SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 5
Janvier-Février-Mars
2003
Illustration BD page 2 |
Patrick MERIC |
Mot de Monsieur le Maire page 3 |
Guy BRICOUT |
Evocation "Michel QUINT" page 4 |
Denise LEPRETRE |
JEUNES |
|
Quatre ans de vide page 5 |
Floriane KUROWIAK |
Je t’aimais tant page 5 |
Caroline LALISSE |
Le jour – la nuit page 5 |
Joffrey |
Mars page 6 |
Ecole St Michel |
J’aime Noël page 7 |
Fanny |
J’ai trouvé page 8 |
Ecole Ferdinand Buisson |
2001 – 2002 page 9 |
Hector MELON d’AUBIER * LUCIOLLE * |
HUMOUR |
|
Un conte ed’Noël page 10 |
Jean-Pierre LEFEBVRE |
La faute à Gaston page 11 |
Jemael-C |
Les pastil’s toutafait page 12 |
Daniel CARLIER |
Philos…oeufie page 13 |
Jean- Claude LAMPIN |
Les baisses à mémère page 14 |
Julien VERNAGUT |
ADULTES |
|
Rondeau d’un nouvel an page 15 |
Jean-Luc EVENS |
La fable du fou page 16 |
SAINT-HESBAYE * |
Viens dans ma maison page 17 |
Chantal LEFEBVRE |
Invitation page 18 |
Geneviève BAILLY |
Deux petits mots… page 19 |
Françoise LELEUX |
Aquarelliste page 20 |
Olivier CATIEAU |
Pensées page 20 |
René BERNARD |
Acrostiches à la tendresse page 21 |
Monique DELCROIX |
Un jour et Goutte d’eau page 22 |
HERTIA-MAY |
Noël page 23 |
Jean-François SAUTIERE * |
Premier ailleurs page 24 |
Thérèse FABIAN |
Pour toi page 25 |
Charly WAL |
A l’encre indélébile page 25 |
Jean-Claude FOURNIER |
Tom et Jerry page 26 |
Andrée COUVREUR |
Intimité page 27 |
Jacky LEMAIRE |
La prière du clochard page 28 |
Jean-Charles de Beaumont |
Les étrennes page 29 |
Paule LEFEBVRE * |
Un conte de Noël page 30 |
Denise LEPRETRE |
|
|
* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire. |
MOT
DU MAIRE |
|
|
CAUDRY le 16 octobre 2002 Madame, Mademoiselle,
Monsieur Entre vos mains vous tenez
déjà le N°5 de la CAUDRIOLE, devenu en très peu de temps une véritable
gazette littéraire locale qui semble avoir acquis ses lettres de Noblesse, à
en juger par l' attente fébrile qui précède chaque trimestre sa parution. Il faut saluer comme il se
doit cette initiative à l'heure où nos jeunes enfants ont semblent-ils perdu
le goût de la lecture qui pourtant façonne l'individu. On devient homme
qu'après avoir accompli un parcours littéraire qui nous fait découvrir toutes
les richesses de notre culture. Cette période de NOËL
propice aux cadeaux nous offre une formidable occasion pour fleurir de livres
le pied des sapins avec les trésors de notre littérature fantastique et
romanesque. Encore bravo pour cette
initiative et j'adresse toutes mes félicitations à tout ces auteurs qui
chaque trimestre nous apportent la primeur de leur production artistique. Enfin je souhaite à tous
d'excellentes fêtes de fins d'années en formulant l'espoir que cette Année
nouvelle vous apporte Bonheur, Santé et Prospérité. Le
Maire de Caudry, Conseiller
Général du Nord Guy
BRICOUT |
4
ANS DE VIDE |
|
|
Je
quitte mes 15 ans Pour
prendre mes 19 ans 4
ans où je n’existais pas La
vie je comprends pas Je
quitte l’adolescence Jy
fais ma révérence Pour
plonger là où je ne connais pas C’est
si grand je ne me trouve pas 4
ans si vite passés Etais-je
heureuse ou dépassée ? 4
ans pour une personne A
donner sans qu’elle me donne Sortir
de mes 15 ans Attraper
la vie prendre le courant Commencer
direct à 19 ans Plonger
dans les torrents A
15 ans c’est trop facile Pas
de remous y’a tout qui brille A
19 ans tu heurtes la vie T’empales
sur les rochers et entames ta survie 4
ans sans exister Pour
une personne à tout donner 4
ans sans exister J’ai
tout à rattraper Floriane KUROWIAK |
PETITE CHRONIQUE
LITTÉRAIRE |
|
|
MICHEL
QUINT Un écrivain de chez
nous, un dunkerquois. Il s'est fait connaître l'an dernier par un très
mince volume : "Effroyables jardins. Quel titre allez vous penser
! Il est inspiré par deux vers d'Apollinaire : "Et que la grenade
est touchante Dans nos effroyables
jardins" Ce petit ouvrage relate le destin d'un instituteur-clown…histoire
de Résistance mi-tragique, mi-comique sur fond de procès Maurice Papon. Des
événements historiques : l'attentat contre la centrale de Douai, beaucoup de
fraternité…et tout ceci souvent en patois du Nord ! Et voilà que
Michel QUINT récidive avec une "suite" : "Aimer à
peine". Le narrateur rencontre coup sur coup l'officier allemand qui
fut à l'origine de l'arrestation de son père et la belle allemande rencontrée
dans une salle de bal, autrement dit, croit-il, le Mal et le Bien…sauf que
rien n'est jamais aussi simple…le vacillement des certitudes est très bien
retranscrit, le tout avec un sens du suspense qui fait presque de ce roman un
