SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 18

 

11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

 

Avril – Mai - Juin 2006

 

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

Edito  + le jeu de rimes  page 3

Paule LEFEBVRE

JEUNES

 

Ce que je vois et La Guerre page 4

Collège RENAUD-BARRAULT

Mais où est passée la lettre Z ? page 5

Damien DUEZ

La goutte d’eau et la larme page 5

Danièle ETHUIN

Mon univers   page 6

Préscillia TRIGO

Continuer à avancer page 6

Stéphanie BONNEVILLE

J’ai trouvé page 7

Ecole FERDINAND BUISSON

La Star Académy page 8

Fanny CANONNE

L’ourson blanc et la tortue page 8

Thomas WANESSE

ADULTES

 

Le Nord, mon pays page 9

Jacques MACHU

A betteraves  page 10

Muriel DUFETEL

Ciels du Nord page 11

Marcelle LEMAIRE-DOISE

Mon cafard et moi   et   Vrille   page 12

Brigitte CAPLIEZ

Soliloque sur une tombe de … page 13

Pierre ROUXEL

Echos de la forêt  page 14

Jean-François TROTTEIN

Hymne à la vie  page 15

Geneviève BAILLY

Chanson de l’inquiet non-fumeur de pipe page 16

Jean-François SAUTIERE

Je vous écris du bout du monde page 17

Claude SANTER

Mon amie Michelle  page 18

Nicole DUPLOUY

Jo    et   Le Barrage  page 19

Marie-Antoinette LABBE

Société contre nature, match nul  page 20

Floriane KUROWIAK

Açvine  page 20

SAINT-HESBAYE

Pinson et mésange page 21

Charles Jean JACQUEMIN

Le cercle vicieux page 21

HECTOR MELON D’AUBIER

Le jeu page 22

Claude BOISSE

L’île verte page 22

HERTIA MAY

Pourquoi ? page 23

Thérèse LEROY

Un amour de jeunesse page 24

Denise DUONG

HUMOUR ET PATOIS

 

La drague…au crépuscule page 25

Paule LEFEBVRE

J’fais partie des gins d’avant  page 26-27

Jacques HUET

Au bos mireint page 28

Charles MOREAU

NOUVELLES

 

Çà ? A Johnny     page 29-30

 

Lorsque les pères… page 29-30

Platon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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P1

 

CHERS LECTEURS,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Notre précédent numéro était consacré aux lauréats de notre concours de nouvelle.

 

Pour ce 18ème  numéro, retour à la poésie de nos auteurs de plus en plus nombreux…merci de votre fidélité !

NOUVEAU !!!

Je vous propose un petit jeu : LE JEU DE RIMES,

Une rubrique qui se veut ludique…

 

Exemple :

 

Je vous propose 4 rimes :         dragon – lagon – serre – terre

 

sur lesquelles j’ai construit un quatrain en alexandrins, sans aucune contrainte de thème :

 

« L’atoll est un bijou, où brille le lagon,

jolie lune d’argent, libérée de la serre

d’un rapace planant entre l’eau et la terre

c’est un joyau sorti des griffes du dragon »

 

 

La chose étant entendue, voici les 4 rimes proposées :

 

Plaine – vilaine – cahier – luthier

 

Dur dur ?   Courage !

 

Vous pouvez déposer vos textes à :

La Maison des Associations –

* 64 Bd Jean Jaurès 59540 Caudry

Avec la mention extérieure :

« jeu de rimes »

avant le 15 juin 2006.

 

Les meilleurs « jeux de rimes » seront diffusés dans notre prochain numéro.

                                      Paule LEFEBVRE

 

 

 

 

 

 

P3

 

CE QUE JE VOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ici  je vois

Des haies qui frémissent

Des oiseaux qui font un nid

Là encore

Le hérisson qui se met en boule

Plus loin

La souris qui se cache.

C’est la ronde des animaux.

Sophie

 

Devant la mare

Se prélasse une grenouille

Sur un gros nénuphar

Elle était fausse.

Quelle drôle de blague !!!

 

Plus de feuille

Les arbres sont nus

Ils sont bleus de froid

Tout le monde crie

Vive le printemps !!!

Vallessa

 

 

Dans la forêt

Mon arbre cache

Des bousiers de pigeons

Et un écureuil qui mange

Des noisettes.

Je les observe de ma cabane

Avec mes jumelles.

Benjamin

 

La pluie tombe

La nuit aussi

Le jour se lève

Le soleil aussi

La terre est humide

Et moi aussi.

 

Dans la forêt

Ici des arbres

Des buissons

Là des empreintes de sanglier

Des traces d’oiseaux

Plus loin

Des terriers de renard.

Monde merveilleux !

Jérôme

 

 

Collège RENAUD-BARRAULT

 

 

 

P4

 

LA GUERRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Je veux faire la guerre au feu.

Il est si chaud, si brûlant

Il détruit tout sur son passage

Les maisons, les forêts

Les monuments, les animaux

Je veux faire la guerre

Aux pyromanes

A ces criminels du feu

Qui détruisent des vies entières.

Je veux faire la guerre.

Jérôme

 

Ils veulent faire la guerre

Sans écoulement de sang

Sans mort

Sans blessure

Que de la pitié

Que des pleurs

De la tristesse,

Et des malheureux !!

Laëtitia

 

Je veux déclarer la guerre

A la cigarette

A son nuage de fumée

Qui empoisonne mes poumons

 

Je veux déclarer la guerre

A l’ennemi de mon corps

A ce qui agresse ma santé.

Benjamin

 

Je veux faire la guerre

A la haine

Au mal

A la violence

A la maladie

A la mort

A la magie noire

Je veux faire la guerre

Aux maux.

Sabrina

 

Je veux faire la guerre

A la tristesse des enfants

A leurs pleurs

A leurs misères

A leurs souffrances

Je veux leur apporter

Le sourire

La joie

Le bonheur

Plus fort que la fatalité.

Maryline

 

Je veux faire la guerre

A la maladie des enfants

Ils souffrent

Sans pitié ni merci.

Je veux faire la guerre

A la mort des gens

Qu’on respecte

Qu’on aime

Qu’on pleure.

Alexandra

 

 

Collège RENAUD-BARRAULT

 


 

 

 

P5

 

Mais où est passée

la lettre  ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

La lettre Z a disparu     

Elle est peut-être partie dans le ciel a.ur

Elle n’est pas au .oo ni sur le .èbre

.orro ne l’a pas vu non plus.

C’est .oé qui l’a trouvée

La lettre Z est enfin revenue

Le nez a retrouvé son bout

Zorro a retrouvé sa signature

Le ciel a retrouvé sa couleur

Le zoo a retrouvé ses animaux

Et le zèbre a retrouvé ses rayures zébrées

Mais que serait la vie s’il manquait une lettre à notre alphabet ?

Ce serait vraiment la vie sans dessus dessous.

 

               Damien Duez

                           11 ans

 

 

 

 

P6

 

Haut

 

 

 

 

 

 

P7

 

La goutte d’eau et la larme.

