SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°22

 

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Mai-Juin-Juillet-Août  2007

 

 

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

JEUNES

Tu es dans mes plus beaux rêves page 3

Stéphanie  BONNEVILLE

De ma fenêtre j’ai vu page 3

Ecole Ferdinand Buisson

Grand-mère page 4

Danielle ETHUIN

Le Mexique  page 4

Thomas WANESSE

Les vacances page5

Fanny CANONNE

Le papillon doré  page 6

Ophélie BRASSELET

La vie page6

Océane BERTHIER

HUMOUR ET PATOIS

Ches crayons d’ couleur page 8

Daniel CARLIER

Nénette, m’tourterelle  page 8

Jean-Pierre LEFEBVRE

Ein’vie page 9

Jacques HUET

Le  safari page 10-11

Hector Melon d’Aubier

Comme il était charmant page 12

Anonyme

Paparazzi  page 13

Grasjacqs

Ches œufs d’ech’remet page 14

Georges RATEL

ADULTES

Maman page 15

Guislhaine LAURENT

Si tu te sens malheureux page 15

Thérèse LEROY

Lever du jour page 15

Henri LACHEZE

Alice au pays des pauvres page 15

Marie-Antoinette LABBE

Les inutiles page 16

Paule LEFEBVRE

Les fleurs de mon jardin page 17

Marcel LESAGE

Aucun reproche page 18

Christelle LESOURD

Quelques mots doux rien que pour toi page 18

Claude BOISSE

Chez papi-mamie page 19

Jacques MACHU

La vérité page 20

Maryse MARECAILLE

L’amitié page 21

Michel MELY

Le temps page 22

Yann VILLERS

Frères jumeaux page 23

Charles-Jean JACQUEMIN

Inspiration page 24

Jean-François SAUTIERE

Lumière toxique page 25

HERTIA-MAY

Il y a la télé page 25

Brigitte CAPLIEZ

Désillusion  page 26

Geneviève BAILLY

Mariage  page 27

André NOIRET

NOUVELLE

Le buffet page 28 à 32

Brigitte COGEZ

 

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TU ES DANS MES PLUS BEAUX REVES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mes yeux se ferment doucement,

C’est là que pour moi tout recommence,

On se croirait dans la réalité,

Mais on ne fait que rêver.

 

Le ciel est bleu et sans nuages,

C’est là que j’aperçois ton visage,

Tu me regardes comme personne ne l’a jamais fait,

Tu me regardes comme si tu comprenais.

 

Dans mes rêves,

Je te donne rendez-vous,

Dans mes rêves

Je ne veux voir que nous,

Si je rêve,

C’est pour trouver l’Amour,

Quand je rêve,

J’écris ton nom en lettres de velours.

 

Stéphanie Bonneville

 

 

 

 

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De ma fenêtre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  ECOLE FERDINAND BUISSON

 

 

De ma fenêtre j’ai vu

J’ai vu un éléphant courir

dans le couloir.

J’ai vu une tortue

tourner en rond.

J’ai vu un camion se garer

dans une armoire.

Céline

 

De ma fenêtre je vois un chapeau

bleu avec deux yeux.

Un tigre blanc qui porte un turban.

Une trottinette qui joue de la

trompette.

Une maison sur le dos d’un cochon.

Léna

 

De ma fenêtre je vois :

Une noisette qui fait sa toilette.

Un dauphin qui voyage

sur le dos d’un nuage.

Un lapin qui danse

avec les indiens.

Un ours qui conduit un train.

Stanislas

 

Je vois, je vois…

Je vois une fille qui fait un nid dans lejardin de Martin.

Dans le cœur d’une fille je vois une jolie p’tite souris.

Je vois un petit garçon qui caresse un champignon auprès de sa maison.

Je vois des violettes qui font la fête près d’une rainette.

Et dans les fleurs des champs un parfum délicieux qui embaume la journée d’un magnifique ciel bleu.

Dorine

 

De ma fenêtre, j’ai vu une chouette qui lavait une assiette.

J’ai vu un papillon qui mangeait des lions.

J’ai vu un chimpanzé qui préparait à manger.

J’ai vu un lapin qui caressait un pingouin.

J’ai vu un gros loup qui jouait du biniou.

Lindsay

 

 

 

 

 

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Grand-Mère

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Aujourd’hui nous sommes le dimanche 4 mars,

c’est un beau jour spécial pour toi ma grand-mère, car aujourd’hui c’est ta fête !

 

Et en tant que ta petite fille chérie, c’est beaucoup de fierté pour moi d’avoir une grand-mère comme toi.

 

Ton si beau sourire enrichit le visage de ceux qui le reçoivent, il ne dure qu’un instant et le souvenir de ce sourire est parfois éternel, il ne peut ni se prêter, ni se voler.

 

Pour la plus jolie des grands-mères, aucune fleur ne peut t’égaler. Ta douceur et ta tendresse me bercent et me protègent

 

J’ai beaucoup de chance de t’avoir, car tu es pour moi le plus beau des trésors. Ainsi je veux te dire du plus profond de mon cœur :

Je t’aime mamie

de Danièle Ethuin

 

 

 

 

 

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LE MEXIQUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le Mexique est un pays où il fait très chaud le jour

mais il fait très froid la nuit.

 

Moi, je voudrais bien aller vivre au Mexique. .

Au fait je m’appelle Thomas Wanesse et j’ai 9 ans.

Je sais qu’il y a quelques maisons ou des huttes en paille.

 Le Mexique, sur nos cartes, il se situe entre l’Amérique du Nord

et l’Amérique du Sud.

J’habite à Caudry dans le Nord. C’est loin le Mexique de ma ville,

 mais c’est mon rêve.

 Et là-bas je ferai bâtir un restaurant et je l’appellerai LE MARIN.

 Et bien sûr j’aurai une maison et une hutte.

J’adore le Mexique !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Thomas Wanesse

 

 

 

 

 

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LES VACANCES

 

 

 

Il était une fois Samantha, la fille du directeur de lécole, qui habitait à Paris. Un jour, ils partirent en vacances en famille.

 

Ils partirent en Australie pour aller voir leur famille. Mais malheureusement, le jour où ils arrivèrent devant chez leurs grands parents, le père voit la maison vide. Alors, que font-ils ? Ils vont à la mairie. Puis à la mairie on leur dit quils sont repartis vivre à Paris leur ville natale.

 

 Alors Samantha dit à son père que sils sont repartis à Paris cétait peut-être pour nous voir. Donc le père téléphona à sa mère. Et sa mère répondit au téléphone et lui demande où ils étaient passés. Le père lui dit quils sont en Australie pour les voir ! Puis il leur dit quils vont prendre le prochain train pour revenir à Paris.

