SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°30
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30 suivant
Janvier–Février–Mars-Avril 2010
Illustration BD page 2 |
Patrick MERIC |
JEUNES |
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Je
vis page 3 |
Fanny LAFORCE |
La ronde des
prénoms
page 3 |
Les enfants du
mercredi |
Maman, papa
page 4 |
Jennyfer POULAIN |
HUMOUR ET PATOIS |
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R.B |
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Enfer
ou paradis page 6 |
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Mots-valises page 7 |
Jean-François SAUTIERE |
La mort du Galibot page 8 Maxime page 8 |
Achille SALETZKI Manu GODI |
Lé malhéreux jadis page 9-10 |
Jean Charles de BEAUMONT |
La gazette d'Emma page 11 |
M.A LABBE |
POESIE ADULTE |
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L'amour est une grande patinoire page 12 Petite Note page 12 |
Margot WATREMEZ CLARISSE |
Hiver page 13 |
Jacques MACHU |
Le parchemin page 14 |
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Fuir d'amour
page 14 |
Stéphanie BONNEVILLE |
Les roses
page 15 |
Stéphane PRINCE |
Quand la fin de la vie page 16 |
André NOIRET |
Le grelot page 17 |
Yann VILLIERS |
St Jean de la Chaine page 18 |
Brigitte CAPLIEZ |
Mars 2007 page 18 |
HERTIA MAY |
Je te salue, Reine de la nuit page 19 |
Muriel DUFETEL |
Petit Lukas page 20 |
Georges RATEL |
Maman page 20 |
Jeanne FOURMAUX |
Conte de Noël page 21 Ce que j’offrirais… page
21 |
Gaston GREUEZ Anthony CANONNE |
La farandole du temps page 22 |
Véronique ROBERT |
J'y repense page 22 |
Christelle LESOURD |
Sieste tourmentée page 23 |
Francis LESAGE |
Il pleut – Merci page 24 |
Thérèse LEROY |
Rose d'acier page 25 |
SAINT-HESBAYE |
Avril capricieux page 25 Une histoire de choeur page 26 |
Marcelle LEMAIRE-DOISE Geneviève BAILLY |
Sans Titre page 26 Sonnet page 27 |
Caroline LALISSE Olivier CATIEAU |
Devant l'horreur page 27 |
Jean-Luc EVENS |
NOUVELLE |
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Un choix difficile page
28-29 |
Denise DUONG |
Le petit Noël du bataillon (à suivre) page 30-31 |
Gilbert BASQUIN |
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* Retrouvez
l’auteur dans la revue littéraire. |
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Toute l’Équipe de votre
revue vous souhaite une Bonne et Heureuse Année 2010 |
Je vis |
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On n’a qu’une vie, On
n’a qu’un cœur, On
n’a qu’un cerveau. Pourquoi ?! On
n’a que deux yeux, On
n’a qu’une bouche, On
n’a qu’un nez. Pourquoi ? ! On
n’a que deux poumons, On
n’a que deux oreilles, On
n’a que deux mains. Pourquoi ?! Parce
que tout le monde est comme toi… Fanny Laforce, 12 ans - Honnechy |
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La ronde des prénoms |
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Perrine
est une coquine qui
dessine de la farine Charles
a du charme quand il parle, il
carrelle Quentin
est un lutin, il
aime tintin et les lapins Mathieu
est amoureux d'une fille aux
yeux bleus il est heureux Gwendoline
câline sa lapine, c'est
sa copine Dylan est
en panne avec
son âne, il
crâne réalisé par les enfants de C.E.1 des ateliers
informatique de la maison des associations. |
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Maman,
papa |
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Une
maman c’est important Elle
nous porte pendant 9 mois Et
un jour on s’en va. Tu
nous as appris la vie C’est
grâce à toi que l’on sourit. De
toutes les mamans tu es la meilleure Et
je te garderai dans mon cœur. Un
papa c’est aussi important C’est
quelqu’un que l’on aime tant Il
résout les problèmes, raconte des histoires. Quand
nous sommes tristes, il l’est aussi. Je
t’admire et t’aime énormément. |
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Si ça
n’vos déringe pos, j’vas vos in saquer inne, in patois… inne tiote. Ya inne
coup’ d’jours, p’têt’ inne s’monne, j’ai intindu au poste (Frince-Infos)
qu’pou l’hiver qui viet, tout’s les fimmes, pou ête à l’ mod’, al vont
infiler des bott’ ed péqueux, et bin sûr… pou l’zés moutrer, mette des
tiots cotrons… comme au mi-timps d’ l’zinnées soissante ; vos vos
souvenez sûr’mint de Brigitte Bardot. Ca
m’rappell’ inne saquo : dins ces innées là, iaveut au Lycée Paul Duez, à
Cimbrai, inne jonne prof’ d’inglais, toudis bin agonnée, al mod’ du
momint : bottes ed péqueux et tiot cotron. In bé
jour, alorss qu’elle éteut in tron d’ fair’ cours, v’là ti pos qu’in buque à
l’ port’ de s’class’ : al ouvère : c’éteut in inspecteur !!!
Dins c’ timps-là (c’éteut avin 68…) les profs’ i n’éteutent pos prév’nus à
l’avince, d’leu passach’. Bo !