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’en pleure j’ai soif

j’ai soif j’en pleure

je n’aurais jamais du tomber

de la larme de l’humain.

Bonjour 

je m’appelle la goutte d’eau

et je te permets

de boire l’eau fraîche.

 

Danielle.Ethuin - 8ans 1/2

 


 

 

P8

 

MON UNIVERS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Au seuil de mon cœur

L’amour que j’ai pour toi ne meurt

Au seuil de mon âme

L’amour que j’ai pour toi s’enflamme

Au seuil de mes pensées

La haine que j’ai pour toi ne cesse de s’effacer

Tu me manques tant

Et juste le vent peut effacer ce temps

Malheureusement

Il ne passe pas dans mon univers

Qui n’est là que pour ta prière !

 

Préscillia Trigo

17 Juillet 2003

 

 

 

 

P9

 

CONTINUER À AVANCER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Quand notre vie se retrouve par terre,

On ne sait plus ce que l’on doit faire,

Continuer à avancer,

Ou tout simplement s’arrêter.

 

Quand on fonce dans un mur,

Arrêtons-nous avant les blessures,

Le temps n’est pas aussi compliqué,

Il suffit juste de bien le gérer.

 

Les trous noirs sont si profonds,

Il faut pouvoir en revenir,

La force dans nos horizons

Nous offrira un plus bel avenir.

 

Ensemble nous saurons éviter les pièges,

Solidaires contre tous les problèmes,

Nous pourrons faire changer le monde,

En sacrifiant quelques secondes.

 

Stéphanie   Bonneville

Juin 2005

 

 

 

 

P10

 

J'ai trouvé

Classe de Mme Boulin  - Ecole F.Buisson de Cambrai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’ai trouvé

 

Sur la très belle moquette

J’ai trouvé des allumettes.

 

Dans la très belle maison

J’ai trouvé un chaton.

Dans le placard

J’ai vu un canard.

 

Dans la poche

J’ai une broche.

Samantha

 

J’ai trouvé

 

J’ai trouvé dans la classe

Un très grand lac de glace.

 

J’ai vu dans les toilettes

Une paire de lunettes.

 

J’ai vu sur le mur

Une boucle de ceinture.

Tanguy Louis

 

J’ai trouvé

 

Dans la poche de mon frère

J’ai trouvé une bougie d’anniversaire.

 

Sous ma très belle moquette

J’ai trouvé des paillettes.

 

A côté de mon banc

J’ai trouvé une dent.

 

Sous la roue du camion

J’ai trouvé des boutons.

 

En lavant le plancher

J’ai trouvé un collier.

Alexandre Prévost

 

J’ai trouvé

 

Dans la grande cour du château,

J’ai trouvé un p’tit marteau.

A côté du canapé

Il y a une tasse de thé.

 

Dans un petit camion

Il y a des boulons.

 

Sur le bonnet de mon tonton

J’ai trouvé un petit pompon.

 

Tout au fond de mon oreiller

J’ai trouvé un vieux bout de papier.

Maxime Bourlon

 

J’ai trouvé

 

En dessous de mon oreiller

J’ai trouvé un calendrier.

 

Dans le champ de maïs

J’ai trouvé une vis.

 

Dans le très grand salon

J’ai trouvé un bouchon.

Valentine

 

J’ai trouvé

 

Dans ma petite armoire

J’ai trouvé une poire.

 

Au milieu du salon

J’ai trouvé des bonbons.

 

Dans le fond du camion

J’ai trouvé des bouchons.

 

Et caché sous mon lit

Dormait un bigoudi.

Grégory

 

J’ai trouvé

 

En dessous d’ la moquette

J’ai trouvé une sucette.

 

Sous mon édredon

J’ai trouvé un ourson.

 

Dans un petit camion

Dormait un grand lion.

 

Sous le lit d’ mon p’tit frère

J’ai trouvé un morceau de fer.

 

Au fond de la poubelle

Il y a une grosse rondelle.

Adeline

 

J’ai trouvé

 

Dans le petit grenier

J’ai vu un cavalier.

 

En lavant le salon

J’ai trouvé un boulon.

 

Tout au fond d’ la poubelle

J’ai trouvé une rondelle.

 

Dans le panier à linge

Dormait un petit singe.

 

Sous la grosse moquette

J’ai vu une allumette.

Guillaume

                       

 

J’ai trouvé

 

Tout au fond de la classe

J’ai trouvé une place.

 

En tirant le tiroir

J’ai trouvé un mouchoir.

 

En fouillant la poubelle

J’ai trouvé une perle.

 

En rangeant le salon

J’ai trouvé des cornichons.

Mélanie

 

J’ai trouvé

 

Derrière les toilettes

J’ai trouvé ma chaussette.

 

Au milieu du salon

J’ai trouvé un ourson.

 

Sous le petit coussin

Il y a un requin.

 

Tout au fond du bureau

J’ai trouvé un stylo.

 

Et en ouvrant l’armoire

J’ai trouvé des cafards.

Christopher

 


 

 

P11

 

LA STAR  ACADEMY  1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il y a 16 élèves qui se sont rencontrés grâce à une émission télé : la Star Academy 1.

Ils se sont connus dans le château de la Star Academy.

Parmi les 16 élèves, il y avait : Olivia, Patrice, Carine, Mario, Jessica, Amandine,

 Jean-Pascal, Cécile, Grégory, Jenifer, Dyalil, Stéphane, Sidonie, François, Kalifa, Catherine.

A chaque prime un élève partait, à la fin des votes, le public devait sauver un des trois élèves qu’il préférait.

Le grand jour arriva, la demi-finale garçons.

La demi-finale garçons se jouait entre : Patrice, Mario et Jean-Pascal.

Le garçon qui ira en finale est : Mario. Maintenant voilà le jour de la demi-finale filles :

La demi-finale filles se jouait entre : Jenifer, Carine, Olivia, Jessica.

La fille qui ira en finale est : Jenifer.

Le jour de la grande finale arriva, qui remportera le trophée et 1 million d’euros ?

La gagnante est Jenifer !

Fanny Canonne 11 ans

 

 

 

 

P12

 

Haut

 

 

 

 

 

P13

 

L’OURSON BLANC et LA TORTUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il était une fois un petit ourson blanc qui avait envie d’aller voir les bois il alla voir Madame  tortue. Cette petite tortue lui dit :

- « mais ne t’inquiète pas ourson blanc, demain je t’emmènerai dans les bois »…

 

Mais l’ours n’arrivait pas à dormir alors il s’aventura dans la forêt puis il se perdit au beau milieu de la forêt et il lui tomba sur la tête des pommes toutes rouges.

 

Les pommes étaient magiques, madame tortue entendit des cris et la tortue  allât le trouver. L’ours blanc était devenu un homme tortue à cause d’une larme magique qu’il avait versé.

 

Il épousa madame tortue et ils eurent beaucoup d’enfants.

Thomas Wanesse  - 9 ans

 

 

 

 

 

 

 

P14

 

LE NORD, MON PAYS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

1

 

C’est tout un monde de géants

Où les beffrois défient le temps

Où les clochers montrent du doigt

Des cieux plus hauts que l’au-delà.

