SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°49
Mai – Juin – Juillet – Août
2016
Illustration
BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES |
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Dis-moi dix mots (extrait) page 3
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Skyen |
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Les yeux d’Or page 4-5
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By Silesis |
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HUMOUR-PATOIS |
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El virgule page 6 |
Léonce
BAJART |
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V’là j’jour d’l’an page 6 |
Bodard-Timal |
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Humour : APOPHTEGMES page
7 |
Inconnu
du net |
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Plaies
au nasme page 8 |
HERTIA-MAY
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Humour : La brosse à dents page 8 |
Inconnu
du net |
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Humour : Comparaison 1969-2009 page 9-10 |
Inconnu
du net |
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Pensée page -7-13-15-19 |
Hector MELON D'AUBIER
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ADULTES |
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Enfance
volée page 11 |
Patricia LOUGHANI |
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Elle
page 11 |
Nicole DUPLOUY |
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Bonne
Fête Maman page 12 |
Jeanne
TOUBEAU |
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L’impatient patient....page 12 |
Lhermitte Dubois Sandrine |
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La vie page 12 |
Albert JOCAILLE |
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Réveur page 12 |
Henri LACHEZE
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Vacances d’été page 13 |
Gérard
ROSSI |
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Bouquet de cartes postales page 14 |
Maria-Carméla DUHIN-CARNELOS |
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Amertume d’un choriste page 14 |
Jean Charles de BEAUMONT |
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Même si… page
14 |
Christelle
LESOURD |
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Je combats page 15 |
Mickaël Saiu |
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Perte d’innocente tabou page 16 |
Julien BURY |
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AÇVINE - Se mirant dans l’eau page 16 |
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30/03/2010 page 16 |
Thérèse
LEROY |
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À Aude page 17 |
Jean François SAUTIERE |
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Quand le bonheur s’enfuit page 17 |
Bernard SIMON |
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Jeannette page 17 |
Marcel LESAGE |
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Dunkerque –
Les Lutins page 18 |
Roger DEVILLERS
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La France page 18 |
Floriane
KUROWIAK |
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Ecriture
- Toi
page19 |
Jérémy
DESSAINT |
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Mauvais
Artiste
page19 |
HAROLD |
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Elle, comme Eternelle page 24 |
Geneviève BAILLY |
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NOUVELLES |
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La fleur 210214 page 20 |
PASCAL |
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La soucoupe volante page 21-22 |
Alfred
LENGLET |
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Chère inconnue page 23-24 |
André-Pierre
ROUSSEL |
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Je m’appelle Séléna Héra page
25-26 |
MELANIE
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Voyage à Tahiti page 27-28 |
Hector
MELON D'AUBIER |
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Drôle de Destin page 29 |
Mélodie
CALVANESE |
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Nuit de Folie page 30-31 |
Alexandre
BAJARD |
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Mathilde page 31 |
Mathilde
LEVEQUE |
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Les Chaussures vertes page 32 |
Charly
CAILLAUX |
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DIVERS |
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SORTIE
CULTURELLE page 33 |
OMC |
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Dis-moi dix mots… Contre le terrorisme (suite) |
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Je quitte l'ordinateur et cherche après le DVD dans notre bibliothèque, allant le plus lentement possible pour faire languir Raphaël. Il trépigne, sautillant dans la petite pièce qui sert de salon, de salle à manger, et de chambre à coucher pour moi. Nous vivons dans un petit trois pièces de quarante-cinq mètres carrés. C'est suffisant pour le moment mais lorsque je gagnerai mieux ma vie, j'ai bien l'intention d'offrir à Raphaël un appartement plus grand avec un parc non loin pour qu'il puisse sortir. Alors que j'ouvre le boîtier, un flash-infos survient. Je m'immobilise et attrape la télécommande, augmentant le volume. "Alerte maximale, une prise d'otages a été effectuée dans le
seizième arrondissement de Paris, à l'école maternelle Françoise Dolto. Nous
sommes au mois de Juin, les kermesses vont bon train. C'est dans l'une
d'elles qu'un homme du nom d'Ali Benhima a décidé de perpétrer sa prise
d'otages. L'homme serait à priori un islamiste d'origine syrienne. Les forces
de l'ordre tentent actuellement de négocier la libération des quarante-six
élèves âgés de trois à cinq ans. Une interdiction de se rendre dans le
seizième arrondissement a été mise en place et la police cherche à déterminer
si notre homme aurait un complice. Parisiens et Parisiennes, nous vous
conseillons de rester chez vous." C'est sur ces mots que s'achève le flash-infos d'une chaîne locale. Alors que les émissions en cours reprennent, les mots se bousculent dans mon esprit. Une prise d'otages ? Dans le seizième ? C'est à peine croyable. Il semblerait que la chance me sourit enfin. Le lieu du drame est situé à dix minutes de l'appartement en voiture. Je jette un oeil à Raphaël qui semble s'impatienter, et songe que c'est peut-être le scoop que j'attendais. - Raph, viens voir Marie ! l'appelai-je en souriant. Il s'approche, fuyant mon regard, l'air boudeur. Je voudrais rire
mais cela le vexerait. Je lui prends les mains et lui explique que je vais
m'absenter un petit moment pour le travail et qu'en attendant, il pourra
regarder "Frères des ours" et "Peter Pan". Cela semble le
ravir. Je lui mets le DVD en route et lui montre comment il faut faire afin
qu'il puisse se débrouiller seul pour mettre "Peter Pan" tant que
je serai partie. Je culpabilise de le laisser là mais je n'ai pas d'autres
choix. C'est ma chance, il faut que je la saisisse. Si je ne le fais pas, je
vais me retrouver sans emploi. Et que deviendra-t-on, Raphaël et moi ? Je
serai forcée de le remettre à une tante ou pire, aux services sociaux. Et
puis, ce n'est pas grand chose, juste l'affaire d'une heure ou deux. N'est-ce
pas ? Je sors mon matériel, caméra, trépieds et bloc-notes puis, le coeur
lourd, j'embrasse Raphaël sur le font avant de l'enfermer à clé dans l'appartement
et de partir. Je fourre mon matos dans le coffre et démarre la voiture où
règne une chaleur écrasante, le soleil ayant tapé dessus toute la matinée. La
boule au ventre, je fais une marche arrière et pars pour l'école maternelle
où a lieu la prise d'otages. Mardi 17 juin, 12h03 Je roule à vie allure, bientôt ralentie par une file de véhicules
dans le rond-point. Je suis presque arrivée mais à cause de la prise d'otages
le quartier est impraticable. Il va pourtant falloir que je trouve le moyen
d'accéder au périmètre de sécurité. Je klaxonne, agacée et pousse un juron.
Ça n'avance pas, il est déjà midi dix. J'ai dit à Raph que j'allais revenir
vite mais si je ne bouge pas de là, je ne pourrai jamais tenir ma promesse.
J'évalue la situation, jetant de rapides coups d’œil aux alentours.
Brusquement, je sors de la file et me gare sur le bas-côté. J'enlève le
contact et retire mon matériel du coffre, le portant à bout de bras et
emprunte une petite ruelle où il ne semble y avoir personne. Pourvu qu'elle mène
bien à l'école maternelle. Je remonte la rue et me retrouve à un carrefour où
sont postés deux policiers. Il semblerait que je sois sur la bonne voie. Les
deux hommes ont l'air d'avoir compris que je suis journaliste car,
déjà, ils se consultent du regard et se rapprochent pour me barrer la route. - Faites demi-tour
mademoiselle, vous n’avez pas le droit de venir par ici. - Je travaille pour
« Le petit Observateur de Paris », je souhaite juste me rendre
devant l’école pour filmer l’agitation et expliquer ce qui arrive. Le plus jeune, celui qui
m’a interdit de passer, regarde son aîné, comme pour savoir s’ils peuvent
m’autoriser à aller de l’avant. Mais ils n’ont pas l’air sûr d’eux. Alors
j’en rajoute, je ne peux pas me permettre d’être recalée et de rentrer
bêtement à la maison. -Ecoutez, ce boulot c’est
toute ma vie, je dois rendre mon projet rapidement ou je perds mon emploi. (à suivre) SKYEN |
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Les yeux d'or |
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Il était une fois un petit village au pied des montagnes. Dans ce village ne vivaient que des femmes : la vie n'y était pas facile, car les bêtes sauvages et les voleurs prélevaient régulièrement leur tribut sur les récoltes, mais toutes gardaient courage et s'entraidaient du mieux de leurs possibilités. Toutes, sauf une, qui avait les yeux dorés. Cette femme aux yeux d'or était d'une grande beauté avec de magnifiques cheveux d'argent qui ne devaient rien à l'âge ; elle vivait à la bordure du village mais ne se préoccupait que de son bien. On savait peu de choses à son sujet : elle était arrivée au village il y a deux saisons et n'avait jamais rien dit de son passé. Certaines disaient qu'elle-même ne semblait pas vraiment se souvenir de sa vie avant son arrivée. Plusieurs habitantes avaient tenté de l'inclure dans les activités du village et les quelques moments de réjouissance qui parfois se produisaient, mais la femme aux yeux d'or les avait toujours repoussées, désirant rester seule et ne voulant partager le produit de son potager avec personne. En haut de la montagne surplombant le village vivait une magicienne. Sa gentillesse et ses pouvoirs étaient grands, aussi descendait-elle au village une fois l'an pour aider les habitantes. Certaines auraient désiré qu'elle vienne plus souvent, mais la magicienne, bien que peinée par la dure vie des villageoises, souhaitait qu'elles n'aient pas à dépendre de ses dons. Toutes comprenaient cette raison et bénissaient chaque venue annuelle. Ce jour arriva bientôt et comme à son habitude, la magicienne descendit le chemin de la montagne et se rendit au village pour dispenser ses bienfaits : toutes se rassemblèrent alors pour l'accueillir car plus qu'une bienfaitrice, la magicienne était pour elles une amie, la lueur d'espoir rendant la nuit moins insupportable. Chaque femme se présenta devant la magicienne et lui fit part de son souhait : celle-ci l'exauçait selon ses possibilités et son jugement. Le tour de la femme aux yeux dorés vint, aussi s'avança-t-elle, la mine renfrognée telle qu'à son habitude, puis dit à la dame de la montagne : « Le travail est trop dur et la
vie ici est pénible : ce doit être une malédiction et je veux que vous
m'aidiez ! » Les autres femmes s'exclamèrent, car elles avaient tenté à maintes reprises de l'aider, recevant à chaque fois un refus orgueilleux ; toutefois, la magicienne la regarda gravement, dessina quelque chose dans l'air avec un doigt puis répondit à son interlocutrice : « En vérité, vous êtes la victime d'un sortilège et cette existence n'est pas celle à laquelle votre naissance vous a destinée. Hélas, le sort est tel que je ne puis le lever céans. Dans sept jours, prenez seule le chemin de la montagne et rejoignez-moi afin que je vous en libère si vous le désirez encore à ce moment-là. Alors la femme aux yeux dorés adressa un rire moqueur au reste de l'assemblée et se dirigea fièrement vers sa maison, qu'elle ne quitta que sept jours après. Une semaine après la venue de la magicienne, la femme aux yeux d'or prit un solide bâton pour l'aider à marcher, un sac de provisions pour se restaurer en chemin, et partit sur le sentier de la montagne, à travers la forêt. Après plusieurs heures de marche, la voyageuse s'arrêta un peu pour se reposer et s'assit sur un rocher, quand un magnifique loup gris s'approcha d'elle et lui parla : « Dame, je me sens si seul et la présence de mes pareils me manque. Ma compagne s'est perdue et je la cherche : m'aideras-tu à la retrouver ? » La femme aux yeux dorés lui répondit qu'elle n'en avait pas le temps. « Dame aux yeux semblables aux miens, reprit le loup, les arbres m'ont dit que ma compagne s'était dirigée vers un village situé en aval de cette montagne : me guideras-tu jusque là ? Je me sens si seul. » Et la femme lui répondit que cela ne la concernait pas, puis reprit son chemin, abandonnant le loup derrière elle. Un peu plus tard, la voyageuse eut
