SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°28
Illustration
BD page2 BD page 2
|
Patrick
MERIC
|
JEUNES |
|
J'aime page 3
|
Collège Renaud-Barrault |
Quand je serai plus grande page 4 |
Justine DRON |
L'acrobate page 4 |
Loïc CHATELAIN |
Les tortues page
5 |
Thomas WANESSE |
Un oiseau bleu page
5 |
Océane BERTHIER |
Le couple page
6 |
Fanny CANONNE |
Le secret page 6
|
Fanny CANONNE |
HUMOUR
ET PATOIS |
|
L'tiot censier page 7 |
Marcel LESAGE
|
Inne histoire
d'ouais page
8 |
Jean-Pierre LEFEBVRE |
Ch'eul dinte et pis ch'tor page 8 |
|
La course cycliste page 9-10-11 |
Hertia May |
POESIE ADULTE |
|
Une sainte
maman page 12 |
Jean Charles
de Beaumont |
Les lévriers page
13 |
ROSINE |
Merveilles
page 13 |
SAINT HESBAYE |
C'est
la
vie page
14 |
Stéphanie BONNEVILLE
|
Passion d'écrire page 15 |
Clarisse |
La pêche page 16 |
Jean-François TROTTEIN |
Amours perdues page 17 |
Caroline LALISSE |
Le temps passe vite page 18 |
Maryse MARECAILLE |
L’arbre page 18 |
Marie-José VANESSE |
La cigale et le prince page 19 |
Yann VILLIERS |
Un sourire de toi page
19 |
Anthony CANONNE |
Les petits loirs page 20 |
Jeanne FOURMAUX |
Atome
page 20 |
Brigitte CAPLIEZ |
La rose stabilisée page
21 |
Jean-François SAUTIERE
|
Le joyau du ciel page 21 |
Geneviève BAILLY
|
Je danserai page 22 |
Thérèse LEROY |
La gentille petite fille page 22 |
Marie-Antoinette LABBE |
Printemps
page 23 |
Véronique ROBERT |
Aucun troubadour page 23 |
Christelle LESOURD |
Caudry page 24 |
André NOIRET |
NOUVELLES |
|
Le chien acrobate page 25 |
Florian COGET |
La dinde de Noël page 26 |
Alfred LENGLET |
Jardin secret page 27 |
Pascal |
Le farfelu du septième page 28-29 |
Denise DUONG |
Etrange banalité du quotidien page 30-31 |
Camille BOURLET |
|
|
* Retrouvez
l’auteur dans la revue littéraire. |
|
J’AIME |
|
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J’aime
ma grand-mère Sa gentillesse Sa tendresse Sa maison Son chien Son sourire Son mari. J’aime
ses gâteaux. Que je
l’aime ! Laetitia Je t’aime grand Comme mes yeux Des yeux d’amoureux Qui ne peuvent pas te dire « je t’aime » Tellement c’est grand Tellement c’est fort. Je t’aime plus que tout Je pense à toi Nous ferons notre vie ensemble Je t’aime. Jérôme |
Quand je serai plus grande… |
|
|
Quand je serai plus grande j’aurai une grande maison Même un château, j’aurai un mari qui sera très riche, j’aurai 60 enfants même plus, Je nourrirai et j’hébergerai tous les gens sans abri, J’aiderai tous les élèves à faire leurs devoirs et même que je donnerai plus de 1 000 000 000 €. Voilà, je suis si généreuse. Justine Dron – 12 ans ½ |
L'acrobate
|
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Il était
une
fois
un
acrobate qui se promenait Sur la
plage
et
à
ses
pieds
il
vit
un
bonbon Coloré en
rouge,
c’est
à
la
fraise
et
il
le Ramasse en
disant : « J’espère
qu’il
est
bon » Et il
le
mit
dans
sa
bouche
et
il
dit : « C’est
très
très
bon ». Et il
se
dit : « Il faudra
que
j’en
achète ». Mais il
se
posa
une
question : « Où ça
se
trouve ? » Alors il
fait
le
tour
de
tous
les
magasins. Il chercha pendant des heures
et
enfin
il
trouva Un magasin qui vendait ce
bonbon-là, et il alla Tout le
temps
les
acheter dans ce magasin. Loïc
Chatelain – (Ecrit à
l'âge
de
10
ans) |
Les tortues amoureuses |
|
|
Il était une fois deux tortues amoureuses l’une de l’autre. C’était un soir de Noël, elles ne se connaissaient même pas, elles étaient toutes les deux au marché de Noël, elles se regardèrent dans les yeux et l’homme dit : « on se voit Mardi ». Comme prévu elles se virent le mardi, elles firent l’amour dans le lit du mâle tortue. Ensuite les amoureux allèrent au cinéma et elles firent encore l’amour. Elles eurent beaucoup d’enfants, puis elles se sont mariées. Thomas Wanesse |
Un oiseau bleu |
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Il était une fois un bel oiseau bleu Qui chantait à tue-tête Dans une petite forêt. Son chant était si beau Qu’un jour quelqu’un l’emprisonna dans une bouteille Pour qu’il arrête de chanter. Il y avait aussi une belle petite fée enfermée dans une bouteille Ils tombèrent tous les deux amoureux l’un de l’autre. L’oiseau réussit à s’échapper grâce à l’amour qu’il avait pour la fée. Malheureusement l’homme arriva. Mais l’oiseau réussit à le vaincre d’une de ses plumes coupantes. Il délivra la petite fée, ils se marièrent, ils eurent 10 enfants Et ils vécurent tous heureux pour la fin des temps. Océane Berthier |
Le
couple |
|
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Le
couple d’amoureux va
visiter le musée, ils
sont
rentrés par la porte
et
ils
ont
vu
un
ver
de
terre
sur
la
porte. Le ver de
terre
était
sur
la
porte
du
musée, il est peut-être rentré par la
porte
de
l’entrée car les gens
entrent, ils ouvrent la
porte
et
le
ver
de
terre
en
profite pour entrer aussi. Les amoureux sont
venus
visiter ce musée car
la
dame
et
le
monsieur amoureux travaillent dans
le
musée. Leur première rencontre s’est faite
dans
le
musée, alors ils reviennent à l’endroit où ils se
sont
rencontrés donc ils repartent au musée de
la
dentelle. Quand
ils
sortent du musée le
directeur du musée arrive pour fermer la
porte. Le ver de
terre
resta
enfermé dans le musée ! Et le
lendemain matin, le couple d’amoureux retourne dans le musée
et
il
voit
que
le
ver
de
terre
a
disparu dans le musée
de
la
dentelle, ils rentrent ensemble et il voit
des
vers
de
terre
sur
la
dentelle, qui ont sali
la
dentelle. Fanny Canonne |
Le
secret |
|
|
Il
était
une
fois
trois
amis
qui
s’appelaient « Eve, Grégoire et Julie ». Ils
ne
se
trahissaient jamais. Un
jour
Julie
répéta le secret de
Grégoire. Tout à coup
Grégoire sut que Julie
avait
répété son secret ! Alors
Grégoire n’est plus
l’ami
de
Julie. Soudain Julie dit à
Grégoire que si elle
a
dit
son
secret c’est que
……. ! Grégoire lui
dit
« Que quoi ? » Ben je
l’ai
juste
dit
à
Eve
puisqu’elle ne le
savait pas donc je
lui
ai
dit
et
c’est
tout.
Donc
Grégoire pardonna à Julie, alors ils sont
redevenus les trois meilleurs amis du monde. Fanny
Canonne |
|
L’
tiot
censier |
||
|
Avec mon
sourire
niais,
dans
mon
visage
de
brique, Celui qui
m’voit
passer
dit
d’un
air
ironique : « Chti-là :
c’est
un
censier ! » et !
