SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°34
Mai – Juin – Juillet – août 2011
Illustration BD page 2
|
Patrick MERIC
|
JEUNES |
|
Poèmes … page 3
|
Collège
R. BARRAULT |
Le Solitaire page 4
|
Manon
DENHEZ |
Un drôle de
colis page
5-6 |
Aline
GODIN |
Les Z’animots
de juliette et zoé page
6 |
Denise
JARDY-LEDOUX |
Un
enfant :mais tout seul page
7 |
Orlane
TOUPART |
HUMOUR-PATOIS |
|
Le
chaînon manquant page 7 |
Joel HERBIN
|
Not’ factrice page 8- |
Marcel
LESAGE |
Jardinage
page 9 |
André
NOIRET |
Une
chance page 9 |
Julien
BURY |
Chassez
Croisez page 10 |
GRASJACQ |
ADULTES |
|
Noble
essence page 11 |
Daniel
CARLIER |
La
calomnie page 11 |
M.A LABBE |
La
mer page 12 |
Gaston
GREUEZ |
Pour
L page 12 |
Anthony
CANONNE |
Marylin page
13 |
Marie
GUILLAUMON |
Une
personne que j’adore page 14 |
Maryse
MARECAILLE |
Il
pleut … page
14 |
Jean-François
SAUTIERE |
Se
retrouver seul page 15 |
Jeanne
FOURMAUX |
Hélène page 15 |
HERTIA-MAY
|
Mes jeunes années page
16 |
Charly
WALL |
Les
lauriers page 16 |
Monique
CIOLKOWSKI |
Le
son de sa voix page 17 |
Stéphanie
BONNEVILLE |
Le
lac triste page 17 |
SAINT-HESBAYE |
La
vie est une contradiction page 18 |
CLARISSE |
La
roulotte page 18 |
Muriel
MARIN |
Le
tilleul du manoir page 19 |
Jean
– Charles JACQUEMIN |
Mère
indigne page 19 |
Christelle LESOURD
|
NOUVELLE |
|
Mon
départ pour Dijon page 20-21 |
Thérèse
LEROY |
La
maison de campagne page 21 |
Gérard
ROSSI |
La
gazette d’EMMA page 22 |
M.A LABBE |
Derrière
la porte page 23-27 |
PASCAL |
Survivre
page 28-30 |
Hector MELON D’AUBIER |
Le
piquet page 31-32 |
Marie
José WANESSE |
DIVERS |
|
MDA page33 |
|
POEMES |
|||
|
|
Le Solitaire |
|
|
En l’an 2046 les prisons n’existent plus et les
prisonniers sont emportés dans des villages clôturés de fils barbelés touchés
par la radioactivité. Simon Corey est un condamné pour un crime qu’il n’a pas
commis. Un jour, les officiers chargés de lui rendre la vie plus supportable
lui amènent une femme. D’abord hostile à son égard, il finit par l’apprécier
jusqu’au moment où les officiers lui apprennent que son procès est ajourné et
qu’il est libre. Refusant de partir sans Alicia, sa seule amie, Simon voit
avec horreur les officiers lui tirer dessus, elle n’était qu’un robot. Simon Corey, arrivé dans un fade et mystérieux village de l’Amérique
où sont logés tous les détenus, commence tout d’abord par aller voir un
prisonnier qui n’avait pas trop l’air méchant : -« Bonjour… Je suis nouveau et je voudrais savoir comment ça
marche ici ? Les officiers ne m’ont rien expliqué » demanda d’un
ton poli Simon. -« Bouge de là ! » lui rétorqua t-il. Corey préféra ne plus s’approcher des autres et de se débrouiller
seul. Il vit une petite maison miteuse, mal éclairée, qui contenait à peine
l’eau potable. Il entra, visiblement il n’y avait personne, il installa ses
affaires, inspecta la maison d’un coup d’œil, puis y resta jusqu’au
lendemain. Le lendemain Simon se
décida enfin à sortir de son foyer. Il se dirigea vers un homme, la trentaine, aux cheveux blonds,
sales : -« Bonjour je m’appelle Simon Corey » dit-il. -« Salut, t’es nouveau ? » lui répondit-il. -« Oui, comment ça fonctionne ici ? Pour
manger ? » -« Pour manger, un officier passera tous les lundis matin pour
te donner ton repas pour la semaine, le reste tu fais ce que tu veux, mais
dans ce village perdu, néfaste, il n’y a rien à faire. » Simon se retira sans même dire merci et cette fois-ci alla dans la
direction d’un officier : -« Que pouvons-nous faire dans ce trou maudit ?! »
s’écria-t-il. L’officier grand et robuste se retourna d’un pas et s’écria à son
tour : -« Rentre chez toi et laisse-nous tranquille, ça sera mieux pour
tout le monde ! » Simon obéit, rentre chez lui. On était dimanche, demain était le jour du repas. A neuf heures pile,
on frappa à la porte en bois à moitié trouée et mangée par les termites.
Simon alla ouvrir, il vit un officier avec, à la main, un grand sac, double
des autres où, à l’intérieur, il y avait de la nourriture et partit sans
donner d’explications. Alicia se trouvait ici, sur le seuil de la porte, elle demanda : -« Puis-je entrer ? » Simon la fit entrer, il rangea la nourriture dans les vieux tiroirs
poussiéreux, puis ils s’installèrent tout deux sur une chaise puis
commencèrent une discussion. Ils se sont présentés l’un à l’autre et ont tous deux dit pourquoi
ils étaient ici ; Simon précisa qu’il n’y était pour rien dans ce
meurtre. Alicia, elle, était là car elle avait été prise à plusieurs reprises
en train de trafiquer des sites internet atteignant la NASA, du moins c’est
ce qu’elle disait. Les jours, les mois, les années passèrent. Simon trouvait Alicia tous
les jours plus belle et plus attirante. Elle était une fille adorable, une
femme gentille, séduisante et qui aime beaucoup rire. Un jour pluvieux, accompagné d’un brouillard très épais, deux
officiers entrèrent dans la piteuse maison où vivaient Simon et Alicia. -« Monsieur Simon Corey, exporté le 26 juin 2046, est maintenant
libre ce 15 décembre 2051 » dit un des officiers. Simon resta bouche
bée, si heureux ; prit Alicia par la main en s’écriant : -« Alicia ! Nous sommes enfin libres ! » Alicia
ne disait rien. L’autre officier dit d’un ton agressif : -« Cette jeune femme reste avec nous. » Simon hurla qu’il
ne partirait pas sans Alicia. L’officier, avant de s’en aller, regarde fixement Simon en lui
disant : -« Dix-huit heures, sur la place » puis quitta la maison. Le soir à cette heure, ils se trouvèrent sur la place. Une rangée
d’officiers se trouvaient là. Un de ceux-ci fit un signe de la tête, un autre
brandit une arme et tire sur Alicia, Simon vit que cette femme n’était qu’un
robot. Anéanti, il rentra chez lui le soir même, et ne parla pas pendant un
ou deux ans, tellement choqué par ce qu’il s’était passé. Il fut transféré en hôpital psychiatrique, il perdait la tête. Manon Denhez - 2nde
4 |
Un drôle de colis |
|
|
Sophie Way
était une journaliste d’une trentaine d’années, qui avait su se faire un nom
dans le monde des médias ; elle voyait dans sa carrière un moyen de
s’évader. Son travail occupait une place prépondérante dans sa vie. Une vie
de famille ? Quelle horreur ! Sophie
aimait vivre au jour le jour. Sa vie amoureuse ne se résumait d’ailleurs qu’à
une brève amourette avec un de ses collègues. Elle en souffrait, mais se
forçait à penser que le mariage ne lui apporterait rien, sinon un vaste trou
dans son compte en banque. Bref, Sophie se suffisait à elle-même et
continuait sa brillante carrière, seule. Jusqu’au
jour où elle découvrit un colis où était inscrit « S.W. » au
marqueur noir dans sa boîte aux lettres, sans adresse, bien coincé dans le
clapet. Elle s’en saisit vivement et le soupesa. 200 grammes, jugea-t-elle en
son for intérieur. Elle hésitait à aller à la Poste pour s’informer de cet
envoi, mais mourait d’envie d’en découvrir le contenu. Elle opta pour la
seconde solution et remonta donc chez elle. Munie du beau couteau suisse de
ses 15 ans, elle découpa délicatement le carton entouré de scotch noir,
soigneusement emballé. Elle découvrit dans la lumière blanche de sa cuisine
un sachet congélation noyé sous une forêt de polystyrène. Elle prit
délicatement l’emballage et fit glisser l’ouverture. Elle extirpa une chose
dure et froide du sachet ; après quelques secondes d’étonnement, Sophie
cria et lâcha l’objet, qui se révéla être une main ! Frappée de stupeur,
elle prit ses clés et sortit en trombe de son appartement. Elle
marcha jusqu’au parc, et s’assit pour repasser cet événement dans sa tête.
