SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°23
Septembre Octobre
Novembre Décembre 2007
Illustration
BD page 2
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Patrick MERIC
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JEUNES |
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Toc ! Toc ! Toc et Tut Tut page 3
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Collège Renaud-Barrault |
Zéro à l’alcool page 3
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Collège Renaud-Barrault |
J’ai vu page 3 |
Ecole Ferdinand Buisson |
Le poids du silence et Blessée page 4 |
Stéphanie BONNEVILLE
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Grégory page 5 |
Fanny CANONNE
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Le
camping page 6 |
Thomas
WANESSE |
Le Père-Noël est absent
page 6 |
Sébastien
DELPORTE |
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HUMOUR ET PATOIS |
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Mimile et les courts jours page 7 |
Charles LEMAIRE |
Pouquo mi page 8 |
Hector
Melon d’Aubier* |
Francis LESAGE |
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ADULTES |
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Le temps passe page 9 |
Véronique
ROBERT |
Daniel
JACQUEMIN |
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Le verbe aimer page 11 |
Geneviève
BAILLY |
L'armure et le chien page 12 |
Les
Granges |
La reine de mes pensées page 13 |
Anthony
CANONNE |
La plage en hiver page 14 |
Georges
RATEL |
Tout est jeu page 15 |
Brigitte
CAPLIEZ |
Marcher page 15 |
Brigitte
CAPLIEZ |
Le Pitre page 16 |
Roger
DEVILLERS |
La nuit des grillons page 17 |
HERTIA-MAY |
Mon amant page 17 |
Floriane
KUROWIAK |
Les saisons de la vie page 18 |
Charles-Jean
JACQUEMIN |
Les mots-maux page 19 |
Marie-Antoinette
LABBE |
Lassitude page 19 |
Thérèse
LEROY |
Nos ancètres page 20 |
Gilbert de SAINTE MARESVILLE |
Le moissonneur page 21 |
Marcel
LESAGE |
Point du jour page 22 |
Francis
LESAGE |
Cadeau du ciel page 22 |
Christelle
LESOURD |
Naissance page 23 |
Jean-François
SAUTIERE |
De vivre page 24 |
SAINT-HESBAYE |
NOUVELLE |
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Le corbeau et la pie page 25 |
Yann VILLIERS |
Dans ses yeux page 26-27 |
Pascal BIRDY |
A la mémoire de mon mari page 28 |
Thérèse
LEROY |
Un incroyable voyage page 31 |
Mlle
BARDIAUX |
* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire. |
COLLEGE
RENAUD-BARRAULT |
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TOC ! TOC ! TOC ! Mamie
arrive Attention ! Mamie
attention ! Tu
vas tomber Dans
les escaliers. Boum !
Boum !
Boum ! Sur
les billes d’Anthony Gliiing !
Gliiing !
Gliiing ! Heureusement Papa
la rattrape ! Ouf !!! Vanessa TUT TUT Vrrrrrroum Mon
grand frère est content Il
essaie sa voiture Tut tut iiiiiiiiiiiiiiii…. Geoffrey E ZERO A L’ALCOOL Zéro à la conduite En état d’ivresse Zéro à la bagarre Des jeunes Alcooliques Zéro au décès De son frère au volant Zéro aux
ravages Foie malade garanti. Karim |
J’AI VU DE MA FENETRE : |
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J’ai vu une chouette Qui faisait de la trottinette. Il y avait un escargot Qui faisait du vélo. Il y avait un papillon Qui mangeait un melon. Il y avait un arc en ciel Qui avait des ailes. Il y avait un crocodile Qui se faisait les cils. Il y avait une fleur Qui était belle comme un cœur. Mathilde Ecole Ferdinand BUISSON |
BLESSEE |
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Comment vas-tu réagir ? Comment pourrais-je réussir ? Sachant que tu seras là, Mais en aucun cas pour moi. Il n’y avait pas de mensonges, Uniquement des secrets Qui devaient rester cachés, Mais rien n’aurait changé. Ce sont des éclats de verre Qui aujourd’hui sont à terre, Chaque jour je les ramasse, Et chaque jour ils me blessent. Comme la pluie sur les pétales, Mon sang glisse, finit par tomber, Il n’y a pas que mon âme Qui désormais est blessée. De Stéphanie BONNEVILLE |
LE POIDS DU SILENCE |
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Une page blanche Posée devant moi, J’aimerais t’écrire Mais je ne peux pas. C’est un mot d’Amour Ecrit sur mon corps, A jamais enfoui, Enterré sous terre. Et je la chiffonne Après avoir écrit, Tellement d’effort, Je tourne en rond. À quoi bon y croire, Ce fleuve qu’est la vie, Un jour se termine, Un nouveau regard. Toujours ce papier, Sentiments dévoilés, Taché de larmes, C’est mon histoire. De Stéphanie BONNEVILLE |
GREGORY |
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Toi qui nous as quittés De temps en temps, on verse
des larmes Quand on écoute tes chansons. Et très souvent, On sèche nos larmes pour te regarder, et on se dit : Restons Amis, Le temps que plus rien ne
fasse mal Le temps de se voir sous un
jour différent. Restons amis… Des fois on se demande : Quel est ce lien qui nous
tient vivants dans ce monde ? Rassurez-moi Si les douleurs nous
rendaient meilleurs… Racontez-moi : Qu’est-ce que Recevoir ? Si vous ne pleurez pas devant
les femmes Qu’on opprime et qu’on affame Si tu n’éprouves pas de la douleur Devant cette peine qui est la
leur Si tu ne verses aucune larme Si tu n’es envahi de chaleur Alors fais-toi greffer une âme Alors fais-toi greffer un cœur. Ce poème est inspiré de ses dernières
chansons. Fanny
Canonne - 12 ans
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LE PERE NOEL EST ABSENT |
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Un
jour, le père Noël était prêt à partir Quand,
soudain, il glissa et resta bloqué du dos. Donc,
il ne pouvait pas faire sa tournée. Comme
il avait mal au dos, il partit se coucher Et
il confia une mission à un elfe. Cette
mission était d’appeler tous les enfants Pour
dire qu’il ne pourrait pas passer cette année. Les
enfants étaient tout tristes. Une
fée arriva pour guérir le père Noël, Et
lui jeta un sort. Le
mal de dos du père Noël était fini, Et
il put faire sa tournée. Tous
les enfants étaient joyeux. Sébastien Delporte |
LE CAMPING |
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Il était une fois un
camping fort, fort lointain. Dans ce camping il y avait 100 places pour les
caravanes et les mobil-homes. Mais dans ce camping il y avait une caravane
