SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°38
Septembre-Octobre-Novembre-Décembre 2012
Illustration BD page 2
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Patrick
MERIC
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JEUNES
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Poésies page 3&4
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Collège R. BARRAULT |
Mon
Ange - Juliette page 5
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Collège
Jean MONNET |
Histoire
de Survie - Roméo page 6
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Collège
Jean MONNET |
Funeste Destin – Mon
Amour page 7
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Collège
Jean MONNET |
Complainte page 8
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Collège
Jean MONNET |
HUMOUR et PATOIS |
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Le Kakemphaton
page 8 |
Gérard
ROSSI
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Euch Corbac et l’Arnard page 9 |
Hector MELON d’AUBIER
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Ech sauret
page
9 |
Georges
RATEL
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Mots en Français page 10&11 |
Auteur
inconnu
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ADULTES |
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Enfant Nomade
page12 |
Patricia LOUGHANI
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Les Jolies Dames de Cambrai page 12 |
Marcel
LESAGE |
À ma Femme page 13 |
Jeanne FOURMAUX |
2006 page 14 |
Véronique
FLABAT-PIOT |
Splendeurs page 14 |
Monique
DELCROIX |
Le Corbeau
page
15&16 |
Jacques LEBLANC |
Plus rien page 16 |
Christelle LESOURD |
Enfant, te souviens –tu ? page 17 |
Marcel
LESAGE |
Grand-père
page
17 |
Alicia
DAGNEAUX |
Vieux, il est !
page 18 |
Bernard SIMON |
Les quatre saisons du vent page 18 |
Jacques MACHU |
Cher Papa page 19 |
Renée Van ISEGHEM –LAMBERT |
Un Amour au Cirque page 20 |
Julien BURY |
Eloge de l’Amitié
page 20 |
Geneviève
BAILLY |
Pourquoi ? page 21 |
Albert JOCAILLE |
Pierre de Lune et
Feux Follets page 21 |
Hertia
MAY |
La Vie c’est toujours de mon âge page 22 |
Henri
LACHEZE |
Pour une amie page 22 |
Maryse
MARECAILLE |
Voyage page 23 |
Jean François SAUTIERE
|
Chenille page 23 |
SAINT-HESBAYE |
Pensées page 23 |
Thérèse LEROY |
Aéroport de l’hypnose
page 24 |
M.A LABBE |
La Gazette d’Emma page 25 |
M.A LABBE |
L’Enfance en ce temps-là
page 26&27 |
Jean Charles JACQUEMIN |
La lune
page
30 |
CLARISSE |
Le Temps est mort page 32 |
Muriel
MARIN |
NOUVELLES |
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Modestine page 28-29-30 |
A.
P. ROUSSEL |
Dernière Rose page 31&32 |
Pascal
DUPONT |
DIVERS |
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Information MDA page 33 |
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* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire. |
POÉSIES Collège Renaud Barrault |
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Collège Jean MONNET Caudry |
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Collège Jean MONNET Caudry |
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Collège Jean MONNET Caudry |
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Collège Jean MONNET Caudry |
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Complainte
Oh
mon dieu, quel monde cruel Pourquoi
m’as-tu repris ma Juliette ? Moi
qui ne pensais qu’à elle Tu
as réduit tous nos sentiments en miettes. Que
vais-je devenir maintenant ? Je
ne pourrai plus jamais trouver le bonheur Je
ne pourrai jamais plus vivre dans le présent Après
avoir vécu autant de malheurs. Après
toute cette vie passée à te choyer Je
ne peux plus te prendre dans mes bras Et
encore moins te combler Mais
je continue toujours à penser à toi. Mais
maintenant je ne peux plus survivre, Dans
ce monde qui n’est plus le mien, De
tristesse je suis ivre Je
ne peux donc que me donner la fin. C’est
pour cela que je vais te rejoindre dans l’au-delà En
me touchant avec ce coutelas Mais
cela m’en coûtera Car
je ne pourrai aller auprès de toi.
Kehl Jean-Baptiste |
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ECH’
SAURET |
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(Traduction du poéme de Charles
Cros (1842-1888) --ooOoo- Y
avot in grind mur blanc - nu, nu, nu, Contre ech mur, eune
équelle - haute, haute, haute, Et, par terre, in
sauret - sec, sec, sec. Y s’amèn’, ténant dins
ses mans - sales, sales, sales, In martieau lourd, in
grand clo - pointu, pointu, pointu, Eune boule ed’
fichelle - grosse, grosse, grosse. Alors y monte à ch’
l'équelle - haute, haute, haute, Et plinte ech’ clo
pointu - toc, toc, toc, Tout
in haut d’ech’ grand mur blanc - nu, nu, nu. Y laich’ querre ech’
martieau - qui queut, qui queut, qui queut, Loye à ch’ clo el’
fichelle - longue, longue, longue, Et, au bout, ech’
sauret - sec, sec, sec. Y redeschind d’ech’
l'équelle - haute, haute, haute, L'import’ aveuqu’ ech’
martieau - lourd, lourd, lourd, Et puis, y s'en vo
ailleurs - loin, loin, loin. Et, d’pis, ech’ sauret
- sec, sec, sec, Au bout d’el’ fichelle
- longue, longue, longue, Tu duchemint y s’
berloque – toudis, toudis, toudis. J'ai bafouillé ech’t’
histoère - simple, simple, simple, Pou mette in rache
chés gins - graves, graves, graves, Et faire rigoler chés
éfints - tiots, tiots, tiots. Georges RATEL Croisilles |
MOTS EN FRANÇAIS |
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LE KAKEMPHATON |
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J’en sortirai du camp,
mais quelque soit mon sort J’aurai montré au moins,
comme un vieillard en sort Ce vieil hareng saur, est
pour moi, Une vraie source de joie Je suis romaine,
hélas ! puisque mon époux l’est Ce n’est pas mal non
plus : c’est un poulet Qui devait bailler aux
corneilles. Mais tout cela n’est-il
pas une merveille Pour se garder toujours
l’esprit en éveil. Gérard ROSSI |
Enfant nomade |
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Pauvre enfant de
misère, Balloté dans les
rues, Oublié des hommes, Vivant comme un
chien Au milieu des loups
! Pauvre enfant
apeuré, Vivant où ses pas
le guident, Méprisé comme un
mendiant, Survivant sur son
carton, Au milieu des
géants fous ! Pauvre enfant de
galère, Affamé dans la nuit
froide, Jeté dans
l'obscurité du monde, Rêvant d'amour et
d'argent Au milieu des
vagabonds ! Pauvre enfant du
monde, Exilé dans son
propre pays, Condamné à errer
dans l'ombre, Espérant sentir une
main chaude Au milieu du vide
et du néant ! Patricia Loughani, copyright, le 27/08/2011 |
Les jolies dames de Cambrai |
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Elles
sont : Rayons de soleil, Dans
notre chambre, dès le réveil ; Soleil
des mots affectueux, Clarté
du sourire et des yeux. Elles
sont de blanc, de vert, de rose, Tendres
couleurs qui nous reposent. Le
geste doux et énergique Elles
sont tendres et dynamiques ! Le
bras si fort, la main si sûre, Elles
réchauffent, elles rassurent. Un
peu bourreaux, un peu sorcières Elles
sont anges de lumière. Elles
ne manquent pas d’attraits, Mes
jolies dames de Cambrai.