L’inspecteur y va s’assir au fond d’el class’, d’sus l’ seul’ caïère incor’
libr’, à côté d’Toto… pos bin lon… du radiateur ! L’ prof,
al comminch’ à écrire, inne phrass’ d’inglais, au mitin du tableu (noir à
l’épeuque)… J’ deus vos préciser, qu’al éteut putôt bélotte, mais vraimin pos
bin grinde : à ponne in mette quarinte-chonque… tout in heut d’sé
talons ! L’inspecteur
il y dit : « Mademoiselle,
au fond de la classe, on ne voit pas bien, pouvez-vous, s’il vous plait,
écrire tout en haut du tableau ? » Al n’ peut
pos r’fuser ça à l’inspecteur : al s’met d’sus l’point’ d’ ses piés, al
allong’ sin bras dreut, pou écrir’ vraimint l’ pu heut possib’… Bin sûr, sin
tiot cotron y r’mont’ ! L’ phrass’
écrite, al’ d’mand’ à l’ s’élèv’s : « Qui
c'est qui peut m’ donner l’ traductian ? » Y’ n’ d’a
pos un seul qui boug’, mimme l’ meilleu d’l’ class’, i sont tertous sésis pas
l’ présinc’ d’ l’inspecteur… Alors, Toto (cé bin l’ primmièr cop) y lèv’ sin
deugt… no tiot’ prof al fait sinnin de n’ pos l’vir… d’ tout’ façon i n’ sait
jommais rin… mais l’inspecteur, y dit : « Mademoiselle,
Toto veut répondre ». Al
s’attind au pire… mais al est bin obligée d’ l’interroger ! « Toto,
j’accout’ ed’ traductian » qu’al y dit… Tout fier
d’ête, pou inne feu, l’seul à voloir répond’, Toto y s’lèv’ de s’caïère,
appoie ses deux mons d’sus s’tabl’ et d’inne voe bin asseurée, y dit : « Bin
mamsell’, ça veut dire : oh ! Le joli p’tit cul » ! L’ prof,
al d’vient roug’ comm’ inne pivoin’,
al
suffeuque… et al finit pas y dir’ : « T’es
un malapris…, commint qu’t'as été él’vé… dû qu’ t’as été él’vé… teu s’ra
puni ! » Alorss l’
pauv’ Toto, complètemint défoutu, i s’ertourn’ d’sus l’inspecteur et il y
dit : « QUIND
IN N’ SAIT POS… eh bin… IN N’ SOUFFL’ POS… » R.B |
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Mots-valises |
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Jean-François Sautière |
La mort du galibot |
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(AUTHENTIQUE)
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Maxime |
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Quand l'amour s'envole L'esprit s'affole Mais reste la picole Manu Godi |
"Lé malhéreux jadis"
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EL PATOIS D’INCHY-BEAUMONT
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La
Gazette d’EMMA |
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COMME --- Céréale C'est aussi de
l'oseille A C'est aussi du trèfle (réponse au prochain numéro)
Réponse
du dernier numéro : âge
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L’amour
est
une
grande
patinoire…. Où
tout
le
monde
se
casse
la
gueule |
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C’est
fou
comme
le
temps
passe
vite, Comme chacun change, Comme les
rapports entre les personnes peuvent changer avec
le
temps. Parfois, on
aimerait bien refaire un
bond
de
dix
ans
en
arrière. On était
heureux avec pas grand-chose, On s’amusait, on se fichait de tout, On se
fichait de tomber, On se
fichait de savoir ce
qu’on
ferait plus tard, On ne
savait pas ce que
c’est
de
douter sur soi-même, On n’était
pas
méchant avec les autres parce qu’on
était
des
enfants, On nous
faisait croire à des
conneries, Mais qu’est-ce qu’une enfance sans croire au
Père
Noël ? On regardait des Disney à
longueur de temps, On avait
le
rêve
de
devenir comme Cendrillon. La joie
ne
se
mesurait pas. Après
un
court
instant, C’est
là
que
tout
commence et viennent les
problèmes… Avant, les
petites filles aiment les
poupées. Les petits garçons aiment les
soldats. Après, les
grandes filles aiment les
soldats, Les grands garçons aiment les
poupées… Le temps
passe. Et chaque fois il laisse ses traces Et rien
ne
l’efface. Le passé
nous
hante, L’avenir nous tourmente, Le présent nous échappe. Margot W. |
Petite
Note |
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Cette note frénétique Qui résonne électrique Elle m'emprisonne Je l'écoute et je frissonne Elle rythme ma vie Do, ré, mi, fa, sol, si Voici la douce mélodie Qui me parle et me sourit Petite note minuscule Deux mesures qui se bousculent Une blanche, une noire et puis une croche mon rêve s'y accroche note reflétant l'espoir un peu de m usique ce soir petite blanche à la lueur fait, fait danser mon cœur CLARISSE |
HIVER |
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Le Parchemin |
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Au bord de l’eau J’ai trouvé un sac à dos J’y ai glissé la main Et j’ai trouvé un parchemin J’ai dû escalader une montagne rocheuse Traverser une forêt ennuyeuse Une rivière boueuse Et une île merveilleuse J’ai dû suivre un alligator Pour traverser un lac d’or J’ai ouvert un coffre fort Et dedans il y avait mon trésor Mon trésor c’était toi Et depuis ce jour-là Je ne pense plus qu’à toi LUCIOLLE |
Fuir d’amour |
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Je t’aime mais je te fuis, Entre le jour et la nuit, Beaucoup trop de différences, Ta présence ou ton absence. Maintenant j’ai peur d’aimer, Sans que l’amour soit vraiment, Toi que j’aime et que je fuis, La douleur toujours me prend. Le mal finit par s’enfuir, Mais je ne fuis pas un mal, Ce qui pour moi est l’amour, C’est à le fuir que j’ai mal. J’aimerais pouvoir t’offrir Tous les bonheurs, tous les rêves, Puis en retour tout l’amour, Impossible à définir. Mais je n’en ai pas le droit, Même quand mon cœur se noie, Mes larmes viennent sourire, Je t’aime trop, à te fuir ! Stéphanie Bonneville |
Les roses |
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Quand
la
fin
de
la
vie |
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A grands pas nous arrive Quand la
fin
de
la
vie
à
grands pas nous arrive Nous faisant retourner évoquant le passé En cet
automne qui, annonçant froid
et
bise, Nous rend
mélancoliques, aux lueurs abaissées Et puis
énumérant toutes nos découvertes En savourant d’ailleurs tous
nos
beaux
souvenirs Autant encore une fois nous
pourrions, oui peut-être, Ce tendre verbe « Aimer » le
faire
retentir. Sur le
bord
du
jardin sur ces chaises bancales Qui nous
supportent bien mais pour
combien de temps Ces oiseaux de passages nous
regardent et détalent Préférant leurs
