SOMMAIRE
DE LA CAUDRIOLE N° 4
Octobre Novembre Décembre
2002
Illustration BD |
Patrick
MERIC
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Mise au point
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Paule
LEFEBVRE *
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XXX
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Evocation "Anne CAUDRY" |
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SPECIAL JEUNES |
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Ecole F.Buisson de Cambrai
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ADULTES |
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HUMOUR |
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NOUVELLES |
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* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire. |
MISE AU POINT |
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Aux auteurs de textes à paraître Pour des raisons évidentes d’économie, nous
procédons par photocopie. Nous retrouvons donc dans leur intégralité toutes
les fautes d’orthographe, ou autres, laissées sur le papier original.
L’auteur présumé en assume la responsabilité. Si les textes sont remis à temps, il peut se faire
qu’ils soient contrôlés. Dans ce cas la faute détectée peut être corrigée,
mais le papier est hélas à refaire. En a-t-on le temps, la possibilité ?
J’engage les auteurs à se faire contrôler par leur entourage afin de limiter
les dégâts. Merci !
Aux amis qui s’intéressent à nous
J’aime à rappeler le but de cette publication. Il serait prétentieux de vouloir avec elle former
des écrivains. D’ailleurs sur quels critères ? Avec quelle formation ? Cela
nous entraînerait trop loin et manquerait son but qui est, précisons le
encore, de permettre et d’inciter tout un chacun à s’exprimer, à s’ouvrir à
la culture, aux autres, à la discussion. La revue restera modeste mais de
bonne qualité. Elle sera un lien entre les âges, entre les couches sociales,
entre les lieux. Nous recrutons déjà, outre Caudry, à Douai, Cambrai, Ligny,
Bertry, Clary, Avesnes, etc…
Bienvenue à ceux qui nous rejoindront. PAULE LEFEBVRE |
PALMARES
2002
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Ont été distingués à
plusieurs reprises par les sociétés littéraires suivantes : v
Le
CEPAL (Centre Européen de Promotion des Arts et des Lettres) v
L’ALF
(Arts et Lettres de France) v
Les Rosati Félicitations à : Ø
Geneviève BAILLY Ø
Daniel CARLIER Ø Gisèle HOURIEZ Ø Jean-Claude LAMPIN Ø Paule LEFEBVRE Ø Eloïse OLIVIER (Luciolle) Ø Jean-François SAUTIERE Ø Yann VILLIERS |
PETITE
CHRONIQUE LITTÉRAIRE |
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Vous souvenez-vous d’Anne CAUDRY ?
( 1957 - 1991 )
Mais oui... cette petite-fille du grand romancier
Georges BERNANOS !... Le plus jeune fils de Bernanos, Jean-Loup, avait
épousé une Caudrésienne, Brigitte PATTE - la famille PATTE habitait dans le
bas de l'avenue Jules Guesde. Notre petite ville fut à l'époque très sensible
à cet heureux évènement. Le couple de Jean-Loup et Brigitte eut quatre
enfants, lui aussi, et Anne fut fille unique, entrourée de trois frères. Elle
passe son bac, fait des expériences sociales auprès de jeunes, devient
étudiante en psychologie à la Sorbonne. "Belle, séduisante, toujours insoumise ou
révoltée, mais aussi fragile... d'une pudeur extrême, inquiète du regard des
autres"... elle ne pouvait que "tomber" dans le spectacle...
Des téléfilms : "le passage du Tassili", "la
métamorphose"... des films : "confidences pour confidences",
"Oublier Venise"... du théâtre : "l'Arlésienne",
"l'Avare" avec de Funès, "les Hauts de Hurlevent " avec
Robert Hossein... Elle fut surtout inoubliable dans "Le Dialogue des
Carmélites" monté pour la télévision et où elle jouait avec Nicole
Courcel. Elle était Blanche de la Force... Victime d'une méchante maladie, elle est partie trop
tôt, ravie à l'affection de ses admirateurs et de sa famille. De grands noms lui ont rendu hommage : Hossein, de
Castillo, Jacques Chancel... Pour ne pas "voler" son nom à son illustre
grand-père, elle avait voulu prendre pour nom de scène, celui de la petite
ville de sa maman. Caudry ne l'oubliera pas... Article composé à partir du cahier - Souvenir
"Anne Bernanos". D. LEPRETRE. |
J’ AI TROUVE ... |
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J’ AI TROUVE Dans une boîte à
élastiques J’ai vu des
bouchons plastique. Tout au fond de
l’aquarium Nageait un petit
bonhomme. Au milieu du
grand bassin J’ai trouvé un
petit lapin. Sur mon petit nid
de merle J’ai posé des
petites perles. AMANDINE BENABBOU J’AI TROUVE J’ai trouvé