Les pigeons roucoulaient et picoraient, insouciants, et les enfants jouaient
et riaient comme si de rien n’était ; Sophie se ressaisissait en se
forçant à se calmer, mais n’y parvenait pas. Elle revoyait sans cesse les
mêmes images d’horreur, la main dont le moignon suintait, recouvert de cire.
Même la légèreté de l’air ne parvenait pas à lui alléger ses terribles
pensées. Au bout de plusieurs minutes, Sophie décida de se reprendre en main
et d’aller au commissariat apporter l’objet de ses tourments. Elle
remonta la Grand-rue jusqu’à son appartement. Avant d’entrer chez elle, elle
prit une profonde inspiration et appuya fermement sur la poignée. Elle entra
le cœur battant, se dirigea vers la cuisine, prit des gants et saisit avec un
extrême dégoût le membre coupé. Elle le remit dans son emballage initial et
partit au commissariat. Sophie ne
put s’empêcher de penser que son sac contenait une main. Frissonnant malgré
la douceur printanière, elle arriva en quelques minutes. Elle poussa la
porte, persuadée de sa future délivrance. Mais Sophie ne s’imaginait pas un
seul instant ce qui allait lui arriver… Dans
l’effervescence du commissariat, dans le brouhaha ponctué de coups de
téléphone, elle s’avança timidement vers l’accueil et demanda à voir le
commissaire. On lui répondit qu’il ne tarderait pas à rentrer et qu’elle
pouvait attendre jusqu’à son retour si elle voulait vraiment lui parler. Elle
alla donc s’asseoir sur les sièges en simili cuir orange et attendit. Sophie
s’apprêtait à partir au bout d’un long moment d’attente quand un homme d’une
trentaine d’années, aux cheveux brun grisonnant et aux yeux d’un noir
profond, fit son entrée dans le commissariat. Sophie se leva d’un bond et
s’avança vers lui. Bonjour Monsieur…
commença-t-elle en s’apercevant de sa maladresse. Crew, « Enzo Crew
lui répondit-il dans un sourire. Sophie
rougit puis se reprit. Bonjour Monsieur Crew, excusez-moi de vous déranger
mais je suis venue dans l’urgence. Il m’est arrivé une chose très étrange.
Puis-je vous voir dans un endroit un peu plus… privé ? Bien sûr. Suivez-moi. Il l’entraîna dans un dédale de couloirs enfumés et
s’arrêta devant une porte capitonnée en cuir noir. Après vous. Sophie entra dans la pièce et s’installa précautionneusement
sur les précieux fauteuils. Le commissaire s’assit en face d’elle et
dit : Bon. Je suppose que votre venue n’est pas une simple plainte, à en
juger par votre air affolé. Et bien… ce matin, en descendant chercher mon courrier, j’ai trouvé
un colis coincé dans ma boîte aux lettres, sans adresse, ni expéditeur. Je
l’ai ouverte et… vous aurez quelques doutes sur ce que je vais vous raconter
mais… j’ai découvert une main, coupée et dont la chair avait été enduite de
cire. Sophie grimaça en revivant cet épisode macabre. Le
commissaire visiblement étonné haussa les sourcils. Auriez-vous cette main ? Elle
acquiesça et lui tendit en tremblant le petit sac gris. Monsieur Crew se leva
et alla déposer le sachet dans la pièce voisine. Il revint s’asseoir en face
de Sophie. Je vais vous demander de décrire avec précision
cette découverte. J’aimerais aussi vous demander le nom de toutes les
personnes qui pourraient vous en vouloir et la liste de tous vos contacts. Deux jours
plus tard, les analyses demandées par Crew arrivèrent. Il tomba de haut en
les examinant et s’empressa d’appeler Sophie pour lui demander de venir au
commissariat. Elle arriva quelques minutes plus tard, anxieuse à
l’idée des résultats. Mademoiselle Way… Appelez-moi Sophie. Très bien, mais faites de même avec moi alors ! répliqua t-il. Sophie
commençait à changer de regard sur les hommes, et ça n’était pas sans
déplaire au commissaire… Sophie, ce que je vais vous annoncer est assez surprenant… C’est un malade mental qui a coupé cette main, de quelqu’un que je
connais, que… Non, ce n’est pas du tout cela, Sophie,
calmez-vous ! La main coupée ne vous était pas destinée, c’était pour le
laboratoire SW situé à côté de chez vous ; la Poste s’était trompée de
destinataire et a livré le colis par erreur à votre adresse. De plus c’était
une prothèse ; très bien imitée, certes, mais cela en était une ! Aline Godin 3ème 2 |
Les Zanimots de Juliette et Zoé Denise JARDY’LEDOUX |
||
|
LES
FOURMIS Le
long fil des fourmis T’intrigue. Elles
cheminent Sans
qu’aucun obstacle Puisse
les dévier ; Certaines
disparaissent Sous
des graines Qui
font trois fois leur taille ! Comme
elles alors Tu
tentes de déplacer La
grand table du jardin |
LE CHAT, LA CHIENNE Le
chat du voisin A
choisi la pelouse Pour
se chauffer Dans
les rayons Du
soleil d’été. Heureusement La
chienne n’a pas vu La
tache noire et blanche Que
sa fourrure fait Dans le jardin |
Un enfant : mais tout seul |
||
|
Cela fait
trois ans que je l’attendais : ma femme était enfin enceinte. Je
cherchais, il y a cinq ans une femme jolie, intelligente, gentille, une femme
sans défaut. Et c’est, il y a quatre ans que j’ai rencontré Véronique. Elle
était douce et charmante. Elle
voulait aussi un enfant. Elle préférait une fille, moi un garçon. Et, il y a
trois ans ceci est arrivé. Tout se
passait si bien quand soudain, à six mois de grossesse Véronique se fit
diagnostiquer une maladie qui pouvait la tuer, elle ou le bébé. Le temps
passa et véronique se sentit de plus en plus mal au fil des semaines. Son terme
arriva. Elle accoucha avec beaucoup de difficultés ; mais quand je suis
arrivé dans la salle d’accouchement, il fut trop tard. Elle était morte mais
le bébé vivant pleurait. C’est pour
cela que depuis trois ans, je m’occupe de Benoit, mon fils, seul. En pensant
chaque jour à ma Véronique. Orlane TOUPART |
|
|
Le chaînon manquant |
|
Un
paléontologue Cherchait
depuis longtemps A
faire un catalogue De
tous les êtres vivants. Darwin,
il avait lu Tout
lui était connu De
toute l’évolution De
toutes les espèces. Il
lui manquait un pion Pour
terminer sa messe. Car
après les grands singes, Y’
avait comme un grand trou Avant
l’homo sapiens C’est
à devenir fou ! Il
avait beau chercher Jamais
il ne trouvait Pourtant
tout s’enchaînait ! Après
les bactéries Et
les paramécies Les
algues et les poissons Reptiles,
iguanodons Les
mulots, les cochons… Tout
rentre dans l’tableau. Puis
il lut les journaux ; Il
vit des militaires Qui
partaient faire la guerre. Il
vit des hommes d’affaires Et
beaucoup de banquiers, Des
hommes politiques Qui
vantaient leurs boutiques. Alors
il fut inquiet En
découvrant les faits : Chômage
et pollution, Misère,
malédiction. C’est
alors qu’il comprit : Nous
sommes tous des fous L’chaînon
manquant, c’est NOUS !
Joël Herbin |
Not’ factrice |
|
|
Nous,
notre facteur, c’est une factrice. Pas
une femme à faire des caprices, Avec
elle, on a notre courrier Toudis
à l’heure, ben régulier ! Elle arrive, de par les voyettes, Assise,
ben droite, sur s’bicyclette. Pas
une femme à faire des chichis, Quand
il fait beau, elle a l’sourire, Mais
quand il pleut, elle l’a aussi. Elle
essuie l’verre de ses lunettes ; Les
gouttes d’eau, au creux d’ses fossettes. « Bah :
qu’elle dit, j’ai déjà vu pire ! » Elle
est chargée comme un baudet ! Devant,
derrière, tellement d’paquets Qu’elle
ne sait plus à du les mettre ! Des
grandes enveloppes, des cartes, des lettres, Des
catalogues et des réclames Dans
du plastique, ben entortiés, Qui
vous disent : « vous avez gagné ! Quelle
chance vous avez, madame ! Faites
une commande, dépêchez-vous, Vous
recevrez : un riche bijou, Une
chaîne Hi-Fi, une belle auto Si
vous avez l’bon numéro. » J’foutros
tout ça à la poubelle, Mais
m’femme, elle marche à tous les coups, Elle
a des colliers plein son cou, Et
des bernoulles, plein ses amelles ! N’empêche
que c’est du gaspillage Et
pour les facteurs, plus d’ouvrage Sans
compter qu’il faut sacrifier Combien
d’arbres pour faire tout s’papier. Pour
en revenir à notre factrice Qui
remplit si bien son service, Elle
fait partie de ces bonnes gens Qui
nous apportent en supplément Leur
sourire et leur amitié. Et
même si les nouvelles qu’elle donne Elles
sont pas toujours des plus bonnes, On
est content de l’voir passer !