Hospitalisé à l’hôpital de Cambrai en 1993 pour une prothèse du
genou, j’ai particulièrement
apprécié les soins du personnel féminin. Marcel Lesage |
À ma Femme |
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C’est avec
une grande émotion, qu’en ce jour, je t’écris ces quelques lignes, témoignage
de mon immense amour, que j’ai pour toi. Aujourd’hui
il y a 50 années que nous nous sommes mariés. Je m’en
souviens comme si c’était hier, je venais d’avoir 20 ans, je t’aimais avec
toute la force et la fougue de ma jeunesse. Je suis un
vieux bonhomme désormais, pourtant je n’ai pas cessé de t’aimer. D’une autre
façon, mieux sans doute, avec plus de profondeur et de tendresse. Malgré
parfois mes airs ronchons, mes maladresses, je ressens toujours les mêmes
sentiments, la même émotion lorsque je te serre tendrement dans mes bras. Tu es toute
ma vie, je suis heureux et si fier de t’avoir près de moi. Aujourd’hui
nous avons des cheveux blancs, et malgré sur ton visage quelques petites
rides, tu es toujours pour moi la plus jolie. Je
reconnais que tu es la seule femme, amante, mère de mes enfants que j’aurais
aimé avoir et si c’était à refaire c’est toi que je choisirais. Au fil des
jours, des années, nous avons partagé nos joies, nos peines. Pour
qu’ensemble, nous continuions à vivre des jours pleins d’enthousiasme et
d’amour, essayons de garder longtemps notre jeunesse. Armons-nous
contre la vieillesse, fleurissons nos vieux jours de plein de tendresse et de
milliers de bonheurs.
Jeanne Fourmaux Honnechy Bernard SIMON |
2006 |
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Nuages
dans le ciel, au vent froid de décembre, Ourlant
de leur guipure un monde de pardon… Ebène
de la nuit, qu’une virgule d’ambre Lacère
de son or et de son blanc feston ! Neige,
manteau laineux des bois et de la lande, Organdi
blanc du givre, aux carreaux des maisons… Etang
gélifié, d’où les bambins –en bande !- Laissent
vibrer un rire, à tous les horizons… Noël,
au fond des cours et dans notre chaumière, Osmose
de pénombre épousant la clarté En
offrant à l’humain la divine lumière Liant
le cœur de l’homme à son éternité !
Véronique Flabat-Piot Décembre 2005
Puisse la quiétude
de Noël envahir vos cœurs tout au long de l’année 2006, que nous vous
souhaitons de santé, de joies multiples et de bonheurs partagés. ASBL « La Plume
Vagabonde » Véronique
Flabat-Piot Présidente
Fondatrice, Les Administrateurs
et les Membres |
Splendeurs |
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Septembre l’orpailleur
revient de son pinceau Peindre, étaler les feux
brûlants de sa coupelle… Les arbres sublimés,
portent déjà son sceau, Etendards dans le ciel leur
dorure interpelle, Nul n’échappe à l’orfèvre,
ostensibles doigts d’or… Divin lorsqu’il dépose,
entasse dans sa pelle Envole sa batée… Etincelant
en sort Un grand flot de couleurs,
une à une l’acclame Rougit soudain la feuille,
en vrille elle se tord, Sous le vent qui là-bas,
l’emporte et la réclame… Monique Delcroix |
LE CORBEAU |
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Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Il y a longtemps, mais longtemps Personne ne se souvient de ce temps. Dieu du haut de son empyrée, regardait Le monde et pensait, abrité sous son dais Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Si je faisais la vie sur cette triste boule Où rien ne bouge si ce n’est la houle. Je vais commencer par les dinosaures Il se rendit vite compte qu’il avait tort Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Tous les animaux vivaient en liberté Avec plus ou moins de fierté. En ces temps reculés les dinosaures Etaient de loin les plus gros les plus forts Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Seule la tortue dans l’eau ou sur terre Allait tranquillement sans s’en faire. Quand l’heure de l’élection du roi vint Le dinosaure naturellement le devint Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Hélas en peu de temps, la bagarre Arriva très vite sans crier gare. N’en pouvant plus de ce tintamarre Dieu se dit j’en ai marre Bel oiseau était le
corbeau Pourquoi n’es tu encore
beau ? Aussitôt dit aussitôt
fait Des dinosaures il se
défait Sauf la tortue avec sa
carapace Toute paisible mais
coriace Bel oiseau était le
corbeau Pourquoi n’es tu encore
beau ? Hésitant mais n’ayant
pas peur Il se dit : pas de
deuxième erreur Réfléchissons, pour ce
bestiaire Je vais revoir tout
leur vestiaire Bel oiseau était le
corbeau Pourquoi n’es tu encore
beau ? Il créa trois types
d’animaux Volant dans le ciel les
oiseaux Des poissons nageant
dans la mer Et d’autres, courant
sur la terre Bel oiseau était le
corbeau Pourquoi n’es tu encore
beau ? Dans le ciel, de tous
les oiseaux Le corbeau était le
plus beau Multicolore était son
plumage Sans parler de son
ramage Bel oiseau était le
corbeau Pourquoi n’es tu encore
beau ? Il n’avait de cesse que
de chanter Dans tous les lieux
qu’il hantait C’est moi le corbeau,
je suis le plus beau Je suis le plus beau,
moi le corbeau Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? « Le plus beau, je suis le plus
beau » Fatigués étaient les autres oiseaux D’entendre toute la journée, ce refrain Que le corbeau distillait sans frein Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Tous les oiseaux se sont coalisés Une leçon, ils devaient réaliser Pour qu’à ce maudit corbeau Il ne soit plus le plus beau Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Un tas de charbon fut repéré Et le corbeau y fut précipité Il eut si peur que sa voix se cassa Sa mélopée changea et là, il coassa Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? La Fontaine nous dit que son plumage Devint l’égal de son ramage Des couleurs il n’eut point En effet, noir charbon il devint Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Rien ne sert d’être le plus fort La tortue nous le dit très fort Pour exister et perdurer Tranquillement et dans la durée Bel oiseau était le corbeau Pourquoi n’es tu encore beau ? Pour le corbeau c’est autre chose Sa vanité en est la cause C’est inutile de répéter et re-répéter Car aux gens les plombs vont péter. Tiré de textes d’Andrée
Chedid et Conrad Detrez Jacques leblanc |
Plus rien |
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Je
ne veux plus rien Même
plus de ta main Ce monde n’est pas le mien Je
n’y peux rien Ne
me retiens pas Je
suis trop lasse Mon
âme m’échappe Ton
cœur m’attrape Ne
me demande pas De
suivre tes pas Ne
me demande pas De
t’aimer et me désarmer Je
ne suis déjà plus là. Mes
yeux ne cessent de te pleurer L’as-tu
mérité ? Chaque
nuit, je te cherche Les
champs, je traverse Pour
espérer en voir filer… Mais
mon vœu ne s’est pas exaucé Tout
me condamne Et
moi, je te réclame N’entends
pas mes mots N’aie
pas connaissance de ses maux Toi
que j’aime depuis peu en silence Ne
copie pas ma décadence L’hiver
se rapproche En
même temps que ma nostalgie Celle
qu’on me reproche Mais
comment oublier cette magie ? L’horloge
du Temps m’a rattrapée Et
je rêverais de voir une dernière fois Une
toute dernière fois, ton visage Même
s’il ne me sourit pas Même
s’il peut paraître froid. Mais
ce n’est qu’un mirage Car
mes deux derniers souhaits Ne
sont qu’une dernière cigarette Et
que ta vie soit belle Même
si je suis mise aux oubliettes Adieu
mon Amour.