faim et s'arrêta pour manger, quand deux louveteaux gris sortirent de la
forêt ; l'un d'eux lui parla et dit : « Dame, nous sommes si seuls : notre mère nous manque et nous la cherchons. Nous aideras-tu à la retrouver ? » La femme lui répondit qu'elle avait affaire ailleurs et ne pouvait les aider. « Dame aux yeux semblables aux nôtres, dit alors le deuxième louveteau, notre père et notre mère ne sont pas là pour nous nourrir et nous sommes affamés : s'il te plaît donne-nous à manger. » Et la femme répondit alors que son repas était sien seul, puis se détourna, laissant les louveteaux derrière elle. La fin de l'après-midi approchait lorsque la voyageuse arriva à la demeure de la magicienne et entra. La magicienne l'accueillit et lui demanda si elle désirait toujours que l'envoûtement soit levé, puisque tel était le but de l'ascension de la femme. Comme celle-ci répondit un farouche oui, la magicienne se concentra et joignit ses mains au-dessus de la femme aux yeux d'or : une lumière blanche l'enveloppa et lorsqu'elle se dissipa, il ne resta à la place qu'une louve grise. Alors la magicienne s'adressa à l'animal désorienté : « C'est moi qui ai lancé le sort et t'ai rendue humaine. Par cette punition, je voulais que tu partages la vie de celles qui souffrent par ta faute. En tuant systématiquement les hommes s'approchant de ton territoire au lieu de simplement les chasser, tu as fait partir les villageois et leurs enfants, ne laissant que celles ne pouvant partir pour tenter une vie plus facile ailleurs. Je pensais qu'ainsi tu apprendrais la compassion mais je me suis trompée, et mon sort s'est révélé inutile, c'est pourquoi je t'en ai libérée. La louve, pas vraiment émue, se souvint alors de sa propre famille, de son compagnon et de ses deux petits. Elle sortit de la maison et poussa un hurlement pour les appeler, mais nul ne répondit. La magicienne dit alors : « Ils ne viendront pas car tu les a rejetés alors que tu montais me retrouver. Le loup mâle que tu as délaissé en venant ici, c'était ton compagnon qui te cherchait : à présent il s'en est allé, cherchant ailleurs une compagne à chérir. Les louveteaux que tu as abandonnés en venant ici, c'était tes petits qui te cherchaient : à présent ils sont morts de faim. » La louve retroussa les babines et accusa la magicienne, la tenant pour responsable de la mort de ses petits. Alors la magicienne répondit : « En vérité toi seule en es la cause. C'est par ton égoïsme et ta méchanceté que tu les as abandonnés, tout comme tu as provoqué le départ des villageois. A présent te voilà comme celles dont tu as causé le malheur : seule. » Alors la louve réalisa que les paroles de la magicienne étaient vraies et pleura pour la première fois de sa vie. Elle pleura sur ses enfants qui étaient morts par sa faute et sur les malheurs qu'elle avait causés au village. La magicienne s'en émut et s'accroupit alors pour se mettre à hauteur de l'animal et lui dit alors d'un ton calme qu'il n'était jamais trop tard pour essayer de réparer ses erreurs. La louve inclina alors la tête et partit doucement de la maison, alors que la nuit venait de tomber. Plus tard dans la saison, les habitantes du village constatèrent quelques agréables changements : était-ce simplement une coïncidence ou était-ce réel ? Il semblait que les bêtes sauvages ne venaient plus en leurs jardins, et que l'on ne pillait plus les cabanes où étaient stockées les récoltes. De fait la situation du village s'améliora : on y pouvait à présent dormir le ventre apaisé. Nombre d'entre les villageoises virent là une autre faveur de la magicienne, mais les plus observatrices remarquèrent des traces de pattes autour des cabanes et des jardins. Quelque temps après, charmés par l’opiniâtreté et le courage de ses habitantes, d'honnêtes voyageurs s'arrêtèrent et s'installèrent définitivement au village, certains pour y fonder une famille, d'autres simplement guidés par la promesse d'une vie paisible. Le village renaissait, sa population partageant un sentiment commun : solidarité. C'est à peu près à cette époque qu'une personne attentive aurait pu entendre dans la montagne un hurlement de loup, suivi d'un autre légèrement différent. Une personne à l'ouïe fine aurait également pu percevoir trois autres hurlements venant de la même direction, bien que plus faibles et moins assurés... Nicolas Urban Silesis
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El virgule |
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A tout prinne i veut cor miux ète inne miette lingreu èqu' d'ète trop puissint. C'est sou qu'j'ème diseus à mi-même in aperdint qu' Ugénie al v'neut d' morir. Ugénie c'éteut inne grinne forte fimme aveuc inne grosse minne incarlate et tout à l'avenint. Comme in dit in l'iareut acaté s' sinté ! Héier après avoir touqué pour li déjinner, al s'éteut amatie et in aveut pinsé in momint qu'al erverreut à li. Mais, bernique, c'éteut bé fini pou Ugénie. Batisse, qu'al dit Adolphine, i n'a po d' timps à perte. Pindint qu' nos allons li faire ess' daronne toilette, i vo faureut aller al poste pou prévenir vo fille Alphonsine. Comme j'el conneus al va ête épouvintée et, à vo place, pou n'po li donner trop d' saisissemint, j'el l'ienverreut deux dépèches. Su l'
primmière vo li direz qu'ess' mère al est fort malate et, in momint après,
vos inverez inne eute dépêche pou l'iannoncer l' nouvelle. In li disint in deux cos, molo molo, ça n'sera
po si saisissint. Et Batisse mo Friquette i s'in va à grinnes inguimbées. Al poste i rimplit deux papiers mais, comme iest fort avare, i d'minne d'avince sou qu'ça va li coûter. Pou deux dépêches ça faiseut boco pou in crimpian comme li, surtout qui fauleut ermette deux feus l'adresse qu'al éteut d'inne belle longeur, puss'èque c'éteut : « Alphonsine mo du grind calizeut mo Friquette, deux cent cinquinte, rue du tiot Maquionneu à VATINVIR-LES-DEUX-MAGUETTES. » A autin du mot ça faiseut in effet boco. Nan nan, qui dit Batisse, in n' peut po brichoder s'n argint comme çau. In a trop d' meu d'el gongner. Bé sûr i feut sou qui feut mais in même timps i feut raviser à ses buquetttes. Mais qu'mint faire ? In poveut mette les deux dépêches à la file ed' l'anne leute pou n'in faire qu'inne, mais ça faiseut dreule. I mainqueut inne tiote saquau pou adimoler les deux, o bé in tiot erposoir, el timps d'in soupir, comme in dit en musique, el timps pou Alphonsine d'erprinne ess' n' halonne. Et Batisse el crimpian i gratteut s' terte pou trouver l' tiote saquau. Mais, tout d'in co, comme in éclair, i s' souvié qu'à l'école… mais aaé c'est çau qui faulleut mette… Et contint d'li, ierfait s' dépêche pou l' daron co et i l' donne al postière qu'al lit, après l'adresse : ERVIENS VITE, MERE FORT MALATE – VIRGULE – INTERREMINT JEUDI !!! Léonce Bajart |
V'la l'jour ed l'an |
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El jour ed l'an ça s'ra bétot Soixinte quinze s'ra bétot morte Lara des fricassées de museau Quind soixint' seize iouvrira s'porte Et du pus grand jusqu'au pus p'tit Chaquin tour à tour vous pourlèque Et à force d'ête imbrachi In n'da même ess' figur' toute fraique. V'là l' nouvel an incore inn' fos Ebé ! Mon Diu queull' sarabande Ch'est l' mêm' litanie à chaque co Les souhaits ça s' fait sur commande In dit sins y pinser souvint J' vos la souhait' bonne et heureuse In vo répond : vous parellemint Et tout l' monne iest d'humeur joyeuse. V'là l' nouvel an incore inn' fos Queull' corvée, y n'd'a quios' te dire Allons veyant, mi j' én' trouve po In n'vot jommais tint d'gins sourire Les étrinneus, la bouche en coeur Ju qui n' font pas inn' bell' figure Et ch'est comm' ça, depuis l'facteur Jusqu'aux homm's des bacs à ordures. V'là l' jour ed l'an incore inne fos Pou les vieux ch'est in jour ed fête Queu plaisi, pour ieuss, tout d'in co A vir tout l' famile apparaître Et leus yux brill' ed contint'mint Si l'in d'leus p'tits infants s'ardrèche Pou leu dire in bon complimint Ebé, adan, qui sont bénèches. V'là l'nouvel an incore inn' fos Pou les infants ch'est inn' ducasse Et vos d'vinez bin pourquau C'jour là des doup's in n'in ramasse Mais les hommes sont aussi contints Car c'est l'occasion d'boire insonne Ch'est mêm' l'occasion pou certains Au soir d'avoir inn' pétit' pronne. V'là l' jour ed l'in incore inn' fos Ch'est l'momint d'ess' dire à la ronte Qu'in d'vrot tertoute faire in moncheau Pou s'aimer su la terr' du monte Ch'n'est po difficile in tout cas I suffirot d'avoir l'idée De n' pus donner d'baiser d'Judas Quand arrive el nouvelle innée ! BODART-TIMAL Patoisant roubaisien |
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Apophtegmes |
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Le mot est très compliqué mais j'adore
!! Un apophtegme est un précepte, une
sentence, une parole mémorable ayant valeur de maxime, etc. L'homme descend du songe
(Georges Moustaki). Elle était belle comme la
femme d’un autre (Paul Morand). C'est curieux, se faire refaire
les seins, ça coûte la peau des fesses (Vincent Roca). Quand il y a une
catastrophe, si on évacue les femmes et les enfants d'abord, c'est juste pour
pouvoir réfléchir à une solution en silence. Vous connaissez l'histoire
du mouton qui court jusqu'à perdre la laine ? Si vous m'avez compris,
c'est que je me suis mal exprimé (Alan Greenspan). L'ennemi est bête, il croit
que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui (Pierre Desproges). Vous n'êtes pas
responsables de la tête que vous avez, mais vous êtes responsables de la
gueule que vous faites. Elle est tellement vieille
qu'elle a un exemplaire de la Bible dédicacé. Quand Rothschild achète un
Picasso, on dit qu'il a du goût. Quand Bernard Tapie achète un tableau, on
demande où il a trouvé les ronds... Si la Gauche en avait, on
l’appellerait la Droite (Reiser). De nos jours, l’assistance
à personne en danger se résume à assister au danger... N'attendez pas la solution
de vos problèmes des hommes politiques puisque ce sont eux qui en sont la
cause (Alain Madelin). Les prévisions sont
difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir. Quand un couple se
surveille, on peut parler de "communauté réduite aux aguets". Les socialistes ont eu tort
de venir au pouvoir. Ils auraient dû faire comme Dieu : ne jamais se montrer
pour qu'on continue à y croire (Coluche). Un mec est venu sonner chez
moi pour me demander un petit don pour la piscine municipale, je lui ai donné
un verre d'eau. Cette nuit, un voleur s'est
introduit chez moi, il cherchait de l'argent. Je suis sorti de mon lit et
j'ai cherché avec lui. La seule fin heureuse que
je connaisse, c'est la fin de semaine... De chez moi au bar il y a 5
minutes, alors que du bar jusque chez moi il y a 1 h 30 !... L'ironie c'est quand tu
rentres en prison pour vol de voiture et que tu sors pour bonne conduite. Le travail d'équipe est
essentiel. En cas d'erreur, ça permet d'accuser quelqu'un d'autre ! Les parents, c'est deux
personnes qui t'apprennent à marcher et à parler, pour te dire ensuite de
t'asseoir et de te taire ! Avant je savais bien écrire
et, un jour, j'ai eu un téléphone portable : é depui il c produi kelk choz 2
bizar... Les statistiques, c'est
comme les bikinis : ça donne des idées mais ça cache l'essentiel ! J'ai dit à ma femme que
j'avais envie de la tuer, elle m'a dit que j'avais besoin de consulter un
spécialiste. J'ai donc engagé un tueur à gages. Le Père Noël est le seul
barbu qui peut survoler les Etats-Unis sans problèmes. L'être humain est
incroyable : c'est la seule créature qui va couper un arbre pour en faire du
papier et écrire dessus : "Sauvez les arbres" ! Inconnu
du net |
PENSEE |
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In s’appeule ché Hauts d’Frince, ach’teur. Ché pus imbéteu, ch’é ché
bège. Mint’nint y vont déquinte pou alleu dins ché Hauts d’Frince et armonteu
quind y vont alleu dins ché Pays-bas. Traduction : On s’appelle les Haut de France, maintenant. Les
plus embêtés c’est les Belges. Car maintenant ils vont descendre pour aller
dans les Hauts de France et remonter lorsqu’ils vont aller dans les Pays-Bas. HMA Attintian : - Tous ché gins qu’in apeulle lé dubos, d’euch tron, d’euch
fresne, lé sapin obé le duchin-ne, obé dupommian, feute attintian à vos, gardé bin vos distinces, vos risqueu
d’ête suspecteu eutes débuqueu vers
ch’eul sirie. Traduction :tous
les gens qui s’appellent Dubois, Dutronc, Dufresne, Sapin, Duchêne,
Dupommier, etc… faites attention à
vous , gardez vos distances, vous risquez d’être suspectés d’un départ en scierie. HMA Courtoisie In home qu’y lé courtois
ché in mari qu’y tiant euch huis ouveurt quind s’finme all sort ché poubelle. Traduction : Un homme
courtois c’est un mari qui tient la porte ouverte quand sa femme sort les poubelles.