Marcel Lesage |
Jardinage et poésie |
|
|
Il est des
jardiniers poètes. C’est le cas d’André Noiret, secrétaire des Jardiniers caudrésiens,
qui a déjà écrit quatre chansons. Cette fois, le prix régional de
fleurissement remporté par les Courtils lui a inspiré un poème, « Le Trophée », dont voici un extrait : « Aux jardins collectifs, aux jardins familiaux On y fait son bonheur, on y fait son trésor Sans calquer sur la mode, mais cultivant le
bio : Il en est des récoltes qui valent bien de
l’or ! (…) Nous voici regardant ce trophée bienvenu Qui arrive à Caudry, ce coin de paradis, Récompense de tous nos jardins entretenus, Dans nos jolis courtils, dans nos courtils
fleuris. »
André Noiret |
Une chance |
|
|
Dans un regard
inconnu On peut y mettre son
âme à nu Trouver des
pansements invisibles Pour se sentir fort,
même invincible On peut toujours s'en
sortir Il faut garder ce
long soupir Il suffit d'un peu de
courage Cela peut créer des
ravages Donner l'image d'une
personne Ecouter son coeur qui
résonne C'est important Laisser aller ces
sentiments Je n'y arrive pas Il est interdit de se
dire ça Foncez tête relevée Montrez votre bon
côté Cachez votre peur Ouvrez votre coeur,
sans ardeur Tout dans la douceur Un jour viendra, où
l'on sonnera votre heure Julien
BURY |
Chassez, croisez…Dans Caudry embourbé. |
|
|
Curieux cet hiver : digne des grands classiques du
temps jadis. Dans les veillées de Noël, blottis au coin de l'âtre, nos aînés
nous les contaient jusqu’à l’aube rougeoyante. Tant et si bien qu'à force on
ne les croyait plus. Ils étaient devenus d’immaculées légendes à peine
crédibles, craintes et adulées tout à la fois mais sont devenues d’autant moins
convaincantes que le réchauffement climatique a fait fondre depuis quelques
douces décennies leur aura de glace. Par un coup de baguette magique, les
voilà ressuscités, vêtus de blancs linceuls dignes d’Adamo, allégoriques,
mais l’échine courbée sous le fardeau d'une cruelle réalité... Au quotidien, c'est à qui nettoie son trottoir le plus
tôt possible ou se décide à la dernière minute si d'aventure la pluie
salvatrice tarde trop pour relaver la misère à grandes eaux. Les plus
courageux, grands solidaires devant
l’éternel, raclent la neige au millimètre près en amoncelant des tas, des
collines Vosgiennes dans le caniveau jouxtant leur demeure irrémédiablement
menacée par l’imminente avalanche....Pitoyables et éphémères reliefs que le
chasse-neige, d'une vindicative et irrésistible poussée hercynienne, détruit
lors de son passage nocturne et
renvoie impitoyablement dans la bordure comme Waterloo mornes
plaines...D'autres, apparemment moins solidaires, plus économes de leurs
vains efforts, attendent patiemment le retour du printemps, et laissent les
collines enneigées concurrencer allègrement les sommets alpins, quitte à ne
plus sortir avant perpète inclus la voiture de son cocon douillet…. Les citoyens de troisième catégorie, messieurs muscles en
puissance, purs et durs, expédient la neige, à grandes pelletées, dans leur
propriété....Histoire de déblayer la chaussée meurtrie d’un seul coup d’un
seul ! La perfide poudreuse escalade alors les murets, s'amoncelle
insidieusement sous les boites aux lettres,
s’invite même dans la boite sacrée, espérant par là même qu'elle
confèrera au courrier devenu rarissime le statut de nouvelles fraîches…Mais
pour se faire, il faudra attendre le passage du facteur lui aussi englouti sous la montagne du courrier en retard et
la barbe blanchie par le solstice d’hiver. Et le sel dans l'affaire du moment ? On n'en trouve plus en Cambrésis, se
raconte-t-il ces temps-ci, dans les médisantes chaumières ! Si ce n’est que sur l’occiput des têtes blanches
invitées, comme le veut la tradition, au réveillon de Noël… Grasjacqs |
NOBLE ESSENCE |
|
|
Un
chêne sagement commentait les saisons ; « Je
savoure Cérès et ses tièdes soirées, En
automne chéris les teintes mordorées Que mon fuyant feuillage offre aux tendres gazons. Puis
décembre me vêt d’une blanche mouture Qu’un
printanier soleil, fidèle aux
feuillaisons, Rétablit
en ondine adepte d’égoutture. Mes
branchettes, mon fût, par la faune adulés, Offrent gîtes, couverts, sans ordres
libellés. » L’arbre
à bon escient chérissait la nature. II « J'administre,
ma foi, respectueusement ; Ma
riche frondaison, rayonnante faisselle, De
la clarté du jour filtre quelque étincelle Afin
d’enluminer les tapis d’ornement ; L’écorce
de mon tronc caresse l’épiaire, Informe
le bouvreuil piaffant plaintivement Que
le bruit porte ombrage à tout silentiaire. » …Et
les siècles passaient, hissaient haut le niveau ; Il
semblait évident, qu’en ce sain baliveau Circulerait
toujours un sang nobiliaire. Daniel CARLIER |
La calomnie |
|
|
Brûlante,
cuisante, la blessure échancrée Eructe
la bave qui s’écoule du mont Ragot Entraînant
tout aussi sûrement qu’un brûlot Les
mensonges sournois glissant pour supplicier Mille
langues ravinent la colline, venimeuses S’insinuant
au détour d’une accusation S’infiltrant
par le biais d’une machination Erigeant
d’un calvaire, les marches douloureuses Souillé
sous les vomissures de la perfidie Sali
dans les manipulations insidieuses Humilié
par la nauséabonde fourberie L’honnête
homme, torturé par la malveillance Les
reins cassés par toutes ces pratiques haineuses Crie,
la tête haute, le front pur, son innocence. Marie-Antoinette Labbe 2005 |
La mer |
|
|
Combien de poètes et de chanteurs ont été fascinés
par la mer Et s’en sont inspirés dans leurs œuvres… Elle est si belle cette mer, avec ses reflets
d’argent et ses blancs moutons Lorsque le flux se produit parfois limpide comme une
tache d’huile ; Mais si vite houleuse lorsqu’elle se met en colère. Lorsque le soleil luit, on dirait des pointes
d’argent qui scintillent sur elle. Lorsqu’il se couche sur l’horizon, on a l’impression
qu’une boule de feu est au dessus d’elle. Oui, la mer… Combien de bateaux la fendent ; elle sert de
lieu de travail comme route de plaisance.. Et chaque navigateur qui la prend la découvre
toujours sous un jour nouveau. Et pourtant elle se déchaîne parfois et il faut voir
ses immenses vagues et ses embruns Qui viennent claquer sur la digue comme si elle
voulait en prendre un morceau… Puis, comme par enchantement elle redevient docile A marée basse on peut fouler le sable et venir lui
dérober ses coquillages Lorsque la marée est haute, elle s’amuse de nous
voir peureux de l’affront J’ai toujours été attiré par la mer, elle est à
l’origine de vocations Et quand les voiliers multicolores font joujou avec
elle Elle se contente de les aider avec le vent. Oui, je passerais ma vie A regarder la mer. Gaston Greuez |
Pour L. |
|
|
On
y est c’est le printemps, Enfin
c’est le retour du beau temps. Ca
nous change, Où
tout était recouvert par la neige. Ce
qui ne change pas, C’est
les sentiments que j’ai pour toi. Ce
que je ressens à ton égard Ne
cesse de prendre de l’ampleur. Tout
comme le bonheur, La
douceur… Aucun
pleur, En
tout cas, pas de larmes de peine… Ce
que j’aime, C’est
apercevoir la joie de vivre Sur
ton visage, Lorsqu’on
est ensemble. Ensemble,
on écrirait NOTRE livre. A.Canonne |
MARYLIN |
|
|
Les volants d’une robe blanche volent
au vent. Un vent de pureté venant des profondeurs
de la ville. Elle est belle, envolée et pure. Sa chevelure blonde ondule dans l’air
du temps. Sa voix virevolte sur des airs de
sensualité. Egérie féminine, hors du temps, elle le
laisse filer entre ses doigts. Elle n’a aucune prise sur sa vie et ne
vit qu’au travers d’images de cinéma, de clichés, d’apparences. Sa présence est fictive et éphémère,
elle flotte sur les eaux de sa vie volée. Elle se nourrit d’Art et en est la
muse. Les mots ne la pénètrent pas, ils ne
parviennent à dépasser ses lèvres charnues que très rarement. Alcool et médicaments l’enivrent et la
font exister. Elle court à sa perte et se perd à
chaque pas qu’elle fait. Elle n’est plus qu’une image, une
icône, son corps est fictif. Elle achèvera cette fiction sur fond de
chambre d’hôtel immaculée. Les volants de sa robe blanche ne
volent plus.