quatre coquillages Sur le sable
blanc de la plage. J’ai vu un bouton
de pantalon Dans un gros
carton marron et rond. J’ai ramassé des
mosaïques Sur la table du
pique-nique. HUGO BOUDANT J’AI TROUVE Dans le lit de
poupée J’ai vu un bout
de papier. Sous le sac de
maman Dormait un petit
chien blanc. Accroché dans mes
cheveux Un tout petit
chat bleu. THOMAS AMARA J’AI TROUVE Sur une belle
plage J’ai trouvé un
coquillage. Dans la cheminée
qui fume Volaient deux
petites plumes. Et sous le grand
sapin J’ai trouvé une
pomme de pin. THIMOTHE POTINET J’AI TROUVE Sous ma p’tite
assiette J’ai vu une
noisette. Sous mon gros
capuchon J’ai trouvé un
bouchon. Au fond de ma poubelle Une grande
gamelle. CASSANDRA DUPONT J’AI TROUVE Au fond de la
boîte à gants Une chaussure
transparente. Tout le long de
mes cheveux J’ai noué des
rubans bleus. Tout au fond de
l’aquarium J’ai r’trouvé mon
p’tit bonhomme. ESTELLE CANO J’AI TROUVE Au fond de la
poubelle Un objet de Noël. Sur la branche du
sapin Une règle à
dessin. Dans le sac du
coureur Une très belle
fleur. JULIE DANNOOT J’AI TROUVE J’ai trouvé une
pièce abîmée Que j’ai vue dans
un champ de blé. J’entends le téléphone
qui sonne A côté du
trombone jaune. J’ai donné une
bonne glace A mon frère sur
la grande place. ARNAUD DHUIN |
Ô
LARME... |
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Comme
une petite rivière, Tu ruisselles le long de ma joue, C'est vrai, je ne suis pas fière, Te voilà arrivée au cou. Aujourd'hui, j'ai fait des bêtises, Tu tombes sur mes genoux, Que veux-tu que je te dise ? Te voilà par terre ! Petite larme, tu t'évapores... C'est vrai, j'avais tort ! Ecole Saint
Michel Caudry
Groupe
6-8 ans |
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DANS LA
NATURE |
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Il était une fois dans la nature, Il y avait plein de fleurs de toutes les sortes, J’ai décidé d’en prendre une pour ma maman Mais il y en avait des centaines, alors j’ai fait Un choix pour choisir la plus belle de toutes. Quand je suis rentrée chez moi, je l’ai donnée à maman Qui était très contente. Je lui ai dit : - << mets la rose dans l’eau, sinon elle va faner ! >> Maman a pris un petit vase pour la mettre dedans avec de l’eau
froide. Au fil des jours ma maman a pris très soin d’elle. Elle changeait l’eau tous les jours pour que la rose sent très bon. Un jour, maman a oublié de changer l’eau et la rose a fané… Maman était toute malheureuse car c’est moi qui lui avais offert. Je lui dis : ·
<< Ne sois
pas triste, j’irai t’en chercher une plus belle. >> Le lendemain, j’ai été lui en chercher une plus jolie encore. SOPHIE,
14 ANS |
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Au Lycée (parodie de Ton Invitation – Louise Attaque-) |
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J’me suis r’trouvé par erreur En cours de français J’étais en train de pioncer L’prof m’a crié dans les oreilles J’ai pas su pourquoi Donc j’ai l’vé les bras en l’air J’me suis fait jeter dehors et C’était du pareil au même Alors j’me suis tiré en perme Et là j’ai foutu l’bordel J’y ai laissé un goût amer Et j’me suis r’trouvé par terre Alors comme j’avais la dalle J’allais au distributeur et Il m’a bouffé cinq balles Et m’a r’craché un Snickers Toudoudoudou Toudoudoudou Après la sonnerie d’récré J’ai été r’trouver mes potes Alors on a joué à draguer et On s’est pris un tas de carottes Alors on a été boxer On s’est fait ratatiner Ils étaient beaucoup plus nombreux On s’est tiré comme des bleus J’me suis r’trouvé par erreur Au milieu d’une baston Autour d’un tas de boxeurs Assis par terre j’avais l’air con Toudoudoudou Toudoudoudou J’me suis r’trouvé par erreur Au milieu de la cour Avec une tâche sur mon jean Assis par terre j’avais l’air couche Toudoudoudou Toudoudoudou Après m’être caché Je suis r’tourné en français Et le prof m’a bien mâté Parce que bien sûr j’écrivais Et le prof m’a bien mâté Parce que j’foutais pas l’bordel j’venais d’me prendre la risée Alors je travaillais nickel Mais le lycée c’est trop mortel… Floriane
Kurowiak Décembre
1998 |
CEUX
QUE J'AIME… |
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LE MĒTRONOME Cours,
cours, ne t'arrête pas Vois
tous ces gens qui
t'encouragent Cours,
cours, et pas à pas Tu es
l'emblème du courage Va,
va, cherche la victoire J'entends
au loin ton
cœur qui bat Va,
va, rempli d'espoir Mon
frère, je suis auprès de toi Et
dans les derniers mètres, l'apothéose Tu
franchis la ligne d'arrivée Sur
le podium, vainqueur, tu
prends la pause C'est
pour courir que tu es né !