 

 Alors sa grand-mère lui demande à quelle heure était le prochain train. Et il lui répondit : ce soir vers 17 h. Donc, il lui dit : à tout à lheure.

 

 Puis ils prennent le train pour rentrer à Paris. Ils attendirent plus dune heure, puis il entrèrent à leur maison pour voir leurs grands parents. Et les grands parents restèrent vivre à Paris auprès de leurs enfants et petits enfants. Tout est bien qui finit bien !

Fanny Canonne 11 ans

 


 

 

 

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LE PAPILLON DORÉ

 

Il était une fois un petit papillon doré.

Il volait autour d’un château sinistre, et il était heureux.

Mais un chasseur l’a capturé.

Et le chasseur l’a enfermé.

Pendant un an, il resta prisonnier.

 

Tous les jours il mangea de la bouillie, et il lisait des livres.

Mais sa famille était très triste, et l’aîné de la famille, Estéban, décida de partir à sa recherche.

 

Il traversa les bois, la forêt, et le lac.

Soudain, il voit un château sinistre, il entre et voit son papa.

Il le délivra mais le chasseur était derrière lui, mais c’était un géant.

Le papillon doré s’est battu et arriva, avec sa grande matraque, à assommer le géant.

Et il voit encore une autre cage où il y avait une belle fille papillon.

Elle s’appelait Zia.

Ils tombèrent tout de suite amoureux.

Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

 

Ophélie Brasselet – 10 ans

 


 

 

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La Vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

C’est un cadeau du Seigneur

et de nos parents

car c’est notre mère

qui nous met au monde.

 

 Le plus beau cadeau

qu’on donne à nos parents

est celui de notre naissance

et de les aimer,

car ils nous aiment,

faisons-en autant.

 

Océane Berthier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CHES CRAYONS D’ COULEUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

« Ein’ couleur cha n’ fait pont ein homme ! »

Qu’al dijot l’ mère à sin gamin

Qui barbouillot d’sus ein cal’pin

L’ tiêt’ souriant’ d’ein viux bonhomme.

 

« A m’ mode équ’ pou ein gintilhomme,

Y’ a faut qu’ du blanc qui li va bin ! »

« Ein’ couleur cha n’ fait pont ein homme ! »

Qu’al dijot l’ mère à sin gamin.

 

…Et ch’ timps i-a rindu polychrome

El visach’ de ch’ concitoïen ;

Madam’ natur’ v’not tout duch’mint

Ed confirmer à ch’ tiot, in somme,

« Ein’ couleur cha n’ fait pont ein homme ».

 

                Daniel Carlier

 

 

 

 

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NÉNETTE, M’ TOURTERELLE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

L’histoire que j’ vas ci vos raconter all est absolumint authintique.

A c’ timps-là j’armeureus dins un tiot villache, près d’ Caudry. J’aveux in appartemin au prinmier étache d’inne école. Un jour qu’in dineut, vlà ti pos qu’ sur l’ rabas de l’ fernette ouverte vié s’ poser inne tiote tourterelle. J’ m’avince, a n’ bouge pos. J’ pose un morcé d’ truche su l’ rabas. A n’ débuque pos et sins s’occuper d’ mi al miu.

L’ lind’mon al est carrémint v’nue picorer les miettes ed pon su l’ tape d’ cuisine. J’ai imprinté inne cage à moinets et j’ai mis d’dins inne tiote assiette aveuc d’ l’é et inne eute aveuc des grons d’ blé. Hé bé al est armeurée pou l’ nuit, l’ porte de l’ cage ouverte.

L’ lind’mon j’ai ouvert l’ fernette. Al s’est involée vers les bos. Tous les jours à six heures du soir al arriveut et al rintreut.

Pindint que j’ soupeus al v’neut s’ poser su m’ terte et après s’ête bé rimplie l’ gésier al s’in alleut s’ jouquer dins l’ cage pou passer l’ nuit.

J’ l’aveus applée Nénette et quind j’ l’appleus al arriveut aussi sé.

Un soir j’ai eu bo l’appler, alloter inne boîte aveuc du gron comme in fait pou faire rintrer les coulons, pus d’ Nénette. Des années après j’ai appris qu’un ébreute y l’aveut attrapée et infrinmée dins inne cage. Aujourd’hui, quind j’y r’pinse je n’d’ai cor du meu à min couair.

 

 

Jean-Pierre Lefebvre

 

 

 

 

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EIN’ VIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’ai connu ein pays plein d’eun’ poussière qui arcouvrot cheul tierre, ches fleurs, ches apes et minme l’ carr’lache ed ches masons.

J’ai connu chl’école communale d’ù qu’in étot 40, 45 élèfes par classe. Aveuc deux tiers ed tiots polonais qui, à 6 ans, parlotent à peine l’ Français, mais qui, 8 ans pu tard, savotent tertous lire, écrire, compter et canter l’ Marseillaisse et l’ Pays d’Artois.

J’ai connu ches ‘grandes vacances’ qu’in passot à courir dins ches camps et ches bos aveuc, pou seule corvée d’ ram’ner des sacs d’hierpe pou ches lapins.

J’ai connu ches séances ed cinéma, l’ diminche après midi, assis à ches premières plaches, d’vant chl’écran, riant comme des bochus d’ ches fardaines d’ Laurel et Hardy. Ou claquant nou bottines su ch’ plancher au rythme d’ ches batalles inter comboys et indiens.

J’ai connu ches leçons d’ catéchisme l’ Jeudi matin, et chl’inquiétude au momint de l’ première confession à ch’ prête qu’in n’ véyot po derrière cheul cloison d’ bos ajourée.

J’ai connu l’ fierté d’ communier pou l’ première fos, aveuc cheul drôle ed sinsation dl’hostie, qu’in n’ devot po mâcher, mais qui restot collée à ch’ palais.

J’ai connu ches premiers émois quans sin r’gard croise ch’ti d’eun’ fille qui n’ baisse pos s’z yiux et qui sourit. Mais aussi ches premières palpitations du cœur à l’ lecture de ch’ billet d’amour, apporté par ein comarate qui servot d’ facteur.

J’ai connu l’ joie sans parelle d’ cheul première baisse dins chl’obscurité d’eun’ salle ed cinéma et de ch’ momint d’ù qu’in ose infin…

J’ai connu l’ désolation d’ mai 1940. Quand ches gins traînant leu baluchon et leu marmalle, s’in allotent à l’avinture, affolés par l’invasion all’mande et par ches Stukas qui faisotent des cartons meurtriers dins cheul foule désimparée.

