SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°64

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Septembre à Décembre2021

a

 

BD HARDUIN d’AMERVAL   n°1 à 63

Illustration BD : ODILON     page 2

PATRICK  MERIC

HUMOUR-PATOIS

Humour, Rêve, Famille recomposée   page  3 

Luc PIPART

Ils meurent  page  3 

Anonyme.

Amuseries  page  4 

Jean-François SAUTIERE

Le paon et le Palais    page 5

Anonyme.

Le grand Amour    page 5

Reine DELHAYE-BURLION

Dictons Populaires   page  6 

Léonce BAJART

Pensée  page 4-8-9-12

Hector MELON D'AUBIER*

ADULTES   

Terre en Détresse    Page 7

Lucie DOUAI

11 JUIN 2020    page 7

Thérèse LEROY

Lettre à toi, Lecteur mon Ami  page 8

J.F. SENT

CONFIANCE  page 8

Pluies Neuves

C’est un jardin niché   page  9

Céline BONNARD

DANSER     page  9

Patricia LOUGHANI

Une Chance     page  9

Julien BURY

DEUIL   page  10

Henri LACHEZE

Lettre à ma mère   page  10

Marquise de GRIGNAN

Aux Eglantines   page  10

Saint HESBAYE

Seul le vrai résonne    page 11

Christelle  LESOURD

Le Souvenir   page 11

DUHIN MARICARMELLE

Nos yeux   page  11

Pluies Neuves

Papy y balance    page 12

Gérard ROSSI

L’Etiquette   Page 13

ENCEPHALE

Tu t’appelles SAHARA  Page 13

Albert JOCAILLE

13 JANVIER 2021   Page 14

Thérèse LEROY

Tout faux pas   Page 14

Saint HESBAYE

Découverte   Page 17

HERTIA-MAY

NOUVELLES

 

Synchronicité 2058   page 14&15

Franck DEFOSSEZ

Le Bouquet de Persil    page 16&17

PASCAL

La Terrasse    page 18

Thomas LEROY

Les HARPIES   page 19&20

Hector MELON D'AUBIER*

Paranormal sisters    page 21&22

Martine GRASSARD-HOLLEMAERT

Une vie de Chien     page 23&24

HERTIA-MAY

DIVERS

Exposition OMC    3°de couverture 

SALON DES ARTS

* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire

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HUMOUR, REVES, FAMILLE RECOMPOSEE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Humour

 

Une fille s’adresse à son père :

Papa, il faut que je te dise que je suis amoureuse.

Avec Sébastien nous nous sommes rencontrés sur Meetic,

Puis sommes devenus amis sur Facebook.

Nous avons eu des discussions sur WhatsApp

Et il m’a fait sa déclaration sur Skype.

Et maintenant j’ai besoin de ta bénédiction.

 

Le père répond aussi sec :

Ma chérie, c’est un très bon départ. 

-Mariez-vous sur Twitter

Web: les nouveautés qui seront à l'affiche dans le monde pour 2018-Achetez vos enfants sur EBay

-Recevez-les par Colissimo

-Déclarez-les sur Google

Et après quelques années,

Si tu es fatiguée de ton mari,

Mets-le sur le Bon Coin !...

 

Famille recomposée

 

Un prof demande à un élève quel est le métier de son père. Magicien ! répond-il.

Quel est son tour favori ? demande le prof. Il scie les personnes en deux, dit le gamin.

Tu as des frères et sœurs ? Oui, deux demi-frères…

Rêves

 

J’ai ouvert les rochers

Faire toujours le même rêve : quelle signification ? - Madame FigaroPour mener les flots bleus

Puis j’ai ôté les doutes

En apportant le jour

 

J’ai défait les barbelés

Rouillés des pays blessés

Et conservé les marques

Des chairs martyrisées

 

J’ai ouvert les forêts

En taillant des clairières

Et conduit la lumière

Pour que les oiseaux chantent

 

Puis j’ai poussé les nuages

Loin sur les terres arides

Pour que poussent des rêves

Et pleurent les chimères.

 

Luc Pipart

Mais au fait ? D'où vient la baguette magique ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ILS MEURENT

 

 

 

 

 

 

 

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La meilleure des générations est en train de mourir.

Celles et ceux qui sans faire de longues études, ont tout  donné pour leurs enfants.

Celles et ceux qui sans de grandes ressources les ont aidés et ont traversé des crises financières,

Ils sont en train de mourir.

Ils ont connu des temps de guerre, des restrictions, se contenter de peu,

Ils ont eu des peines et des souffrances mais ne le disaient pas.

Parfois, ils ont travaillé comme des bêtes,

On disait d'eux qu'ils étaient plus vulnérables que quiconque.

Comme ce fut pour leur vie, en silence ils meurent.

Ils n'ont jamais osé penser à soulever le pays et pourtant !

Ils recherchaient des bonheurs simples comme partager un peu de la vie de leurs petits-enfants.

Ils s'en vont sans déranger, ils seront toujours celles et ceux qui dérangent le moins, ils partent sans adieu.

Alors pour celles et ceux qui se plaignent tout le temps d’être confiné(e)s à la maison, parce que leurs salons de coiffure, d’onglerie ou bien même leurs salles de sports restent fermées...

qu'ils ne peuvent pas faire la fête, partir en vacances et réclament toujours plus d'argent à l'Etat .....

 Par RESPECT pour cette génération qui nous quitte sans bruit, mais avec dignité.

Taisez-vous......

 

 

 

 

 

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AMUSERIES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le requin-marteau a croisé un poisson-scie.

 

Tony Truand a une voix forte.

 

Quand il me prend dans ses bras je sens mon cœur qui bat, je vois l'avion rose. (Édith Piaf)

 

Le boucher a réussi à se faux-filet.

 

Le détrusor n'est pas un animal préhistorique.

 

Pendu au mur le saur est.

 

La gentiane c'est quand même pas l'amère à boire.

 

Une bonne nouvelle : l'incendie a finalement été circoncis.

 

Si j'aimais les harengs saurs, ça se sauret.

 

Il ne faut pas confondre petit alu et grande colline.

 

L'employé du service des eaux souffre de coliques phréatiques.

 

Aujourd'hui le clarinettiste a moins mal joué : il n'a fait que des canetons.

 

Sur son toit l'instituteur a fait installer des panneaux scolaires

 

Jean-Marc de Bourgogne.

 

La Mer de Debussy me donne toujours la chair de poulpe.

 

Le quartier-maître a un vaisseau qui a claqué dans l'œil.

 

Ce faisan mâle est malfaisant.

 

Jacques Obin était un révolutionnaire.

 

Sous l'arbre en fleurs je lis là.

 

Le cow-boy a vu un pot rouge.

 

Il ne vous a même pas offert une fleur pour votre anniversaire ? Ça c'est le bouquet !

 

J'ai toujours eu de la chance et cette fois encore j'ai tiré le grelot.

 

La bonne sent bon.

Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE PAON ET LE PALAIS

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ainsi fut fait, et contre toute attente,

Il prit la place laissée vacante

Par tous les vieux coqs déplumés

Dont tout le monde s’était lassé.

Pour constituer sa basse-cour

Il fit appel à des vautours

Aptes à tondre la laine,

À amasser toutes les graines.

Ses anciens congénères

Qu’il jugeait fort vulgaires

Un jeune paon, imbu de son plumage

Fut pris dès son plus jeune âge

En mains par une vieille pintade

Qui laissa son vieux coq en rade.

Lors, notre jeune volatile

Qui se trouvait fort volubile

Ne fut plus satisfait de son habitat

Et se rêva en costume d’apparat.

Pourquoi, se disait-il, se contenter

D’un simple poulailler, fût-il doré,

Alors que, sans travailler,

Je puis demeurer au palais.

Il me suffit, si mes calculs sont bons,

De prendre mes congénères pour des pigeons

Et, pour les prochaines élections,

De bien jouer les trublions.

.Virent enfin  mais un peu tard,

Qu’on les prenait pour des bâtards

Fort de son plébiscite aux élections,

Notre dieu-paon, tel Pygmalion,

Favorisa un jeune sardouk

Dont il se servait comme bouc.

Grisé par ses nouvelles prérogatives,

Celui-ci, de manière fort hâtive,

Se crut par son maître autorisé

De jeunes oisons brutaliser.

Las, malgré la volonté manifeste

De celer ces faits funestes,

L’histoire vint à transpirer

La roue magnifique du paon bleu - ZAPPING SAUVAGE - YouTubeHors de murs du Palais.

Devant ce gros scandale,

Notre apprenti Sardanapale

Dut rétropédaler

À son grand regret.

Il envoya ses janissaires

Désigner un bouc émissaire

Mais la sauce ne prit pas

Et l’oisillon resta sans voix.

Moralité : Même les rois de l’enfumage,

Ceux mêmes qui se voulaient rois mages,

Tombent un jour de leur piédestal

Et devront quitter leur habit royal.

Fable de Jean De La Fontaine (1621-1695), revisitée par un auteur inconnu que l'on félicite au passage pour son talent, et le régal de cette lecture d'actualité !

 

 

 

 

 

 

 

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LE GRAND AMOUR

 

 

  

 

 

 

 

 

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Il n’y a vraiment rien de plus beau,

Que de s’aimer toute une vie.

Faire toutes les choses en duo,

Être en osmose à l’infini.

 

La première fois que l’on tombe amoureux,

On se demande si cela va durer.

Mais dans notre cœur, on se sent très heureux !

C’est que l’on a trouvé notre moitié.

 

Savoir écouter est très important,

Ne pas avoir peur de se parler,

Bien dire à l’autre ce que l’on ressent,

Accepter aussi de pardonner.

 

Former un beau couple, c’est merveilleux !

Ensemble la nuit et le jour,

 Comprendre en se regardant dans les yeux,

Voilà ce qu’est LE GRAND AMOUR !

Reine DELHAYE

 

 

 

 

 

 

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DICTONS POPULAIRES

 

 

 

 

 

 

 

 

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A mitin cuit ça n’ sint po l’ brûlé

Pu d’ nœuds pu d’ fétus

Fin conter fin i n’ feut po d’ doublure

I veut mieux taper al porte d’in plondeu qu’al chelle d’in vinteu.

El soleu i luit c’est pou tout l’monne

El qu’misse al est pu près qu’el cottron

In cat i n’ jonne po des quiés

Jeudi venu s’monne foutue

I feut toudis r’giter avint d’ête ercrind

Du qu’ saint Arnoud i passe saint Honoré n’peut po passer

Inne terte ed sot a n’ blinquit po

In ape i pind toudis du côté qui veut quéir

Pu qu’in toulle du brin pu qu’ça pue

Quind in a b’son d’ré in est vite servi

l’ ti qui s’fait du bé c’est pour li

I feut mieux in affront qu’in vé i n’feut po d’ cordé

Si c’ n’est po pou Marie c’est pou sin courti

I veut mieux boulir qu’à guernoter

Quind in cheupe c’est qu’in avince

Qu’misse au dos qu’misse au cuveleau

In n’peut po ête et avoir été

L’pleufe du matin n’impêche po l’perlérin

L’ti qui s’in va i lèque, l’ti qui d’meure i sèque

Quin in a d’elle polle in peut faire du fimmier

Quin in est r’ crind in va cor lon

I n’est si tiot simm’di qu’el soleu i luit

In r’sinne toudis du qu’in r’ vié

Tiot lindi grinne semaine

In verre ed vin dins inne vielle pinche,

C’est comme inne apo-ielle dins inne vielle grinche.

