SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°47
Septembre-Octobre-Novembre-décembre 2015
Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES |
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La fête des mamies page 3
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Association ALEXIS |
La fête à la mine page 4
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Association ALEXIS |
Le carnaval page 5
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Association ALEXIS |
« souvenirs » chapitre 1 page 6&7
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Skyen |
Extrait de Green Lake, Cameryn,
page 7 |
Skyen |
Les dessins parlent & Un
richissime traînard page 8
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Harold |
Si un jour on pouvait s'aimer» page 9
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Sana LEFEBVRE |
HUMOUR-PATOIS |
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C’est divin page 10 |
Anonyme |
Lettre de l’Abbé Tise – Deux petites
vieilles page 11 |
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Pensée
page 7-8-20 |
Hector MELON D'AUBIER
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ADULTES |
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DITHYRAMBES page 9 |
HERTIA MAY |
La
bêtise de l'homme page
12 |
Lhermitte Dubois Sandrine |
Mon
enfant page 12 |
Christelle LESOURD |
Nous nous sommes tant lus....page 13 |
Mickaël Saiu |
Frères
jumeaux page 14 |
Charles
Jean JACQUEMIN |
Presbytie page 15 |
Hertia MAY |
VITRAIL 1959 page 16 |
Maria-Caméla
DUHIN-CARNELOS |
Solitude page 17 |
Jérémy DESSAINT |
L'Ange Roux page 17 |
Julien BURY |
Une
Grand-Mère page 17 |
Jeanne FOURMAUX |
La
Vie page 18 |
Floriane KUROWIAK
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SALE
TEMPS page 18 |
M. A. LABBE |
Souviens-toi… page 18 |
Marcel
LESAGE |
Épitaphes page 19 |
Jean-François SAUTIERE |
EMBOUCHURE page 19 |
Henri LACHEZE |
J'ai
brisé page 20 |
SAINT-HESBAYE |
Chanson page21 |
Thérèse LEROY |
DÉDICACE … page 21 |
Geneviève
BAILLY |
J'ai
un chien fou
page 22 |
Jeanne FOURMAUX |
Les
saisons de la vie
page 22 |
Jean
Charles de BEAUMONT |
LA
VIE page
22 |
Albert
JOCAILLE |
Nuit
de lune
page 23 |
Gérard
ROSSI |
DIX FEES RAMANT page 23 |
HERTIA-MAY |
Hommage
aux premiers résistants page 24 |
Roger
DEVILLERS |
AÇVINE
10/24 page 24 |
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Le
temps des remords page 27 |
Bernard
SIMON |
INTIMITE page 29 |
Jacky LEMAIRE |
NOUVELLES |
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La dette cachée page 25 |
Yannick LEONARD |
Septembre page
26-27 |
PASCAL |
Les
amants de la petite lune
page 28-29 |
André-Pierre
ROUSSEL |
Montgolfière Page 30 |
Annick DAANEN |
Maria-Caméla
DUHIN-CARNELOS |
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Supplique
de la bulle d'air page 32 |
Gérard
ROSSI |
DIVERS |
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Mots
Croisés page
32 |
Daniel
SERVEAU |
La
fête des mamies
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Association ALEXIS – POMMEREUIL (Association de Lecture et d’Expression pour
l’Insertion Sociale)
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Page 2 |
La fête à la mine |
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Association ALEXIS – POMMEREUIL (Association de Lecture et d’Expression pour
l’Insertion Sociale)
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Le carnaval |
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Association ALEXIS – POMMEREUIL (Association de Lecture et d’Expression pour
l’Insertion Sociale)
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Souvenirs |
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Chapitre 1 Un voile d'un blanc immaculé apparaît devant mes yeux, comme une
lumière éclatante. Tout ce blanc qui m'entoure a le don de m'apaiser. Je me
sens sereine. Un sourire étire mes lèvres alors qu'une brise tiède soulève
mes cheveux cuivrés en contraste avec le reste. J'ai l'impression d'avoir
dormi une éternité et de me réveiller enfin. J'ignore où je me trouve. Mais,
curieusement, je ne ressens pas le besoin de le savoir. J'avance d'un pas et
me rends compte que je suis pieds nus. Mais j'apprécie cette sensation de
marcher dans du coton, tout est doux et tiède, comme ce courant d'air un peu
plus tôt. Ce constat me rappelle que ce n'est pas normal. Je ne devrais pas
être pieds nus et je ne devrais pas non plus être vêtue de cette petite robe
fluide d'un doré très clair. Je fais un pas de plus et songe que je ne
devrais définitivement pas être ici. Quelque chose cloche. Je n'arrive pas à
savoir quoi mais je suis persuadée que rien de tout cela n'est censé. Au fur et à mesure
que j'avance, le blanc qui m'entourait devient terne, le sol dur et froid et
je ne suis plus habillée de cette jolie robe au tissu soyeux mais d'une
simple chemise d'un gris bleuté. Le voile lumineux se dissipe peu à peu et
cède sa place à une lumière vive qui agresse mes yeux. Une silhouette trouble
se dessine au-dessus de moi. Je suis désormais allongée et je me sens
engourdie, incapable de faire autre chose que battre des paupières et cela
est pour moi un effort surhumain. - Rachel ? Une voix s'élève et résonne dans mes oreilles. Mes yeux s’habituent à
cet éclairage nouveau et à cette situation qui m'est inconnue. Je distingue
le visage d'une femme brune, elle paraît avoir déjà bien entamé la
quarantaine et ses cernes ainsi que son teint blafard en disent long sur son
état. Elle est épuisée. Cela se voit au premier coup d’œil. Un sourire
illumine son visage. Je clos mes paupières. Les avoir ouvertes m'a demandé
beaucoup de forces, tout du moins, c'est ce dont j'ai l'impression. Un
milliard de questions se bousculent dans mon esprit. Où suis-je ? Qui
est Rachel ? Et surtout, qui est cette femme ? Je reconnais le son d'une porte grinçante s'ouvrant, elle se referme
quelques secondes plus tard et je sens la présence de plusieurs personnes
autour de moi. J'inspire profondément et me prépare à l'effort. Je canalise toute
mon énergie dans l'ouverture de mes paupières. Lorsque j'y arrive enfin,
c'est comme si j'avais remporté le combat de toute une vie. Je vois
maintenant un médecin et trois infirmières. - Mademoiselle Larkin, vous m'entendez ? Je mets un certain temps à comprendre que c'est à moi que l'on
s'adresse. C'est en remarquant le regard insistant de ces inconnus que je
saisis. En guise de réponse, je me contente de hocher légèrement la tête.
J'ai la bouche pâteuse et je me sens incapable de l'ouvrir pour dire un mot. Le médecin qui avait posé la question, un homme d'âge mûr, les
cheveux grisonnant et tenant un stylo et un bloc-note dans ses mains,
s'approche. Il me fait toutes sortes de choses pour tester ma réactivité et
parle de tests à effectuer pour évaluer les séquelles. Puis, il daigne enfin
me parler directement. - Pouvez-vous me donner votre prénom ? Je le fixe bêtement. Mon prénom ? Je cherche inlassablement dans
ma mémoire ce que pourrait être mon prénom mais je ne peux m'en souvenir.
Puis je repense à cette femme qui est à ma droite, assise dans un siège et à
l'air angoissé. Un peu plus tôt, elle avait prononcé un prénom :
« Rachel ». Serait-ce le mien ? Le docteur n'insiste pas et
pose une autre question en voyant que je ne réponds pas. - Et votre nom, mademoiselle ? Larkin. Je suis certaine que c'est cela car il l'a dit en entrant.
