SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°42
Janvier-Février-Mars-Avril 2014
Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES
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Carlo, le petit lapin page 8
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JANOU
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HUMOUR et PATOIS
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Inconnu du web
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Yacht
ou batiau page 3 |
Georges RATEL
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Quinchon d’Martin et d’Martine page 4-5 |
Hector
MELON d’AUBIER
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Pofe tiote Clémentine page 5 |
Hector
MELON d’AUBIER
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Amuseries page 6 |
Jean François & Jean Christophe SAUTIERE
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ADULTES |
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Roger de
VILLERS |
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Pensée
page 8 |
Thérèse LEROY |
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Lever
du jour page 9 |
Nicole
DUPLOUY |
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À Filou page 9 |
Anne Marie IOOS |
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Le
mystère d’Ursus page 10-11 |
Maria-Carméla
DUHIN-CARNELOS |
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Déserteur
page 11 |
Christelle LESOURD |
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Jeanne FOURMAUX - Muriel MARIN |
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Le bonheur - Pensée page 13 |
Gérard
ROSSI - HMA |
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Le
temps des cerises page 14 |
Jean Charles
JACQUEMIN |
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Quand
je cueille la folie … page 14 |
SAINT-HESBAYE
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Les
vantards – Permettez page 15 |
Muriel MARIN
- Jacques LEBLANC |
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Soleil
couchant d’Hiver - Ecriture page 16 |
Bernard SIMON
– Jérémy DESSAINT |
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A
livre ouvert – Voyage, voyage page 17 |
Patricia
LOUGHANI - Julien BURY |
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Es-tu
plumes ? - Maison
page 18 |
SAINT-HESBAYE
- Thérèse LEROY |
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Les
nouveaux vieux page 19 |
Marcel LESAGE |
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Petits coups secs – Ecrire dix fées ramant… page 19 |
M.A
LABBE - Hertia MAY |
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La Gazette d’Emma page 20 |
M.A
LABBE |
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Automne novelet
page 21 |
Jean François
SAUTIERE |
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Les
Pierres de lune page 22 -23 |
Hertia MAY |
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Qui
suis-je ? - Liberté page 23 |
Geneviève BAILLY - Albert
JOCAILLE |
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C’est
demain - Papillon page 24 |
Henri LACHEZE
- Jean François
SAUTIERE |
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NOUVELLES |
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Une bouteille à la mer page 25-26 |
Yann VILLIERS |
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Les Etoiles page
27-28 |
Pascal DUPONT |
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L’espoir
de nos vies page 28 |
Stéphanie BONNEVILLE |
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Nos Indes galantes page
29-30 |
A. P. ROUSSEL |
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La lettre
page 31 |
Julien COUTANT |
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OMC : SALON autour du LIVRE CONCOURS 2014 |
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Mots Croisés page 33 |
Daniel SERVEAU |
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BONNE ANNÉE
2014
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Carlo, le petit lapin
noir de Julien |
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Carlo, le petit lapin noir de Julien, est son meilleur
copain. Il est tout charmant, tout mignon, il est son gentil compagnon. Une complicité merveilleuse s’est formée entre eux, car
ils se comprennent bien. Carlo a les yeux rouges et son pelage blanc de neige,
brillant et immaculé, le fait
ressembler à un gros pompon de laine soyeuse. Tout trottinant, il suit Julien partout dans la maison,
dès que l’on sonne, il est le premier à la porte. Parfois, il est vraiment drôle, et l’on dirait qu’il est
un lapin savant, lorsque s’asseyant sur son derrière il croise ses deux
pattes de devant, tout en remuant son nez, faisant semblant d’éternuer, puis
il fait des galipettes, se roule en boule, se couche sur le dos et attend que
Julien lui caresse doucement le ventre, et sautant soudainement sur ses quatre
pattes il court en tous sens, tout en faisant des bonds prodigieux. Il est fier d’amuser son ami qui rit de bon cœur de tous
ses exploits. Lorsque la maman de Julien nettoie la terrasse, il aime
patauger dans l’eau. Il mange carottes, pissenlits, radis, betteraves, choux
et pour compléter le menu, de la paille et du pain dur. Son abreuvoir est
toujours plein et propre. Il raffole de gâteaux, mais attention, Carlo ne
mange que les gâteaux faits maison. Pour lui les instants les plus merveilleux sont ceux où
le soir, pour se faire choyer et chouchouter, il grimpe sur les genoux de
julien. Alors il
pousse tout ce qui le gêne, se blottit quelques instants dans ses bras, puis
monte sur son épaule pour faire un petit câlin et recevoir quelques caresses. Mais lorsqu’il
arrive l’heure où Julien doit aller dormir, contrarié, montrant son
mécontentement, il grogne, boude et son petit cœur se gonfle de chagrin. Il sait
qu’il va être enfermé au fond de la cage, remplie de sable que Julien lui a
aménagée. Car ce
petit coquin qui n’aime pas être seul dans la maison, pour se venger ronge
les bas de portes, les pieds des meubles, sectionne les fils électriques du
téléphone, mange les plantes vertes, déchire à coup de griffes les papiers
peints, creuse fauteuil et moquette. Rassurez-vous
petits amis, dès que Julien est réveillé, comme il aime son lapin et qu’il
sait qu’il n’est pas fait pour être enfermé, il lui ouvre la porte de la
cage, le prend dans ses bras et le tient tout contre sa joue. Carlo est
tellement content qu’il ferme les yeux et se fait tout tendre, tout
affectueux. Il est un
lapin nain très heureux car il a, certes, plus de chance que ses cousins
lapins fermiers dont le triste sort est de finir en civet. JANOU |
Page 2 |
Ça fait grandir tout d'un coup... |
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1) appartient à une religion : un nain doux 2) n'a pas de nom : un nain porte qui 3) n'est bon à rien : un nain capable 4) qui est mort : un nain fini 5) n'est jamais sûr de lui : un nain décis 6) qui parle trop : un nain discret 7) qui est humain : un nain parfait 8) a perdu son honneur : un nain digne 9) qui montre ses fesses : un nain pudique 10) qui vient d'ailleurs : un nain porté 11) a des pensées malsaines : un nain pur 12) change souvent d'idée : un nain stable 13) fait pipi partout : un nain continent 14) n'est pas capable : un nain puissant 15) qui a un gourou : un nain secte 16) qui est handicapé : un nain valide 17) celui qui est attendu : un nain vité 18) qui n'attend pas : un nain patient 19) que l'on n'attend plus : un nain prévu 20) qui est mal élevé : un nain poli 21) Qui est stupide : un nain bécile Signé : un nain connu et ... Ps : Je ne l'envoie pas à nain porte qui ! |
Yacht ou batieau |
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Oscar et sin fiu Paulot sont sus
l'plache ed Merlimont. Tout d'un cop, Paulot i dit : "Oh ! Ravise là-bos, Papa, ech biau
batieau ! -Mais, min garchon, ch' n'est pont un
batieau, ch'est un yacht ! -Ah ouais !... et commint qu' cha
s'écrit : yacht ? -Heu..., attind.... Nan, ch'est ti qui
as raison, ch'est un batieau." Traduction :
Oscar et son fils Paulot sont sur la plage de Merlimont. Tout d'un coup, Paulot dit : "Oh ! Regarde là-bas, Papa, le beau bateau ! -Mais, mon fils, ce n'est pas un bateau, c'est un
yacht ! -Ah oui !... Et comment est-ce que cela s'écrit :
yacht ? -Heu.... attends... Non, c'est toi qui as raison,
c'est un bateau." Georges Ratel |
Amuseries |
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J'entends passer un bruit qui
court Ali Baba et les quarante voleurs Alla Baby et les quarante lovers Le designer automobile a remis
son projet aux calandres grecques L'horloger me montre une pendule Face à ce projet de loi sans
cible, les dépités ont déposé une émotion de censure Le boulanger cuit la nuit : c'est