PETIT
BONHOMME. Il
est Cinq heure petit bonhomme Lève-toi… Prépare
ses lignes et son casse-croûte Et puis s'en va… En sifflotant tout doucement Le cœur léger Petit bonhomme tranquillement S'en va pêcher Assis au bord de l'eau Les yeux plein de malice Même s'il ne fait pas beau Les poissons sont complices Avec sur sa tête Toujours sa casquette Jamais il ne s'arrête Pour lui, c'est une fête ! Angélique |
LA RONDE |
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Ronde la bouille du bébé, de l'enfant qui grandit, qui s'affinera peu à peu au fil des ans, faisant de cet être un adulte et qui mis au défit, se verra peut-être obligé, si ce n'est pas suffisant, comme la lune, parfois n'être qu'un croissant ! Ronde, aussi la danse dans la cour de l'école, où on se donne la main en toute amitié, sur des musiques sorties de notre folklore, maladresse émouvante des gestes d'un enfant rempli d'une envie de vivre, dont il peut être spolié. Ecoutons les messages comme ceux de Monsieur JACKSON, qui donnent aux gens de bonne volonté, d'ethnies et de races différentes, l'envie de faire que la vie entre nous tous, soit générosité, compréhension et bonne. Ronde aussi, la terre, superbe de paysages : la planète bleue, celle sur laquelle nous vivons, mais qui ne sera pas à eux, ceux qui n'ont pas compris qu'il ne faut pas abîmer, parce que d'autres aussi, avec leur petite bouille ronde auront envie de respirer, de voir, apprécier et aimer ce que DIEU a mis entre nos mains : LE MONDE.
MARIE - JOSE
WANESSE |
LES PETITS BONHEURS |
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Le sourire d’un enfant, qui vous ouvre son cœur, Des perles de rosée, sur la reine des fleurs, BONHEUR ! La saveur d’un fruit mûr, l’odeur du pain doré, Un ciel pur bleu d’azur, un courrier espéré, BONHEUR ! Le téléphone qui sonne, l’amitié que l’on donne, Un livre qui étonne, la chanson qu’on fredonne, BONHEUR ! Une main qui se tend, juste au bon moment, Un silence sans reproche, disant que l’on comprend, BONHEUR ! Une pluie bienfaisante, des senteurs odorantes, Un chaton qui ronronne, les couleurs de l’automne, BONHEUR ! Un chagrin apaisé, la douleur qui s’arrête, La douceur d’un baiser, le chant de l’alouette, BONHEUR ! Ces mille petits que l’on dit « riens », Sont des divins présents, offerts au quotidien. Chez moi la porte est toujours grande ouverte, Pour faire entrer à flots cette manne d’amour, Gracieusement offerte, CHAQUE JOUR, CHAQUE JOUR, CHAQUE JOUR……..
THERESE
FABIAN DECHY |
L’ARTISTE DE L’AMOUR |
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SAGE RESIGNATION |
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Comme un pur soleil dont l’absence Ne réchauffe que le regret Ainsi, fluide évanescence, Votre amour, pour deux sous, pas prêt. Et voyez-vous, je le déplore, Moi qui n’envisageais que vous… Cette grâce qui vous honore Présageait tant de vos atouts ! J’ai rendez-vous, douce rengaine, La nuit, en rêve, entre vos bras. Mais j’ai le cœur en quarantaine A force de n’y être pas. Si peu de ciel à ma fenêtre Manquait pour éclaircir mon jour ! Vous seule auriez été, peut-être, Le bleu promis à notre amour. Hélas ! l’histoire est sans parole Et sans cet humour décalé Dont seul, peut-être, je rigole Mon espoir s’en serait allé. Ah ! sourirez-vous, indécise, Si je vous déclare à présent Que, plus fort que la tour de Pise, J’avais pour vous un vrai penchant ? Cependant, trop fou ou trop sage, J’accepte de marquer le pas : J’attendrai donc votre message Que j’espère, avant le trépas. Qu’importe, distante ou distraite, Je vous laisse la liberté Dont je veux, fût-elle imparfaite, Jouir aussi, sans aparté.