Mais s'il ne l'avait pas fait, aurais-je su répondre ? J'en doute. C'est
pourquoi je ne dis rien. - Pouvez-vous me donner votre âge ? m'intime t-il gentiment. Mon souffle s'accélère alors que je réalise que je ne me souviens
plus de qui je suis. Une vague de panique me submerge et je sens les larmes
perler au coin de mes yeux. Une des infirmières suggère que l'on me fasse passer un scanner. Une
autre souffle le mot « amnésie ». Que m'est-il arrivé ? Skyen |
Extrait
de Green Lake, Cameryn, |
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Chapitre
11, page 76 Elle est incontrôlable, folle. Ses mains me propulsent en arrière,
provoquant une douleur au niveau de mes épaules. Je tente de l'empêcher de
m'envoyer un peu plus en arrière une fois de plus, mais je suis à bout. Je
sens ses doigts m'empoigner par les épaules et me secouer en me hurlant un
flot d'injures. Elle me lâche subitement et me pousse une dernière fois. Cela
m'achève. Je dérape et je sens la roche se dérober sous moi. Je laisse
échapper un son guttural en essayant de retrouver mon équilibre. Seul mon
pied gauche se trouve vacillant dans le vide. J'aperçois Blake qui se
précipite vers moi, m'attrapant le bras afin que je recouvre un bon
équilibre. Tessa recule, comme choquée par ce qu'il vient de se passer. Elle
prend conscience que cela aurait pu très mal tourner et je vois que cela la
met mal en point. Mais je suis trop bouleversée pour prendre en compte le
ressenti des autres. Je ne peux en supporter plus. Je supplie Blake de me
lâcher qui ne le fait que lorsque j'ai pleinement retrouvé la terre ferme. Je les regarde tous les deux, imaginant le tableau que nous formons.
Tessa serait tout à gauche, blême, les yeux rouges et la lèvre inférieure
tremblante. Ses cheveux blonds foncés voleraient devant son visage et ses
vêtements seraient de couleur sombre. Je serais en retrait, à l'extrême bord de
la falaise, des larmes roulant sur les joues, les éléments se déchaînant
derrière moi. Blake, lui, se tiendrait à gauche, le bras tendu vers moi,
jetant un regard furieux à Tessa, les mâchoires serrées. Nous formons un
triste triangle qui se déchire. Quelqu'un doit disparaître. Dans un trio il y a toujours une personne
de trop. J'attrape mon gilet et m'enfuis en courant, décidant que c'est à moi
de partir. Je ne peux pas rester là une minute de plus. Skyen |
Les dessins parlent |
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Je ne suis qu'un bout
de papier, hélas. Je suis créé par des
gens simples, la classe. Mais je pleure encore
en plus après avoir assisté à ce meurtre barbare et ensanglanté. Si on appelle les
suspects à la barre, ils diront "ils ont dessiné les premiers" Je pleurais parce que
des cons me vénéraient, comme ils m'ont décrit. Maintenant je pleure
parce que des gens ont parlé en mon nom, comme ils ont dit. Les pointes fines avec
lesquelles ils m'ont dessinée, jamais nous les oublierons. Aujourd'hui, les
tours jumelles se sont transformées en énormes crayons. On peut oublier en
effaçant ma couverture avec un coup de gomme. Mais aujourd'hui nous
ne pouvons pas effacer les esprits des hommes. Harold |
Un richissime
traînard |
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Quatre maisons, deux
pavillons, plein de jambon. J'ai tout ça et je le
partage avec des gens bons. L'argent ne manque
pas du tout. De ma poche vomit
sacrément de sous. Sol en marbre blanc
et tout mon temps. Libre comme l'air,
l'argent à tout vent. Violent ? Jamais,
toujours donner. Le bon exemple est
écrit sur un tableau. La France va en
profiter. Les habitants seront
au chaud. Bref, j'arrête de
raconter cette histoire que je répète tous les réveillons. Salut tout le monde,
je retourne dormir sous mon pont. Harold
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Si un jour on pouvait
s'aimer |
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Si un jour on pouvait s'aimer, Nous nous serons déjà mariés ; L'homme de ta vie n'est pas le premier, Mais celui qui ne le sera pas, le sera d'exister, Et j'ai vu dans toutes ses couleurs du vert,
du rouge, du bleu. Et j'ai vu dans les yeux de ces femmes ces
plaies si dures à cacher Et si aujourd'hui je ne pleure pas je ne
souffre pas, C'est parce que mon si petit coeur pleure,
mon coeur souffre. Et je ne sais pas comment te le dire, Mais je finirai par tout te dire. Si tu n'as
pas peur d'aimer, Il faut t'exprimer, exprime-toi et tu verras,
tout sera mieux !! Bref : de peindre ensemble c'est mieux !!! Si le but de ta vie est la recherche du
bonheur, alors tu es toute ma vie !! Sana Lefebvre Elle court, elle court, la maladie d'amour Dans le coeur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière
insolente Qui unit dans son lit Les cheveux blonds, les cheveux gris. |
DITHYRAMBES |
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HOMMAGE Réunis ce
soir, amis de la Caudriole Nous
sommes venus, souhaiter nos vœux à Paule : S’agit
point de cabriole, ni de gaudriole Nul ne se
gausse, ni se tape sur l’épaule ! Pas
question d’encenser, de porter au pinacle, Notre
aînée, l’égérie sinon notre oracle Les
thuriféraires sont partis, miracle Avec leur
dithyrambes au tabernacle. Amis, nous
sommes venus, présenter nos vœux : Quelques
plumitifs en quête, pour tout aveu D’une
coupe de nectar, pétillant de joie. Sous
l’égide d’Apollon, sous les fragons verts Du nouvel
an, célébrons sa pythie en vers Près de
l’âtre où les tisons rougeoient. Hertia May 2010 |
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C'EST
DIVIN |
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En 2014 après Jésus-Christ, Dieu
visite Noé et lui dit : - Une fois encore, la terre est
devenue invivable et surpeuplée. Construis une arche et rassemble un couple
de chaque être vivant ainsi que quelques bons humains. Dans six mois,
j'envoie la pluie durant quarante jours et quarante nuits, et je détruis tout
! Six mois plus tard, Dieu retourne
visiter Noé et ne voit qu'une ébauche de construction navale. - Mais, Noé, tu n'as pratiquement rien
fait ! Demain il commence à pleuvoir ! - Pardonne-moi, Tout Puissant, j'ai
fait tout mon possible mais les temps ont changé : J'ai essayé de bâtir l'arche mais il
faut un permis de construire et l'inspecteur me fait des ennuis au sujet du
système d'alarme anti-incendie. Mes voisins ont créé une association
parce que la construction de l'échafaudage dans ma cour viole le règlement de
copropriété et obstrue leur vue. J'ai dû recourir à un conciliateur pour
arriver à un accord. L'urbanisme m'a obligé à réaliser une étude de
faisabilité et à déposer un mémoire sur les coûts des travaux nécessaires
pour transporter l'arche jusqu'à la mer. Pas moyen de leur faire comprendre
que la mer allait venir jusqu'à nous. Ils ont refusé de me croire. La coupe
du bois de construction navale s'est heurtée aux multiples Associations pour
La Protection de l'Environnement sous le triple motif que je contribuais à la
déforestation, que mon autorisation donnée par les Eaux et Forêts n'avait pas
de valeur aux yeux du Ministère de l'environnement, et que cela détruisait
l'habitat de plusieurs espèces animales. J'ai pourtant expliqué qu'il
s'agissait, au contraire, de préserver ces espèces, rien n'y a fait. J'avais
à peine commencé à rassembler les couples d'animaux que la SPA et WWF me sont
tombés sur le dos pour acte de cruauté envers les animaux parce que je les
soustrayais contre leur gré à leur milieu naturel et que je les enfermais
dans des pièces trop exiguës. Ensuite, l'agence gouvernementale pour le
Développement Durable a exigé une étude de l'impact sur l'environnement de ce
fameux déluge. Dans le même temps, je me débattais avec le Ministère du
Travail qui me reprochait de violer la législation en utilisant des
travailleurs bénévoles. Je les avais embauchés car les Syndicats m'avaient
interdit d'employer mes propres fils, disant que je ne devais employer que
des travailleurs hautement qualifiés et, dans tous les cas, syndiqués. Enfin le Fisc a saisi tous mes avoirs,
prétextant que je me préparais à fuir illégalement le pays tandis que les
Douanes menaçaient de m'assigner devant les tribunaux pour « tentative
de franchissement de frontière en possession d'espèces protégées ou reconnues
comme dangereuses ». Aussi, pardonne-moi, Tout Puissant, mais j'ai
manqué de persévérance et j'ai abandonné ce projet. Aussitôt les nuages se sont dissipés,
un arc-en-ciel est apparu et le soleil a lui. - Mais renonces-tu à détruire le
monde ? demanda Noé. - Inutile, répondit Dieu, l'administration
s'en charge. Auteur Inconnu |
Lettre de l'Abbé Tise |
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Après celle de l'Abbé Bête, voici un courrier de l'abbé du Mont Saint
Michel... Style proche de Père Fection, très connu, on frise presque l'Abbé
Hatitude !! Au Père Spicace, Un grand malheur est arrivé à l'abbaye et j'ai la pénible mission de
vous en faire part. Mardi soir, pendant que l'abbé Nédictine donnait les dernières
grâces, l'abbé Quille perdit l'équilibre dans l'escalier et tomba inanimé
dans les bras du Père Iscope. Les révérends pères, en perdant l'abbé Quille,
perdaient leur seul soutien. Un seul restait joyeux : le père Fide. Quant à l'abbé Bici, il n'y comprenait rien. Il aurait bien voulu que
le saint Plet l'aide à comprendre ce qui s'était passé, mais rien n'y fit.