Censier,
je
m’suis
mis,
et
censier
j’en
suis
fier ! Comme l’ont
été
avant
mi
mon
père
et
mon
grand-père. Et si
j’ai
un
bon
blair
et
la
mine
réjouie, C’est
qu’respirer
l’bon
air,
ça
donne
de
l’appétit. Et j’ai
tant
l’habitude
d’être
tout
seul
dans
les
champs, Assis sur
le
tracteur
ou
derrière
les
carcans, Avec l’esprit
tranquille,
l’pensée
qui
vagabonde, Que j’
m’sens
tout
péteux
quand
je
m’trouve
devant
l’monde. Censier, il
y
a
pas
si
longtemps,
censier,
t'étos
quelqu’un, T’avos
des
ouvriers,
et
t’acatos
du
bien. Té pouvos
tranquillement
voir
tes
enfants
grandir, Leur apprendre
à
œuvrer
et
puis
les
établir. Il t’arrivot
parfois
de
faire
au
cabaret L’tournée
d’gouttes
au
matin,
au
soir,
ton
cent
d’piquet. A ch’t’heure,
tout
seul,
dans
l’cense
et
malgré
ton
courage, Tout l’journée
te
t’dépenses
sans
voir
le
bout
d’l’ouvrage, Et ton
garçon
qui
voit
se
promener
ses
copains Y regarde
à
deux
fois
pour
mettre
ses
pieds
dans
l’brin ! Censier, après
les
marissaux,
les
gorriers,
les
charrons, On est
des
tiots
censiers,
l’dernière
génération. Ch'est
plus
des
hommes
qu’il
faut,
à
cht’heure,
y
a
les
machines, Et les
censes,
plus
tard,
elles
f’ront
comme
à
l’usine : Du travail
à
la
chaîne,
comme
pour
l’s'automobiles : Les vaches
iront
par
cent
et
les
pourceaux
par
mille ! Mais nous,
les
plus
anciens,
nous
faut
gagner
la
r’traite En pensant
qu’nos
enfants,
ils
iront
à
l’malette ; A moins
qu’plus
malins
qu’nous,
ils
arrivent
à
s’unir, Pour épargner
leurs
femmes,
prétendre
à
des
loisirs. Avoir des
grandes
machines,
sur
des
grandes
étendues, Et garder
la
fierté
de
n’s’être
point
rendus ! L’impôt de la sécheresse était très mal perçu par les imposables étrangers à l’agriculture.J’ai essayé d’expliquer notre situation. Marcel
Lesage |
Inne
histoire
d'ouais |
|
|
Dins ces momints-ci y'a d'quo s'faire du méchint sing. Aussi, j'ai pinsé qu'ça s'reut bé d'rire un tiot peu pou s'armonter l'moral. J'vas ci vos raconter l'daronne. Zélie
al
est
vielle,
fort
malate
et
fort
arcrinne. L'médecin,
applé
y'a
laissé
intinne
qu'al
alleut
bétôt
morir.
S'n'homme,
Arnesse,
d'mo
courtes
guinmes,
y'est
assis
à
côté
d'sin
lit
et
y
tié
s'mon
pou
l'réconforter.
Zélie
al
ouvert
ses
yiux
et
al
dit
à
Arnesse
:
« Acoute
Arnesse,
j'veux
partir
l'consci-ince
trinquille.
Va
dins
l'guernier.
In
heut
de
l'vielle
amelle
te
trouv'ras
deux
boîtes.
Déquinds-les ». Arnesse
y
va.
L'prinmière
c'éteut
inne
boîte
du
qu'in
met
d'z'ouais.
« ouvert
l'boîte »,
qu'al
dit
Zélie.
D'dins
y'aveut
treus
ouais.
« Te
veus,
qu'al
dit
Zélie,
j'ai
mis
un
ouai
d'dins
à
chaque
feus
que
j't'ai
trompé ».
L'deuxinme
boîte
al
éteut
bocop
pus
grinne.
D'dins
y'aveut
des
liasses
et
des
liasses
d'billets
d'binque.
« D'quo
qui
n'd'est,
d'minne
Arnesse
tout
surpris
? ».
« Cà,
qu'al
répond
Zélie
d'inne
tiote
vos,
c'est
l'argint
qu'j'ai
mis
d'côté
in
r'vindint
l'z'ouais
que
j'metteus
dins
l'eute
boîte ».
Moralité
: Justemint
y
n'y
a
vraimint
pos
d'moralité
dins
c'conte-là.
Jean Pierre LEFEBVRE |
Ch’eul DINTE et pis ch’TOR |
|
|
Inn dinte, all d’vissot aveuc in tor… «J’aros bin ker pouvir alleu m’jouker là-va tout in héaut d’euch
t’ape chi. ! » qu’all soupirot ch’eul dinte
…. « Mé j’né pon asseu d’forche ! ». «Et bin pouquo qu’teu n’me lécherot pon l’cul», qu’y li répand ech tor, «Min brin y lé rimpli d’vitamin-ne !» Du cop el dinte all li lèqua sin cul pis all sé rindu campte
qu’ach’teur all avot asseu d’forche pou li attinte eul premian brinque. El jor qu’y la suit, apreu avir arléqueu eul cul du tor, all avot pu
s’joukeu su l’deusiame brinque. Adon apreu kinze jors ed lèche, all pouvot s’joukeu in héaut d’l’ape. Mé queuqu’ jor pus tard, in cinsier l’vot là acoufter. Y prind sin fusille, y
tire et l’dinte all a déquindu pus
vite qu’all n’étot monteu… Morale d’euch t’histoère chi… Léqueu dé culs cha vos permet p’t-ête bin d’grimpeu… Me cha n’dure qu’in timps ! HMA |
La
course
cycliste |
||||
|
« Un,
deux,…
un,
deux,
trois,… ». « La
sono
fonctionne ! ».
Il
s’agit d’un bref échange
entre
Marcel
H.,
le
président
qui
va
commenter
tout
à
l’heure la course
et
Philippe
J.,
le
marchand
de
postes
de
radio
et
télés. « C’est miu qu’ l’ daronne
fos !
Il
avot
branché
le
micro
sur
le
220 ! »
n’a pas pu s’empêcher
de
dire
un
curieux. Le
kiosque
est
installé
sur
un
camion
débâché,
empiétant
sur
la
cour
du
voisin.
Dans
un
peu
moins
d’une heure, se tiendront à la table,
devant
les
listes
de
coureurs
et
les
formulaires
divers :
les
commissaires
MMs
Henri-Gérard
M.
,
René
D.,
Druon
L.,
André
D.,
etc… Dans
le
café,
une
activité
inhabituelle
rend
l’ambiance
festive.
C’est la course
de
la
fête
de
la
gare :
une
des
plus
grosses
journées
du
village.
Les
bénévoles
évoluent
dans
tous
les
sens.
Qui
installe
les
chaises,
d’autres
les
barrières,
Marcel
L.
et
Gérard
L.
reviennent
avec
les
bouquets :
trois
jeunes
filles
ont
déjà
été
choisies
pour
les
remettre
aux
champions !
« Maxime
nous
a
fait
un
prix ! ».
Le
patron
du
café
rétorque :
« Tiens,
t’as qu’à les poser dans la salle d’à-côté ! » Maintenant,
la
sono
distille
de
la
musique
de
variétés.
Parfois,
le
DJ
se
risque
à
passer
un
rock
ou
un
morceau
de
pop
mais
il
se
fait
vite
remettre
à
sa
place
et
remet
du
musette !
« On
comprint
rin
à’t’ninglais ! » Quelques
champions
mangent
leur
blanc
de
poulet
dans
le
café.
C’est vrai qu’ils vont perdre
des
calories ! Des
passionnés
de
sport
vont
demander
leurs
impressions
aux
frères
Vasseur
ou
à
Jean-Marie
Leblanc.
Quelques
cyclistes
descendent
la
rue,
les
jambes
huilées
comme
des
frites !
Ils
regagnent
la
ligne
de
départ,
le
dossard
épinglé
dans
le
dos. La
course
n’empêche
pas
les
clients
de
déguster
leur
bière
(de
la
Seltz
Brau,
bien
sûr),
certains
préparent
leur
tiercé
du
lendemain. Le
« grand
Marcel »
enquête :
« Hé,
les
gars !
J’espère
que
vous
avez
joué
la
fille
d’UNE DE MAI ? »
Quelques
turfistes
inquiets
l’interrogent :
« Mais
comment
c’est son nom ? » Et
le
« grand
Marcel »
réplique,
jubilatoire :
« UNE
DE
MAI
II » !
Devant
le
triomphe
de
son
ami,
Lucien
M.
manque
de
renverser
son
demi. Même
l’arrière-salle
est
sollicitée :
plusieurs
coureurs
locaux
s’y font masser
par
D.L.,
le
patron.
L’odeur de camphre
envahit
la
pièce,
les
muscles
réchauffés
sont
assouplis.
Les
sportifs
du
club
local
évaluent
leurs
chances.
Le
journaliste
présent
couche
sur
son
papier
quelques
informations
glanées
auprès
des
dirigeants.
Il
interroge
Raymond
D.
sur
l’état de fraîcheur
de
son
fils :
« Et
Jean-Marie,
tu
le
sens
comment ? ».
« Il
sera
à
l’arrivée,
c’est sûr ! »
Marcel
L.
s’instruit :
« C’est bien du DOLPIC
que
tu
utilises ? » « Toujours,
c’est la meilleure
huile
de
massage ! »
répond
de
façon
véhémente
D.L. Marcel
reprend :
« Je
vais
vous
en
raconter
ein’ne bien bonne ! » « Attends,
je
bois
un
coup.» Gérard
L.,
Lulu
et
André
D.
le
regardent,
à
l’affût d’une bonne blague. « Vous
connaissez
ma
fille
Marie-Claude ?
Il
lui
arrive
de
faire
quelques
tours
dans
le
village
ou
dans
les
environs
à
vélo ». « Vas-y,
on
t’écoute ! ».
« Elle
s’était dit :
« Pour
aller
plus
vite,
je
vais
me
masser
les
jambes
avec
du
dolpic !
Le
pharmacien
n’a même pas demandé
pourquoi ! ».
« Ben,
pourquoi ? ». « Elle
a
eu
les
jambes
rouges,
mais
rouges
jusqu’en haut des fesses !