toute seule en dessous d’un arbre tout abîmé. Dans cette caravane vivait un homme seul qui
rêvait de quitter ce camping pour vivre dans une grande maison. Un jour, il vit une grande maison à vendre. Et il eut cette grande maison qu’il voulait
tellement. Après il a trouvé une femme. ls se sont mariés et ils eurent des enfants. Ils en ont eu deux : deux enfants qu’ils
ont appelés Clément et Clémence. Thomas Wanesse 9 ans |
MIMILE et les COURTS JOURS |
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L’ solel’ y est devenu paresseux, Y
n’a pus l’ forch’ eud’ passer au d’ssus des masons ; y ara à pein’
caressé l’ gelée blinqu’, euq déjà, y ira s’eur couquer. L’
frodure et les nuits à rallonches : In va vers chés courts jours, et ch’
n’est pas d’ gaieté d’ cœur. Pourtint, mi j’eurpins’ à un, quéqu’un
qu’y étot fin cotint à chés momints là. Ch’étot pas hier ; ch’étot avint
l’ guerre eud’ 40. Un gamin, l’ pu vi’ux d’ein fort’ famil’ :
Mimile, qu’y s’appelot. Acoutez-le : « Cha y est : Le pus dur y
est fait. J’ai aidé min père à rintrer les truches, les carottes bin ringées
à l’ caf’ dins du sap’. Incor’
quequ’ jours à faire des bojettes d’haricots, à lier les bouquets d’all et
d’ognons. Et pis, vu qu’in n’ peut pu travailler l’ tierre, j’arai
l’ drot d’aller à l’école. Comm’ tous l’ z’ans, ch’ s’rai dins l’ pus tiot
class’ : forchément, ch’ sais pas lire, j’ bute à tous les mots ;
l’ z’autes y vont rire eud’ mi ; y dites que ch’ sus un grind dadais. Mais
j’ m’in fous : Ch’ maîtr’ y les fait tair’ ; Y m’aim’ bin ; y
m’ gard’ à la récré pour que ch’ finich’ mes lines d’écriture. Si ch’ prinds
trop d’incr’ aveuqu’ eum pleum’ et que ch’ fais un vilain pâté, y fait les
gros y’ux, mais y est pas méchint, y sait bin qu’ ch’est pas deum’
faut’ : J’ai des gros dogts et d’ z’injlures. A m’ mot’, j’eum’ dis, qu’
si y est si gintil aveuqu’ mi ch’est pars’ que j’y fais un biau tableau, bien
lavé, et pis qu’ ch’est mi qui alleum’ euch’ fu d’ bonne heure au matin, que
ch’ sais bin l’ faire ronfler quind y gèl’ fort. Ch’ maîtr’ y voudrot tant
que j’ n’ minqu’ pas l’école ; mi aussi, j’aimeros bin… Mais y a beau
faire, quind y s’eurmettra à faire bon, min père y ara b’zon d’ mi pou sin
gardin. » Et
ch’est pour cha qu’ Mimile, pus tard, y a jamais su treuver ein bonn’ plach’.
Alors y donne un queu d’ main, par chi, par là, pour ses nourritures. Pour
mi, ch’est un pauf’ sacrifié, et cha m’ fait deul pein’ quind’ j’intinds
quéqu’un qui dit d’ li, in s’ moquint « Mimile ? Y a été à l’école
dins chés courts jours ! » Charles Lemaire Cambrai |
LE TEMPS PASSE |
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Le temps passe passe
lentement Le temps passe passe
évidemment Rien ne viendra
entraver Ce lent cheminement Pas même les
épouvantables blessures Pas même les
interminables brûlures Tous ces moments, les
pires soient-ils Finissent par
s’endormir tranquilles Pas d’oublis Pas de fuites Seulement, une cicatrice. Véronique Robert - Elincourt |
INNE TIOTE PINSEE ED SU L’S-ECHASSIERS |
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Daronn-mint, dins l’s-invirons,
in’ a vu des cigones dins des pâtures et pis aussi su ed’ s’ intennes ed télévisian.. Après inne paire ed craquettmints, alls sont parties ed bon matin. Ç’ n’étot qu’in passach EPHEMERE
avouons-le. Nous, à Caudry, in’ a des grues… Grinnes, belles et fortes,
alls aident pou bâtir ben des log’mints. Sins manière ed leu long bec, alls lièv-tent d’ lourds fardeaux, alls font
ben du boulot. C’est pos pou dire, ça c’é l’AVENIR, hein ! Francis Lesage |
L’AMOUR DE L’ECRITURE À LA LECTURE |
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La chevelure aux pages
blanches Où on écrit des textes
d’amour Où gratte son ami le
stylo à plume au sang bleu. Il glisse sur sa
chevelure Il lui murmure des
phrases secrètes Qui formeront des
lignes, sur des pages vierges Ou peut-être innocentes. Car les lignes qu’on
écrit, ça veut dire tout, Pour toute la vie d’une
page blanche. Combien il y aura de
pages mortes, Avant que l’on arrache
ses feuilles blanches ? Avant que la fin de la
chevelure meure ! Il y a un texte écrit ou
un livre, Tout ça donne une
histoire à lire, À chanter ou à réciter. Le couple sera parfait. Les pages blanches sont
ses amies, Le stylo plume au sang
bleu. Dans le fond,
infiniment, C’est l’homme qui écrit
son texte. Le stylo à plume, dans
le fond, Son cœur, c’est sa
plume. Et la page donne ses
lignes à l’infini Car tout cela sera à
découvrir jusqu’à l’infini. Daniel Jacquemin |
LE VERBE AIMER |
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De saisons en saisons
après les épousailles, D’un édredon moelleux à la
porte du four, Et des odeurs de soupe, en
obscures chamailles, Du fond de la marmite… il
repêche l’amour ! C’est le lien éternel aux
multiples visages, Rebrodé de tendresse au
fil de chaque jour, Entre la polémique et les
raccommodages, Un mélange étonnant de
sarcasme et d’humour. Pour les bleuets offerts
au détour d’une route, Bouquet de souvenirs des
campagnes d’antan, Il laisse s’envoler la rancune
et le doute, Sous le charme imprévu,
d’un romantique instant. Et puis bravant les flots
quand l’océan délire, Il sauve le bateau d’un
élan vertueux, Le ramenant au port avant qu’il ne chavire, Pour un chant de sirène
assez voluptueux… Dans les quatre saisons
des chemins d’aventures, Du berceau de la vie, au
départ sans retour, Il palpite en nos cœurs
par-delà nos blessures Et vibre, à tous les
temps, ce verbe de l’amour. Geneviève Bailly |
L’ARMURE ET LE CHIEN |
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Dieu que ma jeunesse est à
l’étroit dans cette armure, Qu’elle est lourde à porter,
qu’elle gêne aux entournures, L’armure des ans, l’armure du
temps qui passe ! Au début elle n’était que simple
carapace, Elle était aisance et donnait de
l’audace, L’armure des trente ans, des
joies et des folies. Encore un peu fragile elle
devenait la belle, La cible préférée des jeunes
demoiselles, L’armure des quarante ans, celle
de tous les dangers. Puis avec le temps elle était
devenue assurance, Pour se transformer ensuite en
connaissance, L’armure des cinquante ans
faisait autorité. Mais les ans la faisant de plus
en plus pesante, Mes pas devenaient courts et ma