Après l'accident de l'abbé Quille, on alla chercher le Père Manganate et le
Père Itoine, les deux médecins de l’abbaye. Ils pensaient ranimer le malheureux mais leurs efforts furent vains
et celui-ci décéda peu après. Le lendemain fut donc célébré son enterrement. Chacun fut appelé à
l'abbaye par les célèbres cloches du Père Sonnage. La messe fut dite sur une
musique de l'abbé Thoven. Le père Ocquet fut chargé du sermon et comme il n'y avait pas de
chaire, il monta sur les épaules du Père Choir. A la fin de l'homélie, le
Père Cepteur fit la quête et remit les dons ainsi recueillis à notre frère
africain, l'abbé N'Pé. Après la messe, une grande discussion s'engagea pour le transport de
la bière : l'abbé Canne et l'abbé Trave voulaient passer par les champs.
Le Père Clus s'y opposa. L'abbé Casse en fut enchanté. Le Père San avec sa tête de turc ne
voulait rien entendre. Le Père Vers et le Père Nicieux semaient le doute dans les esprits. Finalement on décida que, comme à l'accoutumée, l'abbé Taillière
serait chargé du transport du corps du défunt. Devant la tombe creusée par le Père Forateur et en l'absence du Père
Missionnaire, l'abbé Nédiction donna l'absolution. Le Père Venche et l'abbé
Gonia avaient joliment fleuri la tombe. Celle-ci fut recouverte d'une belle pierre tombale préparée par l'abbé
Tonneuse. Sur le chemin du retour, le spectacle fut déchirant. Le Père Pendiculaire était plié en deux de douleur et de chagrin.
L'abbé Vitré était lui aussi plein de larmes. La Mère Cédés, invitée pour
l'occasion, fermait la marche en compagnie du frère du Père Igord. A l'arrivée, le Père Sil et l'abbé Chamelle préparèrent le repas tout
en consultant les livres culinaires du saint Doux. Le Père Nod et le Père
Collateur servirent à boire et chacun put se remettre de ses émotions. Signé : L'abbé Tise |
La bêtise de l'homme |
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Qui êtes-vous donc,
vous qui me jugez ? Apprenez que sur moi,
aucun droit vous n'avez ! Quelle est donc cette
société dans laquelle je vis ? Cette société que
l'on m'a imposée, que je n'ai pas choisie ! Moi qui ne suis rien,
à qui on ne demande jamais son avis Moi à qui, pour
vivre, un rien suffit. Je ne prête aucun
intérêt à ce qui m'est dicté Et encore moins à ce
qui m'est imposé Penchez-vous donc sur
ces mots : Pourquoi l'homme
cherche t-il toujours à parfaire son ego ? Car au fond, la vie
en elle-même ne suffit-elle pas ? Est-il besoin de tout
gâcher ? A t-on vraiment
besoin de tous ces progrès ? Quand les hommes
auront compris cela, Alors un jour
peut-être une lueur d'espoir apparaîtra. En attendant cela, je
vis au milieu d'êtres humains Car je n'ai pas
d'autre choix ! L'unique compagnie de
mon petit chien Suffit à faire le
bonheur de mon moi Alors comme lui,
pourvu que j'aie à boire, à manger, Une prairie pour
rêvasser, Voilà tout ce dont
j'ai besoin pour vivre en paix ! Lhermitte Dubois Sandrine |
PENSÉE |
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Contre
l’alcool Inn
finme all dit à in home : Monsieu, vos devrote arrêteu d’boère !
Pinsez queu chaque anneu, l’alcool tue pus d’trinte mille frinçais !
M’in fous qu’y dit ti-z’aute mi j’sus bège ! Traduction : Une femme dit à un homme :
Monsieur vous devriez arrêter de boire. Songez que chaque année l’alcool tue
plus de trente mille français. M’en fous qui dit l’autre, je suis
belge ! HMA Mi jé
quer ché jux d’mots laids, cha fé du bin pou ché gins bêtes !!! Traduction :
J’aime bien les jeux de mots laids (mollets), ça fait du bien pour les gens
bêtes (jambettes) HMA Pour une offre d’emploi : In cache in électrichian pou rétablir euch’
contact inter ché gins, pis in optician pou kingeu leu regard, et in artiste
pou dessineu in sourire su tous ché visaches ainsi qu’in machon pou bâtir eul
paix et in gardinier pou cultiveu ch’eul pinsée et pou finir in prof ed maths
pou nou réapprinne à campté eus z’in su z’autes. Traduction : On cherche un électricien
pour rétablir le contact entre les gens, un opticien pour changer le regard,
un artiste pour dessiner un sourire sur tous les visages, un maçon pour bâtir
la paix, un jardinier pour cultiver la pensée, un prof de maths pour nous
réapprendre à compter les uns sur les autres. HMA |
DEUX PETITES VIEILLES |
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Déeux tiotes vièles y sont assisses su in
binc, à donneu des gronnes à dé tiots oziau ou bé dé miettes ed pon. Y a inn ti-z'aute qu'y dit à l'aute : -T'eut ramintuve quind in étot jonne, in
voulot arsinner à Brigitte Bardot. - Wai ! J'eum sovié, et bin cha y é
ach'teur. Ché el qu'y nos arsinne ! In tiot momint pus tard, eul premian all
s'révelle. - Jé du m'indormir… Jé pon ranflé dé
fos ? - Ti nan ! Mé tin cul wai ! Deux petites vieilles sont assises sur un banc, à donner des graines
à des petits oiseaux ou bien des miettes de pain. L'une d'elles demande à l'autre : - Tu te rappelles quand on était jeunes, on voulait ressembler à
Brigitte Bardot. - Oui ! Je me souviens et bien c'est elle qui nous ressemble
maintenant. Un moment plus tard, la première se réveille : - J'ai dû m'endormir. Je n'ai pas ronflé, des fois ? - Toi non, mais ton derrière oui ! HMA |
Mon enfant |
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Un enfant est né Celui de notre union Celui de ma soumission Un enfant est né Je me retrouve seule à
l’élever Seule à l’aimer Un enfant est né Il ne l’avait pas mérité Grandir sans papa Il en pleure déjà Un enfant est né Né d’une mauvaise action Mais, restant une
bénédiction. Christelle LESOURD |
Nous nous sommes tant
lus... une larme me désarme |
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Elle me dit que mes mots lèvent des images Les vôtres ne sont qu'émotions Est-ce là la différence d'âge ? Mes maux sonnent en mes méditations Ne parlons-nous pas de semblables choses Votre vue du coeur lorsque mes mains osent Vous la musique posée sur mon film muet Sur ma terre aride par magie perce le muguet La femme et son jardin secret L'âge avancé, jeune fille pleine de fraîcheur L'homme et ses terres d'errance de l'erreur L'âge des sols du milieu, vieillesse non sage
il se crée Nostalgique tous deux aimables Songe d'Adam, rêve d'Eve Elle ferme les yeux, frémissante en trêve Il ouvre les siens, envahissantes sont ses
larmes de sable Elle le lit, le dit
maudit Il la lit, la dit en vie Il n'est que souffrance Elle le fut mais n'en fit pas à outrance Dans sa mélodie seule une porte lui apparut Conscient d'un choix Le paradis réside en son coeur à rue L'enfer siège en son mental froid Lorsque nous sommes poésie Nous vivons au printemps constant de notre
vie Parfois la prose se pose et nous repose A l'automne de notre inspiration, demain la
fleur sera éclose Devant l'hortensia Elle... dont l'or tant lui scia Face aux dahlias Lui... dont le coeur se délia. Mickaël Saiu |
Frères jumeaux |
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Pauvre ou riche Je prends connaissance d'un pli
recommandé m'avisant que j'allais être honoré de la LEGION d'HONNEUR. Décoré
? Moi le chef d'Entreprise, bénéficiant de subventions importantes de l’État. Ceci avec mes promesses d'embauches !
