SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°39
Janvier-Février-Mars-Avril 2013
Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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RESULTAT
CONCOURS : Eloge ou Blame
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Que vive la rose page 3
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Charles
LEMAIRE de Cambrai |
Sais-tu ! page 4
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J-M
BOUGENIERES de Caudry |
Comptes à régler page 5
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Séverine
JOUHANNEAU de Busigny |
Dame nature page 4
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Gisèle
HOURIEZ de Vertain |
Enfants des rues page 6
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Patricia
LOUGHANI de Escaudain
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Spectre à la faux page 6
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Gérard ROSSI de Neuville St Rémy |
Amour maternel page 5
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Orlane
TOUPART de Ligny en Cambrésis |
HUMOUR et PATOIS |
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L’Carette
page
7 |
Marcel LESAGE
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El Visite ed l’inspecteur page 8 |
Georges RATEL
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ADULTES |
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La Gelée page9 |
Reine DELHAYE
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mon médecin, un ami page 9 |
Nicole
DUPLOUY |
Blanche page 10 |
Patricia LOUGHANI
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Le vent page 10 |
Jacques
MACHU |
Le chant de la Noël page 11 |
Véronique
FLABAT-PIOT |
Les mariages font
parler page 12 |
Jean LEDOL |
Pour le petit…
page 13 |
Renée Van ISEGHEM
–LAMBERT |
Remontrance page 13 |
Jérémy
DESSAINT |
À Lupita page 14 |
Jacques LEBLANC |
Papillon page 15 |
Bernard
SIMON |
Champagne au vernissage page 15 |
Muriel
MARIN |
Le Bestiaire de la gueule cassée page 16 |
Jean Charles JACQUEMIN |
Je me souviens page 17 |
Albert JOCAILLE |
Juste une vie page 17 |
Julien BURY |
L’Herbe folle des rencontres page 18 |
Henri
LACHEZE |
Vent page 18 |
Jean François SAUTIERE |
Sonate en bleu page 19 |
Geneviève
BAILLY |
C’est le temps - Coccinelle page 19 |
SAINT-HESBAYE |
Ton chef d’œuvre page 20 |
Christelle LESOURD |
Quand je serai bien vieille page 20 |
Thérèse LEROY |
Avenir page 20 |
M.A LABBE |
Je m’appelle Medor page 21 |
Jeanne FOURMAUX |
NOUVELLES |
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Création page 22&23 |
Hertia
MAY |
Plaidoyer pour Requiem page 24&25 |
Pascal
DUPONT |
Drôle de radio page
25 |
Mickael ROUSSEAU |
La fille des
neiges page 26-27-28 |
A.
P. ROUSSEL |
La Gazette d’Emma page 29 |
M.A LABBE |
Eliade page 30&31 |
Elsa
HERIVAUX |
Une drôle de grande
tante page 32 |
Jean Baptiste
CUSANO |
DIVERS |
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Information MDA page 33 |
Harpies à caudry
– Salon de l’Imagination |
* Retrouvez l’auteur dans la
revue littéraire.
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1° PRIX Charles LEMAIRE de Cambrai |
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Que vive la rose…
Celle qui t’a séduit par son teint de velours Exposait au soleil ses appas doux et roses. Elle se pavanait dans ses plus beaux atours, Fière d’être admirée parmi les fleurs écloses. La posséder devint un impérieux désir. Dans l’espoir insensé d’assouvir ton envie Tu cueillis cette belle. Hélas ! Pour ton
plaisir Tu venais de trancher et sa tige et sa vie. Coupée de ses racines, elle ornait ton salon ; Mais elle végétait de se voir en prison Sacrifiée, assoiffée. Dès qu’elle fut fanée, Ingrat, sans un regret, tu l’as abandonnée. Surmontant ma rancœur, une supplique j’ose Adresser à ton cœur : « Toi qui aimes la
rose, Si tu veux en jouir, longtemps, avec candeur, Laisse s’épanouir librement sa splendeur. Vois briller le matin la perle de rosée Sur sa joue de satin furtivement posée. Guette le court moment où le givre en cristaux Garnit de diamants ses moindres oripeaux. Contemple au fil des jours ses lèvres rougissantes Ourlées et mordorées, de plus en plus troublantes. Sois le témoin discret des instants merveilleux Offerts par la nature à qui ouvre les yeux. Puis, quand passe le temps, recueille pieusement Les restes odorants dispersés par le vent. » Par ce fervent appel, ami, je te convie Au respect de la rose, à l’amour de la vie.
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2° PRIX Jeanne-Marie BOUGENIERES de Caudry |
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Sais-tu !
Sais-tu
qu’il est revenu ? Il
est revenu puisque ce matin je l’ai vu, Comme
avant, regard bref et hautain, Je
l’ai senti dans mon cœur incertain. Engourdi
d’avoir tant voyagé, Fugitif,
n’étant pas sûr de rester. Puis
lorsqu’il a caressé ma main, En
moi a ressurgi un doux instinct, Peu
à peu dans mon corps réveillé, Mes
désirs, comme encore enneigés Emergèrent
s’excitant du plaisir Qu’il
allait faire en moi épanouir. Puis
sa douceur m’enveloppa, Sa
chaleur tout entière m’entoura, Nos
regards l’un de l’autre amoureux, Nos
deux souffles se mêlant peu à peu, Sa
caresse, devenant plus hardie, Tout
mon être en attente réagit. Et
je sus que rien n’était fini Qu’un
nouvel été allait naître en ma vie Me
laissant pantelante et ravie. Bien
plus doux que l’agneau, bien plus fort que le feu Cet
ami d’un été, ce soleil merveilleux. Sais-tu
qu’il est enfin revenu ? Il
est revenu, puisque ce matin je l’ai vu. |
3° PRIX Séverine JOUHANNEAU, de Busigny |
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Comptes à régler
Depuis
quelques années déjà, il me donnait bien du fil à retordre… Il
était si mal « éduqué », si difficile à gérer, si prompt à semer le
désordre ! Je
me sentais responsable, je ne cessais de me sermonner, Je
me répétais sans relâche que je finirais ruinée, Tôt
ou tard, j’allais craquer… ! « Qu’il
se gère lui-même, me répétais-je, je vais cesser de m’en préoccuper ! Chaque
fois que je le consulte, il m’exaspère, Il
a vraiment un don pour me mettre en colère… ! Quand,
de nouveau raisonnable, la ceinture je me serre, Lui,
il prodigue à tort et à travers ! Et
voici un peu pour les courses, et voilà davantage pour les factures, Sans
oublier les impôts et les frais occasionnés par la voiture ! Avec
un peu de chance, il en restera un peu pour les vacances… Ah
non désolé… il y a encore à régler les assurances… ! » Et
moi dans tout cela ? Quelle ingratitude !!! Approvisionner
sans répit ne suffisait pas : je demeurais dans l’incertitude ! Mais
à quoi bon se mettre ainsi en colère ? C’est
la crise, me rétorquerait-on, qui nous met dans cette galère… Après tout, avec lui, je n’aurai jamais le dernier
mot, Tout
au plus, je ne ferai qu’accroître mes maux ! Alors,
je le confirme, il n’y a pas plus réprimandable, plus blâmable, Plus
détestable, plus exécrable qu’un compte
bancaire !!! En
fin de compte, il est temps de te l’avouer… Tu
sais maintenant, mon cher Banquier, Toi
qui es, au contraire, si organisé, si économe, si sensé, Pourquoi,
un brin intéressée, j’ai finalement choisi de t’épouser ! |
4° PRIX Gisèle Houriez,
de Vertain |
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Eloge à dame Nature
Tant
que l’aigle royal dominera tes crêtes Et
que les blancs flocons couvriront tes arêtes, Tant
que les edelweiss orneront ton rocher Où
glisse la marmotte cherchant à se nicher, Tu garderas, nature, Ta
superbe vêture. Tant
que de ton relief jaillira le torrent Et
que scintilleront tes cascades d’argent, Tant
que serpenteront tes rus de la vallée Où
s’abreuve le soir la brebis égarée, Nous
goûterons, nature, Ton
eau vive et très pure. Tant
que la fleur des bois s’ouvrira le matin Où
l’insecte gourmand puisera son festin, Tant
que près de l’enclos à l’herbe parfumée Reviendra
se tapir la renarde affamée, Nous
t’aimerons, nature, Dans
ta noble verdure. Tant
que les passereaux siffleront dans ton ciel Sous
des nuages blancs cousus d’or et de miel, Et
tant que les humains sauveront ton visage Protégeant
de tous temps ta somptueuse image, Tu
resteras, nature, Notre
riche parure. |
5°PRIX Patricia LOUGHANI, de Escaudain |
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Enfants des rues
Pauvres
fanfarons qui rient en faisant des ronds, Des
bulles roses et violettes pleines de savon ! Pauvres
clowns qui jouent en habits d’infortune, Sous
le regard enjoué de Dame la Lune ! Petits
enfants sans nom et sans maison Qui
se moquent des lois et des prisons ! Petits
orphelins qui ont perdu leur destin Sur
la route oubliée des crève-la-faim ! Comme
je vous plains ! Je vous pleure, Vous
et votre vie de malheur ! Honte
à ces adultes assoiffés de vices Qui
vous achètent et vous sévissent ! Anges
si près de Dieu, sans maman, Si
seuls, dans un plastic trop grand, Qui
défient les grands sans aucun respect Parce
que la vie vous a tout défaits ! Allez,
enfants des rues, petits fantoches, Qui
me regardez et dont l’histoire est moche ! Ces
mots pour vous dire que je vous aime ! Que
le vent balaie donc vos jours blêmes ! Pauvres
pantins vivants, nés sans étoile, Sans
une lumière, au-dessus de la toile ! Je
garde dans mon cœur un petit espoir Pour
qu’un jour vous puissiez y croire ! Pauvres
êtres innocents et bafoués à tort, Je
rêve pour vous d’un autre sort Loin
de cette vie fantomatique, L’Enfance
est belle ! Elle doit être magique ! |
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6°PRIX Gérard ROSSI, de Neuville Saint Rémy |
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Message perso Au spectre à la faux