démarche lente, L’armure des soixante ans
manquait d’agilité. Elle s’est tant alourdie la
bougresse, Pendant qu’elle atteignait le
temps de la sagesse, Que l’armure des soixante-dix
ans avouait sa faiblesse. Alors comment peuvent survivre
dans un tel carcan, Tant de passions, tant d’envies,
tant de sentiments ? Comment expliquer que l’armure
cache une âme d’enfant, Ou qu’à travers la visière de
mon heaume, souvent Je regarde les femmes avec mes
yeux d’adolescent ? Tout cela tient à mon miroir
magique, Où je me ressource chaque jour Et qui ne reflète que l’amour. Quand je me penche vers lui,
c’est lui qui me contemple. Miroir partial, attentionné et
délicat, Je deviendrais lépreux qu’il ne
le verrait pas. Ce miroir magique qui ne reflète
qu’en beau, qu’en bien, C’est le regard de mon chien. Les
Granges |
LA REINE DE MES PENSÉES… |
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Depuis presque une semaine,
mes pensées ont trouvé leur souveraine… Poème… La souveraine de mes pensées A un nom. Reine de mes nuits, Elue de mon cœur, Impératrice de mes rêves Non, je ne peux rien y faire, Elle m’a conquis… De mon cœur, Elle a fait son Versailles. Ma vie aurait-elle trouvé un
sens ? Et bien, peut-être, Sa personnalité me fait dire
Oui… Pour moi, elle pourrait Etre essentielle. N’importe où, n’importe
quand, Sur Terre, dans mes rêves Elle domine tout chez moi. Elle a remporté la bataille. Si seulement elle pouvait
remporter la guerre de mon Cœur… Antony
Canonne |
LA PLAGE EN HIVER |
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Un vent sec et guerrier Courbe les argousiers Et peigne les oyats Dans les dunes, tout là-bas. Il dessèche le sable, Le pousse, imperturbable, En longues traînées blanchâtres Comme une poudre d’albâtre. Une mouette rieuse, Pour une fois silencieuse, Sur une patte, l’air absente, Résiste à la tourmente. Sur le bord de la mer, Elle guette le moindre ver Qui pourrait, sans méfiance, Lui servir de pitance. Elle songe aux jours passés, Au mois d’août envolé, Où un soleil ardent Se montrait très présent. Où sont les jours radieux, Les longs vols silencieux Au dessus de la plage, Dans un ciel sans nuages ? Georges Ratel Croisilles 31 décembre 2006 |
TOUT EST JEU |
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Tout est jeu ! Jeu de dés Que je jette ! Courage Que je guette ! Dés qui roulent Jeu qui coule Un jeu fou ! On s’en fout ! De ce jeu Qui se joue. Dans ce songe Ça nous ronge De partout ! C’est ce jeu Jeu de dés Qui se jettent Comme je Qui s’ Émiette… Brigitte CAPLIEZ |
MARCHER |
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Marcher pour aller
où ? Pour aller jusqu’au
bout Jusqu’au bout de nos
rêves Et qu’ils n’aient pas
de trêves. Marcher
jusqu’à demain Et sentir le matin Naître au creux de tes
mains, Comme dans un écrin. Pour sentir tout autour Le soleil de l’amour. L’emporter sur ton dos, Le semer aussitôt. Au creux de ces
chemins, Par-dessus les jardins, Les enfants endormis, Sur ce qui fait la
vie ! Puis, toutes voiles
dehors, Regagner ton
port ! Avec comme trésor, Les cris de vie du
corps… Brigitte CAPLIEZ |
LE PITRE |
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Paillettes d’or et chapeau
blanc C’est moi qui attire les
enfants. Je les amuse et les fait rire C’est moi que l’on nomme le
pitre. Je m’amène, bien doucement
sur piste Avec mon tout petit violon. Quelquefois, j’ai l’air un
peu triste Mais pour vous, que ne
ferait-on ! Pourtant hélas, mon cœur est
triste Celle que j’aime ne m’aime
pas. Vous seuls enfants, aimez le
pitre C’est pour cela que je suis
là. Mes larmes tomberont sur la
piste Car je dois pleurer en riant. Pour toujours, je serai le
pitre Pour vous tous, mes chers
enfants. Roger Devillers Bertry, 03 septembre 1976 |
LA NUIT DES GRILLONS |
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La nuit des grillons me berce d’amertume La nuit grouille d’amours dans les foins La nuit grille au vent
sec. La fenêtre reste allumée dans la nuit qui me
grise Carré magique éclairant mes rêves Mes rêves blottis au creux de la nuit. La nuit des filles me berce d’inquiétude La nuit fouille les amours dans les coins La nuit file au vent doux. La fenêtre reste allumée dans la nuit Qui veille la fille au triangle magique Rêve blotti derrière la fenêtre. La nuit baille sur le sentier odorant La nuit des grillons me berce d’amertume. La nuit brille à la fenêtre de la fille. Hertia-May Été
1976 |
MON AMANT |
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J’ai
le cœur qui bondit de haut en bas Il
bondit de sentiments et de tracas Ne
sachant où aller de-ci de-là Le
bonheur est passé mais il reviendra Toi
tu passes comme un souffle dans ma vie À
peine le temps d’un peu de profit Chaque
moment est si précieux et précis Que
je n’ai jamais le temps de te donner mes envies Je
vole quelques-uns de tes sourires Je
vole des caresses et c’est peu dire Si
je pouvais je volerais ton cœur et tes soupirs Mais
tu t’enfermes dans le temps avec tes propres désirs Peut-être
l’inconscience du bonheur que tu peux offrir Ou
l’inconstance de ta vie qui te fait fuir Je
fais peut-être fausse route à te suivre Mais
être avec toi est un réel plaisir Floriane Kurowiak
6 mars 2004 |
LES SAISONS DE
LA VIE |
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L'hiver est le
frère de notre sœur la mort Il est le
royaume de l'immortalité. Il est la
fenêtre de l'invisible bord ; Le bateau qui
mène à notre éternité. Le printemps est
soutien des espoirs enfantins. La sève qui
monte, renouveau de la vie. La joie de notre
âme en quelques clairs matins. Il est le frêle
esquif des rêves inassouvis. L'été, saison de
la claire lumière. C'est l'effort,
c'est la peine et les travaux ardus. Les tracas, les
soucis et les douleurs amères. Il est le
paquebot des bons désirs perdus. L'automne,
saison de la dernière espérance. C'est la
médiation sur les talents reçus. La salle
d'attente du bateau en partance. Chargé du lourd
fardeau de nos espoirs déçus. Les saisons sont
les pas de l'horloge du temps. Elles nous
emportent vers le ciel attirant. Pour être
présentés au seul Dieu immanent. Oh ! Combien
sont-elles ces brebis perdues, Qui se sont
égarées sur la terre qui tue, Oh ! Mon divin