Elle
ne
pouvait
plus
mettre
de
marronne
pendant
au
moins
une
semaine !
Elle
a
dû
se
balader
en
pantalon
de
survêt !
Surtout
qu’il a fallu rakater
de
la
pommade
à
la
pharmacie !
Ça
fait
marcher
le
commerce ! ». Gérard
L.
rétorque :
« Moi,
c’est avec mes pigeons
que
je
me
suis
fait
avoir !...
Oh,
c’est pas en pro que je m’occupe
des
concours
mais
j’avais demandé
à
Michel
C.
ses
secrets.
Il
m’avait dit qu’il massait
les
pattes
de
ses
coulons ! » « Et
tu
l’as cru ? ».
« Et
la
tête
du
pharmacien ? ». Quelques
minutes
plus
tard,
les
gens
se
précipitent
vers
le
café
H.
où
le
départ
sera
bientôt
donné.
Une
foule
bigarrée
de
coureurs
se
met
en
place,
avec
en
tête
ceux
du
VCB,
fiers
de
leur
maillot
jaune
et
bleu . Un
cri
jaillit :
« Ils
sont
partis ! » Pendant
quelques
heures,
ils
vont
arpenter
les
belles
rues
du
village.
A
chaque
passage
sur
la
ligne,
un
chiffre
marqué
sur
une
plaque
de
bois
indique
le
nombre
de
tours
à
faire ;
les
numéros
des
attardés
ceux
par
un
groupe
de
jeunes,
40
francs
au
premier
coureur
bertrésien !... » Le
trésorier
note
avec
application
les
sommes
annoncées
et
place
les
billets
dans
derelevés
et
enregistrés
à
l’aide d’un magnétophone.
Les
clients
et
curieux
sortent
et
rentrent
au
rythme
des
circuits,
gardant
à
la
main
leur
chope
de
mousse.
Régulièrement,
le
micro
annonce
une
prime
offerte
par
un
groupe
de
voisins
ou
un
commerçant
local.
« Une
prime
de
50
francs
offerte
par
le
café
F.
au
premier
du
prochain
tour ;
30
francs
au
plus
malchans
enveloppes.
Le
secrétaire
tient
la
feuille
des
abandons.
La
voiture-balai
s’arrête
à
chaque
fois
avec
les
dossards
des
abandons.
Le
micro,
ou
plus
exactement
la
voix
de
Marcel
H.
précise :
« On
nous
signale
l’arrêt de Truc de Fourmies,
de
Machin
de
Cambrai,
etc… » Encore
quelques
kilomètres
avant
l’empoignade
finale ! La
voiture-balai
décharge
maintenant
les
cannettes
vides :
il
a
fallu
abreuver
les
bénévoles
qui,
dispersés
sur
tout
le
parcours,
ont
réglé
la
circulation,
en
accord
avec
la
gendarmerie. Ce
fut
l’occasion
pour
le
speaker
de
remercier
les
personnes
dévouées,
ayant
permis
l’organisation
d’une telle épreuve ! « Tiens,
au
fait,
Henri
L.
a
téléphoné
pour
la
course
du
boulevard.
Il
a
demandé
le
nombre
de
volontaires
pour
assurer
le
service
d’ordre à Caudry. » « J’ai vu Aimé, il y a trois jours.
Je
lui
ai
dit
qu’il y en avait déjà une bonne vingtaine
d’inscrits ! » « Tiens,
Marcel
et
Lucien,
ça
vous
dit,
dimanche,
pour
la
course
du
boulevard
Jean-Jaurès ?
C’est Dédé et André D. qui acheminent
les
gens
en
camionnette. » Quelques
jeunes
approchent :
« Tu
peux
nous
inscrire ? » Une
course
se
termine
et
déjà,
il
faut
penser
au
dimanche
prochain ! La
cloche
retentit !
Le
micro
vocifère :
« C’est le dernier
tour !
Vous
partez
pour
l’arrivée !
Vous
partez
pour
l’arrivée ! ». Une
échappée
a
pris
corps
avec
tous
les
favoris.
Ils
vont
certainement
se
départager
au
sprint
et
chacun
sait
qu’en cas d’une telle arrivée,
les
chances
sont
très
fortes
du
côté
de
Robert
M. La foule se
masse près de
la banderole, les barrières de
sécurité repoussent les personnes qui se
bousculent pour avoir la meilleure place. Le
dernier virage est négocié et
les têtes se
penchent sur la chaussée. Le
magnétophone est enclenché. Les photographes vérifient leur angle de vue. Le
sprint est lancé ! « Gardez vos enfants près de vous ! Restez sur le trottoir ! » Le speaker énonce les numéros des coureurs franchissant la ligne : « Le 7,
le 15, le
3, le 25, le 58, le
23…, etc… » Il faudra repasser la bande du
magnéto pour s’assurer des meilleurs classés, en retirant du
classement final les doublés, les abandons. « C’est Robert M.
qui gagne ! Jean-Marie fait trois ! » Les bouquets sont avancés, des photos réalisées avec les jeunes filles. Les journalistes finissent leur papier en félicitant les sportifs. Gérard L.
s’approche de
Marcel L. : « Au fait, qu’est-ce qu’elle fait, ta fille ? » « Elle travaille pour une filiale d’AIR FRANCE. Elle voyage beaucoup ». « En fin de compte, elle fait comme mes pigeons, elle vole ! Elle avait raison de
se masser les gambettes ! ». Hertia May |
Une sainte maman |
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Pour conquérir cette princesse amoureusement, Il comprit qu’il fallait agir et l’aimer doucement. Elle était le printemps dans toute sa parure Avec son
cœur charitable et
une âme pure. Elle était d’une beauté merveilleuse et
Mère. C’était la plus belle des fleurs éphémères. Sa bonté pour ses proches jamais ne dérange, Jouant sa
partition à
tenir éveillés les
anges. Son amour aux multiples rayonnements Fit qu’elle eut de très beaux enfants. Leurs gazouillements ont été
guidés dans un
langage divin, Rendant heureux tous les Parents et les voisins. Devenue Ange-gardien, Elle nous quitta rapidement Pour retrouver son Créateur dans le firmament, Pour la
vie Eternelle au
grand jardin là-haut Où tous, nous savons qu’il
n’y a
rien de plus beau. Nous prions tous les jours en pleurant. Nous souffrons énormément mais nous serons gagnants. Notre corps mange et, même, parfois il
dort. Notre âme
ne se videra pas de sa
substance et
sera au bon
port. La Terre en deuil attend son Ere Miraculeuse, Où nous pourrons la
retrouver heureuse. Nos pleurs coulent sans fin dans notre attente. Oui, mais tous les jours, Elle nous manque. Jean-Charles de Beaumont
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Les lévriers |
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Sous un rideau de pluie ou sous un ciel de plomb Voyez-les s’élancer, s’étendre et s’envoler Ces coursiers de légende, prodigues de leurs bonds Compagnons de nos jours jalousement aimés. Tour à tour athlètes ou nobles chevaliers Ils promènent sur nous leurs regards brûlants Ils sont de notre vie et d’un monde passé Ils ont franchi les siècles sur les ailes du vent. J’aime à les regarder nobles et languissants Etendus mollement, leurs membres enlacés Ou attentifs, altiers comme sur des gisants Soucieux de nos regards, conscients de leur
beauté. Ce sont des objets d’art, des sculptures d’antan Sublimes en mouvement, superbes à l’arrêté Ils conjuguent toujours charme et enchantement On ne peut les connaître sans être passionnés. Rosine – 09/02/87 Caudry |
Merveilles
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Au chœur des merveilles estivales Toutes de rosées d’azur, Les herbes à silice cachent sans regret La mitre à valses de sorcières, Et la milice des fourmis de clairières. Ici, perfide et voleuse la pie jacasse Près d’une vesse de loup. Le criquet sauteur sur l’Oreille de Chat Se moque du moustique aquatique, Au sein d’une feuille de pommier. Là, sous la gloriette d’un saule pleureur, Le filet d’argent liquide pleure Ses osselets aux fantasmes de phasmes. Les amoureux de violettes au royaume des ciguës Vivent leurs cœurs à l’ombre d’un pleur. Saint-Hesbaye |
C’est la vie ! |
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C’est
normal de souffrir dans
une
vie, Même si
parfois on aimerait fuir, Lui
que
l’on
aime
et
ne
vous
aime
pas, C’est
comme
ça
et
rien
ne
changera ! C’est
possible de lire dans
les
regards, C’est
possible qu’un amour
soit
toujours, Dans le
sien
je
n’arrive plus à y
croire, C’est
comme
ça,
c’est
sûrement trop tard ! Elle joue
avec
nous,
avec
notre
vie, Puis un
beau
jour
nous
emporte avec elle, Que veut-elle ? Soudain n’est
plus
aussi
belle ! C’est
comme
ça,
je
ne
peux
pas
la
fuir ! La souffrance de l’amour, de la mort, Sous ses
traits je l’aime
encore plus fort, Cette vie
sans
toi
je
ne
la
veux
plus, C’est
comme
ça,
voilà
ma
vie
sans
toi ! Stéphanie Bonneville |
Passion d’écrire.