polar… Denise
LEPRÊTRE Deux minces petits livres, qu'on
aime relire (Editions Joëlle Losfeld, chacun 7, 50 €) |
J’AI TROUVE ... |
|
|
J’ AI TROUVE Dans
un grand magasin Un
très gros dalmatien. Dans
un sac en plastique Un
tigre mécanique. Et
au fond du salon J'ai
trouvé un bâton. Laly Cano J’ AI TROUVE Dans
le grand beau salon J'ai
trouvé un bouton. Dans
un très grand sachet Une
petite pièce de monnaie. Au
milieu de la rue Un
petit chien perdu. Daphnée Coustenoble J’ AI TROUVE J'ai
trouvé sous mon lit Une
grosse bougie. Au
milieu des melons Poussait
un gros bouchon. Dans
la boîte de collants Une
armée de cure-dents. Sébastien Drode J’ AI TROUVE Au
fond de mes chaussons J'ai
trouvé des boutons. Dans
ma boîte à musique Il
y a des mosaïques. Sous
les pattes du mouton Des
papiers de bonbons. Cachés
dans la laitue Des
morceaux de tissu. Dans
le nid d'une chouette Des
gommettes violettes. Astrid Lerouge J’ AI TROUVE Dans
une grosse bouteille Une
boucle d'oreille. Dans
mon sac de pique-nique Un
très gros élastique. J'ai
cueilli un bouton d'or Au
pied du château fort. Et
des pièces de monnaie Pour
faire un bracelet. Laurie Louchard J’ AI TROUVE J'ai
vu un petit chien blanc Dans
un magasin très grand. Et
puis une fleur en bouton Dans
un p'tit trou de bâton. Et
une feuille argentée Dans
mon jardin enchanté. J'ai
trouvé un Père Noël Dans
une petite ruelle. Un
tout petit chevalier Sous
mon petit chandelier. Julie Boulon J’ AI TROUVE J'ai
trouvé des étoiles dans le sable Je
les ai toutes mises dans mon cartable. Dans
la forêt des sapins verts j'ai croisé De
belles feuilles dorées que j'ai ramassées. Pour
pouvoir mettre dans mon cahier Ce
joli bouquet composé De
sapins, d'étoiles et de feuilles dorées, Ma
maman m'a acheté De
la colle et des paillettes dorées. Océane Flavigny J’ AI TROUVE Au
fond de mon bureau de bois Il
y a beaucoup de soldats Sous
la semelle de mon chausson De
très jolis petits camions. Sous
le siège de ma voiture Un
joli bâton de mesure. Dans
la grosse laine du mouton De
très jolis petits boutons. Et
tout au bout de mon tableau J'ai
dessiné un grand bateau. Mathieu Billoir |
JE T AIMAIS TANT…. |
|
|
Plus le temps passe, Plus mon amour s’efface, Il y a encore des traces, Et une mélodie basse, Mais loin des yeux loin du cœur, Plus tu me manques, plus je t’oublie, Et cela m’écœure, Moi qui t’aimais tellement mon chéri, C’est dommage, cela m’ennuie, Mais nous deux, je crois bien que c’est fini… Caroline
LALISSE |
|
LE
JOUR - LA NUIT |
|
Ce
matin, le soleil apparaît à l’horizon On
dit qu’il "se lève" Plus
haut dans le ciel : on dit qu'il est Au
zénith L'après-midi,
le soleil descend. Le
soir, il disparaît à l'horizon, on dit qu'il se couche. Pendant
la nuit, on ne voit plus le soleil : il
est de l'autre côté de la terre. Certaines
nuits, on peut voir la lune et les étoiles. JOFFREY 8ans |
|
|
MARS |
|
|
Et
oui, petit coquin, Tu
es le plus malin ! Avec
tes pluies éparses, Tu
nous fais des farces ; Mais
avec tes giboulées, Tu
nous gèles le bout du nez. Non,
non, ne regrette rien ! Car
on le sait bien, C’est
chacun son tour, Et
toi, tu as 31 jours ! Profites-en
car après va-t’en ! Après
FEVRIER c’est MARS Mais
attention AVRIL se prépare. Ecole Privée Mixte St Michel de Caudry Classe 6-8 ans |
J’AIME NOEL |
|
|
Demain, c'est Noël. Moi, j'aime bien Noël. Papa apporte un sapin avec des boules et
des guirlandes. Soudain, on sonne à la porte, j'ouvre la
porte et je vois un panier avec un petit chat
dedans ! - maman, on va le garder le petit chat ? - demande à papa si il veut - Oui, répond papa - Il a froid ! - Maman, je le réchauffe, - oui, Fanny. - Maman, je peux lui donner un prénom ? - Je vais l'appeler Minou. Maintenant, je dois aller à l'école et
après, je jouerai avec Minou. Minou c'est l'heure d'aller coucher. Maman et papa sont partis avec le taxi pour aller faire des courses. Fanny 7 ans |
UN CONTE ED'NOEL |
|
|
Ferdinand
y'aveut pris s'n'après-midi pou aller trifouiller dins les boutiques. In étot
l'velle ed'Noël et y voulot faire inne surprise à s'finme Léocadie. Y y'aveut
acaté un bé écourch'wai et un caraco brodé. L'vindeuse
aveut intortié ses cadeaux dins un papier bleu aveuc des Pères Noëls in
relief, l'tout loïé aveuc un rubin guinne tout frisotté. L'brinne
al éteut quéhue et y éteut fin contint d'rintrer dins s'belle auto toute
nouaive in quintint inne quinchon du timps de s'grind-mère Palmyre : Le timps
des cérisses. In
rintrint à s'mason y n'd'est resté comme deux donds d'frites. L'mason
al éteut vide : pus inne cahière, pus inne tape, pus inne amelle, pus ré.
