les suivis et préparai la table. Peter me sourit et je lui souris en retour. Je ne leur faisais pas encore confiance mais je commençais à les apprécier. Plus question de leur faire du mal. Ils avaient le droit d'avoir la vie dont ils rêvaient avec moi. Je devais simplement faire attention à ne pas les froisser. -Merci Séléna. Viens donc t'asseoir. Ça a été, ton premier jour ? -Oui mais les élèves n'ont pas l'air avenant. Tout en lui répondant, je m'assis à la même place que la veille. -Et toi, ton travail, ça a été ?, demandai-je. -Ça peut aller. Tu sais, c'est compliqué, la gestion du magasin. Il faut sans arrêt trouver de nouveaux livres qui plairont aux clients et ce n'est pas forcément facile. -Je pourrai peut-être t'aider après les cours ? -Oui pourquoi pas ! Ça me ferait très plaisir de te le faire visiter ! Il rayonnait de joie. Je le vis sourire en coin à Betty. Elle avait l'air aussi surprise que lui et elle était tout aussi heureuse. Betty amena le plat et me servit copieusement. Comme à mon habitude, je fis semblant de me régaler. En regardant la fenêtre, je m'aperçus que le soleil était déjà bien bas. -Je vais aller me coucher. Je dois encore faire mon sac et je me lève tôt demain matin. Me levant, je leur fis la bise et commençai à monter l'escalier quand Betty me rappela. -Tu n'as plus faim ? J'ai encore du gâteau si tu veux. -Non merci, j'en mangerai demain au petit déjeuner. Je te remercie, à demain Betty. -Fais de beaux rêves. Je montai le reste de l'escalier et allai dans ma chambre. La peinture était là, dans le coin de ma chambre. J'avais hâte de la poser demain soir. En attendant, je sortis plusieurs cahiers du bureau pour les mettre dans mon sac. Il y avait un cahier de français, celui d'histoire et celui de musique. Par rapport aux deux autres, celui de musique était plus petit par son format. Demain, je commençais à 8h par le cours de musique puis j'enchaînais par l'histoire et le français pendant 2h. Je ne connaissais pas la musique. J'en avais vaguement entendu parler mais je ne savais pas vraiment ce que c'était. Pour ma tenue, je choisis un t-shirt violet et un jeans foncé à patte d'eph. Pour la veste, je repris ma veste noire à capuche avec mon foulard en complément. Je ne serai habillée que de neuf pour demain. Je préparai ensuite mes affaires pour l'après-midi. J'allais avoir sport et je finirais à 4h. Betty ne m'avait pas inscrite à la cantine donc je mangerai à la maison toute seule, vu qu'ils travaillaient tous les deux. En passant, Betty m'avait promis de venir le plus souvent possible pour ne pas m'obliger à rester seule pendant les repas. Elle trouvait ça déprimant. Moi ça ne me dérange pas. Je suis d'une nature associable. Je préfère la solitude. Peut-être à cause du fait que je n'avais pas d'amis. Ça passera certainement au fil du temps. De nouveau, je frissonnai en pensant à ce nouveau jour avec toutes ces personnes qui m'entoureront. Je suis pétrifiée de terreur alors que je suis un demi-vampire. Pff !!! Quelle trouillarde !!! Je chassai cette peur insensée de mon esprit et ouvris mon velux. J'avais faim et le soleil allait disparaître d'un instant à l'autre. Jetant un dernier coup d’œil à la porte, je laissai la nuit m'engloutir en ces lieux. Melanie |
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4°SalonAutour
du Livre |
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