J’ai connu ches années ed misère et d’ peur d’ù qu’in faisot la queue pou acater à minger aveuc des tickets d’ rationn’mint. D’ù qu’in acoutot l’ BBC et M. Schumann s’imploïant à intret’nir l’ moral d’ ches populations invahies qui mettotent leus espoirs dins ein Général De Gaulle et dins ches Forces Françaises Libes aux côtés d’ ches alliés.

J’ai connu l’artraite des vainqueurs d’hier, à pied, à vélo, in carette à qu’vaux, soldats mal rasés, usés, affolés guettant ches coins d’ rues, les tots des masons, ches incoignures ed portes d’ù qu’ pouvot partir soudain, l’ cop d’ fusi d’ ches FFI.

J’ai connu l’ délire de l’ Libération aveuc l’arrivée des tanks inglais et américains, distributeurs d’ chewing-gum, d’ cigarettes blondes et d’ boîtes ed boulibeef. Momints d’ivresse qui ont vu l’artour d’ ches bals –interdits pindant 4 ans- tous les jours dins tous ches villaches. Momint d’ivresse grâce à chl’accordéon qui armettot au goût du jour, ches valses, polkas, tangos, pasos d’avant-guerre, avant d’ commincher à subir l’ trompette et l’ saxo rythmant ch’ Be-Bop que l’z américains avotent am’né aveuc euss’.

J’ai connu, apeuré, l’ première deschinte au fond de l’ fosse, dins l’ cage qui simblot aspirée par ches profondeurs obscures.

J’ai connu ch’ métier qui n’arsonne à aucun aute, fait d’ courache, d’ volonté, d’intr’aide, d’ momints… d’ contint’mint, d’ rache, d’inquiétute. Mais aussi de l’ joie d’artreuver, après 8, 9 heures passées dins l’z intralles de l’ tierre, l’ solel et l’ demi d’ bière qui gliche délicieus’mint dins ein gosier impoussiéré après l’ dernière goutte d’ café de bout’lot trop vite vidié.

J’ai connu l’ temps du régimint aveuc des comarates qui d’viennent comme des frères, et des tiots chefs vicieux qui n’ savent po quo invinter pou humilier des gins parels à euss’ et qu’i n’ fait’t qu’ passer intre leus mains. Mais aussi des viux gradés qui s’ conduitent comme des pères ed famille après avoir roulé leu boche sur des tas « d’ théates d’opérations » d’ù qu’i’z arvénotent souvint meurtris dins leu chair ou dins leu âme.

J’ai connu l’ bonheur d’ fonder ein foyer aveuc po gramint d’ sous mais des tonnes ed tindresse et d’amour. Aveuc aussi pu vite qu’ prévu l’arrivée d’ nou premier garchon. Evèn’mint qui m’a valu tout plein d’ félicitations de l’ part d’ mes copains d’ouvrache et d’ ches deux familles n’ perdant po d’ vue qu’ cha s’rot naturelmint l’occasion de s’ faire rincher l’z amydales à l’oeul. Alors que, tous comptes faits, l’ mérite arvient ed drot à chl’épouse qui a consacré 36 s’maines de s’ vie à l’ fabrication de ch’ tiot qu’al est heureusse d’offrir à s’n homme.

J’ai connu ches momints d’ joie, ed décourag’mint, d’émotion qui jalonnent eun’ carrière professionnelle, doublée d’activités syndicales et politiques. Aveuc, in supplémint, ches contraintes volontair’mint acceptées d’ein correspondant d’ presse. Toudis à l’affut d’ l’actualité et ches évén’mints locaux qui arflètent l’ vie et jour après jour, mos après mos, écrivent l’histoire d’ ches tiots pat’lins qui fait’t rar’mint la une d’ ches jornals télévisés.

J’ai connu l’ vie trépidante d’ cheux qui s’ dévouent pou essayer d’ faire partager chl’idéal qui l’z anime, pou défindre des comarates qui crit’t au s’cours, pou donner ein cop d’ main à cheux qui sont dins l’ brin. Avant de s’ rinde compte, bin pu tard, qu’ ch’étot au détrimint de l’ vie d’ famille qui a ténu l’ cop, malgré tout, grâce à l’abnégation de chl’épouse.

J’ai connu l’apais’mint qu’apporte l’ vie d’artraité permettant d’ faire l’ point su l’z évén’mints qui ont marqué eun’ vie bin rimplie d’inthousiasmes, d’ projets réalisés, d’espoirs déçus. Façon d’ vive qu’in a forgée à s’ mode et qu’in n’argrette po forchémint.

V’là tout chu qu’ j’ai connu d’pu qu’ j’étos in âche ed comprinte et à près d’ 70 ans, i m’ resse telmint d’affaires à connaîte. Heures’mint !

 

Jacques Huet

 


 

 

 

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COMME IL ETAIT CHARMANT                       Auteur anonyme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Quand il n’était que mon amant

Mon Dieu qu’il était charmant

Mais depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

Quand il n’était que mon amant

Il avait des baisers troublants

De ces baisers pleins de passion

Qui vous coupent la respiration

Qui vous coupent les jambes, les bras

Qui vous coupent tout !!! Vous voyez ça.

Aujourd’hui si j’ose tenter

Le plus innocent des baisers

Il s’essuie d’un revers de la main

Tu m’as mis du rouge ; ça c’est malin

Ah ! Depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

Quand il n’était que mon amant

Pour m’appeler très tendrement

Il trouvait toujours quelque chose

Il disait : Dis mon pigeon rose

Ou canard bleu… Oui mais maintenant

Il a changé, c’est évident

Il n’y a plus d’ canard, plus d’ pigeon

Plus de bleu, plus de rose, et mon prénom

Je crois bien qu’il l’a oublié

Quand il veut m’appeler, il fait « Hé » !

Ah ! Depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

Quand il n’était que mon amant

Il m’emmenait au restaurant

Les meilleurs vins, les meilleurs plats

Rien n’était trop bon pour moi

Maintenant je fais ma cuisine moi-même

Et je varie mes menus à l’extrême

A chaque nouveau plat succulent

J’attends qu’il goûte le cœur battant

Hein qu’en dis-tu ? C’est nouveau

J’en dis rien… C’est jamais que du veau.