JEAN -
FRANCOIS SAUTIERE |
LE GRAND PARDON (Vers libres ) |
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Jadis, les demoiselles portaient de blancs jupons, Et puis un balconnet, voilant leurs seins menus, Et quand elles valsaient dans les bras des garçons, Elles baissaient les yeux, pudiques ingénues. Et puis avec le temps, s’étant émancipées, Les filles supprimèrent ce soutien superflu, Jugeant ce voile austère, cachant la vérité, Elles se libérèrent, exhibant leurs seins nus. Les jouvenceaux, dès lors, goûtèrent le bonheur De tenir dans leurs bras ces merveilleux joyaux ; Ils glissèrent leurs mains doucement sur ces cœurs, Ces fruits de la nature, sans pépins ni noyaux… Alors, s’enhardissant, jouvencelles grisées, Otèrent le jupon, se trouvant plus à l’aise ; Les jeunes gens ravis, et quoique médusés, S’empressèrent d’aider ces filles aux yeux de braise. Bientôt l’on entendit, dans les sous-bois feuillus, Des cris et des soupirs, puis des mots insolites, Que toutes ces jeunettes, sans plus de retenue, Prononçaient dans l’ivresse de plaisirs illicites. Face à cette débauche de luxure éhontée, De nombreux nouveaux nés pleurèrent en ce temps ; Dieu envoya sur terre des étuis de dragées Afin de limiter ce peuple en excédent. - Dragées pour jeunes filles, à croquer chaque jour, - Etuis pour jeunes gens, moulants et bien lustrés, Obtinrent grand succès dans les jeux de l’amour : Il y eut moins de pleurs dans les maternités… Et Dieu, dans sa clémence, ne put que pardonner : - Songeant qu’Adam et Eve, il y a très longtemps, Au plaisir d’être nus n’avaient pu résister - Il modifia le texte des dix commandements. GISELE HOURIEZ - MACAREZ VERTAIN Extrait de « L’AUBE DES POETES » 2ème prix néoclassique 1999 |
AUX FEMMES
COURAGEUSES |
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Vous qui élevez
vos enfants En les aimant
tant Vous avez tant à
leur offrir Et vous faites ça
avec plaisir Seules c’est très
dur Surtout après une
rupture Les enfants ne
comprennent pas Quand on leur
explique cela Ils voudraient
savoir pourquoi Leurs parents ne
sont plus sous le même toit Malgré les
explications qu’on leur dit Ils ne
comprennent plus leur vie Malgré nos ennuis
et soucis Jour et nuit nous
voici Après tous nos
doutes Nous continuons
notre route On se bat tous
les jours Pour qu’il reste
de l’amour Car nous avons
été abandonnées Sans pouvoir
s’expliquer On nous dit
souvent De prendre notre
temps Mais les années
passent Et il y a un vide
qui se place
MARYSE MARECAILLE |
POEME sans puits |
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Il n’y a pas de puits Que les naseaux des bêtes habitant l’abreuvoir Que les jours de pluie dans la rumeur insaisissable Entrecoupée de terre brune appelant le soc Que le porteur de seaux affairé dans son pas Que les portes cochères dissimulant la source apprivoisée Pour qu’une femme joue Que l’enfant qui se baigne dans marelles d’eau Que l’écrivant qui fait de l’aube une margelle Que son sourire humide que sa soif étanchée par la parole fluide MURIEL VERSTICHEL |
LA LUNE
MONTE EN LACETS |
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La lune monte en lacets Vagabonde et nue Pour partir Œillets de lettres Elle ne paie pas son poids Quelle ironie ! Un œil de noix lunaire Dans la vaisselle Des spéroïdes Et la bille somnambule Monte sans culture Ni gage ni fortune Une franchise désarticulée Aux nuances d’étoiles S’aliène d’affliction Elle danse comme un bibelot Dans un chemin bavard Sans domicile ni vide Et rode dans les maisons Entre les rideaux de trèfles Avec sa malice fécondée La lune monte en lacets Elastique et nue Pour revenir. SAINT – HESBAYE |
MON INCONNUE |
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Les matins bleus
d’impatience Tremblent à la
lumière des blés fauchés Les vents
coulent, longues processions, dans les torpeurs blotties Les buissons ont
peur au pays où je crève pour toi : Mon inconnue
fragile La ville rit
impudique, néons étoilés Rivière de
lumières où les gens s’agitent dans leurs terriers Les trains
s’enfoncent dans une nuit fumeuse Colonnes d’espoir
disparaissant dans le brouillard des songes Les chansons
s’étouffent vite au pays où je crève pour toi : Mon inconnue
adorée Les fleurs
troublées par leurs derniers instants, Oublient de
pavoiser Les images se
gèlent dans un dernier concert d’éclaboussures Sur le chagrin
irisé Les chiens se
font écraser au pays où je crève pour toi Mon inconnue
adolescente HERTIA - MAY 1975 |
L’HISTOIRE DES DENTS |
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Comme il est doux, l’âge sans dents ! Et tendre ! Et tête-lait ! Tout de gencives roses Et d’amour sans paroles ! Bien peu à dire, il est si court ! Puis vient celui des cris perçants, Age de chute et de repousse, De souris grises qui commercent Un tout petit ivoire sur le seuil de leur trou ! Sourires ébréchés, gros chagrins édentés, C’est l’endiablé printemps des dents ! Ah ! Qu’il est fou, Qu’il est tout fou, qu’il est chien fou, Cet âge des canines ! Age de viande crue et d’amours mors aux dents, De crocs pointus et de passions ébouriffées ! Ah ! Qu’il est fou ! Qu’il est fou ! Trop tôt, un peu sournoisement peut-être, arrive, L’âge des appétits carrés, Des caries solidement assises. C’est l’âge du dentiste et celui des molaires, Des amours digestives et des dents grisonnantes ; C’est le temps des combats et des belles carrières, Du rire triomphant, quelquefois un peu jaune ! Puis sages, trop sages, Voilà nos dents qui se déchaussent, Pour ne pas déranger, Comme des pas au seuil de quelque temple ! Chut ! C’est l’âge de sapience, Celui de la tendresse et des petits enfants, Mais aussi, parlez bas ! C’est celui des dentiers ! Enfin, lentement, sur la pointe des pieds, vient, Un âge de mâchoires canoniques Qui craquent et grignotent Des amours émoussées, Entre des souvenirs sans dents. Chers ancêtres chenus ! Que tendrement vous bercent, Vos beaux jours de jadis à l’ivoire éclatant ! HENRI
LACHEZE - 1998 - |
EDVINETTES |
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1 I-a six
grosses mémères qui s’ mettent in d’zous d’un tout tiot parapleufe et, i n’
n’a pas inne ed
fraique. Pourquo ? 2 Quo qu'
ch'est qui pind, qui perlipind, qui tape du cul pour rintrer d' dins ? 3 Combin
qui mesure el diamète d'inne boudenne ? 4 Inne
Francaisse sans poitrine in dit : ch'est inne planque à pain ! Et pour inne
Algérienne, quo qu'in dit ? REPONSES 1 pace qui n' pleut pas ! 2 un siau dins ch' puche
! (puits) 3 ch'est un tro d' vingt !