Toi,
décideur de l’instant de notre mort ! Le
faucheur de vie : accorde-toi un peu de repos, Pour
me laisser un temps, vivre encore, Afin
de ne pas voir ma vie se résumer à un coup d’épée dans l’eau ! Car
je n’ai pas vu passer le temps Malgré
les effets de l’usure maintenant Du
poids des ans qui pèsent sur mes épaules Et
freinent toutes actions : ce n’est pas drôle ! Jeune,
on entreprend tout On
croit toujours pouvoir aller jusqu’au bout Sans
penser que l’on puisse être rattrapé Par
l’incapacité à finir la tâche commencée. J’ai
80 ans ! Merci à toi ma mort de ne pas te presser d’arriver Ce
qui me laisse le temps de me faire pardonner : De
ne pas avoir su lui dire assez de « je t’aime » chaque jour, Alors
qu’est loin d’être épuisée pour elle ma réserve d’amour. |
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1°PRIX Participation moins de 18 ans Orlane TOUPART,
de Ligny en Cambrésis |
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Amour maternel
Ma mère a
bien du courage de me supporter. Elle mérite un enfant sage avec toute la
bonté qu’elle m’a donnée. Elle a offert tout son amour pour moi et pour la
remercier je ne suis pas ce qu’elle aurait souhaité. Je suis
sûre qu’elle aimerait entendre un « maman je t’aime » sortir de ma
bouche mais je suis trop égoïste pour lui dire. Elle adorerait que je la
serre dans mes bras. Comme elle l’a fait durant mes douze premiers mois. Ce que
j’écris c’est pour toi maman, pour te faire passer un message, pour te
remercier de tout l’amour que tu me donnes, de ta gentillesse. Et aussi
pour te dire « je t’aime » au moins une fois. |
L’ CARETTE |
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C’étot
pendant la guerre : pour aller voyager, On avot
point d’essence pour faire rouler l’ s'autos, Fallot
bin s’ contenter d’une carette et d’un g'vo. C’est
ainsi qu’ sen allot François le boulanger Pour
distribuer l’ pain dans l’ village d’à côté. Cor moins
bileux qu’à ch’ theure, ce qui n’est pas peu dire, Il
perdait beaucoup de temps à blaguer et à rire. Cette
journée là pourtant, sérieux, il l’avot été Et s’en
revenait à l’ brune, au p’tit trot de s’ coquette. Lui
restait une maison, c’était un cabaret Où y
avait trois gaillards qui étaient aux aguets. Il entre
avec ses pains à la porte laissant s’ carette, Ils
l’attrapent aussitôt pour faire une tiote belote Et deux
minutes après, les cartes all s’abattotent. Le temps
d’ faire une partie, la revanche et puis la belle, Et mon
François soudain de s’ carette, y s’ rappelle ! ; Il court
à l’ porte, l’ soir était descendu Et il
faisait si noir qu’on se serait cru perdu. Y’ entend
dans le silence des pas d’ gvo résonner Et le
bruit d’une carette sur la route s’éloigner. « Ça
y est, qu’il dit, Coquette, elle est partie sans mi. » Il
ramasse sa sacoche, il s’élance dans la nuit, Il fait
cinq mètres et pan ! L’ vlà par terre assommé ! Du bruit,
dans l’ cabaret, les verres en ont tremblé, Et tous
ceux qui sont là sortent émotionnés. Sur l’
front, y a un boursot, gros comme un œuf de dinde, Le sang
coule de son nez, qu’y en perdra plus d’une pinte ! Il
comprend tout doucement ce qui est arrivé : C’est un
autre équipage, qu’y avot ouïe roulé Sa brave
coquette, elle n’avot point bougé, Et dans
l’ cul de s’ carette, y étot allé se ruer ! Réel ! Marcel Lesage |
EL VISITE ED L'INSPECTEUR --ooOoo-- |
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Un momint dé s' carrière qu'un clerc i n'
peut poent oublier, ché l' visite ed l'inspecteur qui s' pointot souvint el
lundi matin, alors qu' ech' clerc i étot incor din les vâpes (1) pour s'ête
couqué(2) tard el veille. I tapot al porte, i inl'vot sin capiau (3)
et s'asseyot din l' fond d'el classe, à côté d'ech fu à carbon (4). Bié sûr, i
v'not jamais quand ech' clerc i racontôt, à ses élèves avec leus bouques (5)
overtes, l'histoire des Gauloais qui coupettent du gui sus ché quênes (6) aveuque leus cherpes (7) in or ou
chelle d'Attila et d' ché Huns qui mettètent leu viande sous leus selles pour
l'attindrir avint d'el minger crue. Nin, i v'not toudis quind ché p'tiots y faisettent, in tirant
leus langues, eune page d'écriture avec leu porte-pleume, et qu'ché moïens i
faisettent un exercice ed vocabulaire à tros (8), et qu ech' clerc y
s'esquintot (9) à expliquer à ché grands commint on fait eun' division à tros
chiffes. A ch' tableau, aveuque es craie dins s' man,
" I o tros chiffes à ch' diviseur, ech prins tros chiffes à ch'
dividente...." disot ch' mait' à ché galupiots qui n' faisotent qu'à
s'artourner (10) pour raviser (11) ech' biau môssieu assis, derrière eux, sus
s' cayelle (12). I s' imbrouillot forchémint (13) in sintant, din sin dos,
les yus(14) d'ech l'inspecteur. Ché tout juste si n' criot poent in lévant
ses bros (15) : "Eun tirez poent, j'ém rinds...." Dès foais, ech' l'inspecteur y s' lévot, y
v'not à ch' tableau, et in deux coups d'ed' cuiller à pot, i expliquot
commint i fallot faire. Ché gosses i n'comprénottent rin ! Ech' clerc non pu,
mais i balanchot s' tête, din haut in bos, d'in air intindu. Forchémint, quin
ech' lion i rugit, ché singes i ferment leus becs ! Contint d' li, ech' l'inspecteur i félicitot
ech clerc pour ses bons résultats, i armettot sin capiau et pis i s'in allot.
La vie al povot arprinde sin train-train. Eune
quinzane ed jours après, ech' facteur i apportot ch' rapport. Contint ed' vir
que s'note al avot monté comme d'habitude d'in d'mi point, aveuque es pu
belle pleume, ech' clerc i arcopiot el bafouille sur sin " Cahier de
rapports". I étot alors trinquille pindint troais ou quatr' ans. Georges
RATEL Croisilles
(62128) (1) Les vâpes = les vapeurs. (2) Couquer = coucher.
(3) In capiau = un chapeau. (4) Un fu à carbon = un feu à charbon. (5) Eune bouque = une bouche. (6) In quêne = un
chêne. (7) Eune cherpe = une serpe. (8) In tro = un trou. (9) S'esquinter = se fatiguer. (10) S'artourner = se
retourner. (11) Raviser = regarder. (12) Eune cayelle = une chaise. (13)
Forchémint = forcément. (14) Les yus = les yeux. (15) Un bros = un bras |
La Gelée |
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La gelée, c'est vraiment joli, Toute cette glace qui luit ! Ne dirait-on pas des diamants ? Tout est si beau et si brillant ! La terre a mis son manteau blanc Avec ses paillettes d'argent. Tout semble mort, Mais quel décor ! Derrière la fenêtre, chez moi, J'admire cela et reste coi. Il y a bien moins zéro Mais on s'en fiche c'est si beau ! Puis un jour, viendra le printemps, Plus rien ne sera comme avant, Nos beaux diamants auront disparu Et le manteau blanc aura fondu. Reine. |
Mon médecin, un Ami
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Dans sa voiture de sport Au volant il est comme un
Lord. Il va par monts et par
vaux Pour vous guérir de tous
vos maux. Il arrive en sifflotant Il repart tout content D’avoir pu faire quelque
chose. Une gélule pour votre
arthrose Avec un peu de chance Vous aurez une
ordonnance. Pour une bonne santé Une pincée de gaîté. Allons faites un effort Prenez soin de votre
corps. Oubliez tous vos soucis Elle est pas belle la vie
Nicole DUPLOUY-MARTIN |
Blanche |
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La
nuit est mon univers blanc, Pas
besoin de lumière ni d’étoile, J’irai
là où mes rêves m’emporteront. Mes
pas vous guideront jusqu’à moi. Mais
ne tardez pas trop ! Non !! Le
vent est un félin qui dévore tout. La
poudre nettoyeuse fera son œuvre Et
me fera disparaître tel un fantôme. En
osmose avec la blancheur et le froid, Je
deviendrai un être invisible, Un
lieu infini attirant et tentant Mais
vous n’y trouverez pas refuge. Vous
aimerez ma beauté si fragile Mais
nos échanges seront éphémères. La
folie des hommes s’entendra Ma
belle toile glaciale sera souillée. Mais
rien n’y fera pourtant ! Je
serai toujours la reine de Décembre, Celle
qui fait écarquiller les yeux Celle
qui donne de la magie, à Noël. Patricia Loughani, 17/12/2010 |
LE VENT |
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Chez nous, le vent n’a pas
de nom : Ni tramontane, ou bien
mistral; Pas de norois ou
d’aquilon… Notre vent est presque
banal. Point de blizzard gelant
les eaux, Craquant les coques des
bateaux ! Pas de simoun brûlant la
peau Dans un désert sans goutte
d’eau !… En été, on le nomme
« brise » Quand il berce les champs
de blé. En hiver, on parle de
« bise » Quand il siffle dans les
volets. Parfois il se met en
colère, Cassant les murs et vieux
bardages, Coulant les rafiots dans
la mer… Il fait alors son
nettoyage. Mais souvent c’est un bon
copain Qui fait planer les
cerfs-volants, Tourner les ailes des
moulins, Et porte les rires des
enfants. Il a mauvaise réputation. Pourtant il n’est pas bien
méchant… Il est du Nord, notre
région, Et c’est le vent… tout
simplement ! Jacques MACHU Septembre 2012 |
LE CHANT DE LA NOEL |
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LES MARIAGES FONT PARLER |
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Pour le petit garçon ou la petite fille que je n’ai pas encore |
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Je
ne dors plus Tu
n’es pas encore fait Et
déjà Je
ne peux m’empêcher De
penser à toi Fille
ou garçon Je
t’aimerai de la même façon Je
sais déjà Que
je saurai Te
donner la tendresse Que
je n’ai pas eue Que
je n’ai pas su Donner
à ton papa Mon
cœur débordera D’amour
pour toi. Comme
ton papa J’espère
que tu me confiras Tes
joies, tes peines Le
jour où tu arriveras Ce
sera Ma
2e grande joie Pour
cela Je
remercie Ta
maman Ton
papa Du
fond de mon cœur J’espère
que ce ne sera pas la dernière Je
t’aime.