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Cette plume
que l’on tient, écrit ce que nos pensées lui dictent, elle devine chacun des
mots que l’on souhaite déposer, comme un secret que l’on oserait dévoiler. L’écriture est
un bien thérapeutique, on dit que se taire c’est mourir à petits feux…peut-on
se dire que la plume est donc une raison de s’exprimer pour nous garder à la
vie ? Les mots sont
ma passion, les mots c’est le monde, les femmes, les hommes, les
grands-parents, les parents, les enfants, les sentiments, les comportements,
ce qu’on ressent, à raison ou à tort, les mots délivrent notre souffrance,
donnent preuve de notre amour, peu importe qui que l’on soit, les mots sont
tendres et profonds, qu’on les écrive, ou qu’on les lise, l’importance y est
la même. Une histoire
peut vous faire rire, autant que pleurer, elle peut vous laisser sceptique,
comme elle peut vous bouleverser, la manière dont sont dites les choses est
responsable du message que la plume étudiera pour chaque lecteur. Ne croyez pas
que les mots n'ont qu’une seule perception, pour ne toucher qu’un seul genre
de personnes, non, l’encre s’évade sur ma feuille, je ne sais qui lira mon
écriture, je ne sais qui devinera ce que je raconte, ce que ma plume me
pousse à espérer c’est la seule vérité de ce qui se raconte au bout de mon
papier. Je ne souhaite
pas choquer, je voudrais juste que mes mains expriment ce que des milliers de
bouches pensent, mais n’osent tirer son de leurs paroles. L’écriture est
un don…peut-être, je ne sais pas, la seule image qui me ramène à cet art, est
une encre de chine, une plume bien limée, et des mots qui s’envolent au fil
des lignes qui s’ajoutent et se rajoutent, autant que nos pensées viendront
se déposer. La passion
c’est une force qui nous amène au-delà de ce que l’on se croit capable d’accomplir,
certains penseront que j’ai tort, d’autres suivront ma raison, la passion des
mots m’envoie vous dire que l’écrit est parfois plus puissant que l’âme
elle-même. La passion de
penser…la passion de l’écriture….rien n’est plus grand, que d’imaginer
une plume glissant sur du papier glacé, guidant nos doigts vers la
naissance des mots ! Puisque cet
art existe, plus besoin de l’inventer…à vos écrits, à vos papiers, aimez,
pensez, écrivez ! Clarisse |
La pêche |
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La pêche c’est vraiment formidable Que de calme, de détente elle nous apporte On oublie un peu le stress, tous ces bruits quotidiens Rien de tel pour se ressourcer et apprivoiser le calme Se retrouver au bord de l’eau avec la canne à la main… La pêche c’est vraiment formidable Ca nous fait oublier un instant la vie qu’on peut mener On ne pense qu’à une chose : attraper le gardon Qui viendra se prendre à l’hameçon Tout en écoutant les bruits de la nature : l’eau, les oiseaux, le vent.. La pêche c’est vraiment formidable On peut contempler l’environnement, la majestueuse nature Ainsi, on peut voir de curieuses choses comme les bouillons Qui nous alertent que le poisson est présent Voir un brochet chasser ou une carpe qui saute à la surface l’été La pêche c’est vraiment formidable Il s’en va, heureux, le pêcheur matinal Et pense qu’aujourd’hui il l’aura sa belle prise Cela reste le rêve de beaucoup de pêcheurs Et c’est toujours un moment de bonheur Que de retrouver ce calme et moment de détente inégalables. Jean-François Trottein |
Amours perdues |
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J’ai tant eu d’amours perdues, J’ai tellement perdu mes dus, J’ai été si souvent déçue, Que je n’en peux plus. J’ai été si malheureuse, J’ai tant pleuré Pour toutes ces amours gâchées. Ma vie est affreuse, Je crois que j’ai eu ma dose, La porte de mon cœur est de plus en
plus
close. Il y a tant de garçons que j’aimais, Tant de garçons
à
qui
je
plaisais, Que j’aimerais tellement les revoir, Mais c’est sans espoir. Car plus je les désire, Plus mon cœur soupire. Il y a tant de garçons que j’ai perdus, Si bêtement que je n’ai pas vu Que je ne les reverrai plus Et moi ça me tue. J’ai tellement besoin
d’amour Que mon cœur est de plus en plus lourd. Plus j’attends impatiemment, Plus je me mens. Chaque fois que je rencontre quelqu’un de bien, Des murs se hissent entre nous, Dont je ne vois pas le bout. J’attends longtemps qu’il revienne Mais c’est fini Il disparait de ma vie. Suis-je maudite ? Ah ! Je ris De ce propos si incongru. Je crois que j’ai trop lu Ces foutaises qui nous montent
à
la
tête, Et qui nous rendent bête. Mais un doute en moi s’impose, Je vais vous le dire si j’ose, Pourquoi ai-je tant eu d’amours perdues, Qu’ai-je fait pour que l’on me tue De façon si atroce, Que si l’on me déchirait la peau sur les os ? Caroline Lalisse |
LE TEMPS PASSE VITE |
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Toi que j’ai connu il y a 1 an Et que j’aime toujours autant Nous passons des moments heureux Car nous sommes très amoureux Tu es entré dans ma vie Depuis ce temps j’ai appris Jours après jours Tu me prouves ton amour Nous avons des points en commun Et je n’ai plus peur du lendemain Tu passes beaucoup de temps Auprès de moi et des enfants Je regrette de ne pas t’avoir connu avant Ma vie a été un enfer pendant 17 ans Je croyais que l’amour sincère N’était plus qu’une galère Tu m’as appris à sourire Et à laisser derrière le pire Des fois le passé ressurgit Et après je l’oublie Notre amour est fort Et on ne nous donnera pas tort C’est pour la vie Même dans la maladie. Maryse Marécaille |
L’arbre |
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Il est beau, grand, fort, l’arbre, il étend ses branches, Il y fait bon dans son ombre quand il fait chaud, On se confie à lui, c’est comme une revanche, Sur ceux qui n’entendent pas, et pourtant il le faut. Tout le monde le connait, et il connait tout le monde, Aimé et même détesté, malgré tous ses efforts, Incompris de ceux qui, dans leur inconfort, Pensent qu’il vaut mieux entrer dans les ronces. Les ronces du pouvoir et de l’hypocrisie Marie-José
Vanesse |
La cigale et le prince |
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Hé bien ! Dansez maintenant ! Cette sentence-là m’agrée : J’irai danser sur-le-champ ! Je trouverai bien quelque fée Pour me louer de mon chant… Et la Cigale, rebutée, Alla danser incontinent. Or, il advint qu’en la prairie, Foulant joyeux l’herbe fleurie, Folâtrait un Prince charmant Qui fuyait le bruit et la fête Donnée en la maison du roi : En voyant la petite bête, Fut transporté d’un grand émoi : -Voilà l’art que j’aime, L’élan naturel, Le don de soi-même, Sentiment réel ! Viens, petite artiste, Viens dans mon palais ; Je veux qu’à jamais Tu ne sois plus triste. Je veux que ton chant Se mêle à ta danse, Que ta récompense Suive ton talent. Et c’est ainsi que la Cigale Fut recherchée dans le palais. Yann Villiers |
« Un sourire de toi
et… » |
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Les nuages emplissaient le
ciel. Cela semblait si irréel. Rien ne peut être pire. Et puis, est apparu TON
MERVEILLEUX SOURIRE, Et le soleil prit soudain
la place des nuages dans MON ciel. Est-ce un rêve que je
fais ? Non, je t’aime et c’est
bel et bien réel. Anthony Canonne |
Les petits loirs
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|
|
Nous sommes les petits loirs Qui ne sortent que le soir Nous avons notre nid Sous le toit d’une cuisine Dès la tombée du jour Nous nous faufilons partout Moi je suis Riri le plus petit Et aussi le plus dégourdi L’autre soir je suis entré Dans une salle à manger Il y avait une volière Et tout autour des graines Mes frères qui passaient Je les appelais Ayant bien mangé Nous pensâmes à jouer Une partie de cache-cache Serait bien agréable Comme c’était rigolo Nous grimpions sur les rideaux Nous cachant dans les vases Courant sur les armoires. Une dame dormait Dans un fauteuil d’osier. Mal inspiré Je lui chatouillais le pied Se réveillant et