Christelle Lesourd |
Enfant, te souviens-tu |
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Enfant,
te souviens-tu, comme elle était jolie, Cette
jeune maman penchée dessus ton lit ! Qu’ils
étaient doux ses bras et douce sa poitrine, Quand
pour te consoler, elle se faisait câline ! Rappelle-toi
les heures, rappelle-toi les nuits Prises
sur son sommeil, que tu lui as ravies. Et
toutes les frayeurs et toutes les souffrances, Qu’elle
a prises à son compte, même avant ta naissance. Et
quand tu accourais, quêtant dans son regard Un
ultime recours et l’ultime rempart Du
creux de son jupon. Bien mieux qu’une compresse La
pression de ses lèvres guérissait un genou Ou
arrêtait les larmes roulant sur tes deux joues. Jeune
homme, as-tu compris cette immense tendresse Donnée
sans conditions, comme elle a poursuivi Le
creuset de son ventre, te laissant son empreinte, Et
quand tu es parti, cherchant d’autres étreintes, Elle
a su s’effacer à l’appel de ta vie. Comme
jadis, les pains se sont multipliés, Son
cœur s’est partagé sans jamais s’épuiser. Homme !
Il faut aujourd’hui, dans tes deux bras, la prendre, Beaucoup
la câliner, et si tu peux lui rendre Seulement
le centième de ce qu’elle t’a aimé, Alors
elle connaîtra une belle journée. Marcel Lesage |
GRAND-PÈRE |
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Je suis là dans
cette chambre On m’a laissé
entrer seule pour te parler Voilà je veux te
dire à quel point je t’aime À quel point tu
me manques Où es-tu en ce
moment Grand-père, me
regardes-tu ? On m’a laissée
entrer dans cette chambre Pour pleurer sur
ton corps froid, C'est bizarre je
te vois mais n'arrive pas à pleurer Je ne réalise
peut-être pas ?! Où es-tu ? Mort
! Non je ne pense
pas, Je sais que tu
me vois ! Je suis triste
mais, Quelque chose à
l'intérieur de mon âme Mon corps Me réchauffe, C'est toi, qui
es dans mon coeur et mes pensées, Au fur et à
mesure que j'ai grandi tu t’es inscrit Comme une encre
indélébile, Je te vois tu es
là, tu me tiens par l'épaule, MERCI (hommage à mon Grand-pére Émile Bontemps, qui était un homme et un Grand-pére formidable, qui m’a laissé un héritage immense : sa passion et son don pour le dessin. MERCI) Alicia DAGNEAUX |
Vieux il est ! |
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Péniblement,
clopin-clopant Il
va du lit à la fenêtre, Regarde
fixement jouer des enfants. Le
doute est entré dans son être. Vit-il
un dernier rêve, Vit-il
l’instant présent ? Est-ce
l’ultime illusion, peut-être, De
retrouver sa vitalité d’antan Ou
le souvenir lointain De
ses propres jeux d’adolescent ? Il
se retourne enfin, Hochant
la tête, Le
dos courbé, les bras ballants, Repart
se reposer, de ce pas trébuchant. Les
yeux autrefois si pétillants, si bleus, Sont
devenus sans vie, d’un gris laiteux. Sa
voix si forte auparavant Est
presque inaudible maintenant. Lui
qui, en entrant dans la vieillesse, Voulait
et semblait ignorer ses soixante ans. Son
avenir était encore plein de promesses. L’on
sentait qu’il voulait vivre cent ans ! Plus
de vingt années sont passées. Sa
femme, ses amis l’ont quitté. Seul
dans la vie, il est désormais. A
présent, il ne triche plus, vieux il est.
Bernard Simon |
LES QUATRE SAISONS DU VENT |
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Le
vent a raconté, Au
creux de mon oreille, Comme
un calendrier A
nul autre pareil. Il
m’a parlé d’été, Quand
d’un souffle léger Il
joue à onduler Des
océans de blé. Il
racontait l’automne Lorsque
les feuilles folles En
robe rouge et jaune Dès
son lever… s’envolent. Il
évoquait l’hiver Où,
par la cheminée, Il
fait un feu d’enfer Juste
pour me chauffer. Il
chantait le printemps, Quand
il s’amuse, farceur, A
mêler dans les champs Les
parfums de mil fleurs. Il
me disait surtout Que
Beauté et Amour Se
trouvent un peu partout Tout
au long de nos jours. Mais
pour les débusquer Il
faut prendre le temps, Et
savoir écouter Ce
qu’apporte le vent.
Jacques MACHU Le
28 Février 2012 |
Cher papa |
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Lettre à mon père 28/11/95 20h
En ce
moment je pense à toi. Toute petite, je ne te connaissais pas très bien.
Peut-être même, pas du tout. Ton seul
geste de tendresse : me passer plusieurs fois ta main dans mes cheveux
en disant : « Comment vas-tu, p’tite tête ? ». Cela me
faisait toujours beaucoup rire. Je me suis
mariée… J’ai
commencé à me rapprocher de toi, lorsque tu as voulu entrer en maison de
retraite… Juste avant de rentrer en maison de retraite, tu as été amputé
d’une jambe ! Quelques
années après, le jour de tes 67 ans le 18 septembre 1979, tu as été amputé de
la seconde jambe ! J’étais
énormément triste pour toi, j’avais énormément de peine. Tu es arrivé
à surmonter tout cela. De plus en
plus, nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre. À ce moment-là, je me suis
rendu compte que tu étais le plus gentil des papas : je pouvais te
parler de n’importe quoi. Toujours
tu étais à mon écoute, comme moi je l’étais pour toi. Je me
souviens, parfois je luttais pour ne pas m’endormir, lorsque je venais te
voir, après mon travail (très pratique : je travaillais à l’hôpital près
de la maison de retraite). Parfois je m’endormais sans m’en rendre compte. Tu
ne disais plus rien et vingt minutes après, lorsque je me réveillais, tu me
disais toujours : « Alors, ça va mieux, tu t’es bien
reposée ? ». Chaque
jour j’allais te rendre visite pendant deux heures. Qu’importait l’heure,
lorsque j’arrivais, tu étais toujours d’égale humeur… Tu avais
aussi beaucoup d’humour. Lorsque je partais, tu me disais toujours :
« A demain et à deux pieds ! ». La première fois, cela m’a
beaucoup surprise ! Toi qui
n’avais plus de jambes, parfois, lorsque j’arrivais, tu étais en train de consoler
une petite grand-mère qui pleurait : tu lui remontais le moral. Quand je
te voyais faire ça, j’étais en admiration. Tu es
parti, voilà bientôt onze ans. Tu me manques toujours autant. Après ton
départ, pendant plusieurs mois, chaque jour vers 15, 16h, je me disais :
« Bon, je vais aller dire bonjour à Papa ! ». Encore
maintenant, il m’arrive de parler avec toi, comme si tu étais encore là.
J’espère que cela durera encore très très longtemps.