destins et nous laissant tremblants Nous ressassons sans fin tous
nos
moments de fêtes De nos
jeunes années de nos
deux
tout
petits Sur le
bord
du
jardin sur ce vieux
banc
de
hêtre Se tenant par la main
en
cette
fin
de
vie. Ne voulant voir les rides
entre
nos
vieux
visages En voulant conserver ce
qu’il
y
a
de
mieux De leurs
belles jeunesses nous
garderons l’image Dans nos
cœurs
à
jamais en souvenirs radieux De l’aube
du
Printemps aux tristes soirs
d’hiver S’écoulent doucement en
toute
poésie ; Des premières rosées aux meilleures Primevères Des derniers Chrysanthèmes nous
sommes réunis. Les mots
se
sont
chargés de toute notre
tendresse L’amour
est
un
poème, qu’on chante doucement L’ardeur et la passion, l’élan de
notre
ivresse Se faisait bien à deux
dans
nos
plus
beaux
moments J’ai
si
peu
de
regrets mais tant de
nostalgie Dans tes
regards si doux où
je
m’y
suis
bercé Et quand
j’arriverai vers la fin
de
ma
vie Toujours je
veux
chanter, aimer et être
aimé, Et quand
j’arriverai vers la fin
de
ma
vie Toujours je
veux
chanter, aimer et être
aimé. André Noiret |
Le grelot |
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L’on ne rencontre plus personne Pour attacher un grelot Au dénommé Rodillardot, Car tout le peuple rat foisonne De gens prudents et avisés ; Pourtant le courage est prisé Chez la plupart d’entre eux ; on en verra l’exemple. Un jour qu’un grand conseil se tenait dans un temple, -Dans un temple de rats, je m’entends-, Et qu’on vantait en chœur les faits d’armes d’antan, Maître Rodillardot vint faire sa tournée, Ruminant dans son âme damnée Quel crime il pourrait accomplir ; Puis, lassé de sa marche, il se mit à dormir. C’est alors que l’on vit un gros rat débonnaire S’offrir pour attacher le grelot salutaire : Lui seul approcherait mais, si le chat bougeait, Tous iraient protéger savamment son retrait, Détournant l’attention de la bête surprise, Offrant mille objectifs, pas de cible précise. Ce projet plut beaucoup, l’on fit serments ; Le plan d’attaque fut prêt en quelques moments. Notre héros s’avance, Ajuste le licou ; Mais, pendant son absence, Dans la troupe beaucoup Reculent : la prudence Reparaît tout à coup. De sorte qu’à la fin de cette opération Le recul est total, pleine la défection ; Et, quand Rodillardot entrouvre la paupière, Il voit son ennemi offert à sa merci… Et crac ! D’un coup de croc fait mordre la poussière A l’impudent raton délaissé par ses frères. On dit que les humains n’agissent pas ainsi ? Yann Villiers |
St Jean-de-la-Chaîne |
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Pierres après pierres Prières après prières Une enceinte
solide Et une porte lourde Le ventre
d’une mère Dont le berceau intime Accueillerait les âmes Du fond de leurs abîmes Pour qu’encore la lumière Vers demain
les transporte Et comble
le grand vide. Pierres après pierres Prières après prières Une rivière
la cherche Débordant de tendresse Pour lui parler plus près Des Hommes
et du labeur Des champs
jusqu’au lointain Où les blés sont en terre Poussant jusqu’à l’été De moissons
et de liesses A la porte du Perche. Pierres après pierres Prières après prières Des anneaux
de mariés Aux agneaux
la candeur Un clin d’œil aux aînés Elle regarde
là-haut Les églises
élancées Et la vie de château, En toute humilité Elle sait la valeur De toutes
ses années. Pierres après pierres Prières après prières Si je ne sais pour l’heure Ce qui en elle m’attire, Ni quelle
est cette chaîne Qui s’accroche à son nom Pour garder
son mystère De Dieu elle eût ce don, Et si les mots me viennent
Je vous dis le plaisir Brigitte Capliez |
Mars
2007 |
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Bien après l’éternelle ritournelle des étourneaux Véga, Altaïr et Deneb s’allument en triangle d’été : Balise des navigateurs interstellaires. Deneb se cygne d’une croix et Cassiopée d’un W. Dans un silence indigo, le ciel se cloute de pacotille. Le vent tisse la nuit de ses ombres chantantes. J’aime Mars : gemme dans les gémeaux ! Arcturus ruse à l’horizon dans sa course avec la GRANDE OURSE : cerf-volant d’un enfant-dieu ! Jupiter et son manège galiléen s’éclairent tel un signal de brume. La lune libertine chemine : phare effarant pour les veilleurs d’étoiles. Hertia-May |
Je
te
salue,
Reine
de
la
nuit |
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Je te salue Astre éternel Je viens, j’entre dans ton monde irréel Le vent du mystère me poursuit Inhibe ma peur et m’ensorcèle Je m’avance dans ta clarté blafarde Je t’admire, m’enivre de ta beauté Je veux rester à te regarder toute l’éternité Soudain une voix venue de nulle part me crie : Prends garde, il est minuit L’ombre s’épaissit, s’étend sous la voûte étoilée Dans les fourrés le démon tapi guette sa proie De mon âme, il va s’emparer Quand l’aube se lèvera, nous serons unis à jamais C’est sa loi, je le sais Déjà, tout ce que j’ai de meilleur se détache de moi et s’éloigne Telle une déesse éthérée, flottant dans un ballet de voiles transparents S’élevant dans la voie lactée, emmenant ma candeur, ma beauté Dans le clair-obscur se déforme ma face hideuse et démoniaque Ivre de méchanceté Je fais peur, mais quelle laideur gangrenait donc mon cœur Pourtant on me connaît docile Mais l’orgueil, la jalousie et la haine au tréfonds de mon être Etaient bien cachés, bien tranquilles Soudain un hurlement monte dans les cieux Dans un dernier sursaut, je cours affolée, miséricordieuse Suppliant de mon mieux Mon autre moitié qui s’est envolée Attends, ne t’en va pas !!! Je t’aime !!! Reste-moi fidèle ! Alors la voix à nouveau s’élève Ne crains pas, tout cela n’est que du virtuel Muriel Dufetel |
PETIT LUKAS |
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Tu auras bientôt quatre ans. Tu croques la vie à pleines dents. Sages, les hommes ne sont pas. Fais attention, petit Lukas ! La couche d’ozone se déchire. Pollué est l’air que tu respires. Sages, les hommes ne sont pas. Fais attention, petit Lukas ! Les poubelles regorgent de déchets. Les usines multiplient les rejets. Sages, les hommes ne sont pas. Fais attention, petit Lukas ! Les hannetons ont disparu. L’alouette ne chante plus. Sages, les hommes ne sont pas. Fais attention, petit Lukas ! Quand, pour moi, le glas aura sonné. Quand tu vivras ton trentième été. Sages, peut-être, les hommes seront Petit Lukas, fais attention ! Georges RATEL 62128 CROISILLES (17 novembre 2008) |