Renée Van Iseghem née Lambert |
Remontrance |
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Ne cherche pas la fin Jérémy Dessaint, 19 ans, Caudry |
À LUPITA |
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Papillon |
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De
ce cocon hideux, Est
née une déesse, Un
demi-dieu. Premier
envol, première prouesse Mais
déjà divine beauté. Entre
l’orchidée et la colombe adulée, Il
relie harmonie et volupté. De
ce vol enivrant et déroutant, Il
survole camélias, coquelicots, roses écloses. Leurs
parfums l’attirent, alors il se pose, Etend
ses voiles et butine un instant Repart,
voltige, effleure les choses. La
nature est si délicate qu’il n’ose, De
ses ailes immaculées, les toucher. Des
papillons l’invitent à se rassembler. Comme
par enchantement Commence
un ballet dansant D’étoiles
et de lumières, Sur
une musique pure, douce, légère. Cette
ode à la joie, Cet
hymne à l’allégresse Remplissent
mon cœur d’émoi Et
m’invitent à la liesse. Comme
dans un rêve, Cette
mélodie s’achève En
une traîne dentelle Qui
virevolte et s’éloigne vers le ciel.
Bernard Simon |
Champagne au vernissage |
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Rêves
étranges, D’algues
marines, De
beaux paysages, D’émotions
fines, Bercés
d’enfants sages, Tresses,
couettes et franges, Perdus
sur les rivages. Nous
ne sommes plus en âge. Seul
ou à deux, peu importe, Peu
m’importe. Une
herbe pauvre ravagée par les sables, Près
d’elle, une goutte de sirop d’érable. Douceur
des couleurs, Rarement
de peur, Pas
grande valeur, Si
ce n’est la une à la feuille Pour
si peu de douleurs, Pour
leurs portefeuilles. Champagne
au vernissage, Flou
et orangé flamboyant,
Muriel Marin |
Le bestiaire de la gueule cassée |
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Dans
la glace, son regard vachement laiteux Renvoyait
son image singement grimaçant. Son
comportement bestialement menaçant. Il
était devenu un primitif, laid, hideux. Pourtant
la nature l’avait fait diablement beau, Au
milieu de ses six frères jumeaux. Admirable
sportif, gauloisement conquérant, Il
avait tout pour lui, bigrement attirant. Il
se souvenait qu’avant cette guerre sauvage, Il
avait une vie chevaleresquement galopante. Avec
toutes les sensations bourdonnement piquantes, Le
bonheur d’être jeune loup fier mais volage. Cette
femme qu’il aimait bichement maquillée, Elle
avait disparu, cigognement envolée. Depuis
qu’il était apparu ogrement monstrueux, Il
était maintenant seul dans ce parc moutonneux. Se
souvenant qu’il était coquement fier d’avoir vingt ans. Tout
l’amour porté à sa reine, sereinement en partage. Ce
long chemin serpenté ensemble avec courage, Ce
long chemin difficile parcouru amoureusement Au
bout de cette voie ce fut la guerre, Cette
guerre ce fut l’enfer, bêtement féroce. Qui
d’entre nous, agneaux devenus loups austères, De
tuer, de détruire, le décrire je n’ose. J’étais
à ses côtés le jour où il fut torturé, défiguré. Aujourd’hui
je visite ces structures de gueules cassées, Ceux
qui comme toi Pierre, mon frère abandonné, A
cause de cette guerre honteusement planifiée. Je
me souviens de ce fourmillement de soldats, Aujourd’hui
de ces moments, mes nuits hantées. Pourchassé,
fauvement encerclé par des renégats. Où
sont les bons, toi le rebelle es-tu le mauvais ? J’étais
son frère jumeau, monstrueusement défiguré. Je
lui ressemble, aujourd’hui gueule cassée. Dans
la glace, je n’ose me découvrir sauvagement mutilé. Ai-je
besoin d’un miroir dans le regard de mon jumeau figé. C’est
vachement bête ! Qui est Charles ? Qui est Jean ? Lequel
des deux, le doute s’installe parmi les gens.
Charles Jacquemin, Jean-Charles de Beaumont |
Je me souviens
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Je
me souviens encore Du
temps passé de mon enfance. Celui
d’hier et de cet âge d’or, Brodé
de toute son insouciance. Je
me souviens toujours De
ces vieux bancs d’école, Et
du préau poussiéreux Qui
nous voyaient jouer les têtes folles. Mais
pas plus beaux moments, Que
ceux bénis de nos vacances. Avec
cet éternel émerveillement, De
tout printemps qui danse. Oh
non ! l’enfance de notre temps jadis Ne
peut tout à fait s’effacer De
nos mémoires, de notre vie, Puisqu’en
nous, elle est restée fidèle amie.
Albert Jocaille 6 janvier 1985 |
Juste une vie |
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Caresse ta détresse Femme, c'est ta faiblesse Grandie en toi Mais tu l'abandonneras Tu n'as que dix sept ans Il est trop tôt pour toi,
maintenant Mais tu l'aimes De ta chair tu l'enchaînes Tu le sens bouger Encore une épreuve à
traverser Tu as de l'aide Mais ce n'est pas de
l'entraide Si l'on te demande De le donner en offrande Tu réfléchis Pour toi fait-il partie de
ta vie ? Il est arrivé Et sans rien demander En toi il est rentré Un être qui ne demande
qu'à être aimé On te le rejette Ils préféraient même
plutôt que ça, la cigarette Pour eux c'est un choc Dans cette chambre style
Baroque Cet être a frappé à la
porte de ton destin Ne demandant qu'amour et
bons soins Mais tes parents
t'interdisent Ça leur semble une bêtise C'est un projet Qu'il valait mieux
abandonner Hommes et femmes vêtus de
bleu Qui te disent que cela
vaut mieux Il est trop tard
maintenant On vient de te retirer ton
enfant Julien Bury |
L’Herbe folle des rencontres
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Les
années passent, le vent casse Les
herbes folles dans le vent. Les
racines s’attachent Et
les graines s’envolent Et
d’autres herbes follement, Sur
d’autres rives dans le temps, Musiquent
un éternel refrain Sur
la harpe du vent. Qui
sait ce que l’on sème Et
qui sait ce qu’on laisse Au
fil du temps et des rencontres ? Une
ride sur l’eau ? Dans
la vie un sourire ? Un
grand secret peut-être, Que
l’on n’a pas su dire, Ou pas compris, qui sait ? Et
le temps passe et casse Même
les heures les plus douces. Il
faut partir, partir toujours, Comme
un nuage dans le vent, Vers
ces lointaines plaines Où
ploient les herbes sous les pluies Et
où les heures sont si lentes. Pourquoi,
ce soir, pourquoi Les
longs couteaux du vent Font-ils
saigner les souvenirs Et
pleurer les rencontres enfuies ? Henri Lachèze |
Vent |
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Invisiblement,
et sonore, Le
vent musarde avec les mots Dont
la Terre seule s’honore, Échos
infinitésimaux. Voici
le vent des grands matins, Vivant
divin des origines, Souffle
pur annonçant festins Et
réjouissances câlines. Venu
d’on ne sait quels confins, Son
sort n’en est que plus étrange, Tout
en commencements et fins, Ami
qui rassure ou dérange, Vent
des points quatre fois nommés, Porte
des saisons, des orages, Porteur
de desseins animés Faisant
plier arbres, bagages. Mutin
rêveur, moi je l’admets Partisan
bienveillant du monde, N’en
percevant que le meilleur, Naïf
d’un rêve qui m’inonde. Or,
paradoxe élémentaire, En
mille excès déconcertants Le
voici blackboulant, sectaire, La
Terre et tous ses habitants. Pour
édulcorer ses faciès On
le vêt de noms poétiques : Katarina, Hugo, Frances, Aux
éclats pourtant véridiques. Mais
moi, poète de la plaine, De
ce pays calme à mourir, Je
l’estime à en perdre haleine Et
j’entends son moindre désir. Alors,
accompagnant nos routes, Voici
l’ample vent des grands soirs, L’effaceur
des terribles doutes Quand
tanguent les lueurs d’espoirs. Brise
d’azur, souffle fragile, Imperceptible
compagnon Conseiller
furtif et docile En
toi je palpe l’horizon. Dans
mon lit je frissonne d’aise Quand
je t’écoute aller, venir, Et
je m’endors, ne t’en déplaise, Au
souffle bleu de l’avenir. Jean-François Sautière |
Sonate en bleu |
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Prenez
garde ô
navigateurs Quand au détour de la lagune Une sonate au clair de lune S’en vient jaillir des profondeurs. La musique en l’onde
amoureuse Affleure et fuse crescendo Tel un caprice, est-ce l’écho, Le rire d’une ensorceleuse ? Voiles au vent fuyez alors Loin de l’invite en filigrane, Les soupirs d’une courtisane, L’enchantement de ses accords ! Dans la magie océanienne Sous les yeux des requins conquis, A son piano, quel charme exquis, S’est installée une sirène… La leçon
de piano Geneviève
Bailly |
C’est le temps Coccinelle
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Ton chef-d’œuvre |
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A peine parti Lui, il arrive Etait-ce écrit ? Serais-je naïve ? En moi, il grandit Ne m’en veux pas, Si je prends son parti Mais, grâce à lui Je souris Si petit et si fragile Il est déjà mon exil Toi, mon épreuve Lui, ton chef-d’œuvre Dans mes yeux, Il reste un espoir Ma raison d’y croire Mon cœur est amoureux Mes mains seront son berceau Son être, mon repos. Christelle Lesourd |
Avenir |
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Derrière moi Le désert Devant moi Le désert Derrière moi La mer toute grise Devant moi Pas de terre promise Derrière moi Une nécropole banale Devant moi Une vallée des rois fatale Derrière moi Une manne en panne Devant moi Nulle Chanaan Rêve Réalité Crève Destinée
Marie-Antoinette Labbe |
Quand je serai bien vieille |
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Quand je
serai bien vieille le soir à la chandelle Ressassant
mon passé de souvenirs cassés Relirai
mes mémoires en forme de déboires De mes
yeux larmoyants à mon vieux chien patient Je
conterai mes plaintes sans plus aucune crainte Je
baisserai mes armes et compterai mes larmes Grelottant
sous mes draps me maudissant tout bas Dans ce
clair firmament regrettant les amants Que
j’aurais pu avoir au bout de mes espoirs Et puis
quand viendra l’heure d’abuser la douleur Et qu’il
faudra là-bas acheminer mes pas Au bout du
clair obscur du chemin le plus pur J’irai le
cœur léger et puis l’âme apaisée Gardant le
souvenir de ton plus beau sourire.