Léonce BAJARD

La queuques dictons qui feut vos expliquer :

I veut mieux boulir qu’à guernoter

Guernoter c’est cuire à tiot feu. Quin in a inne affaire in route, in n’ dreut po l’laisser tronner.

I veut mieux gongner du timps putôt qu’ d’el laisser lainguir.

In dit aussi qui feut batte el fer pindint qu’i est cueud.

Si c’ n’est po pou Marie, c’est pou sin courti

Marie al vié d’ess’ marier aveuc in étringer qu’in n’aveut jommais vu par ci. Sin père ia des masons, des courtis et d’ l’argint. Vo n’ créez po qu’ c’est parce qu’il l’a cair èqu’ l’étringer il l’a mariée ? Ravisez m’ n’ouèl, c’éteut pou ses sous !

Du bé c’est du bé, in n’peut po l’ laver

In a ses parints et pi s’famile et quind in s’marie in a des bés-parints. In l’ z’a cair tertoutes, bé sûr, seulemint in a beau faire, ess’ preupe famile al passe toudis avint l’eute.

Si vos volez el loïen i est pu fort, c’est du rindoublé, tindis qu’el belle famile ça n’tié po si tort. Donc du bé c’est du bé, in n’peut po l’ laver, ça porreut détinne.

Du qu’ saint Arnoud i passe, saint Honoré i n’ peut po passer.

Saint Arnoud c’est l’ patron des brasseus. Saint Honoré c’est l’ti des boulingers pi des pâtissiers.

El dicton i veut dire èqu’ si in a bu boco, in n’peut pu boco mainger. Et du contraire in arrive au même.

Si vo pinche al est déjà plonne, ça n’peut pu déquinne pas vo gasio !

L.B.

 

 

 

 

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TERRE EN DETRESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Assoupie au pied d’un arbre, mon subconscient me projette à des années-lumière de la Terre.

Foulant le sol lunaire, j’observe avec curiosité ma planète originelle…

Jadis resplendissante et dotée de ressources inépuisables, Terre, je ne te reconnais plus… Qu’es-tu donc devenue ? Tes cris de détresse résonnent jusque dans la Galaxie.

Interpellée, je me penche vers toi de plus près et constate avec effroi l’impact de la folie des Hommes sur ton visage défiguré.

Les océans sont devenus champs d’immondices, les mouettes tentent désespérément de survivre, engluées sous des nappes de pétrole et les mammifères marins s’échouent sur les plages, l’estomac rempli de déchets plastiques.

La forêt d’Amazonie n’est plus que désert, ravagée par les bulldozers qui chassent les populations autochtones désemparées.

L’ours polaire se sent bien seul sur son iceberg qui ne cesse de fondre à vue d’œil. Trouver de quoi se nourrir est devenu pour lui un combat quotidien.

Des milliers d’espèces animales et végétales disparaissent sous la pluie nocive des pesticides. Le chant des oiseaux se fait de plus en plus rare laissant place à un silence mortuaire dans les pâturages.

Les Hommes, eux non plus, ne sont pas épargnés… Leur santé est devenue fragile à cause de la pollution, je les vois suffoquer sous leur masque de protection.

La vision de ce sinistre tableau m’attriste profondément quand j’aperçois une horde d’enfants et d’adolescents déterminés, brandissant des pancartes et interpellant l’opinion publique. Je comprends alors qu’ils mènent un combat des plus nobles, celui de veiller à ta protection.

Dans leurs yeux je ressens de la colère face à l’immobilisme national mais aussi une furieuse envie d’agir pour faire changer la donne. En réunissant leur énergie je ne doute point qu’ils parviendront à leur but. La jeune génération a compris qu’il fallait préserver ton écosystème au risque de te voir disparaître définitivement dans la fumée macabre de la pollution.

Une brise délicate comme un murmure au creux de l’oreille me fait sortir doucement de ce rêve céleste et, soudainement conscient de l’urgence d’agir pour ta protection, je me mets en route vers un avenir terrestre meilleur…

Lucie Douay

 

 

 

 

 

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11 JUIN 2020

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

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J’ai rêvé des fleurs odorantes,

Des parfums sucrés de fleurs d’orangers,

Seringats aux pétales délicats et lys de la madone.

Je voyais une eau cristalline

Qui venait chanter câline,

Caressant la rive amoureuse.

 

J’ai rêvé des couchants flamboyants,

Des matins d’or fondu sur l’horizon,

Des aubes baignées de rosée.

Mais j’ai vu des arbres fous de douleur

Qui tordaient leurs longs bras décharnés.

J’ai contemplé leurs feuilles qui pleuraient

Leurs vertes années sacrifiées

Dans les frondaisons des forêts enflammées.

Thérèse L.

 

 

 

 

 

 

 

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Lettre à toi « Lecteur » mon ami

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est de Caudry que je t’écris.

Dès parution le 30.12.16 dans Voix du nord, du vendredi

l’idée de participer au concours Caudriole émis me vint à l’esprit

et nous sommes aujourd’hui déjà jeudi à l’approche de midi.

Alors que le soleil resplendit, je n’avais aucun souci,

ni non plus, n’avoir encore rien appris, et pourtant suis très surpris de m’en être épris.

Je ne dirai point « si c’est avec qui ? ni si ce fut en très bonne compagnie,

ni même à quel prix ? »

Or, pour en être parti, je m’en suis maudit.

Ce n’est pas près d’elle que j’ai grandi mais d’être accueilli comme un ami.

On y fait la pause dans sa vie jusqu’à ce que l’on ait vieilli

puisque c’est ainsi que les bonnes choses ont toujours fini.

En recherche de généalogie…

Je ne puis rappeler ce que d’autres ont déjà dit,

mais comme tout être aime et demeure en son pays

la regrette après l’avoir tant chérie.

Le parcourant de Bertry à Clary en passant par Caullery

que d’aucuns maintiennent être bien des « ch’tis ».

De ses fêtes y avoir souvent ri, ignorant les moqueries,

admirant l’organdi dans ses dentelles et broderies

qui en nombreuses décennies rendirent si jolies toutes jeunes filles d’ici.

Est-ce là un souci, marqué au front par quelques plis,

de l’absence en ce récit des nombreuses valeurs de son histoire et sa géographie

truffées d’anecdotes enrichies dont je me garde d’être génie et n’en sors pas érudit.

Pour éviter les litanies, être assez concis, il me faut faire un tri et songer à un autre récit.

Ma fierté, n’y avoir laissé une fois parti, aucun regret de qui je suis,

effacé à mon tour dans l’oubli, je me dois aussi de cesser et poser la plume ici.

J.F. SENT

 

 

 

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CONFIANCE

 

 

 

 

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Regarde, le bleu du jour te chuchote à la vitre le temps venu d’une nouvelle cueillette, celle récoltée en pleine tendresse, dormant encore sur nos quais aux amarres murmurées.

Attendant qu’à nos lèvres ses fruits, ses spiritueux aboutis ne laissent plus planer de doute sur leur destination prochaine.

Attendu qu’en amour, le plus beau jour, c’est celui qui vient.

Après une concertation des chuchotements dans la pénombre et à la majorité de nous deux, nous signons un corps à corps bilatéral dédié à une infinité de petits jours assortis d’écritures propres à griffonner la vie.

Le soleil peut entrer en toute confiance sous nos applaudissements.

Pluies neuves

 

 

 

 

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DANSER

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Danser, ô, langueur des pas...

Danser, ô, courbure des corps...

Evasion du divin, caresse de l'ultime...

Art d'un autre espace où la ritournelle a des ailes et l'abandon se démène...

Avidité, dans l'oubli...

Ô, tourbillon des sens...

Tout recommence avec démence...

Orgueil pendouillant, si subtile !

Danser, danser et danser....

Et... tout oublier...

Patricia loughani,

copyright 2/12/2019

 

 

 

 

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UNE CHANCE

 

 

  

 

   

 

 

 

 

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Dans un regard inconnu

On peut y mettre son âme à nu

Trouver des pansements invisibles

Pour se sentir fort, même invincible

On peut toujours s'en sortir

Il faut garder ce long soupir

Il suffit d'un peu de courage

Cela peut créer des ravages

Donner l'image d'une personne

Ecouter son cœur qui résonne

C'est important

Laisser aller ses sentiments

Je n'y arrive pas

Il est interdit de se dire ça

Foncez tête relevée

Montrez votre bon côté

Cachez votre peur

Ouvrez votre cœur, sans ardeur

Tout dans la douceur

Un jour viendra, où l'on sonnera votre heure.

Julin BURY

 

 

 

 

 

 

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C’EST UN JARDIN NICHE…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est un jardin niché au cœur d’un village

Dans le Nord du pays où le temps s’attendrit

Devant nos jeux d’enfant les sourires sans âge

Accompagnent les chants qui colorent la vie

 

On y fête le vent qui s’écoule des champs

Au fil du canal, les souvenirs s’en vont

Suivant la ligne fière du pêcheur d’antan

Au visage d’un père taquinant le poisson

 

L’étang, dès l’aube claire, nous livre ses secrets

Pour qui sait les attendre en refaisant le monde

Le pêcheur contemple l’âme de Salomé

Tandis que les enfants s’agitent dans la ronde

 

La semaine s’achève, vient enfin le moment

De profiter du temps avant qu’il ne s’arrête

On s’affaire, on s’apprête à rejoindre l’étang

Une journée parfaite au jardin des poètes.

Céline Bonnard

 

 

 

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Au temps où l'on savait écrire coquin sans être vulgaire

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ecrit en 1660, Poésie de la Marquise de Grignan, fille de Mme de Sévigné.

 

Ah ! vous dirais-je Maman

A quoi nous passons le temps

Avec mon cousin Eugène ?

Sachez que ce phénomène

Nous a inventé un jeu

Auquel nous jouons tous les deux.

Il m'emmène dans le bois

Et me dit: "déshabille-toi ".

Quand je suis nue tout entière,

Il me fait coucher par terre,

Et de peur que je n'aie froid

Il vient se coucher sur moi.

Puis il me dit d'un ton doux :

"Écarte bien tes genoux"

Et la chose va vous faire rire

Il embrasse ma tirelire

Oh ! vous conviendrez Maman

Qu'il a des idées vraiment !