Maman |
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Maman si chère à mon cœur Sois toujours heureuse. Toute petite en me berçant Tu chantais une romance Dans tes bras faits de tendresse J’y trouvais le sommeil En mon âge enfantin Tu n’avais pour moi que des soins Te faisant mon serviteur Veillant sur moi à chaque heure Voulant que rien ne me manque Adorant ton enfant. Et j’ai grandi Parfois t’ai fait souffrir Pourtant tu fus toujours pareille Me donnant tout de toi-même Accomplissant les travaux de la vie Calme docile, n’ayant jamais les mains vides Maintenant je ne suis plus une enfant Et déjà ton cœur tremble Mais toi pleine de bons sens Ton amour tu le laisseras s’étendre Partageant ta tendresse Souriant à mon bonheur sans cesse Puis viendront tes cheveux gris Sur moi reposeront tes soucis Bien doux je ferai tes vieux jours Car pour moi tu seras toujours Ma maman si chère A qui je confierai mes joies, mes peines. Jeanne Fourmaux |
Conte de Noël |
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C’était le 24 décembre, le soir de Noël, toute la famille était réunie, et ce soir-là, la joie était encore plus grande que les autres années car mon frère et moi, nous avions pu obtenir une permission, et nous arrivions d’Algérie. Notre maison se trouvait près de l’Eglise Ste Bernadette. Je m’en souviens, nous l’avions bâtie nous-mêmes. Chaque soir, après son travail, chacun de nous maniait la truelle. Notre mère préparait le Roustintin, et mes sœurs s’occupaient de l’arbre de Noël ! Quant à mon père qui dirigeait la Chorale, il était déjà dans des préparatifs. Soudain, on sonna à la porte… La plus petite de nous tous alla ouvrir… Debout sur le seuil, il y avait un homme. J’avais du mal à lui donner un âge… Je le dévisageais… mal habillé, mais propre, les chaussures trouées. Ma mère le fit entrer, et comme elle versait le Roustintin, elle lui en donna une tasse. Ma petite sœur regardait cet homme. Il était 11 heures, comme d’habitude, chacun devait recevoir le cadeau qui se trouvait au pied du sapin. Tous nous allions retirer les présents et, entre nous, nous faisions part de nos impressions. Soudain, les lumières du sapin s’éteignirent, …puis brusquement se rallumèrent : Ma petite sœur cria… -« Maman ! Regarde le joli paquet, …c’est pour toi vieillard.» Ses mains tremblaient. A l’intérieur il y avait une belle chemise et des chaussures. Comme nous étions heureux de la joie de cet homme ! Mais l’horloge sonna les douze coups de minuit. Nous allâmes tous à la fenêtre, la neige tombait ; ma mère l’ouvrit. Je regardais le vieillard, il serrait la main de ma petite sœur, et deux grosses larmes se mirent à couler sur son visage. Je me dis « Pour lui c’est peut-être un vrai Noël. » Soudain, l’harmonium de l’église se fit entendre et dans la douceur de la nuit On entendit « Minuit Chrétien » Gaston Greuez Lauréat du concours régional des poètes et artistes de France |
"Ce
que
j'offrirai,
ce
que
je
donnerai,…" |
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Je rêve de ton visage, de ton corps, T'imagine dans ma vie, dans mon décor. J'ai beau parler, J'aimerais
que tu puisses lire dans mes pensées. J'offrirais mon âme et tout mon temps, Pour que tes doutes soient emportés par mon bon vent. Je te donnerai tout le sang contenu dans mes veines, Pour que disparaissent toutes tes peines. Anthony Canonne |
La farandole du temps |
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La farandole sillonne et vole. Ces troubadours de l’espace Voyagent dans les étoiles, Parcourent l’univers à bord de leur vaisseau, Recherchant ce qu’il y a de plus beau : Ruisseaux, monts et collines, Oiseaux, roseaux et ondines Ils ont quitté la Terre, Pour voir c’ qu’il y a derrière. Oubliant qu’avant-hier, Ils trouvaient super De courir et sauter les rivières. Enfants, ils étaient passionnés Pour rouler, sauter, jongler Maintenant, ils rêvent de revenir en arrière Pour rire, jouer et chanter Ils rêvent et c’est leur prière De retrouver leur cour de récré Avec leur prof bien aimé Qui leur apprend ces jeux géniaux, ces numéros : Rolla bola Rouleau en bois Fil de fer Assiette chinoise Et jonglage. Véronique Robert |
J’y repense |
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Je te l’avoue Je pense souvent à « nous » Mais le temps est passé Et a fini par se lasserDe l’Enfer, tu m’as sortie Et m’as recueillie Au lieu de rester amant, Tu es devenu parent Et ceci à nos dépends Même si tout semblait innocent L’enfant a quitté son nid Depuis, il a grandi Même s’il ne fait plus ses nuits Ton passage a porté ses fruits. Christelle Lesourd |
Sieste tourmentée |
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Elle s’était assoupie à l’ombre du tilleul Sur la chaise longue bleue, aujourd’hui délavée Par les ans, le soleil, de l’âge de l’aïeule. Apparemment sereine, elle se prit à rêver. Et sur ses roses joues une larme a glissé. Autour et au-dessus voletaient des oiseaux Habitués des lieux, pas du tout oppressés, Chantant à qui mieux mieux du bel arbre au roseau. Rêve tumultueux à voir les soubresauts De son corps en sueur, cauchemar étouffant Angoissant à l’extrême provoquant les sursauts Violents et subits, diaboliques, stupéfiants. De sa vie chahutée émergea la douleur Imprévisible destin d’une jeune fille pleine d’entrain D’une femme épanouie dans les brassées de fleurs Ensuite anéantie, broyée dans le pétrin. Des rires, des cris de joie stoppèrent son agitation Elle s’éveilla hagarde et de ses yeux troublés Retrouva ses repères et prêta attention Aux chants qui s’approchaient gaiement, ensoleillés. -Maman, maman chérie, ton visage est mouillé ! -Ce n’est rien, un cauchemar, venez donc m’embrasser. Ils se précipitèrent tels des chevaux emballés -Nous t’aimons tous si fort, ne sois plus angoissée. Une brise légère caressa son visage Lui apporta le calme et la sérénité Elle retrouva son charme et sa splendide image D’une mère comblée, sa grâce et sa beauté.