Le Nord n’est plus en noir et blanc

Comme on l’imaginait avant :

Les soirs de pluie sur les pavés

Sont des clichés du temps passé

 

2

 

C’est en Flandres que les moulins

Font briller les yeux des gamins

L’Avesnois offre son bocage

Et la Côte les plus belles plages.

Champs de blé dans le Cambrésis

Forêts et fées du Val Joly

C’est mon Nord qui se fait si beau

Le long des berges de l’Escaut

 

3

 

Les hommes ont au fond de leurs yeux

Ce regard toujours lumineux,

De courage et de volonté

De ceux que l’histoire a blessés.

Mais un soir dans un petit bal

De ducasse ou de carnaval

Le sourire d’une fille jolie

Fera basculer une vie.

 

4

 

Et un jour, fruit de leur union,

Peu importe fille ou garçon

Naîtra le plus beau des bambins,

A coup sûr : le petit Quinquin.

 

REFRAIN

 

Le Nord est mon pays

Celui où je suis né

C’est là que j’ai grandi

Auprès de ceux qui m’ont aimé

C’est là où j’ai ma vie

Entouré de mes amours et amitiés

Jacques MACHU

 

 

 

 

P15

 

A BETTERAVES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Nous arrivions de bon matin

Il faisait bon, c’était le mois de mai

Tu t’apprêtais rasette en main

A entreprendre ce qu’on appelait

« Le démariage des betteraves. »

 

Le champ s’étalait jusqu’à l’horizon

Rien ne parvenait à te décourager

Ni le soleil qui dardait ses rayons

Ni cette verdoyante immensité.

 

Tu t’activais silhouette courbée

Et moi derrière je sacquais à bouquets

Pas longtemps car je me fatiguais vite

Elle me faisait défaut cette endurance

Cette volonté pour que je m’applique

Pour ce labeur, je manquais de patience

Je criais : « maman j’ai faim on mange quand ? »

Tu répondais : « dans un quart d’heure tu attends. »

 

Tu te relevais te massant les reins

Debout immobile tu contemplais

L’étendue de ton travail accompli

Tu jurais prenant le ciel à témoin

Dans quelques jours ce champ sera fini

Car tu savais qu’un autre t’attendait.

 

Route après route telle une fourmi

Tu fauchais les plants pour ne laisser vivre

Que ceux que le hasard avait choisis

Qui allaient grandir, grossir, survivre.

 

Et ma mère aux premiers vents de l’automne

Aux premières lueurs du jour quand le corps frissonne

Viendrait les arracher et les couper

La pluie, le froid rien ne pourrait l’arrêter

Les betteraves sucrières ou fourragères

Seraient emmenées vers leur destinée

Et quand s’ouvriraient les portes de l’hiver

Alors tu te reposerais ma mère.

 

Muriel Dufetel

 

 

 

 

P16

 

CIELS DU NORD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Plus que le ciel trop bleu, méditerranéen

J’aime nos ciels du Nord, aux tons beaucoup plus clairs

Où des nuages flottent, légers flocons dans l’air

Parfois effilochés, en fils arachnéens.

 

Un beau coin de ciel pur, parmi des arbres verts

Dans nos si grands jardins, que l’on voit à revers

Nous plairait beaucoup mieux que, sur la mer immense

Le vaste trop plein d’azur, quand des voiliers y dansent.

 

Le soir, au crépuscule, les nuages virent au rose

Est-ce signe de vent, ou de pluie qui arrose ?

Demain, un autre jour, ils vireront au gris

Moutonnement léger ; bientôt l’orage ? Quel bruit !

 

Plus tard, presque à la nuit, le grand ciel étoilé

Eclairé seulement par la lune voilée

Nous enchante encor, par son immensité

Son silence, son calme, surtout pendant l’été.

 

   Marcelle Lemaire-Doise

               Cambrai

 

 

 

 

P17

 

MON CAFARD ET MOI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Mon cafard et moi

Je sais qu’on s’entend bien.

Mon cafard et moi

On se tient par la main.

 

Comme un grand ami

Toujours il me revient

Donnant à ma vie

Le ton qui est le sien.

 

Mon cafard et moi

On ne peut se fâcher

Mon cafard et moi

On est comme associés.

 

Comme un grand ami

Toujours il me revient

Donnant à ma vie

Le ton qui est le sien.

 

Mon cafard et moi

On se retrouve toujours

Mon cafard et moi

Je crois que c’est l’amour.

 

Comme un grand ami

Toujours il me revient

Donnant à ma vie

Le ton qui est le sien.

 

Mon cafard et moi

Quand l’un de nous mourra

Mon cafard ou moi

C’est lui qui restera…

 

Brigitte CAPLIEZ

 


 

 

P18

 

VRILLE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Plus de rêves pour deux

Plus d’éclairs dans les yeux

Plus de sauts dans les flaques

Plus de portes qui claquent !

 

C’est que l’on est tranquille

Un appui sans béquilles

Chien dans un jeu de quilles

Le temps qui part en vrille.

 

Plus envie de changer

Plus d’ nuits de rêves. Assez !

Plus d’ batailles d’oreillers !

Plus d’ vaisselle à casser !

 

C’est que l’on est tranquille

Un appui sans béquilles

Chien dans un jeu de quilles

Le temps qui part en vrille.

 

Plus d’années à compter

Plus d’ gosses à éduquer

Plus d’autres à regarder

Plus qu’ soit qu’on doit aimer…

 

C’est qu’on n’est pas tranquille !

Il nous faut des béquilles !

Recueillir des jonquilles !

Car…

Le temps…

Part en vrille.

Brigitte CAPLIEZ

 

 

 

 

P19

 

SOLILOQUE SUR UNE TOMBE DE LORRAINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Vous vous souvenez mon Général ?

De cette descente sur les Champs Elysées

De la ville en liesse, de la foule excitée,

De ces gens qui couraient le long de l’avenue

Qui criaient votre nom et vous portaient aux nues.

C’était moment de gloire, le moment des bravos

Les plus couards d’entre nous se croyaient des héros.

C’était le temps des braves, peu nombreux il est vrai,

Mais qui par leurs actions les autres dédouanaient.

 

Ah, quelle époque !

 

Vous aviez sauvé, vengé, relevé la France

Inventé la sécu et l’état providence.

C’était le temps des hommes intègres, sans complexe,

Chatouilleux sur l’honneur et discrets sur le sexe,

Qui s’en allaient tranquilles et de fort bon matin

Acquérir leur journal ou bien chercher leur pain,

Sans même penser à tirer leur porte

Par excès de confiance en quelque sorte

Parce que, au contraire d’aujourd’hui

On respectait encore le bien d’autrui.

En pleine rue, sans la moindre arrière pensée

Ils laissaient leur vélo contre un mur adossé

Ou bien garaient leur voiture sagement rangée

Le long du trottoir sans même l’avoir fermée.