Juste inne lette ed Léocadie : al expliqueut qu'a n'd'aveut marre ed li et
qu'al n'arvéreut pus jomais. Les
guinmes ed Ferdinand, al z'ont flonfi et y a attrapé l'trinnette, d'autint
qu'y aveut un mot d'sin binquier disint que Léocadie a y'aveut vidé sin
compte. Il y resteut jusse treus mille frincs qu'y aveut muché dins
l'guernier. I
n'd'arvneut pos : Léocadie qu'y aveut si cair ! A c'momint lo, l'téléphone y
a sonné : c'éteut sin patron qui y'annonceut qu'y éteut rinvoyé. Rinvoyé, li,
l'meilleur contremaître d'l'usine. Tout
éparvaudé y'armonte dins s'n'auto et y part à toute berzingue. Au primier
virage, y'éteut tellement brouillé y rinte tout dreut dins l'mur : arnétiée,
l'belle auto ! Cà c'éteut l'goutte in trop. Comme un
meu-meu, y s'met à queurir dins les rues in criint, in s'disint : <<j'vas
m'arwer dins l'canal>>. A un
tournint y s'déchoule dins queuqu'un. C'éteut un grind homme aveuc inne barbe
toute blinque et un grind minteu rouche aveuc un capuchon. <<Du
que t'queurs comme ça ?>> qui l'y d'minde l'homme. <<J'vas
m'arwer dins l'canal >> Et Ferdinand y explique ses tourmints. <<Mais,
au fait, qui c'est y qu'vos êtes ?>> qui d'minne Ferdinand. <<Mis,
j'sus l'père Noël et si te veux j'peux t'faire ravoir tout çou qu't'as
perdu.>> <<Bas
ouaite ! Tout ça c'est des contes>> <<Comme
té voras, salut>> et l'homme tourne les talons. <<Attinds,
t'es vraimint l'père Noël ?>> <<Suremint,
acoute ! Si te m'paie un bon gueuleton et inne monte in or, tin voeu y
s'réalisera.>> Au point
qui n'd'éteut, Ferdinand y accepte. Y acate
inne belle monte in or et y s'in vont dins l'pus grind restaurint faire
bombince aveuc caviar, chimpagne tout çou qu'y aveut d'pus quair. In
sortint, Ferdinand y dit : <<J'ai
fait çou que t'mas dit. Mintenint rinds me m'finme, m'n'ouvroche, m'n'auto,
mes sous>>. <<Ferdinand
qué l'ache é qu't'as ?>> <<Cinquinte
chonque ins>> <<Et
à cinquinte chonque ins te creus cor au père Noël ?>> Et y
débuque in queurint. Ferdinand y sint inne suée qu'al l'invahit et y s'met à
braire dins l'nuit freute et noirte. C'est à
c'momint là qui s'est sinti aloté comme un ape à prones. C'éteut
Léocadie : <<Mintenint
te brais en dormint ? Ravise te, t'es tout cru ! Te devreus t'arrêter d'tint
mingé in soupint. Ca n'te réussit pos.>> Et al
éteint l'limpe ed chevet et al s'rindort in bertonnint. JEAN-PIERRE LEFEBVRE |
LA
FAUTE à GASTON |
|
|
Nous nous trouvons un beau
matin à la ferme du vieux Zéphyr. Il est 9 Heures du matin.
Zéphyr attend un journaliste local qui s'intéresse au phénomène suscité par
le concours de la vache qui rit. Ah ! Le voilà qui arrive. <<B'jour M'sieu
l'journalisse !>> <<Bonjour Monsieur
Zéphyr ! Alors vous allez me livrer le secret du pourquoi la vache rit
?>> <<Ben
ouais ! Min gas. Mé faut qu'teu soche que ché la faute à Gaston chi ché vaques
y ritent.>> <<Gaston ? Qui est
Gaston ?>> <<Euch'Gaston, ché
in poffe diape ! Y vient chi eum'donnin in keu d'min pou s'faire plaisir. Y
la pas d'tiète. Mé teu va vire. Arwet', y lé là-bas. Appoïé sur l'barrière à
raviseu ché vaques. Y l'arriv' chi à sept du matin et y s'arvat aux
viapes.>> <<Tous les jours
?>> <<Ouais ! Tiot !