Puis il sort, je ne sais d'où

Un petit animal très doux,

Une espèce de rat sans pattes

Qu'il me donne et que je flatte.

Oh ! le joli petit rat !

D'ailleurs, il vous le montrera.

Et c'est juste à ce moment

Que le jeu commence vraiment.

Eugène prend sa petite bête

Et la fourre dans une cachette

Qu'il a trouvée, le farceur,

Où vous situez mon honneur. 

Mais ce petit rat curieux,

Très souvent devient furieux.

Voilà qu'il sort et qu'il rentre

Et qu'il me court dans le ventre.

Mon cousin a bien du mal

A calmer son animal.

Complètement essoufflé,

Il essaye de le rattraper.

Moi je ris à perdre haleine

Devant les efforts d'Eugène.

Si vous étiez là, Maman

Vous ririez pareillement.

Au bout de quelques instants

Le petit rat sort en pleurant.

Alors Eugène qui a la tremblote

Le remet dans sa redingote.

Et puis tous deux, nous rentrons

Sagement à la maison.

Mon cousin est merveilleux

Il connaît des tas de jeux

Demain soir, sur la carpette

Il doit m'apprendre la levrette

Si vraiment c'est amusant

Je vous l'apprendrai en rentrant.

Voici ma chère Maman

Comment je passe mon temps.

Vous voyez je suis très sage.

Je fuis tous les bavardages

Et j'écoute vos leçons :

Je ne parle pas aux garçons.

 Marquise de Grignan

 

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Céchil eud France  allé bège, Frinços Hollinde y lé frinçeu, Eric Blinc y lé noère, Michel Noère y  lé blinc et Catherine Denouève all nlé pus ! du keu, j’acoute du véronique sinson…

Traduction : Cécile de France est belge, François Hollande est français, Eric Blanc est noir, Michel Noir est blanc, Catherine Deneuve ne l’est plus ! Du coup, j’écoute du Véronique Sanson…

   HMA

 

Cha y è ! eum finme à arréteu eud finqueu ! ….  Y vont m’apporteu euch l’eurne dins lé quoert d’heure !

Traduction : Ça y est ! Ma femme a arrêté de fumer ! Ils vont m’apporter l’urne dans le quart d’heure !

  HMA

 

. Vu ces temps-ci :

In vier vert s’inva veurs in vierre vert in vierre poseu à l’inveurs !

Traduction : Un ver vert s’en va vers un verre vert en verre posé à l‘envers !

HMA

 

 In kévreul, inn vaque, in qviau ming’tent tertous eul minme quose, ed l’herpe et pourtint el kévreul kie dé tiotes crottes, el vaque kie des bouses plates et l’bidet eud gros bouleux vierts ! Mé comint m’expliqueu-vous cha ??? Eun fos, vos ne sarote pon ! Comint vos expliqueu  alorse chouqu’ ché eul physique nucléant si vos maîtriseu pon in tiot problinme ed merte ! ché pou cha qu’eul Frince y é jusqu’au cou !!!

Traduction : Un chevreuil, une vache, un cheval mangent tous la même chose, de l'herbe et pourtant le chevreuil fait des petites crottes, la vache fait des bouses plates et le cheval de gros boulets verts !  comment expliquez vous cela ! Vous ne sauriez pas ? Comment voulez-vous que je vous explique ce qu'est la physique nucléaire alors que vous ne maîtrisez même pas un petit problème de merde. Et c’est pour cela que la France y est jusqu’au cou !!!

HMA

 

 

 

 

 

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DEUIL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Mon nom a vacillé dans ses yeux entrouverts,

Un sourire a tenté de frémir sur ses lèvres,

 

Ma mère allait mourir, tout était si banal :

 

Une mouche agaçait sa main déjà mourante

L’automne lumineux venait battre aux fenêtres ;

Très loin dans un couloir, courait une infirmière,

 

Ma mère allait mourir, tout était quotidien :

Le froid allait venir, la vie perdrait ses feuilles,

Le silence avançait à grands pas vers l’hiver.

Henri LACHEZE

 

 

 

 

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LE SOUVENIR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le souvenir, c’est la présence invisible

 Victor Hugo

 

Le souvenir cet autre pays

D’où l’on revient seul

Quand s’enferment les vies

Une à une dans un linceul.

Le souvenir cet autre lieu

D’où tous les témoins

Qui ont fermé les yeux

Ont desserré les poings.

Le souvenir ce dernier complice

Ce compagnon de route

Qui ne peut rien contre les malices

Et qui nous renferme dans le doute,

Le souvenir fait qu’on est deux

Dans la solitude envahissante

Un arc-en-ciel des jours heureux

Au cœur de la dévastation d’une tourmente…

Vendredi 13 septembre 2019

 Maricarmelle

 

 

 

 

 

 

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SEUL LE VRAI RESONNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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N’en veux à personne

C’est faux que tout sonne

Seul le vrai résonne

Et jamais ne klaxonne

N’entends pas le bruit du vent

Celui qui tue notre serment

Lui seul sait ce qu’on a vécu

Puisqu’il a tout entendu

Et pourtant, il en a survécu

Même si je ne l’aurais pas cru

Il soufflait si faiblement

Quand il se déchaîna brusquement

Pour faire face à la réalité

Celle qui reste dure à avaler

Celle qui ne peut s’effacer

Je ne peux m’aveugler

Pour espérer voir les choses changer

Plus loin, je ne peux t’accompagner

Puisque je ne sais t’aimer

Puisque j’ai perdu la foi

Même si les Dieux m’en condamnent

Même si ce semblant de serment me damne

Je ne peux que capituler

Quand tu te réveilleras,

Je serai trop loin pour toi

Je ne peux que te laisser

Que tu le veuilles ou pas

Pour ne pas sombrer plus bas

Je ne regretterai pas ce choix.

 

Christelle Lesourd

 

 

 

 

 

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AUX EGLANTINES

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Parti à la chute des feuilles

Lorsque les vents gaulent les noix

Aux passages des grandes oies migratrices

Et que les bogues des châtaignes

Fouettent les hautes herbes meurtries

Où chacun profite des derniers rayons solaires

Avant les duvets de l’absence

Je reviens à la saison des bourgeons éclatants de sève

Aux arcs-en-ciel enchanteurs

Aux soudaines giboulées

 

Je souhaite retrouver un apaisement

Serein dans la ligne d’horizon de Maurois :

Les troncs des tilleuls immobiles

le long de la chaussée

Les ramures verdâtres et violettes

À demi recroquevillées des pommiers

Les innombrables saules aux rameaux flexibles

Que côtoie le ruisseau des prairies

Et le sommet si bleu

Si aérien

Si frêle des haies

 

Ce lieu semble choisi pour goûter

Mieux que partout

Les mystères de mon berceau.

1968-1969    St HESBAYE

 

 

 

 

 

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NOS YEUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Dans sa voix

le pas des douleurs

finissait d'exister,

tout était éternel.

 

Puis de nouveau

tout devint présent

quand d'un ciel gris aux lèvres blanches

nous cherchâmes ce qui pouvait bien perler

au coin de nos yeux.

PLUIES NEUVES

 

 

 

 

 

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PAPY… y balance !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il y a des réflexions qui « calent en bourg » comme en ville

Mais peuvent aussi jeter un froid, sur un show !

Ne voir là qu’un calembour à la Bernard Mabille !

Moi, un rien ne me déshabille comme un mauvais jeu de mots.

 

ECRITURE

Un quidam qui, malgré tout, a pris le temps de me lire ?

M’a fait cette remarque avec emphase !

« Il faut respecter un certain ordre pour faire une phrase :

Article, sujet, verbe, adjectif, complément, etc. »… mais il y a pire !

 

Avec la conviction, du juste de ce qu’il enseigne !

Quand je pense que c’est lui qui en saigne ?

Après avoir usé les bancs de l’Ecole Normale

Avec son fond de culotte : des hémorroïdes, c’est normal !

 

VOCABULAIRE

Question sportive ? du journaliste de la Télé !

À un coureur qui vient de finir sa course, encore essoufflé.

En Anglais ! dont on ne retiendra que l’accent et les cheveux frisés ?

Traduction « que vous a-t-il manqué, pour gagner ? »

 

Réponse du sportif : « j’avais de bonnes sensations : voilà ! »

J’ai tout perdu en route : « donc que » plus de moral !

Mais « je pense » ? que ce n’est pas normal ?

Pour aller si vite : les autres sont dopés… « ou pas ? »

 

DIVERS

Hervé Villard nous chantait déjà hier

« Danger pour l’étranger » sans en avoir l’air,

Aux Saintes-Maries de la Mer !

On y passe toujours pour un étrange hère !

 

Même genre de réflexion pour Gérard :

Si, en deux syllabes : le connu

Peut attraper froid dans le « Nooord » en plus !

Pas assez vêtu : ce n’est plus du hasard !

Gérard Rossi

Neuville Saint Rémy,

1er septembre 2017

 

 

 

 

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L’ETIQUETTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Combien je regrette de ne t’avoir embrassé davantage

Tout ça pour trôner derrière mon uniforme d’épouse sage !

Pourquoi dans mes bras ne t’ai-je pas plus souvent serré

Comme je le faisais dans mes élans du passé ?

Et trop je m’en veux d’avoir tant de fois retenu mes sentiments

Sous prétexte qu’on n’était plus que des vieux amants…

Oh combien je souffrirai désormais

Sanglante et profonde restera cette plaie !

Vitamine D : elle protège notre coeur... - Top Santé 

Il viendra un jour, ô jeunes couples du moment,

Où vous aussi deviendrez « vieux amants »

Ne délaissez pas alors vos étreintes

En imaginant que votre flamme est éteinte

Car les braises de votre sincère Amour

Sommeillent toujours dans vos cœurs de velours

Laissez autant qu’avant vos bouches s’attirer

Aussi fort que des aimants, et s’embrasser.

 

Oubliez la pudeur de la vieillesse

Laissez à leur guise vos mains à leurs caresses

Car les ans sournois qui s’amusent à s’ajouter

Vous font rire pour mieux vous leurrer…

 

Un jour le temps, comme un traître, s’arrêtera,

C’est là que vous regretterez de n’avoir fait tout ça !

Tout ça ! Je veux dire ce que je pleure à présent

C’est de n’avoir pas assez aimé mon amant !!!

 

Mercredi 16 octobre 2019, 23h, la pleine lune. L’étiquette de la société me donne à présent la nausée !

Elle a balisé notre bonheur, voilà pourquoi je m’en veux de ne pas t’avoir assez aimé, Jacques mon époux adoré.

Cette complainte de mon couple brisé s’adresse comme un conseil à tous les couples existants.

Jeunes ou moins jeunes, quels qu’ils soient ! Car qui dit COUPLE dit AMOUR !

Jeudi 17 octobre 2019, 22h.