Francis Lesage Caudry |
Merci |
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Merci pour ce sourire que tu poses sur mes lèvres Et pour ces longues phrases qui dansent sous mes yeux Je pars l’âme sereine, je vais le cœur en paix Tu as su apaiser mes craintes, mes angoisses Et de ta main s’échappe un arc-en-ciel d’étoiles Ami… pourras-tu me prêter ta plume Pour qu’à
son encre je puisse écrire Ma sérénité aujourd’hui retrouvée ? Ami… pourras-tu me prêter tes étoiles Pour qu’à
leur encre je puisse enfin Ensoleiller la nuit de mes pensées ? Thérèse Leroy 23 Février 2008 |
Rose d’acier |
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Mal L’enclume brisée Sur l’ardoise bleue du feu Un amour se noie Comme un long chant de
métal Défense d’afficher Sur le cœur de l’usine Crimes A la bave de velours S’y aiguisent tour à tour Et la brise Et le jour Derrière un rideau de
phosphore Le laminoir sang Gronde et se tord Sur les amants Anonymes Défense d’afficher Sur le cœur de l’usine. Saint-Hesbaye |
Avril
capricieux |
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Un semblant d’été vint. Puis vent, pluies, gelées, froid. L’énorme cerisier du jardin semblait être le roi, Immense bouquet blanc, admirable, somptueux. Le pêcher a rosi ; d’innombrables tulipes Trompées par ce temps clair, s’étaient pressées, comme eux D’illuminer de rose, de rouge et de jaune Plusieurs parcs merveilleux… Devons-nous faire la lippe A ce printemps changeant ?... J’ai traîné plus d’une aune Pour essayer de voir toutes ces fleurs étonnantes, A l’aide de mes deux cannes. Sur mes jambes branlantes J’ai, par moments, pensé : « Cette fois je vais tomber » Sur cette allée étroite, parfois un peu bombée. Mais je suis revenue, péniblement, haletante, Ayant réalisé ce rêve qui me hante : Voir encore des fleurs, de mes yeux éblouis, Entendre des oiseaux tout près de mon ouïe ! Cet effort fut-il vain ? Toutes ces fleurs éphémères ? Y aura-t-il des cerises ? Seront-elles les dernières Que je verrai encor’ ?... J’aimerais mieux guérir Et marcher à nouveau, plutôt que d’en mourir. Marcelle Lemaire Doise |
Une histoire de chœur |
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Mots en musique et musique des mots, Bouquets de voix sous la voûte d’albâtre, L’enchantement dans le ciel du théâtre, Cuivres, cordes, claviers, le maestro !
C’est l’art choral, ce fervent cri du cœur Qui nous emmène aux cimes du bonheur ! Festival de refrains en héritage, Chefs-d’œuvre d’hier, thèmes de toujours, Berceau d’un chagrin, de jeunes amours, Le merveilleux des instants qu’on partage ! Il nous emmène aux cimes du bonheur, Le chant choral, ce fervent cri du cœur ! Au pays du rêve et de l’espérance Où chacun ému fait une moisson, Et ce monde en bleu qu’est une chanson L’âme musicienne, allons en vacances ! Geneviève Bailly |
Sans
Titre |
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Il traînait dans un coin, parlant à son verre, Ses yeux secs, posés sur un visage osseux, Attendaient la réplique du liquide amer, Il parut saisir, pouffant d'un air douteux. On le dévisageait, il se leva, la mâchoire dure, Saisit sa commère et l'éclata sur le crâne du voisin, Divertissant la foule, il le suspendit par l'encolure, L'étrangla, la rage épaisse grossie en sa main. L'homme devint bleu, puis violet, l'assemblée jugea à se taire, Il tomba tué de la main d'un fou, un jour comparable à hier. Les cris d'alarmes explosèrent comme par coutume, On le happe, le menotte et l'introduit en la fourgonnette, Ici destiné à subsister en cellule, il prend la plume, "Défunt est ton soupirant, ma geôle pour ton amour en requête" Caroline Lalisse |
Sonnet |
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Le printemps dans tes yeux a perdu ses couleurs, Ton visage de pierre est blanchi de douleur, Petite ombre fragile aux rêves de velours, Tu vis comme on survit quand s’effondre l’amour. Tu marchais vers le ciel en tenant par la main Le sourire d’un ange aux habits de satin, Puis le vent s’est levé, le rêve s’est brisé Quand l’homme de ta vie s’est mis à te frapper. Toi qui ressembles tant à ceux qui n’ont plus rien, A ceux qui disparaissent au détour d’un silence, Douce Marie dis-moi jusqu’où vont les souffrances, Dis-moi les mots qui blessent je les ferai miens, Je saurai t’écouter pour soulager ta peine, Tuteur à tes côtés pour que ta vie reprenne. Olivier Catieau |
Devant
l’horreur |
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Un oiseau s’est brisé les ailes sur la mer, Englué de dollars et de pétrole amer, Et il faudrait rester muet devant l’horreur. Un enfant abusé ne joue plus à la guerre, On lui a arraché les pieds et sa mère et son père, Et il faudrait rester muet devant l’horreur. Une femme inconnue crie dans l’indifférence, Entre quatre murs blancs, sa haine, sa souffrance… Et il faudrait rester muet devant l’horreur. Un homme s’est perdu devant l’immensité De son pouvoir d’état, de sa méchanceté Et il faudrait rester muet devant l’horreur. Jean-Luc Evens |
Un choix difficile |
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Le
père
Delby
était
très
fier
de
ses
deux
filles
et
ne
trimait
dur
que
pour
leur
assurer
un
superbe
avenir. Suivant
le
vœu
de
leur
mère,
décédée
peu
après
leur
naissance,
les
jumelles
se
prénommaient,
pour
l’état
civil,
Marie-Claude
et
Marie-Laure.