A ce jour ? C'est le désert sur le parking... Avec mon matériel Ultra-moderne,
l’Être humain remplacé par la robotisation. Le Personnel, les Ouvriers disparus... Comme la 7ème compagnie, plus besoin
de chefs ! Tiens ! La visite de Jean, mon jumeau. Je me souviens, mon frère qui
réapparaît ? Lui et moi inséparables, nous étions
dans la même situation avant qu'il ne soit embarqué pour aller faire la
guerre en Algérie, guerre qu'il ne voulait pas. C'était lui ou moi, la chance de mon
côté ! Dès son retour, lui la chance de
revenir avec sa blessure, cette maudite guerre ! Depuis il a tout perdu, sa
jeunesse sacrifiée, il ne reconnaît plus le pays de son enfance, il n'est
plus le même, ses nuits cauchemardesques, hantées. Aujourd'hui il se retrouve assisté, le
R. M. A. Quelle injustice ! Lui un ancien de la "LEGION ETRANGERE".
Étrangement moi ! Cité à l'Ordre de la "LEGION D'HONNEUR". La
LEGION d'HONNEUR aujourd'hui à n'importe qui ? Pour des faits bien souvent
sans valeur. Souvenons-nous de nos derniers poilus
centenaires, tombés dans l'oubli, ou trop tard honorés. Aujourd'hui c'est légion ; l'honneur
va à ceux qui gagnent des fortunes par la sueur des ouvriers ou pour un
exploit sportif éphémère ? ABRACADABRATESQUE. Pendant cette situation, ces
événements, je suis resté là, tranquille dans mes pantoufles, sans danger, à
vivre dans l'abondance. Jean vient me rendre visite, il arrive
sur la pointe des pieds, il s'excuse de me déranger, il est là devant moi. Va
t-il me reprocher d'avoir pris sa place ? Pourtant Jean est de ceux-là, fin de
droits, faim de vivre. Comment cette situation peut-elle me concerner, moi le
P.D.G. Je sais que le système consiste à s'enrichir sur le dos des pauvres. Aujourd'hui je suis à l'automne de ma
vie. Alors j'implore Dieu ! Puisse t-il m'entendre ! Qu'il m'accorde encore
beaucoup de printemps. Avec toi Jean ma mission ne sera pas terminée. Je sais
que ta blessure ne sera jamais refermée. Je sursaute, le réveil sonne !...
Une voix m'interpelle, celle de mon frère Jean ! Allons debout ! Il est cinq
heures "Paris s'éveille". C'est l'heure d'aller au boulot. C'est
incroyable la chance que j'ai. Ma génération qui n'a pas connu le chômage.
Avant de partir à pas feutrés, j'entends un ronflement, celui de mon fils qui
dort, mon fils de retour de la guerre, avec ses nuits cauchemardesques ! Aujourd’hui à 23 ans, demandeur
d'emploi, ancien de la "LEGION FRANCAISE" et son frère Charles de
la "LEGION D'HONNEUR". CHUT ! CHUT ! Regarde son sourire
attristé ! Je suis sûr qu'il rêve de sa fiancée, qu'il ne peut épouser.
Aujourd'hui ! Vivre d'amour et d'eau fraîche. C'était hier. Charles-Jean Jacquemin |
Presbytie |
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Presbytie, conjonctivite, Les jours passent bien trop vite Calvitie ou cheveux gris Un petit rien nous aigrit Arthrose, sciatique Nous avons notre lot, nous les
retraités ! Poignets ou genoux déboîtés Dentiers abîmés, dents gâtées Lumbago et acouphènes Parfois, nous avons la haine ! Arthrose, sciatique Nous avons notre lot, nous les
retraités ! Hypertension et hernies discales Nous avons le souffle qui râle ! Parkinson et Alzheimer Certains oublient où ils demeurent Arthrose, sciatique Nous avons notre lot, nous les
retraités ! Cardiaque et presque sourd Le fardeau de plus en plus lourd, Nous traînons notre faiblesse C'est là que le bât blesse ! Arthrose, sciatique Nous avons notre lot, nous les
retraités ! Mais nous retrouvons les amis Leur rendre visite : c'est promis ! Certains peignent ou font du sport, Il faut arriver à bon port ! La vie est rose et romantique Nous avons notre chance, nous les
retraités ! Copies bourrées de fautes à la clef Travaux pratiques bâclés Devoirs tardifs et mauvaises notes, Le niveau prend la flotte ! Tout est morose sans les anxiolytiques Vous avez votre lot, vous les non-retraités. Hertia May |
VITRAIL 1959 |
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Hommage à Monseigneur Emile Guerry Archevêque
de Cambrai, de 1940 à 1969. Hommage spécial à Monseigneur "
Guerry", personnage principal retracé dans ce souvenir, honoré par ce
poème. Duhin-Carnélos
Maria-Carméla Septembre 2014. Séance solennelle du dimanche 14 décembre 2014 : 3e Prix
de poésie. Société d'émulation de Cambrai. |
Solitude |
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Toutes les
différences Se cachent derrière l’ignorance. Toutes les cruautés Sont souillées par la vanité. Pendant que tu tentes de refaire le monde, D'autres le transforment en hécatombe. Quand tu as besoin d'une épaule Tu vois que personne ne te cajole. Quand tu tombes au fond du trou, Tu remarques que tout ces jaloux Se moquent sans répit De ta petite vie. Mais quand tu te redresses Ce sont eux qui s'abaissent. Remis sur tes pieds Tu les envois valser. Et quand ils auront besoin de toi Tu ne répondras pas. Jérémy Dessaint |
L'Ange Roux |
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Sans contrefaçon Tu nous dis que
petite on te disait Que tu étais très
jolie pour un garçon Cette personne disait
vrai Ta chevelure
flamboyante Une femme si fragile Nous, fans, nous
comblerons tes attentes Tu nous offres des
Ainsi soit-il Tu te dis Libertine Nous venons te voir
par milliers Aucun pays ne fait mine Face à ton grand
succès Le culte de toi-même
t'est difficile Tu es si mystérieuse Nous on attend, sans
toi ce n'est pas facile Mais tu nous montres
une mine radieuse Tu nous dis que tu
nous aimes Dès qu'on te voit, on
devient fou Les jours sans toi ne
sont pas les mêmes On t'aime notre Ange
Roux JULIEN BURY |
Une Grand-Mère |
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Une
grand-mère, c’est une provision de câlins D’espiègleries,
de joyeux rires enfantins On
lui parle de cœur à coeur Sans recul, ni fausse pudeur On
lui confie des petits secrets Qu’elle
doit surtout bien garder On
lui pose un tas de questions Qui
restent parfois sans réponse Et
lorsque l’on a un petit bobo C’est
elle que l’on réclame aussitôt Il
y a aussi les bêtises, les bouderies Qui
ne font pas souvent plaisir Toujours
active et très disponible Elle
vous offre beaucoup de son temps libre Une
grand-mère se donne à vous sans compter Car
son cœur n’est qu’Amour, Dévouement et Bonté Jeanne Fourmaux |
Souviens-toi… |
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Enfant, te souviens-tu, comme elle était
jolie, Cette jeune maman penchée dessus ton
lit ! Qu’ils étaient doux ses bras et douce sa
poitrine, Quand
pour te consoler, elle se faisait câline ! Rappelle-toi
les heures, rappelle-toi les nuits Prises
sur son sommeil, que tu lui as ravies. Et
toutes les frayeurs et toutes les souffrances, Qu’elle
a prises à son compte, même avant ta naissance. Et
quand tu accourais, quêtant dans son regard Un
ultime recours et l’ultime rempart Du
creux de son jupon. Bien mieux qu’une compresse La
pression de ses lèvres guérissait un genou Ou
arrêtait les larmes roulant sur tes deux joues. Jeune
homme, as-tu compris cette immense tendresse Donnée
sans conditions, comme elle a poursuivi Le
creuset de son ventre, te laissant son empreinte, Et
quand tu es parti, cherchant d’autres étreintes, Elle
a su s’effacer à l’appel de ta vie. Comme
jadis, les pains se sont multipliés, Son
cœur s’est partagé sans jamais s’épuiser. Homme !