berger, porte-les en ta nue ! Joies, peines,
misères c'est le lot des humains, Qui toujours
avancent vers l'éternel matin Vers l'ultime
début du réel, du divin. Jean-Charles
JACQUEMIN Alias
Jean-Charles De Beaumont |
LES MOTS-MAUX |
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Écoute voir un peu À quoi servent les mots Si tu ne trouves pas d’écho Écoute voir un peu Si
comme la feuille en automne L’espoir
ou le rêve disparaît Si
s’évanouissent les projets Cette
vie n’est plus bonne À quoi servent les mots Si celui, plein de courage Qui met tout son cœur à l’ouvrage Pauvre misérable se perd À
considérer comme normales Les
guerres inutiles À
étendre le remords social À
se perdre sous un fil Comment
du réel s’arracher Pour ne pas suffoquer De la funambulie s’échapper Pour ne voir que sa fratrie Arrête,
arrête N’écoute
plus rien Ne
regarde plus rien Espère,
espère et considère Qu’on
ne se paie pas avec des mots Marie Antoinette Labbe |
ECLATS D’AME |
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Chaque
jour qui s’achève est un jour perdu Chaque
nuit qui commence un espoir qui s’éteint Chaque
jour qui s’enfuit un désarroi croissant. Et
ma vie se poursuit comme une feuille morte Au
soleil des étoiles froides et sempiternelles Et
ma vie se poursuit, continue son chemin, Peu
à peu s’achemine, vieux parchemin jauni Roule
son habitude. Thérèse Leroy 22 Avril 1973 |
Nos
ancêtres nous ont laissé un patrimoine. Il faut le
préserver, le faire savoir, le respecter. Dans
l’écomusée de CAMBRAI on se souvient qu’autrefois
la France rurale avait une richesse. |
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On
avait une nombreuse famille on
avait chacun un lopin de terre On
démariait les betteraves on
charriait avec le cheval en gare On
n’avait pas le remembrement on
avait la charrette à chien (transport) On
allait au puits chercher l’eau on
cultivait avec 2 grands mulets On
n’avait pas le courant électrique on a
été élevé au lait de maguette On
sonnait les cloches (la messe) on
nous jouait de l’harmonica On
avait le four à pain de ménage on
tuait le cochon 2 fois l’an On
faisait son service militaire on
était fier d’être soldat à 20 ans On
avait les marres aux villages on
parlait partout le patois local : On
portait 3 ans le voile noir (deuil) "on
va al série jué à carte à mo A.C" On
s’éclairait à la lampe à pétrole on
avait la cheminée au feu de bois On
n’avait pas d’allocations familiales on
circulait à pied, à bicyclette On
mangeait une tranche de lard on
griffait la tartine avec du saindoux On
n’avait pas de fiche de paye on
n’avait pas de congés payés On
n’avait pas d’accident de la route on
n’avait pas voiture, avion, TGV On
avait l’air pur en campagne on
ne connaissait pas la drogue On
n’avait pas de salle de bain on
avait la tinette dans la cour On
n’avait pas de sécurité sociale on n’était
pas remboursé par la sécu On
n’avait pas de pelouse à la maison on
agrandissait le jardin ! le confort On
n’avait pas les routes goudronnées on
ramassait les silex pour chemins On
n’avait pas la télévision à la maison on
n’avait pas le téléphone portable On
portait blouse grise et galoches on
portait le béret à l’école des garçons On
buvait la bistouille à l’estaminet on
faisait la prière en famille On
respectait les biens, *on se mariait* on
ne connaissait pas le divorce On
avait au village : le charron,
le maréchal, le tailleur, le bourrelier On
avait le Curé, le bedeau, le
charpentier, le remède de grand-mère On
était heureux avec notre sort. (Va
dire tout cela à tes petits enfants !) C’est pour toi MAMAN que j’écris ces
lignes, ton garçon
Gilbert de Sainte Maresville CAMBRAI. |
Chaque année à Carnières, la fête de la moisson était animée par un
orchestre patoisant. J’y ai rencontré Edmond
Tanières. Il m’a invité à écrire quelque chose pour célébrer cette fête. Je me suis souvenu que mon
arrière grand père avait proclamé -à ce qu’on m’a dit- : « Tant que
je vivrai, la batteuse n’entrera pas dans ma ferme ! » C’est ce qui m’a inspiré, décevant un peu
les organisateurs. |
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LE MOISSONNEUR Quand le soleil,
dessus la plaine, Dorait l’avoine et le
froment, De la moisson venait
la peine Entre l’aurore et le
couchant. Parce qu’il avait les
bras solides Et le courage tout
autant, Parce qu’il était
d’humeur timide Il s’en allait seul
dans son champ. Avec la serpe ou bien
la faux, Avec la fourche et le
râteau, Il moissonnait de ses
mains seules Pour ne laisser que
les éteules. Parce qu’ainsi
faisait son père Et qu’il aimait bien
ses parents, Il a peiné dessus sa
terre, Si longtemps qu’ont
duré ses ans ! Parce qu’il était de
foi rigide Et de courage tout
autant ; Parce qu’il avait les
bras solides Entre l’aurore et le
couchant : Parce qu’il avait un
cœur vaillant Qui battait fort dans
sa poitrine. Il a dit : non à
la machine, Il est resté seul
dans son champ. Sa moisson était sa
prière, Le travail son
contentement, Mais il repose au
cimetière, Et la machine est
dans son champ… Juste le temps d’un
seul couchant ! Marcel
Lesage |
POINT
DU JOUR |
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Quand l’aurore ouvre un œil Là-bas en Orient Que l’aube en fait autant S’annonce le jour au seuil. L’engoulevent s’endort Le mâle rossignol De sa branche s’envole Et charme sans effort. De Rio à Pampelune De Bombay à Pavie Naît en son heure la vie Et dans une folle ronde Bat le grand cœur du monde. Le soleil est fortune ! Francis Lesage |
CADEAU DU CIEL |
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Qui pouvait le prévoir ? Tu viens à peine de me dire au
revoir Et me voici obligée de mûrir Mon ventre s’est mis à frémir Puisque dans tes bras, Je suis devenue femme Plus droit aux états d’âme Je ressens déjà son aura Me redonner foi Et parfois même la joie Moi qui ne m’y attendais pas Demain, je serai Mère Moi, qui n’en désirais pas Je devrais être amère. Un bébé sans père Un bébé tombé du ciel Ce n’est pas un impair Mais, un cadeau de l’éternel. Christelle Lesourd |
NAISSANCE |
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Lisa
lisait sous l’yeuse, lascive, Des
vers d’Ovide à vif sur le velin. Soif
de savoir ! Au désert d’or sans fin D’un
rêve d’oasis source l’eau vive.