A
vrai
dire,
personne
au
village
ne
les
connaissait
sous
ce
nom,
et
on
les
appelait
Marie-Brune
et
Marie-Blonde
car,
si
elles
se
ressemblaient
à
s’y méprendre,
l’une
pouvait
s’enorgueillir
d’une
chevelure
de
jais
tandis
que
l’autre
se
parait
de
tresses
aux
reflets
dorés.
Elles
étaient
toutes
deux
aussi
jolies
à
regarder
et,
ce
qui
ne
gâtait
rien,
avaient
reçu
en
pension
une
excellente
éducation. S’aimant
tendrement,
les
jumelles
ne
se
séparaient
jamais.
Le
dimanche,
toutes
deux
se
réjouissaient
d’accompagner
au
bois
le
jeune
garde
forestier.
Avec
Adrien,
elles
récoltaient
des
brassées
de
jonquilles,
observaient
la
fuite
gracieuse
des
biches
ou
écoutaient
le
trille
du
rossignol. Elles
appréciaient
beaucoup
la
compagnie
de
leur
ami
de
toujours
et
vivaient
cette
amitié
dans
une
heureuse
insouciance,
sans
soupçonner
les
hésitations
du
garde :
jamais
Adrien
n’avait
pu
se
résoudre
à
courtiser
l’une
ou
l’autre,
tant
elles
lui
inspiraient
une
égale
passion.
Il
en
perdait
le
sommeil
et
même
l’appétit,
tout
en
manifestant
aux
jumelles
une
franche
camaraderie
qu’elles
recherchaient. S’il choisissait
Marie-Brune,
dans
leur
logis
il
entrerait
du
soleil
et
des
éclats
de
rire,
mais
que
ressentirait
la
sensible
Marie-Blonde ? S’il épousait
cette
dernière,
il
serait
sans
doute
le
plus
comblé
des
maris,
mais
comment
réagirait
la
vive
Marie-Brune ? C’était
un
choix
cornélien
que
n’arrangeait
pas
la
détermination
du
père
Delby,
bien
décidé,
il
ne
s’en cachait
guère,
à
accorder
ses
filles
aux
meilleurs
partis.
Il
nourrissait
alors
d’ambitieux
projets
et
se
serait
bien
accommodé
d’un gendre
distingué
comme
le
nouveau
pharmacien,
fringant
célibataire
dont
l’officine
prospérait ;
le
fils
du
maire
aurait
aussi
bien
fait
l’affaire
car
le
garçon,
notaire
d’avenir,
finirait
par
hériter
des
terres
de
ses
parents
et,
pourquoi
pas,
des
fonctions
paternelles ! Mais
les
demoiselles
Delby,
ignorant
ce
que
leur
père
tramait
dans
l’ombre,
n’accordaient
qu’une
indifférence
polie
à
ces
prétendus
prétendants.
Si
rien
encore
ne
laissait
présager
de
l’avenir,
le
fermier
n’entendait
pas
accorder
la
main
de
ses
filles
à
un
paysan
ni
même
à
un
garde
forestier
et
l’avait
déclaré
tout
net
à
Adrien. Survint
la
guerre,
puis
la
mobilisation
du
jeune
homme
qui
fut
appelé
au
front.
Le
jour
de
son
départ,
Marie-Blonde
et
Marie-Brune
pleurèrent.
La
gorge
serrée,
il
aurait
bien
aimé
les
consoler
et
même
se
déclarer
avant
la
séparation…
mais
laquelle
choisir ?
C’était
toujours
le
même
dilemme.
Plus
il
analysait
ses
sentiments,
plus
il
était
perplexe
tant
les
deux
sœurs
lui
plaisaient.
Il
risquait
aussi
de
ne
jamais
revenir,
d’être
tué
au
combat !
Mieux
valait
se
taire.
Sans
épancher
son
cœur,
il
quitta
les
jumelles
dans
un
même
mouvement
de
ferveur
et
de
désespoir. Très
vite,
les
communications
furent
interrompues
entre
le
front
et
l’arrière.
Adrien,
d’ailleurs,
n’aurait
pas
osé
écrire,
de
crainte
de
déplaire
au
père
Delby ;
et
comme
il
n’avait
pas
de
famille
au
village,
il
resta
de
longs
mois
sans
nouvelles. Sous
la
mitraille,
et
pour
se
donner
du
courage,
il
se
mit
à
penser
plus
précisément
à
Marie-Brune,
à
son
sourire
espiègle,
à
sa
gaieté
communicative.
Dans
son
enfer,
il
trouva
réconfort
en
ces
souvenirs
heureux
de
leur
adolescence,
alors
qu’il l’appelait
en
secret
sa
petite
princesse !
Désormais,
le
minois
de
la
brunette
hanta
les
jours
et
enchanta
les
nuits
du
soldat.
Galvanisé
par
cette
délicieuse
vision,
il
fit
preuve
d’une
conduite
admirable
et
gagna
rapidement
ses
galons
d’officier. C’était
décidé,
à
son
retour
au
village
il
affronterait
le
père
Delby
et,
avec
ou
sans
sa
bénédiction,
il
épouserait
Marie-Brune.