Thérèse Leroy 03/05/2010 |
Je m’appelle Médor |
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Hello, je m’appelle Médor, J’ai un caractère en or. Pas bagarreur pour deux sous, J’apprécie les caresses, les bisous. Très affectueux, farceur, bon gardien, J’aime les enfants, mes copains. Je vis en parfaite harmonie Avec ma copine la chatte Mélanie. Nous nous entendons sacrément bien, J’adore ses lichettes, ses câlins. Le soir, elle ronronne entre mes pattes, Fatiguée d’une longue journée de chasse. Je n’ai pas d’affinité particulière Avec le matou de la fermière Qui, antipathique, attaquant, agressif, Dès qu’il m’aperçoit, sort ses griffes, Me saute dessus fou furieux, D’instinct, vise ma truffe, mes yeux. L’autre jour, comme d’habitude, S’ensuivit une poursuite dans la rue. Subitement, j’entendis des gémissements de freins, Ressentis une forte douleur sur mes reins. Le choc fut tellement fort Qu’en une seconde, je me vis mort. Tremblant de tous mes membres, N’osant faire aucun mouvement, Apeuré, honteux, peu fier, On m’emmena en fourrière Parmi les chiens errants, abandonnés, Qui aboyaient à gorge déployée. Derrière mes barreaux, enfermé, J’étais pitoyable à regarder. Quand soudain, je vis apparaître Mon gentil et très bon maître. Je fus tellement heureux Que j’en balançai ma tête, ma queue. En un éclair, je fus dans ses bras En lançant de joyeux « Ouha ». Il m’embrassa sur le crâne, Me donna quelques tapes amicales. Je n’avais plus de chagrin, J’étais le plus chanceux des chiens. Jeanne Fourmaux |
Création |
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Tonran
Grands Serpents jeta une poignée de sable blanc dans le fleuve doré qui coulait
devant lui, comme de l’or en fusion entre les deux petites plages
étincelantes au soleil. C’était son camarade Nogan Cours d’Eaux qui l’avait
créé, il y a trois ans, à son examen de nom. Tonran éprouvait maintenant une
sorte de jalousie pour son ami d’enfance. Il avait
su créer, lui, quelque chose de tangible, d’éternel. Il lança une pierre de
rubellite, que sa main avait dégagée dessous le sable. Le cristal rouge
décrivit un arc-en-ciel rubis avant de sombrer dans l’eau, au centre d’une
cible instantanée. L’amertume lui monta un peu à la gorge en repensant à son
échec. Il escalada la petite colline qui surplombait le fleuve. De ce
monticule, il apercevait, malgré un peu de brume, les étangs où s’était
enlisé son rêve. Les grands
reptiles n’avaient jamais pu adapter leur énorme masse à la pesanteur de la
planète-laboratoire. Ils s’étaient embourbés bêtement quelques mois après
leur création. Grands Serpents avait décidé de créer un être intelligent. Cet
être deviendrait le Seigneur de la planète-laboratoire. Redevenu confiant, il
retourna au centre. La prairie verdoyait sous le soleil matinal. L’herbe déjà
haute lui caressait le ventre. Un sillon quelque peu zigzagant attira son
attention. Sans doute un animal créé par le Sage Majà Chien-Bleu… Le sillon
se dirigea vers lui. Une touffe blonde apparut bientôt, suivie d’une figure
familière. ---« Décache-toi, Nalamô.. ». Un corps doré de jeune
fille se dressa devant lui. L’herbe
qu’elle avait écrasée en rampant lui avait teint en vert les seins et les
genoux. Nalamô vint se frotter câline contre son ami. –« Nurfil m’a dit
que tu voulais repasser l’examen de nom.. » -« C’est vrai… Mais
Nurfil n’a pas besoin de tout répéter… » Tonran
jalousait aussi Nurfil Castor. En fait, il craignait qu’il ne lui prenne Nalamô.
Tonran et la fille Sans-Nom arrivèrent jusqu’au village. Ils s’arrêtèrent
chez le Sage Koron Des Terrains. Il était comme à son habitude à son atelier.
Lydia Rose Verte, la créatrice des fleurs s’y trouvait aussi. Elle sourit aux
deux jeunes gens et la rose verte nichée dans sa chevelure blonde parut
briller encore davantage. Devant le Sage Koron : un bac rectangulaire se
remplissait peu à peu de poudres et de sables déversés par des flacons
soigneusement étiquetés. Les flacons, le goulot en bas, se vidaient
doucement, des pinces contrôlaient à volonté le débit. Le sage renversa les
flacons, arrêtant ainsi l’opération, il parla pour la première fois :
« Ah… voici mes jeunes amis Tonran et Nalamô… ! » -« Vous
voyez, Lydia et moi, procédons à une expérience révolutionnaire. Rose Verte a
imaginé un nouveau processus de reproduction pour certaines plantes. Il nous
faut le meilleur terrain possible pour en vérifier la réalisation… Tu venais
me voir pour quel sujet ? » Tonran
serra plus fort la petite main de Nalamô. -« J’ai
pensé à une nouvelle création et je serais heureux que vous présentiez à
nouveau mon travail au Conseil ». -« Nous
savions depuis déjà quelques mois que tu préparais quelconque… » -« …Vous
acceptez ? » -« Bien
entendu, mon garçon. La première fois, je t’avais parrainé avec joie et entre
nous, les grands serpents n’ont pas été tout à fait un échec. Cette fois, je
te conseille d’engager plusieurs assistants et de demander les Grands
Ateliers ». -« Vous
croyez que le conseil des sages acceptera ?... » -« On
peut toujours essayer… Je suis sûr que les copines de Lydia te
soutiendront… » -« Je
ferai tout pour en convaincre mes amies » assura Rose Verte. Un
bourdonnement effrayant emplit l’air. Tonran regarda avec étonnement un nuage
d’abeilles entrer dans la pièce et se poser sur Nalamô. Son corps ne fut
bientôt qu’un essaim, seule la tête n’était pas recouverte. Koron et Lydia
retinrent en arrière Tonran. Lola-des-Abeilles se précipita, son long manteau
doré flottant derrière elle. Les abeilles s’envolèrent aussitôt, suivies par
leur bourdonnement incessant. Lola était très belle. Son corps ressemblait à
celle des abeilles tant elle était longiligne (ne disait-on pas Lola et sa
taille de guêpe ?). Elle s’avança vers Nalamô. -« N’aie
pas peur, elles ne t’ont rien fait, elles ont été attirées par le pollen que
tu as sur le corps. Tu as dû écraser des fleurs en rampant dans l’herbe.
Cette manie pourrait te coûter un jour très cher ! A propos, chers
collègues, que me voulez-vous ? » Elle
ondula avec frénésie pour rejoindre le Sage et Lydia. -« Lydia
a pensé utiliser tes abeilles pour la reproduction de ses nouvelles
fleurs ». Durant les quelques jours suivants, Tonran se mit en quête de
collaborateurs pour ses recherches ; il lui fallait des spécialistes
dans plusieurs branches scientifiques. Ses travaux d’ensemble étaient très
avancés. Nalamô lui était très efficace, elle avait imaginé le portrait de la
femelle qu’il faudrait à l’être intelligent. Les deux jeunes gens cherchaient
l’inspiration dans la forêt. Les cerisiers et les pommiers ployaient déjà
sous le poids des fruits. La blonde Nalamô se grisait volontiers de ces
sphères. Et le jus coulait jusque sur son ventre. Des craquements de branches
leur révélèrent la présence de Moseli Cerisier-Pommier : le Sage,
créateur des arbres à fruits. -« Dis,
mon garçon, est-ce vrai que tu vas créer un être intelligent ? Si tu le
permets, je veux en être ». -« J’en
serais très flatté, Sage Moseli, mais je ne vois pas quelle aide vous
pourriez m’apporter ! Cela dit, sans vouloir vous vexer ». -« As-tu
pensé au mode de distribution des aliments ? J’ai déjà résolu ce
problème pour mes arbres avec la sève… » -« …Mais
Sage Moseli, mes êtres ne porteront pas de feuilles ! » Moseli se gratta
le menton pour mieux réfléchir. -« Je
peux apporter quelques retouches ». Tonran ne
put alors qu’accepter. Poursuivant leur promenade dans un sentier arrosé de
clarté, trois lapins roses traversèrent la sente devant eux, bientôt suivis
par un grand garçon châtain et frisé, vêtu d’un short et d’une chemisette. Nurfil
Castor sembla plus poli et moins artaban que d’habitude. Il sourit à
l’adresse de Tonran. Ses lapins s’étaient arrêtés autour et fixaient les
jeunes de leurs yeux verts. -« Veux-tu
me prendre comme collaborateur ? ». Tonran répondit sans
attendre : -« Avec
joie… ». Nurfil s’engouffra alors dans les taillis, suivi de ses
bestioles. Les jeunes débouchèrent dans une clairière entourée de chênes
centenaires. Un troupeau de cerfs et biches les entoura. Sur un cerf
majestueux, une jolie fille brune trônait, habillée d’un simple pagne
d’herbes. Bicha sauta sur le sol avec grâce. Elle ouvrit ses longs cheveux
comme un rideau, dévoilant ainsi ses jolis yeux noisette. Le soleil disparut
derrière un nuage gris et Bicha fit une grimace de déception en recevant les
premières gouttes d’une ondée soudaine. -« Suivez-moi
jusqu’à la cabane… Aurélia m’avait pourtant promis du beau temps ».