HMA Pour une vie - In a
quate grindes époques dins s’vie. Eul premian ché chelle a du qu’in crot àch’
Père Noël, eul deuxiame ché chelle qu’in crot pus àch’Père Noël, eul trosiame
ché chelle qu’in fé euch Père Noël, et eul quatèriame ché chelle a du qu’in
arsanne ed pus in puss àch’ Père Noël ! Traduction : On a quatre grandes périodes dans sa vie. La première c’est celle où on croit au Père Noël, la deuxième c’est celle où on ne croit plus au Père Noël, la troisième c’est celle où on fait le Père Noël et la quatrième c’est celle où on ressemble de plus en plus au Père Noël ! HMA |
Plaies au nasme |
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D'abord :
du fameux Waterloo, morne plaine de Victor HUGO. Pierre
Dac avait pastiché avec : Waterloo, morne pléonasme ! Un
grand classique de la télé : les petis nains Des
italiens venus d'Italie Entendus
radio ou télé enregistré
dans un registre se
mettre d'accord sur un accord confrontation
frontale mise
à jour quotidienne ils
se rapprochaient de plus en plus préparer
d'avance prévoir
d'avance tubes
creux, dixit une ministre c'est
possible, mais pas certains un
virus virulent échanges
réciproques (émission Motus) Léo
Ferré aurait dit : les mots sont des tuyaux à travers lesquels les
analphabètes se donnent bonne conscience. Hertia May |
La brosse à dents |
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Aux premiers jours de la création il n'y avait que deux rejetons. Adam, beau mâle mais naïf et Eve, magnifique femme fatale… Or, il advint qu'un beau matin de printemps, Notre radieuse Eve eut la dent ! Mais au paradis trouver un resto ? Que nenni ! Juste un arbre avec de rouges fruits ! Du plus beau elle ne fit que quelques bouchées ! Mais son créateur, voyant ce sacrilège, De colère lui envoya un sortilège ! Aussitôt la belle se sentit embarrassée, De pectine, sa belle dentition s'était entachée ! Alors, voulant se nettoyer les dents, Elle courut voir le brave Adam ! Ce dernier, nu comme un ver, Faisait sur l'herbe une sieste légère. Mais voyant arriver sa meuf bien foutue… Il lui proposa naïvement son bel attribut ! Dans sa bouche, notre Eve mit le doux objet, Et se mit à frotter, heureuse, voire transportée… Tant et si bien que de son viril nectar Adam fut soulagé sans retard… Eve finit par retrouver ses blanches dents… Et c'est ainsi que naquit la brosse Adam !!! Nom d'une Pipe… ! Inconnu du net |
COMPARAISON 1969 – 2009 |
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Du
lait, du beurre et des œufs Puis tu demandes une douzaine d'œufs qu'il sort d'un grand compotier en verre. Tu payes avec le sourire de la crémière, et tu sors sous un grand soleil. Le tout a demandé 10 minutes. 2009 : Tu prends le caddie de merde dont une roue est coincée et qui le fait aller dans tous les sens, sauf celui que tu veux, tu passes par la porte qui devrait tourner mais qui est arrêtée parce qu'un benêt l'a poussée, puis tu cherches le rayon crémerie où tu te les gèles, pour choisir parmi 12 marques le beurre qui devrait être fait à base de lait de la communauté. Et tu cherches la date limite.… Pour le lait : tu dois choisir avec des vitamines, bio, allégé, très allégé, nourrissons, enfants, malades, ou mieux en promo avec la date dessus et la composition.… Pour les œufs: tu cherches la date de la ponte, le nom de la société, et surtout tu vérifies qu'aucun œuf n'est fêlé ou cassé, et paff !!! tu te mets plein de jaune sur le pantalon!!! Tu fais la queue à la caisse puis la grosse dame devant toi a pris un article en promo qui n'a pas de code barre... alors tu attends, et tu attends...., puis toujours avec ce foutu caddie de merde, tu sors pour chercher ton véhicule sous la pluie, tu ne le retrouves pas car tu as oublié le N° de l'allée.... Enfin après avoir chargé la voiture, il faut reporter l'engin pourri où là, tu vas t'apercevoir qu'il est impossible de récupérer ton jeton..., tu reviens à ta voiture sous la pluie qui a redoublé... Cela fait plus d'une heure que tu es parti. 1969 : Tu voyages dans un avion d'Air France, on te donne à manger et t'invite à boire ce que tu veux, le tout servi par de belles hôtesses de l'air, et ton siège est tellement large qu'on peut s'asseoir à deux. 2009 : Tu entres dans l'avion en continuant d'attacher ton ceinturon qu'on t'a fait retirer à la douane, pour passer le contrôle. Tu t'assois sur ton siège, et si tu respires un peu trop fort tu mets un coup de coude à ton voisin, si tu as soif, le steward t'apporte la carte et les prix sont ahurissants. 1969 : Le directeur voit son couteau et lui demande où il l'a acheté pour aller s'en acheter un pareil. 2009 : L'école ferme, on appelle la gendarmerie, on emmène Michel en préventive. TF1 présente le cas aux informations en direct depuis la porte de l'école.
Discipline
scolaire. 1969 : Tu fais une bêtise en classe. Le prof t'en colle deux. En arrivant chez toi, ton père t'en recolle deux autres. 2009 : Tu fais une bêtise. Le prof te demande pardon. Ton père t'achète une moto et va casser la gueule au prof !!! Franck et Marc se disputent. Ils se flanquent quelques coups de poing après la classe. 1969 : Les autres les encouragent, Marc gagne. Ils se serrent la main, et ils sont copains pour toute la vie. 2009 : L'école ferme. TF1 proclame la violence scolaire, France Soir en fait sa première page et écrit 5 colonnes sur l'affaire. Eric casse le pare brise d'une voiture du quartier. Son père sort le ceinturon et lui fait comprendre la vie. 1969 : Eric fera plus attention la prochaine fois, grandit normalement, fait des études, va à la fac et devient un excellent homme d'affaires. 2009 : La police arrête le père d'Eric pour maltraitance sur un mineur. Eric rejoint une bande de délinquants. Le psy arrive à convaincre sa sœur que son père abusait d'elle et le fait mettre en prison. Jean
tombe pendant une course à pied. Il se blesse au genou et pleure. Sa prof
Jocelyne le rejoint, le prend dans ses bras pour le réconforter. 1969 : En deux minutes Jean va beaucoup mieux et continue la course. 2009 : Jocelyne est accusée de perversion sur mineur et se retrouve au chômage, elle écopera de 3 ans de prison avec sursis. Jean va de thérapie en thérapie pendant 5 ans. Ses parents demandent des dommages et intérêts à l'école pour négligence et à la prof pour traumatisme émotionnel. Ils gagnent les deux procès. La prof au chômage est endettée, se suicide en se jetant d'en haut d'un immeuble. Plus tard, Jean succombera à une overdose au fond d'un squat !!! Arrive le 25 octobre. 1969 : Il ne se passe rien. 2009 : C'est le jour du changement d'horaire : les gens souffrent d'insomnie et de dépression. La fin des vacances. 1969 : Après avoir passé 15 jours de vacances en famille, en Bretagne, dans la caravane tractée par une 403 Peugeot, les vacances se terminent. Le lendemain, tu repars au boulot, frais et dispos. 2009 : Après 2 semaines aux Seychelles, obtenues à peu de frais grâce aux « bons vacances » du Comité d'entreprise, tu rentres fatigué et excédé par 4 heures d'attente à l'aéroport, suivies de 12 heures de vol. Au boulot, il te faut 1 semaine pour te remettre du décalage horaire. Comme dit l'autre : On vit une époque vraiment formidable ! Inconnu du net |
Enfance volée |
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Innocence volée, bafouée, grisée, par la folie du diable, par la noirceur du mal ! Petit enfant aux yeux blancs, impuissants face au Géant, à
l'animal tout puissant qui oublie sa maman ! Enfance désagrégée, déchirée, désactivée, par la pulsion du monstre par la mort de l'autre ! Petit enfant, au sourire
d'ailleurs, s'agrippant au bonheur, à ce cœur qui l'emporte ! Petit enfant franchit la
porte ! Honte à l'horreur ! Cris de douleur ! Silence des larmes sur les trottoirs ! Honte aux briseurs ! Hurlements de malheur ! Prière sans couleurs dans tous les cœurs ! Patricia Loughani-Lancelle, sept 2015 |
Elle |
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Je
l'appelle Madame c'est
une grande dame Elle
est mélomane la
Musique faite femme De ses
petits doigts agiles parfois
un peu fébrile joue
sur son piano du Mozart tout un
art Beethoven,
Debussy, Liszt, ce
n'est pas triste elle
est ravie Beaucoup
de sport elle pratique natation,
vélo, gymnastique Pour
être bien un peu de yoga Soyons
zen je n'en fais pas un plat Elle
parcourt chemins et sentiers Quelle
joie le paysage est enneigé chausse
bottes, bonnet et gants Vers les champs tout blancs s'intéresse
aussi à la culture n'a que
la route à traverser prendre
un peu de lecture de
toute nature apprendre
tout sur les régions non visitées us et
coutumes du monde entier Une
tranche de vie où tout
vous sourit Croquez
à pleines dents sans
perdre un seul instant. Nicole Martin Duplouy |
Bonne
fête Maman |
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Dans ma douce innocence, tu guidas les premiers pas de mon
enfance. Au long de mes
jeunes années, tu m'as tendrement aimé. Pleine d'indulgence, de bonté, tu m'appris le respect, la charité. Puis sonna pour moi ce jour, où m'attendait l'instant de l'amour. Tu vécus mes joies, mes tourments, la douceur d'avoir des petits enfants. Aujourd'hui, tu as pris de l'âge, les rides ont creusé ton visage. Mais ton sourire plein de tendresse est toujours comme une douce caresse. Je voudrais, en ce jour heureux, qu'aucune Mère n'ait le cœur
douloureux. Qu'elles reçoivent tant et tant de
fleurs que leur cœur soit rempli de Chaleur. Et comme toi, qu'elles entendent avec
fierté prononcer ce mot de toute beauté… Maman. Jeanne Toubeau |
L'impatient patient |
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Au beau
milieu de la salle d'attente l'impatient
patient peine à tuer le temps. Au début
il s'assied, puis il attend puis se
trémousse tant les minutes lui semblent lentes. Quand
enfin il s'occupe en pensant, se
repasse le film de sa journée, ce qu'il
a fait, ce qu'il n'a pas encore fait, lui
restera t-il du temps en ce début de soirée ? L'impatient
patient observe ses semblables qui comme
lui attendent puis
discrètement les regarde sans se faire surprendre. Il se dit
que le fond de musique est lassant, voire
agaçant, sans
parler des magazines pour la plupart inintéressants quand
soudain, la délivrance, car son
nom il entend. Sandrine Lhermitte Dubois |
La vie |
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La vie est bien précieux Que l'on se doit de préserver, Avec les temps heureux Qu'elle nous a accordés. La vie, si grande révélatrice Depuis la nuit des temps, Nous offre ses hospices, Toujours si généreusement. La vie, qui nous est due, Et qui sait apporter Tous les signes entrevus De notre sainte liberté. La vie, source de joie, D'amour et de fécondité, Pour nous toujours sera Tout le bonheur à espérer. Albert Jocaille Préférences |
Rêveur |
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Que cherches-tu, les yeux perdus au ciel, que cherches-tu ?
