SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°24
Janvier-février-mars-avril 2008
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Illustration BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES |
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Le
Bel oiseau blanc page 4
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Collège
Renaud-Barrault |
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Sans
toi page 4
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Marjorie |
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Petit ange et Souffrances éternelles page 5 |
Stéphanie
BONNEVILLE |
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Notre environnement pollué page 6 |
Fanny CANONNE |
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La girafe malheureuse page 7 |
Tedy
AVRIL
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Le trésor chatouilleur page 7 |
Thomas WANESSE |
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HUMOUR ET PATOIS |
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Informations diverses page 8 |
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Un bé Noël et L'nouvel in page 9 |
Jean-Pierre LEFEBVRE |
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L'bal des sirènes page 10 Al dernian minute page 11 Amuseries page 12 |
René BAZAIN Hector MELON D'AUBIER Jean-François SAUTIERE |
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ADULTES |
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Le petit train du Cambrésis page 13 |
Jean-Charles JACQUEMIN |
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Soif mon amour page 14 |
SAINT-HESBAYE |
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Dithyrambes page 14 |
HERTIA MAY |
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Droit au but page 15 |
Pascal BIRDY |
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Farandole page 16 |
Véronique ROBERT |
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La plage en août page 17 |
Thérèse LEROY |
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Les gens d'amour page 18 |
Marcel LESAGE |
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Savoir vieillir page 19 |
André NOIRET |
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Le cerf page 20 |
Roger DEVILLERS |
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Nature page 21 |
Pierre BABILLOT |
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NOUVELLE |
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Ultime cadeau page 22-23 |
Paul LEFEBVRE |
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Drôle de destin page 24 |
Mélodie CALVANESSE |
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Métempsychose page 25-26 |
Charly CAILLAUX |
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GPS Girl
page 27-28-29 Le parc en face de chez moi page 30-31 |
Gilbert BASQUIN Floriane KUROWIAK |
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AVE
LA CAUDRIOLE
! Que nos vœux
t'accompagnent en ta longévité, Que tes auteurs
progressent, en nombre, en qualité, Que de nombreux lecteurs,
de plus en plus fervents, Viennent grossir nos
rangs de leur engagement, Ainsi sois-tu ! Paule Lefebvre |
COLLEGE
RENAUD-BARRAULT |
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LE BEL OISEAU BLANC Le blanc de ton plumage apparaît au dehors. Est-ce un rêve ? Ou mon ami est revenu. Quelle joie de te revoir ! Tu viens chaque année me
retrouver. Mon jardin t'accueille, tu
peux venir picorer. Qui te pousse à revenir ? Juste là, dans ce froid de
novembre. Mais ta visite est si courte. Qu'il faut que tu t'en
ailles. Je ne sais pas où ! Je reste rêveuse. Sûrement en pensant à ta
prochaine visite. Bel oiseau blanc
reviendras-tu ? Chloé – Collège
Renaud-Barrault |
SANS TOI |
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Sans toi je ne peux pas, Sans toi je ne suis plus moi Sans toi c’est comme La haine sans l’amour Sans toi c’est comme La mer sans eau Comme la pluie sans soleil Tout ce qui m’émerveille n’existe plus sans toi Tu es celui qui fait tourner
mon monde à moi Sans toi C’est comme les réponses sans question Si un jour un de nous doit
disparaître Ce n’est pas un de nous qui partira C’est aucun de nous qui restera Parce que nous on S’aime à la folie Toi sans moi c’est comme Moi sans toi c’est impossible Je t’aime Marjorie 12 ans |
PETIT
ANGE |
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De Stéphanie BONNEVILLE Un petit ange s’est perdu, Même
au loin il ne trouve plus Le
moindre reste d’un espoir, Rien n’est visible à ce brouillard. Les
anges m’ont-ils laissée tomber ? Sur
cette terre dure et triste, Toujours
les larmes l’envahissent, Jamais
son regard ne vient se poser ! Les
flammes de l’enfer fleurissent, Endorment
le bonheur, les sourires, M’endorment
dans ce cauchemar, Me
réveillant cet aigle noir ! Ce
ciel beaucoup trop nuageux, Ses
ailes reprendront le chemin, Le
reste de vie dans ses yeux Disparaît,
oublie ton chagrin ! |
SOUFFRANCES ETERNELLES |
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Mes yeux sont devenus
orage, À force de larmes,
colère, Ne plus jamais voir ton
visage, La foudre te ferait
poussières. Une averse s’abat, le
ciel N’est plus bleu,
demeure couvert, Les rues meurent,
semblent en enfer, Les anges cherchant
l’éternel. Mais sans jamais
trouver ce monde, La force d’y croire
s’oublie Et devient misère, la
nuit Les démons s’éveillent
dans l’ombre. Tant d’agitation, de
soupirs, Près de nous tous
viennent fleurir, Se fanent nos derniers
bonheurs, Mais pourtant restent
dans nos cœurs. Je ne sais plus les soirs d’été, Là où les souvenirs se perdent, Où l’avenir était gravé, Cette foudre entre nous s’y perd. Maintenant gravé dans mon cœur, Je ne peux plus rien effacer, Je peux seulement oublier. Cela est pour moi une
étape Trop difficile à
surmonter, J’espère ne plus avoir
mal. De Stéphanie BONNEVILLE |
NOTRE ENVIRONNEMENT POLLUE ? |
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J’écris ce texte pour tous les
gens qui polluent notre environnement !!!! Nos petits enfants se demanderont
quand ils seront grands « Pourquoi notre
environnement est-il pollué ? » Ils nous poseront des questions
sur cette histoire, mais si cela s’arrête Nous n’aurons pas d’histoire à
leur raconter sur notre environnement. Alors, voici un petit rappel pour
tous les pollueurs : Vous qui jetez vos déchets par
terre, vous savez ce que vous faites ? Vous polluez notre
environnement !!! Cela n’est pas très gentil. Attention, car si l’environnement
est pollué, notre planète sera détruite A cause des gens qui ne mettent
pas leurs papiers à la poubelle mais par terre. S’il vous plaît, faites attention
où vous mettez vos déchets. Un conseil, Mettez-les à la poubelle. Vous polluez notre
environnement !!! Cela n’est pas très gentil. Attention, car si l’environnement