Pour
elle seule s’offre le livre ouvert Au
monde issu de ses Métamorphoses. Blanche,
sa main laisse échapper des roses Et
mille échos dont l’amour seul se sert. Quel
vent divin avive son visage Sinon
celui qu’un pur bonheur souffla ? Fête
des mots au faîte du voyage : Lisa
s’enlise et n’en peut rester là. Qui
de son cœur, conque, fera conquête Hormis
poète au regard suranné Dont
la sagesse assignée et secrète Force
au respect tout bel esprit bien né ? Elle,
sait bien, ayant sondé son âme, Lequel
aura ses charmeuses faveurs. C’est
la rencontre au terme de la trame… Demain
seront les fragiles bonheurs. Jean-François
Sautière |
DE VIVRE |
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De vivre l’été
perdu dans les longues herbes Parmi la turbulence
des sauterelles Vrillant leurs
trilles Au pont de la
cascade Où l’eau émet un
bruit de moyeu Et d’huile chauffée Jusqu’aux talus
onglés de coquelicots Comme des
flammes-de-sang Mêlées aux reflets
solaires Qui cachent le
sabbat des frelons Piquant les
génisses de Cérès Et de grimper à la
cabane Nichée dans les
fourches du grand noyer Où la mésange des
chenilles toise la peau du ciel De vivre la saison
des chaumes Lorsque la lune
telle un ergot d’albâtre Où s’accrochent les
nuages d’araignée Veille aux gibiers
traqués même par le vent Par le vent d’amour Par le vent
intransitif des êtres intraitables Par le vent d’homme
barbare où souffle La torture des
séquestrés Par le vent qui vêt
de moussures rousses Le cœur du mal Par le vent noble
des plantes Qui veulent vivre Et vivre libres Au vent immatériel. Saint-Hesbaye |
LE CORBEAU ET LA PIE |
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« Cette leçon vaut bien un fromage, sans
doute ? » Et ce fromage-ci vaut bien que
je le goûte ! Mais il n’est pas midi, c’est trop tôt, attendons… Tiens ! Voilà Dame Pie ! Hélons-la,
plaisantons. -
Mes
hommages, chère amie, Toujours
aussi jolie ! Venez
voir quelle folie J’ai
sermonnée ce jour. - Permettez, dit la Pie à son
tour, Qu’à Monseigneur Renard je fasse
aussi ma cour… Aujourd’hui je vous trouve une
mine réjouie, Un port de tête aimable, une
grâce inouïe ; Et, si je ne savais que mes
respects sont D’un trop modeste poids, je
dirais : « Votre front Semble orné d’un diadème de
gloire, A connu victoire après victoire. Quel heureux événement Peut vous rendre aussi
content ? - La chose en soi, dit l’autre, Faisant le bon apôtre, Est simple en vérité, Mais j’y mets ma fierté. Du Corbeau, cet imbécile, Remplissait un perchoir de sa masse inutile Et tenait en son bec un fromage odorant. - Votre Majesté, lui dis-je en
approchant D’une auguste façon, occupe cette cime. Votre maintien est fier, royal,
sérénissime ; Vos sujets, à l’envi, doivent tous vous servir Avec un grand honneur et beaucoup de plaisir. Permettez qu’à mon tour j’apporte mes
services : Dites un mot, parlez, que votre voix remplisse Et mon cœur d’allégresse et la terre de
peur ! » L’animal, à ces mots, défaille de bonheur. Il entrouvre le bec et lâche le fromage. Et, subitement rendu sage, Au Corbeau, Tout penaud, Fit la morale aussitôt. - Mais pourquoi partir si vite,
chère amie ? Ce n’est pas que vers vous je m’ennuie, Mais le Corbeau, pendant votre discours… Vous a soustrait le fromage à son tour ! Je l’entends qui m’appelle et m’invite A venir le déguster de suite ! » Quant à vous, interprétez ses cris : Tel
est pris qui avait pris ! Yann Villiers |
Dans ses yeux… (De Buis… à Montbrun…) |
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Je suis devenu, pour elle et dans son regard d’enfant,
le Prince de la campagne, le Sauveur des animaux sauvages… Un héros… moderne.
Un Noé sans eau et sans reproche… Alors, pour son admiration sans limite,
pour ses yeux encore brillants de gratitude et pour la reconquête de son
grand cœur, je peux laisser courir en liberté ces quelques mots pour la
remercier d’être… tout simplement. Les phares aiguisés découpent la nuit et recalculent
sans cesse la nouvelle route qui se dessine d’ombres fugaces et d’épaisseur
de brume. Le vide abrupt s’imagine dans les profondeurs, derrière le parapet,
ce petit mur inutile… sans aucune prétention de vouloir retenir une voiture
assoupie ou trop nerveuse. Il est dans le ciel trop d’étoiles éclairées pour
m’attarder aux paysages obscurs et je garde mon attention pour cette bande
noire qui se rétrécit au fil de mes yeux fatigués. Des fantômes d’arbres et
de rochers perfides jaillissent de la pénombre blanchie et s’animent au bord
de la route comme des monstres dérangés dans leur sommeil incertain. Le gravier blanc s’amuse à craquer dans les virages, ces
épingles à cheveux qui enferment les plus belles crinières dans des chignons
austères. Même la musique est confuse et se tait pour l’intérêt de cette
conduite pénible. Soudain, une fouine, partie fouiner sans doute, s’enveloppe
dans la lumière sans se départir de son voyage nocturne. Elle doit bien
connaître quelques poulaillers accueillants, elle doit bien se permettre
quelques festins de plumes d’oreiller et je la croise en douceur sans
froisser son pelage luisant et sans savoir encore que cette route est un vrai
zoo… Manon est plantée sur son siège, les yeux écarquillés pour cette leçon
de nature en direct. Cette bête sauvage, sortie de la nuit sans trembler, a
réveillé sa passion des animaux, réminiscences de peluches, d’images de
livres, ici en trois dimensions dans la réalité de la nuit… Dans notre film
en noir et blanc… On se regarde pour comprendre et réaliser qu’on a bien vu
la même chose, au même moment, ensemble, cela crée des liens… éternels. Je le
sais si bien, pour avoir mis mes petits pas dans ceux de mon père, il y a
bien longtemps. Manon se retourne prestement vers la lunette arrière mais la
nuit a englouti l’animal. Et voici une troupe de blaireaux, le papa, la maman
et le fiston qui traversent sans crainte, sans courir, en m’ignorant comme
une vieille charrette en panne. Ils trottinent et leurs poils brillent
d’ombres et de lumières. On dirait qu’ils ont des masques sur les yeux, comme
des bandits de grands chemins ou de petites routes… un maquillage pour se
confondre avec les buissons et se faire inaperçus, mais Manon les a comptés
et recomptés déjà. J’ai bien dû ralentir, aussi intéressé que ma fille de
voir vivants et en liberté ces animaux encore presque sauvages. Ils longent la route devant moi
et profitent de mes phares pour se retrouver et se sentir, après mon
dérangement. Puis, je les laisse à la nuit, à leur destin de blaireaux. Dans
