SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°33
Janvier-Février-Mars-Avril 2011
Illustration
BD page 2
|
Patrick MERIC
|
JEUNES |
|
Feuilles
d’automne page 3-4
|
Collège R.BARRAULT |
La
fête-l’An-2000- le Drame page 5-6-7
|
2nde2 Lycée Jacquard
Caudry |
La
vie page 6 |
Fanny CANONNE |
Erreur page 6 |
Emilie Laury MARIN |
HUMOUR-PATOIS |
|
Ché flammes
postales page 7 |
Georges RATEL
|
Un bon vieux porc page
8-9 |
Muriel MARIN |
A la ducasse d’Audencourt page
10-11-12-13 |
Jacques GRASSART |
SWETT page
13
|
Jean-François SAUTIERE |
La gazette d'EMMA page
14 |
M.A LABBE |
Concours d’Ecriture 2010 |
|
page 15-16-17 |
|
ADULTES |
|
Sur le lac page
18
|
Gérard ROSSI |
Frères jumeaux : pauvre ou
riche page 19 |
Charles Jean JACQUEMIN |
Nos plaines page 20 |
Monique CIOLKOWSKI |
NUIT page 20 |
Jean-François SAUTIERE |
L’enfant et l’oiseau page
21 |
Gaston GRENEZ |
La bonne étoile page
21 |
Stéphanie BONNEVILLE |
Ma fille… page 22 |
Marisse MARCAILLE |
Le lit page 22 |
Marie José WANESSE |
Pour toi page
23 |
Thérèse LEROY |
La chute des feuilles page
23 |
Georges RATEL |
Voici l’hiver page 24 |
SAINT-HESBAYE |
La présence de tes amis page
24 |
Anthony CANONNE |
Margot la tortue page
24 |
Jeanne FOURMAUX |
Le silence page
25 |
Francis LESAGE |
Mylene FARMER page
25 |
Julien BURY |
Je revois l’école page 26 |
Roger DEVILLERS |
Pont d’Inchy page
27 |
HERTIA-MAY |
Le messie page 28 |
Christelle LESOURD |
La lune page 28 |
CLARISSE |
NOUVELLE |
|
Estella page 29-30 |
PASCAL |
Rébus page 31 |
|
|
|
|
FEUILLES D’AUTOMNE |
||||
|
Volcans à l’horizon, Muternes en construction, Les taupes s’affairent.
Couple de tourterelles Sur un fil Amour électrique. Oh ! Des muternes ! Mesdames Taupes Pas bien loin ! Grappes de baies violettes Garde-manger Pour petit Piou-Piou. Deux tourterelles Sur un fil électrique Notes d’altitude. Le vent, les couleurs
rousses La mousse sur les troncs Les feuilles raides et sèches Cheval noir aux yeux
rouges Collège
Renaud Barrault de Avesnelles |
FEUILLES D’AUTOMNE |
|
|
Air frais, humidité Arbres
vieillissants C’est l’automne Des champignons Ca sent la forêt C’est la saison des taupes Feuille
de thé Le vent souffle Les arbres vieillissent Couleurs rouillées de
l’automne Requin
dévoreur Mousse verte sur l’arbre Les feuilles tombent Le vent souffle Cœur
de lion Le vent fait tomber les
feuilles Les feuilles orange Champignons d’automne Je marche sur les feuilles Rouges et jaunes Elles craquent Petit
lapin très gentil Collège Renaud Barrault de
Avesnelles |
LA FÊTE |
|
|
C'était une belle journée d'été. Tout
le monde chantait, dansait : ce fut un jour de fête communale. Les invités du
maire arrivèrent à la file comme des fourmis qui se suivent. La fête se
déroulait très bien : les personnes rigolaient, discutaient, dansaient
jusqu'à en mourir. Un homme de mauvais goût, habits délabrés, s'introduisit
sous le chapiteau pour y participer sans y être invité. -Bonjour tout le monde ! L'homme était à moitié endormi
somnolant comme un zombie avec une bière à la main. -Ca va les amis ! Wé les amis ! Le Maire se leva et alla lui parler : -Monsieur, vous n'êtes point invité,
je vous prie de sortir et de rentrer chez vous. -Bonjour, Monsieur le Maire ! Sans aucune raison, l'homme frappa le
maire encore et encore. Les invités étaient stupéfaits, consternés : des
hommes, assez virils, écartèrent l'homme et le jetèrent dehors. L'homme
prononça des menaces : -Je vais déranger votre fête, vous
allez voir ! L'homme ne tenta pas de revenir dans
la soirée. Les invités se contentèrent d'oublier l'incident de l'après-midi.
Du moins, c'est ce qu'ils croyaient. Lors d'une danse de country, le fusible
commença à sauter, tout le monde se demanda : « Mais qu'est-ce qui se
passe ? ». Le DJ alla regarder le compteur derrière le chapiteau quand
il aperçut l'homme, il courut après lui mais sans le rattraper. Deux heures plus tard, l'homme retenta
une action mais cette fois, plus grandiose. Cette fois-ci, il envoya des
morceaux de papier enflammés. Il était admiratif par les flammes.
Heureusement, le chapiteau était équipé d'extincteurs. Des hommes le poursuivirent
mais sans le rattraper. Le Maire commença à en avoir marre. Il
fit appel à la brigade de gendarmerie. Deux gendarmes arrivèrent devant le
chapiteau, en tenue avec le taser à la main si nécessaire. -Faites que tout se passe bien, je ne
veux plus être dérangé. -Oui, monsieur le Maire ! Les invités ne croiseront plus l'homme
dans la soirée. La femme du Maire repartit avant lui,
elle était fatiguée, elle allait tomber dans les pommes. La fête se termina
et le Maire repartit à pied chez lui. Les rues étaient sombres, sans lumière.
Le Maire sentait une présence qui le suivait, il commença à marcher vite.
D'un seul coup, il se retrouva nez à nez avec l'homme inconnu tenant un
couteau à la main. -Monsieur, ne faites pas ça, s'il vous
plaît ! J'ai une famille moi ! -Ma famille m'a rejeté comme un
détritus et vous aussi, vous m'avez rejeté. L'homme, sans aucune hésitation,
frappa le maire de vingt coups de couteaux consécutifs sans orgueil et il
repartit chez lui sans laisser de trace.
Aurélien Baudoux Seconde 2 – Lycée Jacquard |
|
L’AN 2000 |
|
Paris, en regardant les gens s'amuser
par la fenêtre pour fêter l'an 2000, le malade eut un sentiment de solitude. Déjà deux ans qu'il était dans ce lit,
dans la même pièce, depuis ce tragique accident qui l'avait paralysé
entièrement. L'homme était empli de haine, de
tristesse, les gens qu'il connaissait l'avaient abandonné, seul face à
lui-même, depuis ce fameux jour où tout a basculé. Le 6 janvier 1998, il s'en rappelle
encore, comme si c'était hier, il revoit le camion heurter le visage de sa
mère. C'est depuis ce jour que sa famille,
ses amis ne lui parlent plus, depuis le jour où il a tué sa mère, et à vrai dire,
il se déteste aussi, de ne pas avoir su éviter ce camion. Il savait pertinemment qu'il resterait
toujours dans ce lit, et que cette solitude l'accompagnerait jusqu'à ses
derniers instants. 21 heures, l'infirmière aux yeux bleus
ne devrait pas tarder à arriver, c'était la seule personne qu'il voyait, et
elle était d'une gentillesse ! Un bruit de pas s'arrêta devant la
porte, c'était elle : - « Bonjour Thibault ». - « Bonjour ». - « As-tu vu les feux
d'artifices ? » - « Non ! » - « Ça ne va pas ? Pourquoi
as-tu l'air triste ? » - « Pourquoi j'ai l'air
triste ?! C'est un jour de fête et je me retrouve seul ! Je suis dans un lit
à attendre la mort ! Et tu oses me demander pourquoi j'ai l'air triste
?! » - « Thibault je t'interdis
de dire ça ! Tu sais très bien qu'en ce moment tu fais d'énormes progrès, le
docteur Grebert me l'a encore dit tout à l'heure, et tu n'es pas seul je suis
là moi ! Et puis nous allons le fêter ensemble ce jour de l'An 2000. » - « D'accord... » - « La vie est courte
Thibault, il faut se battre et garder la tête haute quoi qu'il arrive,
fais-le pour ta mère, elle doit être fière de toi, crois-moi. » Pendant un certain moment, l'homme eut
l'impression de reprendre goût à la vie, cette femme avait trouvé les mots
justes pour lui donner l'envie de continuer. Mais ce moment ne dura qu'un instant,
une douleur poignarda le cœur du malade, les convulsions commençaient à
apparaître, l'infirmière appela un médecin en urgence, mais c'était trop
tard, il avait fait une crise cardiaque. Quand la famille fut mise au courant
le soir même, ils eurent un moment de haine, de la haine envers eux-mêmes,
ils l'avaient laissé seul affronter la mort.