Bicha courut à travers les arbres, suivie de ses compagnons. Nurfil et Moseli
les rejoignirent peu de temps après. Tout le monde savait qu’Aurélia Nuage
Blond avait des sautes d’humeur traduites par des averses imprévisibles.
L’herbe haute entravait la progression du petit groupe et causa un incident.
En effet, Bicha tomba dans un ruisseau transformé par la pluie en petit
torrent. Ses amis ne tardèrent pas à la retirer de l’onde. Elle avait attrapé
un bon coup de froid et en tint rigueur à son amie pendant plusieurs
jours ! C’est
ainsi que Tonran Grands Serpents forma son équipe. Le sage Koron Des Terrains
réussit à lui obtenir les Grands Ateliers. Dans deux
boîtes en plastique : voilà où trônaient pour l’instant le futur
seigneur de la terre et son épouse. -« Je
l’appellerai : HOMME » disait Tonran. Un jour,
les deux boîtes furent amenées sur le petit mont près du fleuve doré. Des
milliers de fleurs nouvelles, butinées par les insectes de Lola-des-abeilles
embaumaient l’air. Le conseil des sages trônait sur une estrade, sous les
pommiers et les cerisiers en fleurs. En face du
conseil se trouvaient, intimidés, Tonran et Nalamô. Le porte-parole du
conseil Maja Chien-Bleu adressa un discours de félicitations. -« Nous,
conseil des sages, déclarons que Tonran Grands Serpents s’appellera désormais
Tonran Père des Hommes et Nalamô, la jeune fille sans-nom : Nalamô Mère
des Femmes… ». Tonran ouvrit les couvercles des coffres en disant : -« Homme,
je t’ai fait à notre image pour peupler cette planète et la rendre agréable.
Tu prendras nom : Adam qui veut dire premier ». -« Femme,
je t’ai faite à notre image pour porter le fruit de vos amours. Tu prendras
nom : Eve qui veut dire première… » Adam se
réveilla le premier dans le champ de fleurs, il vit la femme qui dormait à
son côté. Il vit qu’elle était belle, il sentit les fleurs et les trouva
belles et odorantes. Il en fit un bouquet qu’il déposa entre les seins d’Eve.
C’est alors qu’il comprit qu’ils n’étaient que deux dans ce monde fleuri. Lorsque
Eve ouvrit les yeux, Adam la prit par la main… Ses premiers mots furent : -« Que
tu es belle… »
Hertia May |
Plaidoyer pour Requiem |
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Pour tous ceux
qui tentent de balbutier, de leur plume, quelques mots bleus dans tout le
désordre de leur imagination, de leurs maux ou de leur Passion en feu, je
vous prie humblement de leur laisser croire à la magie des phrases qu’ils
viennent coller sur quelques feuilles blanches, souvent tellement
accueillantes. C’est leur seule thérapie. Parfois,
pour accorder la rime, toute la nuit, ils planchent… ils triment… C’est leur
manière à eux de s’exprimer dans un monde qui ne leur appartient pas. Et
s’ils font un peu décalés, c’est qu’ils évitent les passages protégés, c’est
qu’ils respectent depuis toujours les points et les virgules, les trémas et
les Majuscules… Ils sont musiciens des mots et recalculent sans cesse leur
partition. Ils travaillent sans le bruit, sans métronome et sans obole. Ils
vivent avec le trouble et l’émoi pour seuls compagnons complices, sur leurs
chemins tortueux… Ils soignent la finition… Ils vouvoient et disent encore
Madame… aux dames. Ils leur prêtent des pouvoirs inconnus, en auras de charme…
A vous de
jouer votre rôle… simples curieuses, lectrices assidues, muses éphémères ou
Amour impossible ; ces lettres blanches et ces lettres noires, se
donnant la main, entrelacées dans leur gamme sur un fil continu, c’est pour
Vous qu’ils tentent cette audition muette. Ajustez bien, à votre diapason,
quelques sourires à ces refrains languissants, à ces complaintes d’antan, à
ces rumeurs de cris et de pleurs, à ces parfums de fleurs et ces ciels gris…
De ces hymnes sans patrie, ils vous offrent la clé… C’est la chorale
bruyante, c’est la cascade débordante de leur cœur démuselé. Accordez encore,
à ces chantres de l’impossible, un brin de mansuétude fleurie… Ce qu’ils
voient en boucle dans leur tête trop pleine de sentiments coupants, ils
l’épanchent comme une saignée, sans guérir. Ils ne sont pas déroutants, ils
sont déroutés… Et les mots brisés, sur quelques brisants, se tissent d’écume
brodée dans un voile de pudeur. Ils s’emportent sans gloire et sans panache
vers d’autres océans de lassitude ou de tumulte, aux vents de leurs
sensations exacerbées, sans île, sans repos et sans répit… Telle est leur
condition, souffrir pour quelques vaines et sublimes missions…. Ne tirez pas
sur ces épistoliers désarmés… Ils sont déjà tellement blessés.. Je sais un
cœur qui saigne de sa saignée, sans rémission. La Passion n’est pas
coopérante, elle ne sait pas se faire coagulante.. Dans sa glace, il croise
son ombre. Elle s’habille d’un ciel d’orage et les nuages noirs font le
nombre.. Alors, il tourne la page sombre mais le tonnerre le rattrape et les
éclairs de déraison le frappent encore et encore… Une rime avec encore, je ne
vois que la Mort ou le mauvais sort.. Je sais que l’Ennemie est là, bien en
face derrière mes yeux, bien en place, en armure, en cuirasse.. pour un long
siège.. Et je n’ai plus d’audace, je ne serai pas Héros.. Je suis pris au
piège.. Depuis
Elle, je connais des champs de fleurs où leurs effluves mesquines se
mélangent sans cesse en outrages, des fleurs d’autel pour la Grand Messe de tous
les dimanches de la semaine, des fleurs sauvages qui ne se courbent que dans
le grand vent.. Je connais par cœur des chants de défaite, sans gloire, où
les fleurs sont couronnes et leurs épines sont acérées pour tous leurs poèmes
épiques… Je connais
des rivières sournoises qui serpentent mes prières inutiles dans des
frondaisons propices à mes atermoiements éternels.. Et les poissons stupides
peuvent bien rire de mes tourments. Laisser tomber quelques médailles sucrées
les rend gourmands.. Je connais
des sapins coupés, sans cadeau et sans Noël. Je sais le bruit de leur sève
alanguie qui pleure ses gouttes figées.. Je connais
la chaleur de ces yeux et la froideur de son regard, j’ai vu des esquisses de
sourire se perdre dans des embryons de grimace, agacée… Je sais la douceur de
ses cheveux sauvages, sans barrette mordante, sans foulard Cacharel et ils
causent tant de ravages dans mon jardin secret.. Je connais dans mes rêves,
encore, tous ses grains de beauté, même les plus timides et j’aime imaginer
ne pas connaître leur nombre pour les recompter, les recompter, les
recompter… Je connais son parfum subtil comme une barrière de corail, pour
affoler quelque vieux troubadour esseulé, ridé, devant l’icône sur son
vitrail ou pour stopper quelques vagues trop entreprenantes ou trop
caressantes.. Je crois que je ne connais que les mots qui la font survivre
dans l’idéal innocent de mon livre sans Titre. Encore une
page à la une, sur cinq colonnes, pour mon journal intime, délivrée pour
l’enfermer au cachot de la déception. La Désillusion s’écrit. C’est
intarissable. Où pourrais-je bien cacher mon cœur pour ne rien voir du
tout ? Où pourrais-je jeter le passé pour tout oublier ? A partir
de quelle ligne, je dois effacer les chapitres pour les réécrire sans me
tromper ? A partir de quand, je peux croire que demain s’habille en
couleurs ? Je sais qu’on peut l’écrire tout le temps, c’est ma maladie
de Cœur et elle ne se guérit pas. Laissez donc au placard vos antidotes, vos
remèdes et cette transfusion inutile.
Pascal, 28/08/2007 |
Drôle de radio |
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Monsieur
Dareo était un jeune homme de 22 ans. Il vivait dans une vieille maison qu’il
avait héritée à la mort de ses parents. Il travaillait dans une entreprise de
textile. Un jour, lors de la brocante de son village, il décida de
débarrasser son grenier des objets inutiles. Il vida quasiment la totalité de
son grenier. Soudain, il tomba sur une radio, certes vieille mais qui
fonctionnait encore. Il décida de la garder. Quelques
années passèrent. Ce jour-là, il était en route pour son boulot. Sur une
route très fréquentée, sa radio se mit soudain en marche, le volume était
assourdissant. C’était une musique très ancienne, il n’arrivait pas à
l’éteindre. Alors, il décida de s’arrêter pour ce faire. Au moment où il se
gara, la radio s’éteignit d’elle-même. Quelques secondes après, il y eut un
carambolage. Il y eut quatre morts et sept blessés graves. Ensuite, il se
dépêcha d’aller au boulot. Pendant son travail, il pensa à cette radio qui
l’avait « sauvé » de cet accident. Pendant
deux mois, sa radio ne s’est pas allumée toute seule. Mais M. Dareo avait
entre-temps perdu son travail : il se trouvait dans une mauvaise passe,
il devait payer ses impôts mais il n’avait plus assez d’argent. Quand
soudain, la radio se mit en route : on entendit la même musique que lors
du carambolage. Et le volume de la télé augmenta, celle-ci disait « M.