ENCEPHALE

 

 

 

 

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Incroyable découverte dans le Sahara: la météorite a plus de 4 milliards  d'années, elle est aussi ancienne que le système solaire - Nice-Matin 

Tu t’appelles SAHARA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sous ton soleil brûlant

Qui invite aux mirages

J’ai vu les hommes bleus

Qui n’ont pas de visage.

 

Tout au long de la piste

Ton sable est souverain,

Mais rien ici n’est triste

En ton silence sans fin.

 

Car en tes paysages

Merveilleux et bleutés,

Tout au long du voyage

Rien ici ne peut s’oublier.

 

Oh ! toi immense et majestueux Sahara

Ici l’ombre  du père de Foucauld

Semble planer encore sur moi !

 

Tu restes pourtant impénétrable

Mais toujours aussi beau,

Tout est secret en toi

Car tu t’appelles : SAHARA

Albert JOCAILLE

.

 

 

 

 

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Synchronicité 2058

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La fusion nucléaire est enfin au point, et on peut voir, un peu partout dans le monde, s'ériger des centrales propres, parait-il : il reste toujours des méfiants, aigris, qui regrettent presque l'ancien monde.

Les sites atomiques désormais inutiles sont voués, à plus ou moins long terme au démantèlement, l'humanité semble avoir écarté pour un temps, la menace des accidents nucléaires tant redoutés quelques décennies plus tôt. Il faut avouer que l'homme avait pris conscience que le pillage des réserves de la planète nous conduisait, tout simplement, à la disparition de la race humaine, sachant que nous sommes au bout de la chaine alimentaire et nous nous ingurgitons toutes les pollutions que nous créons. La mise au point d'une énergie abondante, propre, et bon marché, permit d'envisager des progrès considérables dans des technologies, qui certes existaient depuis longtemps, mais n'étaient pas exploitables, vu leur coût. Par exemple : le dessalage de l'eau de mer devint monnaie courante, ce qui permit l'irrigation de nombreuses zones désertiques : en Afrique les hommes purent conquérir de grandes parties du Sahara pour la culture.  De même, la production d'hydrogène en quantité massive, fit que les voitures utilisant ce gaz devenu commun, inondèrent le parc automobile, et il ne fut plus question d'utiliser le pétrole comme carburant. Ce même pétrole, dont les réserves se tarissaient, servit uniquement à l'élaboration d'engrais pour l'agro-alimentaire. Le soja, par sa facilité d'exploitation, devint l'alimentation de base des hommes. Dans ce contexte optimiste, Gérard Meister occupait le poste envié de directeur de recherche en modélisation avancée, étudiant la place de l'homme dans son éco-système. Fonction qui regroupait toutes les interactions entre la bio-diversité et son environnement, y compris le cosmos.

Son attention était pour le moment retenue par la disparition des gallinacés. Ce n'était pas un scoop : la volaille n'avait plus sa place sur terre en l'an 2058 : il y avait longtemps que la production de viande était élaborée en usine. En fait, le mot viande depuis une vingtaine d'année, ne correspondait plus du tout à de la chair animale, les " Végans " avaient réussi à imposer le " tout végétal ", aidés en cela par les Ecologistes, pour qui, le pet des vaches, et le lisier des porcs, consistaient une grave menace pour la couche d'ozone. A vérifier ! Quoi qu'il en soit, plus de vaches ni de bɶufs sur terre : la viande était fabriquée dans de vastes usines, découpée, colorée et conditionnée, avant d'être présentée sous forme de poulet ou de rôtis de porcs, le choix n'étant pas exhaustif. Bien entendu tout était à base du sacro-saint soja, même le lait et les ɶufs. La disparition du cheptel qui nourrissait l'homme depuis la nuit des temps ne choquait, à priori, personne, sauf peut-être Gérard Meister.

Justement, ce chercheur était en proie à des réflexions qui le taraudaient de plus en plus, chaque jour qui passait, il se demandait quelle conduite tenir. Son poste ne lui autorisait aucune bourde, aucune erreur : à la moindre faute, il savait qu'il pourrait compter sur de lourdes sanctions qui ruineraient à coup sûr sa carrière. Devait-il se risquer à faire part de ses intuitions, de la future catastrophe qu'il pressentait ?

Pour ne pas voir réapparaitre la pandémie des années 2020, le Gouvernement Mondial avait décidé l'éradication de toutes formes de volatiles, pensant ainsi supprimer toutes les variantes des coronavirus. Inutile de préciser que cette décision ne faisait pas l'unanimité dans les milieux scientifiques, certains pensaient que la réduction massive de la biodiversité allait se payer, un jour ou l'autre, très cher. Delbart faisait partie de ceux-là, et en plus, il présidait l'assemblée des conseillers gouvernementaux l  

-" C'est lui qu'il me faut convaincre !" réalisa Meister. Plus facile à dire, qu'à faire, Delbart n'était pas abordable par le commun des mortels. Meister et lui s'étaient pourtant déjà rencontrés à un colloque et ils avaient alors échangé quelques considérations sur l'avenir de la politique scientifique menée par le gouvernement. Il lui avait semblé que Delbart partageait ses idées, peut-être se souviendrait-il de lui ?  De fait, il reçut une réponse favorable à sa demande de RV.

Delbart était plus petit que dans le souvenir qu'il en avait gardé, c'est du moins l'impression qu'eut Meister en entrant dans le bureau du conseiller présidentiel. "Asseyez-vous M. Meister, je me souviens vous avoir effectivement rencontré, il y a quelques années me semble-t-il ? En quoi puis-je vous être utile ? " 

- " Tout d'abord, merci de me recevoir aussi tôt le matin. Vous connaissez mes fonctions au sein de l'Etat ? je me suis aperçu de changements presque imperceptibles dans le rapport qu'entretiennent les planètes de notre système solaire entre-elles." 

-" Je vous écoute "   

-" Je suis intimement convaincu que la suppression drastique et l'élimination de pans entiers du Vivant nous conduit à une catastrophe cosmique ".

Delbart leva les bras au ciel  

-" Et c'est pour me dire ça que vous me dérangez ! Je veux bien admettre ne pas être pour cette éradication des espèces dites gênantes, mais de là à penser que nous allons vers un cataclysme, il y a, me semble-t-il, un pas énorme que vous n'hésitez pas à franchir ! Comment cette idée a-t-elle germé en vous ? "  

-" Si, Monsieur le conseiller, je vous parle de synchronicité, ou d'intrication quantique, cela me rendra crédible à vos yeux ? 

- " Je ne pense pas vous suivre sur ce terrain, est-ce suite à l'ordre mondial d'anéantir toutes appartenances au type "Gallus galus domesticus" qui vous met dans cet état ? "    

- " Non !... Mais je ne suis pas au courant !... C'est une catastrophe !... J'étais venu vous voir pour justement empêcher cela ! ...Vite ! vite !... Téléphonez au président !"  

Delbard haussa les épaules  

- " Pour lui dire quoi ? que son directeur de recherche a des vapeurs ? Je n'ai pas, personnellement, constaté de catastrophes mondiales ! De toutes façons, même si j'intervenais, et à supposer que j'arrive à convaincre le président, il serait trop tard : le mal est fait : vos gallinacés ont disparu du globe ! j'en suis désolé, mais on n’arrête pas le progrès "

Meister balbutia :

-" le coq ne chantera donc plus le matin ? "   

-"et non, en quoi est-ce important ?    

-" Monsieur Delbart, s'il vous plait, ouvrez la fenêtre, et dites-moi ce que vous voyez !

"Après un moment d'hésitation, Delbart fit ce que Meister lui demandait     

-" Mais je ne vois rien : on est le matin et en hiver ! " 

- " Monsieur Delbart, pouvez vous me donner l'heure, s'il vous plait "

- " Mais ... il est 10h15 ! Je ne comprends pas, il devrait faire clair ! " 

- " Voilà, Monsieur Delbart, un exemple de synchronicité, voilà où la folie des hommes nous a conduite ! "

-" Que voulez vous dire, bon sang ! soyez clair ! "  

-" La vérité est pourtant simple : le soleil se lève au chant du coq ! plus de coq, plus de chant, plus de soleil ! effet quantique ! nous sommes condannés à une nuit perpétuelle ! "

Franck DEFOSSEZ

 

 

 

 

 

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13 JANVIER 2021

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est une sensation étrange que ces bribes de souvenirs qui tournoient là dans ma tête comme des morceaux de films brisés. Ce fossé si large entre ma vie d’avant et aujourd’hui. Je pense à toi, je pense à nous en me posant tant de questions. Et si tu étais encore là… Et si… Et si… Comment serait notre vie aujourd’hui ?... J’aurais tant aimé que tes parents soient encore là, et ta sœur partie si vite, si injustement... Tu sais, je les aimais…

 

C’est un monde étrange où tout part à vau-l’eau : les pays chauds deviennent froids, les pays froids se réchauffent, les glaciers fondent, les océans submergent les terres, Soleil se révulse sur la planète qui gronde, c’est un monde fou où les hommes se révoltent autant que les éléments.

 

C’est une vie étrange que cette maladie qui envahit le monde, nous mettant sous camisole et en semi-prison, nous privant de notre liberté, nous transformant peu à peu en troupeaux de moutons dociles et peureux. Ce que toutes les guerres des siècles passés n’ont pas réussi à faire, c’est un virus microscopique qui est en train de le réussir.

 

C’est un soir étrange rempli de questions insolubles et de douloureuse tristesse.

Thérèse L.

 

 

 

 

 

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TOUT FAUX PAS

 

 

 

 

 

 

 

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Tout faux pas dans la faulx

L’herbe à graines égrène du blé

Pique d’ainsi la pie

Tic toujours tac entre trois pics

Pour deux ou quatre graines d’épis.

St HESBAYE

 

 

 

 

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Le bouquet de persil      160420

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je sors très peu ; confinement ou non, je ne fais pas la différence. Quand je dois mettre le nez dehors, ravitaillement oblige, c’est toujours avec l’appréhension de faire une mauvaise rencontre. Malheureusement, comme si le fait divers m’attendait au coin de la route, je n’y échappe pas… 

 

C’était à Grand Frais. Un peu en avance, je profitais des rayons de soleil pour me réchauffer, avant d’entrer dans cette glacière. Surtout en têtes blanches couronnées, les gens arrivaient ; ils allaient chercher leur chariot, ils prenaient des poses d’attente, ils réfléchissaient, sans doute, au contexte si décalé, si hallucinant, dans ce beau début de journée printanier. On se dévisageait, les uns les autres, comme pour tenter de se reconnaître, derrière les masques, ou comme pour deviner qui était potentiellement porteur de cette saloperie ambulante.