On
ne
refuse
pas
sa
fille
à
un
héros ! Au
cours
d’une
embuscade,
Adrien
fut
grièvement
blessé
et
acheminé
vers
un
hôpital
de
campagne.
Là,
une
infirmière
le
soigna
avec
d’autant
plus
d’abnégation
que
cette
jolie
blonde
était
aussitôt
tombée
sous
le
charme
de
son
protégé.
Comme
elle
avait
de
beaux
cheveux
clairs
semblables
aux
tresses
de
Marie-Blonde,
les
rêves
du
blessé
s’orientèrent
vers
son
amie
lointaine ;
dès
lors,
il
n’eut
plus
qu’une
obsession,
à
sa
première
permission
de
convalescent,
il
irait
demander
la
main
de
Marie-Blonde ! Pourtant,
sur
le
chemin
du
retour,
il
se
reprochait
encore
d’avoir
oublié
la
charmeuse
Marie-Brune.
De
nouveau
assailli
de
scrupules,
Adrien
prit
une
grave
décision,
la
seule
qui
convenait :
il
ouvrirait
tout
grand
son
cœur
et
ses
bras
à
la
jumelle
que
le
bonheur
mettrait
d’abord
sur
sa
route ! A
l’entrée
du
village,
Adrien
tomba
sur
le
père
Delby,
tout
guilleret,
qui
revenait
des
champs.
Sourire
en
coin,
le
bonhomme
lui
annonça
que,
durant
sa
longue
absence,
Marie-Blonde
avait
épousé
le
fils
de
monsieur
le
Maire,
tandis
que
Marie-Brune
et
le
pharmacien
venaient
tout
juste
de
célébrer
leurs
noces ! Denise
Duong Paru
dans
« Le
Chemin
de
Saint
Jacques » |
Le petit Noël du bataillon |
|
|
Il
faisait
froid
et
humide.
Un
vrai
sale
temps
de
chien…
Aux
pieds
surtout,
chaussés
que
nous
étions
pour
la
plupart
de
misérables
pataugas
qui
prenaient
l’eau
comme
des
éponges
– reliquats
de
fournitures
françaises
miraculeusement
échappées
aux
investigations
de
l’occupant
en
ces
années
sombres. Sans
doute
n’étions-nous
guère
mieux
lotis
en
cela
– uniformes
disparates,
équipements
de
bric
et
de
broc
– que
les
valeureux
soldats
de
l’armée
d’Italie
en
1796.
Mais,
comme
eux,
nous
avions
le
feu
sacré
car
nous
savions
que
notre
combat
était
juste.
Désormais
plus
rien
ne
nous
arrêterait
depuis
que
le
cours
de
la
guerre
avait
pris
un
tournant
décisif :
pour
la
première
fois
depuis
la
triste
débâcle
de
40,
l’ennemi
fuyait
à
son
tour… A
dire
vrai,
nous
étions
trempés
jusqu’aux
os.
Le
crachin,
oblique,
qui
déchirait
sporadiquement
la
brouillasse,
avait
depuis
belle
lurette
traversé
nos
bérets
enfoncés
jusqu’aux
oreilles.
L’eau
qui
en
dégoulinait
sur
nos
épaules
s’insinuait,
froide,
désagréable,
glaciale,
au
défaut
de
la
cuirasse,
entre
la
nuque
rasée
et
le
col
de
la
capote.
Et
pas
d’éclaircie
en
vue… Mais
comme
je
l’ai dit,
nous
avions
pourtant
le
moral :
nous
étions
tous
très
jeunes
– le
sous-lieutenant
qui
commandait
notre
compagnie
n’avait
pas
23
ans
– tous
engagés
volontaires
que
l’on avait
hâtivement
amalgamés
à
la
Première
Armée
pour
la
fin
des
hostilités. Nous
avions
eu
à
subir
des
pertes
sévères
déjà
à
chaque
accrochage
qui
nous
opposait
à
l’ennemi
en
déroute,
un
ennemi
que
nous
ne
voyions
jamais,
solidement
retranché
dans
la
montagne. ***** Et
la
colonne
des
hommes
du
bataillon
à
la
queue
leu
leu,
mousqueton
sur
le
barda,
s’étirait
le
long
du
flanc
brumeux
de
la
montagne,
chenille
bleue
dodelinante
de
grands
bérets
de
chasseurs
alpins… Il
s’agissait
– en
fait,
c’étaient
les
ordres
officiels
– de
repousser
les
Italiens
chez
eux.
La
plupart
du
temps
ils
filaient
à
la
débande,
sans
demander
leur
reste,
n’opposant
guère
de
résistance
que
pour
la
forme.
Notre
action
se
bornait
alors
à
leur
faire
un
bout
de
conduite. Ainsi
donc
nous
marchions,
exténués,
le
nez
collé
au
sol,
le
regard
perdu
dans
les
pas
de
celui
qui
nous
précédait,
au
rythme
pesant
du
flic-floc
spongieux
de
nos
godillots
saturés
d’eau…
Sans
doute
étions-nous
déjà
en
territoire
ennemi
– mais
allez
savoir
où
commence
et
finit
un
pays
en
pleine
montagne !
– lorsqu’en fin
d’après-midi,
la
lente
progression
de
notre
colonne
fut
interrompue
par
un
signal
impérieux
du
sous-lieutenant
Loubaud.
De
la
main
il
nous
intima
l’ordre
de
nous
plaquer
au
sol
– ce
que
nous
fîmes
sans
hésiter
un
instant,
trop
habitués
maintenant
à
rencontrer
des
éléments
de
résistance
isolés.
L’information
se
répandit
rapidement
le
long
de
notre
petite
troupe
que
nous
nous
trouvions
au
contact
de
l’ennemi.
Lequel ?
Nous
ne
le
savions
pas
encore… Quoiqu’il en soit, nous attendions, le souffle
court,
le
cœur
battant
très
fort
dans
nos
poitrines,
le
déclenchement
du
premier
tir
qui
mettrait
fin
au
silence
insoutenable
qui
règne
toujours
avant
l’action… De
ci
de
là,
nerveux,
le
claquement
sec
d’une
culasse.