(d' vinte, ventre)) 4 ch'est inne planque à
voile ! DANIEL CARLIER de LAMBRES - les - DOUAI |
L’EURO... |
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TOUDIS L'EURO
Alors et l'Euro ?
Jouque vos vos in sortez ? Dins les boutiques in fait la queue, aveuc tous
les gins qui païtent cor aveuc d'l'argint frinçais et à qui y feut rinne ed
s'euros. L'eute jour j'aveus jusse un journal
à païer. Pas d'vint mi, inne finme, pou régler ses commissians al a posé su l'tapis
un moncheu d'pièches ed chonque et dix cintimes frinchais ! L'caissière, oh
pardon j'm'escuse, in dit "hôtesse de caisse" ça fait pus distingué
! Comme y n'd'a inne qu'al m'a dit : "j'ai quingé d'nom mais au bout du
meus je n'd'ai pos d'pusse dind min porte-monno !" Du qu'je n'd'éteus ?
Ah ouais, l'caissière al feuseut inne dreule ed terte. Y'a fallu qu'al compte
les pièches et pas d'sus le marché al deveut les r'compter au soir avint
d'rinne es caisse à sin patron ! A vir les billets d'chonque cints
frincs qui arriv'tent dins les boutiques in peut croire qui n'd'aveut
d'intassés dins les bouleuses dins certains guerniers. C'areut été pus simpe,
comme in Allemane, d'décider qu'à partir du 1er jinvier in
n'poveut pus païer qu'in euros. Coù qu'y a d'imbétint c'est qu'quind in n'a
pos ses linnettes c'n'est pos facile d'lire les chiffres su les nouvelles
pièches, surtout qu'des pus tiotes al val'tent queuques feus pus cair qu'des
pus grinnes ! L'ZEUROS SONT A-RRIVÉ-É-ÉS Pou bocop d'gins in Europe, mais pos
pou l'z'inglais bé sûr. Non seulemint y roul'tent à geuche in pusse y beutent
du thé à plouque ,y ming'tent de l'vinne bouillie aveuc des dreules ed
seuces, in n'veul'tent pos compter aveuc el systinme métrique… Alors pou
abindonner leu monno !! Y fara bé qui z'y vi-inn'tent ! Din l'fond çà n'est pos pus compliqué
qu'aute quose. Y feut quind minme faire attintian. J'aveus acaté eul trinte
et un décimpe de l'vi-inne et inne paire ed saquos al boucherie. Je n'daveus
pou dins les deux cints frincs. Je n'sais pos çoù que l'boucher y'a patriqué à s'machine à carte bleue. Mais
y m'a débité pou 1700 frincs su min compte. Y'aveut tapé 200 et des euros à
l'place ed des frincs. Çà feuseut cair l'kilo d'rosbeef. In pusse y n'a pos
su annuler l'erreur. In pusse y'a oublié de m'rinne em'carte bleue ! Sin vosin qui tié un bistrot y'a
débité tout l'journée des cartes bleues in euros au lieu d'frincs. A çoù qui
paraît qui feut qui rimbourse pus d'dix mille frincs à ses cli-ints !
Batisse, li, comme y alleut à l'école dins les courts jours, y mélinge tout.