m’apercevant Elle se sauva en hurlant Nous riions comme des fous Quand arriva un gros matou Pris de panique Nous prîmes la fuite Le cœur battant Pour rejoindre nos parents Blottis l’un contre l’autre Nous tremblions encore Quelle peur avions-nous eue Dans cette joyeuse aventure Jeanne Fourmaux |
Atome |
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|
Eclate l’atome ! Pour nous les
hommes ! Tu es la sève De bien des rêves. Donne le « la » Et joue-nous la C’est la musique Du déclic ! Silencieuse Et vicieuse Sur variations Radiations ! Qui prierons-nous ? Quel grand gourou ? Adieu au temps des
cathédrales. Sonnent des ans Pour nos centrales… Brigitte Capliez |
Titre25 |
La rose stabilisée |
|
Dis, te rappelles-tu mignonne Cette rose d’un seul instant Que t’offrit ainsi que personne Ne le fit, Ronsard, ton amant ? Aussi, lorsque sur une affiche J’ai lu : « rose
stabilisée Douze
euros », j’ai cru voir en friche La Terre, dépoétisée. Et j’ai pensé, « pauvre Cassandre, Aujourd’hui il ne pourrait plus Choisir cette fleur au cœur tendre, Ton poète d’amour perclus ! ». Pourtant, d’une image éphémère, Pourpre effluve idéalisée, Déjà la rose en son mystère, Pure, était… immortalisée. Jean-François Sautière |
Le joyau du ciel |
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Ami Soleil Maître du ciel Tu repeins d’or pur la grisaille, Et tu convies au banquet de la vie. Astre vermeil Providentiel Comme une flamme d’espérance Tu fais chanter Les plus mornes pensées. Soleil Ami De ta magie Et ta lumière qui musarde Monte un parfum D’amour divin. Prince du ciel Au baiser miel Sous ta caresse buissonnière Danse l’émoi D’un monde en joie ! Geneviève Baillly |
Je danserai… |
|
|
Je danserai le reste de ma mort au-dessus de ma tombe. Thérèse Leroy 22/07/2005 |
La gentille petite fille |
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Si tu veux, tu seras si gentille Que tu domineras toutes tes colères Tu verras alors, ma toute petite fille Que le ciel est plus clair pour ta tendre mère Tu t’amuseras, tu riras, tu l’inquièteras Dans la maison sans lumière elle sera pensive Et puis tu reviendras et elle sera toujours là Dans vos cœurs ne restera qu’une lueur vive Et tu t’émerveilleras De la savoir si près de toi Et puis tu lui souriras En lui disant « j’ai un peu froid ». Marie Antoinette Labbe |
PRINTEMPS |
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Un matin de printemps Je me suis éveillée Et tout avait changé : Des nuées de jonquilles Pour toute la famille Des brassées de muguet Partout dans la forêt Un champ de coquelicots Avec tout plein d’oiseaux Des prairies de coucou Pour rapporter chez nous Un jardin merveilleux Juste devant nos yeux Un si beau paysage Pour s’aimer tous les deux Une merveilleuse image Que je vois dans tes yeux. Véronique Robert sans histoire Sais-tu que j’attends un amour |
Aucun Troubadour |
|
|
Mes pas m’amènent toujours Là où le silence fait place Et où la mort les glace Aucun troubadour Cet endroit leur fait trop peur Mais, c’est une erreur Tout a une fin, Tel est notre destin En l’acceptant, on voit plus loin Même si tout est incertain On fait le bilan Pour ne pas perdre de temps On se remémore les bons moments Ou le cas échéant On pleure les vivants. Christelle Lesourd |
CAUDRY |
|||||||
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André NOIRET |
Le
chien
acrobate |
|
|
Il est dix heures
du
matin,
mois
de
juillet
ensoleillé. Je me nomme Jean, je suis SDF. Je meurs,
je
n’ai plus de quoi me nourrir. Hier, j’étais encore
l’homme le plus heureux
du
monde,
mais
mon
histoire
a
tourné
au
cauchemar. Un jour, alors que je passais
seul
dans
une
petite
ruelle
du
centre
de
Paris,
cherchant
de
quoi
me
nourrir,
je
rencontrai
un
chien. Au départ,
je
n’y fis pas attention.
Je
continuai
ma
route. Mais je me rendis
vite
compte
que
ce
chien
me
suivait.
C’était un animal
un
peu
sale
mais
attendrissant. Je le pris donc avec moi. Arrivé
sous
le
pont
où
je
vivais
seul
depuis
quelques
années,
je
m’allongeai
sur
mon
drap
et
passai
une
nuit
comme
toutes
les
autres,
rêvant
de
repas
copieux
et
de
chaleur,
le
ventre
vide. Le lendemain,
à
mon
réveil,
le
chien
était
toujours
là,
allongé
sur
mes
jambes. Dans l’après-midi,
on
alla
se
promener
dans
le
parc. Je m’endormis
sur
l’un des bancs. Lorsque
je
me
réveillai,
le
chien
était
parti. C’est alors que j’aperçus
une
foule
immense
non
loin
de
là. Je m’approchai
et
vis,
au
milieu
de
cette
foule,
l’animal. Il faisait
toutes
sortes
d’acrobaties.
Les
gens
riaient,
émerveillés
par
ce
fait
peu
commun. Celui-ci
me
vit
et
me
sauta
dans
les
bras. A partir
de
ce
moment,
on
ne
se
sépara
plus. L’argent
tombait
du
ciel,
des
personnes
célèbres
venaient
voir
le
spectacle. Je pus m’acheter
de
quoi
me
nourrir,
des
draps
et
des
vêtements
corrects. Cela dura six mois, six mois de bonheur
et
de
gaieté. Mais un matin d’hiver,
réveillé
par
la
fraîcheur,
toute
ma
vie
défila
devant
mes
yeux. Je n’avais plus de drap, plus d’argent,
plus
rien. Même le chien s’était enfui.
Peut-être
avait-il
été
kidnappé ? Il ne restait
plus
que
moi,
dans
ce
vent
glacial,
sous
ce
pont
où
coule
la
Seine. Peut-être
avais-je
rêvé ?
Ou
peut-être
m’avait-on
volé ? Maintenant
je
sais
que
ma
mort
est
proche. Il n’y a personne
pour
m’aider.
Que
faire ? Je suis monté sur le pont. J’ai regardé
la
nature
florissante
pendant
de
longues
minutes. Puis par un moment
de
folie,
je
suis
monté
sur
la
rambarde. Mon cœur battait
à
toute
allure. J’ai pris mon souffle. J’ai sauté… Florian Coget Lycée Jacquard de Caudry |
La
dinde
de
Noël |
|
|
Le
vieux
Père
François
avait
été
cheminot.
Retraité
depuis
plus
de
vingt
ans,
il
racontait
volontiers
à
tout
le
monde
avoir
depuis
bien
longtemps
retrouvé
toutes
les
cotisations
de
sa
vie
professionnelle
et
que
les
actifs
de
la
France
entière
lui
payaient
des
jours
heureux,
sans
nuages. Il
habitait
à
la
sortie
du
village,
la
dernière
maison
avant
le
Calvaire.
Presque
entièrement
cachée
derrière
de
grands
tilleuls,
elle
était
tout
en
longueur.
Le
vieux
n’utilisait
plus
que
la
première
pièce,
en
façade.
C’était
sa
chambre,
son
salon,
sa
cuisine.
Par
économie,
il
ne
s’occupait
plus
du
reste
de
sa
demeure.
Il
n’avait
pas
d’enfants,
pas
d’héritiers
directs,
et
se
souciait
peu
de
laisser
une
belle
maison,
habitable,
ou
une
ruine.
Dans
sa
grande
pièce,
il
se
chauffait
avec
une
cheminée.
Homme
des
bois,
on
le
voyait
par
tous
les
temps
dans
la
campagne
avec
une
petite
poussette
et
sa
grande
scie.
Il
ramassait
ou
coupait
le
bois
mort,
en
faisait
des
fagots.
C’est
de
cette
façon
qu’il
se
chauffait.
Malgré
son
âge,
il
allait
vers
quatre-vingt-deux
ou
quatre-vingt-trois
ans,
il
entretenait
un
beau
potager.
Derrière
sa
maison
poussaient
en
effet
pommes
de
terre,
carottes,
navets,
salades,
chicorée,
choux,
il
y
avait
de
tout.
En
pleine
nature,
ce
petit
paradis
attirait
l’appétit
de
beaucoup
de
gibier,
et
régulièrement,
de
la
fenêtre
de
son
grenier,
le
Père
François
tirait
lapins,
lièvres
et
perdreaux.
Il
aurait
presque
pu
survivre
seul,
avec
sa
propre
production,
car
il
possédait
en
plus
de
tout
cela
des
arbres
fruitiers.
Après
son
potager
s’étendait
une
petite
pâture
avec
deux
pommiers,
un
poirier,
deux
cerisiers,
un
prunier,
un
noyer
et
des
noisetiers.
Il
n’avait
plus
la
force
d’entretenir
tout
ce
domaine.
Il
louait
donc
la
pâture
à
Jacques,
un
autre
homme
des
bois
du
village
qui
élevait
des
moutons.
Ces
derniers
servaient
en
quelque
sorte
de
tondeuses
écologiques. On
approchait
des
fêtes
de
fin
d’année,
la
campagne
était
entièrement
cachée
sous
un
épais
manteau
blanc.