Tous les jours qu'euch'bon Diu y fé !>> <<Mais quel rapport
avec les vaches qui rient ?>> <<Attins ! Teu va
rire.>> <<Gaston ! Gaston,
viens chi vire ! Euch'l'homme chi, y voudrot vire quet'quosse.>> <<Ouais, M'sieu
Zéphyr ! Quo qu'y veut ? Si j'peux rinte service.>> <<Tien ! Prins
ch'tabouret et va trair'inn'vaque !>> <<J'y vas tout'suite
! M'sieur Zéphyr.>> Et en attendant, Zéphyr et
le journaliste discutent du temps, des semis, des récoltes, des problèmes
agricoles. Une heure passe ainsi. Gaston revient tout
essoufflé. <<Mé quo qu'y
t'arrife ? Té tout essouffleu et teu sue des gouttes come min peuche
?>> dit Zéphir en souriant. <<All'font quié tes
vaques ! Pou lé traire cha allot. Mé l'pu dur cha été eud'les asseoir
such'tabouret ... JEMAEL C. |
LES PASTIL'S TOUT A
FAIT |
||
|
|
PHILOS....OEUFIE
OU LES
BUSIACHES D'UN JONNE D'OEU |
|
|
Un oeu, fraîch'mint pondu,
à l' coïette dins s' coquille, S'interrogeot d' savoir,
li qui n'avot rien vu, Si l' avnir ferot d' li un
garchon ou eun' fille, Ou si i s'rot mingé, avant
d' avoir vécu. Les busiaches d’un jonne
d’oeu, queut de l’ tout’ dernière ponte, D’ un ébauche ed’ pouchin,
sous s’n’ écalhe, à peine né, Nous rappell’tent, qu’
ichi bas, depuis que l’ monte est monte, Les gins veul’tent savoir
c’ que l’ lend’main séra fait. L’ not’ rêvot d’devénir de
ch’ l’étaulette el’ ro, Ou miux co batillard, même
d’faire de l’ météo In juant aveuc el’ vint,
jouqué sur sin cloquer. Personne n’a cru in li, n’a foqu’ un qui l’a gobé, Li seul saura, mes gins,
c’ que tertous in cachot Qui de ch’ l’oeu ou de l’
glaine avot c’minché l’ premier. Jean-Claude
LAMPIN Mars 2002 |
LES BAISSES A MEMERE |
|
|
Comm'mes
parints i travaillotent Bin!
ch'est Mémère qu'alle m'a el'vé! Ses
baiss' quéotent comm' à Gravelote Alle
n'arrétot pas d'm'in donner. Ché
tot douch' d'êt' in sin bajoté, S'
viell' bouqu' qui faijot des lachets Laichot
à la fin del journée Min
tiot visach'tout essoilé. Que
régal les baisses à Mémère! Ch'est
toutpartout qu'alle m'in donnot Et
je n'pinsos mêm' pus à braire. Heureux
comm'un pichon dins l'iau Dév'nu
grind cha été à mi Ed'l'imbrasser
et forcemint Comm'un
coulon qui tap' à nid Alle roucoulot ed contint'mint Mes
lefs barboullées d'confitur' J'y
faijot des baisses qui guilottent. Avint
d'arriver d'sus figur' Pou
s'y coller comm'des maclotes Quind
j'ai eu l'ache ed fréquinter J'ai
dit Mémère faut qué j'partache T’aras
pus la priorité Ch’est
pou cha qu’alle s’a mis in rach’ Alle
m’a traité d’gind agosil’ Et
ch’pindant j’n’avos rin fait d’ma Pou
inne tiot’ baiss’ fait à inne fill’ Alle
étot dins tous ses états ! Alle
me dijot j’t’ai vu l’aut’ jour T’étos
tout au bout del voyet’ Aveuqu’
des yux luijant d’amour T’y
faijot des baiss’s à bouquett’s… Mémère
alle étot malhéreus’D é
s’vir’ insin dépossédée Alors
j’ai dit à m’ n’amoureus’ Faut
faire quét cosse pou l’consoler Insenne
in a été l’treuver Et
in i’a dit : in va s’marier ! Veux-tu
bin mémère t’occuper De
ch’ti qui s’ra no tiot permier ? J’sus
d’accord qu’alle a arpondu Mais
étint donné min grind âch’ Mes
tiot bradés n’attindez pus Allez
vit’ vous mett’ à l’ouvrache ! Mémère
alle va pouvoir seurtir Tous
les baiss’s qu’alle a mis d’côté ! Cha
l’impéch’ra d’trop vit’ morir In
amiclotant ch’tiot dernier. Julien VERNAGUT Janvier 2001 1er
prix des joutes poétiques de la Francophonie des ROSATI |
RONDEAU D’UN NOUVEL AN |
|
|
Une étoile est née dans mon cœur Le soir où je t’ai rencontrée, Le soir où tu m’as démontré Qu’il existait un vrai bonheur. Je cherchais en vain l’âme sœur Quand à des lustres de l’été, Une étoile est née dans mon cœur. Je ne sais dans quelles lueurs Se sont dilués les baisers, Les premiers mots enfin osés Mais depuis ces instants de fleurs, Une étoile est née dans mon cœur. Jean-Luc EVENS Extrait de l’ouvrage " Ombres
et Lumières " |
LA
FABLE DU FOU |
|
|
Un poète ou un romancier,
qui sait ? S’évada un jour de ses
Iles d’Ors De son lointain asile
d’exil Pour épouser la vérité. Autour de la couleur
uniforme Des dieux et des maîtres
irrités, Il compta tant de fous en