Et pour peu que celle-ci portât un coup, une trace

Ils retrouvaient un mot glissé sous l’essuie glace

Avec une excuse, un nom, une adresse

Afin de réparer cette petite maladresse.

Uniquement parce que c’était le temps des gens bien élevés

Qui respectaient le père, le maire, l’instit et le curé.

Ils ne disaient pas bonjoure.. e..e. comme des demeurés

Mais ajoutaient Madame, Monsieur ou autres intitulés,

Ce qui donnait à chacun cette sensation agréable

D’être quand même autre chose que quantité négligeable.

C’était le temps des hommes libres, libres de choisir

Leurs façons de vivre et les risques à courir.

Libres de penser, d’aimer ou pas, de le dire à l’envi

Sans être pour autant taxés d’une quelconque « phobie ».

C’était le temps béni où il était banal

De fumer à son goût sans que ça fasse du mal

Où il était bien connu qu’une paire de whisky

Dynamisait l’ambiance et aiguisait l’esprit.

Les motards pouvaient à leur guise rouler sans casque,

Sans avoir pour cela la police à leurs basques

Tout comme d’autres pouvaient circuler en voiture

Sans être saucissonnés par une ceinture.

C’était avant la société des soumis repentants

Où il n’y a plus guère que l’air qui ne soit pas payant.

C’était le temps des hommes de caractère

Qui sur un ordre s’en allaient à la guerre

Sans un mot, parce qu’il fallait bien la faire

Tout comme ils pouvaient sous l’effet de la colère

S’emporter, crier et même par bravade

On les vit autrefois dresser des barricades.

 

Vous vous souvenez, dites ?

mon Général, du temps…………………

des hommes.

de P.ROUXEL

 

 

 

 

P20

 

ECHOS DE LA FORÊT…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ces feuilles et conifères

Que la nature nous a offert

Ces fougères et champignons

Qui leur servent de compagnons

Que de senteurs on peut y trouver

Elle nous apporte le bien être

 

                 Se retrouver au sein de la forêt

                 S'asseoir au pied d'un hêtre

                 Puis écouter les bruits de la nature

                 C'est un moment unique…

                 Avez-vous déjà essayé ?

                 Etre coupé du monde juste un instant

                

         Ecouter ce souffle

         Caressant les cimes des arbres

         Et qui nous berce les oreilles

         On peut entendre les oiseaux sifflants

                

                 Les eaux ruisselantes

                 Les animaux passants

                 C'est un moment magique

 

         Tous ces sons appartiennent à la forêt

         Quelle est belle et douce

         Pleine  de ressources

         Qui nous aide justement

         A nous ressourcer…

 

Jean-François Trottein

 

 

 

 

 

 

P21

 

HYMNE A LA VIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Entre terre et ciel l’eau de la fontaine

A perdu le goût des vertes saisons.

Ma cruche fêlée est en quarantaine.

Il coule le flot de nos déraisons… !

 

Et de naviguer, pauvre citadine,

Dans le fleuve noir des engorgements,

A découragé mon âme chagrine.

Verrais-je la fin des égarements ?

 

Célébrons la glèbe et l’or des semailles,

Le jus de la treille et la fleur des champs,

Et le bien fondé de nos représailles

Nous le lèguerons aux petits enfants !

 

La bûche crépite et mon rêve chante.

L’aigle est reparu dans le ciel désert.

La virginité de l’Alpe m’enchante,

Sa splendeur et moi vibrons de concert.

 

Entre terre et ciel l’océan s’emporte.

La colline pleure un coin de forêt.

Mais c’est l’espérance en heurtant ma porte,

Qui fait naître en moi cet hymne secret.

Geneviève Bailly

 

 

 

 

P22

 

Chanson de l’inquiet

 non-fumeur de pipe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

La pipe fait des volutes

D’ocre jaune et d’esprit bleu,

Se réservant les minutes

D’un bonheur feu.

 

Accroché à son écume

Le halo danse incertain,

Point d’or qui tantôt s’allume,

Tantôt s’éteint.

 

De tirant en bouffée âcre

Dis au revoir au vieux port

Poussé par le simulacre

Chaud qui te mord.

 

Tous ces primitifs nuages

Qui t’accompagnent sans bruit

Pipeur, sont-ce les mirages

De ton esprit

 

Ou ta juste récompense,

Fort de tant de tords efforts ?

Honni soit qui mal y panse :

Ton ventre dort.

 

J’ai jamais fumé la pipe

Et je le déplore un peu ;

J’ai trop peur que ne s’effrite

Ma santé. Peuh !

 

M’en tenant, pauvre rêveur,

Au fumeur imaginaire

Nul risque de - hein, docteur -

Finir tubaire … ?

 

Faute de l’avoir frondeur

J’aurais, grâce à ce choix sage,

L’air pur qui maintient au cœur

La fleur de l’âge.

 

Mais toujours dans ses enquêtes

J’envierai monsieur Maigret

Et puis Brassens,

Chansonnettes

De mon regret.

 

Jean-François Sautière

 


 

 

P23

 

JE VOUS ECRIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

«Je vous écris du bout du monde », là où le vent souffle à peine.

Pouvez-vous imaginer ce qu’il y a dans le ciel ?...

Devinez !...

Des grands et des petits qui vont et viennent comme les vagues dans l’océan :

Ce sont des nuages.

Et puis, j’écoute le bruit sourd des arbres tremblants.

A chaque mouvement du vent, je recueille les feuilles fanées,

Feuilles d’automne qu’il faut garder.

Le vent chaud me les donne

Comme s’il m’envoyait des cendres et des poussières

Jaillies de la terre.

Je sors de mon rêve ;

Le présent est toujours là,

Obsessionnellement présent,

Et son histoire aussi.

Le Monde est mystère,

Comme la chaîne des atomes dans l’Univers.

Je vous écris du bout du Monde…

                                                Claude Santer

.

 

 

 

P24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

MON AMIE MICHELLE

 

C’est bien vous la plus belle

Belle de l’intérieur

Avec ses yeux rieurs

Je ne lui connais qu’un seul défaut

Chut ! N’en dites mots

De ses lèvres s’échappe la fumée

De la petite mentholée

Que ce soit ou non propice

Elle rend toujours service

Le vendredi matin cahin-caha

En route avec la petite marbella

Les courses, le marché

Sans trop se presser

Mais quelle aubaine

Cherche la bonne affaire

Passer un bon moment

Parler du bon temps, des enfants

Son passe-temps préféré

Jouer aux mots croisés

De ses petits doigts agiles

Elle remplit toutes les grilles

S’il me fallait chercher une sœur

Je la prendrais de bon cœur

Une amitié jamais démentie

Cela compte dans la vie

A l’angle d’une rue

Tous les deux ils ont vécu

Tout d’abord copains

Puis se tenant les mains

Jour après jour

Ils se sont déclaré leur amour

Lui, cet homme au regard rieur

De son métier, il était fileur

Elle, au regard bienveillant

Au doux sourire charmant

La vie est passée

Sur leurs jeunes années

Après avoir tant attendu

Deux enfants sont venus

Consolider leur union

Autour du maillon.