pour ça qu'elle est noire Autrefois les Perses effectuaient
leur service militaire dans les casernes d'Ali Baba Les motards sont partis tôt Les motos sont parties tard Quand monsieur a le bourdon,
madame a l'abeille On n'a jamais vu un oiseau affamé
faire la fine bouche L'ouvrier est à la casquette Ce que le coq est à la crête C'est la goutte d'eau qui fait
déborder la vase J'ai toujours rêvé de conter les
étoiles Ce n'est pas une ciné-cure que de
regarder cinq films d'affiflée Dans la forêt mon chien est aux
abois L'avoir dans le baba Le baba dans le lavoir Mon dentiste est sur les dents Il n'y a guère qu'à la belle
saison qu'on peut ramener sa fraise C'est en file apache que Cochise
et ses guerriers se déplaçaient Napoléon 1er a su
prendre des mesures dragonniènes Ce n'est pas à un vieux sage
qu'on apprend à faire des limaces Pour ce qui est de la lune
l'astronome en connaît un rayon A la campagne il fonctionne bien
le téléphone arable Son petit ami n'est pas assez
carré : elle rompt Il faut être bien mal foutu pour
dormir sur ses deux oreilles Tirer à pile ou face Tirer à filou passe Mourir dans nuit. Jean-François et
Jean-Christophe Sautière |
Hommage à
nos frères Canadiens |
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1914-1945 Mémorial de Vimy Ils ne
reverront plus les grands déserts blancs L'orignal dans les bois et le
renard chassant L'immense forêt, les lacs et les
plaines De ce pays si beau, de Maria
Chapdelaine Ils ne reverront plus les
étendues glacées La piste où le trappeur recherche
le gibier La blondeur des blés, des étés
flamboyants La cascade qui scintille, le
fleuve mugissant Qui va de roc en roc, vers
l'immense océan Ils ont quitté, joyeux, leur
foyer, leurs enfants Pour répondre à l'appel de la
mère Patrie Qu'ils voyaient tout là-bas,
sanglotant et meurtrie Ils ont quitté les pistes, les
plaines et les monts Ces paladins modernes, frères de
Louis Hémon Leur patrie ont quittée, pour le
ciel gris des Flandres Comme jadis, le fit leur père
avant eux Ils sont partis sans peur, dans
un matin brumeux Et ont offert leur vie, pour que
vive la France Dans la boue noire des Flandres,
les eaux du Zuyderzei Pour l'opaque fumée et l'enfer
des batailles Ils ont lutté sans trêve, sous
l'affolante mitraille Un corps à corps sanglant et
Jean-Pierre est tombé Jean-Pierre, un gars, bien de
chez nous Loin du pays natal, tu es tombé
sans peur Le sacrifice suprême, tu l'as
offert pour nous Ayant, depuis longtemps, déjà
donné ton coeur Tu ne reverras plus les yeux de
Madeleine Ta tendre Mouette, que chantent à
perdre haleine Toutes les mères de France,
percevant sa douleur Et ta tombe sera arrosée de leurs
pleurs Tu ne reverras plus cette terre
canadienne Cette terre que déjà, mon coeur a
fait sienne Tu ne reposes pas sur la terre
étrangère Mais tu dors, bercé, par les bras
d'une mère Tu ne reverras plus la terre des
Iroquois Que conquirent tes ancêtres, eux
qui venaient de France Pour le don de toi-même, au nom
de ta souffrance Français, ne l'oublie pas, et
toujours souviens-toi ! Avril
1945 Roger de Villers |
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PENSÉE |
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La vie se
traîne, triste, grise, morne, Sans
éclat, telle une vieille habitude, telle une routine, Comme un
repas continuellement froid, Comme le
ruban d’une autoroute qui se déroule inlassable, Toujours
pareil, plan et net, comme tranchant. Ô vie,
vieux parchemin ridé de profondes crevasses Où dorment
tes enfants Thérèse LEROY 22/9/1973 Extrait de « Eclats d’Âme »
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À Filou |
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Petite boule de poils soyeux, Avec tes jolis petits yeux Un peu coquins mais si doux, On t'aimait bien, petit Filou. Dans la maison, toujours à
courir. Cela ne nous faisait pas
forcément rire, Mais pour chasser les p'tits
oiseaux Fallait te voir, petit
"zozo" ! Parmi les herbes tu jouais. Tout, pour toi, était jouet, Fleurs, papillons, moucherons. Pour t'amuser tout était bon ! Si l'on voulait te caresser Ou plus simplement t'embrasser, Parfois tu t'enfuyais
capricieusement. Pour toi, ce n'était pas le
"moment" Mais d'autres fois, avec plaisir
tu ronronnais, Dans nos bras nous câlinais. Le soir dans notre lit tu t'endormais, Confiants, tes beaux petits yeux
se fermaient. Petit Filou, tu ne savais pas Que pour toi, dehors, le danger
était à chaque pas. Dans notre vie comme un éclair tu
es passé, Douce tendresse trop vite
effacée. Sois sûr, Filou, dans notre coeur
tu resteras, Et ton souvenir toujours on
gardera. Anne
Marie Ioos
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Lever du
jour |
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Il fait jour le ciel est rose L'horizon vermeil Quand la lune se repose Lève-toi soleil On entend sous la feuillée Les oiseaux sifleurs Et l'abeille réveillée Dit bonjour aux fleurs En rêvant de belle eau fraîche Beuglent nos grands boeufs Qui voudraient quitter leur
crêche Pour les prés herbeux Tous les coqs du voisinage Donnent le réveil Sur ce gai remue-ménage. Nicole
Duplouy Martin |
Le mystère d’Ursus |
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« Pour toi, si tu veux, je décrocherai la lune, Et
pour toi, seulement, j’arrêterai le vent ! Viens
là, sur mes épaules, marchons sur la dune, Ainsi,
tous les deux, nous braverons l’océan ! » Comblé de bonheur, l’enfant éclatait de
rire. Hélas
un matin, la grande Dame Infortune, En
quête d’âme, en a décidé autrement : En
l’emportant captieusement sur la lagune, Elle
parvint à rompre les cordes du temps. Envahi de désespoir, l’enfant
sanglotait… -
« Mon pédagogue, mon précepteur de fortune, Mon
maître adulé, mon génie, le seul savant Unique
au monde, m’ayant tant promis la lune !! Ses
yeux si bleus, fermés… Je les reverrai quand ?? » Exilé dans sa détresse il serrait son
père… Puis
s’agenouillant pour lui caresser la joue, Applique
la sienne chaude encore de larmes. -
« Il faut le réchauffer ! » dit-il furieux et fou ! Mais
le trépas refroidit et tout nous désarme ! Il frottait ses doigts tremblants sur
les mains glacées… La
gorge nouée, la famille autour écoute Gémir
et hurler ce fils. Son maître si fort Immobile
ou sans vie, laisse planer le doute… -
« Lève-toi papa, nous devons partir au port ! » Son bras frêle entoure avec amour le
« gisant ». Les
étoiles s’évanouissent le matin. La
réalité surgit quand l’espoir s’effondre : -
« Papa, ne t’endors pas ! De toi j’ai tant besoin !! » Crie
le petit continuant à se morfondre. A présent prisonnier dans sa peine
profonde… Se
tournant vers l’assemblée muette et brisée, Bouleversant
par ses yeux voilés de tourment, Pâle
comme un linceul, les lèvres tortillées : -
« Vous l’avez fait exprès !! » lança-t-il haletant… Suspicieux et pourtant déchirant, il
s’enfuit… Il
courut se blottir tout seul sur le balcon, Suppliant
les scintillations du firmament, Priant
le ciel, les mains jointes sous le menton… Puis,
le front sur les barreaux, glisse en s’apaisant. Coulez gouttes salées de l’ennui, mais
rêvez… Un
doux effleurement parcourt son blanc visage, Une
sublime « Nova » doucement s’approche : -
« Sèche tes joues, je viendrai te voir petit Page ! » Lui,
sommeille, les poings enfouis dans les poches. Un beau petit prince sur l’océan
navigue… -
« Viens, Ursus, suis-moi : papa largue les amarres, Déjà,
le bleu de ses yeux colore la voile !! De
nouveau tous les trois : ne partons pas trop tard. Pour
tes huit ans, la lune il t’offre et les étoiles !! » Du bout de sa manche, il frotte son nez
puis court… Nous
sommes tous des grands enfants du clair de lune, Tous,
nous voulons garder nos astres bien-aimés Ne
faisons plus pleurer les anges blonds des dunes, Pour
qu’ils vivent heureux dans leurs contes de fées. …Car comme eux, un jour, nous courrons…
à perdre haleine… À
mon père… Avril 2012/Juin 2013 Maria-Carméla Duhin-Carnélos 26 Juin 2013 |
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Déserteur |
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Je regarde ses yeux Et ne le vois plus heureux. Si petit et le voici confronté À une réalité que tu lui as imposée. Toi qu’il prenait pour exemple Vois-tu aujourd’hui comment il te
contemple ? Mitigé entre amour et rancœur Oui, tu lui as brisé le cœur. Tu pensais qu’il ne verrait rien Mais cette « autre » est la cause
de son chagrin. Papa déserte silencieusement la nuit Et tu voudrais qu’il s’en réjouît ? Du père modèle, te voici persécuteur Cette liaison prend trop d’ampleur ? Cet ange qui ne demandait pas à être sur
Terre Te voulait juste