L’épaisseur du masque, s’il était fait maison ou estampillé pharmacie, le col remonté jusqu’aux oreilles, les gants ajustés au plus près, en y repensant, dans une forme de jalousie, cette attention voyeuse, je crois que c’était plutôt pour voir qui était le mieux protégé contre l’ennemi invisible. Je-m’en-foutiste, sans doute négligent, plus désabusé que désinvolte, je ne portais rien de tout cela ; aussi, je faisais naturellement office de paria ; les gens m’évitaient, ils « m’espaçaient », mieux, ils m’ignoraient et, moi, ça m’allait… 

 

À neuf heures au cadran horaire, les rideaux se levèrent et les gens processionnaires commencèrent à rentrer dans le magasin alimentaire. Je savais ce que je voulais, ça irait plus vite, d’autant plus que ceux qui disposent leurs étalages ne sont plus pris par le virus de tout chambouler, chaque jour.

À l’intérieur du magasin, si le sens d’entrée s’était inversé, je ne voyais rien dans le protocole de prophylaxie rigoureux qui m’empêche de m’introduire plus avant vers les achalandages ; la tête dans le guidon de mon empressement, je fonçai en avant… 

 

J’étais content ; il y avait des belles asperges. Juste à côté, un couple faisait son plein de pommes de terre, des petites, celles qui sont à la mode, au printemps ; celles qu’on jure qu’elles étaient bonnes parce qu’elles étaient chères. Bien entendu avec leur caddy dans la place, il était impossible d’approcher, Ni une, ni deux, j’écartai leur chariot, je tirai de son rouleau un pochon d’emballage, et j’allai me servir.

Dans leurs cagettes, arrosées par des petits jets de vapeur, elles semblaient fraîches ; étant grand (par la taille), j’en profitai pour aller cueillir celles qui se trouvaient le plus éloignées. Forcément, j’en ratai une ou deux parce qu’elles me glissaient des doigts ; je les récupérai « aussi sec » et je les fourrai dans mon sac… 

 

« C’est comme ça que vous faites vos courses ?... ». Je ne relevai pas cette réflexion ; avec tous les vieux alentour, les séniles, ceux qui tournent en rond, l’émetteur de cette réflexion avait le droit de soliloquer avec sa station nébuleuse… « Vous allez toutes les tripoter ?... », répéta la voix… Je compris qu’il s’adressait à moi. « Je prends celles que je peux !... » dis-je, un peu dérouté qu’il ait fait intrusion dans le silence de ma tranquillité… 

 

Il ne parlait pas fort, et ce qu’il me dégoisait, c’était dans le sens, « je ne l’ai pas dit mais je le dis quand même… ». Avec son accent de campagne profonde et ses yeux dans le vague, il renchérit comme quoi il y avait des gants à disposition dans l’entrée. « Au lieu de me gendarmer comme un maton, vous ne pouviez pas me le dire d’une autre façon ?... ».

Affublé de son masque et de ses gants, il ressemblait à un extraterrestre échoué sur une mauvaise planète.

« Et puis, de quoi je me mêle, bonhomme ?... Occupez-vous plutôt de vos petites patates !... Vous êtes jaloux ?... Vous ne pouvez pas vous payer quatre asperges ?... C’est pour cela que vous me sermonnez avec des approximatives observations d’hygiène ?... Entre « troisième âge », je pouvais me permettre cet affront ; j’en rêvais de remettre en place un vieux con ; depuis tant d’années qu’ils me font ch… avec leurs cheveux blancs, leur canne en avant et leur « de mon temps », comme s’il leur appartenait… 

Ma colère enflant, je ne pus m’empêcher de le tutoyer. « C’est parce que tu es avec ta chère et tendre que tu joues les Armageddon, les sauveurs de la planète ?... T’as eu envie de faire le beau, façon prince charmant, redresseur de torts en tous genres, et grand combattant des hydres ?... Déjà, je croyais qu’on devait faire les courses, seul !... Ensuite, comparons la couleur de nos slips et, après, on reparlera de prophylaxie !...

Bien qu’il n’ait pas été démontré, jusqu’à maintenant, que le virus se transmet par les légumes*, admettons ; si tant est que j’ai le Corona, pas de bol, j’ai toussé dans ma main, je le dépose sur une asperge : avant de les préparer, tu ne laves pas tes légumes, toi ?... Épluchées, rincées, bouillies, dis donc, elle est sacrément résistante, la petite bête !... 

Tu vois, le pire sur cette planète, ce sont les gens comme toi, les qui sont sûrs de leur ignorance et qui la hissent bien haut, comme une bannière proclamant des lendemains meilleurs !. »

 

C’était décalé, cette colère matinale ; avec tout ce confinement, je n’avais pas parlé depuis plusieurs jours, et ma salive balançait ses salves assassines à la vitesse d’un lance-flammes ratiboisant une tranchée ennemie. Comme elle est infinie, c’était pourtant dommage d’user mes mots pour argumenter une diatribe sur la connerie humaine ; j’aurais préféré parler de l’azur bleuté, des petits oiseaux, des fruits rouges et… des asperges !...

« Si on te disait de te mettre une plume au c… pour repousser le fléau du Covid, la tête dans le sable, tu ressemblerais à une autruche !... Tu es le genre de personnage à avoir des réserves de chloroquine plein ta maison, comme des barricades de salut !... Et pour être complètement immunisé, tu as poussé ton crucifix et mis la photo de Raoult, grandeur nature, au-dessus de ton lit !... Une tonne de médocs, deux Dieux, pour te prémunir du même fléau, pour augmenter tes chances, trois raisons d’espérer !... »

J’étais intarissable… « Qui es-tu pour policer les gens ?... Es-tu de ceux qui pratiquent la délation comme le sport national français de civisme occulte ? Allez ! Je le sens, t’en meurs d’envie : va vite me dénoncer à l’entrée !... Fais venir le vigile musclé pour qu’il constate ma faute d’empoisonneur !...

C’est le genre de type comme toi qui me fait monter la fièvre ! Et s’il fallait me fusiller, tu serais le premier à appuyer sur la gâchette ! Et s’il ne restait que des gens de ton acabit, sur cette terre, on repartirait mille ans en arrière !...

Hé, Dugland, mes mains sont plus propres que les tiennes, avec les gants ! Avant de rentrer dans ce magasin, je les ai copieusement ointes avec du gel hydroalcoolique ! Si ça se trouve, tes gants gratis, ils viennent de Chine !... Ha, ha !... Saint Covid et les dix-neuf autres, priez pour lui !... »

 

Mais non, je ne lui ai pas balancé tout cela à la figure ; pris de court, je le gratifiai pourtant d’un édifiant : « Je vous emmerde, monsieur !... », package, espérais-je, pour tout ce que j’avais pensé si fort. Il rentra les épaules et il repiqua la tête dans ses petites patates, tout en continuant de marmonner ses réflexions d’instituteur… 

 

Un peu contrit, arrivant devant la caissière, je lui dis que j’avais oublié de prendre une paire de gants, à l’entrée. Elle me répondit simplement avec un petit sourire philosophe, une gentille moue compatissante, que je traduisais comme « Ce n’est pas bien grave… » Avec tout ça, pour mes asperges de ce midi, j’avais oublié de prendre un petit bouquet de persil…

Pascal. 

 

 

 

 

 

 

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DECOUVERTE

 

 

 

 

Haut 

 

Bleu le ciel au dessus du toit de la cuisine,

Vu depuis ta voiture d’enfant.

Vert le bouquet, première image de ta vie,

Après le tunnel noir.

Hertia May

 

 

 

 

 

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LA TERRASSE

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Elle désirait une terrasse, pour profiter des beaux jours, disait-elle. Lui n'était pas très bricoleur, pas très motivé non plus... Pas qu'il soit fainéant, enfin peut-être un peu mais il était plein de bonne volonté pour faire plaisir à sa belle. Alors il s'y est mis, pas très sûr de savoir où il allait ou ce qu'il allait faire ; puis, après mûre réflexion, il s'est décidé pour lui faire une terrasse en carrelage, parce que c'est joli du carrelage, et ça dure dans le temps, paraît-il. Et c'est ainsi qu'un beau jour du mois de juin il s'est lancé dans ce projet !

 

La première règle pour un beau carrelage c'est de tracer une ligne et de toujours la respecter, de toujours filer droit, car le moindre écart de conduite pourrait avoir de graves répercussions par la suite ; ça peut sembler facile de suivre aveuglément une ligne droite mais respecter une consigne, aussi simple soit-elle, demande de la rigueur, de la concentration et ne fait pas bon ménage avec la distraction ou les tentations ; mais par amour on peut respecter cette règle simple qui vous évitera bien des surprises.

Carreaux après carreaux, le voilà qu'il construit son ouvrage, respectant également les écarts de joints, ni trop ni pas assez, toujours 5 millimètres : c'est facile, il y a des croisillons pour cela ; c'est confortable, les croisillons, ils sont tous de la même dimension, ils se ressemblent tous, c'est une routine agréable, carreaux, croisillons, carreaux croisillons, carreaux.... Vous connaissez la suite… c'est assez chiant finalement mais ça permet de rester droit et tant pis si ça manque de "fun". Cependant, et là c'est important de le souligner, le sol n'est pas vraiment plat, parfois un peu trop haut, quelques petites bosses par ci par là, et parfois des trous ou des fissures à combler.

Notre bricoleur du dimanche s'est dit que ce n'était pas très grave, que la vie c'est comme ça, qu'il y a des haut et des bas et qu'il suffirait de compenser avec un peu plus de colle par endroit ou d'en mettre un peu moins mais il n'est pas inquiet, tout va bien se passer. Mais voilà, difficile de juger : en mettre un peu plus, beaucoup plus ou pas trop ce n'est pas toujours aisé de trouver la bonne quantité, des mots un peu plus forts que d'autres, un ton un peu trop rude ou pas assez compatissant, et le carreau ne sera pas droit, il dépassera ou s'enfoncera et sera marqué à vie, comme un stigmate, une blessure qui sera toujours apparente, toujours un peu à vif, un défaut qui fera mal à chaque fois que l'on appuiera dessus ou qui sonnera creux, qui aura l'air normal en apparence mais qui sera fragile au fond.

Mais le bricoleur du dimanche ne se décourage pas ; il persévère, il s'accroche car il s'est engagé pour aller jusqu'au bout et tant pis si ce n'est pas parfait, il s'évertue à faire de son mieux. C'est au bout de 2 jours d'effort sous un soleil de plomb que le BDD (appelons-le ainsi, c'est plus court) a enfin posé tous ses carreaux... Tous ? Non pas vraiment en fait, car il reste les côtés à combler, les finitions. Parce que oui, ça serait trop facile sinon. Parce oui dans la vie tout n'est pas tout blanc ou tout noir et qu'il faut parfois nuancer ses propos, savoir prendre des demi-mesures ; parce que la vie, voyez-vous, ce n’est pas simple, ce n'est pas juste des je t'aime /je te déteste, tu me manques /tu me fais chier, parle-moi/ferme ta gueule......