Au-delà de ce bleu, un autre bleu, encore plus bleu. Yeux fermés dans la nuit, toi qui souris, que cherches-tu ? Je m'invente un ailleurs et ses soleils et leurs demeures. Henri
Lachèze Feux du Cœur |
Vacances d'été pour les retraités |
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La retraite, c'est de grandes vacances
pour les salariés qu’ils ont été, durant toute leur
période d'activité : le week-end sous la pluie : le
lundi au soleil ? Mais cela reste toujours pareil ! Hier, le film des vacances de M. Hulot de Jacques Tati : c'était
rigolo ! Mais aujourd'hui : si on parlait de celles du paysan,
aussi ? Qui y va, quand ceux, pour ses congés, le remplacent, sans risque de prendre sa place ? Et en sont néanmoins, comme lui,
heureux ! Il peut ainsi interrompre son activité
quelques temps. Les autres vaquent à ses occupations. Va ! Con : nous vaquons ! Et tout le monde est content ! |
Bouquet
de carte postale |
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J'aurais tant voulu verser l'eau dans ce beau vase Où tes doigts auraient placé ce bouquet de fleurs. Ces couleurs m'emmènent dans une étrange extase, Ce parfum voilé, dans une étrange torpeur. J'aurais voulu t'offrir ces fragrances subtiles, Puis boire ensemble, en émoi, ces instants de joie. La belle amitié que la distance distille Butine encre et papier pour voler près de toi... Bras dessus, bras dessous, pour l'automne ou
l'hiver, Nous verrons les lapins des champs dans la
clairière, Sourdre d'un bosquet, sur un tapis rutilant, Comme une source vive à l'orée du printemps. Oui, c'est sûr, je viendrai, ne te désole pas, Déposer, au jardin, des brins de réséda, Savourer la tarte élaborée par tes mains, Tes mains tant aimées que j'emplirai de jasmin. Nous égrènerons le chapelet de nos vies, Mêlant le rire au passé, pour noyer l'oubli Des tourments qu'a gommés le miroir du destin... Vers ton havre de paix, je pars dès ce matin. Du 06 au 15 Octobre 2015 : Bon
anniversaire, chère Gisèle !! Maria-Carméla Duhin-Carnélo |
Amertume d'un choriste |
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La chorale de l'église est
un arbre qui penche. Sur son vieux tronc ridé
sont encore quelques branches ballottées par le vent,
noyées d'indifférence, O toi sainte vertu qui as
nom espérance, me faudra-t-il toujours te
refaire un visage ? Car il change souvent,
trompeur comme un mirage. Et ces tiges nouvelles,
tournées vers l'avenir, sauront-elles résister et
puis s'épanouir malgré le froid silence de
tous les bien pensants qui ne se
"mouillent" guère ; c'est trop salissant. Mais le grain mis en terre
doit un jour disparaître après avoir chanté ta
gloire, O divin maître. Ah ! Sauveur, toi Seigneur
que nous avons chanté et proclamé ton nom
partout dans la cité malgré les railleries,
malgré tous les dédains, malgré les esprits forts,
un peu sots et mesquins et prier dans les rues,
sans respect humain, en voyant près de soi,
gens moqueurs ou hautains. Souviens-toi, Seigneur,
que pour toi j'ai chanté avec toute mon âme, en ton
église sainte, glorifié ton nom, partout
dans la cité avec amour et adoration,
avec foi et sans crainte. Jean Charles Jacquemin |
Même si... |
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J'aurais aimé te le dire Mais tout a été si rapide Je n'ai rien vu venir Tout me semblait si fluide Moi qui pensais avancer Je n'ai fait que reculer C'est ainsi que je suis
tombée Même si ma voix me trahit Mon cœur a beau s'emballer Ma raison me le dit... Malgré tout l'amour que je
te porte Je dois faire qu'en sorte Toi et moi ne soyons
jamais réunis Car le ciel nous a bannis Mes yeux se ferment Chaque fois que je saigne J'espérais trouver la haine Mais ce n'est pas la peine L'amour a ses lois Je n'ai pas le choix Je dois m'en aller Que je le veuille ou non Je ne dois pas signer Ce serait mon exécution J'aimerais d'autres
possibilités Celle de ne plus t'aimer Mais lui seul l'a décidé Car seulement auprès de
toi, Ses battements n'ont de
cesse de se décupler. Christelle Lesourd |
Je
combats |
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Il
existe un principe simple Celui
des baïonnettes intelligentes La
seule éducation nécessaire à la junte De
la jungle urbaine des humbles Ose
dire non à un ordre Si
tu l'estimes être le fruit Du
mental désordre De
ceux qui se disent être les capi Pense
à ces soldats Un
jour, ils ont désobéi Et
furent fusillés pour non-respect de hiérarchie L'affaire,
les juges l'ont étudiée au point d'en devenir las Puis
le résultat, Le
droit à la désobéissance Le
droit pour ne retenir que cela Et
vouloir offrir à la cité cette connaissance En
respect pour ces guerriers éveillés Leurs
noms, j'ai oublié Mais
combattants de vérité ça, je le sais Jusqu'au
moment où leurs yeux se sont fermés A
cet instant du savoir Les
miens se sont ouverts Il
est verbe et non mot : pouvoir De
nouveau je suis né et le verbe vais vers Car
nous ne sommes pas obligés de croire Car
nous ne sommes pas obligés d'exécuter Car
nous ne sommes pas obligés d'obtempérer Car
nous ne sommes pas obligés de concevoir Alors
je me suis autorisé à vivre sans me mentir Alors
je me suis autorisé à vivre sans dans le miroir à en rougir Je
combats avec l'arme de taire toute parole d'offense Envers
ces vétérans sans rang, je slame à leurs âmes en transe. Mickaël Saiu |
Perte d'innocence tabou |
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Les
sujets tabous, j'aime les aborder Parler
d'homosexualité De
la violence Mais
également de la souffrance C'est
un autre thème dont j'aimerais parler Peut
être me ferai je censurer ? C'est
celui du viol Certains
ou certaines se reconnaîtront dans les paroles Jeune
adolescente discutant sur internet Avec
un homme qu'elle pensait aimer, en fait Il
n'avait pas dix-sept ans Mais
un âge beaucoup plus vieillissant Ils
discutèrent longuement Elle
avait trouvé son âme soeur, son
prince charmant La
suite ? Ce n'est pas très réjouissant Ils
se rencontrèrent Sur
un parking assez désert Elle
cria son nom Mais
personne à l'horizon Quand
tout à coup Une
voiture sortie de n'importe où L'homme
était bien là Mais
le sourire de la jeune fille s'effaça Il
n'était pas seul Avec
trois amis la regardant d'un oeil Elle
comprit très vite Qu'il
valait mieux prendre la fuite Ils
ne lui ont pas laissé le temps De
crier '' au secours '' malheureusement Ils
se jetèrent sur elle Ils
comprirent qu'elle était encore pucelle Ils
lui volèrent son corps C'était
l'heure de sa mise à mort On
l'a retrouvée Sur
ce parking, assassinée Alors
faîtes attention Avec
qui vous engagez la conversation Julien BURY |
30
Mars 2010 |
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J’apprends le silence et l’absence L’insistance du temps qui
passe Inexorable rivière sans
retour J’apprends la quiétude au
jour le jour Le calme revenu D’une vie simple sans
détour Bienheureuse distance Qui m’autorise tous les
rêves Laisse-moi donc te rêver Sans jamais te toucher Juste savoir que tu es là De l’autre côté du miroir De l’autre côté de ma vie. Thérèse LEROY |
Se mirant dans l'eau... |
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Se mirant dans l'eau Des roseaux Où l'oiseau aux vertigos Se moque du moustique
aquatique La frénétique métallique Propose ses danses
acrobatiques S'affolant follement de
l'air Les gamins de la venelle Pour capturer la fille de
l'erre Courent dans le dédale des
aires Chercher cette farce de
ficelle Qui s'effile dans les
airelles. Saint Hesbaye AÇVINE Vois-tu chaque
feuille d’étoiles Dans l’herbe à
pétales Pour un concert
céleste Alors les iules de
rosées Veillent les
pellicules de lune Entre les brassées de
l’eau Et toi, Açvine au
cœur des blés Sens tu l’âme de
Blaize aux perles de fraises Je te prie de
t’enivrer de la foi Qui sublime l’amour Sous les pommiers du
paradis 12/24 SAINT-HESBAYE |
À
Aude |
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Des
parcelles de soleil A
l'or constellé pareilles Mûrissent
d'un fruit vermeil L'oeuvre
sage des abeilles. L'été
bruit, ardente ruche, Au
silence de la rue ; La
fille porte la cruche D'une
aurore encore crue. Des
myriades d'odeurs Au
solstice font une ode En
jeunes modes majeurs Et
intitulée " À Aude". Moi
je compte mes trésors, Mots
priés de prendre place En
d'indicibles décors, Entre
le feu et la glace. Muse
! Entrouvre tes paupières, Il
est né le jour nouveau Aussi
vrai que sont les lierres Amoureux
de leur mur beau. Le 27 juin 2015 Jean-François Sautière |
Quand
le bonheur s'enfuit |
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Je sais que de nos êtres
le bonheur s'enfuit ! J'ai peur que nos amours
divines et si fortes Ne soient plus qu'un épais
tapis de feuilles mortes, Chassé par le vent aux
frontières de l'oubli... A ce dernier sourire je
veux m'accrocher. Je veux aller vers toi, de
mes bras t'enlacer, Caresser ce doux visage du
bout des doigts, Plonger dans ton regard et
me noyer en toi. De ce futur à deux, j'ose
encore espérer, L'envie de voir à nouveau
nos cœurs s’embraser, Nous brûler dans ces
buissons ardents de toujours, Mais si tu t'en vas, sans
pleurs, sans espoir de retour... Seul, désemparé, je vais
errant l'âme en peine. Tous mes rêves évanouis,
je ferme les yeux ; Songeant à ces amours qui
jamais ne reviennent, Quand le bonheur s'enfuit
sans même dire adieu... Pieds et mains liés,
enchaîné à ce passé Qui hante mes pensées,
plongeant dans la détresse, Un abîme profond, une
infinie tristesse, L'avenir noir obscur
m'empêche d'avancer... Bernard Simon |
Jeannette |
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Dunkerque |
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Dunkerque, Mai mille neuf
cent quarante où ils luttèrent, un...
contre cinquante Etait-ce Sedan ou
Waterloo ? Où l'on mourait plutôt que
de se rendre ils préfèrent la gloire,
même par le tombeau ils disaient... NON,
plutôt que de se rendre comme leurs pères, ils
suivaient Driant qui sut mourir, il y a
vingt cinq ans que d'inconnus luttèrent
avec courage l'âme en peine, le cœur
plein de rage ne reculant même pas sous
les stukas comme à Verdun, ils
disaient, nous sommes là. Simple troupier, qui
remplaçait un chef, qui ne comprenait plus, il
semblait vivre un rêve que dire, que faire,
c'était la destinée Il fallait reculer ou bien
se sacrifier pas de discours vain, il
fallait trancher net sous le fracas des bombes
ennemies sachant pour eux, qu'il
n'y avait plus d'espoir ils se sacrifièrent pour
sauver les amis. Les regardant partir, le
cœur au désespoir voyant ses camarades morts
à ses côtés il brisa son fusil et se
mit à pleurer. Les hommes de Bazaine, fier il pouvait les suivre, eux qui s'étaient rendus,
parce qu'ils voulaient vivre. 16 Avril 1969 Roger Devillers |
Les
lutins |
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Lorsque s'éteignent les
lumières Et que la nuit tombe sur
nous L'on voit venir des
ténèbres Des petits lutins un peu
fous. A la lueur d'un ver
luisant Ils grimpent sur un
champignon Prenant cela pour le
Mont-Blanc Dommage qu'il soit si
rond. Ils chantent à la deux, à
la une Faisant hululer la
chouette Ils vont faire des
galipettes Sous l’œil séduisant de la
lune On les voit autour de la
mare Où se reflète dame
blafarde S'étonnant de la voir dans
l'eau Où chantent sans cesse les
crapauds Quand Hélios menace
l'horizon Pour venir dorer la
moisson Le regardant, tout
attristés, Avec dame lune, vont se
coucher. Roger Devillers |
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La France Haïr, souffrance Solitude, souffrance Liberté, Egalité, Fraternité, c’est la
France Proverbe que tu connais Mais tu sais qu’il n’est pas vrai La politique crée la guerre La guerre crée la Mort De ton pays en es-tu fier De voir recouvert de sang ces corps Vois-tu une différence depuis le début du
siècle Tout ce que je constate c’est un simple
cercle… Sans fin. Haïr ou aimer Séquestrer ou liberté Mourir ou bien vivre De ces mots est un résumé La France n’a pas changé. Novembre
1997 Floriane
Kuro |
Ecriture |
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J'ai tout oublié Toi En entrant dans le magasin Jérémy Dessaint, 20 ans, Caudry |
Mauvais Artiste |
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C’est ma première
fois, je l’avoue. Etre exposé
au public c’est fou On m’amène comme un roi
dans un véhicule à roue. Je ne bouge
plus, ils me l’ont dit. C’est
violent quand même, mais je vais devenir célèbre d’après ce que l’on me
raconte. J’ai
vraiment l’impression d’être un héros de conte. Rien que
d’y penser j’en ai les larmes qui coulent. On me
descend et on me monte sur cette estrade. J’ai mal
aux oreilles mais je pense qu’on crie mon nom dans cette parade. On me donne
des fruits et légumes, ils me nourrissent. Je ferme
les yeux pour mieux apprécier. Je détends
tout mon corps sur le coup. Vu que je
grelotte, ils me glissent gentiment une écharpe au cou Mon dieu…
mais je l’adore. Et
j’entends un dernier bruit de chagrin. « Qu’on
le pende à mort ce sarrazin. » HAROLD |
La
Fleur |