Margot Manet Seconde 2 – Lycée Jacquard |
LE DRAME ! |
|
|
C'était un matin de Juillet, les
commerçants ouvraient leurs boutiques. Le soleil scintillait sur les rues de
Paris, plus précisément, les rues du Faubourg Saint-Antoine. On entendait les claquements matinaux
d'assiettes dans les restaurants. D'un seul coup, on ne sait comment, le
brouillard et la pluie tombèrent simultanément ; la si belle journée, qui
venait de commencer, fut gâchée par l'arrivée de ceux-ci. Puis tout à coup, le drame arriva, une
voiture glissa sur le bord de la chaussée, heurta un mur pour finir sur le
passage pour piéton, au milieu de la route. Elle atterrit sur un passant qui
traversait la route sur le passage pour piéton. Il se passa un long moment de
silence, où personne ne réalisa ce qui venait de se passer. Ensuite, ce fut
la panique totale. Tous les passants paniquaient en hurlant : « appelez
les secours ! ». Après, tout se passa très vite, les
pompiers arrivèrent, puis le Samu et l'hélicoptère de l'hôpital. Tous les passants
s'étaient calmés à l'arrivée de tout ce monde. Nous n'entendions plus un seul
bruit, même pas les oiseaux chanter, ni les claquements d'assiettes ; plus
rien ! La victime était une jeune femme qui
avait la trentaine, elle était mariée. Elle avait deux enfants. Celle-ci
était bloquée sous le poids de la voiture ; elle vit ses meilleurs moments de
sa vie défiler devant ses yeux : elle vit, tout d'abord, son mariage,
ensuite, la naissance de ses deux enfants,... Une larme se mit à couler sur
sa joue gauche puis sur la droite. Elle savait qu'elle ne survivrait pas à un
tel accident. Son mari arriva sur les lieux ;
l'émotion entre ces deux personnages était intense. -Qu'est-ce qui s'est passé, chérie ?
Questionna le mari. -Je ne sais pas vraiment, je revenais
du marché quand une voiture est tombée sur moi ! Répondit la femme. -Tout va bien se passer ! Je suis là,
ne t'inquiète pas ! S'exprima le mari. Il était midi, les cloches de l'église
sonnèrent, la jeune femme fut transportée à l'hôpital. Sur le trajet, elle fit un malaise,
mais les pompiers ne s'aperçurent de rien. Tout le monde la croyait morte.
Elle se réveilla un court instant puis mourut. Les médecins allèrent
l'annoncer à ses proches, il était treize heures. Quand tout à coup, une infirmière, qui
était dans le bloc, courut en criant « Elle est vivante ! Elle est
vivante ! » Tout le monde alla voir ce miracle. En effet, la jeune femme était
vivante. C'est vrai qu'elle allait avoir du mal à s'en remettre mais elle
était vivante! Auteur ?? Seconde 2 – Lycée Jacquard |
Page
8 |
LA VIE |
|
Notre
vie était si belle Que
nous nous aimions Et
c’était pour elle Que
nous nous battions Et,
un jour sans prévenir Tout
s’est arrêté Je
ne pouvais plus aimer Tu
m’avais si vite oubliée Avant
de partir Nos
chemins se sont séparés Malgré
la distance On s’est retrouvés Je
ne sais pas comment Mais
on a résisté Grâce
à toi J’ai
continué de vivre Et
pour toi Je
continue de poursuivre Tous
les efforts Pour
qu’un jour On
n’ait plus de remords Et
que notre amour Soit
encore plus fort.
Fanny Canonne 15 ans |
ERREUR |
|
|
Elle cria avec rage, prit son sac, son
blouson et claqua la porte de la maison où elle s’était une nouvelle fois
disputée avec ses parents. Personne pour la retenir. Cette jeune fille aux cheveux bruns,
aux yeux marron où commençaient à monter des larmes, ne pouvait plus supporter
toutes ces disputes. Elle marcha sous la pluie le long de
la rue, elle était trempée ; elle laissa enfin couler ses larmes si
longuement retenues, et continua à marcher sans se soucier où elle allait. Au bout d’un temps, elle s’arrêta, se
frotta les yeux et tenta de trouver où elle était. Après quoi, elle se rendit compte que
ce lieu ne lui était pas commun. Elle s’inquiéta et tourna autour d’elle en
espérant trouver un passant mais par ce temps il n’y avait pas un chat. Elle court se mettre à l’abri car le
froid commençait à se faire sentir, s’assied par terre devant une ancienne
pharmacie. Il faisait noir et elle se reposa un instant. Quand elle ouvrit
les yeux, elle vit une silhouette sombre s’approcher d’elle petit à petit,
elle eut un soulagement. Elle s’approcha elle aussi pour lui demander son
chemin mais une fois à quelques mètres de cette personne elle eut une légère
angoisse, n’arrivant pas à apercevoir son visage : cet inconnu portait
un pull noir avec une capuche. La fille s’était arrêtée pour l’observer mais
lui continuait sa marche avec les poings serrés. Elle s’inquiéta et elle commença à
prendre la fuite, mais cet inconnu la poursuivit. Elle se fit rattraper et elle
trébucha, elle paniqua. Il lui tendit la main pour se relever. Elle la prit
mais elle prit aussi discrètement la brique sur laquelle elle avait trébuché.
Et d’un coup vif et rapide elle lui donna un coup de cette brique à l’arrière
de la tête. Cet inconnu tomba à terre au bord de la route. Curieuse, elle
retira la capuche et l’écharpe de cet homme et vit avec surprise qu’il
s’agissait de son père qui venait la chercher. Prise de panique, elle alla
chercher de l’aide en sonnant à une porte. Une femme sortit. La jeune fille
lui demanda de l’aide pour son père. Celle-ci se dirigea vers le corps et
la rassura car son père n’était juste que légèrement assommé.
Emilie-Laury Marin 2nde 2 |
CHE FLAMMES POSTALES |
|
|
--ooOoo— I n’y o pos si longtin, ches timpes y
étotent oblitérés aveuque eune flamme postale. Y avot ch’ cachet à date et, à
côté, dins in rectingl’, qués rinseig’mints sus l’ville d’u qu’el’ lette al
étot partie. Ch’ étot bié instructif. Mi, j’in faisos collection In y
apprenot qu’à Arras, y a deux belles plages, qu’ Jean de La Fontaine y
est né à Catiau-Thierry, qu’à Caudry, in faisot d’el dintell’, que Fénelon i
a vécu à Cambrai, qu’à Somain, y o eune gare ed triage, qu’Boulogne y est ch’
premier port ed pèque ed France …. . Acht’ heur, in n’sait même pu dé où qu’el lett’ el vié. Ché tout
simplemint marqué, d’sus l’inv’lop’ qui t’arrive dé foé troés jours après
avoir été j’té dins l’ boête aux lettes : « La Poste – Lettre
prioritaire et pis l’date ». Tout juste pour qu’ té puisses vérifier
ch’ dicton qui dit :
« Kronembourg à la poste, Chronopost à la bourre »
Georges RATEL 27 novembre 2009 |
UN BON VIEUX PORC |
|
|
Une poule qui picore, Une poule aux yeux d’or, Qui picore dans le port. Une poule qui picore, Dans le lard du
vieux porc, S’en est allé, Vers les allées, Du palais doré. Lassée, Du lard du vieux porc, Chantant lala aux vieux cors. S’en est allée, Aux allées, Vertes allées. Saleté de vieux torts, Sans remords, Son vieux porc, S’en est allé, Lui aussi, Vers les tribords. Sans pinards et sans or, Il est reparti sans trésor. Pauvre vieux port, dit Isidore, Le bon vieux porc, Du bon vieux port, Loin du palais doré. La poule qui picore, S’endort, Vers le grand nord. Bye, bye, mon trésor, Mon vieux porc Mon vieux port. Muriel Marin |
A LA DUCASSE
D’AUDENCOURT |
|
|
Charmant petit hameau jouxtant la
commune de Caudry surnommée « Cité de la Dentelle ». Tout au plus
une poignée d’habitants venus s’établir en retrait des turpitudes de la vie
citadine loin du bruit, de l’agitation, du stress au quotidien dans ce
merveilleux havre de paix propice à se ressourcer. Les indigènes de cet îlot
de verdure ne se lassent pas d’écouter le silence. Comme il est agréable
d’entendre le chant des oiseaux plutôt que le ronflement disgracieux des
automobiles ou le piaillement suraigu des pétoires trafiquées. Toutefois, à
force de toujours être acteur du cinéma muet, trop c’est trop, on aime bien,
une fois l’an, voir s’installer les forains dans le cadre de la
traditionnelle ducasse. Ce n’est pas le gigantisme du Quinze Août à Cambrai,
les connaisseurs apprécieront, mais les chevaux de bois et les autos
tamponneuses évoluant sur des airs de musique contemporaine savamment
distillée, rompent pour une durée de trois jours avec une sérénité parfois
trop pesante et installent la magie dans l’esprit de petits et grands. Et si
par malheur on a raté cet incontournable rendez-vous annuel, on pourra
toujours se rattraper au « raccroc » prévu le dimanche suivant.