Alors le BDD prend des mesures ; il sait se servir d'un mètre quand même, il n'est pas complètement con ! Mais voilà, il faut les couper, ces p.... de carreaux, et même avec le bon outil et toute la bonne intention du monde ce n'est pas forcément aisé ! L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Il mesure et coupe mais il a beau prendre toutes les précautions, il ébrèche le carreau ; ce n'est pas parfait, ce n'est pas toujours droit, il a pourtant mesuré mais il dévie parfois, et il lui arrive même d'en casser.... Il ne voulait pas, il s'excuse, il ne l'a pas fait exprès mais c'est trop tard. Pourtant il continue, il essaye de s'appliquer, de trouver les mots justes, de prendre les bonnes mesures, les bons gestes et il s'améliore au fil des coupes mais il lui arrive encore parfois de faire quelques erreurs mais il continue.

Enfin tous les carreaux sont posés : c'est fini, se dit-il, c'est terminé ; il se voit déjà en train de siroter un cocktail sur cette terrasse mais non il manque maintenant les joints ! Les joints, c'est ce qui permettra de donner un bel aspect final à la terrasse et surtout de consolider l'ensemble, et accessoirement aussi de permettre de camoufler les défauts. Un peu comme un pansement sur les petits bobos ou les gros chagrins de la vie, les petites attentions au quotidien pour continuer à alimenter cette flamme qui vacille, qui faiblit parfois mais qu'on s'évertue à maintenir.

Alors notre BDD commence à faire ses joints, il a regardé des vidéos sur internet, qu'est-ce que ça a l'air facile ! il se dit que ce n'est qu'une formalité, que ce n'est que l'affaire de 2 ou 3 heures, il est confiant.... Et tellement naïf… L'opération lui aura pris toute la journée !!!!  Il a même pensé abandonner ou au mieux de reporter au lendemain mais c'est un sprint final, la dernière ligne droite, c'est marche ou crève ; et c'est donc au bout d'une dernière journée d'effort que notre BDD termine enfin sa terrasse.

La terrasse pour sa belle qui l'a soutenu durant cette "épreuve". Il regarde son ouvrage accompli avec un sentiment de fierté : même si ce n'est pas parfait, même si ce n'est pas très droit, même s’il y a eu quelques écarts, quelques blessures et parfois un peu de casse il se dit qu'il a construit une terrasse qui lui ressemble, qui leur ressemble, et voir sa belle heureuse est pour lui la plus belle des récompenses.

Thomas Leroy

 

 

 

 

 

 

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LES HARPIES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Définitions :

Harpies : Monstres ailés à visage de femme accoutrés d’un bec crochu et au corps d’oiseau de proie et dégageant une odeur infecte et nauséabonde qui donne la nausée aux créatures vivantes.

Les Grées : sœurs des Gorgones, 3 vieilles femmes sans yeux qui n’ont qu’un seul œil pour elles trois.

Furies : Êtres venant des enfers et y emmenant les créatures humaines.

 

L’histoire que je vais vous conter s’est déroulée, dans mon imagination, dans la ville de Caudry, dans le Nord ; un certain jeudi du mois de juillet 2005.

Il faisait, ce jour-là, un temps splendide. La chaleur pour une fois n’était pas suffocante et la météo n’annonçait pas de pluie avant plusieurs jours, voire des semaines.

Je me trouvais avec mes amis de l’association Caudry d’hier et d’Aujourd’hui, en permanence, à l’exposition que nous tenions concernant « les postiers du rail ». Très belle exposition comme les autres d’ailleurs qui ne demandent qu’à être vues.

Les fenêtres de la salle étaient à demi entr’ouvertes, ne laissant qu’une petite ouverture par laquelle un léger courant d’air venait aérer la salle.

Une vingtaine de personnes occupait la salle, les unes regardant les objets, en l’occurrence des wagons postaux, les autres des panneaux sur lesquels se trouvaient accrochées nombre d’affichettes relatant le travail des postiers, et d’autres encore les explications d’un ancien facteur du rail.

Vers 16 heures, des coups dans les deux premières fenêtres qui donnent sur le toit de la salle des fêtes, firent se retourner tout le monde, le regard dirigé vers les dites-fenêtres et vers les autres par la même occasion où il ne se passait rien.

Deux bestioles affreuses donnaient des coups d’ailes et de bec dans la vitre et tentaient par la suite de passer leur tête par l’entrebâillement.

Quelle peur ! Elles hurlaient de plus belle si on approchait. Certaines personnes, les plus courageuses sans doute, non paralysées par la peur prirent la décision de quitter les lieux. Les responsables que nous étions, ont décidé de rester pour tenter de refermer les fenêtres, éteindre les lumières et partir ensuite.

Quelques minutes plus tard, on vit revenir nos visiteurs.

- Pourquoi revenez-vous ?

- Elles sont en bas à la porte, on ne peut pas sortir. Et regardez par la fenêtre du couloir, des gens sont morts, allongés à même le sol.

Notre président Aimé qui se trouvait parmi nous, prit la décision d’évacuer par l’arrière, l’issue de secours donnant sur une autre rue.

Les lumières bien qu’éteintes, les bestioles s’agrippaient toujours aux fenêtres. L’une d’elles avait même réussi à passer sa tête. Une tête de femme avec un bec crochu qui hurlait tant qu’elle pouvait. Elle avait le corps d’un oiseau avec des ailes pour bras et de petites jambes et elle était dotée d’une poitrine comme une femme.

Dans le brouhaha, le président avait du mal à se faire entendre. Finalement après quelques haussements de voix, le silence qu’il réclamait survint enfin, bien qu’entrecoupé de petits sanglotements dus à la peur pour certaines.

- Je vais descendre, par la sortie de secours, avec Julien pour voir comment ça se passe de ce côté. Si tout va bien, vous descendrez doucement, l’escalier est assez raide et vous pourrez partir là où il n’y aura pas de danger.

Quelques secondes ou minutes plus tard, quelqu’un décréta :

- On peut y aller !

Là où nous étions, les bestioles ne pouvaient nous voir. Ce qui eut pour effet de les calmer mais elles étaient toujours accrochées aux fenêtres.

Je m’étais chargé de fermer la marche. Alors que la dernière personne s’apprêtait à descendre, j’entendis une porte claquer. Je me retournai et je vis une jeune fille, Laura de son prénom, tétanisée à la porte d’entrée de l’Espace de Vie : elle criait de l’attendre. Et ce fut de nouveau la cacophonie des bestioles.

Je décidai d’aller à sa rencontre, ce qui me permit de voir que cette chose mi-femme mi-oiseau avait passé son corps et ses pattes, ne restait que ses ailes et sa tête. La hargne fit sans doute qu’elle put s’amincir.

J’étais près de Laura. Il me fallait la traîner vite fait si on ne voulait pas se faire dévorer. Alors que je la tirais et l’entraînais derrière le comptoir ancien qui équipe un coin de la salle, l’animal, d’un claquement d’ailes, se posait sur un meuble à trois mètres de nous, suivi de la deuxième ; une odeur nauséabonde envahit alors les lieux. Nous étions perdus. Un étrange dilemme m’assaillait. Si on reste là tous les deux, elles nous dévoreront. Si je fuis assez vite, elles dévoreront Laura. Si elle fuit elle ne saura où aller, elle n’a pas vu la sortie de secours, et se fera dévorer et moi ensuite.

Etrangement, les bestioles ne bougeaient plus, elles attendaient quoi ? Que nous sortions ! Donc nous étions provisoirement à l’abri.

Prudent, je saisis le téléphone et tentai de joindre mon amie Angélique, secrétaire à la Maison des Associations. Je lui expliquai le problème en lui mentionnant que les bestioles pouvaient être des « Harpies » et qu’elle cherche sur Internet ce qui les caractérisait sur leur présence ici, à Caudry, sur la place des Mantilles par surcroît.

Les harpies nous surveillaient toujours, elles savaient que nous étions là et ne bougeaient pas, sauf quand le téléphone se mit à sonner. Elles se remirent à hurler, à battre des ailes sans quitter leur perchoir. Laura restait prostrée, cachée sous la table, tenant des propos incompréhensibles, elle avait très peur et je ne savais comment la consoler.

C’était Angélique qui me confirmait qu’il s’agissait bien d’Harpies et que leur rayon d’action est long de cinq à six mètres à partir de leur chef. Voilà pourquoi elles ne bronchaient plus. Elles ne faisaient qu’attendre.

Je sortis Laura de sa torpeur et lui expliquai que nous n’avions rien à craindre : nous ne courions aucun danger si on restait éloignés d’elles. Qu’il nous fallait partir tout doucement vers l’issue de secours et sortir de cette antichambre de l’Enfer.

Lentement mais sûrement, nous atteignîmes l’issue de secours sous les bruissements d’ailes et quelques braillements. Nous rejoignîmes Julien qui m’attendait en bas pour fermer la porte. J’entrepris de lui expliquer alors qu’il n’y avait aucun danger pour aller fermer toutes les issues de notre salle d’expo. Il suffisait de se tenir à distance. Je confiai Laura à des personnes compatissantes qui attendaient avec Julien puis nous repartîmes vers l’entrée principale. Une harpie attendait, juchée sur un véhicule en stationnement. Elle poussa des cris et fut rejointe par deux autres congénères mais elles restaient à distance, ce qui n’empêchait pas d’exhaler leur odeur désagréable. On put ainsi refermer toutes les issues et rejoindre ensuite la foule qui s’agglutinait sur le parking, tenue à distance par des gendarmes casqués, et armés au cas où, ainsi que des pompiers en tenue d’intervention.

 

Le Maire Guy Bricout et ses adjoints tentaient de calmer ces gens et donner des explications qu’ils n’avaient pas. Je le pris en aparté et lui rapportai ce que je savais. Ne pas s’approcher à moins de six mètres. Après discussion avec le Commandant de Gendarmerie, le cordon pompiers-gendarmes put avancer de quelques mètres. Le maire se trouvait confronté à deux problèmes, celui des harpies et derrière lui la foule qui voulait en découdre, en les tuant par fusil interposé. Car l’odeur se ressentait de plus belle et nombre de gens rendaient leur dernier repas.

Plus loin, deux voitures tentaient de se rapprocher. Elles durent stopper devant la foule qui ne voulait pas bouger. Le Député-maire de cambrai François-Xavier Villain descendit de l’une d’elles et le Procureur de la République de Cambrai Philippe Vincentini de l’autre ; ils rejoignirent Monsieur Bricout. Il ne manquait que le sous-Préfet de Cambrai qui était retenu par ailleurs mais qui viendrait dès que possible.

De longues minutes s’écoulèrent, un très long conciliabule s’engageant entre les trois hommes.

Puis on vit des gendarmes mettre la jambe au sol, et ajuster leur arme. Un ordre fut donné et une salve de tir crépita en direction des harpies. Celles-ci restèrent de glace. Rien n’y fit, les balles traversaient leur corps et finissaient dans les murs et les vitres.

Le Maire stoppa les dégâts.

Un long silence s’ensuivit.