Ah ! Depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

 

 

Quand il n’était que mon amant

Ma fête c’était un évènement

Jamais il n’aurait oublié

De gentiment me la souhaiter

Et il me comblait de cadeaux

Evidemment c’était trop beau

Quand je dis, c’est ma fête, tu sais

Il fait : Encore, tu exagères

C’était déjà l’année dernière

Ah : Depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

Quand il n’était que mon amant

Il était tendre et passionnant

Si nous promenant d’aventure

Je tordais ma chaussure

De suite, il se précipitait

T’es-tu fait mal mon petit poulet

Aujourd’hui le même accident

M’attire ces propos galants :

Enfin, c’est extraordinaire

Tu passes ton temps à te foutre par terre

Ah ! Depuis qu’il est mon mari

Il est un peu moins gentil.

 

Quand il n’était que mon amant

Mon Dieu qu’il était donc charmant

Moi j’ai cru que cela allait durer

Alors, bien sûr, je l’ai épousé

Si j’avais su évidemment…

Mais voilà l’on ne sait pas avant

Si je n’étais pas sûre que c’est lui

Je ne le reconnaîtrais plus

J’aimerais retrouver ses caresses

Et ses petits mots pleins de tendresse

J’ les ai retrouvés, sans blague,

Vraiment, depuis hier,

                              J’ai un amant !

 

 

 

 

 

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Paparazzi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

De dérives de vieux beaux

Pour magazines à scandales

Aux galipettes de stars

De derrière les fagots

En passant par les excentricités

Des vieilles rombières

Rien n’échappe à la longue focale

De sieur paparazzi

Qui raffole des lazzis

Et dégaine sa noire rapière

Explosive comme mille pétards

Pour du fourreau

En sortir

D’intrigantes images

Et c’est vraiment dommage

Dont raffolent certains oiseaux

De proie

Qui n’ont ni foi ni loi

Proie facile en vérité

A la merci du reflex numérique

C’est bien là qu’est le hic

Que ce voyeur de l’ombre

De scrupules point ne s’encombre

Et fasse rejaillir en pleine lumière

Les travers de l’intimité

Des âmes bien nées

Qu’on le veuille ou non

Paparazzi s’est fait un nom

Et a du chien comme du nez

Il vaut mieux en rire.

Grasjacqs

 


 

 

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CHES ŒUFS D’ECH’ REMET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

El’ vie a ben cangé ! Dins l’temps, intre voèsins, in s’disot bonjour…. Chés cinsiers y s’ donnotent in cop d’main  quand el’ grosse batteuse al arrivot dins ch’ villache….. L’hiver, in allot al soirée à mon d’ chés voièsins. Chés hommes y jouotent aux cartes, au piquet, al’ manille, au carabin… pindint qu’chés fèmes y papototent et qu’chés gosses y s’amusotent à faire des carrioles avec des boëtes d’amidon et des bouchons copés in rondelles.

   Dins l’temps, chés jones y n’mettotent point l’ fu à chés poubelles comme ach’ t’heure. Pét’- êt’ parce qu’y n’avot point. In j’toés chés détritus ed’sus fien au fond d’ech’ gardin, ché éplucures ed’ légueumes, chés chindres d’el’ kéminée ed’ fu d’ bos, chés coquilles d’œufs…. Et puis’ qu’in parle d’œufs, ech vos vous raconter in histoère…..

Quind j’étos gosse, in jeudi, (à ch’ timps lo, in n’fesot point l’école el’ jeudi), in arvénant ed’ querre ech’ burre dins eune cinse à l’aut’ bout d’ech villache, dins in remet (*), j’avos trové quat’ œufs d’ glaine. Ech’ les avos mis dins min béret pour n’ point les casser et j’ les avos rapportés al mason in pinsant qu’in auro pu faire eune bonne om’lette aveuque. Ché point du tout comme cho qu’cha s’est passé ! Em’ mère a s’est mis in prousse, dijant qu’in n’étot point des voleux et qu’y fallot qu’j’aille arporter ché œufs lo où j’ les avos trovés, ce qu’ j’ai fait illico-presto. Ed’nos jours, j’ n’cros point qu’ cha passerot incore comme cho : Ech pinse qu’in prindro chés œufs et pis, si possip’,…… el’ glaine aveuque !

 

(*) Remet : espace entre deux maisons.

 

Georges RATEL

CROISILLES    2006

 

 

 

 

 

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MAMAN…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Au clair de la lune,

Prête-moi ta plume,

Que je te pare d’or, d’étoiles ou d’argent,

Pour briller dans le firmament.

Mais aussi belle que tu puisses devenir,

Jamais tu n’égaleras l’éclat du sourire,

De celle qui emplit mon cœur

Chaque jour d’un grand bonheur,

Tu l’as bien compris évidemment :

Je parle de ma maman !

 

      Maman, je t’aime

 

Guislaine Laurent

Institutrice - Ecole Saint Michel de Caudry

 


 

 

 

 

 

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SI TU TE SENS MALHEUREUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

C’est quand l’enfant devient ado

Que sa mère se sent vieillir

C’est quand il trouve sa promise

Que sa mère se sent laidir

C’est quand l’ado devient adulte

Que sa mère se sent faiblir

C’est quand le fils quitte le foyer

Que sa mère se sent partir.

 

Nos enfants ne nous appartiennent pas.

Ils sont juste une partie de nous

Qui se détache à plus ou moins longue échéance

Comme un fruit qui mûrit peu à peu.

Et un jour ils s’en vont pour de bon

Plus ou moins douloureusement

Comme une seconde naissance.

 

Thérèse LEROY

 

 

 

 

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LEVER DU JOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Chemise de la nuit,

Abandonnée jusqu’à ce soir.

Craquent les os du jour ; l’aube s’étire.

 

Réveille-matin piailleur

Des oiseaux déjà vaquant,

A leurs gammes et querelles ;

Rosée sur la frimousse,

Petits brins de toilette,

Un fond de coquelicot

Sur les joues des prairies ;

Coup de peigne aux blancs nuages

En coup de vent,

Et sautent les ruisseaux,

Courant comme beaux diables

Aux rendez-vous des confluents !

 

Et le voici enfin, Lui, le Soleil,

Vraiment très Grand Seigneur,

Qui fait le paon à la queue d’or

Et ouvre grand la bouche,

Nous baillant belle sa lumière !

 

                                      Henri Lachèze

 


 

 

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ALICE AU PAYS DES PAUVRES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Des placards privés de café

Des étagères dépourvues de douceurs

Aucune bûche dans le foyer

Pour ce feu qui se meurt

 

Froid et misérable

Le petit logis d’Alice

Chaud et inimaginable

Le grand sourire d’Alice

 

          Marie-Antoinette Labbe

 


 

 

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LES INUTILES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ils se lèvent…mais pour rien.