Il faut aujourd’hui, dans tes deux bras, la prendre, Beaucoup
la câliner, et si tu peux lui rendre Seulement
le centième de ce qu’elle t’a aimé, Alors
elle connaîtra une belle journée. Marcel
LESAGE |
La Vie |
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Ne jamais faire appel au passé Tu pourrais te blesser Toujours regarder le présent C'est ta vie, c'est fascinant. La drogue, l'alcool, les meurtres tu dois
oublier La joie, l'amour, l'amitié tu dois aimer Serrer les poings, jouer des coudes Tu dois être intelligent mais pas fou Autant les études sont lourdes Mais les amis sont eux, sont nous. La vie est à prendre, elle n'est pas à
laisser Tu dois t'en occuper, ne la laisse pas crever Ici on a tous besoin de toi Si tu pars c'est le deuil qui restera Alors... bats-toi. Floriane Kurowiak Novembre 1997 |
SALE TEMPS |
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Sale temps pour tout le monde La tempête fait rage
dans le desert Il y pleut des obus
et des bombes Qui laissent déborder
toutes les douleurs Et ruisseler les
perles sauvages du malheur Sale temps pour tout le monde Un vent rebelle
souffle sur babylone Il a grand danger pour les yeux Le sang coule, dans
le fracas des armes Mêlé au sable de
cette vallée de larmes Sale temps pour tout le monde La température monte
en Mésopotamie Il y a beaucoup de
malades A qui on trouve du
pétrole dans le sang La contagion gagne
les nations Sale temps pour tout le monde M.A LABBE |
Épitaphes |
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EMBOUCHURE |
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Trois feuilles mortes allaient lentes
dérivant Sur le fleuve boueux qui regagnait la mer Il pleuvait il ventait il neigeait en amont Et les feuilles allaient sur les reins des
eaux troubles Vers la mer et leur mort et leur sève
nouvelle Et mon regard posé sur leurs coques légères Allait allait vers la mer enivrante Il avait plu neigé et venté en amont Mes années mortes allaient lentes dérivant Vers le vertige ivoire d’un espace sans
heure. Henri Lachèze |
J'ai brisé |
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Chanson |
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Une ancienne chanson qui
vient remuer le passé Et c’est un appel péremptoire
qui me pousse vers toi ce soir, Aussi sûrement qu’un aimant
vers son pôle. Il fait froid dans ton jardin
de cailloux blancs. Il n’y pousse que des pierres
muettes Qui tentent parfois quelques
prières au ciel indifférent. Il fait gris au seuil des « maisonnées ». Pas une fleur n’a survécu au
triste sire Hiver. Pas un parfum ne vient égayer
l’endroit. Il fait peur dans ton champ
d’osselets, Perdu là-bas entre jardins et
prés. Même les fantômes se font
discrets. Il fait morne ce soir. Pas un souffle de vent ne
s’infiltre dans les couloirs de marbre. Même la pluie est en retard
pour pleurer sur les dalles. Je préfère quand la pluie
lave la mousse desséchée sur la pierre endormie. Je préfère quand le vent
insatiable s’invite en rafales et vient lécher les larmes de la pluie. Je préfère quand le ciel est
tourmente ébouriffant ses nuages affolés si près de mon cœur en déroute. Une ancienne chanson qui
vient remuer le passé… Thérèse Leroy 07 Avril 2013 |
DÉDICACE |
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J'ai un chien fou |
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J'ai un chien fou, fou, fou Il est joueur et filou Sans aucun doute il le sait Que jamais je l'abandonnerai. Quand ses yeux marron chicorée Sur moi tendrement se sont posés, J'ai lu une étincelle d'amour Dans son regard profond et doux. Il mit sa patte dans ma main Pencha sa tête d'un air câlin Me lança un clin d’œil malicieux Lécha ma joue, agita sa queue. En un instant, il prit mon cœur Mon chien qui n'aime pas le facteur. Son assiette est copieuse Sa niche est propre et spacieuse Attentif, aimant, très brave Dans ma cour, fait bonne garde. N'aboyant pas de peur, sans arrêt, Comme le font les chiens du quartier. Effraye mes poules, mon poulain, S'amuse avec mon lapin nain. Taquine ma chatte son amie Mais poursuit celle de la voisine. Il est terriblement gourmand Vole les gâteaux des mains des enfants. Se cache effrayé dans la brouette Dès qu'il entend le tonnerre, Se laisse l'hiver recouvrir par la neige Jusqu'à en perdre haleine. Mais lorsqu'il me regarde tendrement Me montrant tout son attachement Je peux lire dans ses bons yeux Qu'il est un chien vraiment heureux. Jeanne
Fourmaux |
Les saisons de la vie |
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L'hiver est le frère de notre sœur la mort Il est le royaume de l'immortalité. Il est la fenêtre sur l'invisible bord ; Le bateau qui mène à notre éternité. Le printemps est soutien des espoirs
enfantins. La sève qui monte, renouveau de la vie. La joie de notre âme en quelques clairs
matins. Il est le frêle esquif des rêves inassouvis. L'été, saison de la claire lumière. C'est l'effort, c'est la peine et les travaux
ardus. Les tracas, les soucis et les douleurs
amères. Il est le paquebot des bons désirs perdus. L'automne, saison de la dernière espérance. C'est la méditation sur les talents reçus. La salle d'attente du bateau en partance, Chargé du lourd fardeau de nos espoirs déçus. Les saisons sont les pas de l'horloge du
temps. Elles nous emportent vers le ciel attirant, Pour être présentées au seul Dieu immanent. Oh ! Combien sont-elles, ces brebis perdues, Qui se sont égarées sur la terre qui
tue ! Oh ! Mon divin berger, porte-les en ta nue ! Joies, peines, misères, c'est le lot des
humains Qui, toujours, avancent vers l'éternel matin, Vers l'ultime début du réel, du divin. Jean-Charles
Jacquemin alias Jean-Charles de
Beaumont |
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LA VIE La vie est un bien
précieux Que l’on doit de
préserver, Avec les temps
heureux Qu’elle nous a
accordés. La vie, si grande
révélatrice Depuis la nuit des
temps, Nous offre ses
hospices, Toujours si
généreusement. La vie, qui nous aie
due, Et qui sait apporter Tous les signes
entrevus De notre sainte
liberté. La vie, source de
joie, D’amour et de
fécondité, Pour nous toujours
sera Tout le bonheur à
espérer. Albert JOCAILLE Octobre 1985 |
Nuit de lune |
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Sur fond de halo pâle qui stagne sur le haut
du vallon, La lumière blafarde de l'astre de la nuit se
détache sur l'horizon Et en surimpression, on peut y voir ombres
chinoises éphémères : Les silhouettes de "Frou" le
lièvre, et de sa hase "Mémère" Venue au rendez-vous comme chaque soir ;
enfin en sécurité Maintenant, à l'heure où les chasseurs sont
couchés. La nuit sent bon le romarin et le serpolet. Sur la lande souffle un petit vent frais. Cette "image d’Épinal" que l'on
trouve, ce qui fait rêver, Dans tous les livres pour enfants, m'a
toujours fasciné. La nuit venue, j'aime me promener seul dans
la campagne endormie Le spectacle y est permanent, pour qui sait
regarder sans bruit. Quand soudain, dérangée par l'intrus que je
suis, A grands battements d'ailes, qui cinglent la
nuit, La hulotte apeurée s'enfuit. Pour un instant le charme est rompu : bien
pis ! Comme après un grand bruit, le silence vous
assourdit ? On met du temps à reprendre esprit. Cette fois la promenade est terminée ? Il faut rentrer et prendre un repos bien
mérité. Gérard Rossi Neuville, 07 février
2011 |
DIX FEES RAMANT |
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Le
sorcier vaudou adorait le veau d’or L’année
de trop, l’anneau de trait Le
goût du boulot et non le bout du goulot Le prof
de physique quantique chantait des cantiques le dimanche à l’église Ça
jasait pas mal chez les musiciens de jazz Le
fameux crachat de Bretagne Dulcinée
hallucinée Serment
d’Hippocrate et sarments d’hippocras Que
font les peintres dans leur râtelier Ils se
sont patchés Le
salon de beauté était éclairé par un plafonnier à laides L’expo
de plaies mobiles HERTA MAY |
Hommage aux premiers
résistants, aux généraux De
Gaulle, Leclerc, |