La vie sereinement

S’est écoulée tout doucement

Sans bruit, sans haine

Ils ont doré la même chaîne

Ils se sont aimés d’un cœur constant

Pendant beaucoup de printemps.

 

Nicole Duplouy

 

 

 

P25

 

JO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Le cercle de famille n’a pas applaudi

L’étrangère a déposé son pesant fardeau

Tout-petit dont elle ne voulait pas le cadeau

Qui s’était offert à elle sans cérémonie

 

Fleur de bouton d’or au buisson des orchidées

Luciole enterrée au beau milieu de la nuit

Image effacée du grand écran de la vie

Couleur délavée d’un arc-en-ciel déprimé

 

Petit cœur désolé qui appelle le ciel bleu

Etincelle qui crépite en bouquet de feu

Diamant enchâssé dans un écrin de malheur

 

Ni invitée, ni désirée, ni souhaitée

D’un court plaisir embaumé, rose effarouchée

D’un amour coin-de-bosquet, la fatale erreur.

 

Marie-Antoinette Labbe

 

 

 

 

P26

 

LE BARRAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Le cintre de son arc barre la vallée

Retenant l’eau de la prospérité

Monstre armé de béton, de terre et de poutrelles

Il contient le lac froid et artificiel

 

Dangereusement suspendu entre l’horizon et l’eau

Subissant sans relâche le poids de tous les fléaux

Sous l’énorme pression la grande muraille parfois

Se lézarde en crevasses plus larges que mille doigts

 

Ainsi va la vie de l’homme, toute en promesses,

Pareille au barrage chargé de richesses

Et qui voit maintes fissures s’installer

Trahison, stress, précarité…

 

Corrodant chaque brèche jusqu’à la faire lâcher

Rongeant chaque plaie jamais cicatrisée

Grignotant les lèvres entrebâillées

Jusqu’à la perfidie du dernier baiser.

Marie-Antoinette Labbe

 

 

 

 

P27

 

SOCIETE CONTRE NATURE, MATCH NUL.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Sur la cime des montagnes

S’accrochent des nuages

Ils s’alourdissent et tombent lentement

 

Vers l’avant de mon présent

S’accrochent des soucis

Ils s’alourdissent et tombent lentement

 

Un voile blanc tombe du ciel

Chaque flocon scintille sous le soleil

Mais ils se salissent vite et disparaissent

 

Joie, rires, ivresse insouciante

Partage de sa vie avec des amis

Mais ils se salissent vite et disparaissent

 

Avec le vert de l’espoir et l’âge de la sagesse

Ses feuilles sont le reflet de patience

Elles ne cessent de tomber et de repousser

 

Elles courent dans mon esprit comme dans un labyrinthe

Mes pensées, mes idées, mes ambitions

Elles ne cessent de tomber et de repousser

 

C’est en effaçant la société que je t’aperçois

C’est en te regardant vivre que je m’aperçois

Dame Nature, nous sommes tellement proches.

 

                        Floriane Kurowiak

                        02 Septembre 2004

 

 

 

 

 

 

P28

 

PINSON ET MESANGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Sur le marais le jour commence à se lever

Le soleil ne tarde pas à se montrer

Dans un ciel bleu d’azur

Le printemps est là dans sa parure

Les oiseaux se mettent à chanter

Leurs chants mélodieux, gais.

 

Soudain un pinson perché sur un banc

Joue sa partition à réveiller les anges

Il aperçoit une jolie petite mésange

Se balançant sur un roseau au gré du vent.

 

Avec son plumage aux multiples rayonnements

Notre pinson commence son gazouillement

Pour séduire sa nouvelle compagne désirable.

Tout en tentant une approche de la petite mésange,

Qui apeurée alla se blottir dans sa cachette perméable.

Notre pinson de renoncer sachant qu’il dérange.

 

Le lendemain il retrouva notre mésange

Au même endroit, il recommença à chanter

Il la découvrit plus attirante, plus gaie.

Elle commença à battre ses ailes d’anges.

 

Il comprit qu’il fallait aller doucement

Pour conquérir la petite mésange amoureusement.

Les gazouillements se sont compris dans un langage divin

Puis allèrent se blottir dans l’arbre du voisin

Au calme tous deux se dirent beaucoup de choses

Commencèrent à s’accoupler dans de merveilleuses poses.

 

Ils sont ensemble gazouillant leur bonheur

Chaleureuse cohabitation d’oiseaux de couleurs

Nous donne l’envie de nous aimer chaque jour

Plus jamais la guerre, l’Amour toujours.

 

Charles Jean Jacquemin

 

 

 

 

 

P29

 

LE JEU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Sur le lieu où nous allons

Sur ce que nous allons vivre

Sur ce jeu que je te raconte

Je te mens

 

Sur la raison pour laquelle tu dois te cacher,

Te protéger,

Jouer le jeu,

Je te mens

 

Sur l’horreur que nous verrons

Sur la souffrance qu’on nous infligera

Sur le travail qu’on nous demandera

Je te mens

 

Pour que tu gardes l’espoir

Pour te garder hors de la violence

Je ne te dis qu’une chose :

« Ce n’est qu’un jeu »

 

Claude Boisse

 

  

 

 

 

P30

 

L’ILE VERTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’île verte se mélange au regard froid d’un brouillard lent

Je n’accuse pas le temps de s’être livré à l’amertume

Vagues tristes sous la main

Matins fraîchis aux paroles creuses…

J’entends les rires de l’incompréhension

Pauvre poète qui n’a pas pu chanter

Les sentiers aux fleurs paresseuses

J’appelle la rive herbeuse où mon bateau accostera

Mais la rivière est large

Vagues tristes sous la main

Sourires flétris dans les bois déserts

J’entends les cors me chasser… gibier aux abois

L’Ile Verte se cache dans les manèges de la foire du monde

Dans les feux d’artifices aux senteurs de frites envolées…

Aux rires fusés, aux chansons distillées dans la barbe à papa

L’Ile Verte se noie dans les cabarets enfumés, dans les bals endimanchés,

Dans les cinémas endormis, dans la voiture fatiguée

Et je m’en vais dans l’aube

Cueillir mes regrets ; champignons mortels

Depuis que l’on ne les cueille plus à deux

Les champs, les sentiers ne s’ouvrent plus…

Pauvre poète qui n’a pas chanté

Les bières dorées aux cigarettes bleutées

Les caresses douces au ventre blanc…

Je n’accuse pourtant pas le temps

S’il se montre fade, si ses feux d’artifices ne s’éclatent plus

Dans ma tête en flonflons irisés, en bras dessus dessous.

Et je m’en vais dans une nuit blanche et froide

Fille rieuse aux lèvres d’houblon… je t’attends.

 

       HERTIA-MAY   1975

 

 

 

 

 

P31

 

POURQUOI ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Pourquoi faut-il veiller quand on voudrait dormir ?

Pourquoi cacher sa peine quand il nous faut pleurer ?

Pourquoi ne peut-on marcher pieds nus dans les rues de la ville ?