Non seulemint y'a fallu y'acater inne machine pou savoir cobé çà fait in
inciens frincs parce qu'y n'a jomais voulu compter in nouvé frincs ! Je n'vos
dis pos l'ouvroche !! Y finira bé par y'arriver comme tout l'monne ! Jean-Pierre
LEFEBVRE |
L'SUPPOSITOIRE |
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V'là
huit jours, ej'souffros d'inne assez forte angine J'sus
allé consulter min viux méd'cin traitant Qui,
tout in souriant, m'ausculte et m'examine Pis,
pindant qu'je m'rhabill', me dit in écrivant : "Cà
s'guérit en moins d'deux. Je vais t'prescrire… écoute Un'fois
tout's les deux heures un'pulvérisation ; Trois
ou quat'fois par jour, dans le nez, quelques gouttes "Ah,
non je n'saros pas mette in suppositoire Ch'est-i
l'tro qui est trop p'tit ? l'suppositoire trop gros ? In
tout cas, à chaqu'fos, Docteur, j'vous prie d'm'croire Avant
d'trouver ch'passache, i est fondu dins mes dogts ! Pourtant
qu'i m'dit ch'méd'cin, il faut qu'tu persévères, C'est,
contre les maux d'gorge, un bon médicament. Aussi
je te conseill' de l'mettre au frigidaire Pour
le rendre bien ferme, une heure avant l'trait'ment. Le
moment arrivé, afin que la chose puisse Entrer
sans obstruction dans le précieux canal Tu
mettras un peu d'huile autour de l'orifice Et
je te garantis qu'le succès s'ra total !" L'praticien
m'donne congé sur ches bielles parol's Après
m'avoir serré, bin sûr, inne peugnée d'main "Allez,
arvoir, merci, Docteur, que j'dis à ch'drôle j'm'in
vas essayer chà et j'vous dirai quoi d'main !" L'lind'main,
ch'méd'cin vot v'nir vot'serviteur, livid' J'avos
l'air misérape et in arrièr' j'penchos. Min
mintiau boutonné, mais aveuc inn'manch'vide In
arot vraiment cru, qu'j'étot dév'nu manchot ! Mais
que se pass't-il donc, tu fais un'de ces têtes ? Le
trait'ment qu'j'ai prescrit ne t'a donc pas fait d'bien ? Ah
non, eq'j'i réponds, j'l'ai suivi à la lette Mais
j'cros bin qu'vous allez m'imm'ner au chirurgien ! Pour
l'avoir bin suivi, à ch't-heur' j'in ai inn'bonne : J'ai
eu bin des misér's à mett'min pardessus. Et
m'femm' n'a mêm'pas su arboutonner m'maronne ! Heureus'mint
qu'elle a pu mett'mes bertell's aud'ssus ! Comm'vous
m'l'avez d'mindé, j'ai tout imbibé d'huile J'ai
pris l'suppositoire dins l'réfrigérateur. Tout
étot bin glichant comm'el piau d'inne anguille J'ai
attaqué m'n'ouvrach'in mettant tout min cœur. J'ai
arpéré sans mau el'mitant d'min derrière Et…
Flouc ! j'ai fait rintré ch'bazar du premier cop Seul'min,
ed pus ch'temps là, à caus'de m'chevalière Qui
est bloquée à l'sortie, j'peux pu r'saquer min dogt ! GUY VILLE POÊTE VALENCIENNOIS |
LES GAITES
DU TELEPHONE
( SKETCH A DEUX PERSONNAGES ) |
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Ou la mésaventure de Monsieur Dubois qui demande des
nouvelles de sa femme qui vient d'être opérée dans une clinique. - Allo --- Allo --- c'est bien la clinique ? - Oui Monsieur ! - Docteur Dupont ? - Lui même ! - Ici Monsieur Dubois. Comment cela s'est-il passé ?
J'ai hâte de le savoir. Au même instant, par suite d'une erreur de la standardiste,
Monsieur Dubois se trouve en communication avec un garagiste qui était
lui-même au bout du fil avec un client. - Allo, Monsieur vous écoutez ? - Parfaitement ! - Et bien on vous la ramène à domicile demain matin. - Oh alors on a bien réussi ? - Oui mais quelle corvée !... - Nous avons démonté l'intérieur, il y avait des
organes en mauvais état qui auraient pu vous occasionner des embêtements,
elles est comme neuve, dès demain vous pouvez vous en servir. - M'en servir !?? - Sans crainte, je crois que vous en serez content,
nous lui avons diminué le trou d'administration qui était trop fort sans
doute. - Mais Monsieur !!! - Oui il n'y a aucun doute, l'usure de ses parois
nous le prouve, vous devriez la graisser d'avantage. - Ca c'est trop fort !!! - Et puis je vais vous dire, votre piston est usé,
il ne vaut plus rien, alors vous comprenez, nous lui avons introduit un
piston plus gros que le vôtre et nous avons été émerveillés du résultat. On a également dégagé le trou de sortie qui était
lui, trop étroit. - Le trou de sortie !!! - Oui par où s'échappent les gaz, il était
complètement bouché, nous y avons passé un fil de fer et maintenant vous m'en
direz des nouvelles. C'est un plaisir de l'entendre pêter. - Mais Monsieur !!! enfin Monsieur !!! - Il faut la ménager. - Allo --- Allo --- Allo --- je --- En tout cas elle va bien pour le moment, je l'ai
essayé moi-même hier soir, elle a très bien rendu. Ce matin nous sommes montés à cinq dessus et elle
s'est très bien comportée. - Allo--- Allo--- vous
m'écoutez ! Allo--- Allo--- Monsieur ? Mais Monsieur Dubois n'écoutait plus, il avait perdu
connaissance, et il fallut par la suite le transporter dans une maison de
santé. Vous en comprenez la cause ?