Ils sont
lisses et le tissu coule sur ses jambes. Elle
entrevoit une lumière, mais celle-ci lui est inconnue. Plus de
spots de plateaux de tournage, plus de flashes d’appareil photo, la
lumière rouge de la caméra est éteinte. Elle ne
vit plus, mais c’est alors qu’elle revit. Son
au-delà est au-delà de ses espérances, elle renaît sous sa forme la plus
pure. Les mots
sont ici inutiles, seule son âme l’a sauvée. Son âme
que les médias et l’alcool n’ont pu lui voler. Les
hommes sont sortis de son paysage et elle se tient debout, là, à l’entrée du
paradis, de sa vie
qui peut enfin commencer. Paysage
lunaire, où le blanc de sa robe se mêle au vent, à la poussière. Elle
avance à petit pas, au ralenti. Elle n’a
plus peur, mais jubile à l’idée d’être enfin elle. Son corps
n’est plus, mais elle prend enfin vie, à l’endroit même où la mort l’a prise.
Mais
quelque chose semble la bloquer, ses pas ne la font plus avancer, elle reste
là. Une voix
pénètre son esprit et compresse ses pensées. Elle ne
pense plus, son esprit divague. Ses
jambes frêles et fragiles tremblent, elle ne peut entrer dans ce nouveau
monde qui lui
ouvre ses portes. Et
soudain, un flash, ce sera le dernier qu’elle verra. Elle le
voit, lui, dans son costume présidentiel. Il est
droit, fier, digne, aux côtés de son épouse. Cette
image s’efface et laisse la place à l’homme en peignoir sortant du lit. Une rose
posée sur l’oreiller, symbole de cette union cachée. Tout
devient alors très clair : Elle
l’aime, l’aimait et regrette de ne pas lui avoir dévoilé cet amour. « Je
t’aime » sont les derniers sons mélodieux qui sortiront de sa bouche. Elle
n’est plus l’actrice, elle n’est plus la chanteuse. Elle est
La Femme. Marie GUILLAUMON |
Une personne que j’adore |
|
|
Mon
amie Christine Moi
qui vous estime Vous
méritez le bonheur Car
vous avez bon cœur Vos
enfants vous aiment tant Qu’ils
ne deviennent pas méchants ! Malgré
vos malheurs Et
vos douleurs Que
vous rencontrez ! Vous
les surmontez Où
trouvez-vous le courage Dans
tout ce carnage ? Vous
êtes très forte Et
claquez la porte Pour
vous faire entendre Le
droit de vous défendre Vous
vous battez avec efforts Et
sans le moindre remord Malgré
votre grand peur Vous
aurez tout en votre faveur Vous
travaillez à vous épuiser Et
vous abimez la santé Pour
gagner quelques sous Quelle
vie de fou ! Quand
on se voit On
parle de soi Vous
me remontez le moral Certains
jours qui vont mal On
se comprend beaucoup Car
on parle de nous Cela
fait beaucoup de bien Malgré
notre vie de chien. Maryse MARECAILLE |
IL PLEUT |
|
|
Il pleut sur la
route... Dans la nuit j'écoute L'ombre lente de tes
pas. Des rubans d'automne Enroulent Pomone Qui, sage, ne s'en
plaint pas. C'est écrit d'avance
: L'espace s'élance, Cher vieux compère du
temps. De nos amours mortes Fuyant sous les
portes, Seuls resteront les
instants. La ronde anodine Vivant de rapine A dérobé nos
chansons, Nos rires, nos
peines, L'eau de nos
fontaines Et l'or simple des
moissons. Y reviendras-tu Bon bonheur têtu Toi, meilleur ami de
l'homme, Refaire ton nid Dans l'arbre infini Où l'on est si bien,
en somme ? L'été fond la route. Dans la nuit je goûte La présence de tes
pas. Le ciel est lumières D'étoiles premières … Et l'Amour ne s'en
plaint pas. JF SAUTIERE 30/10/2010 |
Se retrouver seul |
|
|
Après
avoir traversé ensemble bien des épreuves Quand
arrive la vieillesse, peu à peu on se retire du monde. On
vit à deux, dans un petit cocon, avec nos manies, nos habitudes. On
ne se quitte plus, on fait tout ensemble, Jamais
on ne se prépare à l’idée, qu’un jour, l’un de nous deux partira. Alors,
lorsque l’on se retrouve seul, on se sent abandonné. Tout
s’écroule, on ne comprend plus rien, Le
choc est trop fort, trop douloureux. C’est
difficile à admettre, et personne ne peut comprendre votre état d’âme Et combien cela fait mal. On
a besoin de parler, de parler du passé. On
n’a plus envie de vivre, et l’on craint la folie. Puis
ce sont les angoisses, la déprime qui s’installe Et
la solitude devient, jour après jour, un fardeau. Parfois
on fait semblant que ça va mieux, Et
pourtant il faudra du temps, Se
battre avant que la plaie soit cicatrisée. Un
tel désarroi ne devrait jamais exister. Jeanne Fourmaux |
Hélène |
|
|
J’ai posé tant de haine, sur le blanc d’un cahier Tant de peine, chère Hélène. Par delà champs et
plaines, Guidé par ta chanson, je volerai, vilaine : Tes sabots creusés par le rabot d’un luthier Tes sabots blancs tintaient le long des peupliers Il me venait de toi, cette diaphane image Une sage nymphe au doux et mince corsage L’échancrure ornée d’un fil de laine en collier Affreux présage d’un corbeau près du ruisseau ! La belle reine avait, dommage, le cœur frivole. Rendue folle du plumage d’un jouvenceau, Partit une nuit, guidée par les lucioles. Cœur de Troie, malgré toi, je serai ton sauveur. Rompre le charme de tes godillots, je pense. Et m’engage à revoir ta rage et la rondeur De tes mollets danser haut jusqu’à la nuit dense.
Hertia May 2006 |
Mes jeunes années |
|
|
Mes jeunes
années ont couru dans les chemins de traverse et de vertes allées. Dès les
premiers rayons du soleil, dans les bois, les champs et les prés, les oiseaux
du ciel entamaient leurs premiers chants d’allégresse, et bien souvent un
vent léger s’élevait, entraînant de beaux petits nuages dans un ciel tout
bleu. Au loin,
le bruit d’une moissonneuse-lieuse tirée par deux chevaux de trait, coupait
un champ de blé pour en faire des gerbes bien alignées. De jeunes
enfants en sandalettes suivaient l’attelage, pour ramasser dans leurs petites
mains quelques poignées de brins d’épis. Leurs
pieds et leurs mains étaient écorchés par les fétus de paille profondément
enracinés. A l’orée du bois de notre village, le vieux moulin
dormait toujours debout, mais sans ailes. Parfois, de sa paroi se détachaient
des blocs de craie arrachés par le temps, les vents et la pluie. Maintenant,
mes jeunes années sont passées. Dans le
champ, la moissonneuse-lieuse avec ses deux chevaux de trait s’est tue.
Aujourd’hui, de gros engins fauchent les blés et retournent la terre dans la
même journée. Mais une
chose est sûre, le vieux moulin de mon enfance, lui, vient de retrouver une
nouvelle jeunesse, il tourne au gré des vents, grâce à ses ailes toutes
neuves. Oh !!!