sédentaire. Il te faudra faire un choix Redevenir celui en qui il croit Ou continuer à assumer tes mauvais pas En perdant ton rôle de papa. Ne perds pas tout pour une femme de nuit C’est elle qui te cause tous ces ennuis. Alors, pourquoi est-ce lui que tu fuis ? Lui qui est ton seul et unique fruit… Christelle Poussier Lesourd 26 ans |
Ma poupée |
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Qu’est devenue la poupée de mon enfance, La poupée de mes huit ans Que m’avait confectionnée Grand-Mère Avec tant d’amour et d’adresse ! Elle était faite de
chiffons, Avec de gros yeux ronds. Elle était très jolie Malgré son air un peu triste. Je lui confiais mes joies, mes peines Et lui faisais supporter mes colères. Mes jours de gros chagrins Je m’isolais dans le jardin, La câlinant bien tendrement Comme une petite Maman, Laissant parfois couler mes larmes Sur son paisible visage. Le soir, pour m’endormir, Je la couchais dans mon lit, La serrant tout contre mon cœur Pour apaiser mes craintes et mes peurs. L’orage pouvait bien, parfois, gronder
dehors, Le vent pouvait bien souffler très fort, Moi, auprès de ma poupée, J’étais heureuse et rassurée. Aujourd’hui je n’ai plus huit ans Et je repense à mon enfance, À la poupée que j’ai aimée Et que, tant d’années, j’ai oubliée. Est-elle dans un grenier Ou sur un canapé ? Est-elle au paradis Des poupées, nos martyres ? Jeanne
Fourmaux |
L’EGO |
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Adorons les éloges quand notre petite personne se sent ne rien
valoir. Rien de tel pour vous remettre d’aplomb même les jours de grosse
tourmente, un large sourire et une bonne parole. Il vaut toujours mieux un
bon mot sur vous qu’une saleté déchirante. Malheureusement pour notre ego, il a toujours été préférable un bon
mot qu’une grosse vacherie malfaisante. Nous sommes à ce jour encore et avant
tout un bon réceptacle au verbe, qu’il soit dit, écrit ou chanté, nous mette
en avant, glorifiant notre ego. Mais cela ne s’arrête pas là. Cette satanée diablesse est difficile à combattre tant elle réagit à
la moindre attention comme au moindre pic. Prés des pics et des cœurs, son
cœur bat la chamade. Tourmente à bord et précipice au premier reproche,
l’organe émotionnel est en éveil près à hurler ou à pleurer ; difficile
pour nous autres, à l’ego sensible, de ne point réagir. Le tout est de
grandir rapidement, accepter de se salir un peu et d’en finir de réagir à
tout ce qui peut être raconté sur notre petite personne. Muriel
MARIN
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Le bonheur |
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En poésie ? L’écriture, c’était un petit bonheur Que j’avais cultivé : Comme amoureux des fleurs, Peut être un jardinier. Chaque jour avec attention, toujours bien
soigné, Pour plus tard le voir grandir, Aussi, quand je l’ai vu partir : Mon cœur a saigné ! Partir avec mon dernier poème ? Quarante quatrième classé, sur quarante six
participants ! La déception passée : on se reprend, Et on laisse ses prétentions, en offrande de
Carême ! Après Agésilas Hélas ! Mais après Attila ? Holà ! C’est ce que Jean Racine écrivait…
hier ! A Pierre Corneille. Le reçu du message est
clair ! Pour le jury des concours de Poésie : Cela suffit, merci ! La Lyre Fréventine : Bulletin
numéro 33 (1er Trim. 2012) Neuville, le 08 Mars 2012. Gérard
Rossi |
PENSÉE |
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Pensée pour ceux et celles qui attendent … -
Y drache dins min
coèr -
Mé ossi su m’tiète -
Pus cha tri-inne in
langueur -
Pus cha no-ye mé linnettes Traduction : Il pleut dans mon cœur, mais aussi
sur ma tête. Plus ça traîne en longueur, plus ça mouille mes lunettes. HMA |
Le temps des cerises |
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Elles me narguent sur
les branches. Difficile de ne pas
penser à la célèbre chanson Le temps des cerises,
on y parle du « merle moqueur » Des merles, j’en vois
tous les jours qui se moquent de moi puisqu’ils déposent
les noyaux de cerises sur ma pelouse. Quand nous en serons
au temps des cerises, les belles auront la
folie en tête et les amoureux du soleil au cœur. Cependant si vous
avez peur des chagrins d’amour, évitez les belles. « Cerises
d’amour aux robes pareilles, tombant sous la feuille en gouttes de
sang » Comme il est bien
court le temps des cerises. Que de souvenirs
d’enfance quand dans un repas de famille une parente âgée la
chantait. Souviens-toi Gérard,
toi le fils d’Abraham. Je me souviens il y a
plus de cinquante ans, il était seul dans le
désert en Afrique pendant la guerre. Tout à coup il entend
une voix lointaine : Je suis
Jéhovah ! comme il n’y avait pas de témoins ! Je vous écoute, je
suis là ! La voix ! Tu es
bien le fils d’Abraham ? Entre autres, je ne
suis pas le seul ! Jéhovah :
justement c’est un appel au peuple que je viens te lancer. Pourquoi moi le fils
d’Abraham ! Je n’ai trouvé
personne d’autres Je voudrais te mettre
à l’épreuve Comme ton père en
39-45. Une histoire
ancienne ! L’oubli ne s’installe
pas, souviens-toi Gérard Il est revenu le
temps des cerises. Charles Jacquemin |
QUAND JE CUEILLE LA
FOLIE |
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Quand je cueille chaque violette du bosquet Où résonne jusqu’au cœur le chant des chardonnerets, Je songe au spasme du soleil pour fleurir ton visage, En t’aimant davantage devant tout ce paysage. Sur cette terre parsemée d’épines et d’étamines, Tu me proposes l’azur en de pures églantines, Un baiser sur le front et tu me prends la main ; Je me souviens de ce câlin plus proche du destin. Les pétales d’un jour se fanent pour la vie, Et toi, pour toujours, comme une source d’envies Je t’aime, et je souris, je sème, et je ris Aux feux de l’âme qui se cache de folie SAINT HESBAYE |
LES VANTARDS |
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Ridicules aveux d'amours en semences, Pièges de ritournelles qui s'effritent, De pigeons en rapaces prêts à piller les
frittes, De ces jeunes femmes aux cœurs immenses. Mais point de mépris pour leurs regards
méfiants. Les hommes, cœurs lourds et légères bourses, Sont loin de s'occuper des cours de la
bourse, Préférant se vanter encore de leurs exploits, Auprès de leurs confrères qui, drapeaux
déploient. Mais, point de mépris pour leurs regards
défiants. Simple plaisanterie, difficile pour
l'orgueil, D'entendre commentaires et détails en
écueils, Femmes, silencieuses, au cœur enragé, Par la blessure d'un secret outragé. Mais, point de mépris pour leurs moqueries Les femmes, masquées, cachées dans l'ombre, Sont loin de s'occuper des armées de l'ombre, Préférant se gausser des hommes aux ridicules
atouts, Auprès de leurs amies déjà prêtes à tout. Mais, point de mépris pour leurs vives
mesquineries. Muriel MARIN le 14/02/2012 |
Permettez |
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Permettez que ce papier En entier soit déplié Car, même s’il vient du cœur Je ne le connais pas par cœur Je ne vais pas vous faire un discours Mais je vais tâcher de le dire court Je ne vais pas le dire en espagnol Là je passerais pour un guignol Certaines déjà le connaissent Reine, Béatrice ou même Agnès Bref passons notre sujet à la loupe C’est-à-dire Maria Guadalupe Quand j’ai débarqué sans armes ni bagages Je n’avais que mon amour en gage Quelques effets trois fois rien Oui mais il y avait mon petit chien Elle qui a peur de tous les animaux Ce n’était pas là le moindre des maux Imaginez, un peu du caractère. Jacques LEBLANC |
SOLEIL
COUCHANT D’HIVER |
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Ce
soleil si bas, si frileux, si pâle. Noyé,
dans la brume immobile. Ce
soleil si fièvreux, si fébrile, Se
meurt ! Et dans un dernier râle... S'en
va, s'évanouissant, A
l'horizon, vers sa tombe. Face
à la nuit tombante, Moribond,
il succombe... Pour
ultime adieu, il inonde le ciel D'une
aquarelle aux mille tons pastel. Tel
un cerf-volant gigantesque, Se
déployant en une divine fresque. De
ses rayons obliques, fils d'argent vermeil. Il
tire à lui, cette toile peinte de merveilles. Faite
de cuivre, de bleu, de rouge et d'or. Ce
voile de lumière, ce fabuleux trésor... De
ce décor si grandiose ! si
fantastique ! Subitement,
tout devient gris, mélancolique... L'obscurité
tombe étalant ses ombres. La
vie disparaît, sans bruit, dans les rues sombres... << le plus beau
tableau du monde, celui d' un coucher de
soleil >> Bernard SIMON
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Écriture |
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J'ai tout oublié Même le mot aimer J'ai perdu mon chemin Que je cherchais en vain J'ai vu disparaître Plusieurs êtres J'ai cherché l'inspiration Qui a pris une grande décision Elle m'a laissé tomber Et s'est vite sauvée Mais demain sera un nouveau jour Et je lui ferai la cour Pour qu'enfin elle revienne Et fasse couler dans mes veines Le merveilleux plaisir Qu'est écrire.