uniformes Qu’il regretta de s’être
libéré. Il parcourut des palais
très hauts Avec des croix et des
toits peu courants Où croassaient des frères
corbeaux Emmurés, déguisés en sages
blancs. Pensant que sa raison
vacillait, Il maudit leurs voix qui
vénéraient L’unicité par rites et
simagrées Qu’ils tressaient dans
leur antre condamné. Notre poète fou prit
soudain peur Devant ces gens de vertu
supérieurs Qui à la vue de son âme
nue Le rejetèrent avec des
haut-le-cœur Dans une cage d’ombres
l’étiolèrent… L’artisan littéraire Est un fou de soleils Il s’éclaire l’âme de ces
temples de lumières Comme un aveugle à sa muse
se repère Mais se noie en fétu têtu
dans les courants Perdus, dans les airs des
amers déserts. SAINT-HESBAYE |
VIENS DANS MA MAISON |
|
|
Si tu as froid, si tu as
faim, Viens dans ma maison, Tu trouveras le gîte et le
couvert, Et un grand feu brillera. Si tu as peur, si tu as
mal, Viens dans ma maison, Tu trouveras la lumière, Et la douleur s’apaisera. Si tu es seul, si tu
pleures, Viens dans ma maison, Tu trouveras une amie, Et dans ses bras tu
pleureras ; Ma maison ouvre grand sa
porte, A toi qui souffres, A toi qui a faim. Si un jour, le destin Te guide jusque-là, N’hésite pas, franchis le
pas, Viens dans ma maison. Chantal LEFEBVRE |
Invitation |
|
|
Amis,
vous qui passez à deux pas de la ville, Venez
vers les clochers de Martine et Martin. Notre
belle cité vous prendra par la main, Toute
d’art et d’histoire, en son charme tranquille. Régnant
sur le jardin, un papillon rutile. De
rues en boulevards découvrez le chemin D’un
riche patrimoine et d’un vieux parchemin. De
légende en trésor, la moisson est fertile. Emportés
par l’attrait d’un glorieux passé, La
majesté d’un Cygne*, et du site classé, Ici,
rêvez un peu, dans les fleurs, près de l’onde. Si
vous êtes friands, là, d’une gourmandise, Cambrai
recueillera votre humeur vagabonde, Pour
vous séduire encor, le
temps, d’une bêtise… Le Cygne de Cambrai : FENELON Sonnet irrégulier : Sonnet qui cloche, Ou qui berloque ! (patois) Geneviève Bailly – 1997. |
Deux
petits mots… |
|
|
Deux petits mots s’en vont
chantant Deux petits mots s’en vont
dansant Deux petits mots courent
dans le vent Deux petits mots fêtent le
Nouvel An ! Deux petits mots sont à la
fête Deux petits mots dansent
sous le gui Deux petits mots chantent
à minuit Deux petits mots survolent
la table de fête ! Tels deux papillons, ils
s’envolent et éclosent Sur les joues, les yeux,
dans le cou, les cheveux Remplis de souhaits, de
bons vœux, De bouche en bouche, le
bonheur se pose ! Parfois discrets, sincères
ou déguisés Ils sont deux messagers
uniques Dans ce changement de
chiffre… Pour vous souhaiter :
Bonne Année ! Françoise LELEUX |
AQUARELLISTE |
|
|
J’entre dans tes silences, Tes souvenirs impurs, Ces quelques confidences Que tu accroches au mur, J’entre dans la lumière Qui doucement t’éclaire Quand ton âme s’envole… Gracieuse aquarelliste, Nous avons en commun Les songes de l’artiste, Ces mystérieux parfums Qui emplissent nos cœurs De mots et de couleurs Quand nos âmes s’envolent… Ton art est un chemin Qui mène à l’arc-en-ciel, Jamais aucun jardin N’aura de fleurs si belles… OLIVIER CATIEAU Extrait de " Des mots à
contre-jour " |
PENSEES… |
|
|
L’homme
est capable d’accomplir Des
choses extraordinaires, voire même prodigieuses. Mais
les plus merveilleuses se font dans l’humilité. ***** Par
orgueil et vanité on veut atteindre Les
plus hauts sommets, on est insatisfait. La
chute est souvent très douloureuse. *****
Celui
que l’on a fait ramper toute une vie Ne
se plaint pas, car il ne tombera jamais. de René BERNARD |
Acrostiches à la
tendresse… |
|
|
Grimpée, en ses bras près du feu, Ravie assurément, contre elle, Apprendre à lire, était un jeu : " Ne bougeons plus ma tourterelle, Donne ta main mon oiseau bleu ; Mon ange, sous ton doigt épèle, Essaye, vite, allons tu peux… Répète, disait sa voix frêle, En t’appliquant encore un peu… "M’aimeras-tu toujours, quand les neiges de
l’âge, Auront de fils d’argent, envahi mes cheveux, Ridé de fins sillons, les traits de mon