est pollué, notre planète sera détruite A cause des gens qui ne mettent
pas leurs papiers à la poubelle mais par terre. S’il vous plaît, faites attention
où vous mettez vos déchets. Un conseil, Mettez-les à la poubelle. Fanny Canonne 12 ans
Regardez cette image : C’est la planète polluée
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LA GIRAFE MALHEUREUSE |
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Il était une fois
un chien errant qui rendait une girafe malheureuse. La girafe était
emprisonnée par le chien errant. La girafe
criait, chantait… Une fois, une
fée avec une baguette magique fit un marché avec la fée qui lui dit : - « Est-ce que tu veux être transformée
en une immense créature jusqu’au coucher du soleil, et au coucher du soleil
je te transformerais en petite souris ? ». La girafe lui
répondit en hésitant : - « Oui je veux me
venger de ce chien errant de malheur, je veux me venger de lui, et au coucher
du soleil tu me transformeras en une toute petite souris ». D’accord. La fée
lui jeta un sort pour qu’elle se transforme en un immense géant tout vert. La petite girafe
qui était maintenant un grand géant chercha pendant longtemps le chien
errant, elle le trouva devant son ancienne cage. Elle se cacha
derrière le chien et l’attrapa et le tua. La fée apparut et transforma la
girafe en une toute petite souris. de Tedy
AVRIL |
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LE TRESOR CHATOUILLEUR |
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Cette
histoire commence en 1666 à Alexandrie en Egypte. Il y
avait un homme surnommé Ronchon, il ne riait jamais, il ronchonnait tout le
temps. Un beau matin le facteur amena une lettre de sa tante Rosita Panpan
qui lui écrivait que son oncle Augustin était fort malade. Avant d’arriver
chez sa tante, il trouva une carte au trésor, alors il alla à la quête du
trésor chatouilleur. Il traversa une grande partie d’Alexandrie puis arriva
devant la plus grande fontaine d’Alexandrie. Il y avait un grand coffre en
fer forgé, à l’intérieur de ce coffre il y avait une machine à chatouiller et
d’un seul coup il se mit à rire il ne savait plus s’arrêter ! Il
ramena ce trésor chatouilleur chez sa tante et d’un coup la machine
fit : « vrombladaboom » et l’oncle de Ronchon était guéri et
toute la famille se mit à rigoler et ne sut plus s’arrêter. Thomas Wanesse 9
ans |
UN BE
NOËL ET L' NOUVEL IN |
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Gustaffe y' éteut un SDF bé connu dins sin quartier. L' soir d' Noël,
après avoir avalé inne soupe queute à l'Armée du Salut, y s'éteut intortié
dins sin viux mintiau râpé et y s'éteut couqué su un moncheu d' cartons pas
d'sous l' voûte d'inne grinne mason. Par nuit y sint qu'in l'alote. Y veut inne belle finme aveuc des longs
cavés blonds et un bé mintiau d' fourrure qu'al y dit : "Venez mon
brave, j'habite ici". Al l'inmonne dins sin grind salon plon d'
linmières et al y' amonne un gros morcé d' gâtiau al crinme et inne grinne
coupe d' chimpanne. Y' aveut un grind fu qui brûleut dins l' qu'minée. L'
finme aux grinds yiux noirs, a s' pinche sur li et al commince à l'imbrasser
su s' minne aveuc des baises toute queutes et toute crutes. Qu'y éteut bé ! C'est à c' momint-là qui s'est réveillé. C'éteut sin quien, Tino, qui
l'arléqueut pou l' récauffer parce qu'y véeut qu'y trinneut d' freud. Adieu belle finme, gâtiau, fu dins l' qu'minée. In bertonnint dins s'
barbe blinque, Gustaffe y l'a ramonchelé sin mintiau sur li in s' disint qu'y
aveut quind minme eu un bé Noël, minme in rêve. Mint'nint qu' vos connaissez Tino, vos comperdez pouquo qu' Gustaffe y
n' veut pos aller couquer dins un foyer d'accueul. J' n'ai pos souv'nir d' réveillon d' nouvel in quind j'éteus tiot. Min
père, y n' voleut pos s'intéresser aux fêtes d' fin d'innée. Noël : y
bouffeut du curé ! Alors, ni réveillon, ni gueuleton. Quind au prinmier d' l'in, y n'
voleut pos qu'in y souhaite l' bonne innée : y diseut qu' c'éteut des
manières d' feux-diape. R'marquez qu'y n'aveut pas complètemint tort. Mi, ça m'arrive "d'
faire réveillon", l' trinte et un décimpe, aveuc des comarates. A
minuit, in s' fait plon d' baises et in s' souhaite plon d' bonnes séquois,
surtout inne bonne sinté. C'est çoù que j' vos souhaite à tertous, mais çà n' m'impêche pos d' pinser à tous ces peuffes diapes qui
couqu'tent à mi ché rues, à tous ces sins-papiers qui ont eu l' malheur d'
vnir au monne dins des pays très très peuffes ; et je m' dis, qu' si y'a un
Bo Diu, j' voreus bé qu'y s'armuche in tiot peu pour yeusses ! Jean-Pierre Lefebvre |
L'BAL DES SIRENES |
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Si no village i
s'agrindit I-a sin commerce
qui s'ingourdit Et j'vos avoue
qu'ça m'turlupine De n'pus
intin-ne l'chant des usines Car à Caudry
l'marche du boulot Alle teut réglée
pa les sifflots Et l'viu
tulliste ça l'préoccupe De n'pus
intin-ne l'sifflot d'mo l'tupe C'ti de
l'Comète, d'mo Maréchal C'ti d'Mélayers
et du Transwal D'mo Dézécache
et du Maroc Et l'tout daron,
l'sifflet d'la Coop Sins compter
d'eutes qu'j'ai oubliés Pou compléter
min plaidoyer. Pou vos app'ler
à vos boulot Qu'ça seut
l'tulliste ou l'dactylo In évitant
d'être à la traine I-avait pou ça
deux cops d'sirène I-a c'ti d'moins
dix, falleut s'grouiller Pou être à
l'heure à l'ateiller Et dins l'coron,
c'éteut l'départ D'inne véritable
volée d'mouviars Au jour d'à
c't'heure, finie la fête Toutes ces
sirènes, alles sont muettes I-ont vu
l'commerce ben s'essoufler Et ça lieu-s-a
coupé l'sifflet Mais si un jour
l'commerce y r'prind Ça n'a ré d'sûr,
et ça s'comprind In-ne miette à
l'feus, els ateillers D'in long
sommeil vont s'réveiller Et de nouveau,
l'bruit des métiers I-invahira tous
les quartiers Et comme rin
n'passe et qui n'rapasse Pou qu'les
tullistes montent à leu passe Tous les
sifflets, de bon matin I-r'front
l'appel, tout comme dins l'timps Et la dentelle,
redev'nue reine Ce s'ra d'nouveau,
l'bal des sirènes. René BAZAIN |
AMUSERIES 2 |
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Il
est interdit de nager dans ces eaux-là, Emile ! Cinq
pétroliers sombrent en mer : le lieu noir est en promotion. Vue
de l’avion la piste est lisse. Pour
faire les yeux doux la jeune archéologue met des faux cils. D’où
vient cette oie ? -
D’Inde. Ce
point brillant dans le ciel c’est Saturne, hein, mon canard ? Dites-moi, Arthur, où est allé Paul ? -
Vers l’Aisne. Une
locomotive fumante arrive près du quai et s’y gare. Devant
cette triste toile on peut dire que l’art est nié. Pour
vivre heureux, vivons couché. Comme
il avait à masser une grosse fortune, le kinésithérapeute prit sa retraite. Cette
année, les personnes alitées n’ont pas participé au défilé du 14 juillet. Quand
elle était petite fille, à Noël, ses parents souhaitaient à George Sand un