S’il vous plaît, qui peut me procurer des ailes, pour retrouver une nouvelle
jeunesse. Charly Wal 08/12/02 |
Les lauriers |
|
|
Au
bois nous irons Cueillir
les lauriers Avec
mon père, tu auras le choix Des
couleurs soyeuses Des
blancs des roses de pourpre habillés, Damoiselle
jolie remplit un plein son tablier, De par les chemins les prés, La
belle que voici chantait de tout son cœur Entrait
dans la danse, A
petits pas cadencés, Gracieuse
élevait sa petite menotte Légère
pour un menuet ; Hélas
son prince charmant Oublia
et le jour et l’heure De
leur rendez-vous, son cœur s’est envolé ; Sentant
bon le parfum des bois et des fleurs, La
belle courait vers sa maison Cueillir
et ramasser avec son père Les
lauriers déjà coupés Emplir
un plein son tablier et panier Légère
joyeuse, partager avec son bien aimé. Monique Ciolkowski Cambrai le 01/09/2008 |
Le son de ta voix |
|
|
J’ai
entendu une voix, Elle
était loin et tout près à la fois, D’une
douceur bouleversante, Comme
un homme malheureux qui chante. Au
loin sa voix résonne, Les
syllabes se déchirent, Me
laissant comprendre l’ombre des consonnes, Et
les syllabes s’éclaircirent. J’arrive
à entendre mon prénom, Qui
peut être cet inconnu ? Pourquoi
m’a-t-il choisie pour me parler ? Quel
est le secret qu’il veut me révéler ? Pourtant
cette voix me rappelle quelqu’un, Une
personne que je n’ai vue qu’une seule fois, Dont
je suis subitement tombée amoureuse, Et
il fera sûrement partie de mon destin. Stéphanie Bonneville Août 2005 |
Le lac triste |
|
|
De longues lucioles Couraient
folles, Caressant
le miroir Où
chaque soir Passe
fugitive Une
barque pensive. Saint-Hesbaye |
La vie est une contradiction :
|
|
|
Couplet 1 : La vie est une contradiction Hier encore tu te disais « qu’est
ce que j’ai été con » Et maintenant te v’là qui pense
« finalement j’ai peut-être eu raison » Un soir tu t’es accroché à un garçon Et aujourd’hui tu te rends compte que ce
n’était pas le bon Couplet 2 : La vie c’est qui dit oui, qui dit non Un jour tu chantes, tu montes le son Et puis le lendemain tu touches le fond Tu restes pleuré à la maison Et puis soudain te v’là partie avec ton
baluchon Rome, Paris, New York, et pourquoi pas
Lannion Refrain : C’est tout un oui, tout un non Un jour, un lendemain un peu trop con Y’a les filles, y’a les garçons Sortons les jupes, les pantalons Moi j’aime le rose, et puis toi le
marron La vie est franchement une belle
contradiction Couplet 3 : Un jour t’as rêvé d’être Céline Dion Le lendemain je te découvrais menuisier
et puis maçon Hier tu étais passionné de violon Et aujourd’hui te v’là à jouer de
l’accordéon Tu veux que je te dise mon pti’Lusson ? La vie est franchement une sacrée
contradiction Clarisse LE :16/03/2008 |
LA ROULOTTE |
|
|
Au vent mauvais, au vent des alizés, Roule sur les chemins, la roulotte, Un sourire, il s’étonne le père Hulotte, De ne point parvenir
à trainer Tisé, Sa vieille mule à la crinière frisée. Point arrivé le poisson, jusqu’à nous, Peuchère disent certains, la lote! Par les vents, freiné le père Hulotte, Attendre, pour un poisson dégoût ! Pour une vulgaire odeur de Loulou! Décoiffé, les cheveux, il en a assez, Loin de sa Dame, sa chère amie Lolotte, Cousant et recousant sa vieille culotte, Pour son cher homme au cœur lassé, Charriant les vivres avec sa mule racée. Un vieil homme usé, sans peur, sans Tisé, Roule sur les chemins, la roulotte, Un sourire, il s’étonne le père Hulotte, De parvenir à se trainer, loin des alizés, Sa vieille mule délaissée, âgée, vieille
Tizé. Muriel MARIN 02/03/2011 |
Le tilleul du Manoir |
|
|
Dans mon jardin d’un peu plus de dix ares, Sont en bonne place le romarin et l’aneth. Jadis la propriété non morcelée possédait une mare, A l’heure où l’on s’inquiète du devenir de la
planète. Cet ancien domaine arboré de plusieurs hectares A heureusement au bout de mon jardin gardé ce
tilleul, Où furent coupés et sacrifiés tant d’arbres ; Cet être vivant reste malheureusement le seul. Il est énorme, immense et magnifique. Il ne fut pas épargné par la foudre. Cet arbre a été planté juste après la découverte de l’Amérique Mais malgré les guerres, il n’a pas subi la poudre. Avec ses fleurs et son feuillage il est très beau, Il dégage des senteurs multiples. C’est l’habitacle des tourterelles et des
oiseaux ; Au milieu de cette langue verte, un parfum
irréductible. Il est le symbole de l’amitié et de la fidélité. A connu le roi Louis 16, et la révolution, Suffisant pour se moquer du temps, quel est son
secret ? Des siècles pour abattre ce colosse, de la
démolition. Une vingtaine de générations a croisé ce monument. Sa tisane permet de lutter contre la nervosité et
l’insomnie, Espérant aux valeurs et à la protection de
l’environnement, Lui donneront l’occasion de célébrer ses ans à
l’infini.
Jean Charles JACQUEMIN Alias Jean Charles de BEAUMONT |
MERE INDIGNE |
|
|
On pourrait
croire à un mirage Puisque je
ne verrai jamais ton visage. Maintenant,
je ne dors plus la nuit Et je me
maudis. Tu aurais
pu égayer ma vie Si je te
l’avais permis. Mais je ne
voyais que les difficultés Et je ne
pouvais ou ne voulais t’assumer. Et
pourtant, je t’aimais déjà. J’imaginais
tes premiers pas, Ton premier
mot En réponse
à tous ses maux… Mais je
n’avais rien à t’offrir Je ne
pouvais que te faire souffrir. Je devais
réagir Et j’ai
choisi le pire. Je ne peux
retourner en arrière Mais je
garderai toujours cette douleur amère Je ne
pensais pas souffrir à ce point En tuant
notre destin commun. Même si tu
penses le contraire, Mon esprit
t’a rejoint Car depuis,
il erre Toi, mon
Prince ou ma Princesse, Tu es
devenu ma Faiblesse.
Christelle LESOURD |
Mon
départ pour DIJON |
|
|
Depuis deux heures, je tourne dans la maison, incapable de me
décider. Je pars à contrecœur. Je quitte mes racines. Il a encore bien gelé, ce matin ! Les vitres de la voiture sont
couvertes d’une couche de glace qu’il me faut gratter avec les moyens du
bord, tandis que mon chien attend patiemment, assis sur la banquette arrière. Je laisse ma maison à regret… Que des camions sur cette foutue route ! Le soleil trop bas
m’aveugle. Mes yeux fatigués de tant de lumière se plissent pour chercher la
bonne direction dans le dédale des grandes villes. J’ai dépassé Guise, puis
Laon, cette drôle de ville médiévale divisée en ville haute ceinte de
remparts et en ville basse. Je viens de traverser Reims. La douleur commence
à crier dans mon dos engourdi. Derrière, mon chien parait inquiet. Assis, il
regarde de tous côtés, se demandant où je l’emmène ainsi. Il est temps de
m’arrêter pour lui dégourdir les pattes. Bientôt trois heures que je conduis. Je ne suis pas encore arrivée à
Troyes. La douleur a planté ses crocs dans mon dos. Elle ne veut plus me
lâcher. J’ai beau essayer de régler ce maudit dossier, c’est peine perdue. Je
m’efforce de garder ma carcasse posée contre lui. Je vais attendre d’avoir
passé Troyes pour m’accorder une pause. La voiture dévore les kilomètres. Les
feuilles des arbres courent sur la route entre deux passages de voitures. On
dirait qu’elles cherchent leur chemin. Puis soudain elles virevoltent et
s’envolent en tourbillons effrénés, se jettent et viennent claquer contre le
pare-brise avec un bruit inquiétant d’escarbilles. Y aurait-il un projet de
vengeance, de rébellion contre nos funestes moteurs !? Elles semblent
tellement vivantes, doivent se demander « Mais qui sont ces intrus ! ». Peu avant Troyes, ma fille qui
m’appelle ! Tant pis, j’arrêterai ici pour manger un morceau et faire boire
le chien. De la cime des arbres qui bordent la route, des régiments de
feuilles s’envolent en rafales. Elles partent en reconnaissance, à l’assaut
de quelque proie sans doute. Je dois reprendre la route. Le ciel se couvre de lourds nuages gris.
Là-bas, tout le long de la ligne d’horizon, une multitude de rais de lumière
ont percé la grisaille, sans doute pour aider quelques anges à descendre ou
bien à remonter. Y aurait-il une réunion au sommet ! ? Je viens de dépasser Troyes. Il me reste 140 kilomètres à parcourir.
Ma voiture vole dessus la route. J’essaie de respecter la limitation de
vitesse mais, sur ces tronçons qui ressemblent à des autoroutes, c’est
tellement difficile ! Le ciel est de plus en plus sombre. Mais du côté des
anges, une grande trouée de lumière s’est agrandie, les rayons se sont
élargis. Ils doivent être bien joyeux là-haut ! Je peux presque les
apercevoir. Ma voiture court comme un cheval fougueux. Au loin, une brume
bleutée s’est posée sur les collines boisées comme un voile de douceur. Mussy
: une rivière s’écoule, paresseuse, sous un pont. Ca y est ! Je suis en Côte d’Or. Bientôt 6 heures que je suis au
volant. Je me rends compte que je conduis depuis un moment sans faire
vraiment attention à la route. Une douce torpeur a envahi mon esprit.