Dareo de la ville de Gofera a gagné la somme de 500 000 €, celle-ci sera
versée à la banque de Paris. » Puis la radio s’éteignit et la télévision
regagna sa tonalité d’origine. M. Dareo sauta de joie et alla immédiatement à
la banque pour acquérir son argent. Après l’avoir reçu, il pensa à sa radio
qui se mettait en route dès qu’un malheur allait se passer. Il décida
alors de la regarder de plus près : en cherchant bien, il vit une
écriture sur la poignée. Il s’y trouvait inscrit un nom : « Algert
Dareo ». Qui était-ce ?
Ce fut la question qu’il se posa. Il chercha sur internet mais il n’y trouva
rien. Il regarda dans le livret de famille et il y trouva le même nom. Il y
était écrit : « Algert Dareo né en 1899 et mort en 1943, il faisait
beaucoup de mal à sa famille. Il ne leur apporta que du malheur. » Il
trouva une lettre aussi, celle-ci était écrite par Algert : « Je
suis dans les tranchées et je voudrais m’excuser pour tout le mal que j’ai
fait à ma famille. Ma conscience ne sera tranquille que lorsque j’aurai aidé
un membre de ma famille. » Il n’y avait que ces deux phrases de lisible
sur la lettre, le reste était couvert de terre. Après
avoir lu la lettre, la radio se mit à grésiller et se morcela. Etait-ce son
arrière grand-père qui avait accompli sa tâche ou n’était-ce qu’une simple
coïncidence ?
Mickael Rousseau |
Snegourotchka (1) ou La fille des neiges |
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Henri et
sa mère s’accrochaient souvent, non pas pour des broutilles de la vie quotidienne,
mais sur des sujets philosophiques, religieux, théologiques, politiques… même
sur des règles de grammaire que l’un et l’autre interprétaient à leur façon,
chacun d’eux étant persuadé détenir la vérité. Or ce
jour-ci, bien calé dans un fauteuil du salon, il écoute à peine le flot des
paroles de sa mère qui tente de se justifier : -Tous les
enfants ont des conceptions si justes en commençant la vie, monologue-t-elle.
Et aucun d’eux ne s’est jamais laissé influencer par ces idées à l’école ou
ailleurs ! Quoi qu’en disent les Catholiques, on ne reste pas
éternellement ce qu’on a été dans l’enfance : les convictions de
l’enfance peuvent se modifier ; de nouvelles valeurs viennent s’y
superposer… Dix heures
du matin en ce dimanche d’avril. Le verger et le parc ont vêtu leur parure
printanière. Henri admire une telle merveille de la nature bourdonnante
d’insectes besogneux tout juste nés du printemps encore tout neuf. On sonne.
Les cheveux blonds soigneusement bouclés, la pâleur de son visage soulignée par
la bouche avivée de rouge, ses pommettes saillantes lui donnant un type
scandinave –ou slave- en tout cas un type étranger que Henri juge…
intéressant : telle lui apparaît sa visiteuse, une inconnue. Dieu sait
pourtant si tout le monde se connaît dans ce bourg de l’est du
Cambrésis ! Son parler est teinté d’un curieux accent, de quelques
bizarreries de prononciation ou d’intonation qui intriguent l’oreille du
jeune homme. Souriante, imperturbable, il lui faut bien se présenter et
expliquer sa venue en cette maison ! Elle lui adresse un regard
mi-encourageant, mi-ennuyé, quelque peu gêné. -A quoi
vous servirait de connaître mon nom ? Ce serait un miracle s’il était
parvenu jusqu’à vous ! Mon prénom est Ludmilla… une pure Carélienne née à
Petrozavodsk, capitale de la République de Carélie. -Quelle
surprise ! Entrez, je vous en prie. Ils
pénètrent dans le salon. Sans plus attendre, la maman de Henri se présente,
demande si la jeune fille souhaite prendre une boisson chaude ou fraîche. -Vous êtes
très aimable de m’accepter sous votre toit, Madame, lui répond-elle. Puisque
vous me le proposez, j’opte pour un thé. De
nouveau, seuls, Ludmilla engage la conversation. -Le
magazine qui m’emploie me connaît sous le nom de Natalia Bogdanov… cela fait
plus russe que mon véritable nom d’origine Varègue, les Vikings à la manière
russe qui vécurent en cette contrée septentrionale ! Mon père… Bref,
après mes études secondaires à Helsinki, j’ai tourné mes espérances vers
l’Europe occidentale considérée par les gens de l’Est comme étant le paradis
sur terre. D’abord Stockholm. Puis Londres et Rome. Enfin Paris. La Sorbonne,
la Cité Universitaire où je logeais, des promenades à Montsouris, au
Luxembourg, aux Tuileries, aux Buttes-Chaumont… Egalement aux environs de
Paris. Puis en province. Curieusement, c’est Lille qui a retenu mon attention
de Nordique, car différente des autres grandes villes françaises. Toujours
seule, quelque peu rassasiée de voyages, j’ai estimé l’heure venue de combler
cette solitude pesante, de plus en plus étouffante. J’ai alors feuilleté
l’annuaire du département du Nord, faisant confiance à Monsieur Hasard qui
m’a toujours placée à l’endroit, ou en présence, de ce qui répondait à mes
vœux ! C’est ainsi que j’ai découvert une ville nommée Caudry, un nom
tout à fait inconnu à mes oreilles et à mes yeux ! Mes recherches m’ont
appris que cette ville vivait de la dentelle, dite « de Calais ».
Je fis à nouveau confiance au Hasard… Or, rien ne répondait à la personne
recherchée ! J’ai ensuite utilisé le palindrome du nom de celui avec
lequel je correspondais d’antan. Bien m’en a pris, car j’ai enfin
trouvé ! Justement là où j’avais fait le projet de mener mon enquête…
ici, à Caudry ! Mais que cachait ce palindrome ? Etait-ce vraiment
celui qui hantait mes jours et mes nuits ? Etait-ce celui d’un homme
jeune ou âgé, célibataire, marié ou veuf ? N’y tenant plus, j’ai pris ma
décision : je me suis installée à Caudry ! D’abord pour mener à
bien mon reportage consacré aux tullistes et au travail Cornely de la
manufacture, destiné à mon magazine… avec l’arrière-pensée de découvrir le
personnage qui m’intriguait. Un personnage que, peu à peu, j’ai fabriqué de
toutes pièces, doté de qualités, toutes celles que possédera assurément le
garçon qui me donnera son nom… s’il existe quelque part sur cette planète
Terre ! -Vous
m’inquiétez ! Certes je suis célibataire ; certes vous êtes
agréable à regarder et à écouter, mais… -Voici un
mot bien français… « mais » ! Un mais qui entrave, freine
toute volonté d’aller de l’avant, celui de la peur de l’avenir ! Sachez
que ce mot-ci ne figure pas dans mon vocabulaire : ce qui explique mes
velléités, dont celle de me « jeter à l’eau » -est-ce ainsi qu’on
dit en français ?- et de faire le premier pas vers l’inconnu découvert
dans l’annuaire téléphonique ! -Je ne
vois pas en quoi je pourrais vous intéresser ! D’ailleurs quel est-il,
votre magazine ? -Vous ne
le trouverez pas dans les kiosques à journaux français. Ailleurs il est fort
lu, puisque international, diffusé en huit langues de l’Europe de l’Est, dont
la mienne. Il se veut libéral, ce qui me convient parfaitement, l’ayant
toujours été… un état d’esprit qui n’était pas apprécié dans mon entourage,
en Carélie, tant familial qu’extérieur ! J’ai pris mon essor à Helsinki…
la capitale de nos anciens occupants ! A quoi bon ressasser le
passé ! Les Suédois ont, eux aussi, occupé la Russie
septentrionale : à présent, les nations ont enterré la hache de guerre,
la Suède allant même jusqu’à s’enfermer dans la neutralité durant les
conflits du XXe siècle qui ensanglantèrent l’Europe, du Cap Nord
au Caucase ! La jeune
femme se lève, regarde fixement la large fenêtre aux rideaux écartés. Elle
poursuit : -Dites-moi…
ce palindrome serait-il votre véritable nom ? demande-t-elle avec
malice. Henri
réagit, comme pris en flagrant délit d’escroquerie. Elle attend, paraît
s’amuser, son rictus formant de charmantes petites fossettes sur ses joues. -C’est ce
que j’ai supposé, continue-t-elle en vrillant son regard qu’il est incapable
de soutenir. Quand j’ai appris, certes par inadvertance, que vous étiez… -Ainsi
vous avez su, vous savez ? -Bien
entendu, cher ami ! Monsieur Hasard n’a pas la faculté de tout
deviner ! Pour
Henri, l’énigme demeure totale. Comment a-t-elle su ? Il ne se souvient
pas d’avoir commis la moindre imprudence, d’avoir confié, ne serait-ce qu’une
seule fois et par sous-entendu, son nom d’emprunt. Que lui veut cette
Natalia, alias Ludmilla ? Où se situe la vérité ? Pourquoi lui
dévoile-t-elle ses secrets… professionnels, à lui un inconnu ? Mais
l’est-il vraiment pour elle ? Elle
extrait de son attaché-case un paquet d’enveloppes entouré d’un ruban mauve.
Il reconnaît aussitôt sa propre écriture : celle des lettres qu’il
adressa, il y a fort longtemps, à sa correspondante finlandaise, une
correspondance qui, peu à peu, périclita pour disparaître totalement. Il
l’observe attentivement. Ah ! ce regard replié dans une imperturbabilité
sans faille, de type nordique, aryen !... Il allume une cigarette pour
se donner une contenance, sans présenter son étui à sa visiteuse. Elle sort
une cigarette « High Life » de sa pochette serrée sous son bras,
l’allume à l’aide d’un briquet à gaz minuscule, en tire une bouffée qu’elle
dirige vers le visage de Henri qui ne réagit pas à la provocation. -Non
vraiment, je ne comprends pas, finit-il par dire d’une voix sourde. Il ne
reçoit aucune réponse. La mère de
Henri frappe, entre, chargée d’un plateau. Elle sert le thé, consciente de la
tension qui règne entre la visiteuse et son fils. Puis elle sort du salon. -Vos
lettres m’ont manqué, lâche-t-elle lentement. Terriblement. La fin de
nos relations épistolaires fut pour moi ressentie comme une défaite.