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Je suis allé la cueillir ce matin, elle m’attendait ; nous avions rendez-vous… Comment pourrait-il en être autrement. Sur son débarcadère d’étal, elle irradiait une formidable magnificence épanouie. Quand je suis entré, je l’ai tout de suite retrouvée quand, pudique, elle se cachait derrière l’éventail de ses jeunes feuilles. Entre dix mille, je ne voyais qu’elle. Immobile et patiente, elle se dressait, curieuse de l’environnement passager. Comme un enfant sur un manège, j’ai fait le tour du magasin mais elle était déjà toute l’attraction de mes attentions !... Passionnément, je me suis approché d’elle… Elle attendait, là, au milieu du parterre de ses semblables, un peu comme on attend la main de l’Aventure… Ha, si vous aviez vu sa fabuleuse parure !... Elle était la vraie Beauté, la réflexion de la Lumière, l’apothéose réelle de l’Enchantement, l’enfant naturelle du Sublime et de la Nature !... Fou, je n’étais qu’un trublion de pacotille dansant tout autour de sa mantille avec mes manières de galopin pupille !... Voyeur, je la matais sous toutes les coutures !... De sa tige, j’aimais déjà la cambrure !... Son parfum secret m’a subjugué, son allure altière m’a attiré, sa façon de courber sa toilette dans une révérence chatoyante m’a envoûté. Sa robe était d’un vert éblouissant ! Dans l’échancrure de ses feuilles, je voyais l’enfilade de ses boutons éclos, si curieux de la clarté du magasin. De force douce, je me suis saisi d’elle ; comme un voleur, je l’ai cueillie dans son vase et, à perdre haleine, j’ai traversé le magasin comme un gagnant de magasin de porcelaine !... Je l’ai soustraite du regard envieux des autres prétendants. Dorénavant, je serai le seul dépositaire, le contemplateur, de sa beauté extraordinaire… Elle trône, cette princesse, dans la maison et observe mes allées et venues. Coquette, un brin rose pâle, un brin écarlate, un brin éclatante, tellement lumineuse, elle se remaquille à chaque outrage coquin du soleil baladeur. A peine dégrafés, les délicats boutons de sa robe s’ouvrent sur son cœur palpitant. Toujours en beauté, séductrice et attirante, elle est gracieuse au-delà de mes prétentions. Elle a ce quelque chose en plus qui aimante mes regards admiratifs. Il se dégage d’elle toutes mes impressions les plus attentives, toutes mes prévenances ferventes, tous mes interludes les plus contemplatifs. Moi qui cultive l’indépendance comme un art de vivre, une prétention de liberté, une errance apprivoisée, je me retrouve sous la coupe d’une si jolie fleur. Un détail dans l’ambiance ordinaire, un cheveu trop blond, trop long, dans la soupe, une note de musique trop bien assenée et je dois tout reconsidérer de mes intimes questionnements ; de la Terre à l’Univers, du bleu du ciel à celui de la nuit, les frontières sont chamboulées, les impressions sont subversives, les convictions sont mises à mal avec d’autres conclusions plus en relief avec son panorama idyllique. On ne devrait vivre qu’entouré de belles choses, de celles volubiles qui exacerbent les sentiments jusqu’à la Passion ; on aurait enfin peur de la Mort et de son cortège d’Oubli. On aurait des patiences pour les parfums, pour la déclinaison des couleurs, pour nos sens aux aguets, on vieillirait sans nous en rendre compte et, arrivés au bout du Rouleau, on aurait quand même des regrets à cause de cette Eternité trop pesante, trop silencieuse, si omniprésente… De la table de la salle à manger jusqu’à la bibliothèque, du buffet du salon jusqu’au fragile guéridon, dans n’importe quel décor de la maison, elle est l’attraction sublime de ma contemplation enflammée. Elle est ma maîtresse, je suis prévenant. Je n’arrive pas à détacher mes regards d’elle tant sa présence m’accapare. Dans un endroit stratégique, c’est ma bienveillante sentinelle ; on dirait qu’elle m’observe ; elle me protège, elle s’intéresse à chacun de mes mouvements mais elle tremble sur sa tige, cette pudibonde, quand je la frôle de trop près avec un courant d’air passager. Son camouflage est savant ; les ombres tournent autour d’elle et la relient à des impressions fugaces d’appartenance à la Nature et elle oscille sans cesse dans cette ronde effrénée. Bien sûr, je pourrais l’effeuiller en lui racontant mes exploits d’explorateur ; bien sûr, je pourrais glisser mes doigts sous ses jeunes pétales comme un maraîcher d’étalage, un vil déflorateur, ou la bousculer telle une quelconque fleur de lointaine escale. Je pourrais l’apprivoiser avec quelques murmures, la tutoyer avec quelques tournures, l’apitoyer avec quelques blessures mais je n’ose pas caresser sa douce texture. Elle est si belle dans mon jardin secret. Elle palpite à l’envi de mes soupirs, elle absorbe mes mauvaises pensées, fleurit mes idées noires, cette hypnotiseuse, cette enchanteresse des champs de mon âme. C’est le genre de fleur immaculée qu’il serait péché d’emmener jusqu’à l’autel !... Un jour de courage, je lui parlerai avec des mots de poète énamouré, des mots de doux jardinier, et nous aurons des grandes conversations de séduction enflammée. Ici bas, on ne peut bien aimer que ces Vestales de la Nature. Une belle histoire d’Amour, c’est une histoire qui ne finit jamais ; alors, je le promets : je vais bien l’arroser… Pascal |
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La
soucoupe volante Je rentrais sur Paris, j'avais pris le TGV à Marseille, et peu après Avignon, il était environ 21 heures et la nuit était déjà bien noire, je vis deux lumières très fortes éclairer le sol à une hauteur d'environ 10 mètres, puis disparaître à une vitesse si grande qu'il ne pouvait s'agir ni d'un avion, ni d'un hélicoptère. J'étais à ce moment assis dans la partie du wagon qui permet à quatre voyageurs d'être en vis-à-vis. Nous avions vu tous les quatre le phénomène, chacun ayant compris qu'il venait de vivre un moment particulier. Nous sommes restés un long moment sans parler, nous regardions par la fenêtre pour voir si le phénomène se manifesterait une nouvelle fois, afin d'obtenir, peut-être, une explication. Rien ne revenait. Le premier à prendre la parole fut un homme d'environ soixante-dix ans. Il raconta avoir déjà pu observer de telles choses, ayant beaucoup voyagé dans sa vie. A chaque fois, personne, même lui, n'avait expliqué des phénomènes quelquefois fantastiques, mais il ne voulait pas croire à d'éventuels extra-terrestres. Selon lui, la nature recelait assez de ressources diaboliques inconnues et inexpliquées encore, pour nous donner en spectacle sa force, ses mystères. D'ailleurs, sans vraiment nous convaincre, il expliqua que ce que nous avions vu ce soir n'était en rien le fruit de la nature mais sans doute un hélicoptère, peut-être un peu plus rapide que les autres, un jeu de projecteurs ou encore un satellite dont nous aurions mal estimé l'altitude dans le noir. Un autre homme lui coupa alors la parole et lui dit qu'il fallait rester humble face à un tel événement. Il vécut lui-même une aventure de ce genre dont il eut rapidement l'explication. Il pouvait en rire maintenant, mais sur le coup, ce ne fut pas le cas, et malgré tout, il croyait à une intelligence différente de celle des hommes, peut-être là-bas sur une des mille étoiles du ciel. La quatrième personne qui nous tenait compagnie, un jeune homme de mon âge lui demanda s'il voulait bien nous conter son aventure. Il acquiesça et commença son récit. "Je m'appelle Jean-Michel L. J'ai aujourd'hui 61 ans et je suis retraité. J'ai travaillé dans la broderie, à Bertry, un village du Cambrésis dans le Nord. En 1952, j'avais alors 22 ans, je fis la connaissance lors du bal du 14 juillet d'une jolie jeune femme, nous étions amoureux. Elle habitait Busigny, un village voisin du mien et régulièrement, après mon travail, j'allais la retrouver. C'était souvent le soir, et je n'avais qu'un vieux vélo sans lumière et sans freins. Mes parents étaient brodeurs. Mon frère et moi, nous aidions alors, et nous travaillions chacun notre tour sur le métier. Toute la famille travaillait dur pour vivre. Je n'y échappais pas. Après le travail, c'était donc presque un plaisir de me retrouver seul, pour penser, laisser mon esprit vagabonder librement, faire le point sur les idées qui encombraient quelquefois mon esprit. Le trajet était d'ailleurs très agréable et favorisait mes rêveries. Il passait par des bois et des champs. Il n'y avait pas la circulation automobile d'aujourd'hui, je n'étais que très rarement dérangé, et j'arrivais bien souvent à destination sans me rendre compte des kilomètres parcourus. Un soir où j'avais travaillé plus tard que d'habitude, je me suis mis en route vers 22 heures 20. Nous étions en septembre et la saison était encore belle. Il faisait même assez chaud. D'ordinaire, c'est l'heure où j'arrivais, mais il avait fallu terminer une commande urgente. La nuit était noire, sans lune et presque sans étoiles. Je roulais vite, pressé d'arriver, et comme d'habitude, je rêvais. J'avais lu depuis quelques temps de nombreux articles de presse sur les extra-terrestres. Aux Etats-Unis, des personnes étaient certaines d'en avoir vus. Je rigolais un peu de tout cela, mais au fond de moi-même, je m'intéressais presque contre mon gré à la question, un petit quelque chose me faisait y croire. Amoureux de la nature, rêveur comme j'ai déjà pu vous le dire, je regardais souvent le soir toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel. Elles sont à des distances incroyables de notre planète, certaines brillent encore et brilleront encore très longtemps alors que le système d'où nous vient leur lumière n'existe plus. Dans cet infini, il n'y avait pas de doute pour que l'on y trouve quelque part une intelligence, une vie autre que celle des hommes. Ce début de nuit était même presque étouffant, je roulais avec plus de peine, le souffle court, j'avais monté la plus importante côte de mon parcours et j'arrivais au lieu-dit « les quatre pâtures », lorsque mon coeur se mit à battre très fort. Mes pensées se mélangèrent. Une lumière assez vive, en forme de coupole, émergeait à 200 ou 300 mètres de moi, et j'avais déjà vu une photo fort ressemblante dans un magazine. Elle avait été prise à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Selon le photographe, il n'avait pu être donné de signification au phénomène observé. Cela ne faisait aucun doute pour moi, je me trouvais devant une soucoupe volante. Tout tremblant, je mis pied à terre. Mes pensées redevenaient plus nettes, je voyais passer dans ma tête les articles de journaux sur le sujet, et le côté extraordinaire d'une rencontre avec les habitants d'un monde inconnu me donnait du courage. Je me suis dit : allez tiot, vas-y ! Personne encore n'avait vu d'extra-terrestres, et j'imaginais déjà être le premier à le faire. Il fallait pour cela que je les approche, que je leur parle, pour peut-être en persuader un de rester dans notre monde. Quand j'y repense, c'est un peu fou toutes les idées qui traversent notre esprit dans ce genre de moment. Je rêvais vraiment tout éveillé. Mais s'ils résistaient ! Il faudrait donc que j'en capture un pour le montrer au monde entier, pour devenir célèbre et faire la « Une des journaux ». Je ne pensais plus à l'éventuel danger que je pouvais courir, je me décidais à avancer vers cette coupole lumineuse un peu extraordinaire, si troublante, elle m'attirait. Je me pinçais, je faillis crier, je ne rêvais pas, c'était bien moi, en pleine campagne, seul, loin de toute habitation. J'attrapais néanmoins un long bâton, presque par réflexe. Ce serait mon arme au cas où je rencontre des êtres belliqueux et méchants. Laissant mon vieux vélo sur le bas-côté, j'avançais maintenant plus doucement, mais sûrement, sans bruit. J'étais très excité. Il me fallait tout d'abord remonter un petit chemin d'exploitation menant à une première pâture. Ce petit chemin longeait deux haies, et je le connaissais bien pour venir y cueillir des mûres à la saison. Un petit vent frais se levait. Il me fit du bien. Tout mon corps frissonna comme pour chasser hors de moi toute appréhension, pour me redonner confiance et m'encourager. Les caresses du vent me procuraient le calme dont j'avais tant besoin, je retrouvais ainsi tous mes moyens, toute ma lucidité. J'avançais toujours, courbant le dos au maximum comme le soldat sous la mitraille, je passais une barrière pour entrer dans une pâture. La lumière de la coupole n'était plus qu'à 50 ou 60 mètres de moi, émergeant d'un talus. L'herbe fraîche, humidifiée déjà d'un peu de rosée glissait sous mes pas, je ne faisais aucun bruit. Je ne bénéficiais plus d'aucune protection. Il n'y avait plus les haies, mais la pâture, une sorte de désert sans abris entre moi et cette chose qui continuait à me fasciner et à m'attirer. Je tremblais d'énervement et je serrais encore plus fort mon bâton. Comme dans un nouveau rêve, je me vis en premiere page d'un journal, fier, puis un malaise effroyable s'empara de moi et me tétanisa l'espace d'une seconde. Non ! Je ne pouvais plus reculer, il fallait avancer, voir, comprendre, pour après raconter. J'étais seul et je ne savais rien de ce que j'allais découvrir. J'avais de plus en plus peur maintenant et je n'arrivais pas à me l'avouer, mais je ne pouvais faire demi-tour. Je continuais à marcher, anxieux, la gorge nouée. A trente mètres à peine de ma vision lumineuse, je faillis mourir de peur. Presque en plein milieu de la pâture, un gros lièvre au gîte fut surpris dans le début de sa nuit. Mon visage était plein de sueur : je sortais un mouchoir pour m'éponger. Le vent avait de nouveau cessé de souffler, j'avais chaud, mes yeux se voilaient légèrement, je tremblais, mon bâton tomba. Je le ramassais et poursuivais mon approche. Arrivé à peine à 20 mètres de la lumière, mon cœur s'arrêta. Une forme venait de bouger et de se lever à l'intérieur de la soucoupe volante. Sans me remarquer ou sans faire attention à moi, je ne savais quoi penser, elle disparut à nouveau. Je restais immobile. Le vent se remettait à souffler un peu, il me rafraîchissait, j'en avais réellement besoin. Je titubais d'émotion. Avançant encore de quelques pas, je compris alors ma terrible méprise. Ma fameuse soucoupe volante n'était autre qu'une voiture, stationnée derrière un talus. Deux amoureux étaient à l'intérieur, et c'est l'un d'eux que je venais de voir se lever quelques secondes auparavant. En fait, la lumière du plafonnier était restée allumée, et seul l'habitacle émergeait derrière le talus. La route étant située légèrement en contrebas, je n'avais donc eu que cette vision. Je respirais beaucoup mieux, mes jambes tremblaient toujours, d'énervement certes, mais aussi de soulagement. Les amoureux continuaient à s'embrasser, ils n'avaient rien remarqué. Je repartis rapidement, sans bruit, lâchant cette fois pour de bon mon bâton. Peu m'importait en fait de ne pas être célèbre, de ne pas faire la « Une des journaux ». Je reprenais mon vélo et pour rattraper le temps perdu, la scène avait bien duré un quart d'heure, je pédalais de toutes mes forces et rigolais avec ma fiancée de mon aventure quelques minutes plus tard. Je lui en racontais les moindres détails et toutes les émotions qui avaient envahi mon esprit. Elle se moqua un peu de moi ». Personne ne parlait autour de Jean-Michel L. Ce dernier sourit, s’essuya le front, il avait chaud et but une gorgée de bière qu'il avait commandée au début du voyage. Les autres voyageurs et moi le premier, nous sourîmes à notre tour. Notre conteur nous précisa : « Malgré cette aventure peu ordinaire et frustrante, je crois aux extra-terrestres ». Je pensais en moi-même que ce Jean-Michel L., faute d'avoir assuré une liaison avec un autre monde, n'avait découvert qu'une liaison amoureuse. Le TGV arrivait en gare de Lyon, à Paris. Alfred Lenglet