Déjà
en
vain
nous
guettons
les
signes
de
l’hostilité
cachée
dans
les
surplombs
rocheux
qui
nous
dominent.
Mais
rien…
Ou
plutôt
si :
la
menace
pateline
de
deux
trous
noirs
de
meurtrières
que
nous
apercevons
tous
à
présent,
yeux
sinistres
se
découpant
dans
la
grisaille
d’une
casemate
que
vient
juste
de
révéler
une
écharpe
de
ciel
bleu
dans
la
brume. De
longues
minutes
d’attente
anxieuse
s’écoulèrent…
Instants
poignants
qui,
selon
l’expression
consacrée
qui
prenait
alors
tout
son
sens,
semblèrent
durer
des
siècles,
suspendus
que
nous
étions
à
ces
terribles
secondes
d’éternité.
Nous
attendions
toujours
le
déclenchement
du
feu :
ruses
d’un adversaire
sardonique
attendant
qu’on se relève
pour
nous
hacher
sur
place ?
Au
vrai,
cette
situation
très
désagréable
se
prolongeait
et
nous
nous
interrogions
du
regard,
nous
demandant
comment
tout
cela
allait
finir. ***** Et
le
temps
passait,
passait,
atroce…
Cela
ne
pouvait
durer
davantage.
Nous
étions
tous
au
paroxysme
de
la
tension.
Lorsqu’enfin
le
commandement
passa
d’homme
à
homme
que
nous
allions
monter
à
l’assaut
du
blockhaus
que
nous
ne
pouvions
contourner,
passage
nécessaire
de
notre
avancée.
Aussi
étrange
que
cela
puisse
paraître
– et
ceux
qui
ont
connu
les
affres
de
l’attente
avant
le
baptême
du
feu
me
comprendront
aisément
– ce
fut
un
soulagement.
Le
chef
de
la
compagnie
en
avait
décidé
ainsi.
Et,
au
fond,
nous
l’approuvions
tous,
convaincus
qu’il fallait
en
finir
coûte
que
coûte.
Aussi
bien
ne
pouvions-nous
attendre
la
tombée
complète
de
la
nuit,
précoce
en
cette
saison
– obscurité
propice
à
un
assaut
peut-être,
mais
à
l’opportunité
hasardeuse
dans
un
combat
rapproché. Le
sort
en
était
jeté.
Les
dernières
consignes
passées,
nous
attendions,
la
gorge
sèche,
le
signal
du
sous-lieutenant.
Celui-ci
n’était
pas,
ainsi
que
nous
avions
eu
l’occasion
de
le
vérifier
à
plusieurs
reprises,
un
homme
à
temporiser
mais
partisan
de
l’action
dans
les
situations
peu
franches. A-Dieu-vat !
D’ailleurs
nos
esprits
bouillants
et
impatients,
d’une
fougue
toute
juvénile,
inclinaient
à
ce
type
de
dénouement,
quelle
qu’en fût
l’issue.
Nous
étions
tous
des
gamins
encore,
rappelez-vous,
rongeant
notre
frein
et
rêvant
d’en découdre
avec
l’ennemi. Car
il
semblait
que
ce
fût
pour
chacun
d’entre
nous
une
affaire
personnelle
que
cette
guerre :
qui
pour
effacer
la
honte
de
nos
aînés,
qui
pour
venger
un
frère
mort
au
combat,
qui
pour
tenir
un
serment
fait
à
un
père
exécrant
l’occupant.
Et
aucun,
en
définitive,
ne
se
serait
accommodé
de
solutions
– aussi
pacifiques
et
justes
fussent-elles
– pour mener à terme un conflit qui n’était pas, après tout, notre fait. Plus tard peut-être, mais
pas
ce
soir-là,
même
s’il tombait
précisément
sur
le
24
Décembre,
veille
de
Noël,
trêve
sur
Terre
entre
les
Hommes
de
Bonne
Volonté… Ca
y
est !
Nous
nous
dressons
d’un bloc
et
c’est
la
ruée
folle
en
direction
de
la
masse
inquiétante
de
la
casemate
à
moitié
fondue
déjà
dans
le
paysage…
Chacun
vers
un
point
repéré
longtemps
d’avance :
levée
de
terre,
mamelon
rocheux,
touffe
de
genêts
ou
arbuste
rabougri
– havre
momentané
d’une
sécurité
toute
relative,
pouvant
faire
écran
entre
la
tendre
chair
et
la
volée
de
balles
meurtrières
attendue. Mais
toujours
rien…
Et
chacun
de
se
jeter
à
nouveau
dans
la
bruyère,
les
mains
crispées
au
mousqueton,
les
tempes
bourdonnantes
– mais
qu’importe !
Tout
surpris
de
se
retrouver
encore
vivant
après
cette
première
étape !
Tout
de
même,
intrigué
aussi
de
n’avoir
pas
entendu
ce
claquement
brutal
des
détonations
qui
vous
déchirent
les
tympans. Avec
une
sensation
de
froide
irréalité,
nous
attendons
le
second
commandement
pour
repartir
en
direction
de
ces
affreux
trous
noirs
qui
semblent
nous
percer
jusqu’à la nudité.
Et
hop !
Deuxième
bon
qui
nous
propulse
à
la
hauteur
de
la
plate-forme
de
la
redoute. Et
là
– oh,
surprise !
La
lourde
porte
blindée
est
largement
béante.
En
un
éclair,
nous
comprenons :
l’ennemi
a
quitté
la
place.
C’est
le
soulagement
général !...
L’on s’approche
prudemment
du
poste
déserté,
un
peu
penauds
– au
fond
contents
– mais
le
dos
en
nage
tout
de
même ;
et
le
doigt,
l’on ne sait
jamais,
sur
la
gâchette…
Pas
de
doute :
l’oiseau
s’est
envolé. (à suivre…) Gilbert
BASQUIN
(Les
Magnificat) A Jean
Milli,
engagé
volontaire
au
1er
Bataillon
du
Jura Et
à
Gérard, Claudine et
Guillaume
bien
cousinement |