JEAN -
CHARLES JACQUEMIN alias JEAN - CHARLES DE BEAUMONT |
VACANCES A
LA FERME |
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Une relation privilégiée et étrange peut exister
entre certaines personnes et les animaux, les plantes, la nature et les
objets. C'est accompagnée par le chant des oiseaux, depuis
mon jardin, que je vous narre ces souvenirs d'enfance. Il y a 5O ans, le mot
vacances, même pour un jeune enfant, avait une connotation différente de
celle d'aujourd'hui. A l'âge de 5 ans, mes parents déménagent ; aussi je
suis confiée pour quelques jours à ma famille paternelle à Ecoivres, hameau
du célèbre Mont-St-Eloi, où les vestiges de l'abbaye assiégée pendant la
guerre tournent vers le ciel leurs deux tours endommagées. Dans ma valise m'accompagne le premier animal
important de mon enfance : un chat noir de chiffon soyeux réalisé par ma
grand-mère. Réalisé avec amour, cet ancêtre des doudous actuels
a été un fidèle compagnon durant de nombreuses années et aussi un grand
confident ; ma grand-mère Berthe, très habile de ses mains, me confectionnait des vêtements comme à ses
autres petites filles et notamment le dernier cri : un petit bonnet aux
oreilles de chat. C'était sans doute la période "chat", sur les
bavoirs, les parures de lit etc, etc,
etc ... Dans ces années d'après-guerre, les fermiers assuraient
la nourriture et le quotidien de la famille. Dans toutes les fermes, il y avait une activité en
attente pour chacun. Pour ma grand-mère aux doigts handicapés par l'arthrose,
c'était tous les matins la corvée d'épluchage des légumes, fait méthodiquement
et lentement au couteau économe. J'étais donc mise à contribution pour
équeuter les montagnes de haricots verts et écosser les pois qui, souvent
rebelles, jouaient à cache-cache sous la table. Les fèves représentaient un
défi supplémentaire pour mes petits doigts. La période de la moisson occupait des journées
entières dans les champs avec pique-nique de sandwichs au pâté, fromage et
confiture, afin de ne pas perdre une minute. La moisson obéissait à de
nombreux critères météorologiques : degré de maturité et d'humidité du blé,
séchage, pour être ensuite rentré et engrangé. Le battage aurait lieu, un peu
plus tard dans la grange, réveillant les nombreuses musaraignes dans leur
paradis jaune. Mon travail de petite fille était de glaner les
brins de blé oubliés par la faucheuse et d'en confectionner des mini-gerbes
destinées aux nombreuses poules qui partageaient leur festin avec quelques
oiseaux. C'est aussi le souvenir de jambes saignantes car écorchées par les
fétus de paille fraîchement coupés. Souvenirs délicieux perpétués encore aujourd'hui par
la cueillette des mûres sur les talus pour confectionner tartes et confitures
; mûres que l'on dégustait sans contrôle parental. Celles-ci finissaient
aussi souvent dans le ventre que dans le panier, ce qui nous laissait
d'énormes moustaches indélébiles jusqu'au retour à la maison. Il est évident
que le soir, la soupe aux légumes passés et le gâteau de riz jaune vanillé
avec pruneaux cachés, très appétissants, n'avaient guère de place dans ces
petits estomacs d'enfants ! D'autres jours étaient réservés à des taches
particulières, comme "faire le beurre" le vendredi avec soin et
hygiène, rigueur pour le poids dans la baratte. Le lait écrémé tournait
lentement, quand il se collait sur l'oeil de sécurité transparent, c'était le
signe que la transformation du lait en beurre était à point. Le côté
artistique consistait ensuite à mettre celui-ci dans un moule, de presser et
de sortir une sorte de lingot orné en relief d'une vache mâchant un brin
d'herbe. Hormis cet effet décoratif, elle était un repère pour les rations
culinaires. Le milieu du corps représentait 250 grammes, l'extrémité de la
tête 50 grammes. Cela représentait des repères malins pour une petite fille
qui savait à peine compter. Il y avait aussi les jours de fabrication de la
bière de ménage. Un petit sac de jute contenait le mélange maison d'orge, de
houblon, de frênette et en dernier lieu de levure de bière. La journée y
était consacrée nettoyage et
égouttage des bouteilles, puis il fallait siphonner le tuyau pour attirer le
liquide et le pincer quand celui-ci était à quelques centimètres du goulot. Dans mes souvenirs d'enfant le samedi reste un jour
particulier, car il terminait une semaine de labeur aux champs et annonçait
la pause dominicale obligatoire, à l'exception de la traite des vaches et de
l'alimentation du cheptel. Donc, le samedi, tout était lavé à grande eau. La
maison, mais aussi la cour pavée, au grand dam des poules et canards douchés
par la même occasion. L'eau de l'abreuvoir du cheval était changée. Celui-ci
était très exigeant pour la propreté de son bac. Même les moustiques étaient
interdits de baignade. Afin de me rendre utile, à l'aide d'un balai de
paille, je poussais l'eau qui courrait le long du caniveau tel un petit
ruisseau, et qui, une fois les obstructions ôtées, continuait sa course
rapide chez la voisine. Celle-ci, à son tour, continuait le nettoyage de sa
portion de trottoir. Une odeur forte de grésil accompagnait cette eau qui ne