Puis on vit, dans une odeur de souffre, sortir du sol d’autres bestioles ; elles tournoyaient dans l’espace des harpies et elles ramassèrent les corps déchiquetés par ces dernières. Puis elles s’enfoncèrent de nouveau dans le sol. La foule n’avait pas dit un mot, sidérée par le fait. Elle reprit ses esprits et ce fut un brouhaha indescriptible. Mon ami Jean François qui semblait bien connaître le sujet m’apprit qu’il s’agissait des « Furies ».

- Ce sont des Divinités sorties des Enfers et qui se trouvaient certainement là par esprit de vengeance ; on ne retrouvera donc jamais les corps. Je ne serais pas étonné de voir apparaître les « GREES », précise-t-il encore.

- Les GREES, c’est qui ça ? lui demandai-je.

- Ce sont trois sœurs qui n’ont qu’un seul œil pour elles trois et se le prêtent quand elles parlent. Elles sont laides à mourir.

- Et que viendraient-elles faire ici ?

- À mon avis, quelqu’un a dû les appeler pour se venger de quelque chose ou de quelqu’un qui pourrait se trouver parmi les morts.

- Tu penses qu’elles vont partir ?

- Je ne sais pas. On ne sait pas pourquoi elles sont là.

- Bon ! Je vais voir le Maire et lui en parler.

Je dus me frayer un passage pour atteindre le lieu où se trouvaient les trois hommes. Je leur donnai mon explication et les informai qu’il fallait quelqu’un pour discuter avec elles. Et ce quelqu’un serait moi !

Ce ne fut pas chose facile de leur faire accepter la chose. Mais seule condition, il me faudrait porter un gilet pare-balles et un casque ainsi que des gants, également m’équiper d’un micro pour entendre et enregistrer une éventuelle discussion.

Lorsque je fus accoutré, je me dirigeai vers la plus proche harpie qui fut rejointe immédiatement par deux autres. Me tenant à distance, je tentai le dialogue, seul possible puisque les balles n’y faisaient rien.    A suivre

 

Hector Melon d’AUBIER

 

 

 

 

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Paranormal Sisters

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Suite du Chapitre 4

- Avez-vous signalé notre présence ? questionna Amélie inquiète

- Non, je n’ai parlé de rien.

- Ouf ! s’exclama Amélie

Lilian revint sur le deuxième meurtre, si meurtre il y avait. Il ne comprenait pas ce qui se passait et ne croyait pas trop à un homicide.

La femme soi-disant assassinée était une amie, elle n’avait pas d’ennemie, elle buvait bien un peu. Mais son mari était un bon époux, il passait au-dessus de ses frasques, « sa femme s’ennuyait » aimait-il à dire. Ils avaient fait un mariage d’amour et ni l’un ni l’autre n’avait de liaison extra-conjugale. Alors pourquoi ?

- Nous recauserons de tout cela plus tard. Je dois malheureusement vous quitter j’ai un rendez-vous avec un amateur d’art. Tara que penses-tu d’aller nager demain ?

- D’accord si tu veux. répondit celle-ci.

- Zut ! Je travaille, je serais bien venue avec vous, rétorque Amélie

- Mince ! dit Tara en lançant un regard à Lilian, dommage, ce sera pour une autre fois.

- Oui ! Vraiment dommage. rétorqua le jeune homme qui malgré tout était ravi qu’Amélie ne puisse venir avec eux et cela se voyait nettement à son sourire de satisfaction.

- On se retrouve devant la piscine vers quelle heure ? demanda Tara.

- Non, je viendrai te chercher !

Vers quinze heures et nous irons chez moi.

Lilian parti, Tara s’adressa à Amélie.

- Habille-toi donc, nous partons faire quelques courses.

- Ok. Contente hein !  Pour la natation de demain, n’est- ce pas !

-Oh ! Ça va, dépêche-toi, et arrête de ricaner.

- Je ne ricane pas, je constate.

- Ah ! Ah ! Ah ! bien sûr.

Tara ayant pu récupérer sa voiture quelques jours avant, une demi-heure plus tard elles étaient en ville.

Les emplettes faites, le reste de la journée pendant qu’Amélie se rendait chez son oncle, Tara fit une courte visite à ses parents. Puis elle fila à l’hôpital se renseigner sur l’état de sa sœur. Au centre hospitalier, dans le couloir une femme de ménage nettoyait les sols, Tara respira l’odeur de frais du détergent, plus loin une infirmière faisait sa ronde en essayant d’éviter de gêner la femme de ménage. Tara la connaissait, puisque chaque semaine, elle venait voir sa jumelle. La jeune femme l’interrogea.

- Excusez-moi, dit-elle, puis-je avoir des nouvelles de ma sœur ?

- Et bien, répondit-elle, l’appareil s’est emballé hier en fin de soirée, vers vingt heures, je crois, nous avons été de nouveau surprises par le fait, mais à part cela aucun changement.

Tiens ! Vers vingt heures, se dit la jeune femme c’est justement l’heure où Alexandra est décédée.

Tara resta une demi-heure, parlant sans cesse à sa Cendra, elle lui raconta sa soirée de la veille, espérant toujours voir un signe si minime soit-il que Cendra entendrait. Mais rien…

Tara la regarda, elle était allongée sur le lit, les bras le long de son corps de plus en plus décharné, le drap remonté sur sa poitrine. Le tube de la perfusion laissait apparaître les gouttes de liquide tombant une à une. Et toujours le bipbip de l’électroencéphalogramme. Le visage en était blafard, des cernes venaient d’apparaître sous ses yeux avec une telle dureté qui s’en dégageait, que cela en fit peur à Tara. Cela ne ressemblait pas à de la souffrance, mais plutôt… à de la haine.

Combien de temps sa sœur vivrait-elle encore ainsi ?

 

Chapitre 5

 

Quelques jours pourtant s’étaient passés dans la tranquillité. Amélie était repartie chez elle et avait repris le travail. Tara était sortie plusieurs fois avec Lilian, leur entente était parfaite.

Cette après-midi-là, vers les quatorze heures, Lillian était venu chercher Tara, il l'avait invité quelques jours auparavant dans sa magnifique demeure

En descendant de voiture, la jeune femme fut suffoquée par la beauté de l’habitation. Celle-ci se situait dans un quartier résidentiel à l’entrée de la ville. Les murs blancs lui donnaient une remarquable esthétique, le toit était recouvert de tuiles en terre cuite. Des rosiers, disposés le long du pavillon, agrémentaient le tout.

On parvenait à la maison par une allée de marbre beige, sur les côtés deux jardins plantés d’arbustes, de seringua et de fleurs variées. De grandes marches faisaient aboutir directement à la porte de bois massif.

En entrant, un long couloir très lumineux permettait d’accéder aux différentes pièces.

Le salon, situé à côté de la salle à manger, était assez moderne, des canapés aux couleurs vives et chaudes où des coussins rouges avaient été posés, étaient installés l’un en face de l’autre, sur les côtés, deux fauteuils. Au milieu, entre les divans, des bibelots étaient disposés sur une table de verre. La magnifique cheminée Louis XVI au Linteau cannelé était ornée de deux jolies rosaces finement sculptées.

Dans un coin de la pièce, un guéridon de jeu attendait patiemment les joueurs.

La salle à manger était spacieuse et richement décorée. De très grands pots remplis de lys étaient installés devant les fenêtres enjolivées de doubles rideaux bordeaux.  Un vase, contenant lui aussi lys et roses rouges, était posé sur une table en cerisier clair, placé dans le centre de la salle, autour douze chaises. En face le long d’un mur, un bahut et quelques meubles comblaient le lieu. Dans le hall, un escalier menait à l’étage, la rampe et les marches étaient en bois vernis. Le premier étage était constitué de cinq chambres à coucher et deux salles de bains.

Après que Lilian eût fait visiter la maison à Tara, tous deux se rendirent sur l’arrière du bâtiment où s’étendait une magnifique terrasse. Le sol était recouvert de carrelage de marbre blanc. Au centre sous une immense tonnelle trônait une table de jardin entourée de sièges. Sur la gauche un salon gris en résine tressée invitait au repos. Des pots en terre contenant des palmiers et de somptueux lauriers roses ornaient l’endroit. Puis, enfin, près de la piscine, des serviettes de bain blanches avaient été disposées sur des chaises longues. Tara était stupéfaite de tant de beauté.

- Installe-toi, lui-dit Lilian.

- Oui merci.

- Mets-toi à l’aise pour nager, c’est le moment, le temps s’y prête à souhait. Tara avait opté pour un maillot deux pièces jaune. Celui-ci mettait en valeur sa superbe silhouette longiligne. Elle s’était étendue sur une chaise longue près de la piscine, Lilian était à son côté, la jeune femme profitait maintenant du chaud soleil.

- Veux-tu un verre de jus de fruit frais, lui demanda Lilian.

- Avec plaisir.

Le peintre se dirigea vers la cuisine. Lorsqu’il entendit un grand plouf derrière lui, il se retourna pour voir Tara qui venait d’effectuer un magnifique plongeon dans le bassin. Il resta quelques instants à la regarder, sourit puis continua son action.

Tara nageait depuis un moment quand tout à coup, elle eut l’impression d’être happée vers le fond du bassin. Elle essaya de remonter à la surface, mais impossible, comme si une puissance inconnue la retenait, elle se débattit, puisa toute la force qu’elle avait en elle. Elle tenta de crier, mais l’eau lui entrait dans la bouche, dans le nez, elle étouffait et croyait mourir. Lilian à l’intérieur de la maison ne voyait rien de ce qu'il se passait. Il ne vit Tara en train de se noyer qu’en revenant nonchalamment avec un plateau contenant une carafe et des verres. Stupéfait, il le lâcha et n’hésita pas une seconde à plonger au secours de son amie. Il était temps, car la jeune femme lâchait prise. Lilian la remonta à la surface, la hissa sur le bord de la piscine et la sortit de l’eau, il se saisit d’un peignoir de bain posé sur une chaise longue et en enveloppa Tara qu’il frictionna ensuite.

Tara ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Elle se sentait fatiguée tout à coup. Que se passait-il ? Perdait-elle la raison ! Pourtant, elle seule nageait dans le bassin. Lilian ! Si c’était Lilian ! Tout cela lui arrivait depuis qu’elle avait fait sa connaissance.

Impossible, elle était entrée par hasard dans l’exposition de peinture donc cela ne pouvait être lui.

Son regard se porta sur le plateau et les verres écrasés au sol, il préparait des boissons dans la cuisine, s’il avait voulu la tuer, il ne l’aurait pas sortie de la piscine. Ce n’était définitivement pas lui.

Ou alors un complot ! Tout cela semblait tellement ridicule ! Un complot… et de qui ! Et pourquoi ? Non c’était d’un burlesque. Mais alors que lui arrivait-il ?

Tara était épuisée par la bataille qu’elle venait de mener entre l’indéfinissable et elle. Par chance, Lillian l’avait sauvée de la noyade mais s’il avait mis plus de temps à revenir, que se serait-il passé ?