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Chère inconnue |
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Cette nuit-ci, la lune se montra tour à tour de face, de trois-quarts, de profil. Les étoiles, sans les compter -je pense qu'elles étaient toutes présentes- scintillaient à qui mieux mieux. Pour rien, pour le plaisir de se montrer, pour la gloire de leur Créateur. J'ose espérer aussi un peu pour moi, le poète sans lesquelles je n’existerais pas ! En tout cas pas pour ces Terriens indifférents à une telle féerie qui fermaient les yeux avant même qu'elles prennent leur place respective et s'allument ; ces Terriens qui attendaient, pour les rouvrir, que leur réveille-matin les avertisse que les étoiles s'éteignissent, ne serait-ce que provisoirement. A vrai dire, je veux ignorer que certaines meurent pour rejoindre le Paradis des Etoiles, tandis que d'autres, ces novae toutes neuves et touchantes, naissent d'un éclat aussi pur que les reflets uniques du diamant. Une telle situation, je l'ai vécue bien des fois, m'interrogeant sur le pourquoi et le comment des choses célestes. Dante ne pensait-il pas : « Il n'est aussi agréable de douter que de savoir » Douter ? Savoir ? La certitude, à notre échelle humaine, c'est que le soleil, les planètes, notre lune et le firmament existent, puisque nous en sommes les témoins jour après nuit. Ce qui est certain, c'est qu'en cette nuit d'août -chère à mon coeur comme elle le fut à Alfred de Musset qui la consigna dans ses poèmes qu'il intitula tout simplement « Les Nuits », chants pathétiques constitués des réflexions sur l'amour et la souffrance- je me sentis en faire partie pleinement. Élément de cette splendeur qui m'entourait et me pénétrait, en paix avec moi-même. Et heureux. Vraiment heureux ? L'amour partagé avec pour témoin la voûte céleste émaillée des fleurs du bon Dieu ? Croyez-moi : des amours, j'en ai vécu de toutes sortes, ici et là autour de notre planète… Eh bien j'affirme que, sur ce chapitre, il ne faut jamais se fier à rien. Ni au reste d'ailleurs ! Quand un homme se mêle de parler de l'amour et d'affirmer ceci ou cela, il risque de dire autant de sottises qu'un médecin lorsqu'il se hasarde à raconter les secrets des maladies ou qu'un astronome s'il s'avise d'expliquer les véritables raisons des facéties du soleil et des étoiles dont il dirige avec maestria la chorégraphie ! Après une telle affirmation, je me tais sur ce sujet délicat et tant controversé ! Revenons à cette nuit d'août passée sous la protection indéniable du majestueux Luberon, le maître de la Provence vauclusienne. Seul ? Là est la question ! Était-elle réellement à mes côtés, serrée contre moi telle une fillette en mal d'affection, s'extasiant de ce monde infini de nébuleuses jouant à s'envoyer météorites et aérolithes sur champ de Voie Lactée, à filer on ne sait vers quelle destination mystérieuse invisible des Terriens, événements stellaires qui mettent au moins quatre années pour frapper notre rétine ? Était-elle un ectoplasme s'amusant à loisir avec mon cœur et mes sentiments ? Ce qui est quasiment certain c'est que, adossé aux ruines de l'Abbaye de Saint-Eusèbe qui dominent la vallée et le bourg de Saignon, bâti depuis toujours face au sommet du Luberon, je partageai des instants de pleine euphorie, paradisiaques ; un mélange de divin, d'amour, de nature, de paix, de la Femme. Oui, c'est bien cela… de LA Femme ! Inconnue. Rien d'elle ne me rappelait l'une quelconque de mes amours passées. Je pris conscience que l'amour tourmentait son esprit. Également sa chair dont l'appétit se nourrissait en son cerveau. Sa chair ? Un ectoplasme en étant démuni -selon ce qu'on m'enseigna sur les bancs de l'école- celle qui me parlait était néanmoins une véritable femme. Elle monologuait, le regard fixé sur Sirius, la reine des étoiles, comme lisant à livre ouvert dans cette étoile, la plus lumineuse de toutes ses compagnes. Peu à peu, j'ai appris beaucoup la concernant. Je retins qu'elle était une jeune veuve, non pas éplorée, mais gréée de neuf. Sagace, de cœur loyal, de corps joyeux, elle eut tôt fait d'enflammer tout mon être. Aurais-je alors atteint le Paradis -celui dit « Terrestre »- ou celui du Ciel ? Serait-elle Eve ressuscitée et moi Adam ? Dans une telle éventualité, il me fallut veiller au grain… au Serpent et surtout, à ne pas mordre, au aucun cas, dans LA pomme pour ne pas perpétrer le péché originel que Dieu n'eut pas la miséricorde de pardonner à Ses enfants égarés, empoisonnant ainsi l'existence de tous leurs descendants, innocents de la désobéissance de leurs parents bibliques. Elle
m'expliqua que le temps, la vie parisienne, métamorphosèrent sa vie de jeune
veuve, pas encore trentenaire. Alors sa beauté prit du génie, ses mains de
l'esprit, sa marche devint divine, alliant à la liberté des mouvements une
aisance de patricienne. Sous la clarté de la lune, je découvris sa
réalité : cheveux fauves, nez court, yeux gris de félin, bouche
appétissante et souriante… Elle n'était pas une belle fille mais une jolie
femme. Sage et sans guinderie insolente propre aux Parisiennes, comme pensent
celles qui ne le sont pas. Ses amours passées ? Elle ne m'en confia que
des bribes ; tout juste pour constater qu'elle était oublieuse du
plaisir, ne conservant de telles
amours que le souvenir de leurs
griefs. Ce qui refroidit25 mes élans envers elle, encore dissimulée sous une carapace de désintéressement. Cependant, à ce jeu d'attente délectable, mon cœur ardent se dévorait, incapable de croire que, dans un site et une situation aussi idylliques, l'amour ne se manifesterait pas d'une façon ou d'une autre, imprévisible. Non, cette Eve-ci n'appartenait pas à la gent de ces névrosées qui se font rôtir sur le gril de leurs illusions consumées ! Ni névrosée, ni nymphomane. Alors je ne pus imaginer la chute de cette histoire de plus en plus invraisemblable, certain de ne pas rêver. D'ailleurs, qu'est-ce qui l’incita à venir me rejoindre en ce lieu isolé, à cette heure avancée de la nuit ? Devinant mon interrogation, elle glissa à mon oreille : - Ne cherche pas à refaire la vie et à la refaire en arrière ! Avec des si, avec des car, nous marcherions la tête en bas, incapables d'avancer vers notre idéal de vie, vers cette perfection que nous nous acharnons à construire ou à atteindre. Notre perfection humaine. Car la sainteté, c'est dans un autre domaine situé à mi-chemin entre l'homme et le divin, qui ne touche que quelques rares privilégiés. « Les bons sont rares », avait constaté le Romain Juvénal en son temps !… J'aurais tant aimé l'interroger, m'exprimer de la voix et surtout, du geste ! Hélas j'étais comme un animal naturalisé, d'apparence humaine mais le corps rempli de charpie ou de paille ! - L'amour est un sentiment beaucoup trop beau et romanesque pour être dépendant de liens matériel, murmura-t-elle sur une intonation surnaturelle. Depuis longtemps mon âme est unie à la tienne, toi que j'ai toujours aimé dès ma plus tendre jeunesse. Un amour que rien ni personne ne détruira jamais. Un amour qui s'est matérialisé, en cette magnifique nuit d'août, exceptionnelle, pour que tu en prennes conscience. Ne cherche pas à m'attribuer un nom que tu puiserais dans la besace bien bondée de tes amours, celles que tu maltraitas. Où que tu seras, ici ou dans le Ciel, n'oublie pas cette nuit et celle qui t'y a rencontré, qui t'aimera éternellement. Adieu mon Prince… Caché on ne sait où, le soleil daigna s'extraire de sa couche antécataclysmienne, ouvrit un œil, embrasa peu à peu l'Orient et les crêtes du Luberon. Puis il resplendit de tous ses rayons, tout reposé, satisfait du spectacle stellaire, orchestré par Dame Lune. En ce matin d'été tout neuf, je lui trouvai bonne mine. J'étais à nouveau seul… Mais le serai-je sachant que désormais ma mystérieuse Eve, ma chère inconnue, habitera mon cœur tel un diamant et que je n'aimerai plus qu'elle, indéfiniment ? Jusqu'à la nuit des temps. André-Pierre Roussel Nous
avons appris le décès de notre ami André-Pierre Roussel alias Yan Villiers. Nous
présentons toutes nos condoléances à sa famille. Le comité de La Caudriole |
ELLE,
COMME ÉTERNELLE |
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« Puisse un jour que les femmes ne doutent plus de leur pouvoir et osent l’agrandir jusqu’au rire des étoiles » Jacque SALOME
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Je m'appelle Séléna
Héra Chapitre 3 : chasse mouvementée |
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J'atterris souplement à
quelques mètres seulement de la maison. Instinctivement, je me retournai pour
vérifier qu'ils ne s'étaient aperçu de rien. Rien ne bougeait. Je
repris donc ma chasse. Je commençais à courir quand je sentis mon corps
changer. Je courus dans l'herbe dense, poussant les feuilles des arbres. Mes
crocs s’allongèrent, mon pouvoir télépathique me revint et mes yeux se
troublèrent pour changer de couleur. D'un marron boueux, ils devinrent jaune
or. Autour de moi, des bruits retentirent. C'était les mouvements des
animaux. Je distinguais tout dans le moindre son. Tous les vampires
possédaient ce pouvoir, il était inné. Par contre, moi je possédais un
pouvoir qu'ils n'avaient pas. J'ai développé un nouveau pouvoir ce matin.
Celui même que j'avais utilisé sur mon père sans m'en apercevoir. Le pouvoir
de lévitation. (Je trouve que ce nom explique bien ce pouvoir). Il est très
nouveau et je dois encore apprendre à m'en servir. Je pense qu'il s'agit de
penser à quelque chose de mort ou de vivant (ou un objet je suppose) puis de
l'imaginer venir à moi ou à quelques mètres de hauteur et je le verrai à
l'endroit voulu. Il est assez dur à
décrire mais je sens qu'il va beaucoup m'aider. En regardant autour de
moi, mes pensées et mon odorat allèrent vers un cœur qui battait la chamade
et sentait délicieusement bon. A l'odeur, je devinai qu'il s'agissait d'un
élan. En m'approchant près du buisson où il se tenait, je le vis baignant
dans le peu de sang qui lui restait. Je ne compris pas. Qui aurait pu le
vider de sa vie aussi facilement et sans blessures apparentes ? Je
compris mieux en l'examinant. Il avait deux petits trous à la jugulaire et
portait sur lui une odeur effroyable. L'odeur d'un vampire inconnu. Affolée,
je courus jusqu'à mon antre,
sans manger. Mes parents
m'avaient toujours interdit de poursuivre ma chasse s'il y avait la présence
d'un des nôtres sur le territoire. Je n'étais pas apte à le battre en cas de
problème. Je rentrai terrifiée et
énervée de ne pas avoir pu me rassasier. La faim me tenaillant et
ne pouvant plus sortir je décidai d'essayer mon pouvoir. Je me concentrai et
laissai mon esprit écouter les cœurs les plus proches. Je tombai sur une
famille de hiboux. Rassemblant ma colère et mon envie de les voir venir à
moi, je sentis ce pouvoir sortir de moi. Sans réelle surprise, je les vis
arriver sans être effrayés à mon velux. Ils se posèrent sur mon lit et
attendirent leur funeste destin. Aussi rapide que le puma, j'attrapai le plus
gros et bus goulûment. Je me contenterai de ça aujourd'hui sachant que je ne
pourrai plus sortir durant plusieurs jours si je le sentais encore rôder. Leur sang était chaud
mais écœurant. Je préférais, de loin, boire le sang d'un carnivore plutôt que
de simples volatiles sans aucun goût particulier. Dégoûtée, je jetai leurs
corps le plus loin possible de la maison. Je sentis la fatigue me
gagner et allai m'installer dans mon lit. Je m'endormis rapidement
en laissant mon esprit vagabonder. Je rêvai de la forêt et
des animaux qui y vivaient. Il y avait de magnifiques arbres et les reflets
de la lune lui donnaient un aspect féerique. La nuit me dissipa à la vie
curieuse qui m'épiait. Je sentis une présence et à la lisière du bois j'entendis
un bruit familier. Je me retournai et tombai sur la créature de tous mes
cauchemars. Le vampire qui avait pris
mon terrain de chasse pour le sien se tenait là, la bouche ruisselante du
sang de ma nouvelle famille. Son odeur me dérangea le temps que je mémorise
tous ses traits physiques. C'était un mélange de sang mais aussi une odeur
forte d'un animal carnivore que je n'arrivais pas à identifier. Il était
grand, brun, et avec des yeux rouges. Ses vêtements étaient étranges même
pour un vampire. Il était vêtu de ce qui ressemblait à une peau de tigre
blanc (c'est peut-être l'odeur de l'animal que j'avais senti). Je vis Betty
et Peter sans vie à ses pieds. Ils étaient si pâles qu'on aurait cru voir des
poupées de porcelaine. Lui me regardait hilare.
Je crus voir des poils pousser et un léger changement dans ses mouvements
mais de rage, je lui sautai dessus sans regarder plus attentivement cet
inconnu. Il me tua avant que je ne puisse l'atteindre. -Non ! hurlai-je en
me réveillant. J'entendis aussitôt du bruit à l'étage. La lumière du palier
s'alluma. Je me cachai aussitôt sous les couvertures car Betty ne devait en
aucun cas me voir la nuit. Elle saurait que je suis différente, si ça se
produisait. -Qu'y
a-t-il ? s'inquiéta Betty qui venait d'entrer. Un cauchemar ?
Essaye de te rendormir en respirant calmement. Je
la regardai en travers de la couette sans qu'elle s'en aperçoive. Elle,
elle regardait autour d'elle avec un air d'exaspération. Les volatiles
avaient laissé des plumes et le velux était grand ouvert. En soupirant, elle
alla le fermer et sortit de ma chambre. Je
ressortis ma tête en soupirant. Suivant ses conseils, je retombai dans un
sommeil profond et sans rêves. Malgré
moi, je me réveillai vers 5 heures du matin. Ma partie humaine s'étant assez
reposée, je n'avais plus sommeil et je pouvais enfin me consacrer à ce que
j'aimais faire. Je
me levai, fis mon lit et commençai à retirer toutes les plumes. Je les mis
dans la poubelle puis regardai dehors. Mon rêve me revint en partie et de
nouveau je m'aperçus que ce vampire avait quelque chose que je n'avais jamais
vu chez d'autres. M'asseyant à mon bureau, je sortis une feuille blanche et
un crayon gris. Rapidement, je fis un croquis de lui et ensuite une liste de
ce qui clochait chez lui : -ses
vêtements ; son odeur ; les
touffes de poils que j'ai cru voir pousser ; son allure animale. Il
était vraiment étrange. Et je n'étais pas certaine qu'il était méchant. Après
tout, c'est lui qui avait tué un élan pour se nourrir alors pourquoi
aurait-il tué Betty et Peter ? Ce rêve est décidément bien étrange.