« Berry Christmas ! » Hésitant,
le robot tique. Le
roi bedonnant ne veut plus grossir. Depuis
qu’il a acheté une propriété près de Paimpol, chaque week-end l’hébreu tond. Du
fond de l’horizon les blés d’or ondulaient Et
les vaches aussi. Un
pitbull attaque un passant : c’est la mort sûre. Elle
a été piquée à son insu, Line. Son
dessein ayant toujours été d’être bûcheron, Léonard devint scie. La
neige et la montagne c’est ski lui plaît ! L’ouvrier
s’est cogné : ça lui a fait un bleu de travail. Jean-François Sautière |
LE PETIT TRAIN DU CAMBRESIS, MON AMI |
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Jean-Charles JACQUEMIN |
DITHYRAMBES |
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Réunis en ce soir, gens de la Caudriole Nous sommes tous venus souhaiter l’an à
Paule : Oh ! Point de cabriole, nenni de
gaudriole, Ici, nul ne se gausse, ni tape sur
l’épaule ! Pas question d’encenser, de porter au
pinacle Notre aînée, l’égérie, pourquoi pas
notre oracle ? Les thuriféraires sont partis, ô
miracle, Avec leurs dithyrambes au tabernacle. Amis sommes venus vous présenter nos
vœux : Des plumitifs en quête, ce soir pour
tout aveu D’une coupe de nectar pétillant de joie. Sous l’égide d’Apollon, sous les fragons
verts Du nouvel an, célébrons sa pythie en
vers Sibyllins, près de l’âtre où les tisons
rougeoient. HERTIA MAY |
SOIF MON AMOUR |
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J’ai soif mon amour Je
bois de cette eau Près
des sources froides Je
languis agonisant Le
sang qui meurt là Mon
âme s’en va En
la beauté des bises Que
le vent déguise Requiem
en rêvant De
toi damoiseau Impossible
vision D’un
beau mirage Mon
amour a soif De
tendresse en délire Mon
amour a bu Ta
caresse du sourire Saint-Hesbaye |
DROIT AU BUT.. 020907 ( La Crau … |
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) Je les aime bien.. Ils
vitupèrent, ils trichent, mais ils se congratulent en silence dans un clin
d’œil approbateur ou s’ignorent d’haussements d’épaules réprobateurs. Ils sont joueurs dans
l’âme, taquins, mensongers, gaulois.. Sous les platanes ombragés, ils sont
ombrageux pour celui qui bouge quand un, s’applique.. Ils font voler la
poussière ou claquer le fer. Ils font encore des étincelles.. Ils sont une équipe soudée
pour gagner ou pour s’enguirlander dans la défaite... Ils entretiennent des
silences compromettants ou des chuchotements de stratégie sournoise.. Ils sont frondeurs et
toisent l’adversaire à coups de réflexions gentilles.. et perfides.. Ils se parlent et se
répondent par boules interposées. Pour une qui brille un peu trop, pour une
un peu plus ronde, alors ils se baissent et les voilà arpenteurs de
centimètres voire de millimètres.. A genoux pour prier dans leur jeu et tenir
le point.. Ils sont hâbleurs de leurs
concours passés sur des champs de bataille, non des terrains aux tournois
autrement plus difficiles.. Ils se racontent des histoires du passé et ils en rient comme
des enfants dans leur cour d’école. Ils ont troqué les billes
pour les boules et leur primaire, en face, s’est fait buissonnière, il y a
bien longtemps.. Ils jurent et tapent des
pieds pour une boule égarée de son parcours si soigneusement préparée, parce
que ce petit caillou, cette branchette ou cette ornière de vélo de garnement
l’a détournée du droit chemin.. Ce sont des éternels
enfants. Entre la mairie, la pharmacie, le bar et la poste, ils sont sur leur
terrain de jeu. Malheur à celui qui le
traverse, qui bouscule une boule ou qui commente sans comprendre, l’intention
du moment. Dans des cadences irrégulières,
des boules viennent cogner les planches en bout de piste.. Ils aiment se retrouver,
ils se connaissent par cœur, adversaires d’un jour ou d’une partie, équipiers
le lendemain, en doublettes, en triplettes, ensemble.. Quelques jurons, d’un patois
présent, pour ces jeunes à la retraite et les voilà souriants. Pour une Belle qui passe,
le regard bien droit et le déhanchement onduleur.. une gentille réflexion, et
les voilà riants.. Ils lissent leurs vieilles
moustaches quelques instants ou se rappellent que c’est la fille d’untel ou
la femme de celui là.. C’est la cour des grands,
quoi.. Et c’est toujours la récréation.. Mais revenons au jeu.. L’ombre des grands arbres
se promène dans la cadence du vent. Les boules se ternissent
ou se mettent à briller à leur gré et les joueurs ajustent leurs casquettes..
Attention, il va tirer..
Grand silence. Même les plus vieux se taisent sur leur banc d’habitude.. Ils n’osent rallumer leur
mégot froid et s’ils ne voient plus grand-chose et n’entendent plus très
bien, ils savent qu’il vivent le grand moment de leur journée.. L’œil rivé sur la boule
adverse, bien trop prés du but, il ajuste la mire de son tir, il calme sa
respiration même si son cœur se bouscule un peu. Il sait tous les yeux qui
le regardent, tous ces gens attentifs pour son geste qu’il espère précis,
pour ne pas se décevoir, ni décevoir personne.. Même les platanes se
taisent et calment leurs feuilles d’été.. Tout le monde fait silence et
l’assistance attend.. Quelques enfants crient
bien, au loin dans la cour des petits mais ils appartiennent au village
aussi.. Ils sont au paysage.. Comme on est dans le midi
et qu’il sait que son public sera soit admiratif, soit déçu, il soigne son
effet.. Les pieds bien dans le
rond, la boule bien en main pour son destin dévastateur, il tire.. Et pan ! Voilà un
beau carreau sur place ! Les jeunes pigeons
s’envolent affolés avant que la foule, des connaisseurs, applaudisse,
conquise.. La boule meurtrie finit sa course et heurte aussi sa planche de
désespoir… Les Vieux respirent
enfin.. et si une larme chaude se colle sur quelque ride, c’est la poussière,
c’est sûr.. On s’embrasse. On se serre la main, on
veut déjà la revanche. On veut changer les
équipes.. Ici, le temps prend son
temps, il s’intéresse au jeu peut-être.. Il fait des jours heureux
à ces troisième âge qui s’accordent des plaisirs simples tout en se mesurant
leur performance, jour après jour.. Mais de vous à moi, juste
entre nous, je crois qu’ils jouent un peu d’argent.. Parce que c’est défendu ou
sans doute, ce sont d’anciens mauvais élèves, mais surtout pour pimenter la
partie, lui donner un enjeu, de la valeur, et pour rester attentifs à
l’intérêt de gagner. Le drapeau Français
s’étire et claque au fronton de la Mairie, la pharmacie écoule ses
médicaments à tous ses malades, la poste envahie fait la queue comme
d’habitude et le Bar fait couler ses limonades à la terrasse assoiffée.. Quelque aimant rattrape sa
boule, on fait son rond et le cochonnet s’en va rouler pour une autre
partie.. Ils sont dans leur monde,
ici tout tourne rond, s’approcher au plus prés du but, le toucher même.. Cela paraît facile.. Atteindre son but.. au
moins une fois dans sa vie.. Oui, je les aime bien..