Ils se préparent…pour personne.

Ils attendent…mais en vain.

Ils écoutent…nul ne sonne.

 

S’intéressent volontiers

A ceux qui les entourent

Mais ceux-là sont des sourds

Pour qui ils sont casse-pieds

 

Voudraient bien entreprendre,

Et créer et bosser

Au grand œuvre du monde,

Voudraient participer,

Et au progrès prétendre.

 

Pas de problème, dit-on !

Qu’ils restent donc tranquilles !

Ce sont les inutiles.

Paule LEFEBVRE

 

 

 

 

 

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LES FLEURS DE MON JARDIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il y a des fleurs dans mon jardin

Qui m’accueillent tous les matins.

Les perce-neige, le forsythia

Me disent que l’hiver s’en va.

Les narcisses et les jonquilles,

Sans cesse, étendent leurs familles.

Les boutons d’or, sans permission,

Envahissent mon estragon.

Je vois s’élever, côte à côte,

Les tulipes et les échalotes.

En haut du mur, la giroflée

Embrasse le lilas d’à côté.

Au creux de leurs grandes collerettes,

Je sens l’odeur des violettes,

Et du muguet, qui n’est jamais

Au rendez-vous du premier mai !

Viendront les roses, le seringa,

Le chèvrefeuille, les dahlias ;

Quand il y aura du soleil,

Vont bourdonner des cents d’abeilles.

 

J’aime les fleurs de mon jardin,

Y a pas seulement ce qui nourrit,

Il faut aussi ce qui est joli.

Quand, souvent, je redresse mes reins,

Je me repose à les regarder,

Et quand le vent les fait bouger,

Elles me font un petit câlin,

Toutes les fleurs de mon jardin.

 

On a chacun, dedans son cœur,

Une réserve de bonheur.

On y met ses bons souvenirs,

Ses grandes joies, ses petits plaisirs.

C’est près d’eux qu’on se réfugie

Quand on rencontre des soucis,

On y retrouve son entrain ;

Ce sont les fleurs de son jardin.

 

Marcel Lesage

 

 


 

 

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AUCUN REPROCHE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Aujourd’hui, je subis

L’erreur de mon inconscience

Je ne peux plus faire confiance

En restant ici.

Aujourd’hui, j’aimerais en finir

Pour ne plus y réfléchir

Mais, demain,

Quand tout sera encore vain

Je reviendrai

Encore et encore

Peut-être même encore plus forte

Et, même si je m’endors

Que le vent m’emporte !

Et, même si le froid pénètre ce manteau d’or

Je n’enfilerai aucune moufle

Et, dans ce dernier souffle,

Je te le dirai

Que de toute ma vie,

Tu es le seul

Que j’ai vraiment aimé

Et, si l’Enfer est ma seule échappatoire

Vu qu’aux autres, j’ai fait croire

Que je m’étais accrochée

Et pourtant, tu es l’unique à mes pensées

Victime de toi, je suis

D’être la leur, j’ai fui

Ne me demande rien

Je n’ai jamais été aussi loin

Même si l’heure approche,

N’aie aucun reproche.

 

Christelle Lesourd - 19 ans

 

 


 

 

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QUELQUES MOTS DOUX

RIEN QUE POUR TOI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Je t’aime tant

Que chaque fois

Que tu n’es pas

Près de moi,

Le temps passe

Trop lentement.

 

Je t’aime tant

Qu’aussitôt que tu reviens

Dans mes bras,

Tu ramènes le bonheur

Dans mon cœur.

 

Je t’aime tant…

Petits bisous d’amour.

 

Claude Boisse

 


 

 

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CHEZ PAPI-MAMIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

1

 

Dans le grenier de grand-mère

Où règnent encore plein de mystères,

Sous la poussière sont cachées

Des merveilles du temps passé :

A côté d’un landau bleu ciel

Il y a des robes de dentelle

Des gants de laine, des tabliers

Et un gros fer à repasser.

Dans un tiroir, j’ai découvert

Ses anciens livres d’écolière

Avec ses cahiers de fillette

Ecrits à l’encre violette…

2

 

Le cabanon de mon grand-père

Contient son petit univers ;

On y voit entassées pêle-mêle

Des choses peu habituelles :

Un établi et des sabots,

Contre le mur un vieux vélo,

Et son matériel de pêcheur

Qui rappelle de bien belles heures.

Il y a aussi tous les outils

Qui lui ont bien souvent servi

A jardiner, à bricoler

Pendant de si longues années…

3

 

La maison de Papi-Mamie

C’est un endroit où, par magie,

S’envolent les petits tracas

Et je me sens si bien là-bas.

Quand leurs yeux remplis de malice

Echangent un regard complice

Je crois entendr’ battre leur cœur

Au rythme du temps du bonheur.

 

Jacques Machu

 


 

 

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LA VERITE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il a fallu vingt quatre ans

Pour que je te dise maman

Qui est mon père ?

Dans toute cette galère

 

Cela fait longtemps

Que j’attendais ce moment

Ce dimanche, quand je t’ai appelée

J’étais fort angoissée

 

Tu m’as dit la vérité

Et cela m’a éclairée

Il a fallu la terrible maladie

Pour en savoir plus sur ma vie

 

Maintenant je suis mal

Mais je garde le moral

Je ne sais même plus pleurer

Et j’en suis déprimée

 

Dans cette atmosphère de glace

Je ne trouve pas ma place

Je suis mal dans ma peau

Car on parle sur mon dos

 

Je te dis merci

Pour ce que tu m’as appris

Je ne sais plus où j’en suis

On dirait que je suis au fond d’un puits

 

J’espère vite remonter la pente

Peur de rattraper la descente

J’en ai déjà supporté

Mais je ferai tout pour me soigner

 

                   Maryse Marécaille

 

 


 

 

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L’AMITIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

.

Pourquoi l’amitié

N’est-il qu’un simple mot

Et pourquoi tant de monde

Le crie t-il si fort

En pensant à toute autre chose ?

L’Amitié, c’est une caresse

Que le cœur donne sans penser.

C’est un regard, un sourire

Sans même parler.

L’Amitié, c’est donner

Son amour sans compter,

C’est prendre la main

De ce garçon en haillons

Sans rien lui demander.

L’Amitié, c’est briser son pain

En partage avec ses frères !...

C’est prendre les injures

Sans penser de les rendre,

Et surtout en ce monde

L’Amitié, c’est de chérir

Les fleurs pour les hommes de demain.

 

Michel Mely - Maretz – Août 2006

 

 


 

 

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LE TEMPS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Plus précieux que l’or et l’argent

Pour freiner sa course, on ne l’achète pas… le temps.