Bémol sur la partition : à condition que les forains aient fait leurs
affaires sinon ils vont s’installer ailleurs, il faut bien que ces gens-là
mangent. Ce que Grasjacqs va vous raconter,
c’est la stricte vérité et non une mouture de l’imaginaire et du réel. Mardi
17 Août : huit heures du matin. Notre homme met le nez dehors pour la
première promenade de son « westie ». A trois cents mètres de chez
lui, sur le temps que Moustachu soulage son intestin dans un coin d’herbe,
pas sur le trottoir des riverains, ça ne se fait pas quand on est bien élevé,
il tombe en arrêt devant la superbe propriété de l’un de ses voisins,
policier de son état. Et là, tous ses sens d’artiste peintre, amateur
précisons-le, se mettent en émoi : « Pas mal quand même la bicoque
du père Y. Depuis le temps que je lui promets de la peindre, ça pourrait se
faire aujourd’hui ; enfin, peut-être pas complètement mais du moins,
couvrir la toile entière pour avoir une première image. Si ce n’est pas
terminé, je reviendrai demain ou un autre jour, dans des conditions identiques
et basta, après, ça ne sera plus que du détail, quitte à finir en atelier, si
le mauvais temps s’installe ». Grasjacqs avait bien retenu la leçon des
impressionnistes et de Sisley tout particulièrement dont il admirait sans
réserve l’acharnement qu’il manifesta, dans sa douloureuse carrière, à
peindre sur le motif, dehors exclusivement, quelque soient les caprices de la
météo. Des maîtres de cette trempe étaient durs au mal, motivés il faut voir
comme, et ne s’arrêtaient pas pour trois gouttes d’eau ! A cette
époque-là, on les croisait sur tous les chemins de campagne, par n’importe
quel temps, couvre-chef rivé sur la tête, canotier ou feutre selon le temps,
trimbalant le matériel dans une poussette de jardinier sans oublier un
immense parapluie au cas où une averse risquerait de détruire l’œuvre. Le nouveau Sisley, parent très éloigné
seulement, après une courte hésitation, se motiva à la vitesse de l’éclair et
réintégra son domicile en préparant mentalement sa petite liste de
fournitures à emporter, pas dans la poussette, non, non, dans son 4x4, un
Suzuki Grand Vitara, spécialement acheté pour des galères de cet acabit.
Ultime vérification avant le grand plongeon dans la térébenthine :
toile, brosses, chiffons, médium, palette à feuillets jetables, de nos jours
on ne nettoie plus, « on prend et on jette », couleurs, chevalet,
siège, table de camping. Pas question d’oublier une chose importante sinon
retour à la case départ en se trouvant face à un choix cornélien : on
laisse tout en plan et on vient rechercher l’objet de l’étourderie mais on
s’expose à un vol possible, pis encore à un acte de vandalisme, ou alors on
remballe ses gaules pour venir récupérer la boîte à malice mais il faudra
déballer à nouveau le barda. Difficile apprentissage de la rigueur et de la
méthode ; rien à voir avec le flou artistique que l’on peut se permettre
si on travaille uniquement en atelier. Pas étonnant en outre, que Monet, pour
citer le plus célèbre de cette immortelle époque, ait décroché du plein air à
un moment donné de son parcours pictural. Il s’est laissé dire sous la plume
de gens sérieux que le père des « Meules de foin » avait tenu
brosses et pinceaux par des températures avoisinant les trente degrés… sous
zéro ! A un moment donné, lorsque fortune est faite ou en très bonne
voie, il était légitime qu’il se réfugiât dans le confort plutôt que
d’affronter des intempéries génératrices de rhumatismes, problèmes
pulmonaires et autres misères en tous genres. Pourquoi alors Sisley est-il
resté fidèle à la peinture en extérieur ? Sans doute parce que la fortune n’était pas au rendez-vous,
sans doute aussi car il aimait ça par-dessus tout et qu’il avait besoin de
ces sensations inimitables lorsqu’on peint dehors : utiliser une palette
très limitée, se focaliser sur l’essentiel, évacuer le superflu, créer une
atmosphère qu’on ne trouvera pas le lendemain voire même quelques heures plus
tard, s’attaquer aux choses très difficiles… Ne perdons pas de vue que c’est
le maître incontesté des paysages de neige peints en direct. Chargement éclair de la grosse
poussette motorisée. Sûr de ses convictions, Grasjacqs arrive sur les lieux
aux alentours de 8h30mn. Déballage anxieux des munitions : « Pourvu
que je n’aie pas oublié des trucs, j’aurais l’air fin vis-à-vis des gamins
qui ont lâché les rollers pour venir assister au spectacle ; si jamais
c’est le cas, je ne suis pas clair ; ils seraient capables ces déjantés
de me peindre la baraque sur le temps que j’aille rechercher le matos
oublié ». Ouf ! Le compte y est. Le dernier des impressionnistes, à
grands coups de brosse, écarte de son champ visuel les gosses agglutinés
autour du chevalet en répondant évasivement aux questions pertinentes posées
par la classe improvisée : -Super, monsieur, ce que vous allez
faire ! Combien de temps mettez-vous pour peindre le tableau ? -On ne peut rien dire tant que ça sera
pas fini ; d’ailleurs, j’ai même pas encore commencé : le temps,
j’en sais trop rien ; c’est pas là l’essentiel… Heureusement, la retraite approchait
pour Grasjacqs. Enseignant en fin de carrière, il ne se sentait plus l’âme
d’animer la classe plein air au cœur des vacances surtout la deuxième
quinzaine d’Août, à l’aube de sa dernière rentrée. Aussi coupa-t-il court
habilement au chassé-croisé épuisant d’interventions plus ou moins pertinentes : -Allez donc faire un tour et repassez
disons toutes les demi-heures ; les réponses seront inscrites sur le
tableau en cours. -Au feutre ou à la peinture,
monsieur ? On ne verra même plus la maison si vous les écrivez toutes et
encore, on en avait d’autres à vous poser… Décidément, les enfants ont de la
répartie ou le maître devra réviser sa copie. Au lecteur le soin d’en juger.
L’artiste retrouve enfin toute sa concentration et Dieu sait s’il en faut
pour un exercice aussi prenant. Soudain, Eole, de mauvaise humeur, sans crier
gare, envoie l’œuvre en devenir s’empaler sur une fine branche de sapin peu
après le premier passage des hirondelles. La honte du jour, que dis-je, du
siècle ! Heureusement que nos oiseaux migrateurs n’ont pas assisté au décollage
de la maison car ils auraient colporté la fable bien au-delà des frontières
de leur école de quartier, sûrement même jusqu’aux frontières de
l’Afrique ! Rapide coup d’œil circulaire, personne à l’horizon.