Pour le plus gentil des papas Je t’aimerai toujours, Pa ;
Renée
Van Iseghem née Lambert |
Un
amour au cirque |
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Bonnet à
ponpon bleu Perdu ton
air malicieux De grandes
chaussures noires Aussi
longues que ton désespoir Tout ton
humour a déchu Même ton
sourire tu l'as perdu Petit
clown triste Amoureux
de l'équilibriste On dit
qu'un clown c'est très gai Mais pas
dans le même sens que tu l'espérais Tu n'oses
pas lui en parler De peur de
te faire rejeter Un amour
gay au cirque La peur
que ça devienne pathétique Mais tu as
le droit d'aimer Ce jeune
homme tant convoité Il est
coursé par les plus belles filles Mais tu
rêves d'une vie tranquille Avec un
beau jardin Et une
maison construite de parpaings Mais quand
vas-tu lui dire Que toi tu
l'aimes à en mourir Demande
conseil au dompteur Qui t'a
ris au nez, qui t'a fait peur Si tu
aimes l'équilibriste Continue
et persiste Approche-toi
de lui Qui te
regarde, qui te sourie Avoue-lui
tes sentiments Avec tes
mots si tendrement Il vient
de tout t'avouer Ton
sourire tu viens de le retrouver Il t'a dit
qu'il t'aimait Et qu'il
te voulait pour lui à tout jamais C'est
l'amour d'un clown et de l'équilibriste Qui
s'embrassent passionnément sur la piste Le public
entra dans le chapiteau Ils les
applaudirent et même très haut Ils
comprirent que ce n'était pas un numéro Mais ils
assument et c'est tellement beau Julien BURY |
Eloge de l’amitié |
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Quittons
ami sincère, Une
contrée austère ! Par
le doux vent serein Dans
le trèfle et le thym Allons
avec bonheur Chercher
les mots du cœur. Sur
un autre versant L’amitié,
cette fleur, A
de tendres couleurs. Quand
brûleront nos doigts Nous
reprendrons la plume ; D’une
muse complice S’en
reviendra l’humour ; Au
plus fort d’un silence Renaîtra
l’éloquence ! Nos
barques bord à bord Glisseront
sans nuages Loin
des crues de l’amour… Nous
verrons refleurir Bien
plus loin que l’automne, Dans
notre âme éclairée Cette
fleur que personne Ne
pourra nous ravir.
Geneviève Bailly |
Pourquoi ? |
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Pourquoi
faut-il que chaque amour Soit
aussi près des larmes ? Et
qu’en nous certains jours, Le
cœur vibrant ainsi nous désarme ! Pourquoi
faut-il encore se souvenir Malgré
le temps fuyant sans cesse ? Parfois
du meilleur ou du pire, Avec
ses joies ou la détresse ! Pourquoi,
oui ! faut-il donc Faire
pleurer le cœur des mères ! Sans
réflexion ou sans raison Pour
que leurs vies ne soient plus que prières ! Pourquoi
donc croire aussi Que
la douleur soit éternelle ? Alors
qu’en nous chaque vie Peut
un jour se rire d’elle. Pourquoi
faut-il enfin Depuis
que ce monde a commencé Que
l’homme ait toujours tant besoin De
la guerre et ses calamités ? Pour
devoir croire en son destin Et
ne faire que tombeaux en cette humanité !
Albert Jocaille 28 novembre 1984 |
Pierres de lune et feux follets |
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Les
pierres de lune tombèrent un midi Par
un beau dimanche près de la sacristie Dans
un tonnerre vibrant de vitres cassées Les
feux follets s’embrasèrent un soir honni Au
vieux cimetière devant quatre copains De
retour d’une séance de l’harmonie Pierres
de lune et feux follets Les
pierres de lune furent analysées Rangées
par taille dans des boîtes de pin Auscultées,
comparées chez l’épicier puis pesées Les
feux follets furent photographiés de loin De
près par des savants arrivés de Marseille Leur
spectre étudié, commenté avec soin Pierres
de lune et feux follets Image
d’un monde de fées et de lutins Contacts
avec l’au-delà, paradis enfer Angoisse
d’aujourd’hui, avenir incertain Fantasme
de Terriens perdus près du Soleil Dans
le bras d’Orion, de la voie lactée si fière Rencontre
du troisième type en espoir Pierres
de lune et feux follets Fut
retrouvé hélas, près des feux un briquet Du
papier noirci et des restes de pétards La
blague de potaches fut vite oubliée. L’histoire
des pierres de lune était liée A
une démonstration de chimie manquée Que
reste-t-il du rêve ? Mais un simple regard ! Pierres
de lune et feux follets, Feux
follets et pierres de lune
Hertia May |
La vie c’est toujours de mon âge |
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Je
suis toujours l’enfant de mes photos jaunies Celui
venu de loin arrivé jusqu’à toi J’ai
pris un masque d’homme on ne m’aurait pas cru Quelques
rides au front pour qu’on me croit plus sage Pardonne
à mes cheveux j’en avais plus alors Et
qui étaient plus fous eux aussi m’ont trahi Je
te viens façonné de douleurs et de joies Je
te viens buriné de deuils et voyages J’ai
des amours pleurés et des amours chantés J’ai
des amours cachés dans ma boîte à secrets Je
suis toujours l’enfant de mes photos jaunies Celui
venu de loin arrivé jusqu’à toi Je
joue à je serais un monsieur important Je
joue à on aurait un bureau et des sous Je
joue à on dirait des choses essentielles Mais
au fond je sais bien que tout ça n’est pas vrai Je
suis toujours l’enfant de mes photos jaunies Celui
venu de loin arrivé jusqu’à toi Quand
on me dit monsieur je crois que c’est un autre Le
temps n’a pas passé je le précède encore Et
quand je vois la mer c’est la première fois Comme
le vent la neige et le printemps et toi J’ose
chanter l’amour le chanter à la lune Ah
pour ne plus aimer ce qu’il faut de vieillesse Celui
venu de loin jusqu’à toi pour t’aimer C’est
toujours cet enfant qui dévorait la vie De
ses grands yeux gourmands sur les photos anciennes.
Henri Lachèze |
POUR UNE AMIE |
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J’ai fait
connaissance avec toi Un jour où
je n’avais plus de voix Je t’ai
demandé si tu étais mariée Et tu m’as
répondu oui avec gaieté Ton mari
est fabuleux Et très
chaleureux Vus avez
deux beaux enfants Qui sont
bien vivants ! À ton
travail tu es toujours avec le crayon Pour
remplir des papiers pour le patron. Quand tu
tapes à l’ordinateur Tu
ne fais aucune erreur. Tu as
beaucoup de courage Quand tu
fais ton ouvrage ! Ton
sourire que tu mets en valeur Quand tu
n’as plus aucunes peurs ! Tes
enfants sont si beaux Sur
l’ordinateur Tu ne
passes pas un jour Sans
donner de ton amour Maryse Marécaille |
Pensées |
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Je me
nourris de ma tristesse. Je
m'abreuve de mes pensées et m'enivre de ma solitude. Je nourris
ma vie de mes rêves et mon cerveau de mes pensées. Je me
réchauffe au soleil de mes souvenirs et me
rafraîchis sur les rives sinueuses de mon incertitude. Je rêve
d'inventer quelque chose de beau en même temps qu'étrange que chacun
puisse comprendre. Je rêve
d'entreprendre un rêve encore plus grand, un univers
très beau, où mes pensées seraient réalité et où
chacun puisse lire quelques parcelles de sa vie. Thérèse
Leroy – 29/04/1975 |
Voyage |
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J’ai
fumé l’armoise, Simple
rituel, Comme
une framboise Mûrit
sous le ciel. Quel
astral voyage Où
mou je me meus, Entrouvrant
ma cage, Béant
des ronds bleus ! Je
rêve bluettes Et
conte, content, Sonnets
et sonnettes, Délectable
instant. Il
n’en manquait qu’une A
mettre au tableau : La
voici, la lune, Le
nez au carreau Qui
me fait des signes Au
lac de la nuit Lus
entre les lignes, Sans
bruit.