Il file comme une étoile dans le firmament

Et sans cesse il cavale,

Pour ne pas perdre son temps… le temps.

Sur nos épaules il fait peser le poids des ans

Qui s’accusent par des cheveux gris ou blancs,

Et remet en mémoire nos rêves d’enfant… le temps.

Il délimite la durée des quatre saisons

Qui influencent nos sautes d’humeur

Par leurs variations

Et bercent les êtres de leurs illusions… le temps.

Comme il passe vite, le temps !

Mais jamais il n’efface

Les souvenirs d’antan… le temps.

Et comme le temps d’une vie

Ne dure qu’un certain temps…

Croquons-le comme une pomme

Savoureuse, à pleines dents… le temps !

 

Yan Villers

 


 

 

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FRERES JUMEAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Mon premier regard sur un visage

Ce regard qui me dévisage.

Que fais-tu dans mon berceau ?

Je suis ton frère jumeau.

 

Qui suis-je ! Je suis toi.

Qui es-tu ! Tu es moi.

Ce même visage

Le même ramage.

 

Si tu es moi

Moi je suis toi.

J’étais sa doublure

Sans aucune couture.

 

Toute ma vie à te ressembler

Condamné à te doubler

Son regard dans la glace

Je suis à sa place.

 

La guerre d’Algérie nous a séparés.

Embarqués sur un rafiot,

Enfin libérés de retour en bateau

Nous sommes revenus meurtris, blessés.

 

Je te retrouve devant moi, gueule cassée

A te contempler, je te ressemblais.

Qui est Charles ? Qui est Jean ?

Le doute s’installe parmi les gens.

 

Dans ce berceau d’autres sont nés

André et Jacques les frères aînés.

Pierre et Céline notre petite sœur.

Maman aimait nous serrer sur son cœur.

 

Enfin deux dons du ciel

Les deux derniers Paul et Gabriel.

Que cette grande famille est belle

En voyant cette ribambelle,

Huit frères et sœur,

Que du bonheur.

 

                        Charles-Jean Jacquemin

                        Alias : Jean-Charles de Beaumont

 


 

 

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INSPIRATION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Les maux de mots, maux de mots mis

En vrac, tout desséchés, démis,

T’ont laissé l’âcre incertitude

Que seul un brin d’humour élude.

 

Ecrire à tord et de travers

T’est même une gageure et vers

Le ciel où ta Muse se penche

S’évapore une page blanche.

 

Pourtant tant d’arbres, tant d’oiseaux,

Mille esprits jouant sur les eaux

Ont inventé pour toi des rêves

Qui cachent des trésors, des fèves.

 

Or, toujours, les mêmes chansons :

La peur du vide, les soupçons

De la Source tarie, absence,

Mort le cœur en convalescence !

 

Dis, poète, où donc est ta foi

En ces traits si purs d’autrefois

Qui se bousculaient à la porte

De ton jardin, verte cohorte ?

 

L’appel du rêve s’est brisé

Comme un œuf sur un fil posé

Et cet élan mathématique

De tes vers beaux hélas ! claudique.

 

Seul te reste, pauvre jouteur,

Histoire de sauver l’honneur

Le loisir d’écrire un poème

 

Avec les mots de maux pour thème.

 

   Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

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LUMIERE TOXIQUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ce soir, l’astronome jubile

Pointant sa lorgnette d’une main habile

Vers la lune grimée en arlequin vénitien

Sifflotant sur un air ancien.

Mars montre son nez à la poterne

Bijou rutilant d’un habit terne.

Saturne ira danser dans ses anneaux d’or

Au moins jusqu’à l’aurore.

L’index de Jupiter, brillant au firmament,

Invite le mécréant à savourer le moment.

 

Mais les myriades de stars magiques

Engluées dans les nuées des jours électriques ??

Cette nuit, l’astronome a mal à son ciel :

La clarté parasite envahit l’écran noir d’une façon exponentielle.

Luit une lune enlaidie au parvis zénithal

Apostrophe argentée d’un clocher suranné.

 

L’observateur privilégié des Dieux au mental

Abîmé, rêve aux astres damnés…

 

Hertia-May – 2006

 


 

 

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IL Y A LA TELE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il y a la télé,

Pour tout oublier :

L’enfant qui a chié,

Le verre qui est cassé,

Le boulot damné,

La cuisine cramée,

Le temps détraqué,

Les notes à payer,

Bobonne qui a gueulé !

 

Il y a la télé,

Pas besoin de penser !

Pas besoin de rêver !

Il y a la télé,

Faut vous réveiller !

Avant d’en crever !

Brigitte Capliez

 

 


 

 

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DESILLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Dans la lavande se cachait

Une simple et fidèle ortie

Dont la racine à tout jamais

De leur jardin faisait partie.

 

Piquant et sauvage parfois

Tu lui ressembles riait-elle ;

Mais elle y perdit son sang-froid,

De le découvrir infidèle.

 

Froidement, sous un pied vengeur

La mauvaise herbe sans attendre

Fut sacrifiée. Et de rancœur

Elle rêva de le pourfendre !

 

Pénélope en eut convenu,

Il manqua de galanterie

Lorsqu’il lança : Comme l’ortie

A tes pieds, je suis revenu !

 

Quand la plante repoussera,

De lui mitonner une soupe,

Là, gageons qu’il s’amendera,

Repenti, le nez dans la coupe…

 

Geneviève Bailly

 

 


 

 

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MARIAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

J’ai vécu tous ces jours, j’ai vécu toutes ces nuits

Pour arriver enfin en ce temps d‘aujourd’hui

Où je donne sans crainte à l’avenir certain

Tout mon amour, tous mes émois, tous mes matins

A t’aimer sans détour, à t’aimer tendrement

A ne faire de toi qu’un bouquet d’agrément

Un livre de passion aux mots d’amour si doux

Que tous les dieux du ciel en deviendraient jaloux

Où j’écrirais chaque jour une nouvelle page

En bénissant à jamais notre Mariage

 

Moment délicieux de deux cœurs qui s’unissent

Amour partagé pour le meilleur et le pire

Radieux espoirs d’un foyer qui se tisse

Interminables échanges de mots doux, de soupirs

Anneaux scellant un bonheur infini

Goutte pure de rosée qui fait fleurir vos âges

Et mûrir votre amour en un superbe fruit

Deux âmes qui frissonnent c’est cela le mariage.