Pourquoi ne peut-on rire quand on en a envie ?

Pourquoi rester enfermé quand on a soif d’air pur ?

Pourquoi le ciel est-il si beau sur un monde si triste ?

Pourquoi l’enfant doit-il mourir avant qu’on songe à le nourrir ?

Pourquoi faut-il tuer pour se mettre d’accord ?

Pourquoi clamer à tous les vents que tous les hommes sont égaux ?

Alors qu’il n’en est rien !...

Pourquoi prétendre que l’esclavage a disparu quand il existe toujours ?

Pourquoi appelle- t-on ce monde « civilisé »

Alors qu’il est pire que les tribus primitives ?

 

Que répondras-tu à toutes ces questions, ô Sage ?

 

Ami, ne cherche pas, écoute la voix de ton cœur.

Contemple le ciel avec tes yeux restés purs,

Ecoute le chant que la nature a fait pour toi

Et pour tous ceux qui savent encore écouter

Avec un cœur d’enfant.

Oui, le ciel est beau, la nature magnifique !

Oui, les lois répriment et souvent sont injustes !

Oui, des enfants meurent de faim, les hommes s’entre-tuent !

Oui, le cœur des hommes souvent reste insensible !

Oui, l’avenir est noir !

Mais que peux-tu y faire, toi, avec tes pensées,

Tes yeux d’enfant et ton cœur pur ?

 

Laisse la vie, laisse le temps accomplir son œuvre,

Le moment n’est pas encore venu.

Thérèse Leroy

« Eclats d’âme » 10/02/73

 

 

 

 

P32

 

UN AMOUR DE JEUNESSE

(jézel)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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De toi j’ai tout aimé, ma reine, mon bijou !

Tu prétendais pourtant courir le guilledou :

Sans cesse il me fallait jouer à la nounou

Pour tenter d’assagir ta jeunesse follette.

 

Oui, je t’aimais d’amour comme l’ose un gamin !

Nous allions tous les deux où te guidait ma main,

Bravant l’obscurité, l’ornière du chemin,

Vers ton gîte princier fonçant à l’aveuglette !

 

Si je faisais ma cour, petite Cendrillon,

Il fallait pour te plaire en connaître un rayon !

Découragé, parfois je baissais pavillon ;

Lasse, en rêvant de moi, tu t’endormais seulette !

 

Perdus dans la forêt près du merle siffleur,

Nous goûtions la nature au calme ensorceleur.

Alangui mais comblé, je t’offrais une fleur,

Et ton corps embaumait l’herbe et la violette

 

Dans la ville ou le bourg, comme des courtisans

A chaque suzeraine apportant leurs présents,

Nous ont salué bas jeunots et paysans,

Mais déjà tu filais, telle une goélette !

 

De ma mie, aujourd’hui je me suis séparé

Me voici désormais seul et désemparé,

Regrettant ce vélo mille fois réparé.

Adieu, petite reine et brave bicyclette !

 

Denise Duong

 

 

 

 

 

 

P33

 

LA DRAGUE… AU CREPUSCULE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est la dernière,

Enfin je crois…

Et pour ce faire,

En toute foi,

J’ai négocié

L’acquisition

Sans prétention

D’un aguichant

Cabriolet.

Cheveux au vent,

D’un blond ardent, 

Dans mon bolide,

En intrépide,

Je prends des risques,

Et c’est épique !

Ohé les gars !

Je suis la folle

Qui raccole

A tour de bras !

Et ma drague,

C’est un gag,

Est efficace.

Enfin, je crois…

Pourtant s’effacent

Les jolies traces

De mes exploits,

Fini, je crois…

 

              Paule Lefebvre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P34

 

J’ FAIS PARTIE DES GINS D’AVANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cha s’adresse à ches jones d’achteure pou’ qu’i s’ rindent compte d’ commint qu’al étot la vie dins l’ temps. Cha n’est poin eun’ leçon d’ morale mais putôt eun’ manière d’ comparer l’ façon d’ vivre d’avant cheule d’aujourd’hui. Et d’armuer des souv’nirs pou’ cheux qui sont nés avant l’ dernière guerre.

A l’époque que j’ sus venu au monde, i n’y avot point d’ mobylette, pos tell’mint d’ vélos et ches rares postes d’ radio n’ marchotent pos aveuc des transistors mais aveuc des lampes qui devotent cauffer avant qu’in intinde l’ son. Pou’ apprindre des canchons1

(i n’in sortot pos des dizaines par mos comme achteure !) y avot chu qu’in app’lot des formats : double feulle aveuc l’ photo de l’artisse, ches paroles et ches notes d’ musique. Ceuss, qui gagnotent ein peu d’ pus que l’ z’autes, avotent ein tourne-disque aveuc eun’ manivelle d’sus l’ côté et ein grand pavillon pad’zeur. Cheule manivelle al servot à armonter2 ch’ mécanisme faisant tourner ch’ disque (qui cassot si qu’in l’ laichot quer par terre !). Quand que l’ canchon arrivot d’sus la fin et ch’ manicrack3 n’avot point été armonté à fond, l’air d’eun polka prenot l’allure d’ein slow d’achteure et ches notes aigües dev’notent d’ pus en pus graves comme les paroles d’un bonhomme qui continue d’ parler in s’indormant !

El’ lundi, ch’étot jour d’ lessife. Cha s’ faijot à l’ main vu qu’ ches machines à laver, qu’in app’lot des batteuses, n’étotent pos cor inventées. L’hiver, in faijot séquer ch’ linche4 d’sus des fils tindus pad’zeur ch’ fu flamin5 qui servot à cauffer l’ mason, faire cuire l’ minger et récauffer ches fers à repasser. In y faijot séquer aussi les pichous6 de ch’ tiot-dernier et in étot lon de s’ douter qu’ein jour ches loques d’ cul deviendrotent des « pampers » qu’in jette quand qu’al sont fraiques7 !

I n’y avot pratiqu’mint pos d’ sigles pou’ désigner n’importe quo comme achteure : In connaîchot ches « Chemins de Fer du Nord » qui faijotent pos cor partie de l’ SNCF. In habitot des masons d’ corons bin avant qu’ seuchent construits des blocs baptisés HLM. In allot querre des médicaments à l’ pharmacie de l’ Caisse ed’ Secours et cheux, qui n’ travaillotent point aux Mines, bénéficiotent des Assurances Sociales avant qu’ cha vienne à s’app’ler SECU et CRAM à l’ Libération.

In n’étot pos imbêtés pou’ conserver ches « denrées périssables ». A peu près tout chu qu’ pouvot gagner ch’ l’homme, cha servot surtout à acater l’ minger au fur et à m’sure qu’in n’avot besoin (l’ fimme, aveuc souvint tros ou quat’ gosses, al restot à l’ mason et al avot assez d’ouvrache comme cha !). L’ viande, ch’étot bin souvint pou’ l’ diminche mais, quand qu’ ch’étot du bouillon i in restot quequ’fos pou’ el’ lind’main.