J’arrête le CD de Jacques Brel qui, trop rayé depuis qu’il use cet autoradio,
ne veut plus chanter un traître mot de « Sur la place ». Un embranchement et me voilà perdue : Dijon tout droit, Dijon à
droite. Ils sont marrants ici ! Ils font des itinéraires pour les poids
lourds. Je fais demi-tour. Là, sur le bas-côté, un mouvement saccadé de
couleurs. Je ralentis, croyant débusquer un chat. Non, ce n’est pas un chat
mais un fier et magnifique faisan, éclatant de ses plumes de feu. Un sourire
me vient aux lèvres tandis que je le regarde s’éloigner dans l’herbe qui le
cache à demi. Niché au creux d’un vallon verdoyant, Saint-Seine l’Abbaye. Pour
l’atteindre, la route s’est transformée en épingles, longs serpents sinueux
qui nous guident et nous remontent ensuite jusqu’à la sortie. Mon chien ne
s’inquiète même plus de mes arrêts sporadiques pour jeter quelques mots sur
le papier. Sur la banquette arrière, il dort d’un sommeil profond. Un bois
s’habille d’automne, de feuilles d’or en taches pourpre. Je traverse Val
Suzon, et les serpents recommencent leur danse sur la route. Beauté étrange
que cet endroit mêlé de roches moussues et de forêt. Me voilà arrivée à Dijon. J’aurai mis 7 heures de route pour presque
400 kilomètres. La prochaine fois, je prendrai l’autoroute ou le train ! Je ne ferai aucun commentaire sur mon séjour à Fontaine d’Ouche,
quartier de Dijon. Sinon que le temps a passé si vite en famille que je n’ai
pas encore pu faire le tour de ce fameux lac Kir, pourtant tout à côté. Que
j’envie ces gens qui vivent en appartement, à n’avoir rien d’autre à
s’occuper que leur petite vie tranquille, sans travaux à prévoir dans une
maison qui n’est pas à eux et sans un immense terrain à entretenir, avec en
plus, des parcs à portée d’yeux et de pas, la campagne dans la ville. Thérèse Leroy 24/10/07
|
La maison de campagne |
|
|
A la maison de compagne, au bout du jardin Le clapotis de l’eau du ruisseau, Chante au milieu des
roseaux. Doucement le temps s’écoule : on y est
bien Une eau de source intarissable Fait de ce lieu, l’agréable. Des peupliers presque centenaires Bordent ses rives altières L’eau y est claire. Il y a un parfum dans l’air. On se sent à l’aise, Entouré par des champs de fraises C’est ainsi qu’à la campagne, Le stress de la ville s’éloigne Dans le calme qui accompagne Une très belle journée avec sa
compagne
Gérard ROSSI 18 Aout 2009 Diplôme de poésie néoclassique Calonne-Ricouard |
LA GAZETTE D’EMMA |
|
|
|
Derrière
la porte |
|
|
J’avais
entrepris l’écriture d’un manuscrit. Je me promenais dans des conjectures
rocambolesques et mes rebondissements futuristes étaient multiples. Dans le
feu de l’action, j’avais perdu toute notion de la réalité présente. C’était
un grand moment intemporel et cette romance d’illusionniste me donnait des
ailes. Le clavier crépitait sous tous les mots entreprenants et ils venaient
se coucher sur le papier. Je
respirais dans l’aventure, j’avais ma participation active, aux bonnes
actions, celle du héros sans peur. Ecrire,
c’est comme lire passionnément le livre qu’on recherchait sur l’étagère de
son imagination. On anticipe, on prévoit, on contourne, on abrège, on
développe, on matérialise l’irrationnel dans des lignes de phrases
cohérentes. La blancheur du papier n’est que l’invite faite à l’encre de
s’installer pour le meilleur. Dans cette
introspection littéraire, je n’étais plus solidaire du calendrier, ni
l’adepte appliqué des heures de l’horloge. Je n’étais pas certain du jour ou
de la nuit. Mes
cendriers étaient pleins. Des cartons de pizza s’entassaient sur un coin de
table comme des estivants sur la Place Saint Marc, un jour de pluie… Cela
faisait bien une dizaine de jours que je ne sortais plus de chez moi. J’étais
dans l’action. Les bruits du couloir, les chansons des perceuses des
bricoleurs du dimanche, le chien imbécile de la voisine avec ses contrariants
aboiements furieux, ne m’atteignaient plus. J’étais dans l’histoire et j’y
étais bien. Je voulais ne plus jamais en sortir. La fiction
relatée était plus belle que la réalité. J’enchaînais les chapitres comme un
forcené libéré et l’inspiration était la proue de mon écriture emportée. Pourtant,
il y avait bien quelques bruits dans le couloir. Des bruits confus de porte d’ascenseur comme si elle se
refermait sans cesse, de rage de n’avoir pas de client potentiel ou comme si
on la coinçait avec le pied pour attendre quelqu’un qui ne vient jamais. Vous avez
remarqué comme c’est diablement énervant, ces bruits cycliques ? Ils
viennent vous perturber l’esprit avec leurs tapages nocturnes de couloir
éteint et ils se plaisent à résonner dans le silence du moment diffus. Je tentais de repartir dans mon texte en oubliant
ces grincements de glissières mal huilées. Puis j’ai entendu la voisine. Elle
palabrait avec Dieu sait qui, toute en démonstration rigoureuse. C’est une
vraie vipère. Elle a toujours du mal à dire des autres. Elle n’a plus de
salive, c’est de l’extrait de venin. Rancunière, elle cancane avec ses
prières médisantes ourdies dans des oreilles complaisantes, celles à sa
portée. Mais je
décidai de l’ignorer aussi. Je ne
voulais pas quitter la trame, l’intrigue si précieuse de mon roman ! Au briquet
de mes illusions, j’allumais une nouvelle clope dans la fébrilité de mes yeux
enfumés et je couchais d’autres émotions embrumées. C’était le dénouement
héroïque. J’ai
encore entendu mon paillasson dans le couloir. On le secouait ou quoi ? A croire
que la femme de ménage fait ses travaux la nuit ! Ou alors, c’était dans
mon histoire. Je mélangeais les deux... Ma fin
devait être une réussite, l’apothéose de l’aventure, le feu d’artifice du
récit ! Il n’y a
pas mon nom sur la porte. Je suis
anonyme et sans célébrité encore, mais je ne désespère pas. Alors, les
témoins de Jéhovah, les colporteurs costumés de tout poil, les recommandés
avec accusé de réception, les pompiers et tout autre emmerdeur en tenue se
cassent les dents. J’aime
bien entendre leurs appels. J’imagine leur espoir passager et, tout de suite
après, le désespoir montant qui suit leurs coups de sonnette ! Parfois,
je me tiens derrière la porte et je leur dessine des grimaces de singe !
Je m’amuse. Ils sont à quelques centimètres et ils acquiescent mes pieds de
nez en faisant le pied de grue. Je danse des sarabandes gesticulantes et ils
me supportent sans me voir, ces cons. Puis, ils
repartent, déconfits, déçus de mon absence trop présente. Certains
insistent, comme au téléphone. Ils sonnent, ils sonnent, ils sonnent comme si
j’étais au fin fond du jardin alors que j’habite un appartement au troisième
étage ! Ils se vengent à titre posthume avec la déception de mon
ignorance sourde. Ils sont
cons, les obstinés. Ils baladent leur idée fixe en cherchant la confirmation
de leur présence utile jusqu’à tambouriner contre ma porte. Ou alors, ils
sont sûrs de détenir la vraie Vérité jusqu’à vous la fourbir avec toutes
leurs armes fourchues. N’empêche,
je ne réponds jamais, sauf au livreur de pizza. Je reconnais sa voix dans
l’interphone. Je le laisse monter. Je glisse un billet sous ma porte et, en
échange, il laisse ma pizza devant le seuil. Une petite
bière ? J’ai soif… J’en étais
où, moi ? Il faut toujours tout raconter, tout expliquer, comme si on
avait des comptes à rendre à la postérité. J’entendais
des « chut » dans le couloir. Il était presque six heures au
coin de mon ordinateur. Six heures du matin ou six heures du soir ? Si j’étais
courageux, j’irais bien jeter un œil dans ce no man’s land mais je pourrais
me faire alpaguer par la voisine avec tous ses soucis d’existence et ses
traites impayées, son ampoule défectueuse et sa télé aux parasites toujours
vivants ! Elle tenterait encore de m’ensorceler avec ses mornes œillades
de tenancière de bar louche. Elle est
moche comme des toilettes publiques, un jour de grève de la voirie et elle
pue comme une conférence de trente-six mille putois, déçus de n’être pas
entendus ou alors, c’est l’odeur de son appartement rance. Je
pourrais tomber sur un pompier, bon œil, tout « en galonné » de
médailles prestigieuses acquises dans le feu de ses actions. Il me
tendra son calendrier fleuri, comme le sésame de ma protection rapprochée. Je devrai
m’acquitter de sa taxe de sauveteur professionnel au bon gré de sa
précipitation. Vous croyez qu’ils notent ceux qui ne donnent rien ?... « Lui ?