Tara sous le choc, blanche comme un linge et dans un état second, décida de rentrer chez elle. Lilian la voyant ainsi décomposée, lui proposa de la raccompagner. Tara reprit sa voiture et Lilian la suivit avec la sienne. Arrivés sur le parking de l’immeuble, Tara se sentait un peu mieux. En descendant de son véhicule, elle avait repris un peu de couleur. Lilian se gara près de la Clio, descendit à son tour de sa Mercedes.

Il s’approcha de la jeune femme qui s’apprêtait à fermer ses portes.

- Vas-tu mieux ?

- Oui ! dit-elle en se retournant.

Lilian se trouvait si près d’elle qu’il saisit l’occasion de lui voler un baiser, mais il n’en eut.

à suivre                                MARTINE GRASSART-HOLLEMAERT

 

 

 

 

 

 

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UNE VIE DE CHIEN     de Hertia May

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Véra me dit doucement :

Ne dirait-on pas des soldats de chez nous ? 

Une hôtesse passe devant eux et soulève des commentaires admiratifs. Le groupe s’éloigne en riant.

- Je crois que les Schnoffs ont su assimiler notre langue.

Et ce fait renforce mon hypothèse. Ils vont bel et bien envahir la Terre sous notre propre forme ! 

Je ne crois pas, Jim ! 

Jim me regarde, douteux. En face de nous, Glen me montre des cadres sur le mur. J’aperçois quelques touches en-dessous.

Des écrans vidéo ? 

J’en ai l’impression. Ne pourrait-on pas essayer de les faire fonctionner ? 

- C’est justement ce que je compte faire !

Nous nous dirigeons à pas comptés de l’autre côté du hall. Pas un geste de ces soldats bavardant ne nous l’interdit.

L’indicatif du haut-parleur sonne : 

- Ennemi entrevu, patrouilles de scaphandriers 3 et 4, rendez-vous à la zone 4-E. Stop…

Alors une centaine d’êtres, équipés de combinaisons sous-marines, de rayons laser et de bouteilles d’oxygène sortent d’un couloir pour s’engager dans un ascenseur.

Les artilleurs des canons ouest sont priés de rejoindre leur place. Stop. Réunion de l’état-major dans cinq minutes. Stop… 

Glen appuie sur les touches. Pas un soldat n’intervient. L’écran s’allume progressivement. Une salle semblable à celle des androïdes. Glen enclenche une autre touche. Une image des fonds abyssaux apparaît. Un passage dans un rocher s’entrouvre. Une escouade d’hommes-grenouilles se libère du roc. Certains sont tractés par des torpilles à propulsion. Une autre touche appuyée et les guerriers font place à notre sous-marin immobile. Je consulte mon chronomètre :

- Encore 50 minutes ! 

Il n’est pas encore trop tard pour tenter quelque chose.

- Non, Jim. Cette guerre ne nous appartient plus… 

L’écran nous montre maintenant le ciel orné de soucoupes vertes : celles des Nors !

Nous avons appuyé sur le détonateur, ignorant des forces que nous libérerions. Le sort de la Terre est en train de se jouer et aucun terrien n’en saura rien à jamais. 

Et je parle un moment, essayant de calmer mes compagnons. Je leur raconte la fondation de l’Ordre des Initiés. D’abord une poignée de chercheurs perdus dans la masse des incrédules, nous voulions alarmer l’opinion : tout le monde se moqua de nous. Je créai Florine. Je rencontrai Jim Lamont et Glen Dupond.

Sam Tanteur et Dicken Glasmore se joignirent à nous. D’autres spécialistes scientifiques nous donnèrent ensuite leur concours. André Monty casse mon exposé.

Je réalise soudain que nous avons des chances d’être condamnés comme traîtres par la cour de justice Schnoff ! 

Et d’être empoisonnés, électrocutés, soit… peut-être quelque chose de plus raffiné, de plus technique ?

- Non, je persiste à croire qu’il ne nous sera fait aucun mal. Nous serons considérés, au plus, comme défaitistes.

Le double sillon enlaidit le visage de Glen. Il a sans doute une hypothèse à nous formuler.

Les Schnoffs vont-ils nous considérer comme des leurs ? Nous n’avons pas ou n’avons plus leur aspect. 

Très bonne remarque. Peut-être devons-nous notre aspect actuel à la science des Nors et dans ce cas, eux-mêmes auraient changé leur apparence. Dans le deuxième cas, nous avons l’allure première des Schnoffs qui, sous l’effet d’une mutation génétique, sont devenus ce que nous voyons aujourd’hui.

L’aspect de celui que nous appelons le « Tuméfié » va dans le sens du deuxième cas. 

- …Nous avons donc quelque chance d’être considérés comme des Terriens. Notre position intermédiaire doit donc nous faire adopter une neutralité dans ce combat… 

« …Et le sous-marin ? » intervient Véra.

Je lui réponds en lui lissant une mèche.

Il me suffit d’appuyer sur un petit bouton de cette boîte.

J’extirpe d’une poche une petite boîte verte munie de différentes touches bleues et vertes.

- …pour entrer en contact avec Hardwed et lui demander d’éloigner le sous-marin. 

Jim me regarde, perplexe.

Pourquoi ne l’as-tu pas déjà fait ? 

- …Hé, il faut être sûr de pouvoir se sauver au moment propice ! 

Je me tais alors tandis que trois soldats passent derrière notre dos en sifflant « Ma planète », du groupe « Usine ». L’un d’eux demande en nous indiquant à son camarade :

Qui sont ceux-là ? 

Ils sont venus dans le sous-marin.

- …OK !

Ils s’éloignent tous les trois, sifflant de plus belle.

Par le haut-parleur, divers appels sont effectués.

Cinq cents appareils Nors détectés..., dans vingt minutes, opération déblayage. Stop … 

La femme Schnoff de tout à l’heure revient avec deux collègues, l’une d’elles en tenue violette avenante, l’autre en mini-jupe rose. Elles nous sourient avec un air aimable.

Veuillez nous suivre, s’il vous plait ! 

Ne voyant aucune raison de faire autrement, nous prenons leur suite. Un couloir est abordé, la lumière blanche diffusée du plafond voûté crée un défilé d’ombres sur le sol carrelé en blanc. La voûte elle-même est formée de petits carreaux de porcelaine blanche, longs et étroits. Les lampes sont des cylindres de vingt centimètres, d’une matière un peu opaque. La lumière semble s’exhaler de tout l’intérieur.

Juste derrière nos guides, je peux mieux examiner leur peau noire comme l’ébène. Les jambes sont de type terrien, leur galbe est parfait. Elles possèdent des cheveux noirs, châtains et blonds ; leur consistance paraît la même que celle des cheveux de Véra, de Florine ou de Marie… Marie, te reverrai-je un jour ? J’espère que nos guides nous la rendront !

Les cheveux blonds de celle à la mini-jupe contrastent curieusement avec son visage noir éclairé par deux grands yeux jaunes. Leurs yeux, tout-à-fait ronds, ne possèdent pas comme chez nous de « blanc d’œil ». En fait de pupille, ils ont un tout petit point noir au milieu.

Nous tournons dans une autre travée éclairée de vert et aux parois bleues. Les nombreuses portes portent un numéro et qui souvent aussi désignent une salle spécialisée. -bibliothèque, projection, examen clinique, etc.-. Le couloir s’élargit jusqu’à former un  hall aux murs d’un verre opaque bleu turquoise.

Les portes sont à deux battants, elles sont aussi taillées dans de la silice. Leurs coloris divers diffusent une atmosphère gaie et aérienne. Il y règne une certaine animation.

Des gardes circulent, des officiers entrent et sortent. Des scientifiques en blouse blanche discutent autour de petites tables –genre guéridon- parfaitement achalandées en boissons et amuse-gueules. Des personnalités –on peut légitimement le penser– en costume vert, comme dans les années 1960, conversent et rient en compagnie d’élégantes techniciennes. Des écriteaux sur les portes indiquent les bureaux des capitaines Noffo, Tant, Glas, Mink, Oru, etc.

Les gens se taisent en nous voyant et se lèvent, restant dans une position rigide. Sans doute une sorte de garde-à-vous ? Mais pour qui, mais pourquoi ?

Les hôtesses s’arrêtent devant une double cloison verte avec une indication : « Capitaine Tom ». Curieuse impression, pas un bruit dans le couloir ! Dernier hommage aux prisonniers ?

Deux gardes armés ouvrent les battants sur une grotte aménagée en bureau. Des stalactites et stalagmites, décors inattendus dans cette forteresse, se pressent en un rideau de dentelle, éclairés par des dizaines de spots placés sur la voûte, haute d’une dizaine de mètres. Sur le sol, des tapis de laine (ou de polymères) cachent les aspérités du sol. Des tables, un fauteuil à l’envers, deux Schnoffs debout de chaque côté du siège. Je reconnais le « Tuméfié » à gauche, assez grand, cheveux châtain clair. À droite, un scientifique en blouse blanche, la quarantaine, portant lunettes. Oui, je l’ai vu dans mon rêve sous-marin. L’hôtesse en mini-jupe nous les présente avec amabilité.

Professeur Ram, professeur Glen et capitaine Tom.

Sur ces derniers mots, le fauteuil pivote et laisse apparaître le capitaine tout en noir, la tête recouverte d’une cagoule noire.

Curieuse discipline Schnoff où les scientifiques restent debout en présence d’un simple capitaine !

Le capitaine Tom se lève. Il s’agit d’une femme : la combinaison moule parfaitement son corps. Elle marche le long de la grotte avec élégance. Elle ne dit rien, mes compagnons me regardent de plus en plus étonnés. Ils attendent de moi un geste, un ordre qui les précipiterait sur nos « ennemis ».

J’analyse calmement la situation. Il va se passer quelque chose, mais quoi ? …La femme attend, marchant avec une allure féline. S’ils avaient voulu nous tuer, les deux gardes l’auraient fait. Une sorte de guerre des nerfs s’installe. Je sais que Véra ne tardera pas à craquer. Les scientifiques ne bougent pas, ils nous épient.

Je repasse toutes les images rêvées et les événements de ces dernières journées. Un écran descend de la voûte tandis que vers l’arrière, un projecteur sort d’une paroi. Je crois deviner qu’ils veulent nous apprendre une chose capitale. Un éclair jaillit dans mon cortex. Je bondis sur Véra et lui plonge la main dans le haut de son bustier, sous les regards hagards des compagnons. Je retire un objet brûlant que je jette au loin devant moi. Une explosion décolle les stalactites. Une pluie de pierres s’abat. À travers la poussière, je vois mes compagnons se précipiter vers une galerie.

La femme cagoulée s’est affaissée sous la table, Ram est blessé à une jambe et le professeur Glen a été assommé. Je cours vers eux en compagnie des deux gardes. Une sirène hurle.                                     A suivre

 

 

 

 

 

 

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