Jean-François Sautière Le 4 novembre 2009 |
Chenille |
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La
chenille tout tout au long D’une
longue Brindille S’éclipse
sous un long-long Fil
à fournil À
ce voyage bleu du mieux Camaïeu Les
30 cieux De
mon âme d’amie Emiettent
le silence dense De
l’hallali
Saint-Hesbaye |
Aéroport de l’hypnose |
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Vésicule,
mauvais sont tes calculs Leur
compte est bon Vésicule,
mauvais sont tes calculs Rapidement,
sauvagement Le
chariot blanc descend Happé
dans un grand tourment L’air
blanc est devenu froid Comme
chargé d’effroi Plus
rien n’a d’odeur Mais
verte est la couleur Les
hommes sont verts Les
pieds sont verts Les
visages sont verts Et
aucun n’est ouvert Mais
tout redevient blanc L’air
chargé d’effroi Le
drap sur le bras Et
le tube dans les dents Est-ce
que ça s’arrêtera ? Est-ce
que ça finira ? Cette
vie décollée de son esprit Cet
esprit décollé de la vie Et
cette vie qu’on recolle à la vie La suite est réalité mais n’ajoute
rien à l’histoire… Spationautes
du bistouri Astronautes
de notre vie Dans
votre tour de chrome et d’acier Vos
instruments, faites fonctionner Et
une pression sur la jambe du 3 Résultat
zéro Et
une pression sur sa tête de bois Voilà
ce qu’il faut « T’es
mouillé C’est
normal, t’as pissé T’es
gelé C’est
normal, t’es opéré » La
pieuvre de verre et d’acier S’est
calmée Les
yeux se sont fermés Et
tous s’en sont allés Gelés Mais
l’aéroport de l’hypnose continue de fonctionner.
Marie-Antoinette Labbe |
L’enfance en ce temps-là |
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Le jeune Jean, ses frères
et sa sœur n’ont pas eu de chance, leur maman est morte des
suites de la guerre avec souffrance. Leur papa, un petit fabricant dans l’industrie du
textile, fait feu de son travail
avec amour pour leur être utile. La fille, sa science de la
couture apprise de son père par cœur ; les trois frères vont au
pensionnat chez les curés et sœurs. Ils vivent la maudite
guerre avec toutes ses pertes cruelles. Mais ils connaissent toutes
les fêtes et le Père Noël, la cheminée, les souliers
avec les jouets et les cadeaux, chacun déclare que c’est le
sien de jouet le plus beau. Ils promettent d’être bien
gentils et très sages, avoir le goût de l’effort,
du travail, pour être le premier page. Une instruction stricte du
français, ils deviennent des élites ; grâce aux études de
l’histoire de France et de la bible, même les histoires
particulières mais historiques de la France, de notre région, le
Hainaut-Cambrésis, l’Artois, la Flandre. Ils ont souvenance de
quelques histoires apprises par cœur, histoires du temps révolu
de nos ancêtres qui, parfois, font peur. D’autres encore
merveilleuses de la petite enfance, de belles histoires qui
racontent leur pays, la France. Celle du petit chaperon
rouge et du méchant loup, celle plus douce, des trois
petits cochons qui ne sont pas fous. A sept ans, il est dit que
c’est l’âge de raison, lire et apprendre le
catéchisme pour entrer dans leur religion. Toujours des histoires,
plus sérieuses avec la bible lue, vie chargée de sens, cela
permet de trouver le silence absolu ; comme celle d’Adam et Eve,
ou le déluge avec l’arche de Noé, ce sont les premiers
hommes, et l’humanité qui est à son orée. Avec ces connaissances
religieuses, ils font leurs communions, les études approfondies
leur procurent une bonne situation. Le temps leur mange la vie
et les vacances, et les voici déjà arrivés à
l’adolescence. Ils aiment partir sans les
parents, dans le bois et son château, la belle saison, le jeudi,
le château historique est très beau. Ils profitent du soleil et
causent avec le vent et les nuages ; au château voyant la
chapelle, ils pensent aux beaux pèlerinages. Ils rencontrent les filles
des écoles et cérémonies religieuses, avec leurs parents, des
filles qui semblent très pieuses. La belle rousse, aux
cheveux bouclés tombant sur son encolure, ange ou sirène aux yeux de
velours, qui n’a pas le regard obscur ; avec sa jolie robe fleurie,
elle ressemble à la fée des bois, et autres beautés, cela
provoque aux garçons leur premier émoi. Ô beauté aux longs cheveux noirs et yeux bleus,
tendre ingénue, au corps formé sous une
robe colorée, bohémienne tombée des nues. Toutes ces amies d’enfance
aux gentillesses chaleureuses, donnent à ces jeunes hommes
vigoureux, des journées heureuses. Ce bois, ce château
resteront toujours pour eux un paradis, et leurs souvenirs dormants
seront toujours dans leurs écrits. Après le catéchisme, les
communions, ils sont mis à contributions, le travail manuel est de
rigueur dans toutes les corporations. La paysannerie avec
l’agriculture est majoritaire dans le pays, suivie du charbonnage, de
l’industrie textile et la métallurgie. Entre les études, ils
travaillent chez les parents et aux fermes, les adolescents, les études
arrêtées, entrent dans la vie active. Certains, de leur
connaissance, partent travailler dans les mines ; de temps à autre ils
réapparaissent, ils gardent la bonne mine. A peine quatorze ans, ils
sont devenus hercheurs ou galibots, cela consiste à tirer des
petits traîneaux genre tombereaux. Précieux sont les enfants
pour se faufiler des passages exigus, l’un hale le traîneau avec
un harnais, l’autre le pousse à vue. C’était l’époque demande de
main-d’œuvre, il n’y a pas chômeur, certificat en poche, ils
quittent l’école, ils n’ont pas peur. Ils sont fiers et contents
de travailler toute la semaine, encore plus heureux quand,
aux parents, ils apportent la quinzaine. Les étudiants, le jeudi,
dimanche et vacances, travaillent aussi à la maison, l’atelier, les
jardins et les fermes, ils sont servis. De l’hiver, ils se
souviennent de ces matins où ils acceptent d’ajuster aux bottillons
des crampons et de vieilles chaussettes ; tout cela parce que neige
et verglas s’étaient invités la nuit sans prévenir,
aussi ils ne peuvent l’éviter. Ils vont à la ferme donner
un coup de main aux ouvriers, nettoyer les écuries, les étables, donner au bétail le manger. Ils ont souvenance de ces
soirs de la Saint-Sylvestre, où les fous rires
accompagnaient les nombreuses chutes. A l’arrivée du grand gel,
les conduites d’eau extérieures étaient gelées et privaient
les maisons d’eau courante ; ils vont alors remplir
seaux et brocs à la pompe de la ruelle, heureusement située pas
très loin, au pied d’une maisonnette. Ils se souviennent aussi
que la corvée de charbon revenait souvent, il
fallait le ramener de la cave de la maison. Le printemps revenu, ce
sont les jardins et les plantations, les parents et le fermier
expliquent ; il faut faire attention. Le printemps est le bonheur
et le soutien des espoirs enfantins, la joie de leur âme est
dans le travail en ces clairs matins. L’été ce sont les moissons,
tôt le matin, tard le soir, chacun faisait sa part,
avec la poussière ils deviennent noirs. A l’automne c’est
l’arrachement, parfois même sous le tonnerre ; au jardin, à la ferme, les
betteraves, les pommes de terre. Avec la fatigue, ils
maugréent en mettant leurs galoches, le sourire revient, ce soir
ils auront des sous dans la poche. La clarté du jour
s’allonge, pour cette jeunesse merveilleuse le temps libre grandit,
elle est toujours aussi travailleuse. Les études, le travail, les
randonnées, ils se bougent, dans l’effort lorsqu’ils se
blessent, ils ont tous le sang rouge. Ils aiment leur prochain,
aussi leurs amies princesses charmantes ; rêvant au sacrement du mariage,
avec cette reine, épouse aimante.