Il
avait
neigé
durant
deux
jours
entiers
et
la
vie
s’était
arrêtée.
Un
calme
et
un
silence
profond
recouvraient
aussi
cette
campagne
morte.
Il
n’y
a
pas
d’activités
agricoles
en
cette
période.
La
tranquillité
était
seulement
perturbée
par
des
volées
d’étourneaux
qui
tournoyaient
dans
le
champ
de
Léon,
en
face
de
chez
le
Père
François.
Léon
avait
en
effet
vidé
ses
écuries
et
tout
son
fumier
reposait
en
grand
tas
au
milieu
du
champ.
Quelle
aubaine
pour
tous
les
étourneaux
du
coin
qui,
ne
trouvant
plus
rien
à
manger
dans
la
campagne,
s’étaient
donné
rendez-vous
ici.
Il
y
en
avait
plusieurs
centaines
qui
se
relayaient
inlassablement.
Le
Père
François
les
détestait
car
il
n’était
pas
rare
que
ces
voleurs
viennent
lui
piller
ses
cerises
en
été.
Malgré
des
épouvantails,
des
casseroles,
il
lui
fallait
alors
passer
des
heures
entières
à
monter
la
garde,
le
fusil
de
chasse
à
la
main.
En
plein
hiver,
ces
oiseaux
ne
le
dérangeaient
pas,
mais
voyant
ces
volées
compactes
et
tournoyantes
autour
de
chez
lui,
il
n’hésitait
pas
à
lâcher
de
temps
en
temps
un
coup
de
fusil.
Il
en
tuait
toujours
quelques-uns.
C’était
autant
de
cerises
de
gagnées
pour
les
mois
qui
viendraient. Le
Père
François
vivait
seul,
sans
famille.
Il
ne
semblait
jamais
triste
malgré
la
solitude.
La
nature
lui
donnait
l’occasion
de
s’occuper.
Pour
le
repas
de
Noël,
il
aimait
se
faire
un
festin.
Son
régal
consistait
en
une
bonne
grosse
dinde,
des
marrons
et
des
pommes.
C’était
là
sa
seule
fantaisie
de
l’année.
Tout
le
village
savait
qu’il
était
riche
et
partout
on
se
moquait
de
lui.
Si
riche,
si
seul,
si
radin
aussi…
Il
comptait,
faisait
des
économies
sur
tout.
Mais
il
était
heureux.
Lui
le
savait
et
ne
faisait
pas
attention
aux
gens,
à
leurs
attitudes
ou
à
leurs
commérages. Deux
jours
avant
Noël,
il
fit
l’une
de
ses
rares
sorties
dans
le
village.
Il
fallait
acheter
sa
dinde.
Chez
Jean,
il
ne
trouva
rien
à
son
idée.
Jean
tenait
la
boucherie
près
du
monument
aux
morts.
On
trouve
de
bons
morceaux
chez
lui.
Chez
Adolphe,
les
bêtes
étaient
soi-disant
trop
grosses,
donc
trop
chères.
Et
puis,
le
Père
François
avait
son
temps,
il
restait
deux
jours
avant
Noël,
il
pouvait
encore
comparer
et
choisir
tranquillement.
En
rentrant
chez
lui,
dans
la
boîte
à
lettres,
il
trouva
un
dépliant
publicitaire.
Son
attention
s’arrêta
sur
le
prix
d’un
produit :
l’épicerie
d’un
village
voisin
faisait
la
dinde
à
2
Euros
le
kilo.
C’était
l’affaire
à
ne
pas
laisser
passer.
Ancien
cheminot,
il
voyageait
gratuitement
et
connaissait
les
horaires
par
cœur.
Il
prendrait
le
train
de
15
h
10.
Avant
18
heures,
si
tout
se
passait
bien,
il
serait
de
retour.
Il
était
presque
midi.
Le
Père
François
mangea
une
soupe,
fuma
sa
pipe
et
vers
14
h
30,
après
une
courte
sieste,
prit
le
chemin
de
la
gare.
Le
train
était
à
l’heure,
le
trajet
assez
court. Arrivé à
destination,
le
train
n’était
pas
encore
à
l’arrêt
qu’il
sauta
sur
le
quai.
Son
pied
glissa
sur
une
plaque
de
glace.
Il
passa
sous
le
train
et
fut
tué
sur
le
coup,
pour
une
dinde
à
2
Euros
le
kilo ! A..Lenglet |
Jardin secret.. 031106 (Souvenirs..) |
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Bonsoir,
petit bout d’espoir, refrain de ma pensée, te voilà à mon rendez-vous de
solitude, fuyante et muette, icône éclairée de l’aura de l’arc-en-ciel d’une
fin d’orage, bonsoir Promeneuse dans mon esprit. Te voilà, aventurière pour
une balade dans le jardin secret de mon cœur à compter les pétales de rose.
Elles pleurent pour parfumer tes pas et toutes les jonquilles se penchent
pour caresser tes jambes, peindre ta peau d’or de leur pistil, dessiner leurs
empreintes et s’emporter vers un destin de prairie. Les iris encagoulés
applaudissent cette visite et leurs cimes pointues se tendent pour admirer
cette charmante. Quelques-uns, précoces, s’ouvrent déjà et la rosée perle
encore à leurs lèvres bleues entrouvertes. Jaloux, les forsythias s’éclatent
en bourgeons pour tes regards pleins de douceur. Un pommier du Japon
emprisonne de bonheur tes hanches et ses petites fleurs rouges s’écarlatent
de tant de hardiesse ; il a limé ses petites épines et frissonne de
toutes ses feuilles, du plaisir de te retenir. Maître lilas double la mise,
il explose en blanc, en mauve, il s’expose, t’étourdit des vapeurs de ses
grappes lourdes *emparfumées, il expose ta beauté dans le feu d’artifice des
couleurs du temps joli, il te tend ses branches, attend ton gentil nez pour s’exhaler
tout en beauté, s’exhiber tout en odeur, s’extasier de rencontrer cette fée
aux senteurs de jeune printemps. Et puis, au fond du jardin, l’abricotier
s’attrape tes cheveux, les peigne de ses jeunes fleurs, les parfume, les
tisse, les garde comme autant de guirlandes pour un Noël de jardin, quand les
enfants courent en rires entre les arbres, chavirent la balançoire, quand le
Papy, d’une sieste d’ancien, se laisse endormir sous l’acacia dans sa pluie de fleurs de miel, quand la
Mamy étend les grands draps qui claquent au vent d’espoir de beau temps dans
une chanson d’antan et que ton pauvre serviteur a gravé dans sa mémoire ces
moments d’un autre temps, qu’il les entretient, comme le massif d’œillets de
poète d’alors, quand les fleurs criaient la beauté de leur parfum dans les
couleurs encore si vives de ma mémoire. Si tu écartes les feuilles de cet
abricotier, si peu sauvage, en liberté, tu verras un petit nid *emplumé,
gonflé de quelques œufs, d’une mésange si farouche que j’entends encore ses
chansons apprises au diapason de notre bise, du rire du vent des montagnes et
des collines de mon Pays que j’aime à dire… Tu t’es
promenée dans un jardin que j’ai bien connu, où il faisait bon vivre et
respirer la douceur de la terre après un bel orage voire l’arrosage du soir
quand les tomates gorgées de saveur s’habillent en rouge, t’interdisent de
penser ailleurs qu’à ces moments magiques. Quand les haricots verts se
tendent, en tendresse pour la caresse du cueilleur, curieux de ses dessous de
feuilles jalouses ou farouches. Les fraises, en bonbons sucrés, tapies sur un
lit de paille, se prélassent aux rayons de notre soleil si timide parfois
caché par les grands nuages dévalant le ciel vers le midi ou escaladant la
Moucherolle en cache-nez de demoiselle timide. Et puis, les framboises
apprivoisées, grappillées par les petits enfants quand le Papy est bien
endormi.. d’un œil.. Toutes les hirondelles, comme autant de papillons, en
noir et blanc, en course dans l’azur, découpent le temps dans des cris
d’oiseaux libres, comme ces phrases qui crient de chagrin ce passé glorieux,
ce passé éteint. Alors, si tu vas voir la Belle qui dort dans le bassin
moussu, où se baignent et dansent nos poissons rouges, en te penchant, tu la
réveilleras et elle te sourira mais si une larme s’anéantit dans l’onde, elle
se cachera. Au loin, tinte une gentille clochette des alpages, notre Papy
s’est animé d’une faim légitime, refermons la porte de mon jardin secret. Un
souvenir pourrait s’échapper, m’oublier, laissons aux moineaux ce ciel de
printemps, l’espace et le temps se confondent. J’entends encore chanter la
balançoire, la tondeuse coiffer la pelouse sauvage, roucouler les
tourterelles avec les tourtereaux et le silence de ce paradis perdu dans ces
instants de pur bonheur si simple mais si fragile. J’espère que tu as aimé ma
petite visite si peu guidée. Ici, la nuit, on voit courir les étoiles
filantes, on a le droit de faire tous les vœux qu’on espère, on a le droit de
reconnaître ceux qu’on aime, briller plus fort, dans un coin de ciel d’encre
noire, on a le droit de frissonner de bonheur en faisant croire que c’est la
fraîcheur de la nuit. Une lumière s’éteint, notre Papy s’est endormi. Pascal. (83 – Hyères) * Ne cherchez pas dans le dico… |
Le farfelu du septième |