Qu’avais-je donc pu écrire qui puisse me valoir un tel châtiment ? Le
temps a passé… pas le sentiment que j’éprouvais secrètement pour vous et qui
s’est amplifié au point de me submerger… Je vous ai tellement idéalisé !
Entre-temps, vous avez changé plusieurs fois de domicile, pour finalement
rejoindre le Nord. Vous imaginez le nombre d’annuaires que j’ai dû feuilleter
pour aboutir au but que je m’étais fixé ! Mais peu importe : je
vous ai retrouvé… malgré votre couverture, alors même que ce nom m’était
inconnu !! Vous devriez vous méfier, car rien ne demeure longtemps
secret dans ce pays où chacun n’ignore rien de son voisin !... Elle
explique, persuasive. Pourquoi Henri douterait-il de ses allégations
irréfutables dont certains détails lui sont connus ? Un plaisir
immense remplit son cœur, mais il ne le fait pas paraître. Mué comme par un
ressort –ou par le malicieux petit dieu Eros- Henri se dresse, la prend entre
ses bras tout en demeurant silencieux. Serrés
l’un contre l’autre, ils ne sont conscients que de ce double aveu.
L’inquiétude, la méfiance s’évanouissent, s’effondrent tel un château de cartes.
Ils partagent la même certitude, la même exultation heureuse. Plongeant son
regard dans celui de Ludmilla-Natalia, il y lit une grande quiétude et un
semblant inattendu de timidité. Elle lui
sourit, puis se détourne de lui. Surpris, peu expert en matière de
comportement féminin, il s’en inquiète auprès d’elle qui tente de se
justifier : -Excusez-moi…
Je ne m’attendais pas à une évolution aussi rapide de nos… nouvelles
relations, pas du tout habituée à la spontanéité latine ! Et puis… je suis
en pleine confusion… -Serait-ce
celle que provoque… l’amour ? L’amour !
Un mot qui lui fait monter le rouge aux joues et accélère les battements de
son cœur. -Je vais
devoir m’interroger avant de vous répondre ! Cela me semble si beau, si
imprévu, que je n’arrive pas à y croire ! Moi en tout cas. - Moi de
même ! Un silence
tombe de temps en temps entre eux. Puis ils parlent avec une franchise qui ne
peut se révéler que dans l’intimité d’un amour avoué et partagé, mettant
ainsi en place les premières pierres, le commencement de la grande route
qu’ils parcourront désormais ensemble, cœur à cœur. A nouveau,
la maman de Henri frappe doucement à la porte du salon. -Est-ce
que tout se passe bien pour vous deux ? leur demande-t-elle timidement
en la considérant pensivement. Désirez-vous davantage de thé, des petits
gâteaux… ? Alors
Ludmilla-Natalia et Henri se précipitent vers elle, la serrent dans leurs
bras affectueusement. Henri lui glisse à l’oreille : -Maman… je
te présente ta future fille… un ange venu du Nord… du nord de l’Europe ! Un rai de
soleil radieux pénètre dans la pièce. Rien n’est
fixé, définitivement résolu. Les deux amoureux n’ont aucune hâte ; ils
ont désormais tout le temps devant eux pour peaufiner leur bonheur. Après le
départ de la jeune fille, Henri s’interroge. Il est en même temps l’acteur
sur la scène et le spectateur dans la salle ; le bûcheron avec sa cognée
à la main et l’arbre qui attend le coup fatal qui mettra fin à sa longue
vie ; le donneur et le preneur. Peut-être seulement le preneur ? Il
redoute de se trouver dans une situation fausse, insoluble à la Dostoïevski
qui ne pourrait s’acheminer que dans la confusion. Un échec assurément. -Je ne
sais rien d’elle, ou si peu. Comment construire du solide sur du sable
mouvant ? s’admoneste-t-il. Leur
mariage fut célébré en la basilique Sainte-Maxellende. Elle lui apporta un
souffle d’air frais, une vie toute neuve, des horizons nouveaux, cette
Ludmilla-Natalia engendrée par les nuits blanches de la Carélie, celles du
plein été nordique, cette jeune fille tellement attrayante et amoureuse. Rien
ne les sépara tout au long des années qu’ils partagèrent entre la Finlande,
l’Angleterre et le Cambrésis. Ils célèbrent à présent leurs noces d’or,
entourés de l’affection de la grande famille qu’ils bâtirent, la main dans la
main, cœur à cœur, pierre après pierre… sous leur véritable identité. (1) Titre d’un opéra créé par Rimski-Korsakov en février
1882, à Saint-Pétersbourg. André-Pierre Roussel
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GAZETTE
D’EMMA |
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Eliade et le royaume magique |
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Eliade est
une jeune fille de seize ans. C’est une excellente élève et comme toutes les jeunes
filles de son âge, elle rêve de rencontrer le prince charmant. Très
superstitieuse, elle croit à une légende japonaise qui dit que si l’on est
toujours ponctuel, on rencontrera forcément le grand amour. Elle vit
seule : elle n’a jamais connu son père et sa mère est presque toujours
en voyage d’affaires, la seule chose qu’elle a de sa mère est un miroir qui
se transmet de mère en fille. Eliade
était prête pour aller au lycée, elle se regarde un instant dans son miroir
et dit : -« J’ai
une tête d’endormie ce matin. Bon, il faut que j’y aille sinon je vais être
en retard et je tiens à rencontrer mon prince charmant ». Elle
sortit de chez elle et sur la route, fit tomber son miroir et une lumière
éblouissante se mit à jaillir et un jeune garçon apparut. Un peu plus loin
sur la route, Eliade voulut se regarder encore une fois dans son miroir et se
rendit compte qu’elle ne l’avait plus : -« J’ai
perdu mon miroir ! Où est-ce qu’il a bien pu tomber ! Il faut
absolument que je le retrouve ! » Elle fit
demi-tour et revint à l’endroit où son miroir était tombé et elle vit un
jeune garçon d’environ dix ans habillé d’une drôle de façon qui attendait
avec le miroir d’Eliade à la main. Eliade qui n’osait parler aux gens qu’elle
ne connaissait pas hésita à lui parler puis regarda l’heure : -« Oh
non ! Je vais être en retard ! Tant pis pour le miroir, je ne peux
pas me permettre d’être en retard ! » Elle
reprit donc le chemin de l’école et arriva en retard. Pour elle, tous ses
rêves de grand amour s’effondraient. Après une longue journée de cours, il
était dix-huit heures et elle rentrait chez elle lorsque sur le chemin du
retour le même garçon que le matin attendait toujours avec le miroir à la
main. A la vue d’Eliade, il la reconnut et il courut vers elle pour lui
rendre le miroir. « -Tiens,
tu l’as perdu tout à l’heure, tu t’es enfuie mais il va falloir que tu
m’héberges ! -Quoi ?
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi devrais-je
t’héberger ? -Parce que
c’est ton miroir et j’en sors ! De toute façon tu n’as pas le choix. -Tu es
bien arrogant pour un enfant d’une dizaine d’années à peine. Tu auras du mal
à me faire croire que tu sors d’un miroir, je suis superstitieuse mais pas
folle ! -Je
t’assure que c’est vrai, emmène-moi chez toi et tu verras. Et d’abord je n’ai
pas 10 ans ! J’en ai dix-sept mais je suis victime d’une malédiction,
lorsque je me retrouve dans le noir je reprends ma taille normale mais pour
un temps donné. -Ben
voyons ! Tu as d’autres histoires de ce genre à me faire avaler ? Dis
plutôt que tu n’as pas de toit et que tu ne sais pas où dormir. Je veux bien
t’héberger pour cette nuit parce que tu es tout choupinet* mais demain il te faudra trouver un autre foyer. -Moi, pas
de foyer ? Tu es bien drôle, je vis dans un château mais je ne peux pas
y retourner tant que mon frère n’arrivera pas à inverser le sort qu’il m’a
jeté. » Le petit
continuait de parler de château et de domestiques mais il ne faisait plus
attention, après tout, elle préférait le laisser rêver. Ils arrivèrent chez elle,
ils rentrèrent et elle fit ses devoirs lorsque le garçon l’interrompit : « -J’ai
faim ! Peux-tu faire à manger ? -On ne t’a
jamais appris la politesse ? Ça passe
pour cette fois, je vais aller faire à manger ». Le garçon
repartit dans le salon sans rien dire, même pas un merci. Elle pensait au
fait qu’elle se sentait idiote d’obéir à un gamin de dix ans. En faisant à
manger, elle se demandait d’où il venait et même comment il s’appelait car
cela faisait déjà plusieurs heures qu’il était chez elle et elle ne
connaissait même pas son nom. Lorsqu’elle eut fini de faire à manger, ils se
mirent à table et elle lui demanda : « -Au
fait, comment t’appelles-tu ? -Je
m’appelle Léo et toi ? -Moi,
c’est Eliade. Ce n’est pas très commun, je n’aime pas. -C’est
très joli ! Je t’interdis de dire ça ! -Dis-moi
Léo, j’aimerais savoir d’où tu viens. -Je te
l’ai dit, je viens du royaume de l’autre côté du miroir et j’en suis le
prince, tu sauras bientôt que j’ai raison car mon valet doit venir me donner
des nouvelles. » Eliade ne
répondit rien et l’écoutait encore parler de son château, des gens qui
s’occupaient de lui, le lavaient, l’habillaient, le coiffaient. Cela la
ferait presque rêver mais elle savait que ce n’était pas vrai. Soudain son
miroir qui, désormais, ne la quittait plus s’illumina et un homme d’une
trentaine d’années apparut. Il regarda Eliade et l’environnement dans lequel
il se trouvait d’un air interrogateur et se tourna vers Léo. Il lui di
t : « -Mon
prince, votre frère n’a toujours pas trouvé de remède, vous serez obligé de
rester ici pour cette nuit, une chance que cette traîtresse veuille bien vous
héberger. -Oui,
merci beaucoup. A présent vous pouvez rentrer ». Eliade ne
comprenait plus, cet homme était sorti de son miroir, il avait appelé « Mon
prince » et il l’avait appelée traîtresse pour une raison qu’elle
ignorait. Léo, fier de lui, regarda Eliade et lui dit : « -Je
t’avais bien dit que j’étais le prince du royaume de l’autre côté du
miroir ! » Elle le
regarda à son tour et lui demanda : « -Pourquoi
m’a-t-il appelée « traîtresse » ? -Parce que
ton ancêtre a trahi mon royaume et sa descendance est considérée en traître. -J’ai un
ancêtre qui connaissait ton royaume ? » Eliade ne
comprenait plus rien, ce miroir lui venait de sa grand-mère qui ne l’avait
jamais offert à sa propre fille. Elle se dit qu’elle ferait mieux d’aller se
coucher et qu’elle y verrait plus clair le lendemain. Elle emmena Léo dans sa
chambre et le coucha dans son lit puis elle se coucha à côté de lui car elle
ne pouvait pas laisser un prince dormir sur le sofa. Le lendemain, elle se
leva et lorsqu’elle ouvrit les volets et se retourna, elle poussa un cri
d’horreur. Dans son lit, il n’y avait plus de petit Léo mais un adolescent de
son âge. Le cri d’Eliade réveilla Léo qui, réveillé en sursaut, lui
demanda : « -Ça ne va pas de crier comme cela dès le matin !