Comme l’ Frigidaire –pardon ch’ réfrigérateur- cha n’existot qu’in Amérique, l’ ménagère faijot ses conserves aveuc chu que s’ n’homme cultivot dins sin gardin.

Et ch’est à l’ cave, ou dins ein carin8 abrité, qu’in stockot cheul récolte d’ penn’tierres qu’i n’ fallot pos oublier ed’ dégermer eun ou deux fos par an !

A ch’ temps-là, in acatot de l’ bière au tonnieau ou bin en litres à fermeture mécanique à ch’ brasseu qui passot dins ches rues aveuc s’ carette à qu’vaux9. Mais fallot rindre ch’ tonnieau ou ches boutelles vides pou’ n’avoir des pleines. In buvot l’ieau du robinet ou plutôt, cheule qu’in saquot10 à l’ pompe à bras pou’ ch’ti qui avot ein puits, ou, dins ches corons, qu’in allot querre à l’ pompe aveuc des séiaux (quand qu’in étot tiots, in n’a fait des glissates, in hiver, in faisant couler, dins ch’ rucheau11, l’ieau qui gelot à fait !).

Ches hommes i z’allotent ouvrer à pieds ou à vélo et les seules carettes qu’in veyot passer d’sus ches routes pavées ch’étot cheules d’ ches patrons, docteurs, gros commerçants. Pou’ faire l’ plein, i z’allotent rimplir leu réservoirs à des pompes qui distribuotent l’essence à cops d’ chinq litres, grâce à ein levier plaché d’sus l’ côté et que faisot aller ch’ garagiste.

Quand qu’in ravisse in arrière comme j’ viens de l’ faire, in a l’air d’ survivants d’eun époque qui paraît armonter presque à l’ère des cavernes ! Ch’est vrai qu’in n’ se doutot pos qu’in allot invinter : l’ crayon à bille, l’ matière plastique, l’ télé, magnétoscope, fax, DVD, ordinateur, laser, photocopieuse, congélateur, lave-vaisselle, cœur artificiel, pilule et pilule du lind’main et qu’in arriv’rot à faire d’ z’implantations d’organes.

Nous, in comminchot par s’ marier avant de s’ mettre in ménache et l’ meilleu moyen qu’in connaîchot pou’ n’ pos avoir d’infants, ch’étot d’ sauter in marche in essayant de l’ faire à temps !

Ches fimmes n’arotent jamais osu feumer eun cigarette in public et in arot moutré du dogt ein homme qui arot mis eun boucle d’orelles. In intindot des « réclames » à RADIO-Luxembourg et in n’arot jamais imaginé qu’ein jour in arot pu vir, à s’ mason grâce à ch’ téléviseur, eun’ fimme presqu’à poils pou’ vanter eun’ savonette !

Po’ nous, ein JOINT cha servot à coller des briques, eun’ PUCE ch’étot ch’ l’insecte qui oblige ch’ kien à s’ gratter, eun’ SOURIS, cheul tiote biête qui fait peur à ches fimmes et l’HERBE ch’étot chu qui poussot dins ches pâtures et qui servot à nourrir ches vaques !

Mais, vous dire qu’ ch’étot miux d’ nou’ temps, j’ laiche cha à des espécialistes qui saitent comparer chu qui est comparabl’. Mi, j’ cros sincer’mint qu’ chaque époque al a ses bons et ses mauvais côtés. Et, comme j’ sus ein vrai optimiste, j’ pinse que, d’ toute manière, tout finit par s’arringer. L’ pire qu’ j’ai connu dins m’ vie, cha a été ch’ l’occupation all’mande. Et in se n’a sorti ! Alors ?

 

                                                                                               Jacques Huet

                                                                                               02 La Flamengrie

 1 « canchons »                          chansons

 2 « armonter »                          remonter

 3 « ch’ manicrack »                    le mécanisme

 4 « ch’ linche »                          le linge

 5 « fu flamind » feu flammand

 6 « pichous »                             langes

 7 « fraiques »                            mouillées

 8 « carin »                                remise

 9 « carette à qu’vaux »               voiture à chevaux

10 « qu’in saquot »                      qu’on tirait

11 « ch’ rucheau »                       le ruisseau

 

 

 

 

 

 

P35

 

AU BOS MIREINT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

1er COUPLET

 

In tiot homme âgé ed Prémontville,

Il a dit à s’ femme, si té veux venir,

Nos irons ed main au Bos Mireint,

Nos arons al’ fête bien d’ l’agrémeint.

Té métras té d’sous d’ cotron,

Tes fins solets, tes bas d’ coton,

Ette tiot colinette,

T’aras cor l’air d’in’ belle fillette.

 

2ème COUPLET

 

Pou’ satisfaire tes ardeints désirs,

J’et moinerai acouter la musique.

Nos irons oussi al’ sué David,

In grind abruvo fort historique.

Là nos s’assirons su s’ l’herbe,

Pour nous minger des boulettes

Aveuque eine galette,

Et pis du vin nos f’rons trempette.

 

3ème COUPLET

 

Al’ place ed tirer al’ carabine,

Pus et qu’ ça n’est pu nos vrai plaisis

Nos irons cor ach’ qu’min du Catieu,

Nos voirons oussi courir ces vieux.

Là j’et perdra pas d’sous le bras,

J’et moinerai al boquet Louchard,

In tiot peu pu bas

J’et mouterrai ein nid d’ mauviards.

 

4ème COUPLET

 

Nos jurons oussi au cochonnet,

Aveu des jolis écus jaunets,

Si nos gagnons ein’ bell’ gross’ andouille,

Nos in f’rons ein’ forte ratatouille,

Nos in meing’rons ein’ s’maine ed long,

Té voiras qu’ ça nos sinnera bon.

Tapeint su tein bidon,

Té réléqu’ras tein tiot menton.

 

5ème COUPLET

 

Nos férons visite à Sainte-Christine,

Là té voira cor des prix oussi.

C’est y là qu’ein tire aveuque ein arc,

Tous ces homm’ y teinte bien fort leus bras,

Là j’et f’rai ein tiot marmot,

Té voiras qu’ j’ sus adrot,

Tet mucheras fort bien,

Si j’ crie « gare » n’ réponds rien.

 

6ème COUPLET

 

Y ara eincore ein jus d’ billons,

Comme y sont toujours ein peu trop longs,

Té les perdras bien pas s’ pu tiot d’ bout,

Pour t’y pouvoir ein v’nir à bout.

Nos irons à cell’ fontaine,

Là nos porrons preinne ein bain.

Des bell’ tiotes roines vertes,

Té les voiras sauter su s’ l’herbe.

 

7ème COUPLET

 

Après cett’ bonn’ journée d’agrémeint,

Nos s’inrirons tous deux bien conteint,

Té m’ diras ein route man tiot Dodore,

L’innée qui vient nos irons cor.

Après nos irons coucher.

Té r’tireras tein bleu corset,

Nos férons dodo,

Répéteint en réveint su l’ dos.