ces boulistes… Pascal BIRDY |
LA
FARANDOLE DU TEMPS |
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La
farandole sillonne et vole. Ces
troubadours de l’espace Voyagent
dans les étoiles, Parcourent
l’univers à bord de leur vaisseau, Recherchant
ce qu’il y a de plus beau : Ruisseaux,
monts et collines, Oiseaux,
roseaux et ondines Ils
ont quitté la Terre, Pour
voir c’ qu’il y a derrière. Oubliant
qu’avant-hier, Ils
trouvaient super De
courir et sauter les rivières. Enfants,
ils étaient passionnés Pour
rouler, sauter, jongler Maintenant,
ils rêvent de revenir en arrière Pour
rire, jouer et chanter Ils
rêvent et c’est leur prière De
retrouver leur cour de récré Avec
leur prof bien aimé Qui
leur apprend, ces jeux géniaux, ces numéros : Rolla
bola Rouleau
en bois Fil
de fer Assiette
chinoise Et
jonglage Véronique
robert |
PLAGE
EN AOUT |
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Au loin la mer se
retirait J’ai marché sur la
plage souillée de papiers sales J’ai regardé avec
stupeur cette vision de fin du monde Thérèse Leroy 12 Août 2003 |
LES GENS D’AMOUR (Chanson) |
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On les devine à leur
sourire A leur regard qui semble
dire : « Nous sommes là
pour vous aider, Nous sommes là pour vous
aimer », Ils sont la joie, le
réconfort, La lumière qui mène au port, Les gens d’amour. Les gens d’amour ont de
grands cœurs Qui s’ouvrent comme celui
des fleurs. Elles ouvrent tout grand
leurs pétales Et les abeilles s’y
régalent Pour se gorger du plus
beau miel Avant de partir vers le
ciel, Les gens d’amour. Les gens d’amour prennent
la main De tous ceux qui ont du
chagrin. Ils donnent toujours aux
miséreux, Ils sont contents de
votre veine, Ils en oublient leur
propre peine, Et c’est ainsi qu’ils
sont heureux, Les gens d’amour. Ils sont tout plein, de
par le monde, Beaucoup plus qu’on ne
saurait croire. Leurs yeux sont comme une
eau profonde Et les enfants y viennent
boire. Leurs bras sont source de
tendresse, Leurs mains sont chargées
de caresses, Les gens d’amour. Nous avons tous une
cuirasse Collante comme de la
crasse Qui nous garantit de
l’amour. Il suffira peut-être un
jour Qu’un doux regard, un
grand sourire, Deux mains tendues nous
la déchirent Et nous serons : Des gens d’amour. Marcel Lesage |
SAVOIR VIEILLIR… |
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Savoir vieillir dans la tendresse Te souvenir de ta jeunesse Te redresser en maintenant Ton corps au mieux, l’esprit gagnant Savoir vieillir l’air malicieux L’œil pétillant le cœur heureux Offrir ton temps à tes amis Et apprécier toujours la vie Savoir vieillir toujours mûrir Parfois se sentir rajeunir Sans jamais vouloir relâcher Et sans jamais s’apitoyer Savoir vieillir dans la passion De reporter son affection De montrer d’ailleurs sa fraîcheur Arborant toute sa vigueur Savoir vieillir avantagé Ne pas faire l’âge qu’il y paraît Avoir ce regard attachant Des petits vieux de maintenant Savoir vieillir se souvenir Des jours heureux… de l’avenir Sans se soucier pour un instant Des petits ennuis du moment Savoir vieillir et profiter Des derniers jours d’intensité En sachant que rien n’est fini Tant que cette vie nous sourit Savoir vieillir tout simplement Sans être vieux ou faire semblant Sans jamais vouloir relâcher Ce qu’il nous reste d’humanité Savoir vieillir quoi qu’il arrive Avec courage et sans dérive Savoir vieillir sans renoncer De faire enfin ce qu’il nous plait Savoir vieillir sans renoncer De faire enfin ce qu’il nous plait… André Noiret –
Mai 2005 |
LE CERF |
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J’allais à pas lents par
la sombre allée En ce jour de septembre,
cherchant sous la feuillée Des cèpes, des girolles,
en un mot enfin De quoi déjeuner, par ce
clair matin. Une fuite éperdue, sous
la branche froissée, Et je vis… un cerf… au
galop débouché L’œil atone… hagard…
d’eau ruisselant Il me vit… haletant… il
s’arrêta tremblant. D’où venait-il, ce noble
animal Dont la beauté ne craint
aucun rival ! Quel chemin parcouru
depuis à peine une heure Au matin, joyeux, et
maintenant il pleure Son sort est-il d'être
toujours traqué De feuillée en
feuillée, un gîte rechercher, De finir sous les yeux
d'une noble lignée Qui croit se grandir
en voyant la curée ? Mon coeur en le voyant
se serra de tristesse. Où étaient ses petits,
sa femelle, sa clairière, La limpide rivière où
il buvait joyeux En faisant retentir
son long brâme sous les cieux ? Je fis un geste qui
semblait dire... quoi ! Me comprit-il, je ne
sais, il fila sous le bois Tandis qu'au loin
retentissait... le Cor Et que les chiens
hurlaient tous à la mort. Roger Devillers 12 Juillet 1956 |
NATURE |
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Un beau jour de
printemps une petite fille S’en allait dans le
bois pour cueillir la jonquille. Elle était si jolie dans
son manteau tout bleu Que l’on aurait pu
croire un bel oiseau des cieux. Elle allait
chantonnant le long du grand chemin Inondant les ramures
de ses joyeux refrains Ses longs cheveux
bouclés, ruisselant de soleil Etaient comme les blés
en juillet tout pareils Et, la voyant passer
si radieuse et si pure Je compris le bonheur
qu’apporte la nature. Bannies soient la
grand’ ville et ses tristes journées Où l’homme le plus
libre est toujours opprimé. Ce n’est qu’au fond
des bois ou au milieu des prés Que l’on peut
seulement vivre en toute liberté. Pierre Babillot |
ULTIME CADEAU |
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Cette
petite gare du Nord de la France est bien tranquille, et le train, à l’arrêt,
respire la même sérénité. La guerre est pourtant proche, mais personne ici ne
semble y songer. Sur le quai, un couple
d’amoureux se regarde au fond des yeux, plus sensibilisé, croit-on, à la
gravité de l’heure. Le garçon est mobilisé, la fille envisage un proche
exode. André et Claudie se
séparent douloureusement… Ils pensent amèrement qu’il ne passera plus guère
de train ici avant longtemps. Quelques
mois plus tard, une frêle jeune fille trottine allègrement sur le trottoir
d’une rue de Caluire. Elle est à la fois pressée et insouciante. A vingt ans
le monde est toujours un peu à soi. Son inconscience est telle qu’elle tient
à la main, sans aucune prudence, une liasse de feuilles que n’importe qui
peut déchiffrer à un ou deux mètres. Ce sont des tracts de la Résistance. La résistance fut
quelque chose d’étrange : une machinerie particulièrement élaborée d’une
part, un réseau de pulsions incontrôlées d’autre part. L’action sublime et
l’activité brouillonne. Le même idéalisme pourtant et le même courage. Mais
cette jeune fille, presque une ado, avec cette bombe entre les doigts !
Passe encore de mourir quand on est Jean Moulin, mais se faire prendre quand
on n’est que Claudie, la petite amoureuse insensée de cette gare tranquille
du Nord de la France, encore figée dans sa torpeur. Naturellement
elle s’est fait prendre… et emmener, Dieu sait où, par un occupant féroce qui
ne convint jamais n’avoir arrêté qu’une petite « pointure » et qui
s’acharna… Elle ne fut en rien épargnée. Ce fut la déportation à RAVENSBRUCK,
de sinistre réputation. Ce fut la faim, la crasse, les coups, les maladies.
Pire ! Les viols. Et ce, en groupe. Cela ne s’appelait pas encore
« tournante » mais c’était déjà plus qu’odieux ! Les
auteurs ? Des soldats allemands en service de garde et en appétit.
Qu’auraient fait des Français, eux aussi en grand manque ? Un jour… ce
fut un chien ! Les soldats étaient saouls… ils ont osé ! C’était
tellement plus drôle ! On la fit boire aussi, « pour corser »,
et fumer… Il y eut des fausses couches, c’était à prévoir. Bref !
L’horreur, la chute, le désespoir ! En 1945
la jolie petite môme de 1939 avait fait place à une « fille »,
marquée, au regard torve, aux gestes raides d’un pantin malmené. C’est
cette malheureuse qui reprit un jour le petit train en direction du Nord,
prostrée dans le coin le plus reculé d’un compartiment encore vide. Chacun
sait qu’après la nuit naît le jour, qu’après la pluie vient le soleil et que
le drame précède l’accalmie. C’est dans le train du Nord qu’un souffle de
douceur caressa le visage ingrat de notre voyageuse. Dans le cadre de la
porte laissée ouverte venait d’apparaître un beau gars, un gars que Claudie reconnut.