Il n’a rien donné à la fin de l’année, ce n’est pas la peine de vous presser,
les gars… » Ils
remplissent un grand carnet à chacun de leur passage annuel. Ils mettent
peut-être des annotations : Dix euros, venir en dix minutes, vingt
euros, venir en cinq minutes, etc… C’est inquiétant, n’est-ce pas ? De toute
façon, avec eux, soit vous mourez grillé ou noyé… grand brûlé, avec
de la chance... S’ils
arrosent leurs jardins avec la même assiduité qu’un feu d’appartement, ils
doivent cultiver des nénuphars ! Ils
viennent bien ramasser nos morceaux quand on se fait exploser sur la route.
Ils sont bien emmerdés avec notre puzzle dans le désordre. Pour tout remettre
en place, ils n’ont que notre carte d’identité. Vous parlez d’un Lego… De
toute façon, on est mort. Toute
l’année, ils respirent des fumées nocives. Ce n’est plus un métier, c’est un
sacerdoce ! Ce n’est plus une caserne, c’est une paroisse ! Pour
tous ces insuffisants respiratoires, la retraite est un grand
sanatorium ! Mais je
n’ai jamais de monnaie, aussi ! (Sauf pour mes pizzas…) Et puis, je ne
suis même pas propriétaire ! Qu’est-ce que j’en ai à foutre de
l’incendie ! Tant que je ne suis pas dedans… Et puis,
laissez-moi écrire ! Ne
titillez pas ma conscience avec vos sarcasmes de sauveteur. Je pense
aux vendeurs de Bibles, à ces prêcheurs hors norme, qui vous fourbissent
leurs armes spirituelles dans l’âme avec des injonctions de payer sous
huitaine autrement, à vous les calamités et les Feux de l’Enfer ! (D’où
l’importance des pompiers…) Vingt-quatre
volumes, huit cents pages chacun. Il faut mille ans pour lire tout ça ! Et
en comprenant tout à la première lecture… Ils ont le
visage clairvoyant, ces croyants. On dirait qu’ils astiquent leurs auras,
avant de sonner. Ils sont toujours plusieurs comme s’ils avaient peur de se
perdre dans les couloirs mal éclairés… Ils sont radieux, convertis et
convertisseurs, pour leurs œuvres charitables. Pourtant, ils détonnent dans
le couloir. On dirait des brebis égarées devant une station d’équarrissage. On les
laisserait presque entrer pour qu’ils ne prennent pas froid. Mais ils sont
remplis d’aplomb rassurant, bonimenteurs de la Vérité aux pluriels de leurs
exemples sans faille. Ils sont
plus tenaces que des morpions affamés sur un poil d’imberbe ! La bourse
ou la Vie ! La Bible dans une main et le Diable dans l’autre ! Si vous
ouvrez la porte, vous êtes cuits… Et ils appuient sur la minuterie avec la
fidélité de la lumière comme témoin illuminé de leurs mensonges. Ils
deviennent agaçants parce qu’ils ne nous ont pas convaincus, ces bons
apôtres. Il faut les évacuer sans les contrarier. Mais ils s’obstinent avec
leurs regards enjôleurs. Ils vous
vendraient le Saint Graal par paquet de dix, s’ils le pouvaient. Ils vous
offriraient des réductions pour Lourdes, sur les fauteuils roulants ou sur le
Saint Siège... Ils vous vendraient bien votre place au Paradis : « Vous
désirez un nuage, une place ou deux places ? » « Non
merci… » « Et
un petit Dupleix, juste en face du jardin d’Eden ? » « Non
merci… » « Une
paire d’ailes alors, du premier choix, plumes made in Taiwan… » « Non
merci… » Difficile de les faire dégager, ces
enragés. Après une
heure ou deux, ils s’essoufflent, ils perdent leur temps... Ensorceleurs, ils
vous cochent sur leur listing, avec des chuchotements de confessionnal au
bout des lèvres… des noires incantations... Ils
tentent bien une dernière estocade en tentant de vous exorciser avec un
crucifix, tout droit béni de la place Saint Pierre de Rome, garanti vingt ans
pièces et main d’œuvre. Les
clous ? Inoxydables ! Mais vous
avez la parade ! Vous
indiquez la voisine comme une grande croyante, une dévote fervente des
tridentines, s’aspergeant tous les matins, du bénitier paroissial, à la
première messe... « Oui
c’est ça, les matines !… Oui, elle est chez elle ! Allez, bon vent
non, bonne route… Oui, les voies du Seigneur sont impénétrables. Oui,
adieu… » Après les
sauveteurs, c’est le Sauveur… Et le
vendeur du froid ? Oui ! Le con gelé ! Après les grands feux,
les foudres du Ciel, vous avez droit au grand froid ! On peut tout
mettre dans la glace, beaucoup plus que votre imagination ! On crie au
génie !... Il passait
par là. En livrant dans le secteur, il vient récupérer des clients, au hasard
de la chance. Il carillonne, il tire sur la sonnette et il vous déplie sa
palette de poissons congelés. Il livre à domicile pour conserver la chaîne du
froid au thermomètre de votre bonne santé. « Vous
avez bien un congélateur ! » Mais oui,
j’en ai un, qui ne sert pas à grand-chose, d’ailleurs… « Oui… »
« Hé
bien ! On va le remplir… » Il vous
présage des généreuses ristournes, des pourcentages bénéfiques, des cadeaux
et des décalcomanies, des arrivages intéressants avec vos points accumulés. Quand
j’aurai bouffé deux cents kilos de morue glacée, j’aurai droit à un cornet de
glace, à la saveur de mon choix ! « Mais
on peut tout mettre dans la glace ! Regardez, on retrouve même des
mammouths en parfait état de conservation ! » Je lui
demanderais bien deux steaks de ce pachyderme juste pour contrarier ses
certitudes. Et puis, j’ai froid dans
l’encadrement de la porte. Il va m’enrhumer avec ses histoires glacières… Non, c’est
non… « Mais
allez voir la voisine ! Elle adore manger des sorbets et des omelettes
norvégiennes. C’est une adepte convertie à la culture surgelée ! » Alors, il
gratte, sur son formulaire, le numéro de mon appartement en se promettant
bien de revenir un jour d’été… Il regrette mon obstination comme si je
commettais une grave erreur dans notre âge de glace… Mais
laissez-moi tranquille à la fin ! J’ai un livre à terminer ! Un
best seller ! Dans le
couloir, je pressentais un attroupement ; tous les bruits étaient
bizarres comme s’ils n’avaient rien à faire dans cet endroit. Aujourd’hui,
grève des locataires ! C’était peut-être les gosses du voisin en train
de jouer aux gendarmes et aux voleurs… Bon, j’en
étais où dans mon histoire ? Et les
assureurs ? Vous avez pensé aux assureurs ? J’aime
bien leur empressement à vous faire signer leurs paperasses. « Et
votre appartement est assuré ? Je vous dis ça, c’est à cause du
feu… » « Oui,
oui… » Les
pompiers sont au courant, ils viendront en marchant… Ils ont
une manière de vous entourlouper avec un brio qui frise le talent. « Une
assurance vie ? Mais c’est pour mourir tranquille ! Une assurance
décès ? Mais c’est pour vivre tranquille ! Et le bris de glaces,
vous y avez pensé ? » Oui, le
vendeur de glaces est passé aussi… « Non… »
« Imaginez
une forte déflagration, une bombe atomique, par exemple, pas loin de chez vous.
Qui va prendre en charge vos vitres cassées ? Hé oui, il faut y
penser ! Vous êtes trop négligeant ! Et vous êtes assuré pour tous
les tableaux que je vois accrochés dans votre salon ? » « Ben
non… » « J’en
étais sûr ! Mais vous êtes inconscient, cher monsieur ! » « Ce
ne sont que des photographies et des reproductions sans aucune valeur… »
« Mais
les voleurs ne le savent pas ! Ils vous dérobent vos biens les plus
précieux, comme les plus ordinaires ! » « Je
n’ai pas grand-chose… » Il pourrait
vous assurer contre les coups de soleil au Groenland et contre les engelures
en Equateur. La vie,
c’est de l’inquiétude et respirer, c’est de l’inconscience. Voilà les
risques. Vous êtes
bien obligés de reconnaître qu’il a raison mais vous allez réfléchir à tout
ça. Alors, il
sort son calepin. Il griffonne quelques fourberies à me fourguer, lors de son
prochain passage dans les parages, et il me laisse son numéro de téléphone. « Oui,
oui ! Elle est là, ma voisine ! Je la connais ! Elle manque
d’assurance, elle me le dit tout le temps !... » Et il se
tire ailleurs, ce mauvais sénégalais avec ses noirs desseins en contumace de
signatures au bas de ses titres de garantie tout risques. Bon !