Grasjacqs secoue énergiquement le thuya responsable, « c’est pas moi le
coupable monsieur, c’est le vent », s’entend-il reprocher par l’arbre
innocent. -C’est toi qui es en cause, lui
susurre la voix cassée d’Alfred, tu avais oublié d’arrimer la toile avec de
la ficelle ; c’est la première chose à faire quand on peint
dehors : une rafale de vent est vite arrivée et tu es bon pour
recommencer ou corriger le tableau. Tu t’en souviendras la prochaine fois. -Il n’y aura pas de prochaine
fois ; maintenant, c’est peinard à la maison, avec une carte postale ou une
photo. -On dit ça, on dit ça… Penaud, Grasjacqs remballe les outils du malheur
vitesse grand V et dépité, rentre chez lui. 11h45mn. Il ne se sent pas l’âme
de vider ipso facto le contenu du 4x4. De surcroît, si jamais les poulbots
passaient devant son domicile et le voyaient rentrer le barda, ils seraient
capables de lui demander à quel stade en est l’œuvre. Je vous laisse imaginer
dans quel embarras il se trouverait. 14h. Madame est rentrée du boulot ;
elle travaille en horaires décalés et en l’occurrence, elle sortait de son
poste du matin. Selon son état de fatigue, elle s’accorde une sieste
régénératrice ou alors, l’été, il lui arrive d’accompagner son mari lorsqu’il
décide de coucher sur la toile, selon l’inspiration, un panorama, une place
de village, un plan d’eau… Passe encore pour un débutant d’oublier la ficelle
mais pour un disciple d’Alfred Sisley, rompu à ce genre d’exercice, c’était
un peu gros. N’a-t-on pas coutume de dire que « ce sont les cordonniers
les plus mal chaussés ». Le vent était tombé, une belle éclaircie se
profilait, légèrement contrariée par quelques cumulus inoffensifs. Suzy avait
envie d’un grand bol d’air pur. Il lui fallut convaincre son époux affalé
dans un fauteuil confortable et plongé dans un livre d’art traitant de Vuillard,
grand peintre spécialiste en son époque des scènes d’intérieur : -C’est bizarre, par ce beau temps, ça
m’étonne que tu ne cherches pas à « te faire une toile » cet
après-midi ; l’autre jour, tu m’as parlé de la charrette fleurie à Naves
et ça n’est pas revenu sur le tapis ; c’est peut-être l’occasion d’y
aller ; il n’est pas trop tard et j’ai cru voir que le coffre du 4x4 est
déjà chargé. -Je suis un peu « paf », la
digestion sans doute, et ça risque de faire tard ; le coffre est chargé
mais c’était pour l’Abbaye de Vaucelles demain matin ; là, j’aurai
beaucoup plus le temps : la matinée entière mais bon, si t’es prête dans
cinq minutes, on y va… Sisley avait prédit que Grasjacqs
remettrait le couvert. Celui-ci, bien entendu, s’était bien gardé de raconter
l’épisode matinal à son épouse et son serment de renonciation à la peinture
« alla prima ». Voyez-vous qu’elle vienne à lui reprocher de la
priver de sorties bucoliques et que pour compenser elle veuille l’emmener
dans d’interminables « shoppings ». Mieux valait rester discret et
ne pas s’étaler outre mesure sur le sujet. Départ 14h30mn, arrivée 15h.
Installation ultra rapide, pensez donc, deux fois dans la même journée, c’est
de nature à créer des automatismes. Tel Van Gogh au mieux de sa palette, le
forcené debout devant son chevalet, brosses entre les dents et couteaux à la
main, attaque le lin à grandes arabesques, sans esquisse préalable. Bien que
survolté par ce nouveau défi, il a retenu la leçon du maître et solidement
attaché la toile au trépied avec de la chaînette en métal. Il le sent venir
le chef d’œuvre à la facilité déconcertante dont les couleurs complémentaires
se font écho, se superposent, se juxtaposent, pour le plus grand plaisir de
l’œil, du cœur et de l’esprit. Tête baissée, il décore la charrette comme
Robespierre au concours des maisons fleuries, brocardant les curieux qui se
hasardent « sur les chemins du comment, du pourquoi, du parce
que ». Et qu’ils se tiennent à distance respectable, le tranchant de la
spatule pourrait ne rien avoir à envier au couperet de la guillotine !
L’art se suffit à lui-même, inutile d’en rajouter. Le tableau parlera tout
seul dans une heure ou deux, si les cumulo-nimbus traîtreusement apparus
depuis quelques minutes consentent à lui accorder la parole. Il y a belle
lurette que le ciel est apparu sur la toile et que Grasqacqs ne s’en
préoccupe plus ; il devrait porter son regard aux nues cependant ;
son épouse moins concentrée avait senti l’orage arriver mais elle préférait
garder le silence de crainte de s’attirer les foudres de l’enfer. Et soudain,
c’est le drame : le ciel se déchire et déverse des trombes d’eau qui
transforment l’huile de facture figurative en aquarelle abstraite d’un goût
plus que douteux. Pas de parapluie géant sous la main ; reste la
solution du repli stratégique dans le 4x4 en quatrième vitesse. A peine les
instruments de torture sont-ils rangés qu’un soleil radieux illumine la rue
principale où la charrette royaliste semble provoquer l’instituteur laïc. La
rage au ventre, l’artiste maudit, souffrant d’un vif sentiment de frustration
regagne ses pénates par le chemin des écoliers. 16h. Au ralenti, le Grand Vitara
traverse le hameau d’Audencourt. Les Grasjacqs descendent de voiture pour se
dégourdir les jambes et profiter un peu de la fête. Soudain, dans le champ de
vision de Maurice Utrillo apparaît le décor de la toile du jour : le
bistrot « Al Coïette », la baraque à frites, l’église, le manège
enfantin, les autos tamponneuses, les banderoles multicolores et un début de
marée humaine… Le refoulé de Montmartre ou plutôt de Naves, consulte
furtivement sa montre à l’insu de son épouse hypnotisée par les chevaux de
bois : 16h30mn. « Si par hasard Touvenin met au galop ses bourrins
tout de suite, c’est jouable ; le mauvais temps est parti
ailleurs ; je peins la ducasse avant ce soir, il ne sera pas dit que je
repartirai bredouille ». Plutôt flatté, le patron du ranch accepte la
proposition en posant toutefois quelques réserves : -En principe, c’est la dernière
journée et j’ai bien « marché » dans l’ensemble, alors je n’ouvre
pas avant 18h, mais vu l’événement, je veux bien faire un effort, disons 17h,
dernier carat. Encore une chose, si le tableau est réussi, je te l’achète
mais prix d’ami, donnant donnant. -Pour moi, c’est bon, j’en parle à ma
femme, tu ouvres boutique et que la fête commence ! -T’as besoin du consentement de ta
bourgeoise maintenant pour peinturlurer mes bidets, encore une comme ça, je
me roule par terre… Suzy fatiguée par les aléas de la
barbouille préfère que son mari la raccompagne mais accepte qu’il revienne
immortaliser étalons et juments. Compromis accueilli avec un rire sarcastique
par le propriétaire du haras. Cinq coups d’horloge nettement détachés
annoncent le début de la grande parade. Casquette à l’envers, l’œil
inquisiteur, Grasjacqs introduit sur la toile les grandes masses de la
ducasse sans l’ombre d’une hésitation, effaçant d’un chiffon généreux les
idées reçues : -Tu n’as pas tracé d’esquisse au crayon, si jamais
tu te trompes, le tableau est fichu alors ? On ne voit pas les détails
du manège, c’est pas très ressemblant ; on dirait de l’abstrait. -Moi, je dessine au pinceau, ma gomme,
c’est le bout de loque imbibé d’essence de térébenthine. Peindre ne consiste
pas à tout mettre sur le support mais choisir ce qu’on va y placer pour créer
une harmonie. « En peinture, a dit Platon, deux grands principes :
de l’unité dans la variété et de la variété dans l’unité ».