Il n’avait guère changé. La guerre lui était passée dessus sans dommage, et
son éternelle mèche blonde adoucissait son front. C’était André ! Il y a
des moments uniques dans la vie et qui vous paient de tout… Elle dévorait
André qui ne la voyait pas. Le regard de l’homme avait pourtant balayé la
silhouette recroquevillée, mais sans effet. Se pouvait-il qu’il ne l’ait pas
reconnue ? Il y a des moments atroces dans la vie qui vous désespèrent. Quelle
décision prendre ? Se taire et
passer ? Crier son espoir et se
faire reconnaître ? Certes André était
merveilleux, il la retrouverait, l’accepterait, prendrait son avenir en main.
Et s’il était marié ? Il trouverait une solution… Mais
serait-il heureux de ce chambardement ? Il avait laissé une adorable
jeune fille, il retrouvait… Il avait
peut-être réussi professionnellement, serait-il content de présenter cette
autre Claudie à son entourage ? Le passé ne leur sauterait-il pas un
jour à la figure ? Avec tous les dégâts que cela suppose. Un second
regard, tout aussi indifférent, lui rebalaya la joue, sans le moindre effet.
Il ne la reconnaissait pas. Qu’était-elle donc devenue ? On
reconnaît les gens perdus de vue, même après trente ans, s’ils ont vieilli
normalement. Mais quand l’intérieur, en plus, est totalement délabré… Tais-toi
Claudie, tais-toi ! Le train
se fit complice de la décision et s’arrêta. La pauvre silhouette déglinguée
descendit péniblement les marches incommodes. Le garçon la suivit quelque
temps du regard… Elle lui rappelait sûrement quelqu’un… Elle se
retourna, lui sourit… Un pauvre sourire dont il ne connaîtrait jamais le
prix ! Paule Lefebvre |
DROLE DE DESTIN |
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Marina, une
jeune fille talentueuse et pleine d’ambitions, vivait avec ses parents
adoptifs. C’était une fille bien élevée, elle était heureuse. Tout
commença le jour de son anniversaire lorsqu’elle arriva dans le salon et dit
à ses parents : « Papa,
Maman, aujourd’hui j’ai 16 ans et je crois que je suis enfin prête à
connaître ma vraie mère. » En disant ces mots, elle se sentait
gênée, elle avait peur de leur réaction. « Tu
en es vraiment certaine ? » « Oui,
je voudrais savoir tant de choses sur elle, son nom serait déjà important
pour moi ! » Son père essaya alors de changer de
conversation, il avait peur, peur de quoi ? On ignore. Les jours suivants, on remarquait que
Marina n’allait pas très bien. Heureusement que Cathy était là,
c’était la seule personne à qui elle pouvait en parler. Marina se confiait souvent à elle,
elle l’admirait beaucoup et avait une grande confiance en elle, toujours là
dans les moments les plus douloureux, peut-être tout simplement parce que
Cathy était plus âgée de 18 mois. « Mais
essaie de les comprendre, ils ne veulent pas perdre « leur petite
fille » ! »,
répétait sans cesse Cathy à Marina. « Et
puis imagine que ta mère soit la prof de gym ! Celle que tu admires
tant ! » Elles rirent toutes les deux. « Ce
serait la pire chose qui pourrait m’arriver ! » lui répondit Marina en riant. Un jour, lorsqu’elle rentrait du
lycée, ses parents étaient assis dans le salon en l’attendant. Sa mère lui
tendit un morceau de papier blanc plié. « Marina,
voici les seuls indices que nous possédons sur l’identité de ta mère
biologique. » « Merci ! »
Elle les embrassa puis reprit : « J’espère
que vous me comprenez vraiment et de toute façon vous resterez toujours mes
parents car elle m’a abandonnée. » Marina courut dans sa chambre et
s’allongea sur son lit. Elle était tellement stressée à l’idée de découvrir
le nom de sa mère biologique qu’elle n’osa pas ouvrir le papier. Elle
téléphona alors à Cathy. « Allo
Cathy ? » « Oui ? » « Tu
peux venir chez moi, s’il te plaît ? » demanda Marina toute excitée et angoissée en même
temps. Cathy arriva aussitôt. Elle avait
perçu au téléphone l’angoisse de Marina, elle savait qu’elle attendait ce
moment depuis tant d’années. Marina demanda alors à Cathy d’ouvrir
le papier à sa place. Elle hésita un moment puis l’ouvrit. Elle se mit à ricaner, c’était un rire
assez étrange : « C’est
une blague ? » demanda
Cathy. « Mais
de quoi parles-tu ? » Cathy sanglota, elle jeta le papier et
s’en alla en claquant la porte. Ne comprenant pas sa réaction, Marina
se leva pour voir ce qui était inscrit sur le papier. « Mlle
LOBET, née le 16 mars 1963. » Ce nom lui rappelait en effet
quelqu’un… « Mais
oui, c’est Cathy qui m’a parlé de cette femme, mais qui est-ce ? Je ne
m’en souviens plus. » Le lendemain, comme tous les matins,
Marina rejoignit Cathy à l’arrêt de bus. « Bonjour
Cathy ! » « Salut ! » répondit Cathy sans même la regarder. « Pourquoi
es-tu partie si vite hier soir ? »
demanda Marina, impatiente d’en savoir la raison. Cathy prit la main de Marina et lui
dit ! « Tu
sais… cette « Mlle LOBET »… » « Oui…
j’allais justement t’en parler… » Cathy la coupa : « Et
bien, c’est… c’est ma… c’est ma mère… » Marina fut très émue, elle lâcha la
main de Cathy et s’en alla. Mélodie Calvanese |
METEMPSYCOSE |
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Romain et
Boris avaient tous les deux 15 ans et ils étaient dans la même classe. Ils jouaient
souvent ensemble au basket après les cours, sur le terrain extérieur du
quartier où ils habitaient. A Marseille, il y a quelques terrains comme
celui-là, en béton, avec les poteaux tagués et les filets en chaîne de fer,
abandonnés au milieu des grandes rues. Romain et Boris jouaient aussi dans
l’un des clubs de la ville. Ils n’étaient vraiment pas mauvais au basket. Ils
habitaient dans le quartier « chaud » de Marseille, dans les
malheureux HLM qui pourrissaient d’année en année. Le taux de violence y
était élevé. Mais le basket était le moyen pour eux d’oublier tout ça ;
quand ils jouaient à deux, ils laissaient leurs problèmes de famille et autre
sur le banc de touche, hors du terrain. Lorsqu’un
jour, ils jouaient sur le terrain en béton défoncé au milieu du quartier, une
fusillade éclata entre deux gangs ; ils coururent dans tous les coins
pour se cacher mais Romain se prit une balle perdue en plein cœur. Le
gangster avait vidé son chargeur « à l’aveugle », dans le vide,
espérant toucher un gangster ennemi. Boris
n’avait rien pu faire, il n’avait plus que ses yeux pour pleurer sur le corps
de Romain. Les gangsters s’enfuirent… Romain fut
enterré un 29 février… Puis, des années
après, Boris qui continuait toujours le basket, acheta un ballon dans un
magasin de sport réputé. Un beau ballon de NBA jaune et bleu. Il rentra chez
lui et essaya quelques paniers au terrain du quartier. Soudain,
des bruits sortirent du nouveau ballon, on aurait dit des mots même… Oui !