Jérémy Dessaint, 20 ans, Caudry |
À livre ouvert |
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Des mots, des graines de sens, Sèment, à tout va, des douceurs… Ephémère voyage, à contre-sens, Au cœur du bonheur !
Magie infinie, dans l’imaginaire, Où les étoiles telles des papillons Sortent des pages légères Et se nichent dans nos yeux ronds. Héros grotesques, héros fantastiques, Ou quidams, se dévoilent à nous, Donnant à la vie d’étranges masques, Pour nous faire virevolter comme des fous…
Cadeau d’enfant, trésor du passé, Souvenir d’un moment de vie, Le livre aux images... dévorées, Emporte l’ennui et à jamais nous sourit… Patricia
Loughani, copyright, le 10/10/2013 |
VOYAGE, VOYAGE |
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L’envie me prend souvent De partir au soleil levant Prendre mon amour par la main Et l’emmener loin… très loin Là où nous pourrons profiter pleinement L’un de l’autre tout simplement Regarder ses yeux luire au soleil couché Son sourire quand je lui demanderai de
m’épouser Lui faire la promesse qu’il ne manquera de
rien Et que l’on s’aimera jusqu’au petit matin Nous prendrions le train de nuit Et faire de nos corps de la folie Je lui montrerais les étoiles Dans le ciel, ce somptueux voile Je l’inviterais à dîner sur la plage Bavardant en regardant les coquillages Il rigolerait en disant que je chante faux Mais que c’est tellement beau On se réveillerait dans des draps de soie A Tokyo ou Tahiti pourquoi pas ? On a tous droit à nos rêves Le mien c’est de faire une trêve Avec lui Lui promettre monts et merveilles, et
compagnie Nous remonterons le Nil Lui donnerai une rose accrochée à un fil Je lui offrirai des bijoux par milliers Même plus qu’il en a rêvé Mon amour, je te promets Qu’un jour, ce rêve sera réalité.
Julien Bury
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Es-tu plumes ? |
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Es-tu plumes de l’oiseau ou couleur
univers ? Je suis le duvet de soie saturant les airs. Un thème de l’hiver aux sourires mortels Etalant d’un œil ses ailes en film de gels. Par les genêts d’émail où circule un dit-on Faufilent pensives mes notes d’élégances Qui convolent avec l’éventail des distances Mille afféteries aux barbes d’aquilons. Saint-Hesbaye
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Maison |
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tu chantais des rires d’enfants en cascades, tes murs vibraient de musique et de fêtes tes yeux s’ouvraient sur nos jeunes années tes portes accueillaient les amis de passage au temps joyeux de nos espoirs. Bien sûr tu as pleuré sur nos malheurs et nos
souffrances mais toujours tu restais asile de fraîcheur, rassurant port d’attache au temps de nos
angoisses. Et puis tu as tremblé de nos viles colères mais toujours tu as su protéger nos mémoires gardant nos souvenirs jalousement entre tes
murs. Un jour ils sont partis ne laissant que
silence et toi désemparée considères leur absence. À présent tu t’affaisses abandonnée et vide Et tes murs sont creusés de douloureuses
rides. Je voudrais reconstruire pour toi de nouveaux
jours Et panser les blessures qui déchirent tes
flancs. Serait-il encore temps aujourd’hui pour retrouver le temps des espoirs ? Thérèse Leroy - Août 2010 |
LES NOUVEAUX VIEUX (Chanson) |
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On n’ose même pas vous dire : « les
anciens » Tellement ils sont encore très bien. Les nouveaux vieux. Alors pour pas les chagriner, On les appelle : « les aînés » C’est beaucoup mieux. On dit qu’ils sont du 3e âge, Ça doit être celui des voyages, Les nouveaux vieux. Les Baléares, Ramatuelle, Ils sont comme les hirondelles, Ces gens heureux. Ils s’en vont chercher le soleil Le long des côtes de vermeil En amoureux. Parfois ils s’en vont en balade Ils appellent ça une escapade, Les nouveaux vieux. Un autocar, un bon dîner, De quoi remplir une bonne journée, Le cœur joyeux. Ils n’ont pas le temps de s’ennuyer Dedans leurs clubs et leurs foyers Les nouveaux vieux. Pour bien occuper ses loisirs Il n’y a pas plus grand plaisir Que faire des jeux. Ils ont leur université, Les chiffres, les lettres à la télé Et Radio Bleue. Le secret d’une vieillesse tranquille Savoir dire zut à sa famille Faire ce qu’on veut. Faire toujours des rêves d’enfant, L’amour jusque quatre vingts ans Plus, si on peut. Aller ainsi jusqu’à cent ans Là il sera peut-être temps De dire Adieu !! Marcel Lesage |
PETITS COUPS SECS |
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Par petits coups secs, elle taille dans la
roche En ciselant savamment les pierres moussues Créant des espaces secrets et vermoulus Où seuls brumes et vents aigres s’accrochent Les voiles blanches dans le bleu de l’horizon Emportent loin, tout au fond de l’immensité Avec le ciel d’azur et les rêves éveillés L’âme des voyageurs comme leurs illusions Du haut des falaises de ces îlots poussières Glacés, on entend hurler le vent magistère Frissonner les arbres maigres et tourmentés Pourtant les divins arpèges du chant des
vagues Poussent glorieusement vers Copenhague La mer qui entoure les îles Féroé. Marie Antoinette Labbe |
ÉCRIRE DIX FEES RAMANT |
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À couteaux tirés à quatre épingles L’emporte pièce à conviction La mes anges bleus Le rat dégout L’étourneau sans-sonnet Un nid rond d’elle ne fait pas le printemps Allan Bic : le célèbre distillateur Le bricoleur défaisait les vices Les rats musclés Déshydraté à force de boire La colle à brûler Le cordonnier a mauvaise haleine L’eau-berge au bord de l’eau HERTIA-MAY |
Automne novelet |
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Mes amis, revoici l’automne Qui fait trembler l’bas d’nos maronnes, Et le vent gris aux notes dures Souffèle dans les éramures. Les nuages ont plombé le ciel C’en est fini des mouques à miel ! Les feuilles volent comme saoûles : Au soir in va minger d’lindoule. Voici le temps du vague à l’âme… Viens m’faire un tiot câlin, ma dame ! Au bois noir s’endorment les souches. Versons-nous un bon ballon d’rouche. Cher automne que j’aime tant Tout teinté d’ors et
roux tintants. Poète, as-tu le cœur en miettes ? In est pourtint bin al coïètte ! Ce soir, le jour tombera tôt : I é tin d’ar’sortir nos minteaux. Dans l’âtre il faut mettre une bûche Et d’faire à l’étouffée, des truches. Octobre nous prend peu à peu, C’est pourtant bon un pot au feu. Tu pleures le temps des griottes ? Au fond du lit in s’ringruote. Et si je conte les étoiles Merveilles ! Les voici les toiles D’argent que tissent les épeires Pépères. Jean-François Sautière – 03 octobre 2012 |
PIERRES DE LUNE |
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« P….. la belle bleue ! » « Et celle-là ? » « On dirait qu’elle n’est pas tombée
loin ! » 13 août 2006 : la nuit des étoiles sur
le terrain de football de Béthencourt. Une manifestation publique organisée
dans toute la France et les astronomes amateurs du coin se sont mobilisés
comme depuis une dizaine d’années. Par chance, les dieux sont cléments
(Toutatis ?) et le ciel parfaitement dégagé. Les Perséïdes annoncées ne
font pas faux bond et des dizaines de sillages lumineux zèbrent le firmament
à chaque minute : du rarement vu dans notre région ! Les appareils sont en pose et le public est
venu en nombre, les gobelets de café circulent. « Vous allez dire que je ne sais pas
grand-chose mais quelle est l’origine des étoiles filantes ? Comment
sait-on que ce phénomène est visible chaque année à la même
époque ? » -« Les étoiles filantes sont des
poussières laissées par une comète lors de sa révolution autour du
Soleil ! Il y a ainsi des nuages correspondant à des dizaines de
comètes : les léonides, les orionides, etc… ces petites météorites
semblent provenir de diverses constellations d’où leur nom ! Bernard L. persista dans ses questions :
« Peut-on en voir tomber sur le sol ? » José décida de répondre : ça arrive, il
existe des chasseurs de météorites qui en font le négoce. Si vous trouvez une
pierre qui vient de Mars, vous pouvez devenir milliardaire ! » Steve renchérit : « Parfois, des
gens nous ramènent des cailloux, croyant qu’ils vont être riches mais il
s’agit trop souvent de marcassite trouvée dans les falaises calcaires du
Pas-de-Calais ! » Un autre personnage témoin de cette rencontre
astronomique intervint : « A quoi ça peut ressembler ? » -« C’est très variable selon leur
richesse en carbone ou en métal. Sa composition nous renseigne sur son