Réfléchissez-y ! Un titi de Montmartre barbouillant la
ducasse, passe encore, mais les grecs invitant les badauds à gamberger le
jour de la fête, non, mille fois non. Sceptiques, les curieux laissent le
peintre à ses pensées ésotériques pour se rapprocher d’une chose concrète,
plus en adéquation avec notre culture : la baraque à frites. Pendant ce temps, s’enchevêtrent à une
vitesse hallucinante, têtes de poulains, carrosseries de voitures anciennes,
ailes d’avions, débris de fusées pis que si un cataclysme avait anéanti la
place d’Audencourt ! Touvenin, flairant l’arnaque, descend de sa monture
et s’approche du lieu de l’accident où il se fend d’une impression
perfide : -Faut vraiment prendre du recul pour
reconnaître mon manège ; mais, bon, c’est peut-être normal car on a
toujours dit qu’un tableau se regardait de loin. Si vraiment tu coinces sur
ce coup-là, j’ai une vieille photo en noir et blanc dans mon camion. T’auras
plus qu’à y ajouter les couleurs ; et puis, pas de soucis, si t’arrives
pas à finir ce soir, finis tranquille à la maison ; tu sais où j’habite,
prends tout ton temps : moi, j’aime bien les peintures qui ressemblent à
une photo. Grasjacqs se retint pour ne pas citer
Suzanne Valadon qui disait à l’endroit de son fils Maurice Utrillo :
« Mon fils a peint des chefs d’œuvre à partir de cartes postales mais
certains, en voulant faire des chefs d’œuvre, ont peint des choses qui
avaient l’âme d’une carte postale ». Animé d’une foi à soulever le
manège d’une seule main, il poursuit de l’autre cette toile d’une rare
spontanéité, d’une merveilleuse fraîcheur, haute en couleurs et débordant
d’authenticité. Si fraîche que Touvenin, sortant du troquet deux heures plus
tard, lui achètera l’œuvre « cash,
en espèces, prix défiant toute concurrence ». J.
GRASSARD |
SWEET |
|
|
|
Tes
poires me sont, belle Hélène, Je
l’avoue, un dessert de choix Lorsque
sur elle court l’ébène D’un
chocolat fondant d’émois. Piquant
la russe cigarette Au
milieu de tant de désir Comment
se peut-il que s’arrête En
si bon chemin, le plaisir ? Dès
lors, comment rester de glace Devant
le bonheur vanillé Dont
chaque cuillerée efface Le
délice hélas ! grappillé. Et
sur ma coupe à présent vide Où
je pose un regard déçu Je
me dit : « Je fus trop rapide A
consommer ! Si j’avais su … Que
l’emporte ma gourmandise, Je
reprendrai bien de tes fruits Et
de tout le reste à ta guise, Hélène, Avec ou sans biscuits ! Jean-François Sautière
2° Prix
des ROSATI 2010
PRIX DE LA POÉSIE
ANACRÉONTIQUE Poésie légère. Thème
imposé : la gourmandise
|
|
LA
GAZETTE D’EMMA |
|||
|
Retrouvez
Emma sur le forum : http://maisonarts.forumgratuit.fr La
Petite Maison dans les Arts, art et convivialité |
LES
LAUREATS CONCOURS
D’ECRITURE DE
LA CAUDRIOLE 2010 |
|
|
1° PRIX : Les mariniers de l’Escaut
Née au sein d’une fratrie pauvre du
siècle dernier, je dus très vite renoncer à la scolarité pour aider mon père
aux travaux de jardinage : plantation de pommes de terre dès le printemps et surtout empotage de jacinthes que nous vendions au
marché. Notre seul bien consistait en un vaste terrain situé dans le
valenciennois le long de l’Escaut. Levée dès l’aube, contente ou non de ces réveils trop matinaux, j’accompagnais mon
père dans la brume floue de
l’aurore, vêtue d’un short délavé et d’un inusable chandail rouge en laine peignée. En longeant l’Escaut, sur le
chemin de halage que nous empruntions, nous parvenait le tam-tam des lourdes péniches automotrices utilisées pour le
commerce fluvial qui, à l’époque, sillonnaient constamment le canal : éternelle navigation de ces braves
mariniers voués à la solitude sur
leurs machines bruyantes pour acheminer lentement leurs cargaisons de
céréales. Je m’avançais le plus près possible
de la berge en agitant la main pour les saluer et tous me répondaient en
souriant… Quand nous atteignions le jardin, clôturé par un énorme cadenas, un parfum suave de jacinthes
s’en exhalait sous les rayons du soleil levant. Nous empotions très vite
toutes ces fleurs odorantes mais ô combien fragiles. Vers midi, suffoquée par la chaleur et la
fatigue, je rejoignais mon père à l’ombre d’un vieux saule pour déguster une
limonade pétillante bien méritée. Je roulais des yeux de caméléon en sirotant ma boisson ! Mon père m’accordait alors
quelques instants de repos ; exténuée, je m’allongeais et sombrais dans
un sommeil profond : un rêve merveilleux m’emportait alors sur un long
fleuve aux reflets éburnéens où je
voguais vers un eldorado lointain, offrant au passage toutes mes jacinthes à
ces valeureux mariniers de l’Escaut… Gisèle Houriez
de VERTAIN
2° PRIX : Le coffret aux
souvenirs
Dans la solitude d’une chambre de la maison de retraite, Grand-père tire
de son armoire un coffret en bois blanc. Il en ouvre le petit cadenas et pose sur la table les
objets contenus. A la vue des trésors étalés, les souvenirs reviennent. Un
retour en arrière s’avère alors possible.
Il les prend un à un dans ses mains tremblotantes et des images précises
défilent dans sa tête. Il pense suffoquer
en retrouvant ainsi quelques bijoux portés jadis par son épouse adorée,
aujourd’hui décédée : un petit tam-tam
en argent, un camée en forme de caméléon…
Il caresse le manche éburnéen du
couteau qui lui servait autrefois à éplucher les pommes de terre du repas dominical et à tailler les fushias
plantés près de la bordure des jacinthes
odorantes du jardin familial. D’un œil content
et attendri, il contemple une petite boussole dont l’aiguille tremblotante
indique le Nord de façon plus précise que le plus perfectionné des appareils
de navigation modernes. Un
coquillage ramassé lors de vacances passées sur la côte d’Opale lui permet
d’écouter encore le vent peigner
les souples oyats et les argousiers épineux. Puis, de ses doigts tremblants,
il feuillette longuement un vieux carnet de notes, souvenir éternel de la scolarité studieuse de l’aîné des enfants… Alors, d’un mouvement lent, il referme
la boîte, la range dans l’armoire et pendant de longues heures encore, dans
le flou du soir qui tombe, la
larme à l’œil, il ressasse avec nostalgie les moments heureux et malheureux
d’une vie qui s’achève. Georges Ratel de 3° PRIX : Le parchemin de la souvenance
Au cours des mornes jeudis pluvieux de
mon enfance, lorsque, claquemuré par le pesant cadenas de la solitude,
je suffoquais d’ennui, il
m’importait peu, alors, que dame Nature distillât de suaves effluves de jacinthes ou d’âcres senteurs d’humus
détrempé. Bravant les oukases de ma scolarité,
je délaissais bien vite tous les problèmes de robinets qui fuyaient ainsi que
les calculs de rendement à l’hectare au niveau des pommes de terre, ce qui constituait l’éternel refrain au tableau noir du quotidien ! Et tandis que le vent, ce maestro à la
crinière d’écume, nous jouait sa fugue océane au clavecin de la futaie
voisine, je grimpais au grenier, tout content
d’entendre les bourrasques peigner l’échine
moussue de notre chaumière fourbue qui s’arcboutait afin de résister aux
assauts de ce Léviathan. En ces lieux capitonnés d’exquise
sérénité, juché sur une malle qui me servait de dunette, je voguais alors
sous toutes les latitudes possibles
et, sous les alizés de mon imagination-caméléon,
je devenais tantôt gabier dans le mât de hune, tantôt flibustier. Et à l’issue de ces navigations téméraires, le tam-tam du bonheur retentissait alors
dans la jungle de mes coronaires. L’éburnéen
parchemin de la souvenance, quelque peu racorni et bien flou, continue néanmoins de hanter les coursives du passé
englouti, faisant tanguer d’émoi les carènes de mon cœur aux abois que les
rémoles du temps ont drossées sur d’infâmes brisants. Alain Podevin de
1°
PRIX JEUNE : Coup de foudre
Je me promène dans la forêt amazonienne. J’aperçois
un caméléon qui se dore au soleil. Plus loin des africains contents
jouent du tam-tam. Soudain, la solitude m’envahit. Je me rends à
l’embarquement de navigation et demande au capitaine s’il est possible
de me déposer à mon hôtel. Je prends une douche et enfile une robe floue. Je me rends dans la salle du restaurant pour
déguster des pommes de terre avec un homard frais. Un homme entre dans
la salle. Je suis suffoquée par sa beauté, il m’invite à danser, c’est
le coup de foudre. J’espère que ce sera un amour éternel. Orlane Toupart 12 ans de LIGNY en CIs
PRIX SPECIAL JURY : Mamadou Le
fleuve nommé Nil, peuplé d’embarcations, Se
prêtait sans contrainte à la navigation Et
semblait convenir aux pirogues voilées Qu’une
brise indolente entraînait en contrées. Mamadou
regardait dans le fond du voilier L’approvisionnement
pour l’ethnie acheté ; Manioc,
pommes de terre, caméléon, jacinthes, Cadenas se mêlaient à quelques coloquintes. Fait
d’os éburnéen, déjà prêt à peigner, Un
joli démêloir décorait le panier. Content de revenir, las de sa solitude, L’adolescent
voguait en toute quiétude. Il
réveillait le temps de sa scolarité, Eternels souvenirs d’un doucereux passé ; Dans
le flou revoyait la brousse où suffoquait Au
pied d’un baobab une lionne aux aguets. …Et
les sons d’un tam-tam de plus en
plus résonnent ; Il
reconnaît les voix qui près de lui fredonnent ; Il
sort de sa torpeur, la famille l’étreint ! « Aventure
possible » Un frère ira
demain. Daniel Carlier
de DOUAI |
SUR LE LAC |
|
|
L’été,
quand l’aurore naissant Se
perd sur la surface de l’étang : La
frontière fragile, entre l’eau et le ciel Semble
effacée. Le jour s’éveille ! Les
rayons pâles du soleil Essayent
de percer à travers la brume matinale Et
donnent sur l’eau des reflets de miel : Le
calme des lieux en semble anormal, La
sérénité nous descend des cieux. C’est
l’heure que l’on apprécie le mieux. Soudain,
une cane pourfend l’eau, Entraînant
derrière elle : formation en vé, Digne
de la patrouille de France : toute une nichée. Et
tout semble beau ! Le
héron, perché sur un tronc, Ouvre
un œil qui ne dit rien de bon Ainsi,
passe le temps autour du lac : Calmement,
loin du stress que provoque le tic-tac Des
horloges de pointage : Même
si on enrage ! Qui,
au travail comptabilisent Nos
moindres actes Le
bonheur n’a pas de balises ? Heureux
sont ceux pris par l’esprit du lac.