Songeuse, je rangeai mes découvertes sous le matelas. J'eus soudain l'envie
de voir ma mère. Cela ne faisait pas encore un jour mais elle me manquait.
Regardant l'heure, je m'aperçus qu'il ne me restait que 2 heures avant le
lever du soleil. J'avais plutôt intérêt à me dépêcher. Je
rouvris calmement le velux et sautai. Je courus sans m'arrêter à l'endroit où
on avait résidé mais plus aucune trace. Je sentis autour de la forêt l'odeur
de maman qui partait en direction du sud. Je ne pouvais pas la suivre sans
m'éloigner de la ville et il ne restait pas assez de temps pour suivre cette
piste. Le cœur brisé, je fis demi-tour. En rentrant je fondis en larmes. Père
avait emmené ma mère loin de moi après avoir décidé seul de mon avenir.
Pourquoi ? Je
savais qu'il avait peur mais ce n'était pas une raison pour abandonner son
enfant ! Je passai le reste de la nuit à me poser cette question au fond
de mon lit. Les
rayons du soleil levant me tirèrent de ma transe. Il éclairait ma peau, la
caressant et l'enveloppant d'une douce luminosité, qui était malgré tout
beaucoup moins forte que celle des vampires normaux. Grâce à ça, je pouvais
me mouvoir parmi les humains en cachant tout de même la plus grande partie de
cette peau (à cause de sa faible différence). Mon corps avait déjà changé et
j'entendis ma famille d'accueil se lever. Je me tirai hors du lit en étirant
tous mes muscles douloureux. Ma peine de cette nuit était encore trop
présente dans mon esprit pour réussir à penser à autre chose. J'avais une
boule dans ma gorge, qui n'avait pas l'air de vouloir disparaître. Pour
me changer les idées, j'utilisai mon temps pour préparer mes affaires et
m'habiller. Je pris grand soin de mettre un pull à manches longues ainsi
qu'une veste noire avec une large capuche et de grandes poches pour pouvoir
dissimuler mes mains. En vrai garçon manqué, je mis également un jean suivi
de baskets noires. C'est la meilleure couleur pour passer inaperçue et c'est
tout ce dont je désirais. Il
me restait deux petites heures pour me préparer à affronter l'angoisse du
collège. Je n'y avais pas pensé la veille mais maintenant j'en étais
effrayée. Comment allais-je faire ? Je serais entourée de beaucoup
d'humains durant toute la matinée et je n'avais jamais connu cette peur. Rassemblant
le peu de courage qui me restait, je descendis déjeuner. Je ne voulais pas
croiser Betty. Elle verrait mon angoisse et je ne veux la pitié de personne. Coup
de chance, elle était partie de bonne heure au boulot en laissant un mot
l'expliquant sur la table de la cuisine. Son
écriture était fine et soyeuse. Elle s'excusait de ne pouvoir m'y conduire
comme convenu et me fit la promesse de se rattraper. J'attrapai
un bol et les céréales au passage, m'assis et avalai. On aurait dit de la
bouillie pour nourrisson. Je me rinçai la bouche avec du jus d'orange et,
écœurée, je jetai ce qui restait dans le vide-ordure avec le mot d'excuse. J'avais
besoin de sortir dehors, courir un peu. L'air
frais me fit un bien énorme et me calma. J'étais toujours terrorisée mais je
n'avais pas d’autres choix, il fallait que je m'adapte à mon nouvel
environnement. Il était temps que je rentre dans cette nouvelle vie où mon
père m'avait forcée à vivre. Ce nouveau monde que je détestais. Inspirant
un grand coup, je partis pour le collège à pied en broyant du noir. Mélanie |
VOYAGE à TAHITI |
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Lorsque je suis parti en juillet passer des vacances à Nice, je n’imaginais pas que celles-ci seraient mouvementées à ce point et qu’aujourd’hui j’y pense encore. Un ami m’avait prêté son appartement, mais mon épouse ne désira point m’accompagner pour ce séjour qui ne devait durer qu’une semaine. Au bout de quelques jours, je me surpris flânant dans un quartier où des peintres exposaient leurs oeuvres à la vue de tous et en pleine rue. Mon regard fut soudain attiré par un tableau inachevé. Je me suis dit : « Le peintre va le terminer ces jours-ci, sans doute ! ». Il s’agissait d’une femme dont le visage n’était pas terminé et qui portait pour seul vêtement une robe sans teinte, peut-être un voile. Je regardais fixement le tableau, tentant d’imaginer le visage qui pourrait être celui de mon épouse ou d’une de mes filles. Pourquoi pas ! Avec une robe bleu lavande. Ça ferait joli dans mon salon. Je pourrais l’acheter tel quel et le compléter moi-même. Seulement je ne suis pas peintre et n’y connais rien en peinture, en plus. J’allais partir, me promettant de revenir avant mon retour, quand un monsieur m’accosta : - S’il vous plait ! - Oui ! Que puis-je pour vous ? - Que pensez-vous de ce tableau ? - Vous savez, mi j’y connais pas grand chose in peinture. Ché
putôt un coup de cœur. - Il vous plait ? - Bin ouais ! Mais je saurais pas le terminer. Vous êtes le
peintre ? - Oui ! Mais je suis bloqué. Je ne trouve pas les couleurs
que je voudrais mettre. - Je peux pas vous aider. Je voyais bien le visage de mon épouse
ou d’une de mes filles et la robe en bleu lavande. - Pour moi ça serait trop commun. Je voudrais autre chose, d’autres
couleurs qu’on ne trouve pas ici. - Bin, ché pas d’trop mi ! - Vous ne seriez pas du Nord, avec votre façon de parler ? - Si fait ! Du côté de Cambrai, plus précisément à Caudry.
Vous connaissez ? - Je suis né à Le Cateau Cambrésis, ce n’est pas loin de chez vous. Je m’appelle Henri et vous ? en me présentant sa main que je serre. - Hinri ou in rit pas, comme on dit chez nous. Moi c’est Hector,
pas Berlioz bien sûr ! Je suis en vacances sur la côte pour encore
quelques jours et puis je rentre. -Moi, je ne sais pas quand je remonterai. Mais j’envisage un long
voyage. Voudriez-vous bien m’accompagner. - Combien de temps ? - Bouh ! Le temps qu’il faudra. Je prends tous les frais à
ma charge, bien sûr. J’étais bien tenté, mais il y a la famille, pour le travail pas de problème, j’étais au chômage. Mais il fallait pointer. Je pouvais encore m’arranger si ce n’était que quelques jours. - Alors, on y va ! me bouscula Henri. - Mais j’ai des obligations. - Qu’importe ! Je m’occupe de tout. Prévenez votre famille, nous partons demain matin pour Tahiti. - Tahiti !!! m’exclamais-je. - Ça fait un moment que j’y pense et je ne voulais pas y aller seul. Vous êtes là ! Un pays en plus. On peut y aller. Finalement nous passâmes la soirée ensemble, Henri me fit visiter divers lieux de Nice que je n’aurais été voir. Puis me déposa à mon appartement. - Demain matin huit heures ! Je vous prends en taxi, soyez prêt ! Le lendemain matin à huit heures j’étais à pied d’œuvre. Henri arriva avec le taxi. Celui-ci nous conduisit au port d’embarquement. Je n’avais rien à faire ; je le suivais comme subjugué par le personnage. Nous avions chacun notre cabine mais nous passions le plus clair de notre temps ensemble. Et il me parlait, me parlait, intarissablement sur tout ce qui touche la peinture, sa peinture surtout. Pour le faire taire, je lui avais suggéré de peindre un tableau de la mer que nous traversions. - Je pourrais, me dit-il, mais elle change tout le temps
au fur et à mesure que nous avançons. - C’est vrai ! Suis-je bête. - Pas tant que ça, en souriant. Vous m’écoutez. À qu’y
aurais-je pu parler pendant la traversée si j’étais seul ! - Regarde, me disait-il, la lumière du Pacifique est un
gobelet d’or profond dans lequel on regarde. Finalement, nous accostâmes enfin à Tahiti en fin d’après-midi. Je n’avais jamais connu une telle arrivée, je me sentis soudain comme un roi. De jeunes indigènes garçons et filles nous accueillaient dans un tonnerre musical et dansant pour nous souhaiter la bienvenue et nous accompagner à notre hôtel. Il fallut plusieurs heures pour prendre possession de nos chambres. Nous nous installâmes et nous partîmes ensuite à la découverte des îles, de loin bien sûr ! C’est demain que notre voyage effectif se fera. J’eus beaucoup de mal à trouver le sommeil. Dés l’aube nous partîmes à la recherche d’espaces dans lesquels Henri pourrait faire évoluer les objets de sa rêverie, les comparer à ceux de notre Provence. Moi, je portais les toiles, et le chevalet, sur lesquelles il apposerait les divers paysages océaniens que nous découvrirons. Ce n’était pas de tout repos, nous allions en pirogue d’île en île. Mes yeux scintillaient aux magnifiques paysages de Bora Bora, et de voir les feuilles des hauts cocotiers au bruit soyeux qu’ils reproduisaient. J’étais extasié et jaloux en même temps, peut-être de ne pouvoir exprimer ce que je voyais sous forme de peinture. Même si par moment Henri me proposait des essais que je refusais. J’étais son accompagnant, un point c’est tout ! Pour passer le temps, je me baignais dans le lagon bleu. Je nageais parmi les coraux et en découvrais leurs multiples couleurs que jamais je n’aurais soupçonnées et puis j’essayais de les comparer aux nuages au dessus de Moorea. Ensuite je participais aux nombreux jeux et spectacles de danse, de sport comme le lancer de javelot, le tir à l’arc ou les courses en pirogues. À croire qu’Henri avait bien choisi sa période pour se rendre ici. Période d’activités traditionnelles. Je crois même avoir fait une cure de noix de coco. Les matinées étaient utilisées pour la visite des nombreuses îles, tels l’Archipel de la Société, l’Archipel des Marquises, l’Archipel des Australes, l’Archipel des Tuamotu et des Gambier. Henri y revenait l’après-midi pour peindre pendant que je profitais des spectacles. Il m’avait par ailleurs prévenu avant de partir : « Prends de la pellicule, tu en auras besoin ! ». J’ai ainsi pu immortaliser de nombreuses vues et je m’imaginais déjà en faire une magnifique exposition de photos avec quelques tableaux d’Henri. Dix jours magnifiques sans penser à un éventuel retour. Mais inexorablement un télégramme nous ramena à la réalité. Henri venait d’être père. Il lui fallait rentrer pour voir son fils, il l’avait promis à sa jeune compagne. Je repris le bateau du retour avec une nostalgie non feinte, l’air morose. - On reviendra, me promit Henri pour me consoler. Lui, ça ne le gênait nullement, il continuait à peindre des navires que l’on croisait sur des mers d’huile. - Mais c’est le même qu’à l’aller, ne pouvais-je m’empêcher de répondre. Il ne répondit pas et continuait à parler, et moi, je l’écoutais, j’étais maintenant heureux pour lui. Il avait trouvé cette inspiration qu’il recherchait. On dit souvent que le malheur succède au bonheur et vice versa. Celui-ci, le malheur me frappa à notre arrivée au port, lors du débarquement. Un jeune voyou me déroba ma valise contenant tous mes trésors. Adieu Exposition, adieu photos, adieu cadeaux pour la famille. De nouveau la tristesse m’empara. - Allez, du nerf que diable ! me dit Henri. On y
retournera et tu en prendras d’autres toutes aussi jolies et expressives. Puis on rendit visite à sa compagne et son fils Yves, un joli garçon qui certainement suivra les traces de son père. Henri promit le mariage à sa compagne et bien sûr il m’enverra une invitation. Je décidais enfin de prendre congé et de retrouver les miens à qui j’aurais de grandes choses à raconter sans preuve, malheureusement. Toutefois Henri, lors de mon départ, me fit don du magnifique tableau qu’il avait commencé à peindre et dont j’étais tombé en extase. Il avait peint la robe en vert tilleul comme la couleur de ma voiture et mis les traits d’une tahitienne qui nous accompagnait comme guide dans les îles, pour le visage de la femme. Nous ne nous sommes plus revus. Je n’ai pas assisté à son mariage, il ne connaissait ni mon nom ni mon adresse pour m’envoyer l’invitation. Je sus plus tard qu’il était devenu un peintre célèbre mais le tableau qu’il m’a offert ne sera jamais connu, il l’avait signé de mon prénom. Hector MELON d’AUBIER |
Drôle de destin |
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Marina, une jeune
fille talentueuse et pleine d'ambitions, vivait avec ses parents adoptifs.