C’était bien des mots, le ballon parlait ! -
« Salut
Boris ! » Boris
lâcha le ballon de suite, se disant qu’il était fou mais non, le ballon
parlait vraiment !!! Il le ramassa : -
« Je
suis Romain, je me suis réincarné en ballon. Je sais, ça paraît
invraisemblable mais c’est vrai, la preuve ! » dit le ballon. -
« C’est
pas possible… C’est pas possible… Ce n’est pas toi, je dois être en train de
rêver tout simplement ! » s’exclama Boris, avec les yeux grands
ouverts et la bouche bée. -
« Mais
non, pourtant ; tu ne rêves pas, c’est bien moi ! S’il te plait, ne
t’enfuis pas… » Romain, en
tant que ballon, pouvait faire ce qu’il voulait : il pouvait rebondir,
avancer en roulant et… sauter dans le panier !!! Il fallut
un mois à Boris pour se rendre compte que Romain était bien devenu un ballon
après sa mort… Ils
jouaient à nouveau ensemble maintenant, mais d’une autre façon : Boris
envoyait le ballon vers la cible et Romain n’avait plus qu’à se glisser dans
le panier ! Cela devenait plus facile pour Boris ! Il n’y avait que
lui qui savait que Romain s’était réincarné en ballon. Il garda le secret
pour que les gens ne le prennent pas pour un fou, ce qui se comprend… Le 9 mai était
un jour spécial. En effet, ce jour là, l’équipe du quartier Nord de Marseille
où jouait Boris était en finale de la coupe du Sud de basket, l’occasion
était unique : Romain n’avait jamais joué à un tel niveau ! Mais
pour que la « fête » soit encore plus belle, il fallait la gagner
cette finale ! Boris eut une idée… Il proposa
de jouer avec son ballon (qui n’était autre que Romain) ! Le match
serait beaucoup plus simple ! Mais Romain dit à Boris qu’il aiderait son
équipe uniquement si elle était en difficulté ; Boris comprit. Le match
commença, les deux équipes étaient très tendues ! L’équipe adverse était
Toulon. Le panneau
d’affichage annonçait : 17 – 17 au premier quart temps. 32 – 32 au
deuxième quart temps ; les deux équipes étaient de même niveau ! Le score
était de 66 à 66 au troisième quart temps ; pas moyen de se
départager ! Puis, dans
le dernier quart temps alors qu’il restait 5 secondes, la marque était de 80
à 81 en faveur de Toulon : Boris envoya le ballon du milieu de terrain
vers le panier car c’était la seule manière de remporter ce match, puis
Romain, ni vu ni connu, dévia sa trajectoire afin de se glisser dans le filet
du panier, Résultat :
83 – 81… Charly Caillaux |
< GPS GIRL > Anywhere – out of the world Charles Baudelaire |
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“…
Veuillez tourner à cinq cents mètres à droite, à la prochaine intersection…” Ah !
C’est le « GPS »¹ qui parle… Le « GPS » - ou plutôt cette
énigmatique, à la limite agaçante, voix susurrante de femme qui nous invite très
civilement à suivre ses indications. « Nous », car nous sommes
plusieurs à bord : mon ami, un acharné des dernières prouesses
technologiques, son épouse et moi-même – avec la mienne. Nous nous rendons à l’enterrement de
la mère d’un commun ami, une vieille et fidèle relation de travail… Et comme
le lieu de l’inhumation se trouve à l’autre bout du département – dans
« l’Outre-Forêt » comme l’on dit merveilleusement ici, tout un
programme, et pourtant il ne s’agit pas de la forêt de Brocéliande- mon ami n’a
pas trouvé mieux que de faire appel aux services d’un navigateur
électronique ! Nous sommes censés suivre notre
itinéraire sur le petit écran agglutiné comme un crapaud plutôt que fixé sur
le pare-brise, mais comme je me trouve à droite et qu’il y a des reflets, je
n’y vois rien… J’entends juste par intervalles cette voix étrange qui
crachote dans l’appareil : « Attention, apprêtez-vous à quitter la
route nationale… », « Père, gardez-vous à droite ; Père,
gardez-vous à gauche ! »² et ainsi de suite. Le conducteur, aux
anges et aux petits soins pour sa dernière acquisition, est littéralement
fasciné par cette présence féminine virtuelle toute en suggestions
courtoises. Par moments cela sonne comme le sifflement du serpent de la
Tentation au jardin d’Eden. Et pour un peu, si elle lui proposait de
s’arrêter sur le bas-côté… pour lui faire des propositions… hum, ma foi, pas
très honnêtes, sans doute lui obéirait-il aveuglément : « Voilà,
nous y sommes. A présent, veuillez desserrer votre cravate et enlever votre
chandail… » Le connaissant, il y a fort à parier que son
« instrument » comporte deux versions : une « soft » -lorsqu’il utilise
son appareil en compagnie de son épouse-, une seconde, version « hard », -lorsqu’il se
déplace en célibataire-… Ah, mais là je me surprends en plein
délire et en train de projeter sur lui mes propres fantasmes ! *** Pour l’heure, la route se poursuit
sans anicroches – sauf lorsqu’il s’agit de faire totalement confiance à cette
obsédante navigatrice du futur, ce à quoi mon ami répugne parfois car en fait
–comble de l’affaire !- il connaît parfaitement le début du parcours. Il rouspète : « Ah, mais pourquoi « elle » veut me faire passer par le village ? Je
ne comprends pas : c’est pourtant plus court et direct par la
droite !... » - ce qui lui attire de l’arrière les reproches et
moqueries bien compréhensibles de sa moitié : « Mais pourquoi tu as
dépensé ces deux mille balles (cela fait davantage mal qu’en euros !),
si tu ne « l »’écoutes pas ? » On remarquera au passage que cette
voix immatérielle a définitivement pris corps pour elle et pour lui : « elle » (Allez d’ailleurs
savoir si lui, sournoisement, à l’insu de son épouse, en tripotant les
boutons de cet appareillage complexe, ne peut pas la faire apparaître sur son
écran dans le plus simple appareil cette fois, sans le moindre
complexe !). De toutes manières cette voix, cette à tout le moins
« présence », elle s’immisce dans leur couple ; désormais,
c’est une véritable relation à trois qui s’est instaurée par delà le principe
de la triangulation trigonométrique qui préside à l’élaboration de cette
étonnante navigation, - et lui « la »
défend : « … En définitive « elle » a quand même
raison : « elle » veut
nous faire passer par le contournement de … au lieu de prendre la bête
nationale… » Oh,
cette mauvaise foi ! s’offusque Mouslyne. Chemin faisant – et faisant contre
mauvaise fortune satellitaire bon cœur – après moult incidents drolatiques (ainsi, entre
autres « bévues » de la charmante navigatrice, nous sommes amenés
un moment à rebrousser chemin et à effectuer un deuxième ridicule passage sur
un rond-point, « …mais, commente toujours mon ami pour la dédouaner, « elle » n’a pas encore pris
en compte les changements routiers intervenus depuis peu, - car il s’agit de
la version 2005 (sic)… ») on finit par arriver à la ville de destination
et, à vue de clocher – c’est « gros », c’est le cas de le dire,
« comme une église », il n’y a pas à hésiter – à proximité du
temple où doit se dérouler le culte d’enterrement. Et comme d’un commun accord de simple
bon sens on manifeste l’intention de prendre la première place de parking