28 septembre 2008 Calonne – Ricouard Diplôme de poésie : néoclassique Prix d’Excellence Gérard Rossi |
FRÈRES JUMEAUX PAUVRE OU RICHE… |
|
|
Je prends
connaissance d’un pli recommandé m’avisant que j’allais être honoré de la
LEGION d’HONNEUR. Décoré ? Moi le
chef d’Entreprise, bénéficiant de subventions importantes de l’Etat. Ceci avec mes promesses d’embauches ! A ce
jour ? C’est le désert sur
le parking… Avec mon matériel
ultramoderne, l’Etre humain remplacé par la robotisation. Le Personnel, les
Ouvriers disparus… Comme la 7ème
compagnie, plus besoin de chefs ! Tiens ! La
visite de Jean, mon jumeau. Je me souviens, mon
frère qui réapparait. Lui et moi inséparables,
nous étions dans la même situation avant qu’il ne soit embarqué pour aller
faire la guerre en Algérie, guerre qu’il ne voulait pas. C’était lui… ou moi,
la chance de mon côté ! Dès son retour, lui
la chance de revenir avec sa blessure, cette maudite guerre ! Depuis il
a tout perdu, sa jeunesse sacrifiée, il ne reconnait plus le pays de son
enfance, il n’est plus le même, ses nuits cauchemardesques, hantées. Aujourd’hui il se
retrouve assisté : le R. M. A. Quelle
injustice ! Lui un ancien de la « LEGION ETRANGERE ». Etrangement
moi ! Cité à l’Ordre de la « LEGION D’HONNEUR ». La LEGION d’HONNEUR
aujourd’hui à n’importe qui ? Pour des faits bien souvent sans valeurs. Souvenons-nous de
nos derniers poilus centenaires, tombés dans l’Oubli, ou trop tard honorés. Aujourd’hui c’est
légion, l’honneur va à ceux qui gagnent des fortunes par la sueur des
ouvriers, ou pour un exploit sportif éphémère ! ABRACADABRATESQUE. Pendant cette
situation, ces évènements, je suis resté là ! Tranquille dans mes
pantoufles, sans danger, à vivre dans l’abondance. Jean vient me rendre
visite, il arrive sur la pointe des pieds, il s’excuse de me déranger, il est
là devant moi. Va-t-il me reprocher d’avoir pris sa place ! Pourtant Jean est de
ceux-là ! Fin de droits, faim de vivre ! Comment cette
situation peut-elle me concerner, moi le P. D. G. Je sais que le système
consiste à s’enrichir sur le dos des pauvres. Aujourd’hui je suis
à l’automne de ma vie. Alors, j’implore
Dieu ! Puisse t-il m’entendre ! Qu’il m’accorde
encore beaucoup de printemps. Avec toi Jean, ma
mission ne sera pas terminée. Je sais que ta
blessure ne sera jamais refermée. Je sursaute, le
réveil sonne ! Une voix
m’interpelle, celle de mon frère Jean ! Allons debout ! Il est cinq
heures « Paris s’éveille », c’est l’heure d’aller au boulot. C’est incroyable la
chance que j’ai. Ma génération qui
n’a pas connu le chômage. Avant de partir à
pas feutrés, j’entends un ronflement, celui de mon fils qui dort, mon fils de
retour de la guerre, avec ses nuits cauchemardesques ! Aujourd’hui à 23 ans
demandeur d’emploi, ancien de la « LEGION FRANCAISE » et son frère
Charles de la « LEGION D’HONNEUR ». CHUT !
CHUT ! Regarde son sourire attristé ! Je suis sûr qu’il rêve de sa
fiancée, qu’il ne peut épouser aujourd’hui ! Vivre d’amour et
d’eau fraîche c’était hier. Charles-Jean Jacquemin |
NOS PLAINES |
|
|
Dans
ces plaines encore vertes, joyeuses Je
me promenais, insouciant presque heureux. Le
long des montées et descentes Me
prélassant sur vos courbes voluptueuses. Mes
mains douces caressaient ce corps superbe Par
delà les monts et vallées et au-delà les montagnes, Y
rencontrer la fin, l’horizon. Dans
ce ciel azur ; votre chevelure Dense et sombre par une nuit sombre Essuyait
mes pleurs ; Les
yeux fermés je parcourais impatient, Ne
pas perdre une parcelle Me
perdre dans un dernier soupir Comme
ces vagues majestueuses Dans
le bleu de l’Océan Et
pouvoir découvrir encore Et
toujours cet oasis Qui
rafraîchît, qui anéantit, Qui
enivre les sens. Pouvoir
offrir tous les présents Toutes
fleurs et sentir votre corps Frémir
de plaisir, fermer les yeux, Parcourir
par delà les monts, les plaines Et
comme un enfant garder cette splendeur M’endormir
joyeux dans vos bras. Monique Ciolkowski Cambrai - 2006 |
NUIT |
|
|
Un chien .Et puis, c'est
l'ombre creuse de la lune Qui aboie au lapis-lazuli
de la nuit. La terre qui s'éteint aux
mystiques étoiles Goûte la diaule d'or du
grand vent messager. La ville a ses rumeurs
sourdement vagabondes. Je l'écoute à mi-voix
s'en en apercevoir Les va- et- vient
changeants des hommes qui l'habitent Et que je sais lointains et proches à la fois. Au terme du secret
l'insondable s'égrène Ainsi qu'à chaque doigt
les grains du chapelet Et pour l'unique instant
sobre qui se prépare S'érige en cœur à cœur un
bonheur de silence. J'ai murmuré Ton Nom
au quatre coins du temps, Dressé une arche forte au
temple de l'espace Puis, j'ai tremblé de
bien plus d'amour que d'effroi En mesurant, petit, tous
les dons de Ta Grâce !