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A mes camarades
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AÇVINE 10/24 |
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Veux-tu aimer avec
l’amour Des tu-m’aimes À perdre haleine Prends-tu le plaisir
des songes À l’image des sens De nos dépendances Pourrais-tu me
fossiliser Comme l’oursin de mer Sur la plage d’un
autre soleil Saurais-tu revoir
mille siècles après Ma vie d’antan Complice du temps SAINT-HESBAYE |
La dette cachée |
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Le soleil
se levait sur la Thaïlande, comme tous les matins Ting réveillait ses deux
petits frères Kham et Yai et sa sœur Mailie. Ting était
âgé de seize ans déjà et pratiquait le muay thaï un sport de combat d’une
rare violence où tous les coups sont permis depuis ses 7 ans. Son père
travaillait sur ses terres et sa mère travaillait comme femme de ménage chez
un riche européen qui s’était fait construire une grande maison deux ans
auparavant. Après
avoir déjeuné, Ting emmena ses petits frères et sa petite sœur à l’école à
dos d’éléphant puis rentra car il devait, comme tous les jours, s’entraîner
au muay thaï. Alors
qu’il s’échauffait, il vit son père arriver en hurlant : - On a
enlevé tes frères et ta sœur, c’est terrible ! - Comment
cela s’est-il passé ? - Je… Je
ne sais pas mais je suis trop vieux maintenant, qui pourrait les retrouver,
je t’en prie, aide-moi ! - Je
partirai à leur recherche dès ce soir ! - Inutile,
si tu veux y aller, attends demain, lui dit son père, le village est désert
ce soir ! -
D’accord, dès l’aube je partirai. Et le
lendemain, Ting partit à la recherche de ses deux frères et de sa sœur. Au
moment de partir, son père l’appela : - Ting,
j’ai appris que Kham, Yaï et Maillie sont enfermés chez l’européen où
travaille ta mère ! - Je vais
les chercher ! - Sois
prudent ! Ting
partit en direction du domicile de l’européen qui se trouvait à deux
kilomètres de là. Quand il arriva, cinq thaïlandais armés de bâtons de bambou
se tenaient là ! Ting comprit qu’il allait se battre ; sa maîtrise
du muay thaï et sa volonté de retrouver ses frères et sœur le fit triompher
de ces cinq gardiens de l’immense maison. Il s’y introduit, c’était une
grande bâtisse, les pièces étaient immenses et décorées de statues diverses.
Dans un coin sombre, il vit tout à coup ses frères et sa petite sœur attachés
à de vieilles chaises ; sans faire attention, il courut vers eux, les
détacha puis se retourna en direction de la porte d’entrée, un européen le
menaçait avec un revolver ! Cet homme
armé dit à Ting : - C’est
fini maintenant, j’avais préve… ! En un
éclair, Ting saisit le bras de son agresseur et le brisa. L’homme hurla de
douleur et un coup partit, la balle traversa la jambe de Ting. Tandis que
l’européen se tordait de douleur par terre, Ting ordonna à Kham : - Va chercher
de l’aide, je ne peux bouger ma
jambe ! -
D’accord, répondit Kham. Quelques mois plus tard, Ting est de nouveau sur
pied. La balle n’avait laissé aucune séquelle, Ting pouvait reprendre son
entraînement. Un matin,
Ting fut appelé par son père : - Oui
père, que se passe-t-il ? - J'ai
quelque chose à t’avouer. - Je
t’écoute père ! - Ting, te
souviens-tu du moment où tu étais face à l’européen ? - Que
t’a-t-il dit ? - Je
l’ignore car comme il me menaçait avec son revolver, je ne lui ai pas laissé
le temps de parler ! - La
vérité est que tout est de ma faute ! - Comment
ça ! Explique-toi père ! - Mes
récoltes n’étaient plus assez bonnes, un jour cet homme est venu et m’a
proposé son aide et j’ai accepté. Le problème est que je ne pouvais pas le
rembourser alors il a commencé à me menacer de prendre les enfants et de les
tuer. Mais grâce à ton courage, nous sommes sauvés, merci Ting ! Yannick LEONARD |
Septembre
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Septembre, c’est le mois de la
reddition, c’est l’ouverture du feu d’artifice de l’arrière-saison. Tout dans
la Nature indique les prémisses avertisseuses de l’automne. Las de ses brillances, de ses aveuglements,
de ses couleurs d’intempérance, de ses brûlots incandescents, de ses images
bouillantes, l’été passe la main. Son soleil a remballé ses falbalas, ses
feux d’artifice, ses lumières intenses, sa débauche de couleurs flamboyantes,
ses guirlandes et ses fanfreluches d’apparat. S’il a su mettre le feu aux
couleurs, il s’éloigne pourtant en dardant encore des journées lumineuses.
Mais on sent bien qu’il n’a plus la grandiloquence d’un Phébus exalté. Il se
« cortège » d’un halo de brume matinale et, le soir,
d’accommodantes rougeurs horizontales. Il s’estompe, il se raréfie, il se
consume plus qu’il ne bronze à bout d’arguments de vacancier. On pourrait le
regarder dans les yeux… Bien sûr, il flambe encore dans les futaies ; il
« fournaise » çà et là en vaporisant les flaques d’eau du dernier
orage. Révérencieuse, la terre se craquelle, elle se « vague » de
croûte mais l’humidité est proche. La chaleur se supporte, elle est celle
qu’on aimerait emmener pour traverser l’hiver ; si l’après-midi transpire
encore, la soirée se rafraîchit quand le soleil a disparu. Septembre, c’est le temps de la rosée,
de cette fine pluie d’aurore, de ces perles luminescentes accrochées jusque
dans les brindilles comme des colliers éphémères. C’est le temps de la
pondération maligne, des accointances partiales et des manœuvres
retardataires. C’est le temps des imbroglios pittoresques, des supercheries
diaphanes et des embrasements polychromes. Les ombres de midi ne disparaissent
plus. Contagieuses, elles se lovent autour de leurs maîtres en feignant des
contorsions d’amour équivoque. On dirait des danseuses orientales cherchant à
subjuguer leurs cavaliers avec des arrogances de jeunes vestales. On pourrait
presque les toucher tellement elles semblent apprivoisées à force du joug de
l’été brûlant. Leurs maquillages se sont alourdis de trop de fard, de trop de
fêtes estivales, de trop d’âge, de trop de permissions ; le rimmel coule
des lisières et le mascara déborde des orées. Lascives, elles se penchent,
elles s’allongent, elles se pendent, elles désorientent les cadrans solaires
et les heures s’impatientent sans réel itinéraire ; elles s’écoulent en
pente douce dans le sablier du Temps. Septembre a sonné au clocher de
l’année. Au loin, dans les cours des écoles retrouvées, piaillent
les enfants en tablier, les maîtres jouent du sifflet et les cartables neufs
se chamaillent pendant la rentrée. Les feuilles des platanes se
collectionnent dans les nouveaux herbiers, elles se bariolent à la mesure du
calendrier et, telles des Mona Lisa alambiquées, elles se laissent dessiner
au bout des crayons de couleur appliqués. Les oiseaux se cachent, leurs nids sont
déserts, leurs vols sont sans arabesque. On n’entend plus leurs cris de
ralliement, leurs pépiements exaltés, leurs disputes de plumes, leurs
chansons de printemps, le tumulte de leurs pépiements. Aux fils, les hirondelles se
rassemblent. Elles se retrouvent, elles se mélangent, elles se reconnaissent
dans une cacophonie de notes éparpillées sur la gamme électrifiée. Le vent
les ébouriffe, il les resserre, il les aligne, il les recompte dans un ordre
de départ prochain. Septembre, c’est le temps des poètes
entretenant vaille que vaille des espoirs de bluette ; c’est le temps
des malentendus, des rimes assidues et des sourires perdus… Les forêts se rouillent ; les
jaunes se créent, les verts s’atténuent, les rouges s’insinuent, les bruns se
barbouillent. Les couleurs s’assagissent en pastels indistincts, en
démonstrations délavées, en parements surannés, en teintes irrégulières. La
houle des frondaisons se heurte aux rochers de leurs troncs et ses
jaillissements sont autant de feuilles arrachées. Celles encore attachées
s’ennuient des nids déplumés, de leurs rumeurs à tire-d’aile et des courants
d’air distrayants. Insidieusement, elles se rabougrissent au bout de leur
tige tourniquet en regardant leurs consœurs étalées au pied de leur tuteur. Les mirages du bout de la rivière se