ce tableau, ils ne sont pas pinceaux… Encore quelques kilomètres et je suis
attentif à tout. Ma fille n’est plus que deux yeux, elle doit plus éclairer
que mes phares… Et c’est un renard lointain qui se dessine dans la toile
blanche. Il doit bien y avoir une réunion importante, au sommet, dans cette
forêt, pour accumuler autant d’animaux en si peu de temps ! Il semble
peu pressé aussi, même s’il ne s’attarde pas pour nous demander sa route…
Nous gardons la rousseur de son pelage en souvenir, comme un feu orange dans
un croisement de chênes au milieu de la nuit. Manon est si excitée et me
parle si fort de ces rencontres fortuites qu’elle en oublie presque de voir
l’œil rond et inquisiteur du sanglier planté devant moi. Je dois pratiquement
m’arrêter pour laisser passer Monsieur. Ses poils en brosse se lissent dans
mes feux, je suis presque inquiet… pour ma voiture… Et s’il n’était
qu’éclaireur de sa harde sauvage ? Un franc tireur pour son
équipe ? C’est moi qui suis en phare et c’est lui qui éclaire… Il
faudrait presque que je le klaxonne pour passer, mais il pourrait le prendre
mal. Faire un constat avec un sanglier… Alcootest et tout… On lui a
pratiquement donné un prénom quand il a fini de traverser… Il doit appartenir
à quelqu’un, sans doute… Bon, je ne m’attarde pas. Ces routes sont mal
fréquentées la nuit… Nous sommes presque arrivés dans les premières lanternes
opaques du village endormi, quand un écureuil vient à notre rencontre. Je
peux l’éviter de justesse et sans le faire vraiment exprès, tant il m’a
surpris. Il est sauf et sain… pour s’échapper si vite… Il me reste encore
l’illusion du panache de sa queue intacte. Voilà notre tableau de chasse, à
Manon et à moi. Une belle histoire d’animaux vivants et libres de tout. Ma
fille a vu un peu de faune sauvage, ce soir. Est-ce que ses enfants la
verront aussi ? Pour elle, j’ai sauvé les animaux de ses livres et
dessins d’enfant et je suis médaillé par ses remerciements. Elle me fait
sourire. Elle m’agrippe fort, me tient dans ses bras et m’embrasse à hauteur
de ses lèvres. Elle est heureuse et rit sans bien comprendre cette belle
aventure nocturne. J’habite en grand des nouveaux souvenirs tout neufs, pour
sa vie. Je suis fier… comme un Papa… Heureusement qu’il fait nuit… Pascal_Birdy Hyères |
À LA MEMOIRE DE MON MARI |
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Là, au milieu des champs et des prés
inondés de soleil, caressés par le vent qui jouait dans nos cheveux, j’étais
ivre de bonheur, ivre de paix, de soleil et de vent. Et tout était si beau
tandis que nous marchions sur la terre labourée ! J’aurais voulu chanter
tout ce que je savais : pour toi, rien que pour toi. J’aurais voulu
t’aimer sous les yeux bleus du ciel et sa chevelure blanche de nuages
fragiles. Oh ciel ! Vénérable vieillard qui as bleui tes yeux depuis le
temps que tu contemples le monde qui rit à tes pieds ! J’aime à croire que
tes larges yeux éblouis de soleil riaient de nous voir si heureux tous les
deux. Te regarder dormir comme dort un
enfant, caresser ton visage du bout des doigts, du bout des lèvres, tout
doucement, de peur que tu ne t’éveilles ! Blotti tout contre moi, tu
dors. Et soudain me vient le désir farouche de te protéger, de me battre pour
toi contre le monde entier. Tu dors et je te regarde. Dieu, comme tu es beau
tout à coup, et que je suis heureuse de t’avoir près de moi ! Chaque jour agrandit mon amour
comme un feu ardent qui me brûle le cœur. Je voudrais me fondre en toi,
dormir près de toi toute une éternité. J’ai beaucoup pensé à tout ce
que tu m’as dit, et malgré cela je n’arrive pas à me détacher de toi. Car
j’ai trouvé en toi autre chose de très beau qui efface le reste : c’est
la confiance que tu me témoignes. Et ça me semble tellement pur, tellement
nouveau, que j’ai peur de ne pas la mériter. Quand ton comportement me fait
de nouveau peur, alors que tu me parles de projets de vengeance et de combats
sans merci, je me dis que ce n’est pas ta faute et que ça va passer. Mais je
ne peux m’empêcher d’éprouver à chaque fois quelque douloureuse surprise en
même temps que du regret. Même à des centaines de
kilomètres on arrive encore à se déchirer, à se claquer… le téléphone au
nez ! Et cette impuissance à se comprendre, à s’expliquer ! Et ce
froid de la solitude qui me fait couler les larmes malgré moi et me fait
tourner en rond comme une bête en cage ! Personne à qui parler, se
confier, hormis ces pages vides… comme ma tête. Des centaines de kilomètres et
chacun de son côté à ruminer, à réfléchir, à pleurer, sans pouvoir dormir, à
se demander pourquoi et comment demain sera fait. Et de me demander s’il
reviendra demain ! Quoi de plus bête qu’une dispute quand chacun sait
que l’autre l’aime ? Les yeux ouverts dans le noir,
j’écoute les bruits sourds de la nuit. J’écoute la maison crier le trop-plein
des souffrances qu’elle a vécues depuis qu’elle est là. J’écoute le silence.
Les yeux ouverts dans le vide, je pense à cette drôle d’existence faite de
« pourquoi ? », et de « peut-être ! », de
« je t’aime », « je ne t’aime plus », et encore de
« je t’aime » : ce drôle d’espace-temps où l’on navigue tous
les deux sans jamais arriver à discerner vraiment la vérité de nos
sentiments… Partir hors de ces murs, sortir
de cette vie !... Je sais que je devrais me ressaisir, protéger mes
enfants qui n’en peuvent plus. Mais je me sens si inutile, si faible devant
les catastrophes occasionnées par ce maudit alcool… J’ai peur de commencer
demain une autre journée avec cet homme qui me regarde d’un œil accusateur.
J’ai l’impression que c’est moi qui suis fautive. J’ai peur de mon mari, cet être
si tendre avec les enfants des autres, si serviable avec les étrangers. J’ai
peur de la folie qui semble le guetter, nous guetter à la longue et qui, ce
soir, sans prévenir, s’est emparée de lui. Lui si cruel, si moqueur quand il
nous parle. Réapprendre l’autre du bout des
doigts, du bout du cœur, tout doucement et peu à peu, comme à contre-courant
d’une rivière, comme traverser une route avec la peur au ventre. Et
finalement, une fois arrivée de l’autre côté à la rencontre de l’autre,
quelle plénitude, quelle symbiose ! Deux corps dans la fusion
originelle ! Oubliées les rancœurs de chacun et viennent la tendresse et
la complicité. Soleil se lève sur mes
problèmes, se rit de mes ennuis, se meurt sur mes angoisses. Lit de
souffrance et blouses blanches ! Le temps est mort, suspend son vol.
Eternité insupportable ! Attente noyée dans un brouillard épais.
Anesthésie, neurasthénie ! Fièvre dévorante, mal insidieux !...