Qu’est-ce qui se passe ? -Tu… tu
n’es plus petit… Qu’est-ce qui t’est arrivé ? -Je
t’avais bien dit que je n’avais pas dix ans ! » Eliade se
sentit encore plus troublée que la veille. Elle se prépara pour aller au
lycée mais se rappela que l’on était samedi alors elle alla préparer le petit
déjeuner. Ils mangèrent en silence et Léo brisa le silence en lui
disant : « -Je
t’aime ! Je veux que tu sois ma femme. » Elle piqua
un fard, certes elle l’avait trouvé séduisant après qu’il lui ait dit qu’il
n’avait pas dix ans mais de là à l’épouser ! Elle ne lui répondit pas et
continua à manger. Lui, scrutait ses moindres faits et gestes. Puis le valet
de Léo réapparut : « -Votre
frère a arrêté le mauvais sort, mon prince, cette demoiselle va maintenant
être enfermée, personne de l’extérieur ne doit connaître l’existence du
royaume, cela est trop risqué. -C’est
hors de question, elle sera ma femme ! -Vous
direz cela aux juges. » Eliade
était heureuse, c’était la première fois qu’on se « battait » pour
elle. Soudain, elle se retrouva dans un tunnel multicolore puis découvrit un
couloir où les rideaux et les tapisseries étaient brodés d’argent, tout était
magnifique mais elle fut attrapée par deux hommes casqués et elle entendit
derrière elle Léo qui criait. Ils l’emmenèrent dans une salle où des
centaines de personnes siégeaient et dont la porte faisait la taille d’une
maison à trois étages. La porte se referma et elle entendait Léo crier
derrière celle-ci. Les personnes qui siégeaient parlaient entre elles et
Eliade ne put comprendre qu’une seule chose : ils parlaient d’elle. Puis
un homme parmi cette foule de gens lui dit : « -Vous
êtes condamnée à errer dans les tours du château sans jamais vous arrêter
jusqu’à votre mort. -Non !
cria Léo qui venait d’entrer, c’est ma femme ! » Il lui
chuchota alors : « -Embrasse-moi
sur le cœur ! » Elle le
fit et un symbole apparut sur son torse. « -Voyez ?
Ceci est une promesse de mariage ! » Eliade le
regardait incrédule et voyait l’agitation de la foule qui était consternée.
Elle ne comprit encore moins comment ce symbole était apparu après son
baiser. Deux femmes arrivèrent, habillèrent Eliade d’une robe dorée et la
coiffèrent. Léo la prit alors par la main et ils sortirent de la grande salle
et furent accueillis par tout un peuple, ils arrivèrent devant un autel et
là, un homme demanda à Eliade : « -Voulez-vous
l’épouser ? » Eliade
répondit : « -Oui… » Léo déposa
alors une couronne sur la tête d’Eliade et tout le monde jeta des rubans
blancs, sûrement leur façon à eux de jeter du riz aux jeunes mariés. Eliade se
réveilla et dit : « -Quel
merveilleux rêve ! C’est le plus beau que j’aie fait ! » Elle se
leva, se prépara et alla à l’école et comme toujours, elle arriva à l’heure. Elsa Hérivaux |
Une drôle de grande tante |
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Jules
Mesnard, manutentionnaire dans un hypermarché, vit une vie dépourvue de
fantaisie. Il vit
dans un petit immeuble, dans une grande tour de banlieue où tout est gris et
sale. Mais Jules rêve à une vie meilleure. Si seulement il avait plus
d’argent, il pourrait faire des tas de choses. Il voyagerait, aurait des tas
d’amis, enfin il s’amuserait car pour le moment ses modestes moyens ne lui
permettaient pas de vivre comme il le voulait. Un soir en
rentrant de son travail, il trouva dans sa boîte aux lettres un courrier lui
annonçant l’héritage d’une grande tante et pour lui cet héritage allait lui
permettre de vivre comme il voulait. Sans même connaître le montant de son
héritage, il décida de changer de vie. Il déménagea, acheta des meubles, il
habita désormais dans un grand appartement, dans une super résidence. Il eut
du jour au lendemain des tas d’amis, il fréquenta les beaux restaurants, les
boîtes de nuit à la mode. Un seul problème : il acheta tout à crédit
mais il ne s’inquiéta pas, l’héritage couvrirait toutes ses dettes. Au bout de
trois mois, enfin, le rendez-vous qui allait changer sa vie arriva. Il était
fou de joie et c’est très excité qu’il se rendit chez le notaire. Durant la
lecture de l’acte, il écouta à peine, il attendit le moment où il allait
connaître le montant de la somme que lui avait léguée sa grande tante et là,
tout s’écroula : le notaire lui annonça qu’il avait hérité du
secrétaire. Pour lui
la descente aux enfers commença. Il fut expulsé de son appartement et se
retrouva avec ses vieux meubles dans une toute petite chambre dans un
quartier mal fréquenté ; tous ses amis lui tournèrent le dos ; sans
travail, il ne put payer ses dettes et il se retrouva dans une vie qu’il détesta.
Fou de rage il se leva et se mit à donner des coups de pieds dans ce
secrétaire, il ne s’arrêta que quand ce meuble fut réduit en un petit amas de
bois. Soulagé, il regarda ce tas de bois et son regard fut attiré par un
petit sac en velours noir, il se baissa et il trouva à l’intérieur un gros
diamant. Il ne sut
que penser, était-ce un vrai ? La vie allait-elle enfin lui
sourire ? Il se rendit chez un joaillier et fit estimer ce bijou. Sa grande
tante ne s’était pas moquée de lui, il était d’une grande valeur. Mais ses
multiples déboires lui avaient servi de leçon : il paya toutes ses
dettes, habita une jolie maison, mais il vécut de façon modeste. Son héritage
l’aiderait à aider des gens dans le besoin, il savait trop que quand on n’a
plus rien, tout le monde vous tourne le dos. Enfin, il
trouva un sens à sa vie. Jean-Baptiste Cusano
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Des HARPIES à Caudry ! |
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C’est ce
que l’on découvre dans le dernier ouvrage d’Hector MELON D’ AUBIER «
Mondes Étranges », en cet été de 2005. Le Monde Fantastique
s’ouvre à nous et comme si cela ne suffisait pas on le retrouve en visite
dans l’Au-delà, lors d’un retour de vacances en 2010 aux environs d’Evelle.
Où suite à un accrochage la nuit, il passe deux jours dans un couvent ;
puis s’aperçoit qu’il ne s’est écoulé que quelques heures entre son accident
et l’arrivée des secours et que le Couvent est fermé depuis 1944. Ensuite
revient le Commissaire Jean SEKEKCHOZ, cher à HMA après « L’Homme à
Abattre » son précédent ouvrage, dans l’enquête d’une maison hantée à
Bugnicourt. Ce dernier n’en finit pas car on le revoit à Douchy les mines
découvrir le secret du Trou aux Boches ; puis on le retrouve en Belgique
suite à un crime commis à Lille, lié au vampirisme. Ses
voyages dans l’Au-delà, après le « Ressuscité », l’amènent d’abord
dans l’Antichambre et une rencontre avec l’Autre. Il semble qu’HMA aime voyager
dans l’Au-delà mais comme il le dit « - Quand
on y est, ou on en revient ou on y reste ! » L’ouvrage
comporte quinze Nouvelles différentes dont un enlèvement par des
Extra-Terrestres à Awoingt et la chute de Pierres de Lune à Bertry. Mais
revenons à nos Harpies, ces bestioles ailées au visage accoutré d’un bec
crochu, où Monsieur le Maire Guy Bricout a fort à faire avec les trois sœurs
GREE qui ne possèdent qu’un œil pour elles trois et les Furies qui s’y
mettent à leur tour. Finalement le calme revient dans la cité de Baptiste et
Laïté, mais comment ? Seule la lecture de l’ouvrage nous l’apprend. Hector
Melon d’Aubier nous surprendra toujours car lorsque l’on connaît l’homme on
ne s’imagine pas dans quelles situations ubuesques il se trouve confronté et
nous y entraîne. Le livre
est disponible en librairie, maison de presse, hyper et super marché,
bibliothèque au prix de 13 € pour 300 pages de lecture passionnante.
SALON
« IMAGINATION » Centre ville de CAUDRY PÔLE CULTUREL Pour la 6ème année consécutive, la ville
de Caudry organise en
2013 un salon les Samedi 2 Mars et Dimanche 3 Mars 2013 de 9 heures à 18 heures |