connaissait pas le tout à l'égout. Avant la fin de matinée toute la rue était
rutilante. Une fois l'opération propreté terminée, je me suis
aperçue que ma copine surnommée "Zoé" avait été oubliée. Alors,
munie d'un seau et d'une brosse, je me suis dirigée vers elle, lui ai parlé,
lui ai dit qu'il n'y avait qu'elle qui était encore sale, et que je l'aimais
mieux dans sa robe rose propre, son nez gris, sa truffe et ses soies
brillantes au soleil. Que s'est-il passé pendant ce dialogue ? Docilement
après caresses sur les oreilles, la truie s'est couchée, s'est laissée
brosser avec des petits grognements de satisfaction... Spectacle surveillé de loin par la tante Marie qui
considérait les caprices un peu saugrenus de cette enfant et en est restée
bouche bée. La première moitié du corps était aussi rose que celle d'un
nouveau-né. Après nouveaux compliments et à l'aide d'une pomme de terre, Zoé
a accepté de se relever, puis de se coucher de l'autre côté pour continuer sa
toilette. Mais l'ironie de cette histoire, c'est que cela se
passait au bord d'un tas de fumier. Nouvelle pomme de terre en récompense
pour sceller la fin des ablutions et remise en position debout. Stupeur, Zoé,
surréaliste, un côté propre, un côté à nouveau très sale, émit des grognements
éloquents de reconnaissance qui m'ont déclenché une grosse crise de larmes
quand je me suis rendue compte que tout était à recommencer ! Mais le fou rire de toute la famille avec
félicitations pour ce chef d'oeuvre qui, à sa manière, avait une ressemblance
avec un tableau impressionniste, a vite ramené le sourire. Il reste aujourd'hui encore un souvenir heureux. FRANCOISE
LELEUX |
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LA PRESIDENCE . -" Le jeu est là !" Péremptoire, le Petit Fernand en martelant le deuxième et
le quatrième mot ! C'est que la chose est d'importance et les conseilleurs
se pressent. -" Pointe !" -" Tire, c'est le jeu !" -" Et s'il s'en va ?" Clac ! il est parti, le petitou. Et la boule avec lui.
N'importe, c'était le jeu. Avec ses immm…pondérables. Cette partie-là, c'était hier. Aujourd'hui, le Petit
Fernand est mort. Effondré entre les brancards de sa charrette. Un cœur
fragile, et qui se plaignait depuis longtemps. Ca aussi, c'était le jeu ! Oui mais, ce joueur là, il était président de son club de
pétanque. Il allait falloir le remplacer. Ah diable!... Qui ?... Le Maxou ? Un peu jeunet. Et l'autre Fernand de Cratoule ? Trop dur, un adjudant de
quartier ! Le Benoît ? Hé hé ç'aurait eu été – sic – mais il est
tellement pipelette qu'on lui a fait un jour une sacré farce : on lui a écrit
une lettre signée Le Midi Libre qui l'engageait comme correspondant de presse
pour le hameau. Il y est couru. Furieux le Benoît ! Nous autres, il a fallu
se tenir… Et le Constant ? aurait proposé le Petit Fernand, dubitatif.
Le Constant, si mal nommé, qui aime les filles, le vin, le travail aussi, la
vie quoi ! Ca ne fait pas trop sérieux un Constant président. -" Pardi si ! Il joue bien, on l'aime bien, il est
drôle, avec lui pas d'histoires, la rigolade quoi !" -" Boudi non, que je serai pas président !
j'sui-t-été libre toute ma vie, c'est pas pour m'empapaouter maintenant
!" Un roc, ce Constant, haut, large, solide, avec des yeux
bleus qui font des bulles, et si bon enfant que c'est merveille de le voir
tout comprendre, tout expliquer, à sa manière, et tout accepter avec une
indulgence qui n'est même pas naïve, car il peut être roublard, le Constant !
D'ailleurs, il est riche. Ce serait bien pourtant. Et voilà que les copains "attaquent"
sournoisement. "tu serais… ce serait… réfléchis…." Et c'est l'érosion. Doucement le titan oscille sur sa
base qui se fêle, et clac ! Comme une boule de pétanque bien touchée, il
explose ! -" Et bé oui ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise ?" Et c'est la capitulation bruyante, qu'on célèbre aussitôt
dans d'euphorisants pastis ! Aujourd'hui, 14 juillet, on reprend… la Bastide ! La
quadrette de Louis contre celle du Constant. Ca discute ferme. Et je te mesure, et je te remesure,
accroupi sur les talons, au milieu d'un cercle de cous tendus. Un joueur s'achemine au point de lancer. -" Dans le rond !" rugit le Constant,
pointilleux. -" Y avait l'idée" opine gravement la partie
adverse, faussement bienveillante. Un car reau !
C'est fini ! Non seulement le Louis l'emporte, mais le Constant
embrasse Fanny ! C'est peut-être le jeu, mai d'aucuns le prennent mal. Le
grand vaincu attire ses boules, une par une, lentement, avec un gros aimant,
la haute silhouette presque droite, et commente, solennel : -" y a des choses à mettre au point, faudra revoir
tout ça. Un tireur, ça tire, un pointeur, ça pointe, tout est là !" Le regard vire au vert nazi, la voix martèle et scande. Un môme à son papet : -" Qu'est-ce qu'il a le Constant ? Il embrasse pas les
fesses ?" ( Il s'agit du
postérieur en carton de la dénommée Fanny ). -" Non, pas l'air !" -" Pourquoi ?" -" Il est président !" -" C'est quoi, président ?" -" C'est le pouvoir !" -" C'est grave ?" -" Les présidents le croient…En tout cas, ça les
change !" Paule LEFEBVRE |