visage ? Il te faut maintenant, le dire si tu veux, Au bas de cet autel… Ton oui ! Transport,
délices, Grise mon cœur de joie et comble tous mes vœux… Exorde, à jamais nous vivrons, d’amour complice … Monique DELCROIX Spaf 2001 1er
Prix Poésie Classique |
UN
JOUR |
|
|
Un jour, sur la route
blanche J’ai perdu le temps, Mes rides se sont
effacées Guéries par le vent. Le vent a séché nos
pleurs, En même temps que nos
rires Le ciel s’est coagulé Au dessus de nos yeux Le monde s’est
détraqué Je l’ai cassé. Mon cerveau génia A brûlé la terre. Le soleil suspendu, J’ai regardé le jour Se figer dans mon
regard D’homme métallique. Mes dernières pensées
ont été pour elle : La seule fille jamais
aimée par un robot. Mais, bon Dieu… Pourquoi m’a-t-on mal Programmé ? HERTIA-MAY Mars
1973 (inspiré par les
romans d’Asimov et la musique de Pink
Floyd) |
Goutte d’eau, |
|
|
Belle orpheline d’une
ondée soudaine, Ne te donne pas tant
de peine Pour paraître à mes
yeux Un diamant étincelant
de mille feux Au décor de la rose
mouillée. Le soleil ira sécher De son haleine
mortelle La perle frêle De ta floraison
cristalline, Mais la rose, gamine, Restera épanouie Au soleil qui t’a
évanouie. HERTIA-MAY 20 Juin 1969 |
|
NOËL L’étoile d’Orient scintille dans le ciel. Sur le buffet verni, on a monté la crèche. Dehors l’oiseau a froid, la neige se
dépêche : C’est Noël. Les passants dans la rue arrêtent aux vitrines, Sur la petite place il y a des sapins Habillés de lumière et la lune, très loin, Se
devine. C’est Noël. Je voudrais être un petit enfant. A cet âge la terre est plus près des étoiles Et le rêve doré ne connaît pas les voiles Du
tourment. Ma mère m’emmenait autrefois à l’église. La crèche était immense avec beaucoup de paille et les parois étaient couleur de la rocaille très
grise. Dans son lit fait de paille un tout petit enfant
était couché. Près de lui, à genoux, un homme Et une femme avaient un doux sourire comme Lui, dormant. Dans le fond de la crèche il y avait un âne Et un bœuf magnifique au large poitrail blanc. A la pâtisserie il y en avait en Frangipane. Que ce temps était doux ! lorsque je le
revois J’en ai toujours un peu le cœur serré ; mais
j’aime Comme hier ressentir la paix, celle-là même Qu’autrefois. La cloche carillonne et lance au cœur
du ciel Ses notes de bonheur à travers la nuit fraîche. Il est minuit… Les hommes prient devant la crèche :C’est Noël ! Jean-François SAUTIERE 1977 |
PREMIER
AILLEURS |
|
|
La poussière dansait dans
les rais de soleil, Les cigales chantaient
dans les roses trémières, Les fruits vermillonnaient
dans la blanche corbeille, Et moi je rêvassais dans
un bain de lumière. La maison était vide,
écrasée de chaleur, Le jardin pour moi seule
exhalait ses senteurs, Les bouquets fleurissaient
dans ce cadre enchanteur, Pour broder l’euphorie au
gré de mes couleurs. C’était un lieu de paix où
le vent se repose, Où l’on pouvait ouïr la
chanson du silence, Voir dans le bleu du ciel
un grand marronnier rose, Et sombrer doucement dans
la tendre indolence. Le calme était profond,
tout semblait assoupi, Le bonheur déployait ses
ailes diaprées, Déroulait ce jour là un
superbe tapis, Pour me faire oublier
l’incursion de l’ " après ". Les murs ensoleillés de
belles figurines, Se paraient, lumineux,
d’un crépi virginal. C’était le paradis,
là-haut sur la colline, Mon éden d’un été, mon
éclatant fanal. Thérèse FABIAN - Dechy |
POUR TOI |
|
|
Je voudrais être : Le vent pour caresser tes
cheveux, Le soleil pour bronzer ton corps et dorer ton
cœur, La plus haute montagne des Pyrénées, Pour t’élever au plus haut dans les cieux, La mer Méditerranée pour te bercer au beau milieu
de ses flots bleus, La petite vague de la plage, pour venir mourir à
tes pieds. Je voudrais être : Le noir, pour envelopper
tes rêves de nuit, L’aurore, pour que tous les oiseaux du ciel Puissent entamer leurs premiers chants
d’allégresse, dès l’ouverture de ta fenêtre. Je voudrais être : Le berger des Pyrénées,
là-haut avec son troupeau, Pour découvrir à travers ces beaux petits nuages