origine. Il y a deux ou trois ans, un bolide a survolé le Nord, traversant le
ciel du sud-est au nord-ouest. Des témoignages parvinrent de
Villers-en-Cauchies, d’Aulnoye-Aymeries, d’Haubourdin, etc… » Le pousse-café qui suivit eut comme grand
mérite de délier les langues, de ramener à la surface certains souvenirs enfouis. C’est ainsi que Fernantd L., retraité, nous
apporta le scoop de la soirée ! « C’était dans les années 70, un
dimanche de printemps, à Bertry. Nous étions à « messe » et
monsieur le Doyen devait consacrer l’hostie en la levant au ciel. Un fracas de vitres cassées suivit une énorme
explosion ! Tremblement de terre, chute d’avion, explosion de gaz, tout
fut envisagé sur le moment ! Dans la rue, les gens firent part de chutes
de pierres : certaines avaient brisé les vitres, des toitures étaient
endommagées. Elles furent ramassées, pesées et comparées chez le quincaillier
du centre. Certains cailloux faisaient environ trois cents grammes. Les pierres de lune, c’est ainsi qu’on les
nommait à présent, firent l’objet d’articles de presse, d’enquêtes d’ufologues,
d’assureurs ou de simples curieux. Une bourse aux météorites tint place quelques
jours plus tard à la salle des fêtes. Des spécialistes s’y bousculèrent, des
milliers de pierres furent achetées ! » -« Ah, quand même ! »,
intervint José. -« Pourtant quelques visiteurs
trouvèrent anormal l’aspect de certains minéraux : ils possédaient un
côté étrangement plat, voire lisse ! Les gendarmes enquêtèrent dans le
quartier : des dizaines de tuiles avaient été fendues : la
puissance des impacts avait été exceptionnelle. C’est alors que les
militaires trouvèrent dans une cour du quartier une installation bizarre. Une échelle avait été criblée d’éclats de
laiton : genre tringle à rideaux, une pierre bleue dite marbre de
Bellignies servant d’ordinaire d’escalier avait explosé. Une poudre noire
apparaissait par endroits aux abords de cette pierre. Le rapport de la gendarmerie mit fin aux
rumeurs : point de pierre de lune, mais une expérience de chimie plutôt
dangereuse ! Un vieux gramophone, qui traînait dans l’atelier
jouxtant le lieu du délit, fut embarqué comme pièce à
conviction ! » Ludo et Jef servirent un autre café aux
spectateurs qui s’éternisaient. La nuit serait longue et Mario guettait. Les
appareils photo classiques ou numériques n’en finissaient pas de capturer
l’obscurité et ses sillages mystérieux. -« Si seulement, quelques particules
nous rendaient visite. Ce serait sympathique ! » Steve se mettait à
rêver. Pourquoi pas cette nuit ? Le feu d’artifice céleste continuait de
plus belle… Hertia May Découvrez une autre version de Pierre de Lune Dans le livre « Mondes Etranges » de Hector MELON d’AUBIER |
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QUI SUIS-JE ?
Je suis fille du vent, de l’alpe et de la
pluie, D’un légionnaire aussi… Et de lui j’ai gardé mille et une moissons, Des rêves, des chansons. Je suis fille du Nord, duchesse du Hainaut, Et dedans mon château Des artistes amis viennent en farandole Et l’humour caracole. Je suis fille d’ici, d’ailleurs, de nulle part, Ce n’est pas un hasard Si j’aime les baisers, le vin, la marjolaine Et la faridondaine, Car Vénus, un huit Mai, penchée sur mon
berceau, M’effleura de son sceau… Geneviève Bailly |
Liberté |
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Liberté tu es nos joies Mais aussi nos souffrances, Et l’on ne peut rien sans toi Quand on ne vit que d’espérance. Liberté ! hymne de joie, D’amour et de fraternité. En nous toujours tu resteras Celle qui nous fait chanter. Liberté chérie, de tous les temps Et de tous les peuples de la terre. Toi qui nous donnes tant En nos luttes guerrières. Ô liberté, douce et pure Pour nos cœurs intrépides, Reste toujours triomphe qui dure. Pour tout notre bonheur si cher et avide. Albert Jocaille |
C’est demain |
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Quand laissera-t-on place au grand jour pour
l’amour Et mettra-t-on enfin au banc de toute
histoire, Les aubes déchirées aux cailloux de la peur, Les âmes lacérées par les griffes des guerres Et ces grands yeux d’enfant qui ne savent
plus rire ? À quand les mains tendues qu’une autre main
sait prendre ? À quand l’espoir qu’on sème et qu’enfin l’on
récolte ? À quand les mots qu’on dit et qu’un autre
comprend Et quand l’entendrons-nous ce long chant des
poitrines D’un même peuple uni vers une même
cime ? Laissera-t-on demain, s’épanouir
l’amour ? Glissera-t-on enfin sur des fleuves
paisibles ? Les rires pourront-ils fuser dans les nuits
claires Et quand se fermeront les bouches des canons, Pour laisser la parole aux lèvres
amoureuses ? C’est peut-être demain, si l’on rêve assez
fort, Que l’on ira cueillir des mouchoirs de nuages Pour sécher sur les joues la rosée des douleurs. C’est peut-être demain que fleuriront des
ponts Pour enjamber la haine en aimant d’autres
rives. C’est peut-être demain qu’on plantera
l’amour, Que l’on regardera ses feuillages verdir, Que nous abriterons sous son ombre nos joies Et que nous goûterons la gloire de ses
fruits. C’est demain, il le faut, que l’on se dira
nous. C’est demain, il le faut ; il reste un
peu de terre, Il reste un peu d’amour ; il faut
planter, très vite. Henri Lachèze |
Gazette EMMA |
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PAPILLON |
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Un papillon rêveur sur
cirse parme, Ami des lourdes fragrances
d’été Dort, philosophe zélé sous
le charme Des arbres tendant vers le
ciel bleuté Vanesse des chardons ou
belle-Dame Qui n’affiche que ton fade
revers, Je connais ton endroit peint
de flamme Fauve-orangé pour le
bonheur des airs. Tout comme toi il faut que
je m’envole Pour offrir quelque peu de
ma couleur. Mais j’aime tant rester sur
la corolle Piquante de son cœur ! Jean-François SAUTIERE |
UNE BOUTEILLE à LA MER |
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Henri se sent incapable d’entreprendre quoi que ce soit. Il dort d’un
sommeil capricieux. Levé tôt, avant même le petit-déjeuner, il retourne à ses écrits,
relit les phrases rédigées la veille, corrige beaucoup. Son humeur peut
changer aussi vite que la lumière du jour dans son appartement parisien. Ça,
il ne l’ignore pas. Aussi insiste-t-il en forçant sa main à écrire, persuadé
qu’il ne trouvera aucun bonheur hors l’écriture. Or ce jour-ci, il se met à
haïr la compagnie de ses pages encore blanches. Lorsque Liliane entre –visage de vieille dame au sourire chaleureux,
imposante silhouette qu’elle déplace avec une lenteur calculée- elle lui
lance de sa belle voix toujours douce, presque murmurée, son bonjour
caractéristique, gai, affectueux. Comme il apprécie sa présence, justement en
ce jour morose ! Celle de cette Liliane émergeant de l’époque de ses
vingt ans, de Saint-Germain-des-Prés dont ils fréquentaient les terrasses et
les rues, les galeries d’art et les quais de la rive gauche de la
Seine ! Henri constate qu’elle est encore nimbée d’une sorte d’auréole, celle
d’une existence à demi révélée qu’il ne pénétra jamais. Existence qu’elle
n’évoque pas de façon explicite. Dans le bureau, Liliane soutient son regard. Pendant un court
instant, c’est comme si une claire lumière d’été traversait la pièce ;
un regard qui le déroute, indéchiffrable, mystérieux. Pourquoi avait-elle
choisi de lui rendre visite après une aussi longue séparation ? Elle le connaissait tellement bien, lui qui ne parvenait pas à berner
les femmes ; elle qui le comprenait instantanément. Son silence est
éloquent, ne demande aucune réplique, aucun commentaire. Liliane arpente les pièces de l’appartement, palpe un bibelot,
s’arrête devant un tableautin, une partition ouverte sur le pupitre du piano
droit –un piano d’étude- se penche à la fenêtre pour s’approprier
l’environnement dans lequel évolue son ami Henri. Cet ami qu’elle aima sans
le lui avoir jamais avoué… selon le vieil adage qu’il n’appartient pas à la
femme de faire le premier pas. Elle lui pose toutefois une question qu’il
n’entend pas, perdu dans ses réflexions. Il s’empare de sa main, la retient
quelques instants bien ancrée dans la sienne, y dépose un baiser appuyé. Des
larmes perlent aux yeux de sa visiteuse. Puis elle prend subitement congé de
lui. Est-ce prémonitoire ? En tout cas, sans trop réfléchir, il sait
qu’il ne la reverra jamais. Il se souvint longtemps de cette visite. Regrets, remords, conscience
d’une fin définitive ? Il se remit à écrire ce qu’il souhaita écrire.