visible libre, mon ami s’obstine à écouter les conseils de son Ariane
électronique qui s’évertue toujours à susurrer de sa voix la plus
cajoleuse : « Vous êtes bientôt à destination… Vous êtes bientôt à
destination… » alors que Mouslyne s’indigne : Mais
gare-toi là ! Tu ne vas tout de même pas rentrer dans l’église ! Mais « Vous y
êtes ! » vient de déclarer sa rivale ; alors mon ami enfin
s’exécute… *** Quel contraste que cette agréable
fraîcheur à l’intérieur de l’édifice où nous nous engouffrons, alors que sur
la route et dehors il fait une chaleur d’ours ! A peine le temps de s’habituer à la
pénombre ambiante après l’aveuglement du grand soleil de l’extérieur, de
saisir au passage à l’entrée la feuille que nous tend une dame patronnesse,
et enfin de prendre place au dernier rang occupé – après tout, nous ne sommes
pas de la famille – que retentissent les premières notes de l’orgue
accompagnant le chant d’entrée : « Sur le seuil de Sa maison Notre Père
t’attend… » Après avoir noté la présence de notre
ami, de sa compagne et de ses quatre fils aux premiers rangs – Dieu, qu’ils
sont grands ! – j’ai juste eu le temps de jeter un coup d’œil circulaire
dans le sanctuaire pour constater son austère et majestueux dépouillement que
j’attribue au culte luthérien prédominant dans ce bout d’Alsace sur la
frontière allemande, que déjà la Pasteur
– car c’est une très jeune femme au visage émacié et aux longs cheveux blonds
qui pendent hiératiquement sur le noir de corbeau de sa tunique dont il
s’agit – prononce les premiers mots d’accueil : O,
surprise et étonnement ! Ses mots sont à peine audibles… et ce même
chuintement des consonnes sourdes… Cette voix, -
mais je dois rêver ! – je la connais déjà : c’est celle de la
Navigatrice Céleste de l’Empire de la Route, - la Gépéèsse Gueurle ! Mes voisins ne semblent pas frappés
par cette terrible découverte : ne l’auraient-ils pas reconnue ? Ou
suis-je victime d’une hallucination auditive ? J’ai reconnu dans ses paroles le
Psaume 23 qui figure sur ma feuille : « L’Eternel est mon berger (…) Il me dirige près des
eaux paisibles (…) Il me conduit dans les
sentiers de la justice… » Tout y est. Les mêmes problèmes pour la
comprendre : il faut tendre l’oreille pour enregistrer les informations
distillées de cette même voix légèrement suave – et plus sûrement
« souabe » ainsi que je finirai par comprendre un peu plus
tard : ce Pasteur femelle qui officie en Français avec des intonations
qui me semblent quant à moi exquises s’avère être en fait une Allemande. D’où
cette prononciation parfois heurtée, aux accents entrechoqués délicieux. En
réalité, il n’y a là rien d’étrange si l’on songe à la proximité de la
frontière : c’est ainsi que j’apprendrai, dans la petite
« Winstub » près du cimetière, après l’inhumation, de la bouche de
l’une des autochtones présentes, que cette sacerdotale charmante personne est
fiancée à un jeune Alsacien…
*** Je passe sur le reste des funérailles :
l’homélie – le sermon si vous préférez – exquise car pleine de délicates
attentions pour la défunte et les proches, cette subtile parabole des pas sur
le sable – allusion aux traces que laissent derrière elles les personnes qui
nous sont chères – et mon ravissement grandissant à écouter cette voix, cette
fois avec le plus grand sérieux, qui tente de me naviguer par delà les
chemins étriqués de ma condition terrestre sur les autoroutes des mystères de
l’Inconnu de l’Au-Delà ! Et cette dernière vision – ne
devrais-je pas plutôt dire apparition ? – au cimetière, devant le trou
béant de la tombe, de ses cheveux se soulevant au vent léger qui venait de se
lever – et son départ, après ses derniers mots de réconfort chuchotés encore
en guise de viatique à l’adresse du pauvre mari et des assistants en général,
- de son départ de sa démarche élastique, tout de noir semblablement
chaussée ! Que n’ai-je eu, au cours de ma déjà
longue vie – et surtout dès mes premiers pas, pour me guider dans la
tendresse de mon enfance – dans le dédale périlleux de l’Existence une
semblable « gépéèsse gueurle », Mentor en jupons, qui m’aurait
évité bien des fourvoiements, qui m’aurait soufflé dans l’Epreuve par-dessus
l’épaule : « Attention ! Ne t’aventure
pas par là, - doucement, petit – oblique un peu à droite où la pente est plus
douce… » Mais l’aurais-je seulement écoutée,
moi qui n’en fais qu’à ma tête ? Gilbert Basquin ¹ « GPS » :
Global Positioning System ² Paroles légendaires attribuées à
Philippe de Valois au cours de la bataille de Poitiers (1356) |
LE PARC EN BAS
DE CHEZ MOI |
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J’ai
marché. D’un pas libre, mais d’un pas lourd. J’ai marché. Les yeux rivés sur
mes pieds. D’abord le gauche puis le droit. J’ai marché. Mes talons
claquaient sur le bitume, signe de froid. Dans ma région natale on dit qu’il
va geler quand même les baskets se font entendre en marchant. Je voyais le
bitume défiler, les trottoirs, les passages piétons. Je voyais aussi les
pneus des voitures, des camions qui passaient juste à côté de moi. Mon nez se
levait uniquement pour voir le petit bonhomme rouge passer au vert. Puis j’ai
regardé à nouveau en bas mes nouvelles chaussures cuivrées qui avançaient
sans même y penser. Enfin j’entendais le craquement des gravillons. Je
sentais des petites boules se dérober sous mes semelles, glisser et rouler
plus loin. Le gris sale du sol s’est transformé en terre bien plate parsemée
de petits gravillons blancs cassés par les semelles perdues en promenade. Ca
y était, j’étais dans le parc en bas de chez moi. Quand
j’étais plus jeune je me serais amusée à prendre mon vélo pour venir
apprendre à faire des dérapages comme les garçons. Mais là, je marchais d’un
pas lourd et lent. Finalement, c’était plutôt mes pensées qui étaient
lourdes. La vue de ce chemin qui se dérobait sous mes pieds et le bruit des
gravillons qui sautaient me donnaient envie de m’évader, de m’envoler très
haut, de prendre le temps de regarder, d’écouter, de vider ma tête. Alors
pour ne pas rester la tête dans mes pensées, je l’ai relevée et tout est
devenu soudainement merveilleux. J’avais
dans les oreilles les cris des enfants qui, quelques cent mètres plus loin,
jouaient dans le bac à sable et sur les jeux de toutes les couleurs au fond
du parc. Les mamans étaient assises sur les bancs de bois, les entourant,
parlant entre elles des prouesses et des bêtises de leurs petits bouts. Tout
le long de l’allée centrale, les mamies et les papys s’étaient assis sur les
bancs posés les uns à la suite des autres. Pas un n’était libre. Dans leurs
yeux, on voyait du bonheur. Ils prenaient plaisir à regarder les gens passer
devant eux, à écouter les conversations des uns et des autres, à regarder au
loin les enfants, à parler de leur bon vieux temps. Ils se délectaient
toujours et encore des couleurs et des odeurs de ce parc qu’ils connaissent
depuis des dizaines d’années. J’ai alors levé les yeux encore plus haut.