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J’aurai quatre-vingt-deux printemps le 1er avril. Il n’y paraît guère. La France entière a lu ma biographie en cinq tomes. Sans le moindre recours à un nègre, j’y raconte de A à Z ma modeste aventure terrestre. Imitant stars, footballeurs, politiciens et respectueuses, j’entends ainsi me survivre. Mais chez moi, rassurez-vous, pas une once de scandale. Je ne suis pour tous que l’antique farfelu du septième étage. L’édition de mes mémoires m’a été facilitée, je dois le reconnaître, par un mien neveu, lecteur chez Greystock. Le bougre a pourtant la dent dure et s’entête à refuser tout manuscrit émanant d’inconnus, à plus forte raison de provinciaux ! Ce n’est pas que ces derniers manquent de génie : j’en connais, et non des moindres, qui mériteraient un fauteuil de choix à notre Académie française ! Chez mon censeur littéraire s’est donc émue, tardivement, la fibre familiale en faveur de son vieil oncle : quand je serai couché sous la dalle, sans doute espère-t-il l’être… sur mon testament ! Mais je l’ai dit tout net à son patron, pas un mot retranché, pas une phrase escamotée, sinon je renonce à mon privilège : je préfèrerais que l’on m’amputât d’un membre plutôt que de voir saccager une œuvre où j’ai investi le meilleur de moi-même ! Par égard pour mon parent, je consentirais peut-être à quelques corrections, mais que l’on n’exige pas de moi l’impossible ! C’est ma chair que j’offre en pâture, matière grise torturée dans l’inlassable recherche d’une hypothétique perfection, fibres d’un cœur offert à cent personnages en quête d’incarnation… et d’amour ! On ne saurait imaginer jusqu’à quel point de non-retour peut s’égarer la sollicitude de l’auteur envers ses créatures de fiction ; pour mener à terme cet enfantement, extirper ces entités fantasmagoriques du plus profond de ses tripes, l’écrivain a souffert au-delà de ses limites et s’apprête encore dans la joie à endurer mille sacrifices ! Encore heureux quand la critique, de ses dards féroces ou empoisonnés, n’aggrave pas à plaisir les plaies du malheureux ! Personnellement, je ne me plains pas car, du côté de la presse locale, j’ai eu droit à des roses sans épines : « …un talent à découper au chalumeau tant c’est du solide… une sensibilité werthérienne capable de dégeler un iceberg… de l’humour à revendre en Bourse où les spéculateurs se bousculeront au portillon de la rigolade… etc. » Mon grand âge a dû jouer en ma faveur. Bien souvent, il suffit ainsi d’une pichenette pour vous lancer dans l’orbite des sphères littéraires. Entre nous, si Broost n’avait pas attisé notre gourmandise avec ses pâtisseries, et Saerte affiché si impudemment ses haut-le-cœur, ils n’auraient pas fait long feu dans nos anthologies. Il est vrai que tout le monde n’a pas une madeleine à se mettre sous la dent ni la nausée à fleur de méninges ! Après cette chiquenaude initiale, il ne reste plus à l’écrivain qu’à se tracer un chemin, comme une nébuleuse dans la nuit de l’obscurantisme. A ce propos, pas plus tard qu’hier, je dédicaçais mes livres à la Maison de la culture. Un individu s’avance, plein de morgue à mon égard comme si j’étais un marchand de frites. Il pointe un index crasseux sur la jaquette immaculée de mon bouquin : « C’est combien ce machin-là ? » Un machin ! Mon chef-d’œuvre ! Ma vie ! Ma raison d’exister ! Ô, l’homme abject qui piétine à plaisir l’inestimable offrande de l’auteur et s’acharne à détruire sa ferveur et ses illusions ! A défaut d’étrangler le sacrilège, je lui rétorque avec hauteur : « Je ne vends pas, j’expose… pour le plaisir ! - Alors, qu’est-ce que vous fichez ici, à enlever le pain de la bouche aux vrais écrivains ? » Tout de suite les grands mots ! Sur ce, j’ai rassemblé dignement mes chers invendus et j’ai quitté le hall. Avant de rentrer chez moi, je passe à la boucherie où l’on me hache un steak tandis que la voisine mendie quelques déchets pour son matou. Sur le comptoir s’étale le journal de la veille ; j’ai à peine le temps de reconnaître un alexandrin de mon dernier poème… et hop, la pitance du chat, magma sanguinolent, s’abat sur mon texte : adieu, ma danseuse hindoue, toi que j’ai célébrée dans mon ode et aimée dans le secret de mes fugues orientales ! Divine bayadère, pardonneras-tu jamais cet outrage à ta beauté ? Désormais la graisse de bœuf dégouline sur le henné de ta chevelure, et le sang du sacrifice se coagule laidement entre les gazes irisées dont j’avais paré ton corps de déesse. Quelle infamie ! Pour mon boucher qui n’a pas inventé la poudre, je demande ton indulgence. Pour moi-même, je n’ose implorer ta grâce : dans mon rêve, tu vivais libre, adulée, mon crime fut de t’emprisonner dans la cage d’un poème ! En entrant dans mon immeuble, j’ai quand même eu une consolation. La concierge, qui épluchait des légumes, m’a fait signe à travers le carreau : « Entrez, monsieur Sidoine, vous êtes encore dans le journal ! Quel honneur pour la maison ! J’ai mis l’article de côté, mais je ne sais plus où je l’ai fourré… ah, le voici ! » De la pointe de son couteau, la bonne femme écarte les fanes d’un navet, trifouille dans les raclures de carottes. Je surprends mon faciès d’homo sapiens enfoui sous un trognon de chou et agrémenté d’un parcimonieux entrefilet. C’est ainsi que j’apprends incidemment la nouvelle : mon premier roman vient d’être couronné par un prix littéraire ! Je n’en éprouve nulle vanité, mais plutôt une immense gratitude envers mes personnages. Chères créations de mes fantasmes, c’est à vous seules que revient aujourd’hui l’honneur qui m’échoit ! J’exulte de tendresse face à ces êtres sortis de rien et façonnés à ma convenance. Il me vient cependant quelques scrupules : n’ai-je pas usurpé mon pouvoir sur ces âmes dociles à mon bon vouloir, et pour lesquelles j’eus le libre choix du bonheur ou de la malchance, comme le droit de vie ou de mort ? Je manipulais mes héros, telles des marionnettes, leur laissant porter comme une croix le poids de mes déceptions, en les abandonnant dans la tourmente que j’avais délibérément provoquée sans leur demander leur avis ! Si mon indulgence fut sans bornes face aux débordements de certains d’entre eux, en omettant parfois de livrer les coupables à leur châtiment, j’ai récompensé la vertu par le malheur, et jamais mes personnages n’ont protesté ! Emoustillé par le succès, je viens de passer la nuit à relire les épreuves de mon second roman. Je parlais à la légère en me prenant pour un dieu, souverain maître de ses créatures : l’heure de la révolte vient de sonner ! La preuve en est dans ces pages qui défilent sous mes yeux incrédules, et dont je n’ai pas le moindre souvenir ; elles sont pourtant là, écrites de ma main ! Mes héros favoris ont disparu du scénario ; des inconnus se sont glissés dans le fil du récit, sabotant les meilleurs passages et me conduisant où je n’ai guère envie d’aboutir. Les rebelles dénaturent outrageusement mon style, multiplient les invraisemblances, accumulent mensonges et grossièretés. Je décline d’ailleurs toute responsabilité quant aux ressemblances frappantes avec des personnalités vivantes ou disparues, ce qui ne manquera pas de m’attirer de nombreuses inimitiés chez mes lecteurs, peut-être même quelque procès ! Cette fois, je suis piégé ! Depuis l’aube, une délégation de héros et d’antihéros assiège ma table de travail. L’un joue avec mon presse-papiers, l’autre décortique avec hargne mon dictionnaire, un troisième larron tapote d’un doigt le clavier de mon ordinateur. Dire que je les ai tirés de leur néant ! Les mutins estiment que le temps est venu pour eux de prendre en main leur destinée et de vivre leur vie comme ils l’entendent. Ils se trouvent assez grands, assez forts pour voler de leurs propres ailes ! Parmi les plus agressifs, je reconnais ma danseuse hindoue ! Personnages principaux et figurants me condamnent à disparaître de leur existence car ils n’ont plus besoin d’auteur ; impitoyables, ils m’acculent au non-être, moi qui les ai créés de toutes pièces et à qui ils doivent tout : quelle ingratitude ! Mais n’est-ce pas là un juste retour des choses ? La disparition du vieil écrivain a longtemps intrigué la police et suscité beaucoup d’émotion dans l’immeuble. On a désormais perdu tout espoir de retrouver mort ou vif le farfelu du septième. Denise Duong |
Etrange
banalité
du
quotidien |
|
|
Le
réveil
sonne.