C’est la valse des microbes dans les couloirs de l’hôpital. Quand je nous regarde, je vois
un couple partir à la dérive, deux êtres qui s’éloignent l’un de l’autre
chaque jour un peu plus, sans savoir à quoi se raccrocher. Quand je vois ce vieux couple se
tenir par la main et que je nous regarde, je me demande ce que nous avons
fait de notre complicité d’antan et de la tendresse qui nous font tant défaut
aujourd’hui. Je ne vois que haine et mépris, je ne sens que douleur et
amertume et mon cœur se remplit de pleurs. Le soir du 1er
novembre fut la descente aux enfers, soit dit un nouveau stage de B. à
l’hôpital : hémorragie longue, laborieuse, jusqu’à la presque mort. Ce
que l’alcool a fait de mieux dans la dégénérescence humaine : une
« loque » ! L’apparence d’un vieillard proche du
tombeau ! Les gestes ralentis jusqu’à l’insupportable ! Le blanc
verdâtre du cadavre ! Maladie avec un grand M et le cortège des
docteurs, infirmières, hôpitaux. Traitement, absence, avec au bout de la
route l’incertitude ou l’espoir ? Vie nouvelle peut-être ? Même çà, j’ai essayé :
l’humour contre la colère, contre la rancœur. Mais toute une journée durant
contre l’adversité, ça ne dure qu’un temps. Et le naturel est revenu au
galop, aussi soudain que ma surprise, aussi brusque, aussi profond qu’a pu
l’être ma douleur face à sa haine. Si brusque, si soudain, si… mal que j’en
avais oublié le goût amer de la défaite et le salé des océans de larmes. Tant de noires disputes ont
assombri mon cœur ! Tant de mensonges, sur ma vie, accumulés, ont brisé
ma confiance ! Tant de rancune et de colère sont restées, lourdes de
larmes retenues et de promesses non tenues, incapables à présent de retrouver
la liberté, enfermées là, dans ma mémoire à jamais ! J’ai déposé les armes, laissé
couler les larmes, impuissante à comprendre. Ses paroles sont des coups de
poignard. Il se cache à présent, évite la
famille comme s’il avait honte. Il ne veut pas entendre leurs questions, leur
avis ; il ne veut pas voir la pitié dans leurs yeux. Il connait déjà la
sentence, préfère se terrer dans sa solitude comme un animal blessé, comme
une bête aux abois. J’ai décidé de combattre sa
faiblesse, le surveiller comme on veille un enfant, malgré la lassitude et
l’incertitude. Ne laisser aucune chance, plus jamais, à cet ennemi maudit qui
nous a séparés ; tenir bon, ne plus lâcher prise. Sa nouvelle maladie
nous rapproche à présent : espoir d’un renouveau, d’une vie nouvelle. Retrouver notre complicité, se
parler à nouveau ; faire attention à l’autre, aller à sa
rencontre ; oublier le passé perdu, nous retrouver à deux pour faire
face ensemble cette fois à l’adversité. Et peut-être, un jour, … le pardon ? Hier lundi s’est produit un
évènement inattendu que je n’espérais plus. J’ai retrouvé, en cherchant des
papiers, l’anneau perdu depuis des mois, et à côté comme un présage, la photo
de notre mariage : un joli cadeau du destin pour notre anniversaire de
mariage, avec en prime une hirondelle qui était simplement de passage et
resta pour la nuit dans notre garage. Un an après ta sœur, ta mère est
partie à son tour. Petit bout de femme courageuse, distribuant des bouts de
son cœur à qui voulait bien se servir, elle n’avait récolté que souffrance et
malchance de ce côté-ci de la vie. Un vol de corbeaux s’est abattu
sur mon esprit en déroute. Une envolée de factures a dégringolé sur mon
cerveau en délire. Lassitude sempiternelle, omniprésente. L’odeur de l’hôpital,
l’odeur de la mort… On croit que le pire est
derrière et voilà que ressurgissent les vieux démons avec nos anciennes
peurs : celles que l’on croyait enfouies au plus profond. De nouvelles
querelles, pour tout, pour rien, les « piques » douloureuses
lancées au long de la journée. « Je te demande pardon de
ne pouvoir t’aider. Je ne sais que me révolter face à ton attitude. » Peut-être qu’un jour j’oublierai
tous les mauvais souvenirs et je me blottirai à nouveau dans tes bras en ne
pensant plus qu’au présent. Recréer un espace rien qu’à nous, retrouver
l’homme enfant que je voulais protéger. « Je ne veux pas que tu
t’en ailles ! Je t’en prie, ne pars pas ! » Je cherche ta main dans le noir
de la nuit. J’ai peur comme une enfant qui se perd dans le noir. « Ne m’abandonne pas !
J’ai tant besoin de toi ! » Après une « énième »
dispute pour t’avoir de nouveau surpris à boire, je t’ai demandé calmement, à
bout d’arguments : « Qu’est-ce que tu
préfères ? Continuer à boire en sachant que tu peux en mourir, ou bien
arrêter et te soigner ? » Tu m’as répondu, ce
jour-là : « Je sais que je risque de
mourir mais je préfère que tu me laisses boire comme je veux. » Mais comment te laisser faire,
rester là impuissante à te regarder te détruire ? Je ne veux pas que tu
meures ! Je veux me dégager de cette
spirale dans laquelle tu m’entraînes, me libérer de cet engrenage, sortir de
ce trou sans fond qui nous aspire enchaînés l’un à l’autre. Oh je t’en veux ! Je t’en
veux tellement ! Nous serions si heureux aujourd’hui si tu avais cessé
de boire ! Cette maladie engendrée par l’alcool est en train de te
« bouffer ». Les chambres d’hôpital te connaissent par cœur. Je
suis fatiguée ! Je veux vivre pour moi, trouver un travail, devenir
indépendante ! Je veux prendre ma vie en mains, enfin ! Tournent les roues sur
l’asphalte noir de la route tandis que la voiture dévore les kilomètres.
Tournent les aiguilles sur le cadran de nos vies tandis que tu attends là-bas
dans cette chambre. Coulent les larmes malgré moi sans que je puisse les
retenir, se confondent avec le gris de la nuit qui ne veut plus finir. Ta peau parcheminée, tes membres
décharnés, et puis tes yeux hagards !... Elle a enfin gagné, cette
drogue traîtresse qui se disait ton amie et que tu as fini par aimer plus que
nous. Les médecins eux-mêmes ont déposé les armes et m’abandonnent,
impuissante, face à ce mal qui te grignote peu à peu. « Combien de volontés
briseras-tu encore ? » « Combien de familles
voleront en éclats ? » « Combien de vies
voleras-tu encore avant que le monde réagisse enfin ? » « Alcool combien
maudit ! » « Fléau
exécré !... » Les gestes au ralenti d’un corps
qui n’en peut plus, ton cerveau qui se noie dans un oubli total… Parfois,
dans un sursaut de lucidité, sur ton visage à nouveau éclairé apparait ce
sourire satisfait de n’être pas là-bas retourné au bout de ces longs couloirs
de souffrance dans ces lits recouverts de draps blancs. Te voilà parti doucement en
dormant. À force de lutter, fatigué tu étais. Je reste près de toi à te tenir
la main. Ne t’en fais pas, surtout ! Tu peux partir là-bas retrouver tes
parents et ta petite sœur. Dis-leur que tout va bien, qu’ils peuvent aller en
paix ! Ils sont venus te rendre
hommage : des gens que je ne connaissais pas, et d’autres… ô mon dieu !...
Ce vieil homme qui t’a connu enfant et qui t’a vu grandir. Il te voit là
étendu à présent et soudain se détourne, éclate en sanglots, accablé de
douleur. Il cache ses pleurs, écrasé de chagrin, crie sa révolte devant tant
d’injustice : « La mort s’est
trompée ! », dit-il. « Elle n’a pas pris le bon ! » Vois comme ton chien te veille,
assidûment à ton chevet… Et cette longue plainte quand ils t’ont
emmené !... C’est un rêve et je vais me
réveiller ! Mais non ! Je ne me réveille pas ! Le vide est là.
Tu n’es plus là. Je voudrais briser le mur du silence, combler ce vide qui
crie ton absence et résonne dans les murs de la maison. J’aurais voulu m’asseoir là-bas,
près de toi, sans me soucier des gens qui sont là, qui m’entourent, et puis
attendre là, attendre je ne sais quoi, peut-être que tu reviennes. Je regarde
ces fleurs, je regarde cette tombe et je me dis que ça n’est pas vrai. Ça ne
peut pas être toi qui es là. C’est un rêve, un mirage, une mauvaise blague.
Le soleil brûle et pourtant j’ai si froid. Les larmes coulent malgré moi et
je me sens « déconnectée ». Je déambule dans les rues de la
ville, de vague à l’âme en vagues larmes. Je me perds dans les rues de
silence à l’abri de la nuit. Je cache ma douleur dans la fraîcheur du soir.