 

S’aimer l’un l’autre la main dans la main

Et triompher traversant les orages

Se retrouver tout au bout du chemin

La route est longue pour ce très beau voyage

Chantez dansez ensemble soyez joyeux

Que vos cœurs vibrent sur la même harmonie

Remplissez la coupe de l’autre et tout heureux

Savourez ainsi cet amour qui vous unit

 

L’âme du vent nous raconte sa romance

Demain le printemps où tout se renouvelle

Où le soleil chauffe l’herbe qui danse

Annoncera fièrement la nouvelle

Tintez grelots tintez cloches tous en chœur

Entre vos bras ouverts le bonheur a sonné

Les anges du ciel chanteront l’amour vainqueur

En annonçant la naissance d’un nouveau né

 

                                           André Noiret

Août 1995

 


 

 

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LE BUFFET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Elle adorait l’océan, le sable qui coule entre les doigts impuissants, l’odeur vivifiante des algues abandonnées par les vagues et prisonnières de la plage, l’écume qui disparaît peu à peu en formant de jolies stries. Il aimait la haute montagne, entendre la neige poudreuse crisser sous les pas, celle qui colle aux semelles et dont on se débarrasse en claquant du pied sur le paillasson de coco.

Elle parlait beaucoup, lui peu ou pas. Elle savourait la vie à pleines dents alors que lui, la goûtait du bout des lèvres. Pour elle, le contact avec les autres, amis ou quidam, était indispensable à son équilibre. Il préférait la solitude et manifestait peu d’intérêt envers ses congénères. Il donnait l’impression d’être ailleurs et semblait hermétique à toute forme de communication. Quand elle bougeait, il était immobile. Elle nageait comme un poisson dans l’eau, il avait failli se noyer. Elle aimait le salé sucré, les épices, les plats exotiques. Il appréciait les pot-au-feu et les recettes traditionnelles.

Elle dévorait les livres, il ne lisait jamais. Elle suivait scrupuleusement les nouveautés cinématographiques et ne ratait jamais une sortie de film. Il n’affectionnait pas l’ambiance des salles obscures. Elle rêvait de voyages et d’évasion, il était très attaché à ses racines.

 

On pouvait donc se demander comment ces deux-là avaient pu se plaire et s’aimer. Ne dit-on pas que les contraires s’attirent ? Peut-on se souvenir des expériences faites en classe avec les aimants ? Le positif affrontant le négatif, le noir contre le blanc, le rire face aux larmes…

Les jours s’étaient écoulés doucement. Les enfants attendus étaient arrivés. Le projet d’achat de la maison fut concrétisé. Les grandes vacances venaient ponctuer ces années où tout paraissait en ordre. Tout semblait limpide, lisse.

 

Un matin, alors qu’elle parcourait les petites départementales de la région dans sa vieille automobile branlante, visitant les brocantes, toujours à l’affût du petit bibelot, du vieux meuble qui la ferait craquer et fondre d’émotion, elle aperçut dans l’ombre de la grange mal éclairée du brocanteur, à demi caché derrière une garde robe cossue du début du siècle, un petit buffet art déco. Il semblait là depuis très longtemps car il était couvert de poussière. Elle s’avança et tenta de se frayer un chemin parmi toutes les vieilleries qui encombraient le lieu. Elle tendit le bras tout en enjambant un cheval à bascule qui n’avait plus d’oreille. Puis, gardant son gant de laine, elle frotta énergiquement une petite surface de l’une des portes restée ouverte pour découvrir la couleur du bois et son origine. Comme chaque fois dans pareille situation, elle était curieuse et impatiente d’identifier la nature du bois dans lequel l’objet avait été fabriqué. Etait-il en pin ? Avait-il, au contraire, été réalisé dans une essence plus noble comme le châtaigner, l’orme ou le merisier ? Elle ôta son gant noirci par la crasse, porta la main près de ses lèvres entrouvertes, expira l’air chaud de sa bouche pour réchauffer le bout de ses doigts engourdis par le froid. Elle oubliait trop souvent que ces endroits qu’elle affectionnait particulièrement, étaient rarement chauffés. Afin de mieux y voir, elle sortit sa lampe de poche, outil indispensable à la parfaite chineuse qu’elle était devenue. Le faisceau lumineux balaya le meuble de haut en bas, de gauche à droite.

Après réflexion, elle jeta un dernier regard et décida d’acheter le buffet. Aussitôt, comme chaque fois qu’elle prenait une décision seule, elle ne put s’empêcher de penser à lui… Comment allait-il réagir ? Allait-il lui plaire ?

 

Inévitablement, comme toujours, il détesterait ce qu’elle chérissait. Rendez-vous fut pris pour la livraison. Satisfaite de son achat, au volant de sa petite voiture, elle énuméra les courses qu’elle devrait bientôt prévoir pour la restauration du buffet. Elle n’était pas novice et savait qu’elle passerait de nombreuses heures dans le petit atelier qu’elle s’était installée au-dessus du garage.

L’endroit était suffisamment éloigné de la maison. Elle s’y sentait à l’écart des regards et des bruits indésirables, nuisibles à l’inspiration, à la création et à la plénitude dont elle avait besoin pour inventer, concevoir toiles et réalisations de toute sorte. Elle pouvait tour à tour, au gré de son imagination laisser ses pinceaux courir sur les murs, les panneaux de bois, les morceaux de jute odorante, et fondre les pastels sur le papier gros grains, buveur et gourmand, pressé de se voir recouvert d’une frimousse de bambin, ou de quelques chatons endormis.

 

Un coup de klaxon, deux phares ronds dans la brume matinale, la camionnette du brocanteur roula dans l’allée. Enfin, il était arrivé. Le petit buffet allait commencer une nouvelle vie. Elle salua le chauffeur et proposa de l’aider à transporter le meuble dans l’atelier. Il sembla surpris. Sans doute lui paraissait-elle trop menue pour porter une charge aussi lourde. Il ne pouvait pas savoir, mais elle était habituée à se débrouiller seule dans ce genre d’entreprise.

Après un dernier effort dans l’escalier étroit qui menait à l’étage, le buffet fut placé près de l’unique fenêtre de l’atelier. Comme chaque fois qu’il lui livrait une pièce de taille, elle prépara un café corsé qu’elle versa dans des jattes de porcelaine bleue qu’il reconnut avec un sourire non dissimulé. Il prit place dans le vieux club dont le cuir était si tanné qu’il ne brillait plus.

Elle s’installa face à lui, sur le coffre clouté qui servait de rangement aux pots de peinture, aux pinceaux et chiffons. Une odeur d’essence de térébenthine se répandait dans la pièce. Elle appréciait ces moments simples et authentiques. Ils bavardèrent un moment puis il prit congé.