comprennent, les chuchotements des cascades se traduisent, les froissements
des branches se répondent. Les reflets dans l’onde sont apaisants. Isatis,
chamois, vaguement mordorés ou encore cuivrés, ils frissonnent ensemble quand
ils tutoient un rocher affleurant, ils se mélangent au brouet du décor et ils
s’atténuent noyés dans l’indigo de l’eau. L’impétuosité de l’été tourmenteur
se dilue inexorablement. L’automne de septembre sent bon. Les
relents de moisissure funèbre sont encore de voluptueuses sensations
bucoliques. La brume transporte un assortiment olfactif de fougères, de
mousse, de tabac, d’herbe mouillée, avec des imprégnations étranges de
champignons ; ce sont des effluves de buddleia passagers qui traversent
le paysage. L’odeur des champs se confond entre la luzerne fraîchement
coupée, les ballots de foin réchauffés et des remugles de terre retournée. Les roses tardives déploient enfin
leurs jeunes pétales. Timides, encore froissées, elles offrent pourtant leur
corolle à tous les passants hâbleurs en exhalant des exorbitants effluves de
flacons d’alcôve. Et ces messieurs, ces audacieux, ces acrobates d’épines,
ces Courteline, tout en les lutinant, tout en les abusant, ils leur
gazouillent des aventures de printemps, les coups de vent racoleurs, les
pluies multicolores et les arcs-en-ciel bienfaiteurs, les chansons des merles
enchanteurs et, du soleil, toute la palette des vraies couleurs. Alors,
heureuses, elles s’épanouissent en délivrant leur cœur. Un matin, délaissées
pour une plus belle, une plus fatale, elles pleurent leurs pétales dans un vent
de valse ritournelle. Septembre, c’est le mois des
conclusions de l’été ; il s’y fane les dernières fleurs, il s’y fourvoie
tant de couleurs, il s’y meurt tant de rêveurs… Entremetteur, messager de
l’automne, menteur, il arpente les paysages avec ses discours de cicérone… Pascal
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Le temps
des remords |
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L’automne a pénétré mon être ! Je vais bientôt te quitter, Mais avant de disparaître, Le temps des remords est arrivé... La
tristesse est entrée dans mon coeur. Les douleurs mon corps meurtri. L’hiver sonnera l’heure, De dire adieu à la vie... Je n’ai besoin d’un prêtre, Pour avouer mes péchés. Pardonné ! C’est de toi que je veux l’être ! Ô, ma femme, tant aimée ! Mais si bafouée ! Insultes ! Colères ! Trahisons ! Légèretés ! Toutes ces erreurs, je les ai faites et regrettées. Mes fautes avouées, toi seule, peux me juger! Me rejeter ! Me mépriser ! Me condamner ! Mais par bonheur, tu me pardonnais ! La sérénité retrouvée, je m’en irais, Sur ce chemin, vers ce lieu si redouté, Libéré, le coeur léger, l’âme en paix. Bernard
SIMON |
Les amants de la petite lune |
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A eux deux, la Marguerite et le Victor avaient un siècle et demi.
Leur âge respectif ? Ils l'ignoraient l'un et l'autre. Cependant, ils avaient
pris l'habitude, à chaque Saint-Sylvestre, de vieillir ensemble de deux ans. Cela faisait tant de saisons qu'ils vivaient côte-à-côte dans le mas
ancestral de Castillon la médiévale, cette Castillon-du-Gard en cours de
délabrement, abandonnée peu à peu par ses habitants, inexorablement ; ce
village construit dès l'Occupation romaine avec les pierres extraites des
proches carrières, du Tertiaire Tortonien, disent les géologues. Cette
"castrum de Castellione", puis "Castillo", seigneurie qui
appartint, au XIVe siècle, aux prévôts de la cathédrale d'Uzès, qui fut le
théâtre de massacres de Catholiques - en 1570 - ; qui tomba aux mains des
Huguenots du Duc de Rohan en 1626. Belvédère offrant une vue plongeante sur
l'imposant Pont du Gard. Marguerite et Victor ? Un couple modèle, sans histoires. Ils ne
s'étaient jamais mariés. Néanmoins, ils avaient réalisé une telle osmose
qu'ils se ressemblaient mieux qu'un frère et une sœur. Chaque hiver les taraudait, l'un et l'autre, malmenant leurs bronches
et leurs membres, leur cassant un peu plus l'échine. Les printemps les
trouvaient affaiblis. Mais ils tenaient bon, s'occupant de leur petit
potager, de quelques poules et lapins. La vie devint dure à vivre et ce fut
presque un travail pour eux de partir du matin pour arriver péniblement au
soir. Ils ne se quittaient guère, assis sur leur banc, cramponnés à leur
bâton de vieillesse en coudrier, les yeux - eux aussi de plus en plus faibles
- balayant l'horizon de gauche à droite et de droite à gauche, s'arrêtant sur
la tache lumineuse du Pont du Gard piquée sur un tapis de verdure comme pour
s'assurer de sa présence non loin d'eux. Ils ne se séparaient que pour
vaquer, l'une à la cuisine et la lessive et autres travaux ménagers, lui à la
corvée d'eau qu'il puisait au puits, au jardinage, à l'entretien du mas. Or un jour que, comme à l'accoutumée, elle était assise devant la
maison, rêvassant, il s'en alla cueillir de l'herbe pour les lapins, carottes
sauvages, panais, sainfoin, branches d'acacia... D'où elle était placée, elle
ne le distinguait plus ; mais elle entendait le bruit de ses sabots sonnant
sur la pierraille du sentier. Elle n'aimait pas qu'il s'en allât ainsi, la laissant seule. Elle se
raisonnait cependant, sachant que sa solitude ne dépasserait pas une heure de
soleil. Mais ce soir-là, ce fichu soleil poursuivit sa course jusqu'à se
cacher derrière la crête lointaine des Cévennes, et Victor ne l'avait pas
rejointe. Dehors, c'était le silence des hommes, la nature livrant ses
derniers murmures avant de s'endormir. Marguerite s'affola. Que pouvait-elle faire, qui appeler pour lui
venir en aide, partir à la recherche de son Victor ? Sa maison était trop
éloignée de l'entrée du village, il faisait à présent noir, une nuit de
petite lune. Elle n'y voyait plus guère et ses jambes étaient trop faibles
pour qu'elle s'engageât dans une telle aventure. C'est certain : il était
arrivé quelque chose de grave à Victor et il n'y avait personne pour le
secourir. Désespérée, elle pleura silencieusement, pria et, lasse, elle
s'endormit sur le banc. Un berger aperçut le vieillard, allongé dans l'herbe, évanoui. Il le
chargea sur son dos et, tant bien que mal, le ramena chez lui. On l'étendit
sur la grande table de la salle commune et là, on constata qu'il ne respirait
plus. Victor avait rendu son âme. On se consulta et on décida de ne pas prévenir la Marguerite. A
l'aube, une villageoise - la Jeannette - et le Jules - le berger - se
rendirent auprès d'elle. Elle dormait sur le banc, à l'extérieur de la
maison. Jeannette la couvrit d'un grand châle et n'eut pas le courage de lui
annoncer la terrible nouvelle. Dans la journée, les femmes revinrent la visiter pour lui donner de
quoi se nourrir. La vieille s'était levée. Assise sur le banc de la cuisine,
les coudes appuyés sur la longue table de ferme habillée d'une toile cirée
fleurie, elle marmonna : - Ah ! C'est toi Victor ?... Je t'ai entendu, au petit matin. Que
t'est-il donc arrivé ? Je n'y vois plus, mais j'ai bien reconnu ton pas et
ton odeur... Je t'en prie, ne me laisse plus jamais seule aussi longtemps. Ça
me fait faire un sang d'encre. La Jeannette avait donné la consigne de ne rien dire, de ne pas
parler devant elle. Seul le Jules prit la parole : - C'est moi, ma vieille, lui dit-il d'une voix mal assurée. Elle n'ajouta rien, prenant simplement le bras du Jules. Sa
respiration devint sifflante. Elle geignit. - Ça va pas... ça va pas du tout... dit-elle haletante, cherchant son
souffle. Il en fut ainsi durant plusieurs heures. Puis elle cria : - Où es-tu, le vieux ? Qu'est-ce que tu fais, bon sang ? Personne n'osa lui répondre. Des curieux tentaient de voir à travers
les carreaux de la fenêtre, dissimulés derrière une rangée de géraniums. - Ah ! Mon brave Victor, dit-elle à mi-voix. C'est bien d'être
revenu. La Jeannette aussi... Dis-lui de ne pas rester, de ne revenir que
lorsque ça ira mieux pour moi. Je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état.