Jean-Charles Jacquemin alias Jean-Charles de Beaumont |
Modestine |
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C’était un
jour d’automne. Les raisins avaient été vendangés et les châtaigniers aux lourdes
feuilles d’or se délaissaient de leurs fruits vernissés qui commençaient à
tomber lourdement. Le soleil brillait sur les champs ouverts par le soc des
charrues, n’était déjà plus chaud, fatigué d’avoir tant besogné tout l’été. La famille
était alors rassemblée devant la maison de campagne dont une main diligente
avait fermé les fenêtres et la porte. Pauvre maison qu’on abandonna, il y a
une quarantaine d’années, aux rigueurs de l’hiver particulièrement rude sur
le Plateau de Millevaches ! Une maison rassasiée d’années qui était,
pour le petit Henri d’alors, une véritable arche de Noé. Ah ! Ce Plateau
aux mille vaches embaumé des premières fleurs des bruyères, du parfum des
eaux neuves qui sourçaient en ces lieux pour essaimer dans toutes les
directions, de cette odeur inoubliable de la terre éventrée, de feuilles
macérées par l’automne ! Rassemblée
devant l’âtre où grillaient des châtaignes, où cuisait cette soupe tellement
merveilleuse qu’un agonisant en aurait redemandé, autour de l’aïeule, Emma,
qui était le moyeu vers lequel convergeaient les rayons de la roue que
formaient les membres de la famille, une petite vieille au visage patiné qui
parlait plus le patois limousin que le français. Protectrices,
les bêtes, veillant dans les étables contiguës, entouraient la maison et ses
habitants de leur chaleur, de leur odeur. De leur innocence. Tout comme la
nature qui, pour plaire aux hommes, fait pousser, fleurir gratuitement, pour
rien, pour la beauté d’exister. Quelle
tâche ardue que celle de convoquer les souvenirs ! Les bons et les moins
bons. La maison,
Henri l’avait rénovée, réhabilitée pour y passer les vacances d’été. Il y
retrouve son amie d’enfance, Béatrice. Assis l’un contre l’autre sur le banc
de pierre, contre la maison, ils respirent ces vastes étendues mauves, de
toutes leurs forces, écoutent la musique des abeilles qui butinent les
bruyères ; ils regardent les nuages là-haut, qui passent au-dessus
d’eux, indifférents à la terre qu’ils survolent alors qu’ils choisissent leur
destin. Eux, les solitaires, isolés dans leur thébaïde des Millevaches,
tandis que leurs doigts unis jouent leur symphonie d’amitié née dans leur
plus tendre enfance. Cette
maison au toit de chaume, Henri la gardera bien au chaud dans son cœur, lui
demeurera fidèle. Plus tard, il s’y installera, lui redonnera vie, à elle et
aux terres maigres qui l’entourent dont chaque parcelle est sertie dans son
âme. Une vie nouvelle. Celle d’un homme qui appartient à ce coin de terre.
C’est de là qu’il prit son essor, qu’il rayonna de par le monde. Dans ses
souvenirs, la maison lui paraît déguisée comme une fée parmi les féeries
dispensées par le Plateau, ses fenêtres faisant penser à des bijoux perdus,
tout particulièrement à la tombée du jour lorsque ses habitants allumaient la
lampe à pétrole. Il y avait un extraordinaire contraste entre ce qu’elle
était et la pauvreté de ce qu’elle portait. À
l’intérieur, tout y était bonheur : ses grands-parents – le grand-père
réparant un manche de pioche ; la grand-mère ravaudant, ourlant un
torchon neuf qui, déployé, exhalait une odeur de toile fraîche, ou lisant les
faits divers dans « Le Populaire du Centre » - ; la comtoise
égrenant les heures, les meubles en noyer aux chauds reflets, les bottes de
maïs et d’aulx qui séchaient pendues aux poutres de la grande salle, le chat
qui ronronnait, paisiblement lové devant l’âtre ou la cuisinière à bois. A
l’extérieur, la pauvreté d’un toit de chaume, la pierre grise et rose du
granit, terne, d’une teinte de deuil anonyme des générations qui la bâtirent
et la firent vivre, éloignée du hameau de la Rigaudie, larmoyant la fatigue
des siècles, des hivers interminables, des tempêtes du Plateau qui la
frappaient cruellement avant de s’en aller fustiger les Monts Dore. Une
îlette fichée dans une mer de bruyères blanches, mauves et violettes, de
fougères d’un vert tendre, de genêts groupés en oasis jaunes, plantée de
chênes maigrichons et de bouleaux rabougris. A l’entour, quelques huttes de
gardiens de moutons, rien d’autre. Rien que des sentiers caillouteux balisés
par des ronciers et des haies d’aubépines et d’églantiers. L’âme de
la maison, se souvient Henri, c’était aussi, pour une grande partie,
Modestine, une facétieuse ânesse au nom inspiré par une lecture du
grand-père : « Voyage avec un âne dans les Cévennes » de
Robert-Louis Stevenson. A elle seule, elle était un roman ! Une bête
sérieuse, consciente de ses responsabilités, indulgente envers l’enfant qu’il
était… et de son amie Béatrice. Brave, comme on se plaît à dire en Limousin en
parlant d’une personne droite et sans histoires. Modestine,
Béatrice en conserve un souvenir vivant. Lorsque l’ânesse arriva au sein de
la famille, elle en faisait également partie, ayant échappé à une rafle des
soldats allemands qui emmenèrent ses parents. Ses parents qui ne revinrent
jamais au pays. - C’est
une histoire banale, raconte-t-elle. Qui a cependant changé ma vie de
fillette. Rappelle-toi : j’avais alors douze ans et ton grand-père
Arsène – il avait dans les soixante dix ans – m’avait emmenée dans les environs,
du côté de Cisterne… N’est-ce pas un joli nom ? Nous partions avec un
petit charretou à bras, emportant des sacs de jute et des grandes perches
pour gauler les noix. Ton grand-père possédait une dizaine de noyers… - …ce
qui lui permettait de fabriquer de l’huile pour toute l’année, et même d’en
vendre lorsqu’il descendait en ville, à Meymac ! - C’est
exact, ta mémoire est excellente ! Or ce jour-là, nous étions en plein
travail, lui gaulant et moi ramassant les noix – j’avais mis des vieux
gants, car il faut du temps pour faire disparaître les taches de brou de
noix ! – lorsqu’arriva, derrière nous, un mignon petit ânon, tout
surpris de nous rencontrer à cet endroit… en fait, c’était une fille
âne ! Elle s’arrêta, les quatre pattes écartées, sembla réfléchir. Elle
resta ainsi pendant un long moment. Elle ne paraissait pas avoir été
maltraitée et elle accepta mes caresses. -
Laisse-la donc tranquille, Béa !