Puis il détruisit ces pages tout aussitôt. A quoi bon tant et tout écrire,
ses sentiments du moment et le fruit de son imagination sachant que ce qu’il
écrirait avec le plus grand soin ne serait jamais ni publié, ni connu, ni
compris par quiconque, hormis peut-être quelques proches de ses connaissances
sans doute compatissantes ? Dont Jean, un garçon mince, mutique, aux
cheveux noirs, au regard vif, absolument pas sycophante, un pli boudeur qui
se transformait rapidement en sourire, nez étroit, menton large, un ninas
fiché à la commissure de ses lèvres pâles. Oh oui ! il se souvient de
Jean qui lui donna rendez-vous au carrefour Buci, près du marché aux
fleurs ! Henri se revoit fort bien : il avance comme dans de l’ouate qui
aurait effacé les contours de la rue. Or, il fait soleil ce matin. Mais
aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres ! La rue
Saint-André-des-Arts est gaie. De cette gaieté apportée par le printemps. Il
fait un peu frais en cette période où le soleil oscille entre l’hiver et les
beaux jours. Le ciel du Quartier latin trimballe quelques nuages sans forme.
Tout glisse sur lui, l’ignore, lui le promeneur aventuré dans un monde clos
dont pourtant il ne voit pas la fin. Henri progresse ainsi jusqu’au lieu du rendez-vous, partagé entre
l’envie de le revoir et celle de s’en retourner chez lui. Hélas, personne ne
l’y attend ! Il se sent seul, vraiment très seul, comme tétanisé. Il
attend cependant dans l’espoir de retrouver ce visage qu’il appréciait tant.
Un visage à présent inabordable, de moins en moins précis dans son souvenir.
Une heure durant il demeure immobile, attitude qui intrigue la jeune
fleuriste à laquelle il achète quelques tulipes pour se donner une
contenance, paraître moins seul, ridicule et dépité. -Prenez celles-ci ! Je suis certaine qu’elles lui
plairont ! lui dit-elle avec un gracieux sourire. Une fois achetées, il les contemple et les lui offre. -Je m’appelle Jocelyne… et vous ? -Henri… -Merci Henri ! Je ne suis pas
habituée à ce que quiconque m’offre des fleurs ! Malheureux ? Elle s’aperçoit que ses mains tremblent, nerveuses. -Ma sœur va me remplacer à l’étalage. Venez ! Nous allons
prendre une consommation au « Mazet » ! Henri se laisse entraîner vers ce port où il retrouve le calme dans
ce havre de paix, coupé de la vie extérieure, à l’abri de sa grande
déception. -Le vide, n’est-ce pas ? lui demande-t-elle en fixant son
regard. -C’est exact… Jocelyne. Vous… vous êtes très jolie… vraiment très
jolie. Puis il ajoute : -… La plus belle fleur de tout votre étalage ! Eh oui, il n’est
pas facile de vivre dans ce monde réel dont je pensais m’être retiré, me
perdant en conjectures ! Perdues mes ambitions, celles auxquelles je
croyais fermement, le ventre noué, le cœur battant, le sourire innocent aux
lèvres, l’imagination enfiévrée de possibles !... Combien de jours de ma
vie ressembleront à celui-ci ? Le savez-vous ? -Serais-je donc incapable de vous donner un peu de bonheur ?
Allons Henri, souriez-moi… mieux que cela ! Vous et moi, lorsque nous
sortirons du « Mazet », nous repartirons du bon pied, fermement,
certains d’avoir vécu ces instants de bonheur partagé. Car je me sens
heureuse auprès de vous ! Votre désir de retraite, entre vos murs muets,
ça ne me paraît pas être la solution idéale ! Pour oser sa vie, il n’y a
pas de mais… ceux que je devine, prêts à sortir de vos lèvres ! -J’ignore où j’en suis… Mais ne m’écoutez pas. Je risquerais de
ternir votre si joli sourire tellement lumineux. Vous êtes pour moi comme un
livre ouvert. Comme la lecture est une démarche privée, silencieuse et
solitaire, j’y lis ce bonheur que vous évoquez. Il en est de même de l’écriture…
et j’ai hâte de semer sur le papier tout ce que je ressens en votre
présence ! Jocelyne, vous êtes un ange, vous qui m’avez pris par la
main, moi l’inconnu perdu dans ses pensées moroses ! Grâce à vous,
peut-être que le destin me fera changer de voie et de vie ? Jusqu’à cet instant, il lui semblait que tout ce qui avait constitué
son existence était comme les galets immobiles d’une rivière dans le
ruissellement des saisons. L’impression que le temps émergeait du temps après
une longue plongée sous la surface des heures ; que les événements
regagnaient leur place exacte en revers des blessures qui les avaient si mal
portées. Déjà Henri voit se profiler la fin de ses longues journées
solitaires. L’écriture de fiction à laquelle il s’adonnait serait remplacée
par une existence où il écrirait pour elle, devenue sa réalité, sa muse, le
mouvement qu’elle lui apportera, une forme d’immédiateté. Ce nouveau monde
serait, sans nul doute, désormais à sa portée, né ici, au
« Mazet », dans ses premiers balbutiements. -Non, cette fois je n’échouerai pas ! s’affirme-t-il. Je
réussirai, bon gré, mal gré… grâce à Jean qui n’a pas tenu sa parole. Grâce à
ma petite marchande de fleurs du carrefour Buci ! -… Et vous ? poursuit-il en fixant son regard. Je vois des
îles ; une île merveilleuse où vous iriez cueillir les fruits d’or du
jardin des Hespérides, courant sur les plages émeraudes, grises, violettes et
lapis-lazuli de l’océan… Ainsi, vous avez pris le risque de vous emparer de
ma main, telle une bouteille confiée à la mer qui ne demandait qu’à être
sauvée des furies de Neptune ! Moi, qui suis depuis toujours atteint de
la maladie des lointains : une affection particulière qui me poussait
hors du réel pour me projeter dans un ailleurs où la réalité me semblait plus
vraie que tout ce que j’avais connu. Le besoin de se fuir, vécu comme la
tentation d’une espérance sans espoir, comme un leurre cruel. Ah !
Jocelyne… nous reverrons-nous un jour, hormis dans mes rêves où vous serez
désormais omniprésente, ces rêves qui disent l’indicible ou l’impensable…
parfois l’impansable ? Dès cet instant précis, la vie d’avant lui fut l’effet d’un
brouillon. Elle fut et sera sa réalité et tout ce qu’il écrivit devint
sublime, digne d’intérêt… et lu ! En premier lieu par Jocelyne. Des
pages qu’elle ensemença, qui ont germé dans ses songes à présent partagés,
issus de l’étroite lucarne qui les répand dans le monde. Des pages vraies.
« Nul ne ment autant qu’un homme indigné », écrivit
Nietzsche ! Ecrire, n’est-ce pas hurler sa solitude en silence ?