Jean-François Sautière
2°
Prix des ROSATI 2010
PRIX HENRI CAUDRON poésie libérée
|
L’ENFANT ET L’OISEAU |
|
|
Bien
souvent, lorsque nous sommes petits Nous
nous demandons ce que fait un oiseau dans son nid Il
est là au sommet de l’arbre en fleur Nous
n’osons pas le regarder… Nous avons peur Et,
pourtant de son côté, il voudrait bien Que
tu montes le voir, que tu lui apportes un peu de grain Car
il est comme toi, il a peur de voler. Toi
aussi tu as eu peur de marcher Votre
langage n’est pas le même je sais Mais
dans le fond tu peux l’aider Dans
ta petite main, mets un peu de grain Tu
vas voir, il va descendre tout serein Tu
es petit, il n’a pas peur Lui
aussi a besoin de chaleur Car
un oiseau, c’est comme un enfant D’un
petit morceau, il devient grand Laisse-le
voler, ne le taquine pas Toi
aussi tu as fait tes premiers pas Et,
quand il sera grand comme toi tout joyeux Tu
pourras dire : c’est moi qui l’ai fait partir dans les cieux Alors
je te le dis… Quand il aura faim Donne-lui
un morceau de pain Et
lorsqu’il sillonnera le ciel de France C’est
grâce à toi qu’il aura cette espérance. Gaston Greuez |
LA BONNE ÉTOILE |
|
|
A des années lumière, Je sais que tu me fais avancer sur le
bon chemin, Que tu restes avec moi dans les ombres
passagères, Que tu me prépares le plus beau
destin. A chaque malheur tu te rapproches, Peu à peu tu me réchauffes, Je reprends ma vie comme elle revient, Les souvenirs restent mais j’ai oublié
ce qu’était le chagrin. Tu brilles plus fort que des yeux
étincelants, Tu es plus belle à chaque instant, Tu affrontes les trous noirs Dans cet immense espace dont on ne
peut pas tout voir. De près ou de loin je te regarderai, Le ciel et la terre ne feront qu’un, Même si une grande distance nous
sépare, C’est une des plus belles histoires. Stéphanie Bonneville Septembre 2005 |
MA FILLE |
|||
|
|
LE LIT |
|||
|
|
POUR TOI |
|
|
Par les chemins de terre à travers les frontières j’irai au bout du ciel Pour toi j’irai chercher l’inaccessible
étoile pour venir la poser dans le creux de ta main Je choisirai la plus douce, la plus
belle celle qui saura te comprendre le mieux et pourra te faire oublier ta tristesse Pour adoucir tes pas je me ferai poussière ou sable chaud comme il te plaît Et si un jour Elle vient me chercher avant
toi je braverai les interdits, je franchirai les rives |
|
Je me ferai brise légère pour me glisser à travers les barrières J'affronterai les gardiens du temps pour te retrouver encore Pour toi j’irai cueillir la fleur d’éternité qui viendra t’apporter paix et sérénité.
Thérèse Leroy 11 mai 2009
|
LA CHUTE DES FEUILLES |
|
|
---ooOoo--- C’est l’automne, C’est la chute des
feuilles C’est ainsi, on n’y peut
rien. Celle-là, J’aurais voulu pourtant Qu’elle reste là-bas, Au loin. Mais ce matin, Elle était là. Je l’ai prise
Dans mes mains
tremblantes. Je l’ai déposée sur la
table. Je l’ai étalée Du dos de la main. Mais mon coeur soudain
s’est serré, Mes yeux se sont
écarquillés, Ce n’est pas vrai ! C’est encore
augmenté !! Mais, c’est l’automne On n’y peut rien Ma feuille d’impôt, Inexorablement, Est tombée. Georges RATEL Croisilles (62128) |
VOICI L’HIVER … |
|
|
Voici
l'hiver dans nos maisons La nature
avide s'efface En neige
candide qui passe Parmi la
plus morne saison. Partout où
circule un frisson Une bise
insensée vous glace Voici
l'hiver dans nos maisons La nature
avide s'efface. Se
proposant aux aquilons Comme
hermine de souillure La neige
vierge de froidure Obnubile
les floraisons Voici
l'hiver dans nos maisons. Saint-Hesbaye |
LA PRÉSENCE DE TES AMIS |
|
|
Toi
qui as un coeur énorme Une
gentillesse hors normes Tu
mérites le meilleur. Ici ou ailleurs, Celui
que tu attends A
peut-être peur D'approcher
un être Au
grand coeur Et
aussi intéressant Que
tu peux l'être. Les
gens qui te connaissent Te
disent SOUVENT Que
tu es leur "princesse". Rarement,
tu les entends. Tes
ami(e)s les plus sincères, De
te connaître, sont plus que fiers Et
mettre un genou à terre Jamais
ils ne te laisseront le faire... Antony C |
MARGOT LA TORTUE |
|
|
Depuis l'hiver dernier Margot
s'est enterrée Au
fond du jardin Parmi
les sapins Et
s'est endormie Pour
une longue nuit. Mais
ce matin devinez Qui
vient de s'annoncer En
grande beauté Faisant
son entrée Monsieur
printemps messager D'un
hiver achevé. Un
chaud rayon de soleil Pénétrant
dans sa nichette Réveille
notre dormeuse Qui
depuis de longs mois jeûne. Elle
passe la tête Et
repart pour de beaux rêves. Minet
s'est approché Et
lui chatouille le nez. Réveille-toi
Margot Regarde
comme il fait beau Le
printemps est arrivé Viens
vite le contempler. Vilain
! Vilain ! Minet Pourquoi
me réveiller Laisse-moi
dormir Je
suis si bien dans mon lit. Et
la voilà se rendormant Pour
quelques temps. Oh
là Margot, s'écrie le chien. Il
te faut venir ce matin L'hiver
est fini A
nouveau tu dois revivre Sors
de ton nid Et
dis bonjour à tes amis. Voilà,
voilà, j'accours me voici Pourquoi
tant de bruit Y
a t'il de la salade Que
je m'en régale Car
je n'ai rien mangé Moi,
depuis l'Automne dernier. Jeanne Fourmaux Honnechy |
LE SILENCE |
|||
|
|
MYLENE FARMER |
|
|
Une voix
si douce Une
chevelure flamboyante rousse Des textes
émouvants Tu parles
d'amour et de sang Ton timbre
de voix nous transporte Des
millions de fans sont à ta porte Tu détiens
le record de vente Pour te
voir, les fans plantent leurs tentes Tous les
jours je pense à toi Tu me donnes
tant de joie Je rêve de
te rencontrer une deuxième fois Que ton
regard se plonge à nouveau en moi Que je me
remette à pleurer Pendant
que tes quelques larmes seront versées Julien
Bury, |
JE REVOIS L’ÉCOLE |
|
|
Je
revois l'école où m'attendait le maître Qui,
par son grand savoir, un jour me fit connaître Les
richesses du monde, l'amour, la bonté. Le
Maître n'est plus, son savoir est resté. Et
comme un trésor qu'un avare veut garder Son
image chérie, en mon cœur est restée. Je
vous aime sous-bois où j'allais buissonner Et
sur le vert tapis, les rouges fraises cueillir Je
revois sous la pierre la couleuvre s'enfuir Et
moi vers la maison, courir tout apeuré Laissant
sur le gazon les fraises et le panier Mais
mon cœur a gardé le charmant souvenir. Je
vois le vieux clocher et puis la vieille tour Dominant
ajourée les bois sombres d'alentour. Aussi
les gais repas, sous la close tonnelle Le
panier déballé, le cidre dans les verres Quelques
fruits des bois complétaient le menu Autant
je me souvienne de ces instants joyeux Nous
revenions bien las, fatigués et repus Des
fleurs dans les bras, du soleil dans les yeux. Je
revois le vallon que le soleil dorait La
sente fleurie où ma mère chantait Où
ma main dans sa main, je l'écoutais joyeux L'amour
dans le cœur, des larmes dans les yeux.
Souvenir des promenades à Maromme avec mes chers parents de 1914 à 1919
Roger Devillers Septembre 1960 |
LE PONT D’INCHY |
|
|
Dans
le verger à cidre Le riot de LA LOUVIERE se la coule douce ! Baignant
les saules têtards Embaumés
de lamiers La
sente court à travers prés Jusqu'à
l'arbre des cousins : Vénérable
ancêtre Agrippant
le vent et le temps De
ses serres feuillues. Epilobes
et silènes Mûres
et pissenlits Nos
chants nous mènent au bord du monde Audencourt
lévite à l'horizon Troisvilles
serpente dans sa vallée de verdure Passons
le pont : Au-delà
des trémois verts ou des épis flavescents, S'étale
notre village : Au
clocher tronqué, au tam-tam d'étain de la galva : Bertry. Epilobes
et silènes Mûres
et pissenlits. Aujourd'hui Le
pont d'Inchy, détruit Par
les autorités de papier Laisse
le chemin suspendu au-dessus du vide, Coupure
dans l'espace-temps... Epilogue
et silence Murets
démolis Il
suffisait pourtant de passer le pont....