me lança ton grand-père. Elle n’est sûrement pas seule et elle va bien
finir par s’en retourner chez elle. Moi, je
la trouvais bien trop jeune pour être capable de s’en retourner toute seule
dans sa maison. Néanmoins, je poursuivis mon travail, ramassant les noix et
remplissant les sacs de pommes de terre. Lorsque nous nous sommes mis à
manger de grosses tranches de lard maigre et de fromage de chèvre, elle vint
mendier sa part. Eh bien, pour un animal herbivore, elle refusa la viande…
mais accepta le fromage ! Ensuite elle se coucha à côté du charretou et
elle attendit là, sans bouger, jusqu’au soir. Je me demandais ce qu’elle
allait faire lorsqu’elle nous verrait nous éloigner. Sais-tu ce qu’elle
fit ? - Je
sais : elle vous a suivis. - C’est
vrai ! Le plus étonnant, c’est qu’une fois parvenus à la Rigaudie, elle
nous dépassa, s’est mise à braire et alla nous attendre devant la porte du
grand-père ! Comment fallait-il interpréter ce comportement ? - Je
suppose qu’elle avait reconnu votre odeur. - Je
n’avais pas pensé à cette possibilité ! Alors que faire ? Tes
grands-parents disposaient de place et de quoi la nourrir. Le grand-père alla
prévenir les gendarmes pour ne pas être accusé de vol et aussi pour qu’ils
demandent à leurs collègues du secteur si la perte d’un âne leur avait été
signalée. Les mois passèrent et l’ânon devint une superbe ânesse, docile,
gentille… raison de plus pour, d’un commun accord, la baptiser
« Modestine » parce que ses braiments n’agressaient pas nos tympans
et qu’elle s’exprimait modestement, quasiment confidentiellement. - Le
dimanche, elle avait même une prérogative : celle de venir dans la
grande salle pour recevoir une friandise, poursuit Henri. Coquine, tu te l’étais appropriée et j’en étais
un peu jaloux ! Tu la chevauchais pour de longues promenades tandis que
moi j’étais de corvée d’épluchage de haricots verts pour les conserves en
bocaux ! -
Pauvre Modestine ! Elle revenait épuisée ! Je n’étais vraiment pas
raisonnable ! Les mois et les années ont passé. Un jour, il a bien fallu
que nous nous séparions. Ètant ton aînée, j’avais atteint l’âge d’aller en
internat, à Limoges, pour y faire mes études secondaires. - J’en
fus fort attristé, car tu m’étais devenue indispensable… bien plus qu’une
sœur… - Je ne
l’ignore pas, mon fidèle chevalier servant ! Quatre mois après mon
départ, ma brave, mon adorable sœur aux longues oreilles mourut. Elle s’était
laissée dépérir, brayant à fendre l’âme, donnant mauvaise conscience à son
entourage… surtout à moi ! Tu vois, il y a… disons beaucoup d’années de
cela. Eh bien, je ne peux évoquer, encore aujourd’hui, l’amour de cette ânesse
pour la jeune fille que j’étais, un amour exclusif qui l’a menée à la mort,
sans pleurer. Nous avions vécu quatre années ensemble, parmi tous les membres
de la famille… Elle m’avait choisie, de son plein gré. Et je l’ai abandonnée. Comment une ânesse
aurait-elle pu comprendre qu’il me fallait partir loin d’elle ? Je ne
l’ai jamais oubliée. J’aurais aimé qu’on lui fasse une jolie tombe :
mais c’est interdit, pour des raisons sanitaires. Quoi qu’il en soit,
Modestine est la sœur que je n’ai jamais eue. Et l’amitié, la fidélité qui
nous unissaient, étaient uniques et éternelles. Oui Modestine, où tu te
trouves là-haut, dans le paradis des ânes, tu sais bien que je n’ai pas cessé
de t’aimer. Si Dieu le veut, nous nous retrouverons… et nous ferons encore de
grandes promenades, toi et moi ! Je promets que je ne te fatiguerai plus
comme je le faisais, comme une mauvaise égoïste que j’étais, ne pensant qu’à
mon plaisir. -En effet, pauvre Modestine ! J’ai
toujours eu un faible pour les ânes. Peut-être parce que j’ai pitié d’eux
lorsqu’on se moque de leurs longues oreilles et de leur mauvais
caractère ? Tu m’as ainsi démontré qu’un animal qui se sait aimé est
capable d’oublier les défauts et les vices que la nature lui a méchamment
donné, par atavisme. Pauvre Modestine ! D’où pouvait-elle bien
venir ? - Le mystère n’a jamais
été élucidé. Quelqu’un se serait manifesté pour la récupérer, je n’aurais
jamais pu la restituer à son propriétaire… Je crois que, dans ce cas,
Modestine aurait retrouvé le chemin pour venir me rejoindre ici, à la
Rigaudie. Le bon Dieu a sans doute décidé que son bonheur était auprès de
nous tous… enfin, de moi. A cette époque de l’année,
la nuit tombe vite. Béatrice et Henri demeurent silencieux, pelotonnés l’un contre
l’autre, le regard perdu dans le firmament. Le fond de l’air est encore
chaud. Un hibou ulule tristement, semble crier l’amour comme une détresse.
Une étoile paraît palpiter plus vite et plus intensément que ses consœurs…
sans aucun doute, c’est à leur intention… - Regarde, murmure
Béatrice. C’est Modestine qui nous adresse un clin d’œil ! - C’est bien
possible ! Elle et nous, nous devons demeurer à la place où l’on nous a
placés… - Ah Henri ! mon
éternel dresseur de barrières contre l’amour… - …seulement contre
l’amour impossible ! Rentrons à présent, il commence à faire frais. André-Pierre Roussel |
La Lune
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Un enfant la
regardait Toute blanche
elle illuminait Le ciel de Paris
à Broadway Des milliers de
rêves s’y accrochaient Couplet 2 : Des mains la levaient de
l’horizon Le monde lui laissait ses confessions A genoux lui demandait pardon Et l’aimait même les petits garçons Refrain : Ce matin, Maculée de sang d’humains La lune s’est éteinte Recouverte d’un drap de satin La lumière prenait fin
Couplet 3 : Sauveuse
de leurs nuits noires Elle
était leur rêve et leurs raisons d’y croire Le
dernier reflet de leur miroir Il
faut toujours garder espoir Son
cœur bat encore quelque part Clarisse Le : 31/08/2007 |
LA GZETTE D’EMMA |
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Dernière Rose |
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J’ai cueilli la dernière Rose de l’automne. J’étais gêné d’inaugurer
cette délicate soustraction à la Nature décomposée. Longtemps, j’ai cherché
quelques subterfuges, bien inutiles, pour retarder ce geste fatal. Fébrile,
je tournais mal autour du rosier grimpant et j’étais malade d’entreprendre
cette escalade difficile, si peu inaugurale. À chacune de mes circonvolutions je sentais, au bout de mes doigts,
une grande désespérance trémulante. Je pensais que la Rose soumise me suivait
et qu’elle anticipait mes mouvements pénibles. Je crois qu’elle souffrait de
sa future décapitation et c’est moi qui avais mal à l’âme. J’étais son
bourreau supplié au milieu du jardin soupirant. Les petites feuilles de l’acacia voulaient détourner mon attention
en se lançant au ciel avec des feux d’artifice d’automne rougissant de mauve,
d’ocre, d’or et de jaune cramoisi. Mais je crois qu’il pleurait de tout son
être parce qu’il n’y avait pas de vent dans ses branches. La Rose épanouie, empourprée de ses derniers atours, se penchait
doucement comme pour offrir son cou à ma caresse tranchante. C’était sa
révolte sublime, le don de ses parfums encore cachés entre ses pétales
détachés de son cœur et palpitant une gloire passée. Je me souviens encore de
son bouton, à peine éclos, se détachant de sa gangue de verdure pour
affronter la douceur frileuse du printemps. C’était un papillon s’extirpant
de sa dernière fragile chrysalide et je l’observais chaque jour comme un
voyeur enchanté. Tous les matins, penché, je partais respirer ses effluves nouveaux
et je caressais ses pétales veloutés avec les deux mains comme pour porter ce
ciboire à mes narines gourmandes. C’était mon rituel journalier et j’enviais
la rosée délicate aux pouvoirs tellement insolents. Je respirais l’extrait de
tous ses parfums avec un envoûtement sans fin. Je fermais les yeux pour
laisser pénétrer, au fond de mon cœur épris, cette fraîcheur de jouvence.