Indigné, égratigné, oublié, Henri ne le fut plus jamais, les yeux et le cœur
dressés vers le ciel tel un tronc solidement greffé à la terre, s’affinant en
s’élevant, nourri par l’amour. L’amour que Jocelyne et lui apprirent,
indéfiniment… car on n’a jamais fini d’aimer ! Oui vraiment, ce jour-là,
il fit soleil en ce matin de printemps… un jour qui ne fut pas comme les
autres ! Yann VILLIERS |
Les étoiles 230113 |
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Quand il neigeait, maman me disait toujours que c’était le ciel qui
laissait tomber ses étoiles. C’était tout à fait plausible à cause de l’éclat
de ces petits cristaux scintillants qui dégringolaient par vagues de nuages,
en se délestant d’aise, dans notre petit chemin. Et puis, c’est maman qui le
disait… Alors, j’étais partagé entre deux sentiments intenses. J’étais rempli
de joie de voir toute cette neige entassée sur les trottoirs et j’avais une
peur panique de ne plus jamais revoir une seule étoile, dans notre grand
ciel, quand reviendrait la nuit. J’imaginais les étoiles fragiles, décrochées par je ne sais quel
sortilège céleste, en train de quitter leur emplacement avec le souffle du
vent comme seul guide. La culbute, c’était bien le dernier trajet des étoiles
filantes. Les figures imposées, leurs arabesques précieuses, avaient des
insinuations pathétiques de déchues. Elles reculaient l’échéance pénible de
leur abandon, en flottant quelques secondes dans l’air, comme pour
crier : « Regardez-nous, regardez-nous !... C’est notre
dernière mission, nous descendons du ciel pour remplir vos yeux
d’émerveillement !... Avez-vous remarqué toutes les couleurs de nos
mille facettes, les formes abruptes de nos angles et la légèreté de nos démonstrations ?!... » Je capturais quelques fugaces dans le creux de la main mais, comme des
larmes, elles s’évadaient toujours entre mes doigts. Pourtant, je courais
jusqu’à ma mère pour lui demander le nom de l’étoile captive qui battait les
derniers instants de ses blanches pulsations astrales. Inlassablement, je
revenais vers elle avec d’autres prisonnières éphémères. Maman en savait tant
sur le ciel et ses locataires… Comment les étoiles pouvaient autant briller dans la nuit et être
aussi froides dans mes mains ?... Pourquoi j’étais tellement incapable
d’en retenir une vivante ?... Le ciel était donc plus froid que ma main
pour qu’elle ne fonde pas avant ?... Comment le ciel pouvait abandonner
ses meilleures étoiles ?... La voûte céleste laissait choir les perles
de sa robe de vêprée. C’était vraiment un grand point d’interrogation auquel
je cherchais vainement des réponses. N’étaient-elles pas le plus beau parement
de la nuit ?... Toutes ces figures astrales, ces nébuleuses, ces planètes lointaines
avaient leur place dans le Ciel, elles avaient des formes de chariot, de
zodiaque, de constellations et on pouvait passer la nuit à les observer.
C’était des colliers brillants, des joyaux, des diamants, des saphirs, posés
dans l’écrin de la nuit. Dans mes livres de conquête, on disait que les vieux
capitaines et leurs bateaux suivaient les belles étoiles pour retrouver leur
chemin. Et toutes les prières qui montent au Ciel pour rejoindre les étoiles
de nos chers disparus retombaient alors sur la terre ?... Dans ma petite tête d’enfant, c’était un embarras inextricable qui
perturbait mes vérités. La rue n’était plus le rassemblement de flocons
blancs mais elle était jonchée d’étoiles mortes. Et mes petites empreintes
craquantes en étaient une forme de désolation sonore. Je n’osais plus les
attraper pour ne pas qu’elles périssent dans la chaleur de ma main. J’espérais même la fin de l’ondée neigeuse
tellement j’étais mal à l’aise de vivre cette perte cristalline… J’essayais de me rappeler nos belles nuits d’été, celles où je
m’abîmais dans leur contemplation ; je cherchais leur emplacement
fidèle, leur positionnement le plus réel, pour en garder la cartographie dans
un coin de ma mémoire. Parfois j’étais rassuré parce qu’il y en avait tant à
regarder la nuit et parfois j’étais inquiet parce qu’elles ne sont pas
inépuisables… C’est rassurant, une étoile ; c’est blanc
comme la pureté, c’est tangible, c’est visible toutes les nuits pendant qu’on
s’intéresse à elle. Elle est toujours là, comme une amie fidèle à qui on
murmure ses aventures de gamin. Elle clignote ses approbations, toujours
d’accord sur tout ; elle a même des éclats de lumière tapageuse qu’on
veut éclaireurs, fascinants, enrôleurs ! Marcher à l’ombre des étoiles
ou courir sur la voie lactée, c’était dans mes habitudes de gamin. Je croyais
à ma bonne étoile !.... Maman avait semé le doute au milieu de toutes mes croyances neigeuses
d’enfant avec son allégorie alarmante. J’avais vraiment peur que le ciel de
la nuit ne soit plus rempli que de vide. Pourtant, le ciel retrouvait ses
étoiles, toutes, quand les nuits claires revenaient dans le paysage nocturne.
J’étais enfin apaisé mais j’avais l’impression qu’elles étaient autres,
toutes celles qui brillaient dorénavant dans l’espace. Elles étaient plus
lointaines, plus hautaines, plus blanches ou dans un ordre différent, dans
mon entendement. Peut-être que le ciel recrutait d’autres étoiles après la
débâcle de l’hiver. Au fur et à mesure de leur décrochage, sans doute, il
venait s’en poser de nouvelles, des éternelles, comme la neige… Il n’empêche, quand j’étais gamin, le plaisir de voir tomber de la
neige était largement contrasté avec l’angoisse de ne plus jamais revoir
une seule étoile vivante dans le ciel. A l’exaltation magique succédait
toujours l’abattement tragique. Je jouais différemment, mes bonhommes de
neige regardaient ostensiblement le ciel comme des cosmonautes blancs avides de
l’espace, je lançais toujours mes boules de neige dans les airs et je
frottais mes habits avant de rentrer à la maison car maman n’aimait pas voir
les étoiles s’épancher sur le parquet du salon… Aujourd’hui encore, quand il neige, quand les flocons se laissent
prendre un instant dans la lumière orangée des lampadaires, je ne peux
m’empêcher de scruter le ciel de la nuit pour chercher mes étoiles… Pascal. |
L’ESPOIR DE NOS VIES |
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Sur ses ailes gravée la vie Celle impossible à définir, Sur mes ailes s’effacent tout, Mais je me battrai
jusqu’au bout. La course vers ma destinée, À l’arrivée la dépasser, Vainqueur et maître de l’envie, Bercé par les chants de la vie. Grandeur tu seras souvenir, Plus fortes les vagues s’oublient, Se perdent sans jamais mourir. Revient la blancheur innocente, Pâle mais un visage d’ange, Garde un espoir où le cœur bat. Blancheur sombre et revient plus belle, Guérie mais au mal de nos peines, Rend à la vie un peu d’espoir. Stéphanie BONNEVILLE |
Nos « Indes
galantes » |
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Par une belle journée de juillet Claudia, vers la fin de
l’après-midi, cheminait sans hâte au bord du Lac d’Annecy. Elle avançait à
longues foulées, avec un fier port de tête. Une chaude lumière brillait dans ses yeux bleu pervenche. Svelte,
vigoureuse, sûre d’elle, sans fard et sans aucune coquetterie, son regard
errait çà et là, allant des blancs voiliers aux cygnes et aux Monts Veyrier
et Baron, sentinelles du lac. Elle semblait heureuse de vivre. S’appuyant au dossier d’un banc public, elle étouffa un soupir.
Inévitablement sa pensée la ramenait au passé, incapable d’échapper à la
prison de sa mémoire. A mesure que s’écoulaient les jours, un chagrin secret
et toujours croissant s’emparait d’elle, l’envahissait, l’accablant, la
rendant nerveuse. Étrange, énigmatique jeune femme ! Lorsque je l’accostai, elle soutint mon regard et, pendant une
fraction de seconde, ce fut comme si une claire lumière d’été avait traversé
la distance qui nous séparait. Me voyant hésitant, elle m’invita à m’asseoir
à ses côtés. L’un et l’autre, nous fixions le jeu des mouettes à la surface
de l’eau. Pour éviter que le silence nous emprisonne, j’ai su qu’il me
fallait agir vite, poser une question, même banale, lancer une phrase égarée
dans ma mémoire, une allusion au magnifique paysage qui nous entourait. En
tout cas, pas de questions la concernant directement qui auraient pour but de
dévoiler ce qui la rendait à mes yeux si mystérieuse. -Cher inconnu, je devine votre interrogation ! entama-t-elle. Je
me revendique solitaire et heureuse de l’être. Solitaire, cela signifie sans
compagnon ni compagne, sans pour autant faire triste mine malgré mon
éventuelle apparence. Divorcée depuis… disons quelques années. Divorcée, je
crus avoir soldé au destin cette dette de misères humaines que chacun
contracte en naissant. Je me leurrais, apprenant que les calvaires, ceux des
hommes comme ceux de Dieu, ont des stations renouvelées ! Depuis, je
suis seule : pour moi, la vie est beaucoup plus facile qu’en
couple ! J’étais l’épouse parfaite d’un homme qui ne me regardait pas,
ne m’estimait pas. Nous formions un couple que devaient admirer, envier nos
proches, alors que je m’étiolais. Cependant, du jour où j’ai demandé le
divorce, j’ai su que ma route ne serait pas facile ; que j’allais me
retrouver face à moi-même, sans véritable métier, sans ces amis qui
gravitaient autour de nous. J’ai dû affronter le vide. Je devins la femme par
excellence soumise au fatum ! Mais à présent je savoure ma solitude.