Je marche dans les rues de mon âme. Je me perds dans le noir dédale de mes
pensées tortueuses, torturées. Seule comme aux pires heures de ma vie, comme
une peur d’enfant, une terreur inexpliquée. Je parcours le labyrinthe de mes
pensées perdues. Ils rient, ils crient, ils
parlent là rassemblés à la sortie des écoles. Ils sont VIVANTS !!... Moi
je me sens tellement vide ! Moi je suis morte à l’intérieur depuis que
tu es parti. Brouillard s’étale dessus la
terre tel un suaire. Obscurité s’éternise dans un demi-sommeil. Nuit
engloutit mon esprit à l’infini. Je regarde avec une douloureuse
surprise les guirlandes qui illuminent les rues de la ville, signes
annonciateurs du prochain Noël. Déjà !... Ce 1er noël où tu
ne seras pas là. Ce noël que tu ne verras pas. Ton absence me hante telle une
présence en négatif. Brume de novembre alourdit ma peine, pèse sur les croix,
obscurcit les tombes. Tu me manques… J’ai acheté un bouquet de
tulipes : tu les avais toujours aimées. Je les ai posées sur ta tombe.
Elles sont là, encore belles. Imperturbables, elles résistent au vent et à la
pluie, comme un gage éternel de mon amour pour toi. Ne pas leur dire que j’ai eu le
cafard ! Ne pas leur dire que je me sentais seule, que j’ai pensé à lui,
que j’ai pleuré encore –impression de tomber dans un puits sans fond-, leur
cacher mon chagrin pour ne pas leur causer de peine. Je pense à présent à tes
derniers instants et je me sens coupable. Je n’avais pas compris que tu étais
en train de partir, même quand tu as balbutié : « On va y aller, là-bas, de
l’autre côté ! » Mais tu disais tellement de
choses bizarres depuis longtemps déjà et j’étais si fatiguée ! Je
regrette tant ! J’étais là à côté de toi et je n’ai rien vu. "Ces écrits, j’en ai peur,
resteront dans l’ombre un bon nombre d’années encore. Quelques miettes,
pourtant, se perdront au hasard des pages de ces livres donnés à qui veut
bien les lire. Des miettes de pensée disséminées de-ci, de-là, des morceaux
de ma vie avec parcimonie se mêlent à présent à d’autres poèmes, à d’autres
idées. Jamais je n’oserai me dévoiler
entière, de peur de blesser mes proches. Riez donc, bonnes
gens !... Je ne suis qu’une enfant égarée dans la cour des
grands. » Thérèse Leroy |
UN INCROYABLE VOYAGE |
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La nuit va bientôt tomber,
toutes les lumières s’allument : néons, enseignes, cafés, restaurants,
lampadaires, salons ou cuisines où l’on aperçoit de temps en temps la
télévision qui fonctionne selon l’envie des gens rentrés chez eux après leur
journée de travail. Toute la ville s’illumine et c’est plutôt beau. Les
passants s’activent encore plus, poussés par la nuit qui les couvre de son
intense fraîcheur. Je me précipite vers ma maison, fatiguée par une dure
journée bien remplie. Enfin seule ! Une belle soirée bien tranquille
en perspective. Je me dirige vers la salle de bain où je fais couler l’eau
dans la baignoire en y ajoutant des huiles parfumées et apaisantes qui me
détendent et quel bonheur ! Je m’enfonce dans le bain de mousse et de
douceur où mon corps disparaît. Quel bonheur ces moments, loin du « blabla »
quotidien ! Seule à penser tout haut, à rêver les murmures de la nature,
à imaginer les bruits de la maison. Chaque nuit, nous voilà vagabondant
au-delà de toutes limites. Nos désirs deviennent infinis. Le temps et les
distances sont abolis. Le rêve nous plonge dans l’infini. Sitôt couchée sous mes couvertures, je pars dans un
autre monde qui m’est inconnu. Pas de transport, pas de bagage, c’est un
voyage à la bohème. Dans mes rêves, il y a une liberté que j’aime
particulièrement. Je visite tous les pays du monde car chacun a son histoire,
ses mystères et ses paysages. Comme les cigognes d’Alsace, je prends le
premier vent qui m’emporte. Je ne sais pas, est-ce avril ou décembre ?
Est-ce lundi ou jeudi ? Je ne me souviens que des chemins qui se
croisent et qui s’ajoutent à ma vie. Ma première escale est le Canada où je découvre les
chutes du Niagara et ses tonnes d’eau qui s’écoulent jusque je ne sais
où ! Je mange ensuite de jolis et délicieux petits gâteaux au sirop
d’érable mais, pas le temps de dire au revoir que je me retrouve en Italie,
où la tour de Pise me regarde avec son air de travers. Je monte au dernier
étage et j’admire l’horizon. Et je suis déjà en Grèce, pays magnifique qui
renferme plein de secrets et les monuments historiques sont à en couper le
souffle. Sur les ruines de l’Acropole, plane l’âme des dieux grecs. Puis je
quitte la Grèce pour m’envoler ensuite vers la Chine, plus précisément sur la
grande muraille de Chine qu’on voit depuis la lune avec des jumelles. Soudain
un de mes amis Chinois me fait manger avec des baguettes. Avec maladresse,
j’accomplis le geste. Cependant une baguette glisse des mains et en cherchant
à la rattraper j’arrive au Kenya. J’y admire les beautés de la faune sauvage,
sous le soleil brûlant. J’aperçois le Kilimandjaro, massif volcanique
imposant du continent africain qui est toujours recouvert de neige. Cependant
pour apaiser la chaleur, je préfère le pôle nord pour dormir dans un igloo et
observer les chiens de traîneau courant sur la banquise. Je me sens propulsée
jusque dans les Andes en Bolivie, au rythme de la flûte de pan m’amenant
ensuite jusqu’en Argentine dansant le tango avec un cavalier au regard
ténébreux et aux cheveux noirs. Lorsque la musique s’arrête, je me sens
projetée et je suis en même temps abasourdie par le Big Ben de la tour de
l’Horloge du Palais de Westminster à Londres. L’humidité glaciale du
brouillard épais qui flotte au-dessus de la Tamise, s’abat sur mes épaules et
je recherche aussitôt la chaleur que l’Egypte m’offre en m’émerveillant
devant la pyramide de Khéops où trône le sphinx dont la tête tournée vers le
levant nous montre ainsi qu’il règne sur le monde pour toujours. Je repars et
me voici au Japon, un vrai petit paradis ! C’est bizarre cette sensation
de savoir parler toutes les langues ! Je parle à des pêcheurs qui
s’affairent à décortiquer les huîtres pour en retrouver la perle et voici que
celle-ci roule et m’attire jusqu’en Australie. C’est parmi les kangourous que
je me retrouve et j’apprends à faire des bonds qui me mènent jusqu’à Los
Angeles, la ville des stars américaines. Je mange dans un grand restaurant,
habillée d’une merveilleuse robe. Le ventre bien rempli, je pleure devant une
romantique pièce de théâtre, à Paris. Une retentissante sonnerie s’entend au
loin. J’ouvre les yeux. N’avais-je pas les yeux ouverts avant ? Mais
oui ! Je faisais un rêve ! Souvent au réveil une drôle de sensation nous
envahit, celle d’être étranger au lieu où nous avons passé la nuit. La chaude
caresse des draps sous la couverture cherche encore à me protéger du doux
sommeil dont je ne voulais pas vraiment sortir. Je m’étire sans hâte,
tranquille et paresseuse, et je me retourne puis je reconnais l’étrange effet
tamisé de la clarté qui envahit ma chambre, une lumière paisible bien de chez
nous. Je me rends compte que c’est ici, mon paradis.
C’est ma chambre ! Melle Bardiaux |