 

REFRAIN

 

Viens au Bos Mireint,

El jour d’el’ fête ein s’amuse bien,

T’ara d’ l’agrémeint,

Et t’ passeras ein bon momeint.

 

                        Paroles de Charles MOREAU

                                                                       Air du « P’TIT QUINQUIN »

 

                                                                       En hommage à un joli village de l’Aisne,

                                                                       en lisière du département du nord : PREMONT.

Texte retrouvé par Mme Carlier

 

 

 

 

P36

 

Çà ?     A Johnny !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

C’est la Francinette qui avait une crève d’enfer. Elle toussotait, crachotait à qui mieux mieux, jusqu’à s’arracher les poumons et même mouiller sa petite culotte. Gênant lorsqu’on est seule à tenir le guichet de la banque : pas question de se faire remplacer par une collègue pour aller changer la « super nana » dans les toilettes ! Elles sont toutes occupées à monter un dossier de crédit ou tenter de résoudre une affaire de surendettement avec un client, peinardes dans leur petit box ; la pauvre, pendant ce temps, affronte la meute impatiente en retenant tant bien que mal les quintes de toux qui lui déchirent les entrailles et lui ouvrent le robinet de la honte. Impossible d’expliquer la chose au directeur, vous pensez bien !

 

La mule est têtue et, qui plus est, fidèle au poste. Pas question de consulter le toubib qui, d’office, la mettrait en repos pour au moins une semaine, histoire d’éteindre le feu dans la poitrine et d’assécher les cales du navire… d’autant que son petit mari a concocté une sortie en Belgique dont elle lui dirait des nouvelles. Nous sommes déjà Jeudi et la sortie est prévue pour Dimanche ; d’ici là, ce serait bien le diable que le Vésuve n’ait craché ses dernières coulées de lave et que les inondations ne soient rentrées dans l’ordre. Hélas ! Satan impitoyable veillait au grain et commanditait d’impétueux assauts en fin de semaine avec la ferme intention de reporter aux calandres grecques le week-end de nos deux tourtereaux. A vrai dire, ils n’étaient pas de prime jeunesse mais, l’âge venu, il est très agréable de roucouler surtout quand les enfants ne sont pas là pour altérer l’émotion d’un vieux couple qui se retrouve seul, enfin presque car, oserais-je le préciser, il s’agissait d’un voyage organisé.

 

T’inquiète pas, avait précisé Dominique, à part le transport où forcément on est tous ensemble, à la sortie du bus ceux qui le veulent ont quartier libre et peuvent en profiter à leur guise. Faut juste être à l’heure au moment du retour.

 

J’espère que c’est bien vrai ; j’aime pas trop me mélanger avec des gens que je ne connais pas. Mais bon, comme t’es certain de ton coup et vu le prix, je veux bien faire un effort.

 

Laborieux l’aller en autocar ; difficile de contenir le volcan en fusion et l’hémorragie sous jacente. Toutefois, les quolibets du groupe en pleine forme évitent à Francinette de se focaliser sur ses ennuis et lui assurent une arrivée au sec sur la grand place de Bruxelles.

 

Ragaillardie par l’amélioration spectaculaire, cédant à l’euphorie du présumé miracle, elle pousse l’audace jusqu’à imiter son cher et tendre en ingurgitant force bières mondialement réputées certes, mais aussi éminemment diurétiques. L’ambiance enfumée du dernier troquet provoque la rechute et ce juste avant la remontée en autocar : Mackenpis apprécie d’avoir trouvé un disciple du sexe féminin, une fois n’est pas coutume au jet aussi performant que le sien ! Cerise sur le gâteau : impossible de satisfaire un besoin pressant pour cause d’afflux aux toilettes et de mettre en place une ultime protection.

 

Galère le retour. Climatisation en panne, chaleur suffocante, toussotements en série chez les passagers et reprise des hostilités avec une ardeur décuplée pour Francinette. Auréoles jaunâtres sur le siège de la misère. Sortie précipitée, adieux écourtés, arrivée à la maison tard dans la nuit, le feu dans la poitrine, la mycose au fessier. Le lendemain, aux aurores, visite éclair au pressing où elle explique ses problèmes urinaires à la patronne condescendante.

Vous récupèrerez vos vêtements dans deux jours : pantalons, jupes, chemisiers. Soyez sans crainte : nous employons des détergents très puissants ; d’ici là, il n’y paraîtra plus et, il va de soi, personne n’en saura rien… Nous sommes habituées à ce genre de problème ; en général, cela arrive à des clientes au moment de la ménopause…

 

Quarante huit heures plus tard, Francinette court récupérer ses frusques chez « Madame Propre, Super Brillant ». Extrême agitation autour du comptoir de l’établissement. Madame Clean s’adressant à un groupe de mégères en goguette :

C’est à Johnny… et çà, et çà, et çà aussi. Approchez donc madame B…

 

Le bruit, la honte, l’émotion, l’insoutenable impression d’avoir été trahie malgré la promesse formelle de garder la plus grande discrétion sur ce regrettable incident ? empourprent les joues de la pauvre Francinette qui a peine à refouler ses larmes. Fan de notre idole nationale, la reine du plus blanc que blanc s’était vu confier la glorieuse tâche de nettoyer quelques tenues de scène de la star. Rarissime événement qui devait faire le tour des chaumières à la vitesse de la poudre… à laver.

 

Rouge de confusion Francinette s’approche à pas menus des commères qui lui adressent des regards lourds de sous-entendus. Soudain, elle se rend compte de sa méprise lorsqu’elle écoute Madame Clean :

 

Celui-ci, c’est le pantalon en satin qu’il portait au dernier concert où je l’ai vu, de mes yeux vu, à cinquante centimètres, comme je vous vois. Même qu’il m’a demandé ce que je faisais dans la vie. Quand je lui ai dit que je tenais une maison de pressing, il m’a proposé des places de spectacle gratuites pour toute la famille en échange du nettoyage de quelques unes de ses tenues de scène. Vous pensez si j’ai accepté !

 

L’honneur est sauf ! Madame Clean n’a pas vendu la mèche ; on aurait pu craindre le pire. Redescendue de son petit nuage, elle achève de rassurer Francinette :

 

Mon Dieu, je vous oubliais… J’en suis encore toute émue ; le grand Johnny chez moi, dans mon pressing. Quel honneur !

 

Pas de problème j’espère en ce qui concerne les vêtements que je vous ai confiés ?

 

Aucun ! Rassurez-vous, çà n’a pas JAUNI !! »

 

                                      Grasjacqs

 

 

 

 

P37

 

LORSQUE LES PERES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Lorsque les pères s’habituent

à laisser faire les enfants,

 

Lorsque les fils ne tiennent plus

compte de leurs paroles

 

Lorsque les maîtres tremblent devant

leurs élèves et préfèrent les flatter

 

Lorsque finalement les jeunes

méprisent les lois parce qu’ils

ne reconnaissent plus au dessus d’eux

l’autorité de rien et de personne,

 

Alors c’est là en toute beauté

et en toute jeunesse

Le début de la tyranie.

PLATON

      350 avant JC