Je n’ai oublié personne ? Je peux me
remettre à écrire mon chef-d’œuvre tranquillement ? Avec tous vos
questionnements, j’ai perdu le fil de mon histoire ! Une jolie
femme pourrait frapper à ma porte et me raconter n’importe quel boniment, je
crois que je l’expédierais chez ma voisine, juste pour conserver le bonheur
sans prix de ma tranquillité... Et c’était
encore du bruit dans le couloir. Un bruit impatient... Il était
six heures passées sur mon pc. Tout à
coup, on a heurté violemment ma porte avec un bélier ! C’était
d’une violence inouïe ! Les serrures ont explosé, les gonds se sont
désolidarisés, la porte a volé en éclats ! Je n’avais pas encore réalisé
la férocité de l’impact. Je devais rêver éveillé… Une
quinzaine de bonshommes cagoulés et armés comme des maquisards décidés, à
l’aube d’un sabotage réussi, a fait irruption dans mon appartement. Je
n’avais pas esquissé un mouvement que j’avais pris une monstrueuse baffe dans
la gueule ! J’ai
basculé sur le parquet... Ca tiraillait de partout ! Je voyais le plâtre
du plafond tomber par plaques entières, c’était un carnage ! Mon pc a
volé en éclats. Mon roman ! Ils ont
investi la baraque en fouillant les deux chambres avec un zèle de types qui
se lèvent du pied gauche. Ce ne sont pas des lève-tôt, ceux-là… Je me suis
retrouvé à plat ventre, menotté jusqu’aux chevilles. Je n’avais même pas
ouvert la bouche, que j’avais encore reçu un paquet de gifles, aux lourdes
phalanges musclées, dans les dents. Je saignais un peu partout. Les flics
en noir étaient montés chez moi pour faire une descente… C’était
écrit GIGN dans leurs dos. Ils fouillaient mes armoires en jetant tout au
sol. Les papiers de mes assurances volaient dans tous les sens… Ces brutes
ont déchiré le calendrier des pompiers. (Ce n’était pas celui de l’année mais
j’aimais bien le paysage enneigé…) Ils ont
déniché ma commande de chez Toupargel qui avait glissé derrière la commode de
l’entrée... Ils
dépiautaient mes livres pieux en les effeuillant méticuleusement. Ils ont
récupéré mon disque dur et ils le lisaient sur un de leurs outils. Mes lèvres
tuméfiées étaient deux grosses limaces boursouflées. Tous ces féroces
laissaient des traces noires sur mon lino avec leurs rangers cirées… Ils m’ont
poussé sur une chaise avec la délicatesse d’un bourreau pressé d’exécuter la
sentence. J’avais les oreilles qui saignaient, sans doute à cause d’un coup
de grole un peu trop caressant… Mais
j’étais coupable de quoi, merde ? Ma télé avait
implosé, mes carreaux étaient tous cassés, mes tiroirs étaient éventrés. Putain,
c’est un cauchemar ici ! Ils
fouillaient les boîtes de pizza ! Ils voulaient faire parler les
noyaux ? J’étais à
moitié assommé, avalant du sang et calculant mes dents manquantes avec la
langue quand un costaud interrogateur s’est approché : « Tu
es bien Jemal Makrout Vatombé de la branche armée d’Alé Gratpa ?... « Non !
Ze zui monzieur Du… Durand ! Z’écris des zishoires, des poézies, ze suis
pazifiste ! Ze zui inno… zent ! » Dans
l’encadrement de la porte, il y avait ma voisine, elle salivait cette…
zalope ! « Nous
avons fait une regrettable erreur monsieur Durand, veillez nous excuser pour
le dérangement… » Ils sont repartis comme ils étaient arrivés... Depuis, je
suis à l’hôpital, mais… za va mieux… Pascal 28/09/2010 |
Le piquet |
|
|
Près de la
salle de classe, de là où je me trouve, assise près de ma compagne, j’ai la
vue sur un arbre tout proche. Le soleil d’octobre met sa dernière énergie à
revêtir ses feuilles de pourpre, de jaune ocre. Au moindre vent, ce sont
celles qui virent au marron clair, qui tombent. Mon esprit
s’évade vers cette nature qui se meurt, mais reviendra au printemps prochain,
et puis, dans la cour de récré, nous trouvons toujours l’occasion de
grignoter les trésors que châtaigniers et noyers ont laissé tomber sur le sol
humide. Quelquefois
véreux, ces fruits d’automne sont pour nous découvertes, les baies se
révèlent souvent amères, nous les recrachons, mais le goût reste sur nos
bouches et nous n’avons qu’une hâte, celle de nous en débarrasser, en nous
désaltérant pour retrouver un vrai goût sur nos lèvres. Interrogée
par la maîtresse, mon esprit divaguait sur cette métamorphose de la nature,
je suis incapable et comme j’en étais loin, de répondre à la question sur le
lieu où la Seine prend sa source…. La
sanction tombe et me sort de ma rêverie : me voici obligée de purger mon
inattention par la plus humiliante des punitions, vis-à-vis de la Directrice,
des institutrices, mais aussi auprès de mes compagnes de classe : LE PIQUET. Inutile de
dire que là, le mal de ventre arrive, vitesse grand V !! Dix
minutes à marcher devant tous, à la récréation, mains derrière le dos. Je les
cache un maximum sous le tablier que Maman a acheté pour la rentrée des classes
(elle l’a voulu beau, ce tablier, il se boutonne derrière : dans cette
circonstance, c’est plus facile pour avoir moins froid, même si le soleil
donne). C’est bien
ma veine, pourquoi m’a-t-on placée à gauche, près de la fenêtre, alors que
j’aurais pu être simplement assise dans la rangée du milieu, où je ne peux
que regarder le tableau ou l’institutrice !!!! Le
parcours démarre, là où les enseignants discutent pendant cette courte pause,
et je l’avoue, ils ne font guère attention aux trois ou quatre élèves, privés
de récréation. D’abord,
nous frôlons les classes des « grands » sur toute la longueur, on
oblique à gauche, vers celles des « petits », nous passons devant
les toilettes (ils ont de la chance, eux, ils ont des cuvettes ; chez
nous, les grands, ce sont des toilettes dites « à la
turque » : il faut bien viser dans le trou, ne pas salir ses
chaussures et arriver à baisser sa culotte au mieux ! Pas facile à
faire). Cela ne sent pas bon ! Et puis,
on passe à la partie de la cour qui se trouve près d’un champ, on accélère le
pas : on a expliqué qu’il y avait des orvets, petites couleuvres qui
soit disant dorment tout le temps, mais pour nous c’est toujours des
serpents !!!! Ensuite,
nous marchons le long du mur, dans les feuilles mortes plus ou moins
humides : c’est le long de cet ouvrage de maçonnerie qu’on dispose, en
fin d’année scolaire, l’estrade où nous recevrons nos prix, où nous jouerons
la comédie, où nous chanterons pour la fierté de nos parents endimanchés. Nous
terminons sous les chênes et devant les toilettes des grands (vivement la
femme de service de ce soir, car ça ne sent vraiment pas bon !). Je suis
mal à l’aise quand il faut repasser, encore et toujours, devant l’autorité.
Loin de nous encourager, ils se joignent aux moqueries de nos camarades. Je
n’ai pourtant pas l’impression d’avoir fait si mal, c’est même injuste :
je rougis et j’ai mal à la tête. Je voudrais être loin, très loin d’ici. Délivrance :
la sonnerie de fin de récré… J’ai pensé beaucoup pendant toutes ces minutes,
je suis résolue à être moins rêveuse, mais c’est pas gagné. Sortie la
dernière de la classe, sous le coup de la honte, voulant me préserver des
quolibets des autres, (pauvres ignorants, qui n’avez même pas vu que
l’automne était arrivé), Madame m’a retenue par l’épaule : -« Demain
petite, à toi je peux le dire, la rédaction portera sur les saisons. » -« Je
vous demande pardon, Madame. » Je me suis
enfuie à toutes jambes vers ma maison. Mon goûter
m’attendait : tartines beurrées et confiture maison de groseilles du
jardin. C’est un régal d’habitude, mais là, je n’avais pas faim. J’ai donc
tout émietté, tout a été picoré dans le poulailler, et si les œufs du
lendemain ont été sucrés, je n’en ai jamais entendu parler !!!!
M. J. Wanesse 2002 |
|
|
|
|