J’ouvre les yeux, avec le désir de découvrir
ce
que
je
sens :
la
chaleur
d’un soleil
levant ;
la
lumière
naissante
donnant
vie
aux
couleurs.
La
« paisibilité »
de
la
vie…
J’ose, je me décide.
Oui
c’est bien ce que je vis :
la
chaleur
du
soleil
levant,
douce
et
chaude
comme
le
réveil
auprès
de
l’être aimé ;
la
lumière
du
levant
est
comme
un
voile
de
bonheur
sur
toute
chose. Je
me
dis
que
cette
journée
sera
agréable
à
vivre.
Non
pas
que
je
sois
quelqu’un de morose
mais
parfois
je
suis
anéanti
par
le
banal,
la
routine. Aujourd’hui, mon café est léger mais parfumé.
Ce
que
je
trouve
à
déjeuner
me
satisfait.
Je
suis
célibataire
je
n’ai que moi à penser ;
quand
je
fais
les
courses,
c’est l’envie du moment
sans
penser
au
lendemain ;
alors
souvent
je
m’accommode
de
ce
qu’il y a. L’eau chaude
sur
ma
peau
me
réchauffe
agréablement,
semble
prolonger
la
profondeur
de
la
nuit. Je
cherche
mes
clefs.
Je
les
mets
toujours
au
même
endroit
mais
je
les
cherche
toujours
ailleurs. Le
téléphone
sonne.
Quelle
invention !!
Il
y
a
toujours
quelqu’un pour vous ramener
à
la
dimension
du
quotidien,
la
réalité
quoi !! « -Allo !...
oui…
j’arrive !
Justement
je
partais ! » Pourquoi
appeler
à
cette
heure,
alors
que
je
me
rends
au
travail
à
ce
moment
même ?
Sans
doute
pour
faire
comme
dans
les
films… !?
Ah
non !
J’oubliais ! Je
suis
inspecteur
de
police
criminelle.
Si
je
n’ai pas d’adresse
où
me
rendre,
comment
puis-je
travailler ?
J’enquête
sur
un
lieu
de
crime.
Que
vais-je
découvrir
aujourd’hui ?
Le
crime
me
paraît
toujours
banal.
Les
circonstances
par
contre
sont
comme
une
empreinte,
une
signature,
toujours
différentes.
Les
circonstances,
c’est cela qui aiguise
ma
curiosité,
qui
font
qu’un crime devient
« le
crime ».
C’est un mélange
de
motivations
qui
guide
l’âme humaine,
l’ultime
réflexion…, l’ultime
réflexe
humain ! J’arrive
donc
rue
Wagram.
Pas
possible
de
se
tromper :
la
brigade
est
là,
tous
feux
allumés :
voitures
blanches,
voitures
rouges,
gyrophares
bleus… On
me
dresse
le
décor :
un
couple
et
ses
deux
enfants
assassinés
dans
leur
maison,
du
sang
partout
comme
on
se
l’imaginerait
dans
une
boucherie.
Deux
témoins
sont
à
disposition. Génial !
Allons
voir !
C’est tellement
rare
des
témoins
qui
semblent
fiables ! Mes
collègues
sont
si
enthousiastes ;
allons
voir !
Non
entendre ! Je
monte
à
l’étage du crime… Un vieil hôtel particulier
où
tout
est
joliment
aligné :
la
tapisserie
d’un goût suranné ;
une
stèle
où
trône
la
plante
séculaire
qu’une vieille
dame
arrose
parcimonieusement ;
le
tapis
rouge
sur
le
palier
entretenu
depuis
des
lustres
que
le
va
et
vient
de
la
brigade
de
police
a
rendu
fade
et
délavé.
J’appuie
sur
le
bouton
de
l’ancienne
sonnette. Une
femme
m’ouvre.
Elle
me
donne
une
impression
d’être de tous temps : Tween
set
rose,
jupe
de
tweed,
chaussures
confortables,
blonde
aux
yeux
bleus
éteints. « -
Bonjour
madame !
Je
suis
l’inspecteur
de
police
chargé
de
l’enquête
sur
les
circonstances
dramatiques
du
décès
de
vos
voisins.
Que
pourriez-vous
me
dire ? » Et
là
la
lumière
fut !
La
volubilité
de
la
dame
à
l’énoncé
de
ma
requête,
contraste
avec
son
apparente
austérité. « -
Ah
oui !
Oh !
C’est horrible
cher
monsieur.
Mais
vous
savez
il
fallait
s’en douter. Il
ne
se
passait
pas
une
semaine
sans
que
l’on entende
le
couple
se
quereller
et
les
enfants
crier,
les
pauvres ! Mais
cette
nuit
c’était pire on aurait
dit
des
cris
de
bêtes
sauvages.
Ce
matin
comme
personne
ne
sortait
de
l’appartement
j’ai trouvé
cela
bizarre. Tous
les
jours,
l’homme sort à la même heure de son travail.
Sa
femme
suit
trois-quarts
d’heure plus tard pour accompagner
ses
deux
enfants
à
l’école.
Remarquez,
je
ne
vois
pas
pourquoi,
ils
sont
grands,
ils
vont
au
collège. Leurs
allées
et
venues
sont
réglées
comme
un
métronome.
Les
enfants
rentrent
avec
leur
père
puis
c’est la mère qui rentre
du
travail,
enfin
vous
voyez ! » « -
Non,
je
ne
vois
pas,
me
dis-je !
J’imagine ! » « -
Qui
a
prévenu
la
police ? » « -
Oh,
c’est moi, Monsieur,
comme
je
vous
l’ai dit, l’ambiance
n’était pas comme d’habitude.
La
querelle
était
plus
virulente ;
les
bruits
étaient
différents
aussi.
Ils
se
sont
battus
et
puis
ces
cris…
peut-être
qu’il l’a étranglée… ?
Qu’elle s’est débattue !
Et
les
enfants ?
Comment
a-t-il
fait ?
Voilà
inspecteur. » « -
Bien
madame.
Je
vous
remercie
de
tous
ces
renseignements,
je
vous
demanderai
de
bien
vouloir
venir
faire
votre
déposition
au
commissariat. » Assez
convaincu
de
ce
témoignage,
je
décide
de
le
confirmer
par
un
autre
témoin. Pensant
aux
voisins,
juste
en
face
de
la
scène
du
crime,
j’appuie
sur
le
même
bouton
de
l’ancienne
sonnette.
Celui-ci
a
la
même
allure,
un
peu
plus
âgé
sans
doute.
Il
me
fait
le
même
récit,
me
décrit
les
mêmes
impressions,
le
même
rythme
de
la
famille. Pour
moi
la
chose
est
entendue :
drame
de
la
vie
conjugale,
la
routine
pesant
sur
un
homme
dont
les
aspirations
étaient
différentes
de
celle
que
lui
ont
transmis
ses
parents.
Il
ne
me
reste
plus
que
ma
visite
à
faire
sur
le
lieu
même
de
cette
banalité
du
quotidien. Il
me
faut
recueillir
les
premières
constatations
du
médecin
légiste… Ici,
je
n’ai pas besoin
d’appuyer
sur
la
sonnette,
la
porte
est
ouverte.
Il
y
a
plus
de
monde
que
d’habitude
et
l’atmosphère
est
bizarre.
Les
collègues
de
la
criminelle
ont
le
visage
crispé,
inquiet.
Ils
restent
muets.
Ce
n’est pas dans leur habitude.
Les
scènes
de
crimes
font
partie
de
notre
quotidien.
Ils
me
regardaient
bizarrement.
J’avance
alors
dans
la
pièce
éclairée
de
plusieurs
spots
au
plafond
qui
diffusent
une
lumière
éblouissante.
J’avance
et
je
balaye
la
pièce
principale
du
regard
et… ? Une
émotion
me
submerge
qui
jusqu’à présent
m’était étrangère.
Je
ne
peux
même
pas
la
comparer
à
celle
ressentie
lors
de
ma
première
enquête
criminelle.
Je
suis
à
la
fois
étonné
et
heureux.
Je
me
sens
bizarre,
je
suis
assez
surpris
de
voir
tout
ce
sang,
je
ne
sais
quel
instrument,
quelle
bête
sauvage,
par
quel
individu
à
la
folie
meurtrière,
je
n’arrive
pas
à
y
croire… Le
médecin
légiste
tourne
son
regard
vers
moi.
Son
horreur
se
lit
sur
son
visage.
Je
cherche
des
réponses
dans
ses
yeux
autant
que
je
cherche
d’air pour respirer. Il
me
fixe
avec
un
regard
lourd
et
me
lance : « -
Oui !
L’arme du crime est une hache !
Et
encore
mieux,
j’ai les empreintes. » Il
me
lance
un
sourire
narquois.
« CE
SONT
LES
VÔTRES ! » Camille
Bourlet
– 2nde
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