Hertia-May |
LE MESSIE |
|
|
Depuis
toujours, nous attendons un messie Mais,
même si je vous avais averti Vous
semblez accablé devant son impertinence Pourtant
vous faites preuve d'insouciance En
plongeant dans ses rêves Faites
donc une trêve Prenez-en
votre parti La
nuit n'est pas encore finie N'attendez
plus le jour Il
n'est qu'un simple détour Toutes
ses allusions N'étaient
qu'une illusion Même
si joli muscle nommé cœur Espère
la fin de cette errance Condamne
la Souffrance Lui
seul perpétue cette maladie Aussi
incurable soit-elle Parfois,
il nous pousse des ailes Tel
la Terre, Nos
yeux endurent des turbulences Parfois,
la pluie les aveugle Ou
le soleil les assèche Je
ne veux plus de cette ère Où
tout rime avec décadence Dans
ce vent glacial, je beugle Ma
tête se penche Même
si l'astre solaire se levait Jamais
nous ne serions indemnes Nous,
les condamnés à perpétuité Pour
ses paroles dites de blasphèmes. Pour
seule arme, notre plume Déjà,
le bûcher, ils allument...
Christelle Lesourd |
LA LUNE |
|
|
Couplet
1 : Un enfant la
regardait Toute
blanche elle illuminait Le ciel de
Paris à Broadway Des milliers
de rêves s’y accrochaient Couplet 2 : Des mains la levaient de l’horizon Le monde lui laissait ses confessions A genoux lui demandait pardon Et l’aimait même les petits garçons Refrain
: Ce
matin, Maculé
de sang d’humains La
lune s’est éteinte Recouvert
d’un drap de satin La
lumière prenait fin
Couplet
3 : Sauveuse de
leurs nuits noires Elle était
leur rêve et leurs raisons d’y croire Le dernier
reflet de leur miroir Il faut
toujours garder espoir Son cœur bat
encore quelque part Clarisse Le : 31/08/2007 |
ESTELLA |
|
|
Dring,
dring,… Dring,
dring… « Allo ?! » «
Bonjour, je m’appelle Estella, je suis une des collaboratrices de la société
nouvelle des appareils ménagers réussis... Je suis chargée des relations
commerciales auprès de notre chère clientèle et je suis vraiment fière de
vous annoncer que vous avez été sélectionné au tirage de notre grande loterie
annuelle. Vous avez, d’ores et déjà, gagné un magnifique fer à repasser
inoxydable, à géométrie variable, détecteur des plis froissés sur n’importe
quelle table, inaltérable, et que vous pourrez retirer à notre grand magasin
situé… » Elle me débitait tout son laïus appris
par cœur avec un accent asiatique prononcé… J’étais dépaysé comme si c’était
moi l’étranger pendant son discours racoleur... Je regardais les trous de
l’écouteur pour être certain des mots tamisés que j’entendais… « Vous êtes bien madame
Dupong? » Putain, il est treize heures et
quelque, j’étais en pleine sieste ! Ils ne dorment donc jamais dans ces
pays ? Ils font de l’abattage clandestin officiel à déranger les gens dans
leur sommeil. Le bottin, c’est leur turbin… Ils sont payés au coup de
téléphone sonnant et faisant trébucher... « Hé ben non, ce n’est pas madame
Dupong, c’est monsieur Dupont… » « Et madame Dupong rentre à quelle heure, cher
monsieur ? » C’était un peu fort, quelle curiosité
effrontée... « Madame Dupong ne rentre
plus ! Elle est partie chercher du paing et elle n’est jamais revenue…
Elle n’a pas retrouvé le cheming ou elle a bouffé la baguette avant de
remonter !... » « Mais…mais… » « Vous m’avez réveillé de ma
sieste, alors je vais vous raconter la fin de mon cauchemar !... Elle
était au bout du fil comme une carpe chinoise attrapée avec son hameçon
harponneur et elle ne savait plus comment se défaire de moi, tout en restant
polie… « Vous appelez d’où ? Du Vietnam ? De
Thaïlande ? Du Cambodge ? De la banlieue ? Au prix de la
communication, vous devez avoir un temps imparti, aussi je serai
bref !... Vous m’écoutez Estella ?... » J’entendais respirer dans le combiné… « Oui, belle indigène du fin fond de l’horizon, elle s’est
barrée, madame Dupong, peut-être avec monsieur Ping et ils jouent à la
baballe de l’autre côté du monde, au pays du soleil levant… Elle en avait
peut-être marre de repasser du linge avec un vieux fer… Vous auriez dû
appeler plus tôt, Estella ! Elle s’est décochée de l’emploi du temps de
la maison, cela fait quelques années déjà et pas de nouvelles !
Rien ! Au début, j’ai cru qu’on l’avait enlevée et les ravisseurs
n’avaient pas encore décidé de son prix et vu le temps qu’ils la gardaient,
elle n’avait plus beaucoup de valeur, à force... Les flics ont fait une
enquête en souriant. On n’a pas retrouvé sa petite valise et ses fanfreluches
dans la penderie, ni même ses chaussures à talons, sauf les chaussons...
C’était un signe, un truisme… Elle
est peut-être partie avec le facteur ou celui qui vient pour le gaz ou
encore, un vendeur de calendriers. Elle a toujours aimé les uniformes !
Malheureusement, le défilé du quatorze juillet passait sous mes fenêtres… Ha,
les femmes et le prestige de l’uniforme bien repassé, c’est quelque
chose ! J’ai pensé à mon arrêt maladie de trop longue durée. Elle en
avait assez de jouer les gardes-malades bénévoles à mon chevet. Son
boulot, plus les gosses, plus la maison, plus l’infirme encombrant, c’était
trop. Des fois, je la comprends… J’étais le fruit pourri du panier… Vous
m’écoutez ?... » « Mais… Mais… » Elle ne savait plus comment raccrocher et j’en profitais. Ce
n’est pas tous les jours qu’on expose ses lourdes misères, à l’inconnu coincé,
juste pour dégonfler des rancoeurs rongeuses… J’avais quelqu’un à
l’écoute… « Vous voyez, mignonne étrangère,
elle est partie dans l’ombre protectrice d’un autre, avec un courant d’air
porteur entre la cuisine et la porte d’entrée, aux pas cadencés et rassurants
du quarante cinquième régiment d’infanterie de Marine, à la lueur apaisante
de l’aube, à la première étoile brillante du crépuscule et que sais-je
encore… Vous comprenez tout ça,
Térésa ? » « Estella, c’est Estella, monsieur
Dupong… » Elle suivait de près…
« Mais… monsieur
Dupong !... » « Comprenez, chère demoiselle
exotique, j’étais devenu un artefact dans le déroulement de sa vie, une
crotte de mouche sur la vitre polie de ses contemplations, un parasite gênant
contrariant ses idées futuristes d’avenir de voyages lointains. Elle est
peut-être au pôle nord ou bien dans l’antarctique, elle adore les glaces...
Elle doit jouer, nez à nez, avec un esquimau… » « Mais calmez-vous monsieur
Dupong… » « Dites, belle autochtone
lointaine, si vous tombez dessus, au hasard de vos coups de téléphone,
dites-lui bien que je suis guéri d’elle ! Même ma maladie m’a
lâché ! Elles allaient de paire, vous comprenez ? L’une entretenait
l’autre et vice versa ! Depuis, je vis ! J’ai arrêté de boire, je
n’ai plus besoin des paradis immatériels et des comas artificiels. Elle me
gâchait la vue des panoramas grandioses du Monde. Chaque jour est une
reviviscence et j’apprends à gambader dans la Vérité ! J’ai des frissons
de bonheur sans le besoin de les cacher, des émotions fulgurantes qui
m’enivrent autrement plus intensément que les mauvais alcools, des sensations
émouvantes qui fleurissent ma peau, des écorchures vives mais bienveillantes…
Estella, t’es là ?... » La chimérique asiate avait raccroché
en douce mais j’étais certain qu’elle ne viendrait plus jamais réveiller ma
sieste… Pascal 83 Hyères |
RÉBUS Tirés
du recueil CONTRE LE CANCER du Lycée Jacquard de caudry |
|
|
|
INFO LOCALES |
|
|
|