 

Une fois seule, elle se plaça bien en face du buffet et se mit à l’observer longuement. Le soleil encore haut en ce jour hivernal pénétrait la pièce presque entièrement. Ses rayons, en traversant les carreaux, rendaient visibles les poussières en suspension. Elle s’adressa au buffet à voix haute, comme à une personne : « Et maintenant, à nous deux… »

D’abord, il fallait le nettoyer et l’assainir. Elle prit de l’eau bien chaude dans laquelle elle versa un paquet de lessive que lui avait conseillé Marcel le brocanteur, « pour casser le vernis, disait-il. » L’exercice était de taille. La difficulté résidait dans le fait qu’il fallait laver « sans mouiller » le bois. C’était du chêne. On ne le mouille pas sous peine qu’il noircisse définitivement. L’opération était risquée mais elle se dit que ce n’était pas la première fois qu’elle était confrontée à ce problème. Elle entreprit la toilette du meuble. Tout en tordant au maximum la grosse éponge, elle frottait en formant des petits cercles, toujours dans le même sens. Au fur et à mesure qu’elle plongeait l’éponge dans la bassine, elle voyait l’eau noircir et devenir épaisse. Il fallut en changer plusieurs fois. Petit à petit, le buffet dévoilait ses veines, ses coups, ses griffes, ses renflements. C’était un buffet deux corps. Les portes du haut étaient flanquées de petits carreaux biseautés. Aux quatre coins, des mains habiles y avaient sculpté de grosses cerises et des feuilles qui donnaient un air gourmand à l’ensemble. C’était comme une invitation aux papilles, à l’appétit, à la bonne chair. Deux tiroirs identiques apportaient au meuble un certain équilibre.

Leur ouverture rendue difficile à cause du gonflement de leurs fonds était due à l’humidité ambiante dans laquelle le buffet avait séjourné. Les portes du bas avaient été ôtées ou perdues par les derniers propriétaires. Elle se dit que ce défaut avait sans doute découragé plus d’un acheteur. Mais elle, au contraire, avait tout de suite pensé qu’il serait différent. Oui, bien sûr, il devait être réhabilité pour bons et loyaux services. N’avait-il pas au fil des ans rempli sa mission ? Ne l’avait-on pas sollicité maintes fois ? N’avait-il pas été empli, désempli, chargé de vaisselles luxueuses ou ébréchées, de boites à biscuits, de confiseries fines, de délicieuses confitures de grand’ mères ? C’était un vieux monsieur ce buffet. Elle se demanda tout à coup, ce qu’il lui aurait raconté s’il avait pu parler et livrer ses secrets.

 

Lorsqu’elle eut fini de le nettoyer, elle laissa la fenêtre entrouverte, malgré le froid, pour chasser l’odeur de lessive et accélérer le séchage du bois. Avant de quitter son atelier, elle constata avec satisfaction que son travail avait porté ses fruits. Le buffet était bien éclairci et propre. Contente, elle regagna la maison où l’attendait impatiemment sa tribu.

Le sujet de conversation du repas, ce soir-là, fut alimenté par le buffet. Il n’était pas question de sa restauration, mais de la place qu’il occuperait dans la maison. Comme toujours, il était réticent et trouvait qu’il n’y avait plus d’espace à investir, qu’elle avait été peut-être un peu rapide, qu’elle s’était emballée.

Elle soupira et, patiente, lui demanda d’attendre la totale remise en état du buffet. Comme à son habitude, il était incapable d’anticiper, comme elle, sur le résultat définitif. Elle passa les jours suivants dans son atelier. Lorsqu’il fut séché, elle entreprit de poncer le buffet. Elle gardait en mémoire une technique transmise par un gars de métier qui consiste, à l’aide de petits morceaux de verre faisant office de minis rabots, à enlever une fine pellicule de bois. Puis elle frotta le meuble à la laine d’acier pour éliminer les rugosités qui auraient pu résister aux traitements précédents.

Le buffet ainsi mis à nu était prêt à recevoir le vernis, la peinture, la patine, la cire, bref, ce qui allait lui donner l’aspect définitif désiré. Elle savait exactement, depuis le jour de sa découverte chez Marcel, quel aspect lui donner. Elle prit un rouleau qu’elle plongea dans une laque bordeaux et commença à peindre l’intérieur. L’odeur était forte et elle n’aimait pas trop cela. Elle passa deux couches pour atteindre l’effet miroir escompté. Une fois cette pénible étape passée, la suite lui parut facile. Elle recouvrit de deux couches de peinture ivoire le reste du buffet. Puis elle appliqua une cire foncée presque noire sur le meuble qui prit peu à peu une couleur soutenue tirant sur le jaune. Au fur et à mesure qu’elle frottait, elle voyait réapparaître les veines du bois qui s’imprégnaient de cire. Elle était en sueur, mais heureuse du résultat. Restait la touche finale, la patine définitive obtenue grâce à la cire blanche. C’était une étape délicate. Il ne fallait pas compromettre le travail fourni afin de rendre au buffet son âme et sa beauté.

 

Elle commença par les tiroirs qui lui avaient donné du fil à retordre, lorsqu’ils étaient gonflés et difficiles à ouvrir.

En les manipulant, elle songea à ce qu’ils avaient contenu. Envahie par un sentiment étrange, elle vit défiler, tour à tour, les photographies sépia d’un soldat amoureux trop jeune pour mourir, d’un bébé nu sur sa peau de mouton, d’un mariage au temps des années folles, où les familles endimanchées portaient gants et chapeaux et souriaient à l’éternité, leurs enfants assis par terre jambes et bras croisés. Elle crut voir un livret de famille jauni ouvert à la page des naissances. De vieux prénoms revenus à la mode y étaient joliment inscrits à la plume, en pleins et déliés. Elle ferma les yeux et entendit le mécanisme d’une pendule imaginaire. Le tic tac brisait le silence comme pour rappeler le temps qui passe.

 

Submergée par une émotion qu’elle n’avait pas éprouvée depuis longtemps, elle s’aperçut qu’elle était encore capable de s’émouvoir. En imaginant les vies passées dont le buffet avait été témoin, elle fit le constat de sa propre existence et prit soudain conscience qu’il n’était pas trop tard. Elle devait partir. Le vieux buffet venait de lui donner un passeport pour une autre vie. De tout ce qu’elle possédait, elle n’emporta qu’une seule chose, le buffet. Celui-là même par qui tout était arrivé.

 

                                                                                           Brigitte Cogez

1er Prix Concours de nouvelle DAEU

Passeport pour l’avenir