Tu me comprends, n'est-ce pas ? Question de dignité. Demain, ça ira mieux, je
le sens. Demain... Le village au complet accompagna le vieux Victor à sa dernière
demeure. Il ne manquait que sa Marguerite... qui ne sut jamais. Deux semaines plus tard, l'âme de la vieille la quitta également. On
la trouva assise, recroquevillée dans un coin, hébétée, un doux sourire
accroché à ses lèvres. - Demain... demain... se répéta la Jeannette dont la conscience était
torturée, se demandant si elle avait bien fait de se taire, de la laisser
partir ainsi dans l'ignorance. Sa foi tempéra ses craintes. N'est-ce pas écrit dans les Saintes
Écritures que les âmes se retrouvent auprès du bon Dieu qui pardonnera
sûrement leur concubinage ? - Ah ! Ces lendemains ! se dit-elle en jetant une fleur sur le
cercueil de la vieille. Il en est ainsi dans la vie : il y a toujours un lendemain
où tout finit mal, et le jour de paix ou d'espoir qu'il nous arrive de vivre
n'est jamais que la veille d'un autre qui apporte le malheur. D'ailleurs,
lorsque le vieux Victor s'en est allé, n'était-ce pas un soir de petite lune
qui, selon la légende, est méchante, qui tue par des moyens détournés tous
ceux qu'elle regarde du haut du ciel ? Victor le savait : il n'aurait pas dû
la narguer ainsi ! Leur disparition marqua, pour Castillon, le début de sa résurrection.
Grâce à un étranger venu de Neuchâtel en Suisse, qui en tomba amoureux,
restaura la ruine qu'il avait acquise. C'était en 1956. Son exemple fit tache
d'huile et tout le monde se mit à l'ouvrage, des architectes de renom, tout
comme les Compagnons du Tour de France. Pourtant à cette époque, lors de la
mort de Victor, puis de sa Marguerite, l'état de délabrement de ce village
gardois ne présageait en aucune sorte une telle résurrection. Mais voilà, c'était sans compter sans l'amour du beau et du passé,
qui ranima cet endroit rempli de mystère et de poésie ! Gare tout de même...
à la petite lune méchante ! Légende certes... mais ne dit-on pas qu'il n'y a
pas de fumée sans feu ? La maison des deux vieux amants fut aussi rénovée, dans sa texture
d'origine. En tendant bien l'oreille, sans doute entendrions-nous chuchoter
les deux amants, ceux qu'emporta la petite lune ? André-Pierre ROUSSEL |
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INTIMITE |
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Derrière
les fenêtres De
la ville Que
se passe-t-il? Pourquoi
suis-je attitré, Ivre
de curiosité, Vers
elle, je vais, Chien
errant Tout
en criant famine. Derrière
les fenêtre De la ville que se passe-t-il ? Des
lumières s’allument, Une
ombre se dessine, Celle
d’un enfant, D’un
vieillard, D’une
maman, D’un
clochard... Derrière
les fenêtres De
la ville, Que
se passe-t-il ? Il
sera bientôt minuit, Voici
venue la nuit, On
se déshabille, Un
coeur bat, deux coeurs s’ébattent Puis
meurent ...... Jacky LEMAIRE |
Montgolfière |
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Vent soufflant,
chantant si haut son chant, son air Rumeur du village,
oreilles assourdies, ballon d'air Tourner comme pour
nous tourne la vie, vent de nuit, nacelle de lune A petit ou grand
bruit, Montgolfière. Annick DAANEN CALLIGRAMME PARTICIPANT AU CONCOURS LA CAUDRIOLE 2014 |
Le chou vert et son
petit chou de ver |
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Bonjour chou vert ! - Bonjour ver ! -
J'ai perdu ma tribu, voilà que je glisse sur les perles de tes toboggans ! -
Mais non c'est la rosée, tout simplement ! -
Suis-je bête ! Le coq vient de chanter : c'est bien l'aurore qui sonne au
clocher ?? -
Tu as tout deviné ! Arrête ! Tu me chatouilles ! -
Quelle position dois-je prendre ? Sans pattes, je roule, je
déboule ! -
Mets-toi au creux de mon cœur, tu auras chaud et moins de labeur. - Merci chou vert, il
y a peu de gens comme toi sur terre. -
Il faut bien y mettre du sien pour soutenir son prochain, dans
l'adversité ! -
Tu es la bonté même : je te remercie de ton hospitalité. -
A présent, que compte-tu faire ? -
Partir avec les miens, ou seul, rebrousser chemin… -
Dans les deux cas tu te retrouveras à cent mille lieues sous terre… -
C'est ma foi vrai chou vert ! Je ne peux tout de même pas devenir ton
colocataire ? -
Pourquoi pas ? On s'entend très bien tous les deux ! Chez moi tu as
tout ce que tu veux ! -
Je suis « dans les choux » comprends-tu ! Comment te
dédommager ? Je n'ai ni argent ni bras pour travailler ! -
Tu me fournis ta lumière dans l'obscurité et ta tendresse pour bavarder… -
Tu croiras, un jour, que de toi je « fais mes choux gras » ? -
Pas du tout, fais-moi confiance, ton amitié sincère vaut mieux que ma
solitude ! -
Merci, mon Dieu, de m'avoir pourvu des dons du ver luisant, doublés de ta
bonté ! -
Vois-tu, mon petit chou de ver, sur la terre, il y a plein de gens enrichis
de dons cachés qui ne trouvent pas de débouchés… -
Je pense comme toi, mon cher chou vert, « qui ne risque rien n'a
rien »… -
Exactement ! Loyauté et respect réalisent toutes choses inespérées… -
Jadis, près d'une fontaine, j'ouïs dire : « Travaillez, prenez de
la peine car tout travail est un trésor »… Est-ce toujours d'actualité,
cher chou ? -
C'est une vérité qui tombe en désuétude : il faut lutter pour
travailler… Quelques
jours après, dans une caisse exportée au-delà des frontières, ver et chou
vert durent apprendre une langue étrangère pour ne point être exterminés. Maria-Carméla
DUHIN-CARNELOS TEXTE
PARTICIPANT AU CONCOURS LA CAUDRIOLE
2014 |
Supplique de la bulle
d'air |
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"Donne-moi
encore un peu d'air, mon maître !" Dit la bulle de savon Au jeune garçon Qui venait par son
souffle de la faire naître. "J'ai envie de
voler moi aussi, emportée par le vent Comme mes sœurs le
faisaient avant ! Pour le
divertissement des petits et des grands. Souffle, mon maître :
le dieu Éole t'en sera reconnaissant." Calligramme
de Gérard ROSSI – participant au
concours La Caudriole 2014 |
MOTS CROISES |
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