C’est un ballet de couleur qui s’étendait devant moi. Des arbres, petits,
grands, voire gigantesques, rouges, jaunes, orangés et certains encore verts,
s’élevaient vers le ciel avec un tel charme, une telle noblesse. C’est
l’automne, et l’automne dans le limousin est une merveille pour les amoureux
de la nature. J’ai continué d’avancer sur la grande allée et j’ai eu envie de
couper par la pelouse. Une force m’attirait vers cette dernière. Mes yeux
demandaient du plaisir, demandaient d’être éblouis. Je voulais profiter de la
nature, profiter de ses odeurs, de ses couleurs, de ses images sur lesquelles
on ne prend pas le temps de s’arrêter. J’ai enjambé la petite bordure et j’ai
écouté mes pieds fouler l’herbe. Elle était tondue depuis peu, d’un beau
vert, un vert parfait, un vert pur, je dirais même un vert vierge, comme si
jamais personne n’avait marché dessus. C’était un plaisir de le faire. Mes
yeux se sont baissés vers la pelouse, pour admirer l’éclatante couleur et la
brillance que le soleil révélait d’elle. C’était une beauté. Les arbres
perdent leurs feuilles et bientôt mon tapis vert s’est trouvé complètement
jonché de feuilles rouges écarlates. Rouge sur vert avec un rayon de soleil
jaune au travers des arbres. Qu’est-ce que j’aurais aimé avoir un appareil
photo… Je
me suis mise à sourire sans pouvoir l’expliquer. Du baume au cœur, une vague
de chaleur, une beauté à regarder, peut-être pour tout ça. J’ai récupéré le
petit chemin qui longeait le ruisseau. Des roseaux, des herbes de la pampa et
de multiples plantes vertes basses sont posées là comme si quelqu’un avait un
jour mélangé des graines dans sa main et puis tout lancé en l’air. Il y avait
les reflets du soleil sur l’eau. On aurait dit de petites étoiles qui
scintillent dans un mélange de blanc et de bleu au gré de l’écoulement. Le
petit chemin s’est transformé en petit pont de bois, fait de petites lattes,
à fleur de l’eau sans protection comme ceux qui traversent les champs de
tourbières que l’on peut visiter. Au bout du passage un patio, construit en
rond autour d’un énorme arbre entouré de bancs. C’était peut-être un hêtre ou
un séquoia, je ne sais pas. J’ai eu soudain honte de moi et le regret de n’avoir
jamais voulu écouter mon père lorsqu’il se plaisait à parler des essences
nobles quand j’étais petite. Je
me suis demandé pourquoi fallait-il être une jeune personne pour enfin
s’arrêter sur de telles images et pourquoi les papas ne peuvent-ils pas
comprendre qu’à l’âge d’un enfant on ne puisse pas être intéressé par autant
de culture. J’aurais aimé qu’il soit assis à mes côtés pour me répéter son
savoir. Mais à défaut, j’aperçois une petite pancarte sur le tronc de ce très
grand arbre aux feuilles orangées qui pleurent légèrement vers le bas. Je
sais maintenant que je suis assise au pied d’un cyprès. Papa, j’aurais tant
aimé que tu sois là. J’ai les mains gelées en écrivant sur mon banc et
pourtant j’ai le cœur chaud. Une douce chaleur me berce. Toutes ces couleurs
chaudes relevées par les rayons du soleil me font plisser les yeux comme en
plein été. Il n’y a que la pelouse et les bords du ruisseau qui rappellent la
saison chaude où les enfants jouent au football et où les filles se plaisent
à exposer leur peau blanchie par l’hiver. Oui, j’ai en face de moi un paysage
magnifique que j’aimerais immortaliser. Dans
le petit patio où je suis assise, il y a un vieux monsieur avec son chien, probablement
un clochard. Son chien aussi est assis sur le banc. Le monsieur, avec son
bonnet enfoncé jusque sur les yeux caresse son compagnon de route. Un bruit
dans les feuillages attire son attention. Ses yeux se détournent vers la
haie. Je vois sa tête suivre quelque chose qui bouge tout le long de la haie
qui nous couvre le dos. J’entends cette chose aller vite et vers moi. Le
regard du monsieur se pose alors sur moi avec un grand sourire. Les sourcils
relevés, insistants, il me demande gentiment avec la tête de suivre cette
chose tout comme il le faisait. Je tourne donc la tête vers le bas de la haie
et une petite boule de poils roux en sort, avec une longue queue en panache
et des yeux noisette grands ouverts. C’est un écureuil qui se promène simplement,
sans peur, sans crainte, juste derrière moi. Il a retrouvé son arbre et y a
grimpé tout en haut. Mon regard l’a suivi tout du long. Quand je l’ai perdu
de vue, j’ai regardé à nouveau le monsieur. Il m’a vu avec un sourire
éblouissant et des yeux illuminés. Je crois qu’il est encore plus heureux que
moi de l’image que je lui donne. Il s’est levé et est parti doucement mais
fier. Je me suis alors souvenue d’une après-midi d’été chez mes parents où
j’avais eu envie de lire au bord de l’étang de la ville. J’y avais enlevé mes
sandales pour sentir l’herbe fraîche sous mes orteils. J’étais tellement
plongée dans ma lecture que je n’ai pas entendu le couple de personnes âgées
qui s’avançaient sur le chemin. Je ne l’ai senti que lorsque la main lisse et
usée du pépé m’a chatouillé le dessous du pied avec un rire épanoui. J’ai
sursauté et souri. Je me dis que nos grands-parents n’ont pas perdu espoir de
nous faire découvrir les petits bonheurs qui ont fait toute leur jeunesse. Ca
leur fait chaud au cœur de nous voir sourire devant un écureuil, de nous voir
pieds nus dans l’herbe à lire ou assis au pied d’un arbre à tester nos
talents d’écrivain. Le
patio est calme, j’y suis seule avec un paysage magnifique et tous les bruits
qui l’entourent. Au-delà, le petit ruisseau est traversé par un jeune couple
et leur premier enfant. Difficile apprentissage du vélo. Un jeune papa plein
d’espoir de réussite et un petit garçon sans équilibre se battent pour faire
rouler droit le vélo. Plus loin, une femme accompagne son fils
trisomique : François. Il pousse des cris continuellement mais son
visage sourit, il est content. Il ramasse des feuilles mortes rouges et
jaunes. Plus loin, des papys discutent, pipes à la bouche et surveillent
leurs petits fils dans le bac à sable. L’un d’entre eux est sur les genoux de
son grand-père et boit ses paroles comme si on lui contait une histoire.
Encore plus loin j’entends les voitures rouler à cinquante ou soixante
kilomètres/heure sur le boulevard. Et toujours plus loin, des maisons, des immeubles,
des grandes surfaces qui bougent : Limoges. Mais
je sais qu’un peu plus loin, il y a un autre parc. Dans celui-là, il y a des
terrains de boules où je vois l’été des dizaines de pépés et papys tirer ou
pointer comme dans leur bon vieux temps. Ce qui est amusant, ce sont les
concours car les étudiants perdurent la tradition même si pour eux cela reste
juste un délire. Si je continue encore plus loin, je trouve la forêt, le lac
de Saint Pardoux, de magnifiques randonnées et je m’amuse à m’imaginer la
forêt toute rougie par l’automne, les chemins recouverts de feuilles dans
lesquelles on traînerait les pieds comme dans la neige. D’ailleurs nous
l’avons fait le week-end dernier et nous y retournerons la semaine prochaine
avec l’appareil photo. J’ai
maintenant les doigts engourdis, les ongles bleuis et le visage cinglé par le
froid mais toujours les yeux plissés devant tant de lumière et de chaleur.
Quel spectacle ! Floriane
Kurowiak - Décembre 2004 |