C’était des moments extraordinaires dans ce jardin d’un autre temps. Les
hirondelles conversaient dans le ciel en criant le bonheur d’appartenir au
tableau. Mais toi, tu étais encore plus belle que les autres. Ta parure
satinée et la perfection des ciselures, si précises, si précieuses, de ta
robe de princesse laissaient l’impression d’un bal en devenir. L’aiguail pouvait mystifier l’empreinte
charnelle de ta chaussure de verre. Un jour, une toile d’araignée est venue se tendre si près de ton cou
offert. Et c’était un collier féerique ajusté pour ta seule beauté
grandissante. C’était bien toi la Reine du jardin et j’étais ton plus fidèle
troubadour. Je restais des heures à t’attendre puis tu écartais timidement
tes pétales pour exhaler tes parfums subtils. J’ai vu des vils insectes froisser ta corolle, bousculer tes faveurs
et ils te goûtaient, ils te butinaient sans vergogne et j’étais jaloux de
leur audace. Alourdis de ton pollen, ils repartaient un peu saouls, chavirés,
dans l’ivresse de tes charmes piétinés. J’aimais te regarder de loin pour te laisser vivre, sans ma
présence, mais je revenais inépuisable curieux, subjugué par l’attirance de
ton élégance innocente. J’admirais en toi tout ce que je recherchais ailleurs
et tu étais devenue ma Quête ultime. J’avais l’impression que tu me regardais
avec tes simulacres de vent séducteur sur ta tige menue. Tu venais frotter
ton bourgeon décolleté et têtu sur ma joue pour m’apprivoiser, pour que
j’apprenne à t’aimer en douceur. Tu improvisais, sur la gamme sans fin de tes
charmes. C’était nos rencontres fiévreuses timides et les jeunes feuilles de
l’acacia bruissaient d’allégresse quand nous scellions nos retrouvailles
caressantes au sein du jardin. Tu étais belle dans chaque horizon, du ciel
jusqu’à la terre retournée à ton pied. Je ne pouvais pas trouver un angle
défaillant, une arête coupante ou une simple anomalie au milieu de toutes tes
fragrances permises. J’arrosais tes pourtours et tout le rosier frémissait
jusqu’aux feuilles les plus menues quand tes racines s’abreuvaient à mon
fervent arrosoir. Tu t’empourprais comme un soleil farouche après l’orage mais encore
décidé à darder sa beauté jusqu’au crépuscule. Tu as vécu ce que vivent les roses et tu tremblais dans ma main.
J’aurais aimé que tu me piques avec tes épines aiguisées pour me faire mal.
J’aurais aimé voir, de mon sang, ta couleur encore vivace dans cet automne
finissant. J’aurais aimé être ailleurs pour ne pas commettre l’irréparable.
J’aurais aimé revivre ce printemps pour faire perdurer la même Passion avec
d’autres nouvelles exhibitions dans ta panoplie charmeuse, au milieu de ce
jardin magnifique. Si tu connaissais tout le malheur enfermé dans mes
doigts ! Je sentais les battements frénétiques de ta sève courant sur ta
tige éperdue et c’était ma peine capitale. Captive consentante, tu as pleuré
sur ma main tremblante. Tu as laissé tomber quelques pétales chancelants. Ils
glissaient sur ma peau comme nos dernières caresses échangées. Ils ne
pouvaient pas tomber à terre tant ils planaient au bout de mes yeux défaits.
Mes doigts hagards ont rencontré une épine acérée mais tu ne voulais pas me
piquer. Pourtant, je voulais m’empaler sur toi et endurer, par la souffrance,
l’outrage suprême que je te faisais subir. Puis, tu t’es détachée en
sacrifiant tes dernières forces en parfumant ce terrible geste. Je t’avais
portée à mon visage pour que tu me pardonnes cette exécution sauvage. C’est
comme si je t’embrassais à ma hauteur, pour la première fois, et tes pétales
se sont dispersés pour décorer mon habit de jardinier. Pardonne-moi. Je t’aimais Belle Rose Décapitée et je chancelle
encore dans ce jardin maintenant, sans nul attrait. Pascal. |
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LE TEMPS EST MORT |
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Fermer la porte à l'autre et puis lui ouvrir, Rien ressentir du texte quand on se lit. Ça se débat, on transpire encore pour
souffrir, Rendre l'âme, les clés perdues quand on se
lie. Boulets, chaînes et lianes invisibles, Subtiles résistances presque nuisibles. Pour cette jeune âme, trop d'ignorance, Trop d'ignominie et un peu trop d'errance. Pensons avenir avec violence, sans démordre, Laissons les fiels raclures prêtes à mordre, Des êtres tourmentés pour leur grande
fertilité, Parfois envahis par une très haute débilité. Grossesses, enfantements, mamelles des
pardonnés, Orgueilleuses d'avoir autant de lait à
donner, Perdues les malheureuses au ventre
d'haltères, De souffrir un tel martyr pour une sale
terre. Soit disant si fertile d'un vrai et beau
joyau, Qui à peine nées, doit se remplir le fin boyau. Laissons les vieilles rancunes se dissoudre, Et remettons-les, une nouvelle fois, à
moudre, Avec espoir d'un renouveau porteur de
douceur, Pas de joyau, ni de boyau désormais à
espérer. Le temps est mort pour entendre un
« glousseur », Prés à donner la tétée, un lait de mère à
respirer. Fermer la porte à l'autre et puis lui ouvrir, Rien ressentir du texte quand on se lit. Ça se débat, on transpire encore pour
souffrir, Rendre l'âme, les clés perdues quand on se
lie. Boulets, chaînes et lianes invisibles, Subtiles résistances presque nuisibles. Muriel MARIN le 14/02/2012 |
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LE LIVRE : Est en vente à L’ESPACE DE VIE HISTORIQUE de CAUDRY D’HIER ET D’AUJOURD’HUI au prix de 24 Euros
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