blancs, Ta petite maison blottie au fond de la vallée. Je voudrais être : L’aveugle, traversant
cette rue, et sentir ta main Dans la mienne, pour guider mes pas de nuit. C’est comme cela que je voudrais être :
Uniquement pour toi, Rien que pour toi, Pour t’aimer, te réconforter, Et si tu le veux, pour m’aimer. CHARLY WAL |
A L ENCRE INDELIBILE . |
|
|
Avec ses dunes d’or et ses bosquets de pin, Ses oyats qui se prêtent aux facéties d’Eole, Ses argousiers sauvages, ses mousses, ses herbes
folles, Ses marais et ses sources, ses garennes, ses
chemins, Ses cours d’eau paresseux, ses antiques moulins, Ses bancs, ses gués, ses rus, ses étroites
rigoles, Ses plages infinies que ses miaules survolent, Ses côtes, ses vallées, ses talus, ses jardins, Ses refuges de pêche, ses anses de plaisance, Ses coquettes villas, ses fêtes et ses danses, Ses châteaux, ses manoirs, ses accortes maisons, Sa mer dont nulle part on ne trouve d’égale, Sa beauté, son renom – Perle des Quatre saisons- C’est le suc de ma vie, à jamais, mon Opale ! Jean-Claude FOURNIER " |
TOM ET JERRY … |
|
|
Je revois le canal, la péniche, au mois
d’août… ; La maison où le chat se lèche à la nuit brune, Attendant la souris inquiète au clair de
lune ; Elle ne viendra pas…, rien ne sort de l’égout. Les matous, maintenant, ne sont plus comme avant, Aux dires des anciens, ils recherchaient leur
croûte Et taquinaient Jerry qui courait sur la route. Puis ils faisaient la sieste à l’abri d’un
auvent. Le brave Tom écoute un pas sur le ciment. Ses maîtres vont rentrer… ; il va trouver sa
boîte, Une caresse en hâte au creux de la nuit moite Et beaucoup de silence autour d’un cercle aimant. La maligne Jerry se rend dans le vallon, Pendant que dort le chat, les souris
fraternisent. A la cuisine, au chaud, les félins s’éternisent, Puis vont se reposer au milieu du salon. Si tous les chats faisaient ensemble leurs
ronrons, Si toutes les souris pouvaient faire une ronde, Calme serait le temps et beau serait le monde, Ainsi que les humains devenant gais lurons. ANDRÉE
COUVREUR " Ombre et Lumière " |
INTIMITE |
|
|
Derrière
les fenêtres De
la ville, Que
se passe-t-il ? Pourquoi
suis-je attiré, Ivre
de curiosité, Vers
elle, je vais, Chien
errant Tout
en criant Famine. Derrière
les fenêtres De
la ville, Que
se passe-t-il ? Des
lumières s’allument, Une
ombre se dessine, Celle
d’un enfant, D’un
vieillard, D’une
maman, D’un
clochard… Derrière
les fenêtres De
la ville, Que
se passe-t-il ? Il
sera bientôt minuit Voici
venue la nuit, On
se déshabille, Un
cœur bat, Deux
cœurs s’ébattent Puis
meurent………… Jacky LEMAIRE |
LA PRIERE DU
CLOCHARD |
|
|
Du
fond de cette église, je viens vers toi Seigneur, Je
viens te raconter ce que j’ai sur le cœur. La
misère est mon lot, je gîte où je peux, Je
suis un pauvre hère un misérable gueux. Et
de plus, on me fuit je fais peur aux enfants, Mais
toi tu le sais, je ne suis pas méchant, Je
viens me réchauffer, car dehors, il fait si froid Et
pour te dire bonjour. Tu es là je le crois. Chaque
jour tu attends au fond du tabernacle, Tu
nous regardes tous, de ton saint habitacle. Il
m’arrive parfois d’entrer dans une église, Sous
la pluie, dans le vent et sous la bise. Dehors,
je fais la manche à ceux qui te disent Qu’ils
t’aiment : Messieurs, dames d’élégantes mises. En
somme c’est par toi, s’ils me font l’aumône Quand
ils viennent ici dès que la cloche sonne. Mon
bon Jésus, merci tu diriges leurs mains, Ainsi
je peux manger saucisson sur mon pain. Certains
viennent ici, parce que c’est l’habitude, Et
d’autres, c’est pour prier, meubler la solitude. Moi
c’est pour te parler ; te crier ma misère A
qui le dire ? Mais à toi ! n’es-tu pas mon frère ? Pardonne
au pauvre gueux, qui parfois fait effort Pour
remonter la pente, mais je retombe encore. Tout
jeune j’ai perdu ma très bonne maman, Papa
se mit à boire, j’étais seul à dix ans. Maintenant,
c’est mon tour, je bois plus qu’il faut, Mon
Dieu, je le sais bien, tout cela n’est pas beau. Que
veux-tu que je fasse ? Avec d’autres clochards Sous
le pont on partage pain, sardines, et pinard. Ah !