C'était une fille bien élevée, elle était heureuse. Tout
commença le jour de son anniversaire lorsqu'elle arriva dans le salon et dit
à ses parents : -Papa, Maman,
aujourd'hui j'ai 16 ans et je crois que je suis enfin prête à connaître ma
vraie mère. En disant ces mots,
elle se sentait gênée, elle avait peur de leur réaction. -Tu en es vraiment
certaine ? -Oui, je voudrais
savoir tant de choses sur elle, son nom serait déjà important pour moi. Son père essaya alors
de changer de conversation, il avait peur, peur de quoi ? On ignore. Les jours suivants, on
remarqua que Marina n'allait pas très bien. Heureusement que Cathy
était là, c'était la seule personne à qui elle pouvait en parler. Marina se confiait
souvent à elle, elle l'admirait beaucoup et avait une grande confiance en
elle, toujours là dans les moments les plus douloureux, peut-être tout
simplement parce que Cathy était plus âgée de 18 mois. -Mais essaie de les
comprendre, ils ne veulent pas perdre « leur petite fille »,
répétait sans cesse Cathy à Marina. -Et puis imagine que
ta mère soit la prof de gym ! Celle que tu admires tant ! Elles rirent toutes
les deux. -Ce serait la pire
chose qui pourrait m'arriver ! lui répondit Marina en riant. Un jour, lorsqu'elle
rentrait du lycée, ses parents étaient assis dans le salon en l'attendant. Sa
mère lui tendit un morceau de papier blanc plié. -Marina, voici les
seuls indices que nous possédons sur l'identité de ta mère biologique. -Merci ! Elle les
embrassa puis reprit : -J'espère que vous me
comprenez vraiment et de toute façon vous resterez toujours mes parents car
elle m'a abandonnée. Marina courut dans sa
chambre, et s'allongea sur son lit. Elle était tellement stressée à l'idée de
découvrir le nom de sa mère biologique qu'elle n'osa pas ouvrir le papier.
Elle téléphona alors à Cathy. -Allô Cathy , -Oui ? -Tu peux venir chez
moi, s'il te plaît, demanda Marina toute excitée et angoissée en même temps. Cathy arriva aussitôt.
Elle avait perçu au téléphone l'angoisse de Marina, elle savait qu'elle
attendait ce moment depuis tant d'années. Marina demanda alors à
Cathy d'ouvrir le papier à sa place. Elle hésita un moment puis l'ouvrit. Elle se mit à ricaner,
c'était un rire assez étrange : -C'est une
blague ? demanda Cathy. -Mais de quoi
parles-tu ? Cathy sanglota, elle
jeta le papier et s'en alla en claquant la porte. Ne comprenant pas sa
réaction, Marina se leva pour voir ce qui était inscrit sur le papier. « Mlle LOBET, née
le 16 mars 1963 ». Ce nom lui rappelait
en effet quelqu'un… -Mais oui, c’est Cathy
qui m'a parlé de cette femme, mais qui est-ce ? Je ne m'en souviens
plus. Le lendemain, comme
tous les matins, Marina rejoignit Cathy à l'arrêt de bus. -Bonjour Cathy. -Salut, répondit
Marina sans même la regarder. -Pourquoi es-tu partie
si vite hier soir ? demanda Marina, impatiente d'en savoir la raison. Cathy prit la main de
Marina et lui dit : -Tu sais…. Cette
« Mlle LOBEG »… -Oui… j'allais
justement t'en parler… Cathy la coupa : -Et bien, c'est….
c'est ma… c'est ma mère… Marina fut très émue,
elle lâcha la main de Cathy et s'en alla. Mélodie Calvanese Lycée Jacquard de Caudry |
Nuit de folie |
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Une fois de plus, elle se réveille avant lui, elle lui prépare le café, allume la télévision, puis repense à cette nuit, ils n'avaient pas dormi avant au moins deux heures du matin. La pièce où se trouve ce couple est comme figée par un silence assourdissant, complètement inanimé. La chambre n'est séparée du salon que par une porte qui reste constamment ouverte. Le soleil s'immisce timidement dans la cuisine, ce qui émet un léger reflet sur les pieds de la table de salon. Il est malade, pour de bon cette fois-ci, il n'y a plus rien à faire, il veut partir en paix, et certainement pas dans un hôpital : cette nuit sera sûrement son dernier cadeau. Plusieurs semaines passèrent, ce pauvre homme était enterré depuis maintenant cinq jours. -Depuis quand avez-vous des nausées Mme Delcroix ? Un rendez-vous chez le médecin était de rigueur étant donné l'état de cette désormais veuve, Elise : -Et bien, depuis une semaine, deux tout au plus… hésita-t-elle. -Hum, oui…, écoutez, ma chère Elise, tout porte à croire que… je pense que vous êtes enceinte. Aucune réaction ne paraissait envahir Mme Delcroix. Le regard vide elle fixait les chaussures du médecin, comme cherchant un quelconque défaut. Soudain, une larme dévala la courbe de sa joue droite, venant se fondre sur le coin de ses lèvres. Était-elle vraiment enceinte, allait-elle accoucher d'un enfant qui n'aurait pas de père ? Autant de questions qui se bousculaient désormais sans cesse dans sa tête. Après quelques mois, peu de choses avaient changé, sa grossesse était maintenant visible. Le temps s'était arrêté depuis la mort de son mari, elle passait ses journées chez elle à se morfondre sur son infortune. Elle avait réfléchi, énormément réfléchi, à vrai dire elle n'avait fait que cela depuis qu'elle était au courant : elle ne garderait pas cet enfant à ses côtés, peut-être que ce ne serait pas le bon choix, mais c'était le sien, songeait-elle. Ce n'était pas une solution de facilité, mais elle n'avait personne pour l'aider, personne pour la soutenir dans cette épreuve, elle ne pouvait garder cet enfant qui n'aurait jamais eu de famille. Et puis surtout, elle ne supporterait pas de revoir le visage de son mari dans celui de son enfant. Sa maison est inchangée depuis maintenant six mois, elle n'a plus le courage de rien, plus envie de vivre. Huit mois de plus passèrent, elle avait accouché, un 28 novembre, puis avait laissé son enfant au service d'adoption, comme elle l'avait voulu. Elle ne savait même pas si l'enfant était un garçon ou une fille, peu lui importait, elle ne voulait qu'une chose, oublier sa « progéniture ». Son visage est pâle, ridé, marqué par l'air du temps, ses mains usées par sa besogne quotidienne et son esprit rongé par un sentiment de remords qui la suivrait toute sa vie. Comment peut-on haïr à ce point sa propre image ? s'interrogeait-elle parfois. -Écoute, Élise, je suis venu pour te parler. -Oui, je t'écoute, répondit-elle à son neveu. Son neveu demeurait sa seule famille et il l'épaulait chaque jour depuis maintenant vingt ans que son mari était décédé. -Tu sais, je m'occupe de toi depuis maintenant dix ans, et… j'ai pris une décision pour ton bien-être. -Ah, eh bien, je m'y attendais ! Toi aussi ? Alors tu penses que je ne peux plus m'en sortir toute seule, à 68 ans… -Mais tu sais, ma tante, que ce n'est que pour ton bien. Une semaine plus tard, Madame Delcroix se retrouvait dans une maison de retraite modeste du sud de la France. L'environnement de cette résidence était assez gai. Les couleurs vives et fruitées des murs animaient les couloirs. Le personnel semblait aimable et fiable, mais l'enceinte gardait un goût amer d'hôpital. Mme Delcroix ne s'y plaisait pas. Cette dernière était agressive avec la plupart des personnes qui l'approchaient, les griffant ou les insultant, y compris son neveu, la cause de ses tourments. Elle songeait souvent à son défunt mari. La vie lui paraissait dénuée de charme, sans attrait ni plaisir. Une animatrice, employée dans cette maison de retraite,
allait souvent la voir dans sa chambre, lui apportant quelques douceurs,
jamais accompagnées de paroles, mais toujours d'une énorme dose de
gentillesse. Élise ne la rejetait pas, elle la regardait sans jamais, elle non plus, prononcer un seul mot. Elle s'appelait Hélène, grande et belle, mystérieuse comme si un terrible secret lui avait été confié, mais rien n'en était, elle avait toujours été ainsi. Puis, un beau jour, comme à son habitude, elle entra dans la chambre d’Élise, mais pour la première fois, elle tenta d'engager une conversation : -Bonjour, Mme Delcroix. Aucune réponse ne s'entendit. -Écoutez, il faut que je vous parle, hésita-t-elle. Élise grogna, tel un animal rognant un jouet. -Vous savez, depuis ma naissance, des questions sans réponse se sont imposées sur mon chemin… Un silence envahit quelques secondes la pièce. -Maintenant j'ai reconstitué le puzzle de ma vie. Depuis peu, j'ai retrouvé ma mère, ma mère biologique… Élise, alors, la regarda fixement, anxieuse, intriguée. -Celle qui m'a mise au monde un certain 28 novembre…
Alexandre Bajard Lycée Jacquard de Caudry |
Mathilde |
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La vie est pleine de
surprises Originales, amusantes,
enrichissantes… La vie est pleine de
traîtrises… mais… Imagine-la sans soucis Tourne-toi et souris Amuse-toi et profite de
la vie Parfois, j'aimerais te
dire tellement de choses… Mais je n'ai pas autant
de courage que toi Je me dis, j'irai une
autre fois Mais pour cela, il
faudrait que j'ose ! Si le temps passe sans
que rien ne se passe Les heures défilent, je
me défile J'aimerais que tout
soit plus facile Pour que je me surpasse Mais je me dis qu'il
est trop tard Qu'il faut oublier
cette histoire. Mathilde
Levêque |
Les chaussures vertes |
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Martin, un jeune homme de treize ans, plein d'imagination, rêvait d'énormément de choses mais, par malheur ou par erreur du destin, il était né dans une famille assez pauvre mais courageuse ! Martin était en classe de cinquième ; le jeune homme n'était pas "brillant" à l’école ; il était dans la moyenne. Ses parents étaient de bonnes personnes chaleureuses, généreuses... comme on en trouve beaucoup dans cette région du Nord-Pas de Calais. En effet, ils étaient de Gravelines. Un jour, alors que Martin se baladait dans les rues commerciales de Dunkerque, sous un soleil étincelant et l'air de la mer, il remarqua dans une vitrine de magnifiques chaussures ! Ce fut le coup de foudre immédiat ! Il était émerveillé devant leur beauté, les mains collées à la vitrine, les yeux écarquillés ! Il entra dans le magasin ; il y avait un peu de tout : des vêtements de marque de sport, des revues, des accessoires et surtout des chaussures ! Il demanda le prix des superbes chaussures qu'il avait vues à travers la vitre. -S'il vous plaît ! dit Martin. Le commerçant se retourna ; il était jeune, aux cheveux assez longs, avec un style particulier... Il devait avoir une vingtaine d'années. -Oui, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? -Je voudrais savoir le prix des baskets dans la vitrine, répondit Martin. -Les vertes... à gauche... ? demanda le jeune commerçant. C'était une nouvelle collection de chaussures de sport qui venaient, à l'instant, de sortir. -Oui, celles-ci, répondit Martin tout en les montrant du doigt. -Ah ! Elles sont jolies, n'est-ce pas ! Elles sont à cent cinquante euros. -Ah ouais, quand même ! s'exclama Martin, elles ne sont pas données. Merci et au revoir ! -Au revoir, répondit le commerçant un peu étonné mais compréhensif. Martin voulait vraiment ces chaussures, d'autant qu'il lui fallait une paire en ce moment car les siennes étaient usagées. Il décida de faire de son mieux pour les obtenir, malgré leur prix. Il demanda à ses parents, ils lui répondirent qu'ils lui donneraient quinze euros, pas plus. Pour le reste, il eut une idée en tête : il savait que son parrain avait besoin d'un coup de main à son atelier, il pouvait donc y travailler les mercredis et les week-ends pendant deux semaines pour se procurer un peu d'argent. Une semaine passa..., il fit le compte : quinze euros des parents plus quarante-cinq de la part de son parrain. Cela faisait donc soixante euros pour le moment... Puis vint la fin de la seconde semaine, Martin avait travaillé dur mais il savait que c'était pour ses baskets, donc il gardait le moral. Il refit bien le compte : il était à cent cinq euros. Mince ! Il lui fallait cent cinquante euros pour acquérir les chaussures. Comment obtenir quarante cinq euros ? Il regarda dans son portefeuille : il avait à peine cinq euros. A chaque fin de mois, ses parents, généreux, lui donnaient dix euros. Il lui fallait donc attendre quatre mois pour avoir le compte juste ; c'est ce qu'il fit. Et à chaque fin de mois : -Tiens, mon chéri, dix euros pour toi ! disait la mère du jeune Martin. Et toujours la même réponse : -Merci, m'man ! Ces quatre mois furent les plus longs de sa vie ! Une perpétuelle attente... Puis, quand Martin eut le compte pour s'acheter les chaussures de ses rêves, il courut au magasin les chercher. Elles étaient toujours là, dans la vitrine, elles scintillaient sous le soleil. Martin, tout excité, entra dans le magasin. Le vendeur le reconnut. -Bonjour, je viens acheter les baskets vertes que j'avais remarquées la dernière fois, dit Martin. -D'accord, quelle est ta pointure ? demanda le commerçant. -Quarante, répondit-il. -Ok, je vais en chercher une paire derrière le comptoir. Martin souriait de joie et d'impatience. Puis le jeune vendeur lui apporta une paire ; il les essaya... elles lui allaient parfaitement ! Le vendeur emballa donc les chaussures dans la boîte et les posa sur le comptoir : -Cent cinquante euros, s'il te plaît, demanda le vendeur très gentiment. -Voilà, monsieur, acquiesça Martin avec fierté et le sourire aux lèvres. Martin était fou de joie, il sautillait dans la rue tout en chantonnant. Le soir, il les montra à ses parents, il en était très fier ! Il avait travaillé dur pour s'offrir ces chaussures, il les méritait ! Le lendemain matin, il les mit à l'école, il fit bonne impression auprès de ses amis. Mais il remarqua qu'un de ses copains avait les mêmes baskets. Il alla lui demander alors où il les avait eues : -Je les ai eues à Lille, répondit l'ami, et seulement pour quarante euros, tu t'rends compte !... Charly
Caillaux |
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