Surtout ne fantasmez pas ! me lança-t-elle en souriant. Pas question de
me réinstaller avec le premier venu –que vous n’êtes pas- de me perdre
moi-même uniquement pour ne plus être seule ! Jamais je ne me suis sentie
si bien ! Si pleine, si ouverte aux autres, aux arts ! Je n’habite
pas à Annecy. Si amoureuse de ma solitude que j’ai mis une bonne distance
entre le hameau que j’habite et la ville. Je vous le confie : Aviernoz,
non loin de Thorens-Glières. Mon luxe ? C’est le paysage que la
Haute-Savoie m’offre, tellement changeant selon les heures du jour, de la
nuit et des saisons. Et ce lac qui est mon confident. Je communie ainsi avec
la nature. Alors j’oublie tout, je suis sans contraintes… une vraie chance,
n’est-ce pas ? Elle poursuivit son monologue, sans doute heureuse de parler à une
oreille attentive. Vraiment attentive ? Je me suis mis à réfléchir sur
le peu que j’avais appris d’elle. Je ne mis pas en doute sa sincérité. Ne
sommes-nous pas tous en recherche d’une telle solitude ? Mais est-il
vraiment possible d’être heureux, épanouis, sans être entourés ? Ne nous
mentons-nous pas à nous-mêmes en affirmant avoir choisi délibérément cette
voie ? Vivre seul, se retrouver de longues heures, chaque jour, des mois
et des années, face à soi-même… à moins d’avoir la vocation d ‘un trappeur du
Grand Nord canadien ou d’un gardien de station météorologique de l’île
Tromelin ancrée au fin fond de l’Océan Indien ? Négative, la
solitude ? Elle a le goût amer qui rappelle nos angoisses d’enfant, les
premiers abandons de notre adolescence. Non vraiment, je ne me sens pas
capable de vivre seul ! Pourtant la vie actuelle fait que chacun de nous
l’est ou le sera, de plus en plus souvent. Cette vie, qui s’est allongée,
complexifiée, nous déstabilise souvent, nous force à toujours recréer notre
monde personnel. Réinventer… et cela nous fait peur ! -Cher inconnu, vous me décevez, coupe-t-elle. -Pour être moins inconnu auprès de vous, je vous confie mon
prénom : Henri. -Soit ! Je retiens Henri… Donc Henri, j’ai vu dans votre regard
que je pourrais vous faire confiance. Aussi je vous ai convié à prendre place
à mes côtés. Or votre esprit est ailleurs, envolé bien au-delà de ces
montagnes… -Excusez-moi Claudia ! Je réfléchissais à la solitude. A notre
solitude, car je suis également seul. Mais pas totalement. C’est mon métier
qui m’impose cette vie alors même que je suis très entouré, vivant au sein de
la 2e escadre de chasse de Dijon-Ouges-Longvic. Je n’ai pas encore
eu le loisir de me poser quelque part pour m’y fixer définitivement ! A
vrai dire, j’ignore si j’aurais la capacité de vivre épanoui dans une telle
stabilité, avec un seul conjoint, des enfants à problèmes, dans la même
région et ce, jusqu’à la fin de mon séjour terrestre. -Incapable de vivre la fidélité ? Savez-vous que le véritable
amour, entre un homme et une femme, efface cette angoisse de
l’infidélité ; qu’avec lui la vie n’est pas un boulet à traîner, une
prison ? Encore faut-il l’alimenter cet amour, le régénérer, le
rajeunir, l’émerveiller… -Un amour qui, me semble-t-il, vous a fait défaut. -Je le reconnais. Il ne m’a pas… divertie. En son temps Blaise Pascal
pensait ceci : « J’ai découvert que tout le malheur des hommes
vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une
chambre. On ne recherche les conversations et les divertissements des jeux
que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. » C’est ce dont
je jouis à présent, ce besoin de vivre heureuse en étant seule. Le mariage ne
me procura pas ces instants de solitude pendant lesquels je me serais
« divertie » pour moi toute seule. Pour ensuite réapparaître
revivifiée dans mon couple. Me comprenez-vous ? Me divertir, ça n’est
pas m’enivrer de loisirs, voyages, ces bruits de fond qui effacent notre
malheureuse condition humaine, qui envahissent notre besoin de silence. Je
reconnais que la solitude n’est pas une thérapie toujours efficace, car elle
a ses langueurs, ses terrains vagues où je me sens perdue, parfois même
paniquée… -C’est ce que nous ressentons lorsque nous nous trouvons brusquement
dans une situation où, après le maelström de la vie sociale, nous nous
sentons seuls, sans en jouir vraiment. Lorsque nous nous interrogeons :
et si je ne pouvais plus me raccrocher à quelque chose ? Et si je
n’avais plus de recours en dehors de moi ? Mais aussi, quelle
satisfaction de maîtriser ces moments d’angoisse et de doute ! -Question de persévérance ! Je ne suis pas prête à brader ma
solitude. Je préfère m’en servir comme d’une arme, un bouclier. -Cela mérite une explication ! -Eh bien, s’il m’arrive de pleurer –avec ou sans raison- je sais par
expérience que ça ne durera pas ; qu’après je me régénérerai. En
omettant de me comparer aux autres ; en ne fantasmant plus sur le
prétendu bonheur d’être à deux ou en famille auprès de ceux qui m’entourent…
Eux aussi ont des hauts et des bas ! Non, vous et moi, nous ne sommes
pas des anomalies : mais des êtres solides, disponibles. Aux autres.
Mais aussi à tout ce à quoi nous avions abandonné dans le passé, comme la
musique, la peinture, l’écriture. Henri, me dit-elle en fixant mon regard,
nous sommes tous les deux à bord de la même caravelle, un vaisseau
insubmersible, désespérant de voir surgir de notre horizon
nos « Indes Galantes » que nous rendrons bien plus vivantes et
distrayantes que celles de Jean-Philippe Rameau ! Deux ans après leur première rencontre sur les rives du Lac d’Annecy,
Claudia et Henri unirent leurs solitudes, heureux de se retrouver après des
absences professionnelles qu’ils supportèrent de plus en plus mal. Leur
véritable vie à deux débuta avec leur retraite : alors ils
construisirent leurs « Indes Galantes », partageant un rêve
merveilleux qu’on appelle l’amour. André-Pierre Roussel |
LA LETTRE |
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C’était un homme simple qui vivait seul depuis la
mort de sa femme, il y a dix ans. Il était marginal depuis ce jour où sa femme fut enterrée au cimetière non
loin de l’appartement insalubre où ils vivaient. Il avait fait un enterrement
très simple car il était pauvre, vivant sa misère au jour le jour ; même
son métier d’artisan ne l’aidait pas à subvenir à ses besoins. Il s’en
voulait de ne pas avoir une vie normale. Un jour,
Antoine, comme par hasard reçut une lettre qu’il examina pendant une bonne
dizaine de minute. Puis il se décida à l’ouvrir et il aperçut en haut à
droite de la lettre : Pour M.
Alpha Claude 37 rue du Palais BETA-VILLE Antoine fut
surpris quand il découvrit que la lettre ne lui était pas destinée. Il voulut
la ramener à la poste mais il changea vite d’avis lorsqu’il lut le contenu de
la missive : le maire de la ville offrait une invitation à une soirée le
jour même. Il se dit qu’il devrait aller y faire un tour et voir ce que cela
donnerait. Le soir
venu, il arriva devant la porte de la mairie où plusieurs personnes se
dressaient, vêtues très élégamment. Antoine avait mis le costume qu’il
portait lors de l’enterrement de son épouse, dix ans auparavant. Il entra
dans le hall et se dirigea vers la salle principale où se tenaient des gens
fortunés ; il s’approcha d’une table où l’on avait préparé un magnifique
buffet lorsqu’une personne l’interpella, c’était le maire. Ils se serrèrent
la main et commencèrent à discuter. Il décida de passer la soirée à la mairie. Il causa
avec un patron, un syndicat de la police ou encore avec une avocate. À la fin
de la soirée, il rentra chez lui, se déshabilla et vit sur la table la lettre
qui lui avait permis de passer une soirée formidable auprès de personnes
fortunées alors que lui n’était qu’un petit artisan. Il se coucha et
s’endormit de suite. Le
lendemain matin, il se leva de bonne heure pour aller chercher le journal
qu’il prenait quotidiennement. Arrivé au kiosque, il fut surpris de voir que
tout le monde se ruait sur les journaux alors que d’habitude il n’y avait
personne. Lorsqu’il vit dans le journal que le Maire, un syndicaliste, une
avocate et un patron étaient morts dans de mystérieuses circonstances, il
devint blanc. Après un instant de réflexion, il prit son journal et rentra
chez lui. Il se
demandait pourquoi la mort avait frappé ceux qu’il avait côtoyés durant la
précédente soirée. Il repensa à cette fameuse lettre qui ne lui était pas
adressée. Il se dit que s’il ne s’y était pas rendu, il ne se sentirait pas
aussi concerné. D’un coup de rage, il prit la lettre et commença à la brûler
dans la poubelle. Antoine se
mit alors à respirer difficilement, il sentit ses jambes trembler et le
quitter. Il se sentait mourir …
Julien COUTANT |
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MOTS CROISES |
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