que les jours sont longs ; les nuits plus encore. Puis
ça recommence, une nouvelle aurore Paraît
à l’horizon nébuleux, la grisaille Des
jours m’enlisent, vautré sur la paille. Parfois
sur un chemin, au coin d’un carrefour, Tes
mains clouées au bois, crient, clament ton amour Pour
moi. Ah ! donne moi la sainte espérance Qu’un
jour je te verrai, dans une aurore immense. Maintenant,
je m’en vais, mais à ta douce mère Permets
que j’adresse une ardente prière. Bonne
Dame, entend moi, n’es-tu pas ma maman ? Ecoute
la prière de ton pauvre enfant. J’ai
mené triste vie ; j’ai roulé dans la fange, Mais
je me souviens des paroles de l’ange. Quelquefois
dans la nuit, en mon cœur je te prie Et
comme l’ange je dis ; je vous salue Marie. O
toi, porte du ciel, Ah ! viens, viens m’accueillir. Du
grabat de clochard, dès mon dernier soupir Ouvre
moi tes deux bras, comme ton fils en croix ; Pour
me conduire enfin dans l’éternelle joie. Lieu
de paix, lieu d’amour, dans l’unique lumière Parmi
les cœurs des anges en la maison du Père. JEAN-CHARLES JACQUEMIN alias JEAN-CHARLES DE BEAUMONT |
LES ETRENNES |
|
|
Ce pourrait être de l’argent, Ou des gaufrettes en dentelle, O que nenni, mes braves gens, Dans mon histoire, y a rien de tel ! C’était l’époque où les mamies Se perdent un peu en souvenir, L’époque de la nostalgie Où le passé tue l’avenir. Soudain, du sein du chapelet Egrené bas, en confidence, Jaillit, du monde des secrets, Plus qu’un regret, une souffrance. " Je l’ai perdu ! " crie la Mamma, Je l’avais pourtant retrouvé, Et puis écrit sur l’agenda, Ce nom d’amis que j’ai aimés ! Mais l’agenda, je l’ai perdu, Perdu le nom, perdu la tête, Perdus les mots, oh c’est trop bête, Et chaque jour, c’est un peu plus ! " Mais non Mémé, " dit la Mignonne, Tendant la main, semi-fermée, " C’est mon étrenne, je te la donne, Voilà ton nom, je l’ai trouvé ! " PAULE LEFEBVRE |
UN CONTE DE NOËL |
|
|
C’était un homme comme beaucoup
d’hommes de ce temps-ci… Un homme qui aimait son épouse… juste assez… Il aimait aussi ses enfants, mais
il les voyait si peu ! En fait, IL N’AVAIT PAS LE
TEMPS : il aimait surtout SES AFFAIRES… des affaires pour lesquelles il
aurait voyagé jusqu'au bout du monde… Au fond, il avait découvert récemment
qu’il s’aimait surtout lui-même… Et cette « solitude à deux »
commençait sérieusement à lui peser ! Or, ce jour-là, au lieu de monter vers le Centre des affaires
– c’est là qu’il y avait la Bourse, les banques avec leur CAC 40 et leurs
O.P.A – il eut comme une forte envie d’aller vers un autre pays… Qu’y
avait-il là-bas ? Il n’en savait rien, mais c’était sans doute une pente
intérieure qui l’y menait doucement… Pas de vitrines rutilantes, pas de déferlements de jouets
plus électroniques les uns que les autres… Il fut surpris… Il entendit pour
la première fois des murmures de sources, le frôlement d’un lapereau surpris,
le tireli d’un froissement d’ailes, et au loin des bêlements qu’on aurait dit
joyeux… Pour la première fois depuis longtemps – depuis son enfance sans
doute – il se surprit à penser : « c’est vrai que c’est beau… c’est
vrai que c’est bon…j’avais oublié… Noël… » Et il se trouva soudain au milieu d’un concours festif
d’hommes, de femmes et d’enfants, sans savoir comment il était arrivé là…
Personne ne se bousculait ; on laissait le passage aux handicapés avec
leurs voitures, aux aveugles avec leurs labradors ; on rendait leurs
sourires aux marmots et aux marmottes et on aidait les petits vieux et les
petites vieilles à gagner quelques places pour mieux voir… voir quoi ?
Il y avait au fond un jeune couple, un bébé… et malgré l’exiguïté relative
des lieux, tout le monde entrait… et tout baignait dans la même lumière… Il hésita en regardant son costume de bonne coupe… c’est que
la plupart de ceux qui étaient entrés étaient ce qu’il appelait, sans nuance
péjorative, « des petites gens »… mais il y avait aussi quelques
femmes sobrement élégantes, et un « monsieur »…
« sapé » comme lui, P.D.G. comme lui sans doute… Et tous,
pauvres ou riches, hommes ou femmes, enfants ou vieillards… avaient la même
petite flamme dans les yeux… Alors il entra lui aussi, et dit seulement :
« Veuillez m’excuser… je viens chercher ce que j’avais perdu… » Denise LEPRÊTRE
|